• Aucun résultat trouvé

TOUJOURS MOINS À CEUX Q

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "TOUJOURS MOINS À CEUX Q"

Copied!
2
0
0

Texte intégral

(1)

L’US N° 630 • 22/12/2005

4

MÉTIER

MESSIEURS LES MINISTRES, VOUS AVEZ DIT 80 % EN CDI ? APPRENTISSAGE : UN RECUL HISTORIQUE !

T O U J O U R S M O I N S À C E U X Q

90,0 80,0 70,0 60,0 50,0 40,0 30,0 20,0 10,0 0,0

%

En emploi CDI

Non diplômés Brevet

CFG BEP ou

CAP Brevet

Professionnel Brevet de Technicien Bac

Professionnel BTS Niveau I et II (Licence et au-delà)

80,0 70,0 60,0 50,0 40,0 30,0 20,0 10,0 0,0

%

En emploi CDI Non

diplômés Brevet

CFG BEP ou

CAP Brevet Professionnel

Brevet de Technicien

Bac Professionnel

BTS Niveau I et II (Licence et au-delà)

D

ans leur communication, le Premier ministre, comme le ministre de l’Éducation nationale, prétendent que le taux d’insertion profession- nelle des jeunes qui ont reçu une formation en apprentissage est de 80 % en CDI. D’où tirent-ils ce chiffre ? Ce chiffre n’existe pas, et cette affir- mation est étonnante dans la mesure où l’État possède des organismes chargés d’évaluer les politiques scolaires, organismes très compétents et performants.

La direction des études et de la prospective du ministère de l’Éducation nationale publie régu- lièrement ses enquêtes sur l’insertion des jeunes sortis de formation. Elles montrent que le taux d’insertion professionnelle des apprentis est d’en- viron 10 points supérieur à celui des scolaires,

que six mois après la sortie de formation il culmine à 80 % tous contrats confondus et que le taux en CDI est au maximum de 45 % excepté pour les titulaires de brevet professionnel(1). Cette enquête confirme également que plus la qualification est élevée plus l’insertion est facile et que pour les titulaires de CAP, BEP, le taux est compris entre 50 et 60 %pour atteindre entre 70 et 80 % pour les diplômes du supérieur(2).

En fait, on sait bien que la première insertion pro- fessionnelle est la plus difficile. Pour l’essentiel, la meilleure insertion des apprentis provient du fait que l’apprentissage est un contrat de travail et que de fait les apprentis ont déjà franchi la première étape d’une insertion professionnelle. Ils ont notamment franchi toutes les discriminations à

l’embauche : les apprentis sont majoritairement de jeunes hommes (à 70 %), ils sont majoritairement blancs et ne possèdent pas de nom à consonance étrangère. Si le gouvernement voulait réellement améliorer l’insertion professionnelle des jeunes, il devrait réellement lutter contre ces discrimina- tions. Dans ce sens, la légalisation du « testing » peut être une bonne idée, mais encore trop timide face à l’ampleur des problèmes.

Thierry Reygades, thierry.reygades@snes.edu (1) Le BP ne se prépare que par apprentissage ou for- mation continue et il est centré sur des métiers bien définis.

(2) Tous ces taux sont donnés par rapport à une popu- lation effectivement sortie du système de formation.

Sortants d’apprentissage Sortants du lycées

Quelques données sur l’apprentissage

Sur les 360 000 apprentis, 180 000 préparent un CAP (70 % de l’ensemble des CAP), une diminution de 7 % en 10 ans

27 000 préparent un BTS (10 % de l’ensemble des BTS), une augmentation de 140 % en 10 ans.

Les taux d’échec, tous diplômes confondus, des apprentis sont de l’ordre de 30 %, compa- rables aux diplômes préparés sous statut scolaire. Mais ce chiffre ne tient pas compte des ruptures de contrats (environ 25 % dans les premiers mois).

Sept mois après avoir terminé leurs études, le taux d’emploi des apprentis est de 69 % contre 58 % pour les lycéens. Ceci est dû, en particulier, au fait que l’apprentissage est développé dans les secteurs de la production, qu’il y a corrélation entre développement de l’apprentissage et débouchés, que l’apprentis- sage est masculin aux deux tiers,

et que les jeunes victimes de ségrégation à l’embauche n’ont pas non plus accès à l’apprentissage.

