D
ANS CE NUMÉROLa gazette EEE — page 1
Espèces
Exotiques
Envahissantes
C
ONTACT NATIONAL Jean-François Maillard jean-francois.maillard@oncfs.gouv.fr 06 83 61 17 06
P. Massit / ONCFS
VERS LA MISE EN ŒUVRE DU RÈGLEMENT EUROPEEN SUR LES EEE
Le 1er janvier 2015 est entré en vigueur le règlement européen N°1143/2014 relatif à la gestion des espèces exotiques envahissantes.
Il s’agit du premier texte réglementaire au niveau de l’Union spécifiquement dédié à cette problématique.
Ce règlement a pour ambition de poser le cadre général d’un régime de prévention des introductions et de gestion des espèces exotiques envahissantes ayant un impact négatif sur la biodiversité, les services écosystémiques ainsi que sur la santé et l’économie.
La première liste dite des espèces préoccupantes pour l’Union européenne a été publiée Dans la contribution à la sauvegarde de la biodiversité, la maîtrise des espèces exotiques envahissantes portant atteinte à l'équilibre des écosystèmes ou aux activités humaines est inscrite dans notre contrat
d’objectif passé avec l’Etat. Cette première lettre se veut comme un lien entre les différents échelons de l’établissement présentant des informations d ’a c t u a l i t é s s u r c e t t e problématique.
le 13 juillet 2016. Composée de 37 espèces à ce jour, elle vise tant des espèces de faune que de flore (voir le texte complet ci-après).
La mise en œuvre par la France de ce règlement sera précisée par un décret annoncé pour le premier trimestre 2017.
• Vers la mise en œuvre du règlement européen……..p.1
• U n e s t r a t é g i e nationale………..…...p.2
• D u c ô t é d e l a réglementation……...…..….p.2
• Du côté de l’Ibis sacré...…p.3
• Du côté de l’érismature rousse………...……p.3
• Du côté des carnivores….p.4
• Du côté des formations...p.4
• Et l’Outre-mer ?...p.5
• L’iguane vert ou iguane commun...p.5
• Référents EEE...p.6
Erismature rousse
© M. Benmergui / ONCFS
Un certain nombre d’espèces sur lesquelles l’établissement intervient, sont listées : érismature rousse, ibis sacré, raton laveur ; et d’autres espèces pour lesquelles nous devrons avoir un œil attentif : muntjac de Reeves, coati roux, ainsi que les écureuils exotiques (écureuil de Pallas, écureuil gris, tamia de
Sibérie...)
Au-delà de la lutte menée sur ces espèces, des dispositions restrictives quant aux règles de vente et de détention sont prévues afin de garantir tous risques d’échappés.
R è g l e m e n t : h t t p : / / eurlex.europa.eu/legal-content/
F R / T X T / ? u r i = C E L E X %
3A32014R1143
Liste d’espèces : http://
eurlex.europa.eu/legal-content/F R / T X T / ? u r i = C E L E X % 3A32016R1141
La liste d’espèces est évolutive et de nouvelles espèces devraient la rejoindre courant 2017.
Une stratégie nationale (couvrant la métropole et les outre-mer) a été préparée et remise en novembre dernier à Mme Pompili, Secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité. Sa rédaction a fait l’objet d’échanges et de discussions au sein d’un groupe pilote constitué de 5 structures en appui au Ministère : le Muséum National d’Histoire N atu re l le , l ’ONE MA , l a
Fédération des Conservatoires Botaniques Nationaux, l’IFREMER, l’UICN France et l’ONCFS.
Elle s’organise autour de 5 axes :
• la prévention de l’introduction et de la propagation des e s p è c e s e x o t i q u e s envahissantes ;
• les interventions de gestion des espèces et restauration des écosystèmes ;
• l ’a m é l i o r a t i o n e t l a m u t u a l i s a t i o n d e s connaissances ;
• l a co m m u n i ca t i o n , l a sensibilisation, la mobilisation et la formation ;
• la gouvernance.
Cette stratégie sera publiée au cours du premier trimestre 2017 et sera déclinée en fiches opérationnelles.
La Loi biodiversité a apporté des compléments législatifs pour la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes par les articles L411-5 à L411-7 du Code de l’Environnement. La lutte a été codifiée par les articles L411-8 et L411-9. Le décret sera publié probablement au premier trimestre 2017. Il reprend les dispositions du règlement européen et se déclinera par la parution d’arrêtés listant les espèces interdites d’introduction dans le milieu naturel d’une part
(révision de l’arrêté du 30 juillet 2010) - ces premières listes sont dites de niveau 1. Ce règlement européen se déclinera aussi par la publication d’arrêtés listant les espèces interdites d’introduction sur le territoire national, mai aussi de transit, de détention, de transport, de colportage, d’utilisation, d’échange, de mise en vente, de vente ou d’achat de sp éci men s vivants. Ces deuxièmes listes sont dites de niveau 2 reprenant à minima les espèces du règlement auquel des espèces nationales pourraient
UNE STRATÉGIE NATIONALE
DU CÔTÉ DE LA REGLEMENTATION
Ecureuil de Pallas
© JL. Chapuis - MNHN
être ajoutées.
