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Nouvelles recherches expérimentales sur la diffusion de la lumière par les gaz transparents. Polarisation de la
lumière diffusée latéralement
J. Cabannes, J. Granier
To cite this version:
J. Cabannes, J. Granier. Nouvelles recherches expérimentales sur la diffusion de la lumière par les
gaz transparents. Polarisation de la lumière diffusée latéralement. J. Phys. Radium, 1923, 4 (12),
pp.429-450. �10.1051/jphysrad:01923004012042900�. �jpa-00205114�
LE JOURNAL DE PHYSIQUE
ET
LE RADIUM
NOUVELLES RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
SUR LA DIFFUSION DE LA LUMIÈRE PAR LES GAZ TRANSPARENTS.
POLARISATION DE LA LUMIÈRE DIFFUSÉE LATÉRALEMENT
Par J. CABANNES et J. GRANIER
(Faculté des Sciences de Montpellier).
SÉRIE VI. TOME IV. DECEMBRE 1923 N° 12.
,
1. Introduction.
-Plusieurs auteurs ont examiné la polarisation partielle de la lumière diffusée par les principaux gaz transparents norma-
lement au faisceau primaire. Ce phénomène met en évidence l’anisotropie
des molécules et permet - sinon d’en préciser complètement la forme - du moins d’éliminer quelques-uns des modèles proposés. Malheureuse- ment, les valeurs numériques publiées jusqu’ici 1’) présentent de telles divergences qu’on peut hésiter à en tirer des conclusions sûres. Il nous a
paru nécessaire de reprendre ces mesures difficiles dans de meilleures conditions, en introduisant dans la technique expérimentale toutes les
modifications suggérées par les recherches antérieures.
Lorsqu’on éclaire un gaz transparent à molécules polyatomiques par
un faisceau parallèle de lumière naturelle, ce faisceau, observé latérale- ment, apparait comme une source secondaire partiellement polarisée. Deux
vibrations incohérentes d’inégale intensité constituent la lumière diffusée.
La plus forte des deux vibrations, d’intensité I, est normale au plan des
deux rayons primaire et secondaire ; la plus faible, d’intensité i, est paral-
lèle au rayon primaire. Ce que l’on mesure, c’est la proportion de lumière
1
. ,
l_i i
1. 1 t 1 t i
polarisée 1 j_ plus simplement, le rapport que nous appellerons Il
«
facteur de dépolarisation
».(1) R.-J. STRUTT (Loan RAYLEIGII), Proc. Roy. Soc., t. 95 (19i8), p. i55; t. 97 (1920),
p. 435; t. 98 (1920), p. 57.
-J. CABALES, Journal de Physique, t. 1 (1920), p. 129 ; Ann.
de t. i5 p. 108.
-Garrs, Ann. der t. 65 (i920), p. 97.
-RAMAN, Mole-
cular diffraction of light, Calcutta (1922), p. 16.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01923004012042900
Groupons en un tableau 1 les valeurs de p obtenues jusqu’ici pour les gaz usuels. Le désaccord est frappant :
TABLEAU 1
Les trois premières colonnes donnent des résultats relativement con-
cordants tandis que les nombres les plus récents de Lord Rayleigh, que
Fauteur estime exacts à 5 p.100 près, sont nettement supérieurs aux autres.
Il n’y a pas à revenir sur les premières expériences de Lord Rayleigh (colonne 1), qui ont été discutées par l’auteur lui-même dans ses deux mémoires de 1920, ni sur celles de Gans, trop brièvement décrites pour
qu’on puisse en évaluer la précision. Nous ne retiendrons que les deux séries de mesures dont les résultats forment les colonnes II et IV. Pour
expliquer l’écart entre ces nombres, il n’y a que trois hypothèses :
1° Malgré tout le soin apporté aux mesures, une cause systématique
d"erreur a faussé l’une des deux séries de résultats,
2° La lumière employée par les deux auteurs avait une composition spectrale différente.
