Enjeux communs

Quel que soit le domaine d’intervention considéré, les acteurs ont exprimé les besoins suivants :

• Amélioration de la connaissance des espèces,

• Mise en place d’un appui technique,

• Création d’un réseau de veille,

• Animation d’un réseau d’échange et de partage entre les acteurs.

Un besoin de clarification des risques réels liés aux plantes exotiques envahissantes émerge également à la fois de l’enquête et des discussions avec les acteurs ; en effet, les impacts rapportés ne sont pas toujours bien définis et dans certains cas, il s’agit plus d’impacts perçus, à l’énoncé parfois généraliste tel que la « diminution voire disparition de la biodiversité », sans qu’aucune espèce ne soit identifiée ni aucun exemple d’impact cité. Les risques réels doivent pouvoir être clairement identifiés (en fonction des espèces, des milieux, des impacts potentiels) afin de prioriser au mieux les actions.

Les listes des espèces exotiques envahissantes 2013 pour le territoire d’agrément du Conservatoire comportent 143 taxons (annexes 4 et 5). Cependant, ces espèces ne présentent pas toutes les mêmes risques pour l’environnement, et les acteurs ne sont pas en mesure de les prendre en compte au même niveau. Certaines sont bien implantées sur un territoire donné mais sans y proliférer ; bien que naturalisées dans de nombreux milieux, elles ne posent pas de problème qui nécessiterait la mise en place de gestion (ex : Veronica persica). Une hiérarchisation des espèces et des situations dans lesquelles des actions devront être menées apparaît indispensable pour concentrer les moyens humains et financiers sur des objectifs pragmatiques.

Il est à noter le cas souvent rapporté lors des échanges avec les acteurs régionaux, d’espèces envahissantes non exotiques qui posent des problèmes ponctuels de gestion, identiques à ceux rencontrés avec des espèces exotiques envahissantes. Les impacts liées au végétal dépendraient alors dans ce cas précis du milieu où l’espèce se trouve (ex : végétaux indigènes posant des problèmes sur le bâti en milieu urbain).

Une première compilation des enjeux, présentée ci-dessous, a ainsi été effectuée suite aux échanges avec les acteurs régionaux ; ils seront complétés tout au long de l’animation du plan régional d’actions, au fur et à mesure des retours de terrain des gestionnaires et acteurs du territoire.

Connaissances des espèces et de leur répartition

De nombreux acteurs ont exprimé le besoin d’être capable de mieux identifier sur le terrain les espèces exotiques envahissantes, de disposer de listes de référence régionale ou départementale, et d’une cartographie de répartition des espèces. En effet, cette cartographie permettrait, par exemple, de prioriser les enjeux de gestion en croisant les données sur les espèces et les milieux où elles se trouvent, mais également de porter une attention particulière aux zones fragiles où des plantes exotiques envahissantes ont été inventoriées à proximité.

La connaissance de la biologie et de l’écologie de ces plantes leur apparaît également nécessaire pour mettre en place des modalités de gestion adaptées. En effet, ces connaissances permettent de mieux comprendre le comportement d’une espèce au sein des milieux colonisés et facilitent la gestion et la mise en place de mesures de prévention. Par exemple, des informations sur le cycle de vie et le mode de propagation de l’espèce permettent de déterminer la période d’intervention, les protocoles de coupe ou d’arrachage, les modalités de gestion des déchets verts.

De plus, une gestion adaptée réduit les risques de favoriser l’espèce (période de coupe mal choisie, sollicitation du pied mère à drageonner…).

Les besoins et outils recensés à mettre en œuvre sont présentés ci-dessous.

Tableau 7 : Besoins de connaissance sur les plantes exotiques envahissantes.

Besoins identifiés Outils et moyens à mettre en œuvre dans le plan Identification des espèces. Guide de terrain, catalogue, fiches espèces existants à

diffuser.

Création d’une clé de détermination pour certains groupes (Aster…).

Liste hiérarchisée régionale avec déclinaison départementale et indication sur les milieux concernés.

Listes dynamiques des taxons présents sur le territoire d’agrément du Conservatoire avec une indication sur leur présence départementale .