Les conditions de détention de ces espèces seront donc revues ; seuls les établissement faisant de la conservation ex-situ (zoos)
pourront les détenir sous certaines conditions. Les propriétaires d’animaux de compagnie pourront également les conserver jusqu’à leur mort
s’ils assurent qu’ils ne se reproduiront pas, ni ne s’enfuiront. Une analyse plus fine sera produite par la Direction de la Police.
DU CÔTÉ DE L’IBIS SACRÉ
L’ibis sacré fait l’objet d’actions de lutte par l’établissement et le par le gestionnaire de la RNN du lac de Grand-Lieu, site historique de reproduction en Loire Atlantique. Cette action se voit renforcée par la nécessité de lutter dans le cadre du règlement européen sur les EEE.
Cantonné au littoral ouest de la France (Morbihan, Loire-
Atlantique, Vendée et Charente- Maritime), ses effectifs poursuivent leur décroissance.
Le comptage de l’hiver 2015- 2016 comptabilisait entre 550 à 600 oiseaux.
E n 2 0 1 6 , 2 7 2 ibis ont été prélevés dont 73% d’adultes et autour de 150 nids ont été recensés en divers sites de Loire-Atlantique.
Ibis sacré
© G. Cochard / ONCFS
DU CÔTÉ DE L’ERISMATURE ROUSSE
L’érismature rousse (Oxyura jamaicensis), en raison de ses capacités compétitives et d’hybridation avec sa proche cousine l’érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala), fait l’objet d’un plan national de lutte depuis 1996. Ce plan a été revu courant 2015 par la DRE et la DIR BPL et a reçu un avis favorable du CNPN en début d’année après avoir fait l’objet de relecture par un comité. Ce nouveau plan propose de poursuivre les actions de lutte déjà engagées en France en les renforçant par une meilleure synergie avec les observateurs de terrain que sont les naturalistes, les chasseurs, les détenteurs de plans d’eau et en améliorant les
a s p e c t s o p é r a t i o n n e l s (coordination, réactivité, période d’ i nte r ve nt i o n , m até r i e l s adaptés). Répondant aux objectifs visés par la Convention de Berne d’éradication de l’espèce dans le Paléarctique occidental pour l’horizon 2025, ce plan national de lutte se veut également une réponse au règlement européen.
En 2016, 170 érismatures rousses ont été prélevées par l’ONCFS et la Société Nationale pour la Protection de la Nature sur le lac de Grand- Lieu. Néanmoins, ce sont environ 200 oiseaux qui étaient observés en France au plus de fort de cet hiver dont 95% d’entre eux sur s’observait sur le lac
Grand-Lieu témoignant d'une relative stabilité des effectifs.
Jean-Baptiste Mouronval, de l’unité Avifaune Migratrice est le coordinateur de ce plan (jean- baptiste.mouronval@oncfs.gouv.f r)
Erismature à tête blanche
© D. Chenesseau / ONCFS
DU CÔTÉ DES CARNIVORES
Le raton laveur (Procyon lotor) est visé par le règlement européen EEE. Il a développé des noyaux de dispersion très actifs qui permettent une colonisation progressive de vastes secteurs, d’autant plus qu’il apparaît très plastique. Ainsi, il présente un foyer de dispersion important dans l’Aisne et maintenant en Champagne (Marne) suite à l’abandon de ces mascottes américaines en 1966 sur la base de l’OTAN à Laon-Couvron.
Dès le début des années 1970, il est signalé en Alsace et en
Lorraine en expansion depuis l’Allemagne. Un troisième foyer est apparu actif depuis 2007 en Auvergne avec un noyau dans la vallée de l’Allier mais avec des contacts enregistrés dans les départements voisins. Une population se développe en Aquitaine depuis 2007-2008.
En vue d’appréhender la diversité génétique des différents noyaux de populations, un projet a été proposé au budget 2017.
Celui-ci nécessitera dans une première phase de collecter des échantillons de tissus afin de
développer les marqueurs moléculaires nécessaires pour caractériser les individus.
Raton laveur
© R. Goutaudier / ONCFS
DU CÔTÉ DES FORMATIONS
Du 17 au 20 mai 2016, s’est tenu le stage annuel sur les vertébrés exotiques envahissants.
Ce stage national interne est organisé autour des axes suivants :
• la problématique des espèces exotiques ;
• la commande de l’Etat ;
• le cadre réglementaire ;
• la méthode de travail (réseau de veille, signalement, priorisation…) ;
• le partage des connaissances sur les espèces ;
• l’échange sur les expériences, les partenariats et les outils de gestion.
