HAL Id: jpa-00239022
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Submitted on 1 Jan 1889
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Sur la dispersion rotatoire magnétique
P. Joubin
To cite this version:
P. Joubin. Sur la dispersion rotatoire magnétique. J. Phys. Theor. Appl., 1889, 8 (1), pp.53-69.
�10.1051/jphystap:01889008005300�. �jpa-00239022�
SUR LA DISPERSION ROTATOIRE MAGNÉTIQUE;
PAR M. P. JOUBIN.
Soit une vibration rectiligne polarisée faisant partie d’une onde plane tombant sur un milieu réfringent. Si ce milieu n’est soumis à aucune force extérieure agissant sur la distribution intérieure de
l’éther, telle qu’une force magnétique, cette vibration va passer
sans altération, sauf un changement dans sa vitesse de propaga-
tion, et à sa sortie restera polarisée dans le même plan. A la place
de cette vibration recuîligne, nous pouvons, comme Fresnel, sub-
stituer dès l’entrée dans le corps transparent deux vibrations cir- culaires de sens contraire, de même période et d’amplitude moitié moindre, ayant la même vitesse de propagation que la vibration
primitive.
Si maintenant ]’une d’elles, par une cause quelconque, subit
un changement de phase par rapport à l’autre, la vibration recti-
ligne résultante aura tourné à la sortie d’un certain angle en rela-
tion avec cette perte de phase par rapport à sa position primitive.
L’expérience de Faraday a montré que l’influence d’un champ magnétique pouvait être la cause de ce changement de phase ; il
ne reste plus qu’à calculer sa grandeur.
Les forces magnétiques peuvent agir : io sur la vitesse de pro-
pagation ; 2° sur la période de la vibration, c’est-à-dire sur tous
les éléments qui la caractérisent. Et aucun fait ne peut a priori
permettre de supposer que ce soit plutôt sur l’un que sur l’autre de ces éléments, puisque nous ne constatons qu’un effet résultant.
Cependant, on a toujours admis jusqu’ici, par analogie avec ce qui se passe pour le quartz dans la théorie de Fresnel, que la vi-
’
tesse de propagation était seule affectée, que la période de la vibra- tion avant ou pendant l’aimantation n’avait pas changé. Cette analogie n’est pourtant rien moins qu’évidente; car un corps transparent, placé dans un champ magnétique, possède vraisem- blablement, par ce fait même, un mouvement propre complète-
ment différent de l’état vibratoire lumineux, mouvement de rota-
tion dans les idées d’Ampère.
Peut-être est-ce à ce point de départ, qui semble inexact, qu’il
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:01889008005300
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faut attribuer le désaccord constant des formules que l’on a don- nées pour représenter la dispersion rotatoire magnétique, et des expériences pourtant Créquenl111ent reprises par un grand nombre
de savants. Il suffit de citer les beaux travaux de Wiedenianri, de Verdet, qui ont porté sur les formules de Neumann et de Maxwell,
et les recherches plus récentes de 31. H. Becquerel et de ~1. van
Schail~. pour être convaincu que les formules théoriques ou empi- riques sont à peu près aussi mal vérifiées par l’ensemhle des phé-
nomène, ou du moins que les écarts sont bien plus grands que la précision que l’on peut atteindre dans ces mesures.
C’est ce qui m’a engagé à reprendre le même sujet, en changeant
seulement l’hypothèse fondamentale, c’est-a-dire en admettant que la vitesse eu la période de la vibration qui traverse le milieu
aimanté changent à la fois. On peut en déduire alors une nouvelle formule démontrée par l~l. Mascaret, dans son Cours du Collège de
France.
Le calcul étant un peu long, j’en donnerai seulement le résultat.
En appelant
p la rotation pour la longueur d’onde X~ ;
~ 1 a force magnétique;
e l’épaisseur du milieu ;
n son indice pour la même longueur d’onde; p
x et 3 les coefficients de variation de la vitesse et de la période,
c’est-à-dire des nombres tels que l’on ait
on trouve
en posant.
