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Submitted on 1 Jan 1971
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Étude par résonance paramagnétique électronique de la structure de couches monomoléculaires de stéarate de
cuivre
J. Messier, G. Marc
To cite this version:
J. Messier, G. Marc. Étude par résonance paramagnétique électronique de la structure de couches monomoléculaires de stéarate de cuivre. Journal de Physique, 1971, 32 (10), pp.799-804.
�10.1051/jphys:019710032010079900�. �jpa-00207138�
J. MESSIER et G. MARC
Laboratoire
d’Electronique Moléculaire,
Serviced’Electronique
desRéacteurs,
Services
d’Electronique
deSaclay.
Centre d’Etudes Nucléaires deSaclay,
B. P. n°
2, 91,
Gif-sur-Yvette(Reçu
le 7 mai1971)
Résumé. 2014 On a
étudié,
par R. P. E., la structure de couches monomoléculaires de stéarate de cuivre.L’interprétation
des spectres obtenus montre que l’axe des centresparamagnétiques
fait un
angle
moyen de 64° avec laperpendiculaire
à la couche monomoléculaire.D’autre part il existe entre les ions cuivre voisins une
importante intégrale d’échange qui
a pour effet d’annuler l’interactionhyperfine
etqui
estresponsable
de la forme lorentzienne des raies de résonance et de leur faiblelargeur (inférieure
à 20G).
Abstract. 2014 Monomolecular
layers of copper
stearate has been studiedby
E. S. R. The obtained spectra show that theangle
between theparamagnetic
center axis and theperpendicular
to thelayer
is 64°. Furthermore alarge exchange integral
betweenneighbouring
copper ions has thefollowing
effects :suppression
ofhyperfine interaction,
lorentzianshape
andnarrowing
of thelines.
1. Introduction. - Les couches monomoléculaires
organiques
réalisées par latechnique
deLangmuir- Blodgett
ont faitl’objet
de nombreuses études menées par diffraction de rayonsX, ellipsométrie, viscosité, fluorescence, absorption optique
dans levisible,
l’infra-rouge, etc...
[1].
De nombreuses couches monomoléculaires étant formées de sels d’ions
paramagnétiques,
il nous a paru intéressant d’en étudier la structure par résonance para-magnétique électronique [2].
Dans cetteétude,
nousnous sommes
particulièrement
attachés à déterminer l’orientation desgroupements hydrophiles
des couchesde stéarate de cuivre. La résonance
paramagnétique électronique présente l’avantage,
dans le cas des ionscuivre,
d’être trèsanisotrope
parrapport
à la direction duchamp magnétique,
la valeur duchamp
de réso-nance
peut
en effet varier deplusieurs
centaines de gauss selon l’orientation de l’ion cequi
rend la méthodeparticulièrement
sensible.II.
Dispositif expérimental.
- Les couches mono-moléculaires ont été
réalisées,
par latechnique
cl as-sique
deLangmuir-Blodgett,
à l’aide d’unappareillage qui
a été décrit par ailleurs[3],
dans les conditions sui- vantes :Bain de
tirage : pH
=5,5 ;
Concentration en ions cuivre :
10-3 ;
Tension
superficielle
constante utilisée au cours dutirage :
15dynes ;
Surface
occupée
par chaînestéarique :
25A2
envi-ron ;
Vitesse de
tirage :
3mm/mn.
Les couches ont été
déposées
sur des substrats dequartz
de 3 x 25 x 1 mm dont legrand
côté étaitdisposé perpendiculairement
à la surface du bain et à la direction dedéplacement
dupiston
mobile servant àcomprimer
les molécules à la surface de l’eau.Lors du
tirage,
troisplaquettes
étaientdisposées parallèlement (Fig. 1).
Seule laplaquette
centrale était utilisée pour les mesures, la finesse desspectres
obtenus étantbeaucoup
moins bonne sur lesplaquettes
du bordà cause des
perturbations
introduites par le tranchant de la lame sur les conditions dedéposition.
Pour les
expériences
de résonanceélectronique
on autilisé un
spectromètre
Varian V.4502, ayant
une sen- sibilité limite de1011 spins/gauss.
