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Contribution à l'étude du métopisme

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Contribution à l'étude du métopisme

COMAS-CAMPS, Juan

COMAS-CAMPS, Juan. Contribution à l'étude du métopisme. Archives suisses d'anthropologie générale , 1942, vol. 10, p. 273-412

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:101687

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1 / 1

(2)

CONTRIBUTION

A L'ÉTUDE DU MÉTOPISME

JUAN COMAS

DocrEUR Ès scrpNcss

MEMBRT og l-'tNsttrur TNTERNATToNAL u'A.NtrRopot octe aNTrrRopolocrsrE au MUSÉE NÀTIoNAL Du MEXTBUD

GENÈVB

IMpxlMentr Ar-spnt Kunorc rg42

(3)

Extva'it d,es Archives suisses d'Anthropologie générale, Towe X, pp. 273 à 4tz

(4)

I

A

mon maître

le

professeur Eugène Prrreno Hommage de respectueuse admiration

et

de

profond attachement.

(5)

A

Marguerite Lobsiger-Dellenbach et

à

Georges Lobsiger,

en témoignage d'amitié

et

de gratitude.

Et

à mes camarades de laboratoire Hélène Kaufmann,

Marc-R. Sauter.

(6)

CHAPITRE PREMIER

Hrsronrgur

L'existence, ou plutôt la persistance, chez I'homme adulte, de la suture médio-frontale

qui unit

les deux moitiés de I'os

lrontal et

qui, normale- ment, disparaît dans

la

première enfance,

a

été notée dès

la

plus haute antiquité. C'est ce qu'ont signalé divers auteurs qui, depuis le xrxe siècle, se sont occupés de

la

question; mais, en général, aucun d'entre eux n'a

fourni, sur

ce

point,

des renseignements bibliographiques suffisamment précis. Une recherche dans la littérature ancienne a donc été notre première préoccupation, en abordant le problème du métopisme chez l'Homme.

HÉnororB (+8+-+zS av. J.-C.) ne donne pas la moindre indication relative à l'existence de la suture métopique. Dans son < Histoire >

(IX,

83), parlant de

la

bataille de Platée,

il

signale avoir observé

un

crâne sans sutures, comme un cas exceptionnel. C'est pour le moins une erreur de Bunsrnru (1936) de considérer Hérodote comme

le

premier auteur ayant constaté ce caractère spécial du crâne humain.

HrppocnatB (né vers 46o av. J.-C.)

dit,

de son côté:

<La

tête

a

cles

sutures, tantôt trois, tantôt quatre. Dans la tête à quatre sutures, une est

aux oreilles de chaque côté, une autre en avant, une autre en arrière: telle est la tête à quatre sutures. I-a tête à trois sutures en a une de chaque côté des oreilles et une en avant. Dans celle-ci, pas plus que dans la tête à quatre sutures, il n'y a de suture en travers. Ceux qui ont un plus grand nombre de

sutures

ont la

tête plus saine 1.,

AnrsrorB QB43zz av. J.-C.) écrit: <Le

total

du crâne est un os spon- gieux, formé en rond,

et

couvert d'une simple peau, sans chair.

On y

remarque des sutures; chez les femmes une seule est circulaire; chez les hommes trois qui se réunissent au même point > 2.

Et

plus loin: < Le crâne n'est pas le même dans tous les animaux: les uns, comme le chien,

l'ont

| (Duares cwr|lètes d,'Hd|pocrute, par E. Littré. ro vol. Paris, 1849. Vol. VI: Des lieux dans I'Homme, p. 286.

2 Anrsrorr: Hisloirc des Aniruaux, avcc traduction françaisc par M. Camus. paris, 1773. Livre I, chap. VII, p' 25.

I

(7)

6 ]UAN COÙIAS

d'une seule pièce, les autres

l'ont

de plusieurs, comme I'homme. Dans la femme, on ne

voit

qu'une suture circulaire, dans l'homme elles sont au nombre de trois qui se réunissent au sommet,

et

forment

un

triangle r 1.

L'examen attentif des textes de ces deux auteurs démontre clairement que, ni l'un,

ni

l'autre n'a eu la notion exacte de I'existence de

la

suture métopique. Les descriptions sont ambiguës, et par conséquent PontuBnor (1869)

et Paprrraurr

(1896)

ont

donné une interprétation

trop

large à I'expression

d'Aristote:

( sutures circulaires

r, en

prétendant que l'une d'elles serait

la

suture sagittale prolongée jusqu'au nasion.

CErsB (6o av. J.-C.)

dit:

< Une quatrième fsuture] qui

part

du sommet partage la tête en deux, et s'avance vers le front; elle se termine quelquefois en haut

du front;

quelquefois elle

le

partage en deux,

et vient

aboutir entre les deux sourcils > 2.

C'est

la

première indication précise que nous ayons rencontrée sur I'existence du métopisme.

PrrrqE t'ANcrcN

(4-79

ap.J.-C.)

fait

une observation analogue: <Chez un très petit nombre d'hommes le crâne se partage en deux sur le sommet de la tête r 3.

De son côté, GeueN (r3o-zro)

dit:

<Les sutures de

la

tête sphérique ressemblent au

X,

deux sutures seules se coupent,

la

suture transversale fcoronale] allant de l'une des oreilles à l'autre, la seconde, la droite [sagittale]

s'étendant

par le

milieu

du

sommet de

la

tête au milieu

du

front >. Si I'expression < au milieu du front > peut s'interpréter comme se référant à la suture métopique, nous voyons que la phrase n'a ni la clarté, ni l'exactitude

observée chez Celse a.

OnrnesB Qz5-4oo),

le

meilleur médecin de

l'antiquité

depuis Galien, ne

fait

que transcrire ce qui a été

dit

par celui-ci à. propos des sutures du crâne 5.

Nous ignorons ce qui a été connu

à

ce sujet au moyen âge. Les seuls renseignements que nous ayons pu recueillir remontent au xlve siècle.

Gui nB Cneurrac $342-47o)

écrit:

<

Il

faut pourtant savoir que I'on trouve parfois

le

coronal ffrontal] divisé

par

une suture passant

par

le milieu du front; ceci se trourre le plus souvent chez les femmes , 6.

I ldêrtu. Livte III, chap. VII, p. rg7.

! Tradustion des ouvrages d'Aurélius-Cornélius Celse, par N. Ninnin. z vol. Paris, 1253. Vol. II, livreVIII,

chap. I, p. 378.

s Hi,stoire naturelle de Pl,ire I'Ancien. Tradnction d'Ajasson de Grandsagne, ro vol. Paris, r83o. Vol. VIII, livre XI, chap. XLVIII, p. 99.

4 CDltorcs anaroniqws, physiologiques et nëdicales d,e Galien, -frad. de Ch. Daremberg. z vol. Paris, 1854.

Tome I, livre IX, chap. XVII, p. 604.