3° Des centres diffusants (poussières ou gouttelettes) souillaient les gaz étudiés.
Pour tirer la question au clair, nous avons repris une cinquième fois
détermination de p. Nos nouvelles expériences n’ont pas confirmé les
nombres de la quatrième colonne : nous avons trouvé, en général, des
valeurs de p plus petites, c’est-à-dire une proportion plus grande de
lumière polarisée.
2. Discussion des travaux antérieurs.
-Tout en mesurant, une fois
encore, la polarisation de la lumière diffusée,
ynous avons voulu trouver l’explication de l’écart signalé entre les résultats des colonnes II et IV ; les deux premières hypothèses ne résistent pas à la critique.
i 0 Il n’y a pas eu d’erre’lt1. systématique dans la détermination de p.
Les expériences qui ont fourni les nombres II et IV sont décrites en détail
dans les deux mémoires; les auteurs ont discuté le réglage géométrique des faisceaux, éliminé toute trace de lumière parasite ; ils ont évité ce qui
aurait pu faire varier accidentellement l’état de polarisation et l’intensité de la lumière diffusée, comme la traversée d’une lame de verre trempé ou
des réfractions sur des surfaces obliques. La différence essentielle entre les deux séries de mesures, qui paraît en faveur des nombres de Lord Ray- leigh, est la suivante : Le système
«prisme biréfringent-nicol-plaque pho- tographique
»avec lequel Lord Rayleigh réduisait et comparait les éclaire- ments I et 1 a été minutieusement étalonné. Dans le travail publié par l’un de nous en 1920, cet étalonnage n’avait pas été fait.
En désignant par 7 l’angle que forme la section principale du
nicol avec celle du prisme biréfringent, supposée parallèle à la vibration I,
on avait admis que les éclairements des deux images photographiques sont, à la sortie du nicol, comme 1 sin’ 2 et i cos2
x.Peut-être y avait-il là
une cause d’erreur?
Dans les expériences actuelles, nous avons supprimé cette cause pos- sible d’erreur en choisissant avec plus de soin les deux prismes et en véri-
fiant sur place l’exactitude de la loi en Les nouveaux résultats ne
s’écartent pas systématiquement de ceux de la colonne II. La méthode de
mesure ne parait donc pas devoir être incriminée.
- ’2° La deuxième hypothèse a été suggérée par Raman (~). Si, comme le prévoit la théorie, le degré de polarisation diminue avec la longueur
d’onde, un changement dans la composition spectrale du faisceau primaire peut entraîner une modification de p. Mais, ce n’est pas le cas ici. Les deux auteurs, utilisaient, le premier, un arc au mercure; l’autre, un arc au car-
bone. Les radiations qui impressionnaient la plaque étaient filtrées à travers une épaisseur de verre de plusieurs millimètres ; il restait donc, dans un cas, les radiations 4358-4046-3650 À du mercure; dans l’autre, un spectre continu compris sensiblement dans le même intervalle. Il ne
semble pas qu’en moyenne les radiations diffusées soient de fréquence plus grande dans le second cas que dans le premier. En tout cas, la varia-
tion correspondante de p serait bien inférieure à l’écart constaté entre les nombres des colonnes II et
Nous allons le inontrer en prenant comme exemple un gaz diato-
mique. admettons qu’une molécule diatoinique ait la symétrie d’un ellip-
soïde de révolution et désignons par Ey et (1’2 les indices principaux d’un
(1) RAMAN, loc. cil., p. 19.
gaz fictif où toutes les molécules auraient la même orientation; l’indice p.
du gaz réel et le rapport p prennent la forme :
avec
OÙ ’1 est la fréquence de la radiation inciden te: ’11 et ’/2, étant les fré-
quences propres du gaz étudié.
Havelocl{ (‘) a appliqué ces remarques à l’llydrogène, dont la disper-
sion est bien connue jusque vers 1850 Â. Il a pu représenter les résultats
expérimentaux par la formule à trois constantes :
où À est évalué en centimètres.