La valeur duchamp magnétique
était mesurée par une sonde àproton
et lafréquence
de résonance de la cavité par unfréquence-
mètre Hewlett-Packard.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019710032010079900
800
FiG. 1. - Dispositif de tirage des couches monomoléculaires.
A basse
température
on a utilisé une cavité rectan-gulaire
et ledispositif Varian
à circulation d’azote froid.Les échantillons étaient
disposés
de manière à ce que la direction detirage
soitperpendiculaire
auchamp magnétique
fixe etparallèle
auchamp magnétique hyperfréquence.
III. Résultats
expérimentaux.
- Aucunsignal
derésonance
électronique
n’est observé directement dans les couches de stéarate de cuivre réalisées dans les conditionsindiquées.
La raison n’en est pas un manque de sensibilité del’appareillage
de mesurecar en redissolvant
quelques
couches monomolécu- laires dans une solution depyridine-chloroforme,
par
exemple,
on observe lespectre caractéristique
de l’ion cuivre en solution. Nous avons donc fait
l’hypothèse
que cette absence designal
était due à l’existence de fortscouplages
entre les ions cuivre voisins et avons cherché àéloigner
ceux-ci les unsdes autres :
a)
en réalisant des solutions diluées d’acidestéarique
et de stéarate de
cuivre,
b)
encomplexant
les ions cuivre avec de lapyridine placée
dans le bain detirage,
c)
entrempant pendant quelques
secondes lescouches monomoléculaires dans l’ammoniac.
Seule la méthode c nous a donné des résultats.
Les
spectres
obtenus à 293 OK avec 113 couches monomoléculairessuperposées
sontreprésentés
surla
figure
2.L’angle
a,porté
en indice dechaque courbe,
est celui formé par la direction du
champ magnétique
avec la
perpendiculaire
Oz à laplaquette (Fig. 3).
A la
température
ordinaire on observe une dimi-nution lente de
l’amplitude
duspectre qui peut
attien- dre50 %
en une heure. Elle est duevraisemblablement
à uneévaporation
de l’ammoniac car elle ne seproduit
pas à basse
température.
D’autrepart
onregénère
lesignal
enretrempant
les couches monomoléculaires dansl’ammoniaque.
On observe le mêmetype
despectre
mais avec uneamplitude généralement plus
faible en
exposant simplement’
l’échantillon à desvapeurs d’ammoniac. 1
FIG. 2. - Spectres R. P. E. de couches monomoléculaires de stéarate de cuivre complexé à l’ammoniac (dérivées de la
courbe d’absorption) - courbes expérimentales (T = 293 OK, F = 9,161 Mc/s) ---- courbes théoriques. Hypothèse 1 :
largeur de raie constante.
L’amplitude
desspectres
de lafigure
2 a étécorrigée
pour tenir
compte
de cette lente diminutionqui
aété déterminée en suivant
périodiquement
l’évolution d’unspectre.
VARIATION AVEC LA TEMPÉRATURE. - Entre 100 et 300 OK
l’amplitude
desspectres
diminue. Sur lafigure
4 on aporté,
parexemple, l’amplitude (A)
d’un
pic N1 (cf. Fig. 2)
en fonction de l’inverse de laFIG. 3. - Orientation de l’axe moléculaire par rapport au champ magnétique et au plan de la couche.
température
ainsi que sademi-largeur
à mi-hauteur(L1).
On remarque que leproduit A.L1
est propor- tionnel à l’inverse de latempérature (loi
deCurie).
FIG. 4. - Variation de l’amplitude (A) et de la demi-largeur à mi-hauteur (L 1) du pic N 1 avec la température.
INTERPRÉTATION
THÉORIQUE.
- Lesspectres
en solution de molécules de stéarate decuivre, complexées
ou non avec des molécules telles que
l’ammoniac,
la
pyridine,
etc...s’interprètent généralement [4]
à l’aide d’un hamiltonien de
spin
de la forme :où g
et A sont des tenseurs àsymétrie
axiale. Le 1 er termereprésentant l’énergie
Zeeman et le secondl’interaction
hyperfine.
L’axeprincipal Oz,
communaux deux tenseurs est
perpendiculaire
auplan
conte-nant les
quatre oxygènes
des deux chaînesstéariques
et l’ion cuivre
(Fig. 10).