5 Couures d'Ofibqse. Imprimerie Nationale, Paris, r85r. Vol. III, livre XXV, pp. gq+-gq7.

8 Chilurgia MagM Gvùlonts de Gauli,aco. Lugdtni, r585. (Recompilation des travaux faits par Gui de Chauliac I'anûée 1363), p.27.

(8)

CONTRIBUTION A L,ÉTUDE DU MÉTOPISME

VÉsarn

$5t4-r56$, le

fameux anatomiste

et

médecin de Philippe

II,

augmente déjà les observations

en

donnant,

pour la

première fois, un pourcentage sur

la

fréquence du métopisme: (

Et

plusieurs prétendent à

tort

que c'est le propre de tous les hommes, d'autres des femmes; et alors nous avons remarqué, pas à la légère, que ceci se produit rarement chez les hommes, et jusqu'ici très rarement, et presque jamais chez les femmes.

Et

j'ajoute ceci, que de zo crânes que

l'on

trouve dans les cimetières, on en

trouve à peine deux sur qui l'os du front est divisé.

Et,

en général, on ne.

voit aucune différence, malgré l'opinion d'Aristote, qui se trompe tout à fait

Frc. r. -- Reproduction de deux crânes avcc suture métopique, d'après Vésale, r564, (Ofe/fr omnia enatunice et ahintrgi.ca, 1725.\

dans l'énumération des sutures, entre les hommes et les femmes dans cette partie r

t.

(Voir fig. r.)

PaxÉ (r5r7-.r59o), daus ses leçotts tl'anatomie, dit, en pallant des sutures:

< Tu trouveras aussi principalement que la suture sagittale descend jusques à I'harmonie ou conjonction des os du nez , 2.

IîarropB (1523-1562): <t

Et il

faut ajouter ceci que sur la tête saillante, la suture sagittale parvient parfois jusqu'au sourcil chez les mâles

et

même chez les femmes; et parfois elle coupe tout l'os du front, parfois depuis le milieu. Cependant il y a plusieurs crânes sur lesquels elle parvient au sourcil.

Et

elle ne diffère pas parce qu'elle appartient à un homme ou à une femme.

Cette autre suture sagittale divise toujours I'os du front chez les enfants

1 VESÀLrr, Andr€aei Operu orflnis analoffiica et chin+rgica. Lugduni Batavorùm, r?25. Tomus primus, libri primi, chap. VI, p. 22.

2 Les quorcs d'Ambroise Paù. Lyot, 164r, Livre V, chap. III, p. 106.

(9)

B JUAN COMAS

et

chez ceux

qui

ont une face aplatie

et

écrasée: chez ceux-ci elle reste jusqu'à la vieillesse

r

t.

fl

est intéressant d'observer que

I'on

considère comme persistante la suture métopique chez les enfants, et les personnes adultes < avec face aplatie

et

écrasée,. S'agit-il peut-être de

la

première hypothèse essayant de lier la brachycéphalie avec le métopisme ?

BenurN $55o-t624): < Une troisième [suture]

tout

au long de

la

tête,

x

Frc. z, - Reproduction de deux crânes avec-suture métopique, d'après Eustache, 1574.

(^LBrNri ErptiÇati,o I'abulantnt Anqtowdcenon Bartholonqai, Ettstacfuii, ,fZi.\-' '

divise les deux os du synciput [pariétaux]. Chez certains elle va jusqu'au nez, divisant l'os du front ,r 2.

EusrecnB, mort en 1574, nous donne déjà quelques planches de cranio- logie qui montrent avec assez d'exactitude l'existence et

la

conformation de la suture métopique (fr1. 2).Dans son

travail:

<< Opuscula anatomica,,

il

se livre à une critique sévère de ceux qui, sans ajouter une étude person- nelle, se

limitent

à transcrire les textes classiques d'Aristote

et

de Galien qui, par manque d'observation directe, sont erronés en ce qui concerne les sutures craniennes 3. Déjà vésale

avait fait

ressortir

l'erreur

d'Aristote sur ce point.

Rroreu

(t577-r657) donne des détails relatifs

à la

suture métopique chez le fætus, l'enfant et l'adulte. Nous citons trois de ses paragraphes les

1 FALLoPII, Gabriellis: Libntm Galeni d+ Ossibus Huic accessetant obseîaqtiones Anqtonicae eùçdetn autor.is.

Venetiis, r57o, p.30.

2 Beuurr, Gaspari: De Colboris Hlwar:i Fabr.ica._Basileae, 159o. Libri IIU, Liber tertius, caput IV, p. rS:.

^ 3

Pusracnlr_, Bartholomaei: O,uscula .4tualwica. Venetiis, .So.t; pp. r68-r7i.

- Benre*oi. Siesf.i"d-Àlbi;ri, Lxplrcatn pp,2o\-?o2,I qbularuw Analowicarurn Batholomaei Eustachii, Analonici SûmnL Leid,ae Bataioram, r774i

I

(10)

CONTRIBUTION A L,ÉTUDE DU MÉTOPISME

plus intéressants:

<La

sagittale

va

jusqu'aux narines, jusqu'à l'âge de 7 ans. L'os du front est séparé en deux parties r.

< La sagittale s'étend sur la longueur de la tête jusqu'au sommet du nez, toujours chez les petits enfants, même jusqu'à

Z

ans, parfois chez les hommes, plus souvent chez les femmes, malgré l'avis de Vésale; et parfois, chez les tout petits enfants, elle descend jusqu'au trou de la moëlle épinière.

l

< Des sutures bien connues,

il

est facile de distinguer les oS

du

crâne, qui s'élèvent au nombre de B; parfois, cependant, on en trouve 9:quandla suture sagittale s'étendant jusqu'au sommet

du

nez, coupe

le

milieu de

l'os frontal,

ce

qui

se présenle fréquemment sur les crânes des adultes.

Premièrement l'os Jrontal, distinct par une première suture commune et coronale, est parfois coupé en deux par une suture sagittale

qui

s'étend jusqu'au milieu du nez > 1.

Nous voyons donc que cet anatomiste, de même que Gui de Chauliac

et

en contradiction avec Vésale

-

-

considèrent le métopisme comme plus fréquent chez

la

femme que chez l'homme; question qui, même actuelle- ment, n'a pas été compiètement résolue.

Pour Ruvscn

(1638-173r) l'existence de

la

suture métopique chez le fætus ne

fait

pas de doute, bien

qu'il

ne mentionne pas qu'elle puisse persister chez l'enfant ou chez I'adulte: tt On peut

voir

que I'os du front est double chez le fætus humain r 2.

Même en plein xvrrre siècle et au commencement du xtxe, les références sur le métopisme ne sont ni aussi explicites ni aussi détaillées qu'on pouvait I'espérer, et elles n'offrent pas grande différence avec les indications données

par les anatomistes et les médecins des siècles antérieurs: la pratique de la dissection et de l'autopsie restait toujours difficile et dangereuse.

