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Structure électronique des couches 3d des atomes de
nickel et de cuivre dans les alliages nickel-cuivre
Jules Farineau, Max Morand
To cite this version:
STRUCTURE
ÉLECTRONIQUE
DES COUCHES 3d DES ATOMES DE NICKEL ET DE CUIVRE DANS LES ALLIAGES NICKEL-CUIVREPar JULES FARINEAU et MAX
MORAND,
Institut dePhysique, Liège (Belgique).
Sommaire. 2014 Nous avons étudié, à l’aide de la répartition de l’intensité dans les raies L03B1 du cuivre et du nickel émises par les alliages nickel-cuivre, la répartition électronique des couches 3d de ces métaux dans des alliages de composition variée.
Il résulte de cette étude, que la largeur des bandes 3d, d’un métal donné, diminue quand la concentration
en ce métal diminue dans l’alliage.
Différents résultats, particuliers à chaque métal, ont aussi été mis en évidence.
1.
Principe
de la méthodeemployée. -
On sait(1)
que l’étudephotométrique
des raieslarges
des
spectres
d’émission Xpermet
une étudepré-cise de la
répartition
desélectrons,
dans les niveauxextérieurs
qui
donnent naissance à ces raies.L’étude
théorique
etexpérimentale
des métaux montre, eneffet,
que, dans ces corpspris
à l’étatcristallisé,
les électrons extérieursn’occupent plus
des niveaux biendéterminés,
comme c’est le casdans un atome
libre,
mais ont leursénergies
dis-tribuées à l’intérieur de bandesplus
ou moinslarges
pouvant
couvrir un domaine d’une dizained’élec-tron-volts ;
les électronsprofonds,
parcontre,
onttoujours
des niveaux biendéterminés,
comme dansle cas d’un atome libre.
Lorsque
ces électrons extérieurs tombent sur unniveau
profond,
ils émettent uneraie,
dont lalargeur,
exprimée
enélectron-volts,
estégale
à lalargeur
de la bandequ’ils
occupent.
Si
.N(E) . d E
est le nombre d’électrons extérieursd’énergie comprise
entre E et E + d E et si p(E)
estla
probabilité
de passage d’un de ces électrons sur un niveauprofond d’énergie
E~,
l’intensité émiseentre
v et v -~- d v où v =
lEI - E B
et dv =dEB
entre ’J et ’J + d ’Joù
’J ==1
h et d ’J ==h;
est
proportionnelle
à N(E).
p(E).
On voit donc que, de l’étude
photométrique
de larépartition
de l’intensitéémise,
onpeut
déduire larépartition
des électrons extérieurs en fonction deleur
énergie.
Cette méthode a étéappliquée
à düf é-rents corpssimples
par Farineau(1)
et par Skinner et ses collaborateurs(2,
3).
Certains
alliages
de métauxlégers
ont été étudiéspar cette méthode par Farineau
(1), puis
par Skinner et Johnston(4) ;
ces auteurs n’ont étudié que larépartition
des électrons de valence. Nous avonscherché à étendre ces
expériences
aux couchesimmé-diatement voisines de celles
occupées
par les élec-trons devalence,
et nous avons choisi pour cela lesalliages
Nickel-Cuivre dont lesconstituants,
à l’étatpur avaient
déjà
été étudiés par l’un denous (1).
Nousrappellerons
d’abord que cette étude des métaux purs confirme le résultatthéorique
de Mott(5)
suivant
lequel
les bandes 3d et 4soccupent
un mêmedomaine
d’énergie
dont lalargeur
est de l’ordrede 6
électron-volts ;
les électrons 4s(au
nombre de0,6
par atome pour Ni et 1 par atome deCu)
ontune
répartition
très voisine de celle d’électronslibres,
alors que les électrons 3d
(9,6
pourNi,
10 pourCu)
ont unerépartition
très différente de celle d’électronslibres. On sait que c’est ce trou de
0,6
électron par atome dans la couche 3d du Nickelqui
est respon-sable duferromagnétique
de ce corps. Nousrappel-lerons aussi que la
partie
de faible intensité situéedu côté du bord de courte
longueur
d’onde ne faitpas
partie
de la raieL~,
mais est due à des atomes ionisés.Les
alliages
Nickel-Cuivreprésentent
ungrand
intérêt
théorique.
Eneffet,
à mesure que la teneuren cuivre
augmente,
leferromagnétisme
del’alliage
diminue pour devenir nul dans
l’alliage
à 60 pour 100de cuivre
(constantan).
La théorie de Mott montre que ceci est dû à ce
qu’un
certain nombre d’électrons 4s du cuivre viennentremplir
la bande 3d des atomes deNickel ;
cette bandene devient
complète
quelorsque
la teneur en cuivreest
supérieure
à 60 pour 100. Les mesures des chaleursspécifiques
et de la résistance desalliages
(Cf. 5)
Cuivre-Nickel confirment entièrement cette
expli-cation.