Si nous supposions que la période ne variait pas, il suffirait de
faire ~ = o, e’est-à-c~ire Y = i , et l’on aurait
j
J’ai, d’ailleurs, donné une autre démonstration de cette for- mule (i), qui consiste à la déduire des équations différentielles du
mouvement vibratoire mises sous la forme
(:e sont celles de Neumann, sauf que le coefficient 1/1, au lieu d’être une cons tan te, v ari e en sens inverse de la longueur d’onde.
Nous écrirons dorénavant la formule (i) de la façon suivante : -.
d’ . 1 .,) dn C
’1 d
in désignant la quantité - ~~ ~n ~ et et y étant les deux constantes
qui caractériseront chaque corps. Il est remarquable tout d’abord
que, si on l’applique aux expériences de Verdet, de M. Il. Bec-
querel et de M. van Schaik, elle les représente à très peu près au degré d’approximation des mesures, sauf pour le verre, dans l’ultra-
violet ; mais on sait que ce corps absorbe fortement cette région
du spectre et que les observations sont par là rendues dif’ficiles.
De plus, la constante y est négative pour tous les corps qui ont
une rotation négative, comme les sels de fer; positive pour ceux
qui omt une rotation positive, résultat fort important. En somme,
ces comparaisons donnent une probabilité à la théorie, mais ne permettent pas de trancher définitivement en sa faveur. Il était donc nécessaire d’instituer de nouvelles expériences en s’attachant à écarter le plus possible les nombreuses causes d’erreur, parmi lesquelles la principale est la variation du champ dans le courant
d’une observation.
L’appareil magnétique dont je me suis servi est un gros élec- tro-aimant vertical appartenant à l’École Polytechnique, que MM. Cornu et Potier avaient eu l’obligeance de mettre à ma disposition. Les pièces polaires de fer doux ont de larges sur-
faces (environ 200~~), entre lesquelles se produit le champ ma- gnétique ; par suite de cette étendue, on peut le regarder à cer-
taine distance des bords comme absolument uniforme. Le courant
lui était fourni par 3o accumulateurs Jullien, qui donnent un
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courant très sensiblement constant tant qu’ils sont suffisamment
chargés.
A la vérité, il n’était pas indispensable, comme on le verra, de
connaître la valeur de ce champ, cette grandeur s’éliminant d’elle- même dans le cours des expériences. Cependant sa mesure offrait
assez d’intérêt, en dehors de son utilité immédiate pour le but que je me proposais, pour être effectuée. J’ai donc entrepris de
déterminer la valeur du champ de l’électro-aimant en fonction : -.
~ ° du courant excitateur, 2" de la distance des pôles. On mesurait
la rotation du plan de polarisation de la lumière correspondant à la
raie D, dans le sulfure de carbone que renfermaient de petites cuves
fermées par des lames de verre non trempé et étudiées à l’avance.
L’erreur commise est comprise entre à pour les champs les plus
faibles et 1 pour les plus forts, ce qui fait à peu près io unités
C.G.S. pour les premiers ( 50o C.G.S.) et 5o unités pour les der- niers ( 750u C.G.S.). Les résultats sont compris dans le Tableau
suivant, qui permet d’avoir la valeur du champ pour une des valeurs du courant en ampères, et de la distance des pôles con-
tenus dans la première colonne verticale et la première ligne hori-
zontale :
Les courbes i et 2 résument ce Tableau; la ~fi~~. i donne les
valeurs du champ en fonction du courant, la fLg~. 2 les mêmes quantités en fonction de la distance des pôles. Les premières se
laissent bien traduire par la formule connue de Frôlich
.
Quant aux secondes, je n’ai pu trouver une formule simple sa-
.
tisfaisant à tous les cas. Tant que la distance des pôles est plus
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grande que 5em et le courant plus petit que i5~~, on a sensi-
blement
Fig. r.
En dehors de ces limites, le produit H d croît beaucoup avec d.
Fig.2.