DrsprBn, en 1767,

disait:

<Cette suture fsagittale] dans les enfants a beaucoup plus d'étendue que dans les adultes; en eflet, elle commence précisément à la racine du nez, continue sa route en partageatrt le coronal en deux parties latérales égales, et va se terminer au milieu de la convexité de

la

suture lambdoïde. L'on observe assez fréquemment, même dans des sujets très avancés en âge, que la suture sagittale conserve la longueur que nous venons de désigner, et dans ce cas, l'os coronal est fait de cleux pièces > 3.

SoBuuBnnruc (r255-r83o): < Parfois une suture double divise

l'os

du front en deux parties, pour tout le ternps de la vie, que ce front appartienne

1 RroLANo, Ioanne: Sclolc analûnica. Noois et raris obserualipnibvs illuslrata. Geuevae, t6z4i pp.7o et 363.

- lo.: Enchiridium Analonitr4rn et Pothnlogicum. Editio secunda. Francofurti, 16?7. Liber I, chap, VIII, p. r8, Sur la figure 4 de la planche VIII on voit très clairement la suture métopique.

2 RuyscH, Frédéric: Thesaurus Anatmiu,s. Amstelaedami, r7o2i p. ?5.

3 DrsDrER, F.-M,: HiÂtodrc eracte, 01, descriftion conblète des os du coris htunain, z vol. Troisième édition.

Paris, 1762, Tome premier, p. 97,

I

(11)

10 JUAN COMAS

à un homme ou à une femme, qu'il soit haut ou bas, étroit ou large. Par conséquent, il y a deux frontaux, le droit et le gauche» 1.

A partir du milieu du xrxe siècle, le problème du métopisme commence à être étudié de façon plus approfondie et objective, donnant lieu à des statistiques de fréquence et à des théories que nous allons analyser.

Mais, avant de terminer ce bref résumé historique, qu'il nous soit permis de signaler· l'origine du mot « métopisme ,,. Jusqu'en 1875, la suture qui divise le frontal en deux moitiés égales, allant du nasion au bregma, n'avait pas de nom spécifique. Les divers auteurs la nommèrent successivement et même simultanément: << continuation de la sagittale» <<frontale», << hi­

frontale », « médio-frontale », et pour désigner les crânes métopiques il n'y avait d'autre terme que << crânes croisés,,, expression dérivant de la

<< forme en croix» de l'ensemble des sutures qui aboutissent au bregma.

Ces variétés d'expressions donnaient lieu à des confusions.

On doit à Broca la proposition, faite à la Société d' Anthropologie de Paris, lors de la session du 20 mai 1875, des noms <c sutures métopiques et crânes métopiques ", qui furent acceptés à l'unanimité et qui, plus tard, se sont généralisés jusqu'à être utilisés par tous les médecins, anatomistes et anthropologistes 2•

1 SoF.MMERRING, Th.-S.: l)e Corporr's Huma�ii fcibrica. Traiccil ud Meonum, r794. Tomus primus, p. 96.

2 BRor.A: cc Instructions crnniomùtriques �. Bulletfos de la 'oor'lrt d'Anthropologie de Paris, I875, pp. 362-364.

(12)

CHAPITRE

II

r. ANALYSE ET CRITISUE

DES enINCTeALES STATISTIQUES suR LE vÉroprsue.

Toutes les hypothèses et théories émises jusqu'à ce jour pour expliquer le métopisme

- et

que nous essayerons de résumer dans le chapitre sui-

vant

-

se basent naturellement sur

le

pourcentage de fréquence de ce caractère craniologique, en relation avec l'âge,

le

sexe,

la

race,

etc'

des

individus

qui

composent les séries étudiées. C'est pour cette raison que l'une de nos premières préoccupations a été cl'analyser d'une façon a.ppro-

fondie les statistiques les plus connues

sur

ce sujet.

Nous pouvons d'ores

et

déjà avancer que le résultat n'a pas été satis- faisant, c'est-à-dire que

la

majorité des résultats ne sont pas utilisables dans

leur totalité. Avant

d'entrer dans

la

critique détaillée de chacune de ces statistiques

et

avant d'exposer notre propre point de vue, voyons

un

peu quelles sont les caractéristiques que

doit

réunir toute statistique anthropologique pour être acceptée.

BRocA,

en

rB79 1, étudiant <

Les

moyeunes

et

variations craniomé- triques

r indiquait qu'il faut un

nombre suffisant d'observations pour permettre cle

tirer

d"es conclusions

de

portéc générale.

Il disait:

<Les

séries d.e moins de 2o crânes ne sont donc pas suffisantes >. Plus loin:

< Nous considérons

la

série

de zo

crânes comme suffrsante n. Plus loin encore, parlant des séries composées de crânes des deux sexes réunis,

il

signale que, pour le nroins, 4o crânes (soit zo pour chaque sexe) sont indis- pensables

et il

termine en déclarant textuellement: (

c'est le

chifire de

50

crânes

que j'ai

recommandé depuis longtemps,

non pas

comme

indispensable, mais .comme désirable r,.

Pour sa part, MaNouvnrEn considère que les chifires obtenus dans de nombreuses statistiques relatives au métopisme n sont entièrement dépour- vus de signitication, attendu qu'ils sont basés sur des séries

trop

faibles'

1 Pages 798, 799 et 8ro des Btçlletins de la Sociét4 d'Anthropologie de Paris, t879'

(13)

12 JUAN COMAS

Il

{aut savoir que la fréquence d'une exception ne se calcule pas sur 20 ou roo individus, comme la moyenne d'une dimension qui existe chez tous , 1.

Paprrraurr, en 1896, faisant l'historique du métopisme,

dit:

< La plupart

des opinions contradictoires que nous avons relevées sont dues à un nombre

trop

restreint d'observations, d'oir

l'on tire

cles moyennes fausses

et

des généralisations

trop

hâtives > 2.

Lr Dounrr,

en r9o3, insiste sur ce

point:

< C,est surtout

à

propos du degré de fréquence du métopisme que plusieurs anthropologistes n'ont pas craint de tirer, contrairement à toutes les lois de la statistique, des conclu- sions formelles de l'examen d'un nombre trop restreint de cas >. < J'insiste encore sur cette recommandation, mais pour la dernière fois: cles centaines de crânes sont nécessaires pour obtenir des moyennes à peu près fixes, et ce nombre doit être d'autant plus grand que Ia malformation est plus rare.

En anthropologie, la réalité ne répond pas à la théorie des probabilités s. >

ces

avertissements, venant d'anthropologistes réputés,

furent

certai- nement motivés par des faits comme ceux-ci:

canestrini, qui, en 1867, après l'examen de trois crânes rigures, pubria ses conclusions sur

la

fréquence

du

métopisme dans les races antiques;

ou welcker qui, sur la base de zo crânes métopiques masculins et 6 crânes métopiques féminins, se permit de déduire des généralisations sur des points d'importance capitale.

on

était en

droit

d'espérer que, dans res statistiques établies postérieu- rement,

la

valeur nurnérique des séries serait prise

en

considération !

