HAL Id: jpa-00237805
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Submitted on 1 Jan 1881
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Recherches expérimentales sur la capacité de polarisation voltaique
René Blondlot
To cite this version:
René Blondlot. Recherches expérimentales sur la capacité de polarisation voltaique. J. Phys. Theor.
Appl., 1881, 10 (1), pp.333-357. �10.1051/jphystap:0188100100033300�. �jpa-00237805�
333
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
SUR LA CAPACITÉ DE POLARISATION VOLTAIQUE;
PAR M. RENÉ BLONDLOT.
[SUITE(1)].
CHAPITRE PREMIER.
NOUVELLE MÉTHODE.
Il résulte de
l’historique précédent qu’aucune
des méthodesqui
ont étéemployées jusqu’ici
nepeut
conduire à une mesure satisfaisante de laquantité
d’électricité nécessaire pour commu-niquer
parpolarisation,
à unvoltamètre,
une force électromotrice déterminée. C’est cette insuffisancequi
m’aengagé
à faire denouvelles recherches à ce
sujet.
J’avertis d’avance queje
me suisplacé
aupoint
de vuepurement expérimentale
sans mepréoccuper
de la nature
intrinsèque
de lapolarisation.
Avant tout, il est nécessaire de définir nettement le
phénomène
de la
dépolarisation spontanée, lequel,
commeje
l’aiindiqué déjà
ausujet
des Mémoires de MM.Varley, Herwig
etColley,
constitue la difficulté
capitale
de laquestion.
Imaginons
un voltamètrequ’on
vient depolariser ;
enlevons les communications avec lapile
et relions les électrodes aux bornes d’un électromètre(celui
deThomson,
parexemple),
defaçon
àobtenir la mesure de la force électromotrice de
polarisation.
Lefait
important
que nous observonsalors,
et surlequel je
veuxinsister
ici,
est que cette force électromotrice dilllinue à mesureque le
temps s’accroît,
ce quej’exprimerai
en disantqu’il
seproduit
unedepolarisatioll spontanée,
unedissipation
de lapola-
risation. On remarque, de
plus,
que la vitesse dedépolarisation
est d’autant
plus grande
que lapolarisation
a elle-même une valeurplus
élevée.(1) Voir Journal de Physique, t. X, p. 277.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:0188100100033300
334
Le
phénomène
dontie viens
deparler
enexplique
unsecond,
connu d ailleurs
depuis longtemps (Grove, Helmholtz) :
c’estclu’il
ne peut exister unecompensation
absolue d’unepile, quelque
faible que soit sa force
électromotrice,
par un voltamètre. Si l’on supposer, eneffet,
que le voltamètre aitacquis
à un certain momentune force électromotrice
égale
à celle de lapile,
il laperdra
aus-sitôt et le courant se rétablira. La
polarisation
nepeut
être main-tenue que par un afflux continu d’électricité destiné à la
réparer,
et cette
réparation
se traduit par un courant de faible intensitéclui
succède au courant de
charge
proprement dit.Le
phénomène
de ladépolarisation spontanée
du voltamètreisolé et celui du cour ant
compensateur
dans lesystème
formé parune
pile
et un voltamètre sont ainsi établis etphysiquement définis,
sans que,
d’aillcurs, j’aie
émis aucunehypothèse
sur la natureintime de la
polarisation. J’ajouterai qlion
s’est assuré par denombreuses
expériences
que chacune des électrodes a sapart
dans lesphénomènes
queje
viens de décrire(1 ).