18 stagiaires provenant de toute la France se sont retrouvés non loin du lac de Grand-Lieu pour aborder en salle et sur le terrain les aspects du suivi, de la gestion et de la lutte contre les vertébrés exotiques envahissants sur lesquels l’ONCFS est investi :
érismature rousse, bernache du Canada, ouette d’Egypte, raton laveur, vison d’Amérique, chien viverrin, cerf sika mais aussi écureuil de Pallas, perruches et aperçu des amphibiens et reptiles.
Une journée pleine a été consacrée au terrain où l’expérience du ser vice départemental de Loire- Atlantique associée à celle de la Société Nationale pour la Protection de la Nature a été mise à profit et transmise au personnel. Malheureusement, cette année, aucune érismature rousse n’a été observée, à contrario des ibis sacrés. L’ONCFS a par ailleurs apporté ses connaissances sur les EEE au stage de l’ATEN qui a eu lieu les 6
Sur le terrain, séance d’installation d’un poste de camouflage
© JM Cugnasse / ONCFS
et 7 avril à Montpellier et a récemment participé au stage sur l e s e s p è c e s e xo t i q u e s envahissantes du Bassin de la
Loire en Brenne du 13 au 15 septembre. Le stage EEE est programmé pour 2017 et est disponible au catalogue des
formations.
Les vertébrés terrestres introduits - UICN / ONCFS
L’IGUANE VERT OU IGUANE COMMUN
L’Iguane vert (Iguana iguana) est une espèce sud-américaine qui a été implantée dans diverses îles de la Caraïbe et tout particulièrement dans celles des Antilles françaises. Cette espèce est plus compétitive que l’espèce endémique de ces îles, l’Iguane des Petites Antilles (Iguana delicatissima) avec lequel il peut s’hybrider et produire une descendance féconde. L’Iguane vert est désormais la menace principale impactant la conservation de l’Iguane des Petites Antilles, classé en danger d’extinction par l’UICN. Les actions de lutte menées depuis plus de 10 ans en Martinique
n’ont pas permis d’éliminer cette espèce qui a une dynamique forte et qui s’est implantée durablement en ville de Fort de France depuis les années 1960.
Dans le cadre du règlement européen, de la stratégie nationale et de la révision du plan national d’action pour l’espèce endémique, la lutte sera à renforcer pour éviter la perte d’une espèce de haute valeur patrimoniale mais aussi pour éviter tout risque de dispersion de l’Iguane commun vers d’autres îles de la Caraïbe. En Guadeloupe, l’espèce a conquis presque tout le littoral et la seule population d’Iguanes des Petites
Antilles se trouve sur la réserve naturelle de Petite Terre à dix kilomètres du littoral.
ET L’OUTRE-MER ?
Les richesses naturelles exceptionnelles des collectivités françaises d’outre-mer sont fortement impactées par les esp è ces i nvas i ve s to u t particulièrement en contexte insulaire.
C e s f o r t e s m e n a c e s nécessitent des réponses appropriées et les territoires ont développé des stratégies de lutte et mettent en œuvre des actions concrètes pour tenter de remédier aux causes et aux impacts induits comme sur l'île
de la Réunion (http://
www.especesinvasives.re/).
Le règlement européen offre la possibilité aux régions ultra périphériques de disposer de leurs propres listes d’espèces préoccupantes indépendamment de celle de l’Europe continentale.
Elles sont en phase de finalisation et la lutte contre ces espèces se voit renforcée par la stratégie nationale sur les EEE à paraître.
Iguane commun (Iguana iguana)
© ONCFS
LES RÉFÉRENTS EEE AU SEIN DES DÉLÉGATIONS
Chacune des délégations régionales et interrégionales s’est dotée depuis quelques années d’un référent sur les espèces exotiques envahissantes.
Chacun, et sous l’autorité du délégué, assure l’animation sur ce thème auprès des services départementaux.
Ils ont également pour rôle de faire remonter au national les problématiques locales.
DIR Grand-Est Marie-Laure SCHWOERER
DIR Bourgogne-Franche-Comté Caroline LE GOFF DIR Auvergne-Rhône-Alpes Isabelle LOSINGER DIR Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse Virginie CROQUET
DIR Occitanie Régis GALLAIS
DIR Nouvelle Aquitaine Gérard RUVEN DIR Centre-Val de Loire Ile-de-France Paul HUREL DIR Hauts-de-France Normandie Hugues ESCLAFFER DIR Bretagne-Pays-de-la-Loire Aurélie BARBOTIN
DIR Outre-mer Sarah CACERES
Direction de la recherche et de l’expertise BP20
78612 Le Perray-en-Yvelines Cedex Tel : 01 30 46 60 00
dre@oncfs.gouv.fr