Il en a tiré les valeurs et V.2 et enfin :
Ainsi, dans l’intervalle 4358-3650 A, P varierait de 0,0337 à 0,03r 9. Cette
’
variation de 3 pour cent est loin d’expliquer l’écart entre les colonnes II et IV.
Nous sommes arrivés d’ailleurs, dans le présent travail, à faire, par observation visuelle, des mesures relativement précises à (5 pour 100 par
exemple) sur des gaz triatomiques très diffusants comme C0’ et N20. Les résultats ont été les mêmes que par photographie (tableau II).
TABLEAU II
Enfin, nous avons étudié au spectroscope la variation du facteur de
dépolarisation en fonction de la longueur d’onde, pour les radiations photo- graphiques diffusées par le gaz carbonique et nous n’avons pas trouvé de variation mesurable.
Ce n’est (lone pas à une différence de longue1lr d’onde ent1*e les radia-
(1-) HAVELOCK, Proc. Roy. Soc., t. 101 (i922), p. i54.
lions e:rcitatrices qu’est (lue la différence des nornbres II et IV et la
seconde hypothèse est aussi à rejeter.
3° Il reste donc la troisième hypothèse qui nous paraît la plus pro-
bable ; le gaz n’est pas parfaitement propre et contient en suspension des particules étrangères. Le tube en croix de Lord Rayleigh, comme celui que
nous utilisons dans les expériences actuelles, est, par sa forme même, difficile à nettoyer et le mouvement du gaz peut entraîner des poussières
résiduelles dans le champ d’observation. D’autre part, il arrive que la lumière agisse sur le gaz étudié, ou sur des produits volatils introduits accidentellement avec- le gaz (’), et donne naissance d des centres diffu- sants qui grossissent plus ou moins vite.
Devant ce double danger, on peut hésiter sur la marche à suivre.
Lord Rayleigh, pour réduire l’action possible de la lumière, mettait, pendant toute la durée des mesures, le tube en croix en relation avec un cylindre de gaz comprimé. Un courant gazeux de 500 cm’ par minute circulait dans le champ éclairé et la lumière n’avait pas le temps d’agir.
Mais ce courant de gaz pOllyait soulever des poussières assez grosses pour diffuser, à 90° du faisceau primaire, une lumière peu polarisée. Dans cette hypothèse, la valeur trouvée pour p serait trop grande.
Il est intéressant de remarquer que ces poussières peuvent diminuer beaucoup la polarisation sans augmenter d’une manière appréciable l’inten-
sité de la lumière diffusée. Prenons l’air comme exemple. Imaginons que,
pendant la durée d’une pose, arrivent de temps à autre dans le champ
d’observation quelques particules assez grosses pour diffuser une lumière
complètement dépolarisée. Supposons enfin que ces particules soient tout
,
de même assez petites el assez peu nombreuses pour. que l’intensité diffusée en ino-venne - el par suite l’éclairement de la plaque
-soient
les mêmes, à 0,02 près, que si l’air avait été parfaitement nettoyé. La
mesure photométrique de l’intensité diffusée ne révèlera pas leur existence.
Cependa11t, elles fausseront complètement la valeur de p. Le tableau 111
’
TABLEAF III
(1) provenant, par exemple, de la graisse des robinets.
donne en effet, les intensités diffusées par l’air propre et par les pa.rticules.
On trouve donc. si l’air n’est pas parfaitement propre, p
=0,05 au lieu
De telles particules sont d’ailleurs yisibles â l’0153il nu avec un éclaire- ment intense (soleil) ; nous en avons observé chaque fois que nous avons fait circuler un courant gazeux dans notre appareil actuel clc dimensions
réduites. Aussi, nous a-t-il paru nécessaire d’éviter toute circulation de gaz. Mais on s’expose alors il l’autre danger : la iorn>ations de centres diffusants sous l’action de la lumière. Nous l’avons facilement évité, non
seulement avec les gaz inertes mais avec tous les gaz usuels étudiés dans
ce mémoire, en prenant les précautions suivantes :
1 ° On commence par entraîner toutes les poussières contenues dans
le tube par on courant prolongé d’air sec et propre.