Celaposé, je
vaisexposer la méthode
qui
m’apermis
de déduire lacharge
vraie dela
charge apparente, dépendant
dutemps
et fournie par l’obser-vation ;
en d’autres termes, de déterminer laplus petite quantité
d’électricité nécessaire pour
communiquer
à un voltamè tre une force électromotrice donnée.Ma méthode repose tout entière sur l’étude détaillée du courant, de
quelques
centièmes de seconde dedurée, qui
seproduitlorsclu’un
(1) Une image très nette de la dissipation spontanée de la polarisation nous est présentée par l’analogie hydrodynamique, si souvent employée par les électriciens :
une électrode chargée est, dans cet ordre d’idées, comparable à un vase rempli dont
le fond serait percé d’un petit trou. Ce vase se videra spontanément si on l’aban-
donne à lui-même : c’est la dépolarisation spontanée de l’électrode. De plus, le ni-
veau du liquide baissera d’autant plus rapidement qu’il sera plus élevé, fait analogue
à ce que nous avons remarqué au sujet de l’abaissement de la force électromotrice de
polarisation. D’autre part, si l’on veut maintenir le niveau du liquide, il faudra ajoutcr continuellement de nouvelles portions de celui-ci, afin de réparer la dénivel- lation qui tend incessalnlnent à se pr oduire : comme parallèle, nous avons vu qu’il
faut également un faiblie courant constant pour conserver à un voltamètre polarisé
la force électromotrice qu’il a acquise.
On voit que la correspondance des deux ordres de phénomènes est absolue et que
l’image est d’une justesse parfaite.
On peut aussi comparer la dépolarisation spontanée au refroidissement d’un corps placé dans une enceinte moins chaude que lui.
335
voltamètre est mis en relation avec une
pile
de forceélectromotrice déterminée,
insuffisante pouropérer
l’électrol..B sepersistante.
J’aidu
recourir,
pour en étudier lamarche,
à unprocédé spécial
queje
vais exposer.Le voltamètre V
(fig. 1),
lapile
S(ayant
une force ëlectromo-rig. 1.
trice très
faible)
et ungalvanomètre
G étant installés sur uncircuit
unique ,
si ce circuit est fermépendant
untemps
très courte par lerapprochement
des extrémités aet 03B2
dufil,
il passera unecertaine
quand te d’élec tricité j = idt ,
mes urée parl’impulsion
du
galvanomètre (t désigne
letemps
considéré commevariable).
Fig. 2.
Dépolarisons
maintenant le voltamètre en le fermant sur lui- même au moyen d’un fil court hw(fig. 2),
etrecbmmençons
l’expérience précédente
avec une autre valeur de 6. Enprocédan t
ainsi pour des valeurs de 6 croissant par
degrés rapprochés,
nous pourrons construire une courbe
ayant
pour abscisses lestemps 1
et pour ordonnées lesquantités
totalesd’électricité q
avant traversé une section
quelconque
du circuitpendant
lestemps représentés
par les abscisses.L’expérience
établit que l’ordonnée de cette courbe(fig. 3)
croit d’abordrapidement ; puis,
le coeffi-Fig. 3.
cient
angulaire
de latangente, après
avoir constamment diminué àpartir
del’origine,
atteintbientôt,
dans sondécroissement,
unevaleur limite très
petite
etqui
nechange plus ;
la courbe secompose, en
conséquence,
d’uneportion
réellement courbeoA, qui
se raccorde avec une
ligne
droite AL faiblement inclinée.Ce résultat
expérimental impose
lui-même soninterprétation :
la
portion
courbe où l’ordonnée croîtrapidement correspond
à la
période
decharge pendant laquelle
lapolarisation
est va-riable ; la portion rectiligne
à faible inclinaisoncorrespond aurégime
du courant
réparateur
de ladéperdition :
c’est àpartir
du momentoù elle commence que
l’équilibre
est sensiblementétabli,
car laconstance de l’écoulement
électrique
prouve la constance de lasomme
algébrique
des forces électromotrices ducircuit,
cequi signifie
que lapolarisation n’augmente plus (1).
Il est utile de remarquer que, le courant étant devenu constant, il
n’y
a aucune force électromotriceprovenant
de l’induction de(’ ) L’intensité du courant de charge à un instant donné est égale au coefficient
angulaire de la tangente à la courbe de la fig. 3. La courbe des intensites ainsi
337 celui-ci sur
lui-même ;
parconséquent,
au delà dupoint A, origine
de la
partie rectiligne,
on asimplement
à tenircompte
des forces électromotrices de lapile
et du voltamètre.La courbe de
la fig. 3,
quel’expérience
nous adonnée,
fournitune mesure de la
charg-e
vraie nécessaire pourcommuniquer
auvoltamètre une force électromotrice
égale
à celle de lapile.
i ° Dans un certain nombre de cas, l’inclinaison de la droite AL
est
négligeable ;
parconséquent,
ladissipation
de lapolarisation
l’est
aussi,
et la valeur finale de l’ordonnéereprésente
exactemen tla
charge
vraie.2° Dans les cas où l’inclinaison de AL n’est pas
négligeable,
ona encore une valeur extrêmement
approchée
de lacharge.