L

a remise en cause de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans constitue un recul historique qui suscite l’incompréhension dans les autres pays européens. Même portée à 15 ans, cette mesure importée du passé ne correspond plus aux métiers actuels qui requièrent des savoirs et savoir-faire de plus en plus élevés.

Le message adressé aux jeunes des banlieues est clair : condamnés à des acquisitions réduites à un socle commun très étriqué, ils verraient leur avenir se limiter à une sortie précoce du système éduca- tif car ils auraient « vocation » à occuper des emplois précaires sous-qualifiés.

Le dispositif en 2 temps montre qu’il s’agit d’une véritable filière construite à partir de 14 ans. Dès la première année, les élèves quittent le collège pour suivre, en LP ou CFA, un « parcours d’initiation aux métiers » avec des stages en entreprise pouvant aller jusqu’à 26 semaines. La formation générale dispensée sera encore plus appauvrie que dans les actuelles CLIPA2 puisqu’elle se limitera au seul socle, en les privant de nombreux enseignements.

Comment croire qu’ils pourront accéder au premier niveau de qualification avec un tel parcours alors

que les programmes exigeants des CAP/BEP ne reposent pas sur ce seul socle ? C’est donc l’ex- clusion professionnelle et sociale qui se profile pour eux.

Alors que, jusqu’ici, la dérogation à l’âge légal de 16 ans était assujettie à la condition que le jeune ait achevé sa scolarité au collège, ce nouveau dis- positif conduit à la généralisation de l’apprentis- sage dès 15 ans pour tout jeune jugé « apte ».

Que deviendront les élèves jugés inaptes ? La réversibilité affichée par la loi n’est qu’un leurre.

Comment ces jeunes pourront-ils avoir acquis, en un temps réduit et avec une formation générale limitée, le niveau leur permettant de réintégrer avec succès une classe de collège ?

Ce sont les jeunes particulièrement fragiles, peu autonomes et rarement à même de faire un choix éclairé qui seront de fait concernés par ce dispo- sitif. Confrontés à des difficultés scolaires pour obtenir le diplôme visé, ils risquent d’abandon- ner, et de se retrouver ainsi déscolarisés Le texte ne prévoyant aucun verrou sur le nombre et le profil des élèves concernés, l’affichage du volontariat constitue d’autant moins une garantie

que la gratification promise peut séduire un certain nombre de familles confrontées à des difficultés sociales aggravées.

Tous les autres dispositifs dérogatoires actuels (Quatrième d’alternance,Troisièmes d’insertion...) sont maintenus en dehors des CLIPA. L’apprentis- sage junior va donc augmenter le volume du

« dérogatoire » et détourner des enseignements du collège une population encore plus nombreuse.

La loi Fillon organise le tri social et permet la recréa- tion de filières de relégation. « L’apprentissage junior » en est une bien sinistre illustration !

Monique Parra-Ponce

(1) 39 voix Contre, 12 Pour (dont le Medef, le SNALC et la CFTC) et 2 abstentions (CGC et CFDT).

(2) Classe d’initiation préprofessionnelle en alternance.

L’apprentissage dès 14 ans a provoqué un tollé quasi général dans le monde enseignant, mais aussi des réactions parfois critiques du côté patronal. Le dispositif « apprentissage junior » devrait se mettre en place malgré l’avis très défavorable du Conseil Supérieur de l’Éducation du 8 décembre

(1)

.

Age minimum Dispositif Type de format,ion « public » désigné et statut Lieu de formation

14 ans Parcours d’initiation Enseignements généraux, technologiques Elève volontaire LP ou CFA et pratiques + stages en milieu Formation alternée sous statut scolaire (= fin de la scolarité

professionnel (donnant lieu à une au collège)

« gratification » pour l’élève et un crédit Présence possible en entreprise jusqu’à d’impôt de 100 euros par semaine 26 semaines

pour l’entreprise).

Objectifs :

• acquisition du socle commun ;

• découverte de plusieurs métiers ;

• préparation de la formation en apprentissage.

