• Aucun résultat trouvé

2. Hiérarchisation des enjeux en Midi-Pyrénées

2.4. Communication

2.4.1. Des publics variés en attente d'informations claires

Face à la présence croissante d’espèces exotiques envahissantes, une attente de communication a été fortement exprimée par l’ensemble des acteurs consultés, quel que soit leur domaine professionnel (entretien d’espace vert, aménagement et gestion d’espaces naturels, vente…). Des mesures de gestion ont localement été engagées, mais sans connaître toutes les méthodes déjà testées, sans avoir identifié les plus adaptées, sans avoir échangé avec d’autres à propos des bonnes pratiques. Certaines espèces ont ainsi pu être disséminées par manque de savoir sur l’espèce et de préconisations pertinentes.

La réponse au besoin de connaissance de ces espèces exprimé par les acteurs peut s’appuyer sur un inventaire le plus précis possible des taxons présents, pour en suivre l’évolution et mettre en place d’éventuelles mesures de gestion. Une information plus générale sur les espèces concerne le grand public, qui découvre des végétaux dans les espaces publics, en achète, les jardine, et tout ceci sans en savoir beaucoup à leur propos.

Le partage de l’information au niveau régional semble donc être un besoin prioritaire. Il constitue un préalable à un travail de sensibilisation et de mobilisation de l’ensemble des acteurs régionaux, qu’il s’agisse de professionnels (gestion, vente, enseignement…) ou du grand public.

Les principaux publics concernés ainsi que leurs perceptions spécifiques de la problématique sont répertoriés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 12 : Perception des plantes exotiques envahissantes par un échantillon des publics ciblés

Publics cibles Perception positive Perception négative

Élus, administrations, institutions

« les bambous permettent de créer des haies très opaques, en très peu de temps »

Agriculteurs « pas sûr que ce soit un problème, tout ce qu’on sème, ce n’est pas non plus des espèces d’ici, le maïs par exemple ! »

Forestiers « certaines essences sont idéales pour leurs croissance rapide, la qualité

« ça pousse vite, c’est facile et puis ça change »

« la Renouée du japon, ça devient une plaie. Elle pousse sur les bas-côtés et elle gêne la visibilité. C’est pas bon pour la sécurité »

« on en fini pas de les contenir » Gestionnaires de milieux

aquatiques

« chez nous le Buddleja ne fais pas de grands massifs, il ne nous gêne pas »

« la Renouée, la Buddleja, et la Balsamine de l’Himalaya

provoquent de grandes difficultés de gestion sur les berges »

Pêcheurs « certaines espèces forment des herbiers qui attirent les carnassiers »

« les herbiers trop denses empêchent la pratique de la pêche »

Naturalistes « elles apportent une plus grande diversité floristique, on a bien eu des tas de végétaux qu’on a adaptés par le passé pour l’agriculture, pour les jardins »

« elles entrent en compétition avec la flore locale, c’est un danger à terme pour les

« elles ont un fort succès auprès des clients, sont très ornementales et se vendent bien »

« elles se prêtent bien à la réalisation de haies pour s’isoler de la rue, des voisins »

« où est le problème, tout ce qu’on vend ce sont des plantes qu’on trouve dans la nature »

Bureaux d’études « elles correspondent aux critères d’essences à croissance rapide et à intérêt paysager recherchés »

« elles permettent de la créativité, de sortir des sentiers battus »

Enseignants spécialisés « c’est des matériaux pour nos élèves, pour leur métier futur »

« en agriculture il n’y a pas de problème »

« pas certain que se soit bon pour la nature, en fait »

« ça pourrait être intéressant de creuser avec les élèves » Éducateurs à

l’environnement

« quand on en voit, ça nous permet de faire un topo sur les espèces

exotiques envahissantes »

Médias « vous parlez d’espèces tropicales ? ah si je vois, j’ai fait un sujet sur la jussie, une plaie pour les pêcheurs.

L’arbre à papillons c’est une espèce exotique envahissante ? il y en a partout dans la région ! »

« il y a des plantes sauvages qui posent des problèmes quand elles prolifèrent. L’armoise par exemple provoque des allergies.

Elle envahit aussi les cultures de céréales »

Grand public « c’est beau. Dans mon jardin le Chèvrefeuille est d’un bel effet »

« c’est original, en tout cas ça change de la haie d’épine qu’il y avait avant »

« le Buddleja, c’est bon pour les insectes ; il y a plein de papillons sur le mien » exotiques envahissantes, elles ne sont pas généralisables aux catégories d’acteurs ciblés.

Le besoin d’outils de communication à créer doit donc prendre en compte la vision conceptuelle de ces espèces et adapter le discours aux spécificités des publics identifiés.

Un premier bilan des documents existants (brochures, fiches espèces, documents de gestion) en région et à un niveau plus large a été effectué. Ce travail de recensement, regroupe à la fois des informations générales sur la problématique et des informations plus techniques sur les espèces et leur gestion, dans la base documentaire Pyrène du Conservatoire ; les informations ainsi compilées sont en ligne et seront accessibles ultérieurement. Ce premier bilan permet également d’évaluer les documents qu’il y aurait à créer.

2.4.2. Une communication adaptée à chaque public

Les publics cibles de la communication peuvent être catégorisés en fonction de la présence plus ou moins forte de cette problématique dans leur quotidien mais aussi de leur capacité d’action.