2° Pour passer d’un gaz à un autre on vide le récipient avec une pompe à palette (0,1 mm de mercure) et on le lave soit avec le gaz il étudier (si
l’on en possède une masse suffisante), soit avec un gaz inerte; on fait le
vide une seconde fois et on remplit définitivement.
3° Chaque gaz est purifié, desséché sur une longeur de 5 cn1 d’an- hydride phosphorique et filtré à travers une épaisseur de 20 cm de coton hydrophile bien tassé.
4° Les robinets sont paraffinés aussi légèrement que possible.
5° On filtre la lumière incidente à travers une épaisseur de quelques
millimètres de verre pour arrêter les radiations les plus actives.
Si l’on néglige certaines de ces précautions, des nuages prennent parfois naissance en un ou plusieurs points du champ d’observation ; ils
se développent lentement, diffusent une lumière de plus en plus intense et occupent peu à peu tout le champ.
Dans les expériences faites par 1’uii de nous en 1920, le récipient
utilisé avait une capacité de 11 itres; la région éclairée était petite vis-à-
vis du volume total offert au gnz et, en général, les mouvements de convection entraînaient les nuages hors du champ éclairé avant qu’ils aient
eu le temps de se développer sensiblement. Mais, dans les expériences actuelles, pour pouvoir étudier des gaz rares ou des gaz pénibles à préparer en grande quantité, iicus avons remplacé le grand récipient
de 11 litres par un petit tube en croix de 300 cm’ environ. Les nuages sont devenus plus gênants. C’est dans l’hydrogène que ce phénomène parasite est le plus facile à suivre : l’hydrogène est extrêmement transpa- rent, il s’échauffe peu et les mouvements de convection y sont négligeables.
On voit alors, parfois, qu’en une région du champ la diffusion devient plus
intense et, au bout de 5 à 10 minutes, on distingue à nu les centres de condensation. Par photographie, à condition de poser peu de temps, on
est averti du phénomène par une variation brusque de l’éclat du faisceau et
de son état de polarisation dans la région du nuage (fig. 1 b.).
Fig. 4.
-Aspect du faisceau de lumière traversant le gaz lorsque, par rotation dn.
nicol,
on aamené à l’égalité les deux nuages données par le prisme biréfringent.
a.
Gaz propre.
-G. Apparition d’un nuage.-
c.Voir page 43%.
Ces particules parasites, pendant les premières minutes, tout au moins,
,restent petites et sensiblement sphériques ; la lumière qu’elles diffusent
est à peu près complètement polarisée; elle est plus po larisée, en tout cas,
que la lumière diffusée par le gaz. C’est gênant pour discuter les résultats des expériences : les poussières dont nous parlions au début augmentaient
la valeur de p ; les particules actuelles la diminuent; on ne peut donc savoir
en toute certitude si la valeur obtenue est trop forte ou trop faible. Il semble cependant, d’après cette discussion, que si le courant gazeux de Lord Rayleigh lui donnait des valeurs trop grandes, les nombres fournis par l’un de nous en 1920 pouvaient bien être trop petits.
Il faut remarquer cependant que ces nuages n’introduisent pas une
erreur aussi importante que les grosses poussières, et cela est dù à ce queleur,
état de polarisation se rapproche beaucoup plus de celui des gaz étudiés.
Le tableau 1-V montre que, dans l’air, si l’intensité augmente de
TABLEAU IV
5d ~ diminue simultanément de ~ ~U seulement.
Outre les précautions indiquées déjà, il n’est pas mauvais, dans l’obser- vation photographique, de réduire au minimum le temps de pose. On peut
y arriver en éclairant fortement le gaz ; il faut alors éliminer soigneusement
à la fois les radiations rouges et infra-rouges, qui, sans agir sur la plaque
sensible, produisent des mouvements de coiivectiôti dans le gaz, et les radiations trop actives de longueur d’onde inférieure à 3 5J00 Â environ.