Onpeut
voir d’abord facilementqu’on possède
deux limites decelle-ci,
l’uneinférieure,
l’autresupérieure.
Il estclair,
eneffet,
que l’ordonnée aA du
point A,
àpartir duquel
la courbe devientrectiligne, représente
lacharge vraie, augmentée
de laréparation
dela déperdition pendant
la durée de lacharge :
oA est donc une limiteobtenues est donnée par la fig. 4. L’ordonnée, après avoir diminué rapidement, at- Fig. 4.
teint au
temps oa
une valeur très petite, qui reste constante : c’est l’intensité du courant réparateur de la déperdition.Les aires de la courbe de la fig. 4 correspondent aux ordonnées de la courbe de la
fg. 3.
338
supérieure
de lacharge.
D’autrepart,
si nousprolongeons
ladroite AL
jusqu’à
l’ane des q, l’ordonnée àl’origine
oK de cettedroite est
égale
àaA,
moins ladéperdition
calculée autaux final, qui
est leplus
élevé dans l’intervalle detemps
oa ; oK est doncégale
à lacharge vraie, plus
ladéperdition pendant
lacharge,
moins une
quantité plus grande
que cettedéperdition :
c’est doncune limite inférieure de la
charge.
La différence de ces limitespeut
être réduite à un
minimum,
en diminuant autantqu’on
lepeut
la résistance ducircuit;
letemps
de lacharge
décroît en mêmetemps
et avec lui ladéperdition correspondant
autemps
de lacharge :
les deux limites données parl’expérience
se trouventainsi resserrées
(1 ).
J’ai réussi à aller
plus
loin encore et à démontrer que la lon- gueur oKreprésente
lacharge
vraie avec uneapproximation qui
Fig. 5.
n’est limitée que par les
imperfections
inhérentes à l’observation.(’ ) Si nous nous reportons à 1 analogie hydrodynamique déjà signalée précédem-
ment, nous voyons que la limite supérieure tLA correspond à la quantité totale de liquide qu’il a fallu verser dans le vase percé ponr élever le niveau à la hauteur
donnée, et que, d’antre part, la limite inférieure oK représente la quantité d’eau précédente, diminuée de l’eau perdue, en calculant celle-ci d’après la vitesse finale de la déperdition.
339 Si l’on détermine en effet la
longueur
0 lB.. comme il a été indi-qué plus haut, puis qu’on
intercale dans le circuitprincipal
desrésistances
variables, égales
à r, 2,3,
... fois la résistancepri-
mitive du
circuit,
on constate que laposition
dupoint
K ne variepas d’une manière
appréciable. Or,
si la résistance était extrême- mentpetite,
la courbe omAL se réduirait à deuxportions
recti-lignes
oma etal (fig. 5),
et 0xreprésenterait
exactement lacharge
vraie. Nous venons de voir que oK est sensiblement
indépendant
de la résistance : il en résulte donc que cette
longueur
ne diffèrepas de ox d’une
quantité appréciable
parl’expérience (’).
(t) Je donne ici un exemple pris an hasard (électrodes de platine dans une disso- lution de potasse caustique).
La résistance totale du circuit était iniér ieure à 3 ohms :
Les valeurs de o K ont été les suivantes :
Donc, en triplant la résistance, on a fait varier oK de .1. de sa valeur: eu égard Fig. 6.
aux erreurs expérimentales, nne variation de cet ordre doit être négligée et l’on doit prendre 232 pour la valeur de la charge, avec une approximation qui ne dépend que
340
La méthode que
je
viensd’exposer
fournit la valeur de lacharge
vraie pour une force électromotrice donnée : c’est tout ce
qu’il
est nécessaire de connaître pour l’étude de la
capacité
depolarisa-
tion.