Non seulement

il

n'en a pas été ainsi, mais encore on a commis

et

l'on commet d'autres erreurs

qui

faussent les résultats: double emploi de

faits semblables, manque d'homogénéité dans

la

composition des séries, mauvaises méthodes pour ordonner

et

interpréter les résultats,

etc.;

ces

erreurs nous

ont

obligé

à

une sévère révision des données publiées et souvent à l'établissement de nouvelles statistiques.

Nous a'alysons,

à Ia

suite, chacun des tabreaux d.onnant

la

fréquence du métopisme, établie lors des enquêtes les plus utilisées et les plus connues.

r. AlourcuNn

(rBB3).

rl

est permis de dire que cette statistique est celle qui a servi de base et de point de départ à tous les chercheurs qui se

sont, ultérieurement, occupés de ce problème.

Il

s'agit d'une vaste compi- lation, dans laquelle ne figurent pas seulement les résultats des étud.es personnelles de cet auteur, mais encore ceux d'autres chercheurs dont les

I Di,ctionnaite des Sci.ences akthrohologiques. paris, rg86-g9, p. ro3o.

?. * ".t:1"(, htëttpi(lue et ses ral>l>orts'aaec la morfhologde -.i."iri,r"ir, p. o.

3 Trailé des oariqtions des os tût crâne de |Houmq p,-r5r.

(14)

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU MÉTOPISME

I3

noms sont cités en regard

du

groupe humain correspondant.

Au

total, 54 séries dont:

4z sont constituées par un nombre d'individus supérieur à roo

6 ) ll ) ) ) ,,

coûlpris entre 50 et rOO

6 >) ) ) ) ) )) ) )> zoetso.

Au total

t6.43o sujets.

D'une manière générale, on peut admettre comme bonne

la

statistique d'Anoutchine, en ce

qui

concerne

le

nombre des séries

et

l'homogénéité raciale

-

ou, pour

le

moins, géographique

-.

des séries. Enfin, l,auteur nous donne

un

tableau-résumé

très

intéressant, mais

pour

l'utilisation duquel

il

faut tenir compte:

a)

qlue les renseignements

qui y

apparaissent sont ceux

du

tableau générâI, mais condensés;

à) que les ro.o78 Européens

-

avec B.7o/, de crânes métopiques

-

sont

inclus dans les rr.459 sujets de race blanche avec B.zo/o.

II.

ToprNeno, en 1885, nous donne une nouvelle statistique qui contient

les

séries d'Anoutchine, d'autres étudiées

par l'auteur, et,

finalement, quelques renseignements, que faute de précision sur leur origine, nous nous voyons obligé de considérer comme douteux et, pour autant, inutilisables.

Ainsi, par

exemple,

les

243 Auvergnats avec r.z.7o/o

de

métopisme ne

sont-ils pas, par hasard, les zz3 Auvergnats étudiés par Calmette

et

cités par Anoutchine trois ans auparavant ? Les

rrz

chinois attribués à calmette

et

autres, ne sont-ils pas peut-être déjà compris dans les

r44

Chinois qu'Anoutchine cite en les attribuant à Calmette, Davis, Flower et Welcker ?

N'en est-il pas de même des 377 P&uviens de Calmette et autres auteurs et des 565 Péruviens de Calmette, Davis

et

Flower (d'après Anoutchine) ?

Il

est évident que nos soupçorls, dans ces difiérents cas,

n'ont

pas pu être confirmés, mais désireux de travailler uniquement avec des données certaines, nous ferons abstraction des pourcentages de Topinard

qui

ne sont, probablement, qu'une simple répétition de ceux d'Anoutchine.

Nous en dirons autant de

Ia

statistique

de

MeNouvnrBn (1886-1889)

qui est presque la copie littérale de celle de Topinard.

III.

Les renseignements que nous donne

Paprrreurr,

sont

-

c'était à

prévoir

-

parfaitement utilisables:

Bo7

Parisiens avec

g.gr./" de métopisme 329 Parisiennes avec rr.B5o/u cle métopisme

étudiés

par

Papillault Iui-même.

(15)

r4 JUAN CO\,IAS

rooo

Portugais

des deux

sexes, étudiés

par Ferraz de

Macedo,

donnèrent n.Bo/o

de

métopisme chez

les

hommes

et g.3%

chez les

femmes.

IV.

Ls Douern, en r9o3 et 19o6, à côté des renseignements d'Anoutchine, de Topinard

et

de Papillault, nous donne sa propre série composée de zoo crânes de Parisiens.

Il

compare sa série à un seul groupe de +94 crânes français modernes (Calmette), alors qu'en réalité ce dernier auteur avait étudié trois séries indépendantes:

zz3 Auvergnats r37 Bretons r34 Basques

avec r3.go/o de métopisme

, 9.5o ) D (voir Anoutchine)

ù 5.2yo ) D

Malgré tout, Le Double n'utilise pas, pour les mêmes buts comparatifs, d'autres séries de Français (comme les 5ro Parisiens de Pommerol) utilisées

déjà par

Anoutchine.

Nous ne

pouvons deviner

quel a pu être

le

critère

scientifique

qui, en cette

occurrence,

incita Le Double

à grouper ces trois séries, d'autant plus que,

plus loin (pp. t54 et

r55)

il

se réfère, séparément, aux groupes de Basques

et

d'Auvergnats étudiés

par

Calmette.

V.

Rudolf MRnrrN (en r9r4, p.755; puis, dans l'édition de r9z8, p. 863,

qui

reproduit, sans aucune modification,

la

précédente) présente une

statistique de

la

fréquence du métopisme à propos de laquelle nous nous

voyons obligé de faire quelques réserves. Réunis

à

des chifires globaux transcrits d'après

le

tableau-résumé d'Anoutchine (Australiens, Mélané-

siens, Mongols, Nègres et Européens), il en donne d'autres qui correspondent

à la

statistique détaillée

du

même Anoutchine (Péruviens, Américains en général).

Et

même, pour les Malais, Martin donne

un

chiffre

qui

ne correspond pas au résumé, mais

qui

est

l'addition

de deux groupes de Malais. Pourquoi cet auteur n'adopte-t-il pas un système unique pour toutes ses citations ? On s'aperçoit

qu'il

n'a pas utilisé une méthode de travail précise

et

définie pour l'étude de cette question,

si

bien

qu'il

en résulte une grande difflculté

-

si ce n'est une impossibilité

-

à établir des compa-

raisons avec les données du Lelwbuch.