D’autres
alliages
présentent
desphénomènes
ana-logues,
mais l’intérêt fondamental desalliages
Nickel-Cuivre vient de ce
qu’ils
cristallisant dans le mêmesystème
quelles
que soient lesproportions ;
parconsé-quent
aucunchangement
desystème
cristallin nevient modifier la structure
électronique
de cesalliages.
Nous nous sommes
proposé
de rechercher àquelle
modification
correspond,
dans les raies L« du Cuivre et du Nickel(raies
dues au passage des électrons 3dsur le niveau
LIII),
le fait que la couche 3 d du Nickel secomplète
peu à peuquand
la teneur en cuivreaugmente.
2.
Dispositif expérimental. -
Nous avonsemployé
pour cela lespectrographe
dans le vide àcristal courbé de 20 cm de rayon
(mica) déjà
utilisé448
par l’un de nous
(1) ;
nous avonsessayé
toutefois d’obtenir un videplus
poussé (de
l’ordre de10-6)
enremplaçant
la pompe moléculaire par un groupe depompes à diffusion de vapeur d’huile. Nous avons
de
plus,
pour éliminer toute trace de vapeur degraisse
et decaoutchouc, placé
entre la pompe et le tube à rayons X à l’entrée decelui-ci,
unpiège
à air
liquide.
Dans ces conditions on obtient unfonctionnement
parfait
du tube à rayons X et onn’observe pas la
plus
1 ,gère
altération de la surfacede l’anode même
pendant
des poses dequatre
heures. Cesprécautions
étaientindispensables
pour l’étudeque nous avions
entreprise,
car les modifications desraies que nous recherchions étant très
faible,
ilim-portait qu’elles
ne soient pasmasquées
par certainschangements qui
auraient pu résulterd’une
altérationsuperficielle
del’anode,
altération due à des vapeursrésiduelles.
Les clichés ont été ensuite examinés au
micro-phomètre enregistreur
et la courbe d’intensité dé-duite de la courbed’étalonnage
desfilms,
courbe que nous avons déterminéeprécédemment (1).
Nousavons
pris
au moins deux clichés de chacune desraies du Nickel et du Cuivre dans
chaque alliage.
Les courbes d’intensité onttoujours
coïncidé d’unefaçon
excellente à moins de 3 pour 100près.
Pour pou-voir comparer exactement les raies desalliages
et dumétal pur, les raies ont été
photographiées
sur lemême cliché ou
repérées
très exactement à l’aide desordres
supérieurs
des raies ducuivre,
du Nickelou du Calcium
provenant
de la cathode de wehneltemployée.
3. Résultats
expérimentaux. -
Nous avonstracé sur les
figures
1 à 5 les courbes d’intensité de la raie La duNickel,
pour différentsalliages
où la teneur en Nickel diminue. On voitque la largeur
dela bande 3d du Nickel croit d’abord
légèrement puis
diminue. La cassure
qu’on
observe sur la courbe del’alliage
à 20 pour 100 de Nickel semble due à lasuperposition
des deux bandes : une faible etlarge,
dueaux électrons « libres » de
l’alliage
(électrons
4 s duCuivre et du
Nickel)
etl’autre,
plus
étroite etplus
intense due aux électrons 3d du Nickel. Ladécom-Fig. 1. - La de Ni (94 % de Ni). Fig. 2. -
Lu
de Ni (80 % de Ni). Fig. 3. -Lu.
de Ni (60 % de Ni). à Fig. 4. -Lu
de Ni (40 % de Ni) Fig. 5. - La. de Ni (20 % de Ni).position
de la raie suivant ces deuxcomposantes
est
indiquée
sur lafigure
5.Les raies du
cuivre,
pour ces mêmesalliages,
sontFig. 6. -
La
de Cu (plus de 60 % de Cu).Fig. 7. -
Lu. de Cu=(40 % de Cu).
Fig. 8. - Lu. de Cu (20 % de Cu).
Fig. 9.
- La
de Cu (6 % de Cu).diminue. Aux faibles teneurs en cuivre la raie
pré-sente une
structure ;
elle semble être due à lasuper-position
de deux raies.La
largeur
totale de la raieL~
ne semble paschanger
notablement.
Seule,
change
lalargeur
de lapartie
intense due aux électrons 3d.4.
Interprétation
des résultats obtenus.--La théorie des métaux montre que, dans le Cuivre et le
Nickel,
les électrons 3d ont des fonctions d’ondequi
sont localisées autour dechaque
atome.Con-trairement aux électrons
4s,
ils ne donnent lieu àaucun courant à l’intérieur du métal et
restent,
aumoins
pendant
destemps
trèslongs,
dans le domaine dû l’atomeauquel
ilsappartiennent.
Si l’on considère un métal formé d’une seule sorte d’atomes et si on
imagine
que l’on fasse varier le côté a de la maillecristalline,
la théorie de F. Bloch montre que lalargeur
d’un niveauextérieur,
qui
est trêspetite,
quand
la distance entre les atomes estgrande,
augmente,
à mesure que la distance réticulaire a diminue. C’est ce que nous avonsre-présenté schématiquement
sur lafigure
10.Fig. 10.
