Les filières de production de végétaux

La production et la commercialisation de plantes exotiques envahissantes demande une approche spécifique, étant donné les enjeux économiques liés à l’exploitation ou à la vente de certaines de ces espèces. Des réflexions communes doivent être menées avec les acteurs des filières de production forestière et de végétaux d’ornement.

2.3.1. Les végétaux d'ornement

La Fédération nationale des producteurs de l’horticulture et des pépinières (FNPHP), sollicitée pour participer aux groupes de travail en vue de l’élaboration du plan d’actions, a répondu favorablement à cette demande afin que les professionnels de la production soient impliqués dans les débats et discussions.

Au cours d’une première rencontre, il a été précisé les orientations envisagées pour ce plan d’actions, orientations axées sur la gestion préventive, la sensibilisation et la formation des professionnels, l’information des acheteurs, et la recherche d’espèces de substitution à préconiser. Aucune action visant une interdiction de vente n’est envisagée. La FNPHP a exprimé les contraintes techniques et économiques des producteurs et sa volonté de s’impliquer dans le programme coordonné par le Conservatoire botanique en Midi-Pyrénées.

Suite à cette rencontre, la FNPHP et le Conservatoire botanique ont convenu de collaborer pour la mise en place d’une démarche commune visant à limiter les risques de dissémination dans le milieu naturel, d’espèces exotiques commercialisées.

Dans un premier temps, et afin de compléter l’état des lieux, la FNPHP a transmis à ses adhérents un courrier et un questionnaire établis par le Conservatoire (annexe 21), ainsi que la liste des plantes exotiques envahissantes susceptibles d’être vendues en magasins (annexe 22). Il a était demandé à chacun de cocher les espèces inscrites dans son catalogue et de mentionner les actions sur lesquelles ils auraient la possibilité de s’impliquer au cours de la mise en œuvre du plan d’actions. La FNPHP est également associée à l’élaboration des fiches actions pouvant concerner les producteurs.

Une charte de bonne conduite pourrait être proposée aux producteurs de végétaux d’ornements (Mandon-Dalger et al., 2007). Cette démarche pourrait s’inspirer de l’initiative du Conservatoire Botanique national de Bailleul (CBNBL), qui en 2007 a proposé une charte établie en collaboration avec différents horticulteurs de Picardie. Cette charte engageait les signataires à retirer 10 plantes exotiques envahissantes de la vente dans un délai de 6 mois (l’Ailante glanduleux, l’Ambroisie annuelle, les Renouées asiatiques, la Berce du Caucase, les Jussies, l’Azolle fausse-filicule, le Myriophille du Brésil, l’Hydrocotyle fausse-renoncule, l’Orpin de Helm.), tandis que le CBNBL produisait des panneaux de sensibilisation et affiches à apposer à l’entrée des magasins et signalant l’engagement pris par l’enseigne.

Cette démarche n’a donné que peu de résultats. En 2008 le Conservatoire botanique de Corse a également établi une charte de bonne conduite à destination des producteurs, proposant l’enlèvement de la totalité des plantes exotiques envahissantes de la vente.

Une charte pluri-objectifs pourrait également être proposée après discussion avec les professionnels, de façon à ne pas travailler exclusivement sur le retrait de la vente, mais sur un ensemble de mesures préventives. Cette démarche pourrait s’appuyer sur le « code de conduite sur l’horticulture et les plantes exotiques envahissantes » proposé par le conseil de l’Europe (Heywood et al., 2009).

Concernant la proposition de création et diffusion d’une liste d’espèces de substitution, différentes possibilités peuvent être envisagées :

• Proposer d’autres plantes exotiques ornementales pour les plantations en jardin ; sélectionnées pour leurs qualités ornementales et culturales, parfois issues de création variétale, elles sont le fruit de la recherche développée par la profession horticole ; le risque qu’elles deviennent envahissantes à terme existe, mais le pourcentage d’espèces ornementales devenant envahissantes est extrêmement faible, et des tests d’évaluation de risque permettent de prévoir en amont le risque lié à une nouvelle introduction. Un travail conjoint avec la profession horticole s’avère ici indispensable.

• Proposer des espèces indigènes locales, dans la logique du programme partenarial de la Fédération des Conservatoires botaniques nationaux, l’Association Française des Arbres et Haies Champêtres (AFAHC) et Plante & Cité visant à déposer un signe de qualité pour les filières de production de végétaux (plantes/graines) d’origine locale.