D'autre part une autre confusion provient du

fait

que certains groupes d'Européens,

par

exemple, sont déjà compris dans

les

ro.o78 individus étudiés globalement: par exemple, Bo9 Hambourgeois (Simon), 567 Alle' mands (Welcker), 2.535 Bavarois (Ranke), r.o93 Slaves (Griiber). Nous avons dit, en son temps, que la statistique d'Anoutchine est une compilation

(16)

CONTRII]UTION A L,ÉTUDE DU MÉTOPISME r5 ,et, à cause de cela, afin d'éviter toute ambiguité,

il

est nécessaire, lors de la ,citatiou d'une série, <l'adopter

un

mode de faire bien défini:

ou de donner uniquement les chiffres cl'Anoutchine,

ou bien ceux

du

véritable chercheur mentionné par cet auteur Mais, dans

le

même tableau,

il

importe

de ne pas inclure,

indiffé- remment, des renseignements détaillés

et

globaux

qui

se répètent partiel- lement.

Les r.336 crânes de Parisiens attribués à Papillault, par exemple, ne sont, en réalité, que r. 136 ; et il aurait fallu faire

-

comme l'auteur

-

la distinction

par

sexes, avec des pourcentages bien distincts.

En résumé, nous n'arrivons pas à comprendre l'idée maîtresse de R. Martin lors de l'établissement de sa statistique; à notre avis, les chiffres du tableau- résumé d'Anoutchine sont de

trop.

Ces chiffres ne peuvent que fausser

les totaux par

des répétitions;

ils

englobent des groupes raciaux très divers

et qui

ne permettent pas d'établir des comparaisons fructueuses;

de plus, nous ne voyons pas la raison qui pousse cet auteur à ne transcrire que partiellement les séries du tableau-résumé d'Anoutchine, en oubliant quelques-unes d'entre elles, vraiment intéressantes par le nombre d'indi- vidus

qui

les composent: les 223 Auvergnats (Calmette), les 386 Anglais (Williamson Davis), les r.545 Italiens du moyen âge (Regalia), etc.

VI.

La statistique de Surrrven (r9zz) complète celle donnée par Russell en rgoo, en ce qui concerne I'Amérique.

Il

s'agit, dans beaucoup de cas,

de séries très restreintes quantitativement, mais relatives à des individus

et à

des groupes humains proches,

tant

géographiquement que raciale- ment. Lorsque nous les reproduirons dans notre statistique, nous indique- rons

les

cas dans lesquels nous fusionnerons quelques-unes des séries,

tenant compte des groupes de crânes déformés,

et

même

du

type de la déformation,

afin

de ne pas inclure des groupes hétérogènes. Ce même

Sullivan a établi (p. zro) une carte avec la distribution géographique de ses

séries: Esquimaux, Côte

Nord du

Pacifique, Sud-ouest Nord-américain, Mexique, Région Pérou-Bolivie.

Et

nous en tiendrons compte.

VIL

CorBrrE, en 1935, place, à la page 376 de son mémoire, untableau de fréquence

du

métopisme dans lequel figurent 4o groupes humains; à

notre avis, ce sont des valeurs d'une importance relative:

a)

Parce

qu'il

ne donne que les pourcentages des diverses séries, sans

indiquer

le

nombre des crânes

qui

forment chacune d'elles;.c'est-à-dire

(17)

I6 JUAN COÀ{AS

qu'il

supprime

l'un

des éléments de jugement les plus srirs pour apprécier la valeur objective que la statistique peut mériter.

b) Parce

qu'il réunit

quatre groupes

qu'il a

étudiés personnellement

et

dont les caractéristiques sont:

z8g Bruxellois anciens 53 Néolithiques belges 3o Francs du ve siècle 16 Aymaras déformés

zo métopiques, soit 6

5 6

n.30Â

t6.60/o 37.0o6

Etant donné le nombre très faible des individus qui composent les deux dernières séries, nous ne pouvons les inclure dans une statistique digne de ce nom.

Et,

précisément, ce sont celles-ci qui présentent, dans le tableau de Colette, le pourcentage le plus élevé.

c) Indépendamment des renseignements d'Anoutchine transcrits par Colette

- et

des siens propres (utilisables seulement dans les limites que

je

viens d'exposer dans

le

paragraphe précédent)

'--

cet auteur cite des renseignements provenant d'autres anthropologistes,

que nous

ferons figurer dans notre statistique,

pour autant qu'il

nous sera possible de connaître le nombre d'individus dont se compose chaque série et seulement si ce nombre est supérieur à la limite minima que nous fixerons en temps voulu.

VIII.

BunsrErN (1935). Nous citons

cet

auteur parce que SlrseN

y

fait souvent allusion dans son travail, mais sans que nous puissions concéder à sa publication autre chose qu'une valeur très relative. Sans entrer dans l'analyse de ses conclusions sur les causes du métopisme, nous trouvons des

chiffres

dont la

signification est pour nous incompréhensible. Comment est-il possible,

par

exemple, d'admettre des valeurs de

t7o à r9o

mm.

pour exprimer le diamètre frontal, chiffres qui figurent dans son tableau 4 ? Et qu'entend l'auteur par indice céphalique quand

il

nous donne (tableau 5) des indices qui varient entre 36.6 et

p

? Quant aux quatre statistiques de fréquence du métopisme des pages 6 et 7, elles sont également inadmissibles;

elles sont une mauvaise copie des données d'Anoutchine

-

sans indication

sur leur auteur, ni sur le nombre de crânes de chaque série.

IX.

SrrsnN (tgSZ), de son côté (p.

r5r),

transcrit le tableau statistique de

R.

Martin, dont nous avons déjà

fait la

critique

-

à I'exception des

r.136 Parisiens de Papillault

et

des 2.535 Bavarois de Ranke, omis pour une raison que nous ignorons. Pour sa part,

il

ajoute quelques faits que nous estimons acceptables et.que nous utiliserons dans notre propre statistique:

(18)

CONTRIBUTION A L,ÉTUDE DU MÉTOPISÙIE r7 nous en exceptons deux séries attribuées

à Bolk

(Alsaciens

et

Ecossais)

parce que

le

nombre des crânes

qui

les composent

n'a

pas été iridiqué, de même que la série de 735 Suisses attribuée à Burstein, parce que cette dernière

traite

d'un groupe humain hétérogène

.--

racialement et géogra- phiquement

- (il y

a des Suisses alémaniques

et

italiens sans indication d'origine) ; également en ce qui concerne le sexe et l'âge, puisque hommes et femmes sont mélangés, de deux ans et demi à 78 ans !

X. La

statistique sur

la

fréquence du métopisme publiée par Asnrov- MoNrRcu, en rg37, méritera de notre

part un

examen plus serré, car

il

s'agit de la plus considérable en même temps que de la plus récente:

a)

Les tableaux étudiés jusqu'à présent étaient établis en vue d'ordonner les groupes humains, des vale*rs rnaxima aux valeurs minima

-

ou vice-

versa

_'-

(pourcentage de fréquence).

Nous critiquerons, en temps voulu, ce mode de faire, car rlous l,estimons peu adéquat; mais néanmoins,

il

ne laisse pas d'être d,une ordonnance logique.