Ainsi, à 40amp, il est de 3 iooo pour d --- 20cm, et de i 3 oou pour
d
.=1 cm, 7. La saturation commence de plus en plus tôt quand les
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pôles se rapprochent. Ainsi,
1dans les courbes de la lig. r , les points oit elles deviennent concaves sont sensiblement sur la droite AB; le courant de saturation est de J 2amp ~oor ~ - 20 et
de 5amp pour d - ~ ~’137’ 5
Mesure de la rotation.
*Dans les travaux qui ont été faits jusque ce j o nr, les expé-
riences n’ont guère porté que sur le spectre visible, c’est-à-dire dans un intervalle si petit, par rapport au spectre total, que, la concordance entre l’ol~servaLion et une formule fut-elle parfaite,
il serait absolument impossible de l’appliquer au spectre ultra- violet. Seul, M. van Schaik a houssé jusqu’à la raie 1V~, et encore
les observations dans cette région n’offraient-elles plus guère de précision par suite de l’énorme absorption de ces rayons par les substances employées.
Je me suis proposé pour bu t d’étudier le phénomène non seu-
lement dans la partie visible, mais encore jusqu’aux régions les plus reculées du spectre. C’est, en effet, pour les petites lon-
gueurs d’onde que les rotations son L le plus grandes et, par suite que les écarts avec une formule déterminée doivent atteindre les
plus grandes valeurs : c’est là pour ainsi dire la pierre de touche
des théories; il en est de même de la mesure des indices ultra-
violets pour les théories de la dispersion.
Pour atteindre ce but, il a donc été nécessaire de varier les mé- thodes suivant que l’on opérait dans le spectre visible ou dans le spectre invisible.
10 Spectre visible. - C’est celui qui s’étend de la raie C à la raie G de la lumière solaire, ou de la raie 1 à la raie 7 du cadmium.
On opérait, en eiet, soit avec la lumière solaire, soit avec la
lumière électrique, fournie par un grand régulateur de la marine absorbant 3 chevaux environ. Dans ce dernier cas, pour avoir des
repères fixes dans le spectre, on faisait éclater devant l’appareil dispersif des étincelles d’induction entre deux pointes de cad-
mium.
Sans insister longuement sur l’appareil optique, dont il est facile
d’imaginer la disposition, il se composait : 1 Il d’une lentille à long
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foyer faisant converger sur la fâce antérieure de 1 électro-aimant
l’image fixe du soleil ou du charbon positif; 2° du polariseur;
3° de la matière en expérience ; 40 de l’analyseur mobile dans un
cercle gradué donnant la minute; 5° du spectroscope, dans lequel
on avait remplacé la lunette ordinaire par une petite lunette gros- sissant cinq fois et munie dans le plan focal d’une fente très
étroite (i-1") limitant le chax~np ; en avan t du collimateur se trou-
vait une lentille cylindrique en verre, de lem de foyer, faisant con-
verger les rayons parallèles en une ligne brillante sur la fente élargie. La dispersion était obtenue par un seul prisme de flint
blanc de 6o’.
Les liquides mis en expérience sont renfermées dans des tubes de 1 (~m de diamètre et de 6~m environ de longueur, tels que les
emploie M. Gernez dans ses études récentes de polarisation
rotatoire.
Quand toutes les précautions sont bien prises et l’appareil bien réglé, ce qui exige des soins assez minutieux, on obtient dans la lunette ~~n spectre d’un grand éclat, et la bande d’interférence
produite par la rotation du plan de polarisation est assez nette
pour qu’il soit inutile, dans le cas des liquides, d’ajouter à cette
rotation la rotation naturelle d’une lame de quartz. Au contraire.
ponr les solides, la trempe inévitable des verres rend cette addi- tion indispensable. Dans ce cas, on opérait par renversement du courant en substituant en même temps au quartz employé un
quartz de sens contraire, de façon à augmenter toujours la rota- tion ; la seosibilité est alors toujours la même, et il suffisait de retrancher de la rotation totale la somme des rotations des deux quartz pour avoir la rotation propre de la matière.
Bien entendu, on avait commencé par étudier le pouvoir rota-
toire des plaques de verre qui fermaient les tubes où les liquides
étaient contenus, et on le retranchait à chaque observation pour
chaque valeur du courant et pour chaque longueur d’onde ; dans
les limites des erreurs d’expérience, il varie très sensiblelnent en
raison inverse du carré de la longueur d’onde.