Il me reste à
expliquer
commentj’ai
pu étudierséparément
lacapacité
de chacune des électrodes. J’aiemployé
à cet effet l’arti-fice
déjà
réalisépar M. Lippmann
dans son électromètrecapillaire;
cet artifice consiste à donner à l’une des
électrodes, A,
une surfaceextrêmement
grande
parrapport
à celle del’autre,
B : il résulte de cettedisposition
que lapetite
électrode B sepolarise seule,
attendu que la
quantité
d’électricitéqui
a suffi pour lacharger
nepolarise
pas sensiblement lagrande
surface. De cettefaçon,
on n’aà tenir
compte
pour levoltamètre,
dans la conditiond’équilibre
des forces
électromotrices,
que de lapolarisation
de lapetite
élec-trode,
lagrande jouant uniquement
le rôle de conducteur.CHAPITRE 1I.
DESCRIPTION DES APPAREILS ET DES EXPÉRIENCES.
I. Le
pendule. - L’organe
destiné àrégler
la durée de la fer-meture du circuit consiste en un
pendule,
dont latige
a Im, 7o delongueur
et dont la lentillepèse 7kg.
La lentille est accrochée avantchaque expérience,
defaçon
que lependule
fasse avec la verti-cale un
angle toujours
leméme ;
lependule porte,
enprolonge-
ment de l’axe de
figure
de latige,
unelanguette métallique
de l’exactitude des expériences. Une construction graphique peut suppléer au raison-
nement précédent. Portons sur l’axe des abscisses (fig. 6), à partir d’un point quel-
conque, les longueurs o, 6, i2, 32, ..., représentant le nombre d’ohms introduits dans le circuit; ea chacun des points élevons une ordonnée égale à la valeur de o K cor-
respondante, ce qui forme la courbe PQRS....
1 a valeur ox de oK pour une résistance infiniment petite du circuit est l’ordonnée de la courbe correspondant à un certain point de l’axe des abscisses, compris entre
le point o et le point situé à la gauche de o à la distance 3. Ou voit sur la figure
que, en raison de la faiblesse de l’inclinaison de la courbe dans le voisinage du point P, l’ordonnée cherchée ne peut différer de oP que d’une quantité pratiquement inap- préciable. Le bénéfice d’une extrapolation plus complète serait illusoire.
341
flexible, qui,
vers le moment oû lependule
atteint laverticale,
vient frotter contre un contact formé par une lame de laiton d’une
largeur réglée
à l’avance.On
conçoit
que, si lalanguette
est reliéeélectriquement
à rextré-mité x du circuit
(voir
lediagramme
de lafig. i)
et la lame àl’autre
extrémité B,
le courant passerapendant
letemps employé
par la
languette
à franchir la lame de contact. De là le moyen derégler
à volonté la durée du courant; ilsuffit
à ceteffet,
de déter-miner une fois pour toutes
l’angle
dedépart
etd’enlployer
deslargeurs
de contact om, o t ;0"1,
02 ; Om,03 ; 0m,04;
... ; les duréescorrespondantes
des contacts seront entre elles dans les mêmesrapports,
attendu que la vitesse dupendule peut
être considéréecomme constante dans le
voisinage
de sonmaximum, qui
corres-pond
à laposition
verticale( ’ ).
La valeur absolue destemps
decontact est, du reste, indifférente.
J’ai
découpé
une feuille de laiton defaçon
à réunir sur cettefeuille les différentes
largeurs nécessaires,
comme lereprésente
lafigure ci-jointe (fig. 7) (2).
Cette feuilleHK,
quej’appellerai feuille
depolarisation,
est fixée sur uneplaque
d’ébonite horizon-tale, pouvant
êtredéplacée
dans sonplan :
onpeut
ainsiproduire
à volonté le
glissement
suivant l’une ou l’autre des horizontalesX1,X1, X2 X2, X3 X3,
..., et obtenir les durées de contact 1, 2,3, ....
Comme
je
l’aiexpliqué
dansl’exposé
de laméthode,
il est né-cessaire de remettre, immédiatement
après
uneexpérience,
le vol-tamètre dans l’état
primitif,
autrementdit,
de ledépolariser
en lefermant sur lui-même
après
larupture
du circuit(fig. 2).