Mais il vaut micux, pour réduire le temps de pose, recevoir le faisceau dif-
fusé sur un appareil très lumineux.
,3. Dispositif actuel.
--Le montage optique est schématiquement très simple (fig. 2) : Un faisceau horizontal de lumière naturelle X’ S X éclaire
Fig. -1.
le gaz, placé daus un récipient de forme tclle (tue seule la lumière diffusée par le gaz puisse atteindre la plaque photographique. Le faisceau secon-
daire S Y est recu sur le prisrne biréfringent B, l’objectif L ct la plaque sen-
sible P où se forn1ent deux images du point S. Si les arètes du prisme hiré- fringent sont horizontales, les deux images photographiques sc forment
l’une au dessus de l’autre et leurs éclairements sont I et 1. Le nicol mobile N
permet Clc mesurer p = L par la méthode de Cornu.
permet de mesurer p la méthode de Cornu.
a) .Source rIe Iiiiiiière.
-Nous av’ons renoncé aux sources artificielles
dont l’éclat est faible et, profitant des jours de beau temps si fréquents a
Montpellier, nous avons utilisé la lumière du soleil, ce qui nous a permis
de faire facilement de bonnes observations visuelles. Déjà Ilaman, à Cal-
cutta. avait réussi à étudier visuellement la polarisation de la lumière solaire diffusée par le gaz carbonique.
On peut éclairer le gaz en lumière parallèle en dirigeant simplement
sur le tube, avec un héliostat, un faisceau de rayons limité par un diaphragme.
L’éclat e de la lumière diffusée est proportionnel à l’éclairement E d’un
plan normal au faisceau incident et à la profondeur Il de la couche gazeuse éclairée :
Soit /, l’éclat du soleil, w ; son diamètre apparent ; nous avons :
A ne peut guère dépasser 2 cm : on est limité par les dimensions restreintes du tube que nous avons tenu à employer: par suite :
Mais, dans les expériences actuelles; nous ne nous sommes pas astreints à utiliser un faisceau parallèle : nous avons projeté, en S 2), l’image du soleil, avec une lentille d’ouverture moyenne, et tenu compte, dans le
calcul de p, de ce que l’onde incidente n’est pas plane. Soit Q l’ouverture
numérique de la lentille ; la valeur obtenue pour p doit être diminuée du terme
_2 (-)2
(’) L’ouverture adoptée..Q
=0.24, entraîne une correction
1
-’-de - 0,004 ; c’est déjà beaucoup et il nous a paru difficile d’envoyer un
faisceau plus convergent.
Soil S la surface de la lentille; sa distance focale. L’éclairement a
pour valeur (os et la profondeur éclairée est (¡)1’. D’où :
Il y a intérêt, à égalité d’ouverture numérique, à prendre une lentille
là long foyer qui donne une plus grande image du soleil et. par suite, une plus grande profondeur éclairée.
Pour
Nous nous sommes arrêtés à une lentille de 30 cn1: avec une distance
(1) J. CABALES, /0r’. Cl*t., p. 112
focale plus grande, nous aurions eu, en AS’, un faisceau plus large et plus
difficile à dédoubler avec le prisme biréfringent B et l’objectif photogra- phique L (fig. 2).
On peut évaluer, dans ce cas, les éclats que l’on aura à mesurer.
La théorie de Rayleigh donne la valeur de Il : dans l’air, pour A = 0,55 ~
R - 6,5.10-9 cm-i. L’éclairement d’une surface au soleil pendant une belle journée, atteint 100000 lux. D’où :
.eo
=150 000 phots par stéradian
E ~
12.10-6 bougies par cm2.
La réflexion sur les diverses surfaces de verre ramène à 8.10-1 l’éclat de la lumière diffusée. Enfin, l’éclat relatif à la vihration horizontale i n’est que 0,04 du précédent, c’est-à-dire :
On peut arriver à le mesurer visuellement (à un ou deux dixièmes près)
en réalisant un fond parfaitement noir et en reposant sa vue à l’obscurité
pendant une demi-heure environ ; le minimum d’éclat perceptible (pour
une source étendue) est mille fois plus faible.