Ashley-Montagu ne

le suit

pas, mais

il

n'ad.opte pas davantage une classitcation géographique

ou

raciale. Dans sa statistique

il

n'observe

pas

la

moindre méthode de classement:

il

semble que les groupes sont disposés au hasard, avec tous les inconvénients que ce procédé suppose

pour

ceux

qui

doivent l'utiliser.

b)

Il y

a des erreurs matérielles qui, de plus, altèrent les pourcentages 'de fréquence

et

qui, à cause de cela même, ont leur importance:

Les Etrusques étudiés par Cipriani sont au nombre de

ro

au lieu de 8:

c'est-à-dire que

la

proportion serait en tous cas de 3oo/o au lieu de SZ"/r.

(Chiffre qui nous a été confirmé par

le

Prof. Cipriani lui-même, que nous avons consulté.)

Les Parisiens de Papillault sont au nombre de r.136 au lieu de r.336.

Le pourcentage de g.9o/o attribué aux ro.ooo Parisiens des catacombes (Topinard) est en réalité de g.3o/o.

Les 5Br Grecs anciens de Koumaris, avec

6r

cas de métopisme,

so't en

réalité représentés

par

677 crânes, avec

68

métopiques.

La série de 4r ltaliens de Florence (xrve siècle), avec :.4.60/o de métopisme, attribués à Ashley-Montagu, est de source inconnue et nous ignorons quer anthropologiste

l'a

étudiée, car elle ne figure pas dans

le

tableau

XIV

de

la

page rB9, oir

l'on

décrit les différentes séries de crânes examinés par l'auteur alors mentionné.

c) une autre sérieuse objection

doit

être faite à cette statistique, celle

(19)

I8 JUAN COMAS

dé consigner des pourcentages pour des groupes composés d'un trop

petit

nombre

d'individus; de tels

pourcentages

n'offrent

aucune garantie !:

Exemple:

il y a

52 groupes avec

un

nombre de crânes inférieur

à

5o;.

24 groupes avec un nombre de crânes oscillant entre 5o

et

roo. C'est dire que la moitié au moins des résultats de cette statistique se révèle

inutili-

sable, si nous voulons appliquer un critère rigoureusement scientifique.

Il

y a des cas oir

il

est parfaitement légitime de réunir en une seule série les crânes étudiés par un même auteur dans la même région,

et

cela sans fausser les résultats. Nous l'avons déjà fait, en mentionnant la statistique de Sullivan, mais nous le répétons maintenant:

il

nous

a

paru légitime, dans un but comparatif, de réunir sous une même rubrique tous les crânes étudiés pas Ashley-Montagu, appartenant aux indigènes de diverses îles de Polynésie, puisqu'ils sont du même groupe ethnique et qu'ils proviennent d'une même région géographique.

Iit

nous ne croyons pas être en contra- diction avec ce que nous avons

dit

antérieurement en parlant du tableau- résumé d'Anoutchine

et

de la valeur réduite que nous

lui

attribuons.

D'autre

part, il

est parfaitement compréhensible que, dans beaucoup' de cas,

et

pour des groupes humains éloignés des centres cl'étude,

il

soit diffrcile, sinon impossible, de réunir toujours Lln matériel craniologique sufÊsant pour obtenir une série numériquement acceptable. Mais alors, dans ce cas, ce qui, à notre avis, doit être fait, c'est de simplement consigner les renseignements en attente, et de donner ainsi à d'autres chercheurs la possibilité de continuer plus tard des études sur ces mêmes groupes humains

pour

obtenir,

par un effort

réuni,

un

nombre suffisant d'observations,.

aux fins d'établir

un

pourcentage

qui

puisse être

pris

en considération.

d) Mais le reproche le plus sérieux que l'on puisse faire à Ashley-Montagu a

trait

à la fausse impression créée par sa statistique;

il

laisse croire que le.

rnétopisme

a

été étudié chez

un

nombre imposant de groupes humains,.

et

d'indiviclus, quand, en réalité,

il

n'en est pas ainsi. L'auteur nous dit que sa statistique embrasse r4o séries de crânes. Nous verrons immédiate- ment que ce chiffre est augmenté par la répétition, sous des noms

et

des formes distincts

-

et en les attribuant souvent à des auteurs difiérents des mêmes groupes humains. C'est ainsi

qu'il a utilisé la

statistique

-

d'Anoutchine de façon exagérée.

En

voici quelques exemples, parmi les.

plus typiques:

r. -

3oo Chinois, avec B.7o/o de métopisme (Anoutchine) et plus loin,.

6zr

Mongols avec 5.ro/o: or, les premiers sont compris dans

le

deuxième groupe.

(20)

CONTRIBUTION A L,ÉTUDE DU ]IIÉTOPISME

I9 z. -

424 Malais,

aec

12 crânes métopiques, soit z.8o/o (Anoutchine) ;

c'est le résultat de I'addition suivante:

De plus, les 9z Malais attribués à Welcker et cités par Ashley-Montagu, indépendamment des précédents,

ne

figurent-ils pas

parmi les

246 de Davis-Welcker; ils sont donc déjà compris dans les 424 ?

3. -

4.4oo Allemands

et

Suédois, dont 379 métopiques, soit 8.69/o (Anoutchine).

Ce chiffre se compose des séries suivantes, que I'auteur a réunies:

r7B Malais (Anoutchine) . 246 Malais (Davis, Welcker)

5

métopiques.

7\\

dont 7o métopiques, soit rz.3lo (Welcker)

567 69 r30 8og 2.535 290

Allemands anciens Allemands et Suédois Allemands actuels.

Allemands Bavarois Allemands

8

r5 76 r90 20 379

) ) )

tr.60/o 1r.50Â e.s%

- -o/

/ J/o 6.8%

(Davis) (Welcker) (Simon) (Ranke) (Leukart)

4.+oo 6%

Malgré cela, Ashley-Montagu répèteles séries de Welcker (567),deSimon (Bo9), de Ranke (z.SSS) et de Leukart (zgo) (et même

il

attribue cette der- nière à Welcker !).

4. - r.ro5

Français

et

Basques,

dont ro9

métopiques,

soit

g.go/o (Anoutchine).