Ce ré-sultat a été obtenu en
complétant l’appareil
au moyen despièces
que
je
vais décrire.Sur la
plaque d’ébonite,
en avant de la feuille depolarisa-
tion
HK (3),
est fixée une seconde feuillemétalliques MN,
isoléede la
première
et àlaquelle je
donnerai le nomde feuille
(ledépo-
(1) La courbure de la trajectoire est également négligeable, eu égard au peu de
largeur des contacts et à la flexibilité de la languette.
(s) Les lettres de cette figure correspondent à celles des .¡¡g. 2 et 3.
(3) Les mots en apanl et en arrière se rapportcnt ici au sens (indiqué sur la figure
par une llèche) du mouvement du pendule lurs de la première oscillation simple.
342
larisation;
le bordpostérieur
de cette seconde feuille estdécoupé
de
façon
àprécéder
dequelques millimètres (y environ)
le bordantérieur de la feuille de
polarisation ;
la seconde feuille se pro-longe
en avant d’environ om,15,
etcommunique électriquement
avec celle des électrodes
qui
n’est pas reliéeélectriquement
auFig. j.
pendule (point
h dela .fig. 2). Enfin,
le crochet Cauquel
estsuspendue
la lentille avant sondépart
est lui-même relié à la feuillede
dépolarisation.
Il n’est pas inutile de faire remarquer que la
plaque
d’ébonitedépasse
en arrière d’environ0m, 01
i la feuille depolarisation, qui
est
noyée :
de cettefaçon
le contactélectrique
commenceréguliè-
rement, la
languette
étantdéjà pliée tangentiellement
contre laplaque
d’ébonite avant d’atteindre le métal.Les
largeurs
de contactétaient,
dans monappareil, 0m,010 ;
0m,015;
Om,020;0m,025; 0m,030; 0m,035; 0m,045; 0m,055; 0m,065;
la hauteur de la chute du centre de
gravité
dupendule
étaito"’,06.
Cela
posé,
voici les effets successifsqui
seproduisent
lors de lapremiére
oscillation.343
Jusqu’au
moment del’expérience,
lependule
étantaccroché,
lev oltamètre est fermé sur lui-même.
Lorsque
lependule
estlâché,
la communication fermant le vol- talllètre sur lui-même se trouve rompue, elle circuitprincipal
resteégalement ouverte, jusqu’à
ce que lalanguette atteigne
la feuillemétallique
des contacts ;A ce moment, le circuit
principal
est fermépendant
letemps
déterminé par lalongueur
choisie sur la feuille des contacts( ou
de
polarisation)
HK : lacharge
sejJrodllit.
Puis la
languette
arrive sur la feuille dedépolarisation 1BIN,
aveclaquelle
elle reste en contact indéfini.On
peut
alors accrocher de nouveau lependule
etprocéder
àune autre
expérience.
J’ai
supposé jusqu’ici
que le mouvement dupendule
était arrêtéune fois
qu’il
avait atteint laplaque
dedépolarisation.
Cette con-dition aurait pu être réalisée
effectivement ; j’ai
trouvéplus simple
d installer un
commutateur particulier,
renversé au dernier momentpar le
pendule,
et nloyennantlequel
celui-cipeut
continuer à osciller sansagir
ultérieurement sur les communications électri- ques. Jesupprime
ladescription
de cesdispositions,
d’un intérêtpurement technique.
II. Le voltamètre. L’une des électrodes est, con1nle
je
l’aiFig. 8.
expliqué,
trèsgrande
relata ement à l’alltle. Lapetite électrode, h,
est constituée par un fil
métallique,
scellé par en haut dans untube de cristal
(fig. 8).
L’électrodeplonge
dans leliquide
defaçon
344
que celui-ci
baigne
le tube de cristal : cettedisposition
a pour hut de délimiter d’une manière absolue la surface soumise à la po- larisation. Le fil estreplié,
afind’occuper
moins deplace.
