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Submitted on 1 Jan 1880
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Recherches expérimentales sur la polarisation rotatoire magnétique dans les gaz
Henri Becquerel
To cite this version:
Henri Becquerel. Recherches expérimentales sur la polarisation rotatoire magnétique dans les gaz. J.
Phys. Theor. Appl., 1880, 9 (1), pp.265-275. �10.1051/jphystap:018800090026500�. �jpa-00237658�
265
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA POLARISATION ROTATOIRE
MAGNÉTIQUE DANS LES GAZ;
PAR M. HENRI BECQUEREL.
(Extrait par l’auteur.)
J’ai montré l’année dernière
(1)
comment onpouvait
manifesteret étudier le
phénomène
de lapolarisation
rotatoiremagnétique
dans les gaz à la
température
et à lapression ordinaires;
les ré-sultats de mes observations
préliminaires
ont étépubliés
dans cejournal.
J’ai eu l’honneur de
présenter
à l’Académie desSciences,
le14 juin
dernier(2),
un Mémoire contenan t les résultats de mes dé- teru1in atiol1s aveccinq
gaz :l’oxygène, l’ azpte,
l’acidecarbonique,
le
protoxyde
d’azote elle gaz oléfiant. J’ai eudepuis
l’occasion d’é- tudier l’acide sulfureux. Je me propose de résumer ici lespoints principaux
de ces recherches.L’appareil
dontj’ai
fait usage adéjà
étédécrit; je rappellerai
seulement que par des réflexions successives on faisait passer
plu-
sieurs fois les ravons lumineux
polarisés
ait travers d’un tube encuivre de
3m,
27 delong,
fermé par desglaces parallèles.
Ce tubecontenait les gaz à étudier et était soumis à l’action
électromagné- ticjue
de six grossesbobines,
danslesquelles passait
le courantélectrique
d’unepile
de 80grands
éléments à acidenitrique.
Uneboussole des sinus donnait à
chaque
instant l’intensité du courantélectrique
et l’on mesurait la double rotation duplan
depolarisa-
tion de la lumière en renversant le sens du courant
électrique
dans
l’appareil.
Le
réglage
dusystème optique pouvait
se faire avec assez deperfection
pour que l’on ohlînt ungrand
nombred’images
réflé-chies sans déformation. Les mesures ont
porté
sur les quatre pre- mièresimages réfléchies, qui correspondant
à "ti-ois,cinq,
sel,,t eunetif
passages des rayons lumineux à traversl’appereil.
(1) Comptes rendues des séances de l’Académie des Sciences, t. LXXXVIII, p. 709, et Journal de Phi-sigiie, t. VIII, p. 198. Voir également deux Notes de Il. Bichat qui
suivent les deux Notes que nous venons de citer.
e) Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, t. XC, p. 1407.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018800090026500
Les rotations obtenues sont très
petites;
aussi a-t-il fallu déter- miner avec leplus grand
soin la valeur de toutes lespetites
causesd’erreur
qui
peuvent affecter lephénomène.
Parmi les correctionsqu’il
faut faire subir aux mesuresdirectes,
laplus importante
estdue à l’influence du
magnétisme
sur lesglaces qmi
ferment letube,
et
qui
se trouvent à om, 14 environ en dehors des bobines.Cette correction a été déterminée par des
expériences spéciales,
et l’on a vérifié que la valeur
adoptée
satisfaisait aux observations faites avecl’appareil plein d’air,
soit eninterposant
lesglaces
surle
trajet
des rayonslumineux,
soit en retirant celles-ci.On a, du reste, reconnu par
expérience
que les réflexions suc- .cessives des rayonslumineux,
ainsi que leurs passages à travers lesglaces, n’apportent
aucuneperturbation
dans les mesures, par suite desphénomènes
depolarisation elliptique
très faiblesqui
pour- raientprendre
naissance.Par l’effet du passage du courant
électrique, l’appareil
s’échauffenotablement et atteint
parfois
30° à 35° Câ. Un manomètreadapté
au tube mesure à
chaque
instant lapression
des gaz et permet dese servir du tube comme d’un thermomètre à gaz, pour en déduire la
température
moyenne. Des thermomètresspéciaux
donnaient latempérature
dutube, qui s’esttoujours
trouvée très voisine de celle des gaz.Les résultats observés, pour être
comparables, ont dû
être ra-menés à la même
pression
de760mmde
mercure et à la même densité.On a choisi pour unité celle
qui correspond
à latempérature
de 0°,en admettant que le
pouvoir
rotatoiremagnétique
des gaz étudiésentre o° et 35° variait en raison inverse du module de dilatation. On
a ainsi
négligé
l’existenceprobable
d’unepetite
variation du pou- voir rotatoire moléculaire des gaz avec latempérature ;
mais on peut remarquer que, si cette variation est du même ordre de gran- deur que pour les autressubstances,
elle doitéchapper
aux mesuresprésentes,
car elle est de l’ordre des erreurs d’observation. La concordance des résultats obtenus à diversestempératures
entre 0°et 35° semble
justifier
cettehypothèse.