15 ans Apprentissage Contrat de travail à 15 ans = Elève jugé « apte » à poursuivre ou CFA + entreprise fin de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans consolider l’acquisition du socle

par l’apprentissage ;

Formation alternée sous contrat de travail

En réponse à la crise sociale mise en évidence par la crise dans les banlieues, le Premier ministre a annoncé de multiples mesures. Loin de résoudre les problèmes sociaux majeurs qui touchent une partie importante de la population, elles vont aggraver la ségrégation sociale et les tensions déjà fortes, y compris au sein des établissements.

Dans la lignée de la loi Fillon, le ministre de l’Éducation nationale de Robien a présenté en urgence au Conseil Supérieur de l’Éducation, qui l’a rejeté, son texte sur « l’apprentissage junior » le 8 décembre dernier. Il s’agit de mettre en œuvre un tri social systématique. Au prétexte

Un service du SNES

L’image du monde

L’image du monde,de Newton à Einstein, (co-édition Vui- bert/Adapt, 18 €) vient d’être réédité. Avec son premier ouvrage, L’Image du monde, des Babyloniens à Newton, réédité lui aussi en 1999 (14,50€),Arkan Simaan brosse de manière très synthétique un panorama de l’histoire de la connaissance du monde et plus largement de l’histoire de la pensée scientifique, dans un style simple et agréable à la portée de tous.Une bonne idée de cadeau !

L’algèbre arabe

Mathématicien érudit, Ahmed Djebbar est en même temps un remarquable conteur. Il est professeur d’histoire des mathématiques à l’Université de Lille et spécialiste de la période médiévale arabo- andalouse. Il raconte ici com-

ment s’est développé l’algèbre du IXeau XVe

siècles au Moyen Orient,au Maghreb et en Anda- lousie.C’est tout un pan de l’histoire des mathé- matiques qui est évoqué en langage clair, avec des informations souvent inédites.

Vuibert/Adapt, juillet 2005, 224 pages, 25 € À commander à Adapt Éditions, 46, avenue d’Ivry, 75 647 Paris cedex 13, avec le chèque correspondant (port gratuit) ou sur le site www.adapt.snes.edu (paiement par carte sécurisé). Préciser «urgent», si c’est pour Noël.

(2)

5

POUR LE DÉVELOPPEMENT DES SÉRIES

TECHNOLOGIQUES : JOURNÉE D’ACTION EN FÉVRIER REFUSONS ENSEMBLE LE DYNAMITAGE DES ZEP

MÉTIER

5 Enseignements

artistiques

Tous les syndiqués des disciplines artistiques et les secrétaires de S1 viennent de recevoir les actes du colloque

« L’art, ça s’apprend ! L’art, ça s’enseigne ! » organisé en

février 2005 par le SNES et le SNEP.

Riche de réflexions, d’analyses, de propositions, ce document présente des pratiques de classe, des interventions de chercheurs, d’artistes, des tables rondes.

C’est un point d’appui pour mieux faire connaître nos enseignements, nos métiers, les différents domaines de recherche ; c’est un outil pour la réflexion et l’action syndicale.

Ce document ainsi que les textes intégraux des interventions sont téléchargeables sur le site des observatoires du SNES :

http://www.snes.edu/observ/spip/ rubrique enseignements artistiques. N’hésitez pas à les diffuser largement !

CO-Psy : les grandes manœuvres !

Le Premier ministre a décidé, sans aucune concertation, de « créer un service public de l’orientation » et de nommer un délégué inter- ministériel à l’orientation et à l’insertion, qui pourra s’appuyer à l’échelle régionale sur des comités régionaux de l’orientation et de la formation piloté par les recteurs avec l’aide des services de l’État. Une expérimentation doit être menée dans 4 académies (Bordeaux, Caen, Strasbourg et Versailles) au cours de l’année 2006.

De son côte le ministre des Collectivités territoriales a décidé de créer un CIO privé

« métiers – Publics » pour informer sur les métiers du secteur public, avec le concours d’une école privée de management ! Des entretiens et des bilans devraient y être proposés. Les grandes manœuvres ont donc commencé sur le champ de l’orientation.

Les annonces sur les ZEP ne prévoient aucune augmentation du nombre de CO-Psy mais leur plan de travail est établi entre janvier et mars.