La
grande électrode, A,
est formée par une feuille du même métal.A cette feuille est
lié,
sans soudure aucune, un fil forméégalement
du métal des électrodes et scellé dans un tube de cristal. Ce dernier
plongeant
dansl’électrolyte,
l’électrode est constamment immer-gée
dans sa totalité.J’indiquerai quelques dispositions particulières,
ainsi que les conditionschimiques
des électrodes et del’électrolyte, lorsque je
décrirai les
expériences
effectuées sur les différents corps.Le voltamètre est relié au reste du circuit par un commutateur
permettant
d’intervertir à volonté les électrodes.III. La
pile,
la déi-ivaliozi etla force
électromotrice. - Dans ladescription générale
de laméthode, j’ai supposé l’usage
d’unepile pouvant posséder
toutes les forces électromotricespossibles, depuis
o voltjusqu’à
environ 1 volt. Unepile thermo-électrique
pou- vaitremplir
cebut : j’ai préféré
faire usage d’une dérivation établieFig. 9.
sur le circuit d’un élément à sulfate de cuivre. Il est aisé de voir que, dans le cas
présent,
cesystème
de dérivationéquivaut
entiè-rement à
l’emploi
d’une force électromotriceproduite
par unepile
à circuit
simple.
Soient,
en effet(jig. 9),
o et o’ les n0153uds de ladérivation;
soitR la résistance de la
portion
de circuit0 Do’, ) compris
lapile D,
345 dont nous
désignerons également
par D la force électromotrice:soit P la force électromotrice
communiquée
par lapolarisation
auvoltamètre.
La condition pour
qu’aucun
courant ne circule dans legalva-
nomètre se déduit immédiatement de la loi d’Ohm et
s’exprime,
comme on
sait,
parl’équation
c’est-à-dire
qu’il
faut que la force électromotrice du voltamètre soitune fraction de la force électromotrice de la
pile,
mesurée par lerapport
de la résistance dusegment
omo’ à la résistance du circuit total D o’i7i o.Il résulte de là que les choses se
passent
conlme si l’on avait sur un circuitunique
levoltamètre,
legalvanomètre
et unepile
dontla force électromotrice serait réduite dans le
rapport indiqué.
Pour obtenir une force électromotrice
difl’érente,
il suffit de chan- ger lerapport r B+r .
A ceteffet,
l’un des noeuds o’ a étédisposé
de manière à
pouvoir
êtredéplacé
sur unrhéocorde,
comme le re-présente la fig.
9; lors dudéplacement,
R + r nechange
pas, etn seul est variable. J’ai
organisé l’appareil
de manière à donner facilement aurapport r R +r
une valeur choisie à volonté.Afin de diminuer la résistance du
circuit, j’ai employé
un élémentà sulfate de cuivre
ayant
une trèsgrande surface,
l’élément à formeplate
etplacé
dans une augecarrée,
mis en usage par sir "T. Thom-son.
IV. Le
galvanolnètre. -
J’ai fait usage d’ungalvanomètre
àdeux
aiguilles astatiques
et à fil gros et court( résistance, 2ohms, 03);
la lecture se faisait par réflexion. Un aimant
fixe,
con-,LlLuié par unpuissant
faisceaumagnétique placé
à umegrande
distance(1),
com-pensait
lemagnétisme
terrestre.V. lklai-che d’tine
expérience. -
Laplaque
d’éboniteayant
été(1 ) Installation recomnandée par M. du Boys-Peymond (Wied. Gall’.; âge’.
346
placée
defaçon
que la fcuille IIKprésente
au passage de lalanguette
lalargeur qu’on
achoisie,
et lepoids
étantaccroché,
l’observateur
place
l’oeil à la lunette dugalvanomètre ;
il tient enmème
temps
en main 1 extrémité d’un rubanattaché,
d’autrepart,
au crochetqui
main tien t lependule
soulevé. Une fois l’ai-guille
arrivée au repos,l’expérimentateur
tire le ruban et décroche ainsi lalentille;
aussitôt il voit passer devant le réticule les dis- sions de larègle :
il note la division extrêmeayant
atteint le réti- cule.Comme
je
lue suistoujours
servi de trèspetits angles (2°
ou 3"au
plus),
le nombre donné parl’expérience pouvait
êtreemployé
sans réduction aucune. On sait en effet que, si une certaine quan- tité d’électricité
produit
par son passage instantané dans ungalva-
nomètre un
angle d’impulsion o
cettequantité
d’électricité est mesurée par K. 2sin 2 (K
2 étant une constantedépendant
de l’iii-strument).
D’autrepart,
dans la méthode parréflexion,
on mesureK’
tang 2o ( K’
étant,également
une constanteinstrumentale).