La diminution de la
largeur
du niveau 3dquand
la concentration du métalcorrespondant
diminueparait
devoir êtrerapprochée
de ce résultat. Eneffet, quand
laconcentration,
en Nickel parexemple,
diminue,
la distance moyenne entre les atomes de Nickelaugmente.
Pour une concentration de 50 pour100 par
exemple,
la distance moyenne estmultipliée
par
V2
= 1,26.
Tout semble donc se passer du moinsqualitativement
comme si lalargeur
du niveau 3d duNickel
dépendait
seulement des atomes de Nickel et de leur distance moyenne dans lecristal,
ceci étantprobablement
dû au fait que les fonctions d’onde des électrons 3d du Nickel ou du Cuivren’empiètent
pasbeaucoup
sur les atomes voisins. Ceciexpliquerait
aussi que les formes de la raie du Nickel et de la raie du Cuivre sont trèsdifférentes
l’une de l’autre.
Bien que les électrons 3d du Cuivre et du Nickel
occupent,
ainsi que l’a montré Mott le même domained’énergie,
il résulte de nos résultats que lesréparti-tions de ces électrons en
fonction
del’énergie
sonten-tièrement
différentes,
suivantqu’ils appartiennent
à un atome de Cuivre ou de Nickel. En
effet,
ladiffé-rence de forme des raies observées ne
peut
êtreattri-buée à une différence notable dans la
probabilité
de passage, les atomes de Cuivre et de Nickel étant
voisins dans le tableau de Mendeleieff.
Il semble donc
qu’il
y ait deux effetsopposés
susceptibles
de modifier lalargeur
des raies dans cesalliages, quand
la teneur en métal considéré diminue :1~ Une diminution
progressive
de lalargeur
dela raie du Cuivre ou du Nickel due à
l’augmentation
450
la raie du
cuivre,
que pour des concentrations infé-rieures à 60 pour 100 du métal considéré.20 Dans le cas du Nickel
seulement,
en accord avecles résultats sur les chaleurs
spécifiques
et lemagné-tisme,
uneaugmentation
de lalargeur
due àl’aug-mentation du nombre d’électrons
3d,
qui
passepro-gressivement
de9,4
à10 ;
ceciexplique
lalargeur
plus
grande
de la raie de lafigure
2 ;
ce deuxième effet est,d’ailleurs,
vite effacé par lepremier quand
la concentration diminue. Il semble
difficile,
à l’heureactuelle,
de calculer avecprécision
cette diminution. La théorie deWigner-Seitz
et Slaterqui
a étéappli-quée
au Cuivre par Krutter(6)
et par Tibbs(1)
nedonne,
eneffet,
de résultats enlesquels
onpuisse
avoir confiance que dans le cas des électrons 4s.
Remarquons
toutefois que les deux raiesqui
semblentapparaître
dans la raie L« du Cuivrepeuvent
êtrerapprochées
des deux bandesqui
ont étésignalées
théoriquement
par Bethe et étudiées par Mott et Jones(8)
dans les couches 3d de ce métal.Nous remercions très vivement les Etablissements
Louyot,
àParis, qui
ont bien voulu nous fourniraimablement des échantillons
d’alliages
contenantplus
de 60 pour 100 de Cuivre. Les autresalliages
ont étépréparés
à notre intention par M.Goldsztaub,
au Laboratoire de
minéralogie
de la Sorbonne et parM.
Maréchal,
chef detravaux,
au Laboratoire deMétallurgie
générale
àLiège ;
nous leurexprimons
notre très vivegratitude.
Nous sommeségalement
heureux de
pouvoir
remercier M. le ProfesseurThyssen
qui
a bien voulu mettre les ressources de son labo-ratoire à notredisposition
etqui
nous a donné deprécieux conseils,
ainsi que la Caisse Nationale de la RechercheScientifique
et le Fonds National de la RechercheScientifique (Bruxelles)
dont nous sommesheureux d’avoir pu utiliser les subsides.
BIBLIOGRAPHIE
(1) FARINEAU, Thèse, Paris, 1938, et Annales de Physique
(sous presse).
(2) O’BRYAN and SKINNER, Physical Review, 1934, 45, p. 370,
(3) SKINNER et
JOHNSTON,
Nature, 1937, 140, p. 509.(4) SKINNER et JOHNSTON, Proceedings Philosophical Society, Cambridge.
(5) MOTT and JONES, Properties Of Metals and Alloys, Ox-ford 1936.
(6) KRUTTER, Physical Review, 1935, 48, p. 664.
(7) TIBBS, Proceedings Philosophical Society, Cambridge, 1938,
34, p. 89.
(8) MOTT and JONES, Proceedings Royal Society, 1937, 162 A,
p. 49.