Sur la
figure
2 on observe que lessignaux
de réso-nance
électronique
dus aux couches monomoléculairesthéorique proposé
est annulée par l’existence entre les électrons para-
magnétiques
voisins d’uneintégrale d’échange plus importante
que cette interaction( N 0,2 cm-1).
Un tel
phénomène
est bien connu dans les cristaux contenant une concentration élevée d’ions cuivre[5], [6].
Il se traduitégalement
par une forme lorent-zienne des raies de résonance et une diminution
impor-
tante de la
largeur
de celles-ci(« exchange narrowing »)
ce que l’on observe
également
dans notre cas commenous le verrons
plus
loin.Dans ces conditions la valeur du
champ
de réso-nance ne
dépend plus
que dufacteur g
donné par la relationclassique :
Par ailleurs nous
appellerons 0 et ç
lesangles qui
définissent l’orientation de l’axe Oz par
rapport
à laplaquette (Fig. 3).
Sur la
figure
2 nous avonsporté
lesspectres
théori- ques calculés dans les conditions suivantes(hypothèse I).
a)
Les axes Oz destenseurs g
sont distribués uni- formément parrapport
àl’angle
ç. Parrapport
àl’angle 0
la loi de distribution de laprobabilité
deprésence
par unitéd’angle
solide a étéprise empiri- quement
de la forme(cf. Fig. 5) :
FIG. 5. - Fonction f(0) empirique utilisée dans les calculs
théoriques (hypothèse 1).
802
b)
On asupposé
que la forme des raies de réso- nance,correspondant
à une orientation définie desmolécules,
était une lorentzienne de la forme :La
largeur
de raie a est donnée par uneexpression
de la forme
[7] :
c)
On a tenucompte
de la variation de laprobabilité
de transition
P(g)
due à la forteanisotropie
du facteurg. On a utilisé la formule :
avec
Ag = gl,
- gl déduite de la formule 3 - 10(a)
de la référence
[8].
Les courbes
théoriques
de lafigure
2 ont été calcu-lées en utilisant les valeurs suivantes des
paramètres :
Remarquons
quelorsque
lechamp magnétique
estperpendiculaire
auplan
du substrat(a
=0)
le sys- tème est de révolution autour deOz,
la forme duspectre
nedépend plus
alors que de la distributionangulaire f (0)
et de lalargeur
de raie 6 dont nousdiscuterons la valeur choisie ultérieurement. La valeur du
facteur g
est alors donnéesimplement
par la formule :En
particulier
lepoint (a)
de lafigure
2 nouspermet
de déterminer la valeur00
pourlaquelle
la fonctionf (0)
est maximum.Sur la
figure
6 on aporté
trois courbescorrespondant respectivement
à la variation avecl’angle
a de troismolécules
ayant
les orientationsparticulières
suivan-tes :
L’ensemble des molécules pour
lesquelles
0 =00
et
0
9n/2 produisent
une résonance dans larégion
limitée par les courbes 1 et3,
celles pour les-quelles n/2 ,
9 n dans larégion
limitée par les courbes 2 et 3.On remarque que les courbes frontières
1,
2 corres-pondent
bien aux maxima d’intensité des courbesexpérimentales
de lafigure
2.FIG. 6. - Valeur du champ de résonance, en fonction de
l’angle a, pour trois orientations particulières de molécules 6 = 60 = 64°. Courbe 1 : rp = 0 ; Courbe 2 : ç = n ; Courbe 3 : ç = n/2. Hachures horizontales : zone de résonance pour 0 - (p - n/2. Hachures verticales : zone de résonance pour
DISCUSSION DE LA FORME DES RAIES DE RÉSONANCE
POUR UNE ORIENTATION DONNÉE DES MOLÉCULES. - La forme des
spectres obtenus,
pour des valeurs duchamp magnétique comprises
entreHi,
etHl, dépend
des deux fonctions
f (0)
etF(H - Ho)
et nepermet
pas aisément de déterminer la fonctionF(H - Ho).