La lentille de projection doit être corrigée des aberrations de sphéri- cité ; si elle donnait une caustique linéaire MC (fig. 3) le degré de polarisa-
Fig. 3.
tion de la lumière diffusée serait plus faible en M qu’en C. Il y aurait une incertitude sur la correction à faire subir à p. Cette correction serait infé- rieure à 0,004 en C et supérieur enM.
Avec une mauvaise lentille, la caustique se trouve dessinée sur la
double image photographique et l’on voit que le degré de polarisation
diminue de gauche à droite (fig. 1, c). On a, dans ce cas. la ressource de ne pas
mettre exactement au point sur le faisceau à photographier : les densités de chaque image deviennent plus uniformes et l’on peut faire subir, à la
valeur de p mesurée, la correction moyenne de 0,0()~.
La lumière du soleil est reçue sur le miroir argenté d’un héliostat qui
la renvoie horizontalement dans la direction Sud-Nord. Cette réflexion
peut polariser le faisceau primaire et introduire une erreur importante.
Prenons, comme exemple, une expérience faite fin avril à midi local. Le
plan d’incidence se confond avec le méridien. Le faisceau réfléchi est pola-
,
risé syrnétniquement par rapport au méridien et au plan horizontal ; il est
donc constitué par deux vibration incohérentes rectangulaires I-I horizon-
tale) et V(verticael . IIest parallèle àla surface du miroir et l’on V.
Dans ce cas, la valeur réelle de p est supérieure à la valeur mesurée,
riT donne deux vibrations diffusées : l’une, verticale, d’intensité x V ; l’autre, horizontale, ~ V; H donne deux vibrations d’intensité égale ~H. On mesure
donc :
au lieu de
d’où, sensiblement,
L’écart dépend de il , c’est-à-dire de l’incidence. Fin Avril, la décli- naison était voisine de 13°; Montpellier est à 430 37’ de latitude Nord ; la distance zénithale du soleil à midi était donc voisine de 30’ et l’angle d’in- cidence,de 30,+9o, 60". 0n n’était pas loin de l’incidence principale (70° environ pour l’argent), c’est-à-dire dans le cas le plus défavorable. Nous
avons mesuré :
Au coucher du soleil, au contraire, le plan d’incidence tend à devenir horizontal, on a J7 et la valeur de p mesurée est trop faible.
On peut facilement éviter cette correction soit en plaçant sur le fais-
ceau réfléchi par le miroir de l’héliostat un prisme de Foucault de section
principale verticale, soit en limitant les observations aux heures où le plan
,d’incidence est â sur l’horizon.
Nous avons rejeté la première solution : le prisme de Follcault aurait,
eu d’abord le gros inconvénient de réduire sensiblement de moitié la
grandeur à mesurer; en outre, il aurait limité l’ouverture du faisceau et affaibli la lumière par réflexions et absorption.
Les mesures définitives ont toujours été faites lorsque le plan d’inci-
dence était à peu près à li.5’ sur l’horizon; il est facile de prévoir les heures
favorables (fig. 4-).
Fjg. 4-.
Connaissant razin1uLll NH
= aet la hauteur HA
=h du soleil au
moment de l’expérience, on a, dans le triangle NHA. l’angle d’incidence du rayon solaire sur le miroir de 1 héliostat i
=-2013 et le dièdre w = ANH du
plan d’incidence avec le plan horizontal. En particulier,
On dvtern1illera, chaque jour, l’heure pour laquelle tg h
=sin a ;
.l’azimuth et la hauteur se calculent à partir de la déclinaiso1 et de l’angle
horaire,
b) RéciJJl.e7lt il ,gaz.
-Sa capacité n’atteint pas 300 cm3. Il se compose essentiellement de deux tubes de verre identiques, soudés en croix, rodés
à une extrémité, étirés et recourbés à l’autre. Le diamètre intérieur du tube est de 3 cm.