Les nombres donnésplus
loin ont donc été déduits des nombres trouvés directement en mul-
tipliant
ces derniers par le facteur760
H(I
-f-xi),
H étant lapression,
t la
température
et a le coefficient de dilatation des gaz.267 La nécessité d’avoir une source lumineuse très intense et fixe a conduit à faire usage de la chaux incandescente d’un chalumeau
oxyhydrique.
La lumière obtenue ainsi estcomposée
de presquetous les rayons
qui
forment lapartie
visible du spectre solaire. Ona
interposé
sur letrajet
des rayons lumineux divers écrans colorésne laissant passer
qu’une région
étroite du spectre. Achaque
ré-flexion sur les miroirs et à
chaque
passage à travers lesglaces,
il seperd
unepetite quantité
delumière,
de telle sorte que la couleur des diversesimages
réfléchies n’est pasrigoureusement
la même.On a déterminé avec
grand
soin lalongueur
d’onde moyenne des rayons lumineuxqui
arrivent à l’ceil danschaque
cas, en mesurantla rotation
magnétique
duplan
depolarisation
de ces rayons autravers d’une colonne de sulfure de carbone
liquide.
Les nombreux résultats obtenus peuvent se résumer dans le Tableau suivant.
Dans ce
Tableau,
les nombres sont ramenés à 0°, à lâpression de 760mm
et à la même intensitémagnétique,.
En divisant les nombres observés par le nombre de passages à travers letube,
ondoit trouver pour
chaque
couleur un nombre constant. Cesnombres sont
indiqués
dans le Tableau. Les faibles différences que l’on observe entre ceux-ci tiennent engrande partie
à des varia-tions dans la
longueur
d’onde des rayons étudiés. On a tenucompte de ces variations dans les
comparaissons qui
sont faitesplus
loin.
Résumé des 7ésit7tcits nútellils.
269 Ces nombres sont le résumé de
près
d’un millier de mesures ex-périmentales.
Dispersion
desplans
depolarisation
des rayons de divei-seslongueurs
d’onde. - Nous avons ditplus
haut que lalongueur
d’onde des rayons étudiés dans
chaque
caspouvait
être déterminéeen mesurant leur rotation
magnétique
au travers d’un corps connu, tel que le sulfure de carboneliquide
ou le verre. Les déterminations faites au travers d’une colonne de sulfureliquide
de carbone et au travers desglaces qui
terminent le tube del’appareil
ont conduitaux mêmes résultats pour les
longueurs
d’onde moyennes des rayons lumineuxqui
arrivent à l’oeil dans chacune de nos observations.On a
comparé
ainsi les rotations obtenuespourles
rayons de diverseslongueurs
d’onde en prenant pour unité la rotationqui
correspon- drait aux rayonsjaunes
de la flamme du sodium.L’expérience
amontré que, dans
l’appareil
décritplus haut,
laquatrième image
éclairée par la chaux incandescente donnait des rayons très voisins de ceux de la flamme du sodium. La
comparaison
des rotationsmagnétiques
obtenues pour les divers rayons lumineux a conduit. au Tableau suivant :
Dispersion des plans de polarisation des rajrons de d¿,’erses longueurs d’onde.
Je reviendrai
plus
loin sur lesparticularités
queprésente r oxy- gène ;
en exceptant ce gaz, on voit que, pour les autres gazétudiés,
les rapports des rotations
magnétiques
des rayons de diverses lon- gueurs d’onde sont à peuprès
les mêmes que pour les corps solideset
liquides.
On peut donc en conclure que pour les gazétudiés,
à
l’exception
de1"ox2-gène,
la notationlnagnétique
(lesplans
depolnriscctian
des rayons de diverseslongueurs
d’onde est à trè.speu près
en raison inverse des carrés deslongueurs
d’o7ide, de cesrayons.