Ce.

chifire est

composé,

par I'auteur, à l'aide

des différentes séries, d'Anoutchine:

3r métopiques, soit r3.9o/o (Calmette)

13 ) ) 9.5o/o(Calmefte)

7 ) ) 5.5o/o(Calmette)

58 ) ) 9.5o/o(Topinard)

r.ro-5 r09 9.9'Â

Mais

il

oublie d'inclure dans ce groupement

la

série de

5ro

Parisiens étudiés par Pommerol

et

citée par Anoutchine; par contre,

il

répète à la suite: 494 Français,

dont 5r

métopiques,

soit ro.3%

(Calmette) ce qui n'est autre chose que

la

somme des Auvergnats, Basques et Bretons que' nous vcnons de citer.

zz3 Auvergnats r37 Bretons r34 Basques 6r

r

Parisiens

5. -

+5o Turco-Finnois 45o Asiatiques-Caucasiens

dont 3o métopiques, soil 6.70/o (Ànoutchine),

) 30 ) ) 6.70/o (Anoutchine), dont

D D

)

(21)

20 IUAN COI{AS

Il

s'agit vraisemblablement d'une autre répétition,

vu

qu'Anoutchine ne donne dans sa statistique que les renseignements suivants:

372 Turco-Finnois 78 Turco-Finnois

dont z5 métopiques, soit 6.71o (Davis)

) 5 ) ) 6.7o/o(Welcker)

dont 136 métopiques, soit 6.8%

)30))O.l%

, 23 ) D r5.8oÂ

z.oo9 Russes 45o Turco-Finnois r45 Ralkaniques.

4.4oo Allemands et Suédois 497 Anglais actuels r.ro5 Français et Basques

r43 E,uropéens 450 3o

6.

-

z.oog Russes, dont 136 métopiques, soit 6.8% (Anoutchine). Série composée par Ashley-Montagu avec les groupes: Tumulus de Yaroslaw (rr4), Tumulus de la Russie du Sud (r75), Russes de Novgorod (rr4), Russes de Saint-Pétersbourg (r.og3), Tumulus de Moscou (r95), Anciens cimetières de Moscou (zg4) et Russes de Kazan (24), tous cités par Anoutchine.

Pour cette raison, consigner séparément, en

l'attribuant

à Welcker, la série de r.o93 Russes de Saint-Pétersbourg (qu'à leur

tour R.

Martin et d'autres attribuent

à

Grùber) c'est user deux fois des mêmes renseigne- ments, sans que le lecteur puisse s'en rendre compte,

7.

--

2.6c,4 Européens de I'Est, dont r89 métopiques, soit 7.3o/o (Anout- chine). Pour cette série, Ashley-Montagu a réuni les groupes suivants:

2.6o4 r89

7.3%

Nous voyons ici les groupes de Russes (z.oog) et de Turco-Finnois (45o)

déjà cités.

8.

-

7.924 Européens de l'Ouest, dont 7t7 métopiques, soit 9o/o (Anout- chine).

Pour cette série, Ashley-Montagu a réuni les groupes suivants:

t.777 Italiens dont 16r métopiques, soit 9.ro/o

379 45 r()9 r4 708

) ) )

8.6%

9.oo e.e%

9.7o/o (Welcker)

7.922 9'oo/o

On

voit qu'il y

a une légère différence, due certainement à une erreur

de

copie, car Anoutchine n'indique pas d'autres séries européennes qui puissent entrer dans ce résulrré sur l'Ouest européen (à l'exception des

(22)

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU MÉTOPISME 2I 5ro Parisiens de Pommerol avec 7.3o/o qtle

-

Pour des causes ignorées Ashley-Montagu ne transcrit pas). Donc, on le voit, ces7.g24ou7.gzzEuro-

-

péens de l'Ouest figurent comme une répétition inutile puisque l'auteur les

a déjà inclus sous une autre forme dans sa statistique.

g.

-

Pour augmenter encore plus, si possible, la confusion de ce tableau de fréquence, nous rencontrons un tableau intitulé:

ro.78r Européens, dont 938 métopiques, soit8.7o/o (Anoutchine) (parlant de

R.

Martin, nous avons déjà

dit qu'il

s'agit de ro.o78 crânes

et

non

de ro.78r).

A

ce propos,

il

arrive même clue quelques séries sont employées jusqu'à quatre fois, sous des aspects divers, sans que cette erreur apparaisse nette- ment; par exemple, les r.o93 Russes de Welcker figurent:

comme série indéPendante,

inclus dans les z.oo9 Russes d'Anoutchine, inclus dans les 2.6o4 Européens de l'Est, inclus dans les ro.o78 Européens en général'

Autre exemple, les 45o Turco-Finnois figurent:

sous le nom de Turco-Finnois, sous le nom d'Asiatiques-Caucasiens, inclus dans les 2.6o4 Européens de l'Est, inclus dans les ro.o78 Européens en général.

Et

nous pouvons en

dire

autant des 4.4oo Allemands

et

Suédois, des r.ro5 Français et Basques, etc.

ro. -

On observe également un manque d'unité dans la façon dont Ashley- Montagu transcrit les données de Sullivan; ainsi,

par

exemple, certains pourcentages sont copiés, d'autres sont oubliés, ou omis volontairement sans raison apparente (sont laissés de côté: trois séries de Bolivie, z6 rndiens nord-américains, des séries groupant 643 crânes, une série du Guatémala, etc.) . Nous remarquons que des groupes entiers sont repris avec détails malgré

le

nombre réduit d'individus

qui

les composent (comme cela arrive pour beaucoup de séries étudiées jusqu'à maintenant concernant laBolivie,le Pérou et I'Amérique du Nord) ; par contre, pour le Mexique, on a réuni neuf groupes, laissant cependant deux groupes indépendants (San Simon et Huichol).

La même chose se produit lorsqu'il utilise la statistique de Russell. Ashley- Montagu la transcrit seulement partiellement, laissant dans l'ombre, entre autres, la magnifique série de

r.tz7

Nord-Américains, avec t.to/o de méto- pisme.

(23)

22

JUAN COr\rAS

A q'oi

attribuer une pareille fantaisie ? Cela nous empêche d,accepter telles quelles les considérations d'Ashley-Montagu dans

le texte

de son

travail en les basant sur I'examen des séries de Sullivan. En temps opportun, nous insisterons sur ce fait.

rr. -

ces erreurs, et la fausse interprétation des matériaux utilisés pour étudier la fréquence du métopisme dans les diverses races humaines, sont encore plus évidentes dans le tableau

XVr. car

si I'auteur ne tombe pas

dans

la

grossière erreur

de

donner, comme distincts,

les

groupes déjà cités de l'Europe orientale, occidentale ou de l'Europe en général (corri- geant ainsi partiellement ce

qui a

été

dit

sur l'emploi quatre fois répété des mêmes données lorsque nous nous sommes rapporté au tableau XV), cependant, dans les chiffres totaux concernant les Français (r3.r35), Alle- mands (ro.oo8), Chinois (452), Mongols (z.7zr),

il y

a une erreur tangible, car dans ceux-ci sont inclues deux fois les séries auxquelles nous avons fait allusion d'une façon concrète dans les paragraphes

t,

3 et 4.

Enfin, nous ne comprenons pas la valeur du tableau

XVI

puisqu,il

se borne à résumer partiellement les faits du tableau

XV,

et encore avec des erreurs (il y a r.o3o Tchèques au lieu de r.ooo et de ce fait le pourcentage est de 7.go/o au lieu de 8.zo/o. Le pourcentage de rB5 crânes métopiques sur

z.7zr

Mongols est de 6.70/o au lieu de 6.50/". Le pourcentage de z crânes métopiques slrr 425 Australiens est de o.47o au lieu d,e o.zo/o.