Ils devraient voir en entretien, assistés d’un professionnel, tous les élèves de Quatrième, Troisième, Seconde et Terminale.

Manifestement les services sont dans l’œil du cyclone. Il nous faut nous rassembler rapidement pour débattre des perspectives pour la profession et des actions à mener. Le SNES propose donc une assemblée ouverte à tous les personnels, le 28 janvier à Paris.

Documentalistes

Si vous n’avez pas reçu la dernière US spéciale, nous pouvons vous l’envoyer. Vous pouvez la télécharger sur notre site

http://www.snes.edu/docs/spip/article.

php3?id_article=834 ;

Signez et faites signer notre pétition nationale http://www.snes.edu/docs/spip/article.

php3?id_article=833

C’est un moyen parmi d’autres de dire non aux dégradations constatées dans la plupart des académies et dont notre collectif national fera un bilan le plus précis possible. Nous avons déjà publié des informations sur un certain nombre d’académies.

Logement de fonction des CPE : la FSU s’adresse au ministre

Le secteur CPE vous avait déjà alerté sur la nouvelle réglementation financière. Le secrétaire général de la FSU a écrit à Gilles de Robien, le 5 décembre 2005, en rappelant certains des points déjà évoqués par nos soins : choix arbitraire présidant à l’assujettissement à la CSG, au CRDS et à la retraite additionnelle, ainsi que pour l’évaluation de la valeur à déclarer au titre de l’impôt sur le revenu.

« Le seul argument retenu, celui de la simplicité, revient à écarter sans autre examen l’évaluation forfaitaire basée sur un barème, lequel prend en compte les rémunérations de l’agent ».

Et de fait, ce choix a des conséquences financières importantes sur les intéressés, sans compter qu’un avantage en nature est lié à des contraintes. Gérard Aschieri a insisté sur les retenues opérées suite aux opérations de régularisation et a demandé que « les retenues soient suspendues afin que les modalités de détermination de la valeur de l’avantage logement fassent l’objet d’une concertation ».

En cas de problème rencontré, n’hésitez pas à saisir le secteur CPE du SNES (cpe@snes.edu).

U I E N O N T L E M O I N S

L’US N° 627 • 22/12/2005

D

es incertitudes fortes pèsent aujourd’hui sur l’avenir des séries technologiques : la mise en œuvre de la nouvelle série STG, cette année en classe de Première, confronte nos collègues à des difficultés tant sur les contenus que sur les procédures d’évaluation. La maquette du bac STG, avec une introduction de Contrôle en Cours de Formation en langue vivante, et l’absence de cadrage précis de ces évaluations sont inquié- tantes et ne permet pas une organisation péda- gogique adéquate.

En STI, STL, SMS, les projets de réforme de struc- tures et de programmes restent pour l’instant sous embargo. Les consultations des enseignants pré- vues initialement au premier trimestre n’ont pas eu lieu. Nous sommes face à un blocage politique et à une incertitude sur la volonté de développer les séries technologiques.

Afin de lever ce blocage, le SNES a décidé d’une campagne Pour le développement des séries technologiques.

Dans ce cadre, nous nous adressons au ministère, à la presse, et le SNES organise le jeudi 2 février 2006 une journée d’action avec une rencontre de tous les syndiqués disponibles au CEDIAS, 5, rue Las Cases, 75007 Paris, de 10 h à 17 heures.

Cette journée de mobilisation doit être une étape et nous permettre de peser sur les projets minis- tériels pour une prise en compte des spécificités de ces séries et la reconnaissance de leur place dans le système éducatif.

Merci de vous inscrire à cette journée sur enseignements.technologiques@snes.edu

Thierry Reygades, thierry.reygades@snes.edu

M TI

D

eux principes sous-tendent les mesures annoncées concernant les lycées : dérégle- mentation et partenariat. Déréglementation en donnant, par exemple, la possibilité aux élèves des « collèges ambition réussite » ayant obtenu une mention bien ou très bien au brevet de déro- ger à la carte scolaire et ainsi d’éviter le lycée de leur secteur.