Une cible prioritaire pourrait réunir à la fois des décisionnaires et des opérationnels intervenant dans les domaines :

• de la gestion des territoires : élus locaux, cadres d’administrations, techniciens de collectivités territoriales…

• de l’agriculture, de la forêt, de la pêche… : élus et cadres des organisations agricoles, sylvicoles, piscicoles… agriculteurs, forestiers, pêcheurs…

• de la protection de l’environnement : gestionnaires d’espaces naturels, naturalistes, responsables associatifs…

• de la production et de la commercialisation du végétal : élus et cadres des organisations professionnelles, horticulteurs, pépiniéristes, distributeurs…

• de l’ingénierie de l’aménagement, du paysage et de l’urbanisation …

L’objectif est de mobiliser ces acteurs institutionnels et professionnels pour qu’ils s’approprient la problématique et l’intègrent à leurs préoccupations. Pour cela, il s’agira de mettre en relation ces acteurs, de faciliter leur accès à la connaissance et de mettre en place des échanges de données, de bonnes pratiques et de retours d’expériences.

Une seconde cible, plus large et incluant les premiers, pourrait réunir :

• les citoyens dans leur ensemble, mais avec toutefois un profil type à la fois « zones rurales et périphéries urbaines », personnes vivant en habitat individuel,

• les enseignants spécialisés (agriculture, horticulture…) et les éducateurs à l’environnement,

• les journalistes, tous médias confondus.

L’objectif concernant cette seconde cible serait la sensibilisation pour qu’à court terme ces acteurs reprennent à leur compte des solutions simples permettant de maitriser les plantes exotiques envahissantes, et qu’à plus long terme ils soient porteurs d'un message de prévention auprès des décideurs et des opérationnels.

Il conviendra de préciser ces objectifs de communication en fonction de chacune des composantes de ces cibles, et de mettre l’ensemble des initiatives de communication et des messages en cohérence. A titre d’exemple, il est évident que la question des espèces exotiques envahissantes ne pourra pas être abordée avec les producteurs/distributeurs de végétaux d’ornement de la même façon qu’avec les institutionnels ou les bureaux d’étude ; il en va de même avec les agriculteurs, forestiers, citoyens ou encore avec les naturalistes.

La communication à destination des gestionnaires s’appuiera sur les documents techniques et scientifiques recueillis et sur des synthèses qui seront élaborées au cours du plan d’actions. La diffusion de ces documents et le partage des expériences permettront aux gestionnaires et agents de terrain d’avoir accès rapidement à une importante base d’information.

Concernant les professionnels de la vente de végétaux d’ornement et de l’aménagement paysager (pépiniéristes, horticulteurs, paysagistes, jardineries…), la communication se fera en deux temps ; la première phase visera à informer et sensibiliser les professionnels ; la seconde phase s’attachera à concevoir un projet partenarial d’information du public via ces filières (étiquette lors de l’achat, poster et prospectus en magasin…) dans le cadre d’un engagement volontaire des professionnels (charte de bonnes pratiques par exemple).

Les bureaux d’études privés seront également sollicités afin de prévenir l’introduction et la propagation des espèces exotiques envahissantes : préconisations pour les études d’impact, prise en compte lors des inventaires floristiques, recommandations relatives aux travaux d’aménagement.

Le grand public n’est pas sensibilisé à la problématique des espèces exotiques envahissantes de façon significative (Fried, 2012 ; Muller, 2001 ; Muller 2004). Il identifie certaines espèces, sans avoir nécessairement mesuré les impacts, ni perçu les enjeux dans leur globalité. Il conviendra a priori de partir d’espèces identifiées et de révéler les enjeux et les solutions accessibles, faciles à mettre en œuvre. Le recours aux médias sera dans ce cas stratégique.

Les outils de communication à mettre en place seront adaptés aux publics auxquels ils s’adressent. Ces outils devront :

Informer et mobiliser le plus largement possible les professionnels et le grand public (site internet mettant en scène la réflexion et la sensibilisation, lettre d’information permettant d’élargir les points de vus, médias visant à une meilleure connaissance), en envisageant avec ceux-ci des coopérations allant au-delà des seules relations presse ;

Sensibiliser spécifiquement certaines filières professionnelles notamment les forestiers, les agriculteurs, les filières de vente (compromis entre enjeux économique et de biodiversité, charte de bonnes pratiques, liste d’espèces de substitution, information lors de l’achat) ; travailler aussi avec les structures d’enseignement spécialisé et d’éducation à l’environnement (outils pédagogiques) ;

Permettre le partage et la diffusion de l’information technique et généraliste sur ces espèces et leur gestion (cartographie dynamique, base documentaire Pyrène, forum d’échanges) ; l'ensemble de ces outils seront accessibles en permanence sur un site internet, mais aussi dynamisé par d’autres supports tels que la lettre d’information, les médias…

Un temps d’animation de ce réseau d’acteurs sera prévu durant la mise en œuvre du plan. Il s’agira de promouvoir la stratégie régionale, de faciliter l’appropriation des outils, de partager l’information, de restituer les données communiquées. Un groupe de travail

« communication », réunissant des représentants des différents domaines professionnels évoqués, sera organisé dès le début de l’animation du plan, dans le but de créer des outils de communication adaptés et réalisés de manière concertée.

Fiches actions associées :

8 : Diffusion d’outils pédagogiques destinés à l’enseignement et à des structures chargées de l’éducation à l’environnement

17 : Création et animation d’un site internet dédié

18 : Création d’une lettre d’information à destination des élus et gestionnaires 19 : Communication via les médias

20 : Création de flux en direction des bases d’information dynamique créées

3. Objectifs et mise en œuvre du plan régional