Il y

a en

réalité 34J Indiens mexicains au lieu de S7S

et

par conséquent t.4o/o au lieu de t3o/o, etc.), et nous ne voyons pas les raisons d'un tel choix. pour- quoi n'a-t-on pas inclus les Malais

et

les Philippins

qui

figurent avec de nombreuses séries (respectivement 567 et 6tg individus) dans le tableau

XV

? Pour quelle raison cet auteur indique-t-il

un

groupe dénommé < Indiens sud-américains

)

avec

47

crànes,

dont 3

métopiques

(r3

Colombiens et 34 Brésiliens), oubliant des séries de Fuégiens et de Patagons (respectivement

4r

et zo crânes sans aucun cas de métopisme) ? Si

l'on

avait tenu compte des deux séries, le pourcentage du métopisme dans Ie groupe des Indiens de l'Amérique du Sud serait de 2.7o/o au lieu de 6.40/o.

D'autre

part,

Ashley-Montagu

n'a

pas compris dans

les

fndiens de

l'Amérique du sud cleux groupes

qui

apparaissent séparément: Boliviens (768 avec r55 métopiques)

et

Péruviens (r.4or avec a6 métopiques).

L'usage

du nom

< Indiens

de

l'Amérique

du

Sud

r sxigs

forcément I'inclusion, dans

le

même groupe, des trois séries mentionnées avec les corrections déjà signalées,

et

alors nous aurions:

2.277 Indiens sud-américains, dont r94 métopiques, soit 8.5o/o, au lieu

(24)

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU MÉTOPISME 23 de pourcentages aussi divergents, comme ceux de 2o.2o/o pour les Boliviens, 6.40/o pour les Indiens de l'Amérique du Sud et z.5o/o pour les Péruviens.

En

ce

qui

concerne les < Indiens de l'Amérique

du

Nord > notre calcul nous donne r.696 crânes au lieu de z.tg6, le nombre de métopiques étant en tous cas de 32; le pourcentage serait alors de t.go/o au lieu de r.5o/o.

Le pourcentage de métopisme pour le groupe de 33.442 Européens n'est pas de B.3o/o comme on l'indique, mais bien de 9.3%; nous ignorons com- ment I'auteur a obtenu le chiffre total indiqué pour les crânes.européens, lequel devrait logiquement coïncider avec la somme des séries européennes

partielles

qui

figurent dans le tableau

XV;

mais

il

n'en est pourtant pas ainsi: selon nos calculs,

la

somme des crânes européens s'élève à34.652, avec

3.r2r

métopiques,

et

nous avons,

par

conséquent,

un

pourcentage

d"

g'/".

Les objections faites aux deux statistiques d'Ashley-Montagu mettent en évidence la nécessité d'être très précis dans l'établissement de tableaux de fréquence, afin de ne pas induire le lecteur en erreur.

Le

nombre de

r4o groupes humains avancé par l'auteur, dans son travail, est alors très diminué.

2. STATISTI9UES PERSONNELLES.

Une fois achevée

la

critique des statistiques les

plus

connues

sur

la fréquence du métopisme, nous allons c1écrire les caractéristiques ou normes qui ont présidé à l'élaboration de notre statistique, dans laquelle, naturelle- ment, nous avons tenu compte des expériences acquises au cours de l'examen minutieux des autres travaux analogues, pour

y

apporter les rectifications nécessaires.

a)

Pour chaque série, et chaque fois que cela est possible, nous donnons:

le

nombre

total

d'individus, le nombre de crânes métopiques

et

le pour- centage. Le

tout

avec la distinction par sexes quand l'auteur a fourni ces détails.

ô) L'ordonnance des séries s'effectue selon un critère géographique qui, quoique imparfait, permet de trouver facilement

un

groupe déterminé' Nous estimons que l'arrangement tenant compte de la fréquence c1u méto- pisme est erroné,

et,

partant, complique

le travail

de ceux

qui

doivent, ultérieurement, utiliser ces éléments de recherches.

c) Nous tenons à une rigoureuse exactitude scientifique (pour les raisons exposées ci-dessus) et nous n'inclurons aucune série pour laquelle l'auteur

(25)

24 JUAN COMAS

s'est borné à donner un pourcentage sans préciser le nombre d'individus qui

lui

a permis de I'obtenir.

d)

Nous admettons comme limite minimwm de toute série le nombre de 25 crânes pour chaque sexe. C'est-à-dire que, quand une série sera inférieure à ce nombre, elles sera éliminée. Lorsqu'il s'agira de séries dans lesquelles la composition sexuelle n'est pas indiquée, le chifire minimum par groupe sera de 5o individus.

e) Comme

il

existe malgré

tout

de nombreuses enquêtes craniologiques portant sur un nombre restreint d'individus qui, si elles ne peuvent actuel- lement être utilisées au point de vue statistique, peuvent néanmoins servir de base à des études ultérieures, nous avons décidé de les consigner quand même, en vue de

leur utilité future

-

mais, naturellement, sans fixer

les pourcentages de fréquence du métopisme et sans en tenir compte dans les comparaisons et les conclusions que nous pourrons établir.

l)

Pour délimiter clairement

le

problème, nous n'inscrirons, dans nos propres séries (c'est-à-dire celles que nous avons examinées personnellement et celles qu'une patiente révision de travaux sur d'autres examens anthro- pologiques nous a permis de mettre en évidence) que les renseignements

rehtifs

à des crânes adultes, avec suture métopique complète

-

ou, pour

le moins, au 3/4 ouvette

-;

nous éliminerons les individus jeunes

et

les enfants, et tous les crânes

--

même adultes

-

qui présentent uniquement des restes de suture métopique qui, dans la plupart des cas, se réduisent à quelques millimètres de suture supra-nasale.

g) Comme d'habitude, à côté de chaque série, nous donnérons

le

nom de I'auteur qui l'a étudiée. Mais là oh les renseignements auront été obtenus indirectement,

et

spécialement pour ceux

qui ont trait à la

statistique d'Anoutchine

-

dont l'inexacte utilisation peut créer, comme nous l,avons

vu,

des erreurs dues

à

un emploi répété de données semblables,

et,

par conséquent,

de

fausses conclusions

-

nous donnerons I'indication sous

la forme illustrée par l'exemple ci-dessous:

rrr

Anglais, dont ro métopiques, soit 9o/o (Flower-Anoutchine), c,est-à-dire que nous inscrivons le nom du véritable enquêteur et, à la suite, en italique, le nom de l'auteur qui a procuré ce renseignement.

â)

puand une série résultera de

la

somme de divers groupes étudiés séparément, le

fait

sera clairement mentionné; et nous veillerons à ce que de tels cas soient exceptionnels; nous ne réunirons des données que lorsqu'il existera une véritable homogénéité raciale et géographique entre les crânes examinés.

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