Partenariat dans le cadre de la charte pour l’égalité des chances dans l’accès aux formations d’excel- lence en incitant 100 000 étudiants des grandes écoles et universités à s’engager dans l’accompa- gnement de 100 000 élèves de l’éducation priori- taire. Dans le même esprit, le Premier ministre avait, courant décembre, annoncé son soutien au projet d’un lycée expérimental pour les meilleurs élèves de l’éducation prioritaire ou à l’accueil de quelques élèves « méritants » dans des classes spécifiques de « grands lycées parisiens ». Le nombre d’« inter- nats d’excellence » serait doublé et celui des bourses au mérite passerait de 28 000 en 2005 à 10 000 en 2008, sans qu’aucune indication ne

ÉDUCATION PRIORITAIRE ET LYCÉES : DE MAUVAIS CHOIX

soit donnée sur le financement de ces mesures ! Ainsi le choix est fait de construire un système sur l’aide à l’individu jugé « méritant » au détri- ment de l’aide territoriale. Le SNES est porteur d’autres choix.

Un lycée expérimental peut se révéler être une solution ponctuelle à des problèmes clairement identifiés (élèves en très grande difficulté) quand elle s’accompagne de mesures permettant une évaluation régulière et évitant toute dérive. La prise en charge d’élèves de ZEP ne relève pas de ce type de dispositif. À l’opposé, au lieu de vider les établissements de leurs meilleurs élèves, il fau- drait leur permettre un meilleur fonctionnement en terme de structure (taille réduite des établis- sements, architecture, vie scolaire..), de qualité d’accueil (effectifs des classes, accès aux TICE, voyages linguistiques, ouverture culturelle et artis- tique…), d’encadrement pédagogique (diversité de l’offre de formation, travail en petits groupes, accès au CDI, et temps de concertation prévu pour les équipes pédagogiques et pluriprofes-

sionnelles…). Ce serait une piste beaucoup plus démocratique car elle concerne l’ensemble de la population scolaire, maintient une diversité sociale et peut s’appuyer sur une émulation qui n’est pas une compétition. La politique de développement de classes préparatoires dans des lycées de ZEP a montré qu’elle permettait de dynamiser ces éta- blissements et d’ouvrir des voies de promotion.

Ces classes permettent l’accès à des établisse- ments de l’enseignement supérieur qui offrent des débouchés valorisés à leurs étudiants, et créent, dans les lycées où elles sont implantées, des dynamiques de réussite et d’ambition.

Ainsi, les mesures annoncées ne régleront pas en profondeur le problème de la démocratisation de l’accès de tous à de hauts niveaux de qualifica- tion. Au-delà du devenir ou du parcours de quelques-uns, elles ne permettront pas de rompre avec des logiques de ségrégation qui enferment trop de jeunes dans des situations difficiles et ris- quent même de les aggraver.

Roland Hubert, lycees@snes.edu

Parmi les 5 chantiers annoncés par le Premier ministre pour répondre à la crise des banlieues, figurait le renforcement de l’aide aux ZEP.

C’est au contraire un véritable plan de dynamitage de la politique ZEP qui a été présenté par le ministre.

D

errière l’affichage de quelques mesures qui peuvent paraître a priori séduisantes, se pro- file en fait un profond bouleversement de la phi- losophie, des modalités et des objectifs de la poli- tique ZEP, dans le droit fil de la loi Fillon qui organise une école à plusieurs vitesses.

Aucun moyen nouveau n’est dégagé pour redon- ner du souffle aux ZEP ! 200 à 250 collèges qui concentrent le plus de difficultés seront ciblés pour figurer dans la liste des EP1 (dénommés

« ambition réussite »). Ils recevront davantage de moyens, mais par redéploiement, sur le dos de ceux (classés EP3) que le ministère a d’ores et déjà prévu d’éjecter en trois ans de l’éducation priori- taire (environ 500 selon Le Figaro). Entre les deux, les EP2 maintiendraient (mais pour combien de temps ?) leurs moyens actuels.