L’Union Nationale des Entreprises du Paysage (UNEP) est également associée à la démarche du Conservatoire ; elle est en attente d’informations lors de l’animation du plan d’actions. La Fédération Nationale des Métiers de la Jardinerie (FNMJ) a été contactée sans succès à ce jour.

Un nouveau groupe de travail sera organisé avec les professionnels concernés dès le début de l’animation du plan (2013).

Association Plante & Cité

Plante & Cité est une plateforme nationale d'expérimentations et de conseils techniques à destination des services d’espaces verts, des collectivités territoriales et des entreprises du paysage. L’association a lancé une enquête sur la gestion préventive des plantes exotiques envahissantes en 2011, à destination des communes françaises de plus de 2000 habitants, des entreprises du paysage et des concepteurs paysagers. En 2013, une seconde enquête à destination des pépiniéristes et producteurs horticoles est en cours.

Ces enquêtes s’inscrivent dans le cadre des objectifs du plan Ecophyto 2018 ; elles ont pour objectifs d’évaluer la prise en compte des enjeux liés à la propagation des plantes invasives, de quantifier les usages et la valeur de ces espèces et enfin d’identifier les démarches volontaires de gestion préventive conduites par les entreprises du paysage.

Un outil d’aide au choix des végétaux pour la conception d’espaces verts est également en projet, il sera nommé « Végébase ». Plante & Cité est associée à la démarche de plan d’action régional du Conservatoire.

Fiche action associée :

6 : Information et appui aux filières de production de végétaux d’ornement

2.3.2. Les productions forestières

En production forestière, il est proposé de rechercher les conditions de compromis entre les objectifs de production et les risques d'envahissement de certaines espèces afin de prendre en compte les enjeux suivants :

• un enjeu de préservation de la biodiversité, qui implique de prendre en compte les conséquences de la dissémination des essences plantées dans le milieu naturel ;

• un enjeu de préservation des paysages pour les espèces repérables visuellement, enjeu à mettre en lien avec les politiques de valorisation des terroirs et des paysages à des fins touristiques ;

• un enjeu de développement économique pour les filières de production de bois qui utilisent des essences forestières en raison de leur croissance rapide et correspondant aux objectifs de production.

Au vu des enjeux socio-économiques posés, deux groupes de travail avec les professionnels concernés se sont tenus dès le début de l’animation du plan (2013), en plus du groupe de travail ayant eu lieu en 2012, lors de la phase d’état des lieux du plan.

Il est ainsi proposé, comme axe de réflexion pour la phase d'animation du plan régional, la mise en place d'un programme spécifique "espèces de production forestière" au sein du plan régional d'actions permettant de rechercher les conditions de compromis entre les objectifs de production et les risques d’envahissement lors du choix des essences (projets de plantations, gestion et évolution éventuelle des plantations actuelles) afin de prendre en compte les enjeux identifiés (biodiversité, paysage, économie forestière) dans les milieux forestiers et espaces connexes.

Il a pour objectif principal de travailler, au cours des deux prochaines années, sur les espèces de production forestière suivantes pins, épicéa, robinier, chêne rouge, peuplier, afin de:

- préciser les milieux naturels et/ou les territoires où le caractère envahissant s'exprime, - caractériser les impacts et les risques pour ces milieux naturels et/ou territoire ainsi que les enjeux économiques,

- identifier des axes de travail à mettre en œuvre dans le cadre de l'animation du plan régional.

Un groupe de travail sera en charge de mener ces réflexions. Il est composé des représentants des collectivités, des services de l’État (DRAAF, DDT), des socio-professionnels forestiers, de scientifiques et des associations. Il est piloté par la DREAL en lien avec le CBN - animateur du plan régional.

La fiche action n°7 traite des essences forestières ainsi que l’annexe n° 19 qui présente des propositions de travail et pistes de réflexion à développer pour chaque taxon avec différents objectifs selon les cas :

• amélioration de la connaissance générale sur la répartition des espèces et les usages associés,

• spatialisation et hiérarchisation des enjeux,

• caractérisation de l’impact de l’espèce sur les milieux naturels…

Fiche action associée :

7 : Animer la réflexion concernant les essences de production forestière