Distribution et abondance des espèces par habitats.

Cartographie dynamique des espèces, à créer et renseigner.

Données sur la biologie et l’écologie des espèces.

Documents bibliographiques centralisés et indexés dans la base documentaire Pyrène du Conservatoire.

Fiches espèces existantes à diffuser.

Concernant la cartographie dynamique des espèces, les acteurs ont exprimé le besoin de voir apparaître des informations sur la présence et l’abondance (nombre d’individus par unité d’espace) des espèces aux niveaux local et régional, via une interface de saisie web qu’ils pourront compléter en ligne.

Actuellement, des données de présence d’espèces sont gérées et géolocalisées dans la base de données floristiques du Conservatoire, permettant de disposer de premières informations sur la fréquence de l’espèce considérée. Cette information n’est cependant pas relevée de façon systématique et l’effectif des populations n’est pas noté. Or, ces données sont indispensables aux acteurs pour évaluer régulièrement le niveau de prolifération et par conséquent le risque induit, pour établir des priorités de veille ou d’action (aux niveaux espèce, écosystèmes, zones à enjeu

patrimonial) et pour aider dans la détermination des options qui s’offrent à eux pour gérer les espèces qui s’avéreraient préoccupantes. Les données pourront être recensées via les observations de terrain des botanistes du Conservatoire et des partenaires sollicités dans le cadre de leurs propres inventaires de terrain, en utilisant un protocole commun. Un volet spécifique pour le grand public pourrait être développé, conduisant à mettre en place un inventaire participatif sur quelques taxons facilement identifiables. Il faudrait cependant veiller à ce qu’une communication appropriée accompagne cette action, de manière à éviter toute interprétation erronée et toute dérive idéologique sur ce thème sensible.

Fiches actions associées :

1 : Révision des listes de plantes exotiques envahissantes et plantes exotiques à surveiller

2 : Création d’une cartographie dynamique à renseigner 4 : Création de clés de détermination

5 : Compilation et diffusion de fiches espèces existantes et compléments si nécessaire

Appui technique

Une forte demande d’outils d’aide à la gestion et au suivi a été exprimée. Les acteurs pointent l’absence de structure centralisatrice en région, facilement identifiable, et en mesure de leur apporter l’appui nécessaire ou de les orienter vers des prestataires potentiels.

L’appui leur semble devoir prendre différentes formes, en fonction de la situation :

• La mise à disposition de connaissances issues des expériences extérieures au territoire,

• Des préconisations de lutte (adaptées aux espèces et aux types de milieux),

• Des conseils pour éviter la dissémination de l’espèce, pour gérer les déchets verts ainsi que pour restaurer des milieux après élimination de foyers d’espèces exotiques envahissantes,

• Parfois une évaluation directe de la problématique sur le terrain.

Les acteurs souhaitent avoir accès aux résultats des expériences menées ailleurs en région, et pouvoir échanger avec les personnes référentes de manière à intégrer un réseau de partage d’information. Ils espèrent ainsi pouvoir accélérer la prise de décision, la communication et la mise en œuvre de plans d’intervention adaptés.

Tableau 8 : Besoins d’aide à la gestion des plantes exotiques envahissantes.

Besoins Outils et moyens à mettre en œuvre dans le plan Protocole type de gestion. Collecte et diffusion de protocoles de suivi et de gestion.

Référencement des documents par milieux, espèces, contraintes de gestion.

Diffusion d’ouvrages de référence.

Protocole type de suivi.

Techniques et modalités de restauration après gestion.

Collecte et diffusion de guides et/ou de fiches sur les techniques et méthodologies de restauration. Synthèse de ces documents à créer si nécessaire.

Echange des expériences de gestion entre acteurs.

Saisie des références dans la base de données bibliographique Pyrène du Conservatoire, consultable sur internet et compléter.

Mise en ligne de documents numérisés ; mise à disposition des autres documents par le service de prêt du centre de

documentation

Appui technique terrain Mise à disposition d’un temps d’expertise du Conservatoire Faisabilité technique,

financière.