Deux robinets, soudés aux parties étirées, mettent le récipient en com-
munication soit avec la pompe, soit avec le gazomètre. Deux regards de
verre sont collés au mastic golaz sur les rodages pour l’entrée de la lumière et les observations latérales (fin. 5).
Le tube FED. qui fait communiquer le récipient de verre avec le gazomètre, est rempli d’anhydride phosphorique et de coton hydrophile.
La surface du récipient est recouverte de vernis noir. Le
lecteur reconnaîtra l’avantage des tubes en croix : ils permettent d’obser-
ver latéralement sur un fond parfaitement noir la trace de faisceau pri-
maire diffusé par le gaz.
;..,. > : : .
Fig. 5 b.
-Faisceau photographié
avecl’objectit de à
cm(agrandi 3 fois).
Fig. 9 5
c. -Faisceau
,photographié
Z, avecl’objectif de 4
cm(agrandi 3 fois).
Nous avions d’abord construit un appareil plus simple encore, tout en
verre, sans golaz ; un seul tube, étiré et recourbé en A, soufflé en 0, B et
C. Le faisceau primaire traversait le tube suivant BC (fig. 6). Malheureu-
Fig. 6.
sement, la réflexion sur le verre en C illuminait assez vivelnent le fond du tube 1~ pour rendre impossible des mesures précises : l’éclat du fond sur lequel se détachait le faisceau primaire, pour l’observateur 0, atteignait 0, ~
environ de l’éclat du faisceau dans l’air.
Avec le nouveau récipient, cet inconvénient a complètement disparu ;
le fond noir n"ajamais impressionné la plaque photographique; il ne donne
rien après deux heures de pose alors qu’une demi-minute suffit pour pho- tographier latéralement le faisceau lorsque le récipient est plein d’air.
Pour éviter toute fatigue de l’oeil et augmenter sa sensibilité, et aussi, lorsque nous opérions par photographie, pour éviter un voile possible de
la plaque, nous avons travaillé dans une salle obscure. La cloison est per- cée d’une ouverture circulaire PQ pour le passage du faisceau solaire que
nous recevons aussitôt dans une caisse de bois en forme de croix, représen-
tée en plan sur la figure 7. De cette manière, le faisceau n’éclaire pas sensi- blement la salle. Au milieu de la caisse est installé le récipient à gaz R.
En AB et EF, deux portes permettent les réglages optiques. La chambre
CD, tapissée intérieurement de velours noir, contient les appareils d’obser-
vation. En D1 et D, peuvent être placés deux diaphragmes circulaires : le
premier limite l’ouverture du faisceau incident ; le second intercepte
la lumière réfléchie par les parois ab et cd du tube de verre, qui entourerait d’un anneau brillant le champ d’observation. Pour la photographie, cet
anneau serait peu gênant, mais la lumière qu’il envoie diminuerait la sen-
sibilité de l’oeil dans le cas de l’observation visuelle.
Avec ce montage, le récipient Il étant rempli d’un gaz quelconque, un
observateur non prévenu voit immédiatement se détacher, en bleu, le fais-
ceau primaire sur un fond parfaitement noir ; la diffusion de la lumière
Fig. 7.
_par les gaz les moins réfringents, comme l’hydrogène et le néon, devient facile à observer.
En résumé, nous sommes arrivés, dans les expériences actuelles : 10 à faire agir un faisceau primaire assez intense pour permettre des
mesures visuelles.
2° à opérer sur de petites quantités de gaz (quelques centaines de centimètres cubes au maximum).
Le dispositif que nous avons réalisé peut être reproduit à peu de frais dans un laboratoire quelconque et, tout en permettant des mesures pré- cises, il se prête à des expériences de cours et à des manipulations
d’élèves.
c) Obsercatio71 photographiqite et mesures.
-Pour réduire le temps de
pose, il faut augmenter l’ouverture numérique de l’objectif photographique.