Voici donc la disposition et la marche d’une expérience. Deux
tubes de même longueur contenant, l’un du sulfure de carbone,
l’autre de la créosote, étaient situés côte à côte sur un même sup-
port pouvant glisser dans une coulisse et placés dans le chainp
magnétique. Le réticule de la lunette étant pointé sur une raie dé-
60
terminée et l’électro-aimant excisé par un courant connu,
yon pla- çait le premier tube, au moyen de la coulisse, bien normalement
au faisceau luniineux ; on amenait la bande d’extinction sur le ré- ticule et on levait la position de l’anal~rseur. Aussitôt après, le
deuxième tube était poussé à la place du premier et l’on faisait les mêmes lectures; cette manoeuvre, répétée plusieurs fois, se faisait rapidement. En arrivant à la raie extrême, le courant n’avait
jamais sa valeur initiale, tout en en différant peu; mais le rapport des rotations des deux substances était directement comparable
pour chaque raie dans toute l’étendue du spectre. On élimine ainsi complètement l’influence de la variation du champ d’où pro- venaient les erreurs les plus considérables.
Pour les liquides, l’erreur relative a toujours été comprise
entre ~~o et 772013 Pour les solides, l’iWuence de la trempe rend
cette approximation presque impossible à atteindre; l’erreur ne dépasse cependant pas £. J’ai, d’aille urs, dit plus haut quelle
modification on avait apportée à la méthode pour la rendre plus précise.
Enfin, pour pouvoir comparer les résultats expérimentaux à la théorie, il fallait mesurer les indices des corps ; cette opération
se faisait au moven d’un goniomètre de Brunner donnant les 5".
Très simple pour les solides, cette mesure devient très délicate
pour les liquides, par suite des variations de la température. Au
lieu de prendre, comme Verdet, la moyenne d’expériences faites
à des températures à peu près équidistantes de la température
moyenne, j’ai préféré calculer le coefficient de variation de l’in- dice pour chaque raie et ramener tous ces indices à la même tem- pérature. A cet effet, le prisme de 60~, construit par Brunner, per-
mettait l’introduction d’un thermomètre sur lequel on évaluait
facilement le :s~ de degré ; au commencement et à la fin de chaque pointé relatif a une raie, on lisait la température. On a pu ramener ainsi tous les indices à la température de 25° et les relier par une formule à trois termes de la forme
Les différences n’ont jamais dépassé une unité du quatrième ordre
décimal.
Les expériences ont porté sur deux liquides : le sulfure de car-
bone et la créosote, et sur quatre échantillons de verre que je dé- signerai par 1, y 2, 3 et 4. Le n" 1 est en flint jaune; le no 2 en
crown blanc; le n" 3 est un parallélépipède de flint lourd jau-
nâtre donné par Faraday à M. Deville et intéressant à ce titre : c’est le plus réfringent et le plus lourd d = 5e-, 325) ; le n° 4
enfin est un flint lourd blanc.
Étude des résultats.
-Il ne s’agit plus maintenant que de comparer les rotations trouvées à la formule théorique
D’après le principe même de la méthode, c’est le rapport des rotations de deux corps (de deux liquides, par exemple) qui est
déterminé directement pour chaque raie, c’est-à-dire la quantité
C
en posant K =
-c , CI et les lettres accentuées se
-rapportant au deuxième corps. Il y entre trois constantes; il faudra donc trois observations pour les déterminer. On prendra les valeurs de (0 re-
latives à trois raies ; on en tirera les valeurs de K, y et y’ et l’on
calculera les rapports ta pour les autres raies. C’est ainsi qu’on
trouve les nombres suivants :
1 ° Sulfure de carbone et créosote :
sulfure de carbone, créosote,
Comparaison des résultats :
’62
~~’ Rapport des rotations dans les verres i et 2 :
3° Pour les matières 3 et 4 :
Je rappelle d’ailleurs que les longueurs d’onde des différentes raies sont :
- -