La faible valeur des rotations observées ne permet pas de recon- naître si ces gaz, comme les solides et les
liquides,
s’écartent un peu de cette loisimple
à mesure que les rayons lumineux sontplus réfrangibles.
rRotations
magnétiques
des gaz,rapportées
aitsulfure
de car-bone
liquide,
pour lesrayons jaunes
de la soude. - La relation que nous venons d’établir permet d’obtenir la rotationmagnétique
relative à la lumière
jaune
de la soude et de faire concourir à cettedétermination les nombres obtenus avec les diverses couleurs, en divisant chacun d’eux par le rapport inverse des carrés des lon- gueurs d’onde. On trouve ainsi les nombres suivants :
Rotations pour la lumière ja une D, déduites des observations apec les rayons de diverses longueurs d’onde.
27I
Ces nombres
correspondent
à un seul passage des rayons lumi-neux à travers
l’appareil.
On voit avecquelle précision
ils se con-trôlent mutuellement.
1
Larotation
magnétiques
duplan
depolarisation
desrayons jaunes
D traversant une
épaisseur égale
de sulfure de carboneliquide
à 0° et soumis à la
mpme inttwsité magnétique
que les gazprécé-
dents a été déterminée avec une
grande
exactitude et a été trouvéeégale
à4520’.
En divisant par ce nombre les nombres
qui précèdent,
on ob-tient,
pour lespouvoirs
rotatôirésmagnétiques
des gazétudiés,
lesnombres suivants :
.Relation entre les
poccvoirs
rotatoiresinagitétiqites
des gaz et leurs indices deréfraction.
- J’ai montré, il y aquelques
années
(’ ),
que lepouvoir
rotatoirernagnétique
des corps solideset
liquides
nonmagnétiques
était lié à leur indice de réfraction etque pour ceux-ci le
quotient
de la rotationR, correspondant
à unrayon lumineux d’une
longueur
d’ondedéterminée,
par la fonctionn2(n22013 I), n représentant
l’indice deréfraction,
était un nombreconstant pour une même série de substances et variant peu pour les divers corps étudiés. En prenant pour unité la rotation du sul- fure de carbone
liquide,
n2 (n2-1) les valeurs du rapportR n Il - 1)
ont étécomprises
entre o, iet o, 5.
Lorsque
l’on cherche pour les gaz les valeurs de ce rapport, ontrouve des nombres presque
identiques,
alors que les rotationsmagnétiques
sont dix mille foisplus
faibles que les rotations données par les corps solides etliquides.
Les valeurs du rapport
R n2 (n2-1) sont indiquées dans le Tableau
qui
suit :(1) Annales de Cltimie et de Physique, t. XII,
1877.
273
On remarque toutefois que les valeurs du rapport
n2 (n2-1) R aug-
mentent
régulièrement
avec les indices de réfraction. Pour les six gazétudiés,
les rotationsmagnétiques
augmentent un peu moins vite que la fonction(n - 1)2.
Nous avions reconnu le même faitavec les corps solides et
liquides
et nous avons montré que les va-riations de la fonction
(n - 1)2
ne rendent pas compte de toutes lesparticularités
duphénomène,
entre autres desgrandeurs
relativesdes rotations
magnétiques
des corps à l’étatliquide
et à l’état ga-zeux. Au
contraire, l’expression n2 ( n2-1) parait j usqu’ici
satis-faire
approximativement
à toutes les déterminationsexpérimen- tales.
On peut comparer les résultats que l’on vient de trouver pour l’acide sulfureux gazeux à ceux que donne le même corps à l’état
liquide.
M. de la Rive a trouvé pour l’acide sulfureuxliquide
unpouvoir
rotatoiremagnétique
variable avec latempérature
etqui,
vers 12°, est environ 0, 382 ; mais l’indice de ce corps n’a pas été déterminé avec
précision : Faraday
a dit seulement que l’indice de réfraction de l’acide sulfureuxliquide
était le même que celui de l’eau.Or,
pour que lerapport R n2 (n2-I)
fût le même à l’étatgazeux et à l’état
liquide,
il suffirait que l’indice duliquide
pour la lumièrejaune fût,
dans les conditions del’expérience
de M. de laRive,
voisin de 1,28. L’indice de l’eau est environ1, 33.
De nou-velles déterminations sur l’acide sulfureux
liquide
sont donc né-cessaires pour élucider ce
point.