Mais, en avant de l’objectif, les polariseurs limitent le diamètre du faisceau ;
il ne reste donc plus qu’une ressource ; diminuer autant que possible la
distance focale de l’objectif.
,Les dimensions de nos polariseurs étaient malheureusement trop
petites et le faisceau tombant sur l’objectif n’avait pas 1 centimètre de dia- mètre. Avec les gaz comme C02, N20 qui diffusent une lumière assez intense
et pas trop polarisée, une lentille de 8 cm de distance focale suffit ; elle
fonctionne à faible ouverture et donne des images grandes et relativement bonnes (fig 5, b).
Mais, pour étudier des gaz moins réfringents, cette lentille nous en-
trainait à des poses allant de f 0 â 45 minutes ; c’était trop. Nous avons
’
alors pris, comme objectif, un oculaire de microscope (Huyghens, /== 4cm)
dont la lentille de champ était tournée vers le faisceau à photographier.
On obtient ainsi de petites images qu’il faut étudier à la loupe (fig. 5, c).
Le temps de pose nécessaire pour une bonne mesure de p, varie de 1 minute
(C0~) à 10 minutes (H2).
La plaque photographique 6.5 X 9 cm’ est introduite dans un châssis à volet, mobile le long d’une glissière. Un dispositif analogue avait déjà
servi à l’un de nous en 1920 : on peut faire 16 poses sur la même plaque.
Nous avons séparé les deux vibrations 1 et i avec un prisme biré- fringent de Wollaston en quartz, B (fig 2); l’angle de duplication valait ,
45’environ,. En éloignant l’objectif du faisceau à photographier, on diminue
les dimensions des deux images jusqu’au moment où elles cessent d’empiéter
l’une sur l’autre. La distance SL est alors de 45 cm.
Il n’y a pas de raison de supposer qu’un ivollaston, éclairé normale- ment en lumière naturelle, donne deux rayons d’inégale intensité. Nous avons
cependant tenu à vérifier, en plaçant notre prisme biréfringent devant une
source étendue de lumière naturelle, que le degré de polarisation de la lu-
mière transmise était inappréciable. Pour cela nous avons observé à tra-
vers le prisme de imollaston; avec un polariscope de Savart, un mur blanc
éclairé normalement : il n’y a pas trace de franges sur le quartz du
Savart.
A la suite du wollaston, faute de posséder un polariseur à champ normal,
nous avons utilisé un nicol à faces normales N (fig. 2) provenant d’un pola-
rimètre de Cornu. Ce nicol est mobile à l’intérieur d’un cercle, gradué en demi- degrés avec vernier au trentième. Il présente l’inconvénient de rejeter latérale-
ment le faisceau de lumière et lorsque, au cours de mesures, on fait tourner
cet analyseur autour du rayon incident, le rayon émergent se déplace et
décrit un cylindre ; il faut vérifier que, dans toutes ses positions, il ren-
contre la première lentille de l’objectif photographique.
Le faisceau diffusé issu du point S (fig. 2) est limité par l’ouverture cir-
circulaire Dz. On doit prendre cette ouverture assez petite pour que ni le
wollaston, ni le nicol, ni l’objectif ne diaphragment à leur tour le fais-
ceau. Ce réglage est délicat; il faut, pour le réussir, une lumière intense. On substitue, au récipienn a gaz R, un diffuseur solide blanc.
Lorsque le réglage est bien fait, nous ne voyons pas comment l’appli-
cation de la loi ell tg2a peut conduire à des résultats inexacts. Cependant,
pour enlever toute incertitude, nous avions tenu à faire sur place une véri-
fication de la loi en tg2a sur laquelle s’appuient toutes nos mesures. Cette vérification a été faite avec l’objectif de 4 cm de foyer; il va sans dire que les conclusions restent valables avec tout autre objectif.
Pour cette vérification, on enlève le tube à gaz et on éclaire le polari-
mètre BNLP (fig. 8) par un faisceau monochromatique polarisé rectiligne-
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