Par contre la
partie
duspectre
pourlaquelle
la valeurdu
champ magnétique
estsupérieure
àHl
ou infé-rieure à
HII
est due aux molécules pourlesquelles
on a une résonance en
champ perpendiculaire (Ç/ = n/2)
ou
parallèle (w
=0)
et sa formedépend
essentielle-ment de la fonction
F(H - Ho).
On constate ainsique pour H >
Hl
lepic N1
1 est trèsproche
d’unelorentzienne ce
qui justifie
le choix d’une telle fonction pourF(H - Ho).
Sur la
figure
7 on aporté
en fonction del’angle
ales valeurs
expérimentales
etthéoriques
de la demi-FIG. 7. - Demi-largeur à mi-hauteur L du pic Ni en fonction de l’angle a. + courbe expérimentale ; - - - - courbe théorique.
Hypothèse I ; - - - - courbe théorique. Hypothèse II.
Sur la
figure
8 on aporté
les courbes calculées enFIG. 8. - Spectres R. P. E. à T = 293 °K, F = 9,161 Mc/c (dérivées de la courbe d’absorption). - courbes expérimentales ;
- - - - courbes théoriques. Hypothèse II (largeur de raie crois- sante avec 0).
LE JOURNAL DE PHYSIQUE. - T. 32, N° 10, OCTOBRE 1971
HYPOTHÈSE DE L’ISOTROPIE D’ORIENTATION PAR RAPPORT A L’ANGLE 9. - On a
supposé jusqu’à pré-
sent
qu’il n’y
avait pas de directionprivilégiée
dansle
plan
de la couche monomoléculaire. Lafigure
9montre
l’effet
sur les courbesthéoriques
d’une ani-FIG. 9. - Effet d’une anisotropie, par rapport à la direction de tirage, sur la forme théorique des spectres (dérivées de la
courbe d’absorption).
sotropie
parrapport
à la direction detirage.
Lesfonctions de distribution par
rapport
àl’angle ç
ontété
prises
de la forme :où y
est unparamètre d’anisotropie
et1/1
+jM/2
un facteur de normalisation.
L’introduction de cette
anisotropie
a pourprincipal
effet de modifier
l’amplitude
relative despics P2
et
P3.
Les courbesexpérimentales
de lafigure
2 indi-quent
l’existence d’uneanisotropie correspondant
à une valeur
depégale
à -1/3 environ.
MODÈLE PROPOSÉ. - Nous proposons
donc,
pour rendrecompte
de cesrésultats,
le modèleprésenté
sur la
figure
10. Les chaînesstéariques qui occupent
une surface de 25
A2
en moyenne sontperpendicu-
laires à la couche monomoléculaire. Le
plan
desquatre oxygènes
et du cuivre fait unangle
moyende 640 avec le
plan
de la couchemonomoléculaire,
les molécules d’ammoniac sont vraisemblablement situées sur l’axe Oz du
système.
Le rôle exact de55
804
Fic. 10. - Orientation d’une molécule de stéarate de cuivre dans une couche monomoléculaire.
Couche monomoléculaire de stéarate Cu**
l’ammoniac est
cependant
dificile àapprécier
car,en l’absence d’interaction
hyperfine,
la seule connais-sance des facteurs
gjj
et gl nepermet
pas de trancheren faveur de telle ou telle
organisation
et de savoir parexemple
si deux ouquatre
molécules d’ammoniac sontcomplexées
au cuivre.Conclusion. - Les
expériences
de résonance para-magnétique électronique permettent
de détermineravec
précision,
enprésence d’ammoniac,
l’orientation d’ions cuivre dans des couches monomoléculairesorganiques.
L’axe du centreparamagnétique
fait unangle
moyen de 640 avec laperpendiculaire
à la couchemonomoléculaire et est orienté
préférentiellement
dans la direction
perpendiculaire
à la direction detirage.
Aucune interaction
hyperfine
n’est observée àcause de l’existence d’une
importante intégrale d’échange
entre les ions cuivre voisinsqui
estresponsable également
de la faiblelargeur
des raies(moins
devingt
gauss pour certaines orientations duchamp magnétique)
et de leur forme lorentzienne.Cette
largeur
de raiedépend
fortement de l’orientation des centresparamagnétiques
parrapport
auplan
des couches monomoléculaires.
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