L’angle ,
est ici trèspetit,
et l’onpeut remplacer sin o 2 par o 2
ettang 2o
par2o :
on obtient ainsi pour lapremière expression Ko
etpour la seconde
K’ Cf.
Les indications imnédiates de l’instrumentssont donc
proportionnelles
aux mesures vraies(’ ).
L’influence de l’amortissement
(Dampfung)
sur lesamplitudes d’impulsion
est de les réduire toutes dans le mêmerapport.
C’estce
qui
résulte du calcul fondé sur cefait,
que la forceretardatrice, provenant
tant de la résistance de l’air que desphénomènes
d’in-duction,
est àchaque
instantproportionnelle
à la vitesse angu- laire(2).
On n’a donc à tenir aucuncompte
de l’amortissement(*) L’erreur provenant de la substitution est insensible, comme je m’en suis rendu compte en calculant la correction au moyen de la formule connue (KOHLRAUSCH, Leit- fadeiz der prahtischen Physik):
où r représente la distance de la règle au miroir et n le nombre des divisions ob- servées dans la lunette, mesurées avec la même unité.
(2) ’-vil’ WEBLR, Galvan. Maassbestimmungen, et WULLNER, Experim. Physik.
347
tant
qu’il s’agit
de mesures relatives. Je montreraiplus
loinqu on
n’a pas non
plus
à en tenir compte pour les mesuresabsolues,
enemployant
la méthode queje
décrirai.VI.
Exemple
du calculcomplet relatif
à une détermination.- Je termine ce
Chapitre
par unexemple, pris
auhasartl,
d’unellétern1ination de la
charge B
raiecorrespondant
à une force électro-motrice donnée.
Fig. 10.
Electrodes de
platine
dans la potassecaustique; polarisation positive.
348
La courbe
représentative
estreproduite
ci-contre(fig. 10).
La méthode des moindres
carrés, appliquée
au calcul del’équa-
tion de la droite déterminée avec le
plus
deprobabilité
par lesquatre
dernierspoin ts,
donne pour cetteéquation
Le Tableau suivant
présente
lacomparaison
des nombres dé- duits de cetteéquation
avec les nombres donnés parl’expérience :
On voit que les différences entre les nombres calculés et les nombres observés sont extrêmement
petites.
Onpeut
doncprendre
pour la
charge
vraie le nombre18, 8587,
dont les troispremiers
chiffres au moins sont exacts.
CHAPITRE
III.APPLICATIONS DE LA MÉTHODE PRÉCÉDENTE; LOIS DE LA CAPACITÉ DE POLARISATION.
I. Le
rajJ/Jorl
de lacharge
à lapolarisation dépend
de laforce
électromotrice.- Définition
de lacapacité
pourune force
électromotrice donnée. - La
première application
de la méthodeprécédemment exposée
a été de rechercher s’il existait une capa- cité constante, c’est-à-dire unrapport
constant entre lacharge
etla force électromotricc de
polarisation.
Pour résoudre cette ques-tion, j’ai ajusté
la dérivation defaçon
àproduire
successivement différentes forces électromotrices déterminées.Puis, après
avoirmesuré la
charge
vraiecorrespondant
à chacune des forces élec-tromotrices, j’ai
construit une courbeayant
pour abscisses les forces électromotr ices depolarisation p
et pour ordonnées lescharges correspondantes.
349 Voici le résultat des
expériences
pour des électrodes enplatinc plongeant
dans de l’eau acidulée par l’acidesulfurique.
Lapetite
électrode étant soumise à la
polarisation positive (par l’oxygène, d’après
la dénominationusuelle),
lacourbe,
d’abord presque recti-ligne, acquiert
bientôt une courbure deplus
enplus marquée
et don tla concavité est tournée vers les ordonnées
positives ( fig.