274
La faible variation des indices de réfraction des gaz et le nombre restreint des gaz étudiés ne permettent pas d’affirmer d’une manière absolue que la fonction n2
( n2 I)
pour les gazjoue
le même rôleque pour les autres
substances;
il reste néanmoins établi ce faitremarquable
que lespouvoirs
rotatoiresmagnétiques
des corpssont intinlelnent liés cc leurs indices de
réfraction
n et q lle le.s variations dela fonction n2(n2 - I)
sont dit mênle ordre de gran- deur que celles des rotationsmagnétiques
des corps à l’état so-lide, liquide
et gazeux.Oxygène. - L’oxygène
aprésenté
une anomalieremarquable :
ce gaz a donné pour les rayons rouges une rotation
magnétique
très peu
supérieure
à celle des rayons verts. Il eût été trèsimpor-
tant d’établir nettement cette
inversion ;
mais les différences entreles rotations
magnétiques
pour les divers rayons sont tellementfaibles,
que,malgré
les nombreuses déterminationsqui
ont été ac-cumulées pour ce gaz, il n’a pas été
possible
d’affirmer d’une ma-nière irréfutablesi ce corps
présente
unedispersion
rotatoire à peuprès
nulle ou si cettedispersion
est inverse de celle queprésentent
les autres substances.
L’expérience
a semblé constamment vérifiercette seconde
conclusion,
mais les nombres sont troppetits
pour décider laquestion.
En tout cas,
l’oxygéne présente
une anomalie bien nette dans lephénomène
de ladispersion
desplans
depolarisation
des rayonsde diverses
longueurs
d’onde.Il n’est pas sans intérêt de
rapprocher
cephénomène exception-
nel des
propriétés magnétiques de l’oxygène.
J’ai montré dans desrecherches antérieures
(1)
que les corps trèsmagnétiques
douésd’un
pouvoir
rotatoiremagnétique négatif dispersaient
lesplans
de
polarisation
de la lumière suivant une loi différente de cellequi régit
les rotationspositives.
Les rapports des rotationsnégatives
sont sensiblement le carré des rapports
qui correspondraient
auxrotations
positives
pour les mêmes rayons lumineux. Or il est très intéressant de voir quel’exception
relative àl’oxygène
coïncideavec les
propriétés magnétiques spéciales
de ce gaz.(1) Annales de Chimie et de Physique, t. XII, 1877, et Comptes rendus des séances de r Academie des Sciences, t. LXXXIV, p. 1 227.
275 On ne peut
signaler
quant àprésent
que cettecoïncidence, qui
semble montrer que les deux
phénomènes
sont liés l’un à l’autre.En se reportant à mes recherches
antérieures,
on reconnaît que l’onpourrait imaginer
unmélange
de deuxsubstances,
l’une ma-gnétique
et l’autrediamagnétique, qui
donnerait lieu au mêmephénomène
dedispersion
rotatoiremagnétique
quel’oxygène.
C’est du reste une pure
hypothèses, qu’il
est intéressant desuivre,
surtout
lorsqu’il s’agit
d’un corps aussisingulier
quel’oxygène, qui
d’une part est doué depropriétés magnétiques exception-
nelles et d’autre part donne lieu aux
phénomènes
siparticuliers
de l’ozone
(’ ) .
POUVOIR ROTATOIRE MAGNÉTIQUE DES LIQUIDES ET DE LEURS VAPEURS;
PAR M. E. BICHAT.
Aussitôt
après
queFaraday
eut découvert l’actionremarquable
que les aimants exercent sur un rayon de lumière
polarisée qui
traverse une substance transparente, on fut tenté de voir une ana-
logie
entre cesphénomènes
et ceux queprésentent
les corpsqui, naturellement, jouissent
dupouvoir
rotatoire. Certaines lois étaient les mêmes, celle desépaisseurs
parexemple.
On remarqua de même que, dans les deux cas, la rotation aug-
mente à mesure que l’on marche de la
partie
rouge vers lapartie
laplus réfrangible
du spectre.Or,
relativement à cetteloi,
Biot avaitsignalé
uneexception
re-marquable
dans le cas des dissolutions aqueuses d’acidetartrique.
(1 ) Depuis le moment où j’ai commencé ces recherches, MM. Kundt et Röntgen ont publié des nombres relatifs à plusieurs gaz, sans indiquer du reste aucun des résultats cités plus haut (Wiedemann Annalen, Bd VIII, S. 278). Les seuls gaz qui soient coni-
muns à leurs recherches et aux miennes sont l’oxygène et l’air. Les nombres donnés par ces auteurs sont généralement trop grands, parce qu’ils ont comparé directement des rotations obtenues avec la lumière blanche pour les gaz et avec la lumière jaune
pour le sulfure de carbone. Pour l’oxygène, le nombre que j’ai trouvé est identique
avec celui qu’ils donnent pour les pressions élevées auxquelles ils ont opéré. La con-
cordance tient sans doute à ce que l’oxygène n’a pas de dispersion rotatoire sensible et que les erreurs qu’ils commettaient sur la réfrangibilité de la lumière devenaient
alors négligeables. .