Création de fiches comparatives des coûts de moyens de lutte préconisés et de moyens de contention des espèces à petite et grande échelle.

Fiches actions associées :

13 : Synthèse et mise à disposition de protocoles de gestion et préconisations lors de la gestion

14 : Synthèse et mise à disposition de méthodes de restauration et suivi après gestion

15 : Appui personnalisé au cas par cas

Réseau de veille

Les gestionnaires ont également exprimé le besoin de :

• Connaissance sur les mesures à prendre pour limiter la propagation des espèces déjà présentes et celles qui arrivent,

• Système de détection précoce, qui permettrait d’anticiper l’arrivée de nouvelles plantes exotiques envahissantes sur le territoire d’étude, et de suivre l’évolution de taxons de la liste qui passeraient d’un statut d’espèce à surveiller à un statut d’espèce avérée (le cas inverse pouvant également être envisagé).

Les acteurs régionaux souhaitent contribuer au réseau de veille, via la centralisation de leurs observations de terrain sur la cartographie dynamique du Conservatoire. En effet, dès qu’une nouvelle espèce envahissante est détectée, ou qu’une espèce présente devient très proliférante, il s’agit d’évaluer le plus rapidement possible les conséquences possibles, et intervenir si nécessaire avant que cette espèce ne se répande. Il faut pour cela, une fois l’alerte fournie par le réseau de veille, pouvoir faire une expertise des risques et éventuellement le lien avec le niveau opérationnel d’intervention afin d’éradiquer, de confiner ou de contrôler l’espèce (Hobbs, 1995 ; Rejmanek, 2002 ; Hulme, 2006 ; Porter, 2007 ; Abella, 2008 ; Shine, 2009).

Tableau 9 : Besoin de prévention face aux plantes exotiques envahissantes.

Besoins Outils et moyens à mettre en œuvre dans

le plan Préconisations auprès des agents de terrains pour

limiter la propagation (nettoyage des engins, gestion des déchets verts...).

Notice de préconisations selon les milieux et gestion effectuée à synthétiser, adapter si nécessaire et diffuser.

Système de détection de nouvelles espèces introduites, détection d’espèces en expansion sur le territoire ou en limite.

Listes dynamiques des espèces recensées (annexe 4 et 5) et cartographie dynamique à créer.

Fiches actions associées :

9 : Création d’un système de détection précoce

10 : Collecte et diffusion de préconisations générales

Réseau d’échange et partage

Les résultats de l’enquête ont montré que les gestionnaires ont acquis une certaine expérience et des connaissances lors d’études, d’actions de contrôle ou de sensibilisation, mais les résultats n’ont pour la plupart pas été publiés. Les efforts mis en œuvre et les expériences acquises ne sont donc pas partagés. De plus, les acteurs ont exprimé des besoins de sensibilisation et d’information.

Les échanges demandés peuvent prendre les formes suivantes :

• Centralisation et diffusion des retours d’expériences,

• Organisation de sessions de formation,

• Diffusion d’informations générales et d’actualité sur la thématique.

Tableau 10 : Besoin d’échange et de formation sur la problématique des plantes exotiques envahissantes.

Besoins Outils et moyens à mettre en œuvre dans le

plan Partage des expériences et connaissances

acquises

Base de données bibliographique Pyrène du Conservatoire et cartographie dynamique à créer.

Création d’un forum d’échange.

Formation des acteurs de terrains à la reconnaissance, techniques de gestion.

Mise en place de sorties thématiques, de formation.

Besoin d’informations générales, de communication.

Outils de communication à créer (plaquettes, brochures, journaux, communiqué interactif) adaptés au public ciblé.

Information sur la réglementation (commerce, vente, plantation, arrêté, obligation…).

Information sur les nouveautés règlementaires.

Fiches actions associées :

2 : Création d’une cartographie dynamique à renseigner

11 : Création et animation d’un forum d’échange professionnel 12 : Formation des professionnels

18 : Création d’une lettre d’information à destination des élus et gestionnaires 19 : Communication via les médias

Une partie communication sera associée à chaque enjeu, la stratégie de communication est détaillée au paragraphe 2.4.