11). Il n’y
Fig. 11.
a donc pas
proportionnalité
entre lescharges
et les forces électro- motrices depolarisation,
car alors lephénomène
eût étéreprésenté
par une
ligne
droite. Nous devons enconséquence généraliser
la no-tion de
capacité,
comme lesphysiciens
ontdéjà généralisé
cellesde
vitesse,
de coefficient dedilatation,
de chaleurspécifique,
etc.J’appellerai capacité
depolarisation
pourune force
électromotrice donnée la limite durapport
de l’accroissementàq
de lacharge
àl’accroissement Ap
de la force électromotricede polarisation, lorsque
ce dernier tend vers
zéro (’ ) ;
cette limite estégale
à la dérivéede q par
rapport
à p,q’p
oudq, dp dp et est représentée
par le coefficient angulaire
de la
tangente
à la courbe descharges.
D’après
la forme de la courbe pour le cas considéréci-dessus,
lacapacité
ainsi définie croîtlorsque p prend
des valeurscroissantes,
lentement
d’abord,
et ensuite deplus
enplus rapidement.
Jedonnerai en
particulier
à la valeur de lacapacité qui correspond
àh = o le nom de
capacité
initiale: elle estégale
au coefficient an-gulaire
de latangente
àl’origine
à la courbe descharges.
(1) La polarisation p est la différence entre la force électromotrice totale e et la force électromotrice avant la polarisation; il suit de là que 3e = -%p et de = dp.
350
Si l’on renverse les communications du voltamètre de
façon
que la
polarisation
de lapetite
électrode soitnégative (polari-
sation par
l’hydrogène)
on observe un résultatanalogue
aupré-
cédent. Pour nous conformer aux conventions
établies,
nousdevons
dans ce cas,
porter
les forces électromotrices depolarisation
versla
gauche
et lesquantités
d’électricité vers lebas, puisque
les uneset les autres sont
négatives.
La concavité de lacourbe,
d’aborddirigée
vers lehaut,
est ensuite tournée vers le bas(jig. 12). Il y
Fig. 13.
a
également
à considérer unecapacité initiale,
définie comme dansl’autre cas.
Les
expériences précédentes
ont été étendues enchangeant
lanature de
l’électrolyte
et celle desélectr odes ;
la forme des courbes n’a pastoujours
été la même que pour leplatine
dans l’eau aci-dulée,
mais en aucun casje
n’ai obtenu uneligne
droite. J’aurai à revenir sur la marche des courbes decharge; je
passe pour lemoment à
l’exposition
d’un résultatimportant qui
s’estprésenté
immédiatement.
II. Loi : La
capacité
initiales estinédépendante
du sens de lapolarisation.
-Après
avoir déterminé pour une électrode et unélectrolyte
donnés les deux courbes decharge correspondant aux
deux sens de la
polarisation,
il était naturel derapprocher
cesdeux courbes en les
rapportant
aux mêmes axes coordonnés. Cerapprochement
a mis immédiatement en évidence un fait remar-quable,
à savoir que les deux courbes se raccordentparfaitement
à
l’origine :
la direction de latangente
en cepoint
est la mêmepour les deux courbes
qui
viennent y aboutir(fig. 13).
351
Ce fait est
équivalent
à la loi suivante :Loi: La
capacité
initiale estindépendante
du sens de lapola-
risatioll. - La
polarisation doit,
parconséquent,
être considéréecomme un
phénomène continu, susceptible
de faire varier dans un sens ou dans l’autre la force électromotrice existant normalemententre l’électrode et
l’électrolyte.
Fig. 13.
Il
suffisait,
pour la vérification de cetteloi,
que lescharges
né-cessaires pour
produire
deuxpolarisations
trèspetites, égales
etde
signes contraires,
fussent elles-mêmeségales
en valeur absolue.Voici un
exemple, pris
auhasard,
serapportant
au casdéjà
citéd’électrodes de
platine
dans lapotasse caustique.
Lacharge posi-
tive pour une certaine
polarisation
trèspetite
a été18,85 (voir
àla fin du
Chapitre II),
et lacharge négative correspondant
à lapolarisation négative égale
en valeur absolue à18,89. L’égalité
de ces deux nombres est aussi
complète qu’on pouvait l’espérer.
J’ai,
du reste, vérifié la loi par ungrand
nombred’électrolytes
en
employant
successivement de l’acidesulfuriqme,
de l’acidechlorhydrique,
de l’acidenitrique,
concentrés ouétendus ;
des dissolutions desoude,
depotasse,
de chlorure desodium,
de sul-fate de