En outre, le ministère fait clairement le choix de passer d’une logique territoriale de lutte contre les inégalités à celle d’une individualisation des par- cours. Les mesures dites d’excellence pour quelques élèves supposés « méritants » (comme les bourses au mérite) ont pour corollaire une organisation profondément dérogatoire des ensei-

gnements pour les jeunes en difficulté, qui ne pourra mener qu’à l’éviction précoce du collège via notamment l’apprentissage junior (voir article page 4). L’accent mis sur le seul socle commun confirme bien le renoncement à amener tous les jeunes de milieu populaire à la réussite. Combien de ces élèves bénéficieront-ils encore de l’en- semble des enseignements ? Le droit de déroga- tion au secteur de recrutement des lycées pour les titulaires d’une mention B ou TB au brevet mani- feste une logique de ségrégation spatiale et sco- laire qui ne peut conduire qu’à transformer les ZEP en zones de relégation et à accentuer la ghet- toïsation des lycées. Le SNES demande au contraire l’implantation de BTS et de classes prépas dans les lycées de banlieue.

Sous couvert d’expérimentation, il s’agit aussi de multiplier les dérogations aux règles nationales. Les 1 000 enseignants « expérimentés » dont devraient bénéficier les EP1 seraient affectés sur des postes à profil permettant une définition locale de leurs missions et services (enseignants « spécialistes » du socle commun et du PPRE, services partagés

école/collège ou collège/lycée, introduction de la polyvalence par l’intervention possible de pro- fesseurs des écoles). Avantages de carrière et boni- fications de sortie ne seront pas de nature à sta- biliser les équipes. Le SNES demande au contraire une amélioration des conditions de travail (allé- gement des effectifs et travail plus systématique en groupes restreints, allégement des services et temps de concertation pour favoriser le nécessaire travail en équipe).

Renforcer l’autonomie des établissements ZEP tout en donnant plus de latitude aux chefs d’éta- blissements vise à accentuer le poids des hiérar- chies locales. De plus, la contractualisation des moyens tendrait à rendre les équipes responsables d’un éventuel échec et à légitimer à terme un retrait des moyens supplémentaires.

Ces annonces, qui n’ont fait l’objet d’aucune concertation préalable, devraient être discutées avec les organisations représentatives. Le SNES entend bien défendre une idée autrement plus ambitieuse de la politique d’éducation prioritaire.

Il appelle l’ensemble des personnels à se réunir dès la rentrée de janvier pour réagir aux mesures annoncées, à débattre de ses 17 propositions (sur www.snes.edu) et à interpeller le ministre. Les enjeux sociaux et culturels majeurs que constitue l’éducation prioritaire nécessitent une véritable concertation que seule peut permettre la tenue d’un « Grenelle des établissements ZEP ». Un 8 pages spécial sera diffusé début janvier pour aider à mener les débats dans leurs établisse- ments.

Bruno Mer, Monique Parra-Ponce

de résoudre les difficultés scolaires, on élimine dès 14 ans des élèves en difficulté, le plus souvent issus de milieux populaires !

Sous couvert de relancer les ZEP, le ministère vise à sortir un nombre important d’établissements de

l’éducation prioritaire. Enseigner, apprendre est déjà très difficile dans ces établissements, cela le

deviendra encore davantage si ces mesures se mettent en place.

Références

Documents relatifs

- Mise en concurrence des territoires, des établissements, des écoles : redistribution des moyens y compris dans les territoires ruraux (visée électoraliste/promesse de campagne)

L’éducation en entrepreneuriat et l’accompagnement des élèves et étudiants entrepreneurs sont annoncés de manière très optimiste et volontariste aux niveaux

The underlying neo liberal ideology, entrepreneurialism (Dejardin, & S. Luc, 2016), places entrepreneurship at the centre of a system of thought and action and establishes

Nous voulons tirer parti de notre présence au Conseil Municipal pour vous informer et vous donner l’envie de vous impliquer dans la vie de votre commune. Il est essentiel que

Tout en déployant les ressources d’Emploi Québec pour les soutenir, vous devrez aussi, dans des cas semblables, travailler de concert avec votre collègue ministre de l’Économie,

Nous avons, maintenant, retrouvé collectivement notre capacité financière pour mieux soutenir les secteurs qui nous tiennent tous à cœur comme l’éducation, la santé, le soutien

Pour sensibiliser les élèves au rôle de délégué, à ses droits et devoirs, leur faire comprendre le fonctionnement et l’enjeu d’un conseil de classe, on peut

- impossibilité de lire pour un médecin tous les articles de la recherche qui sortent dans le monde : l'IA peut sélectionner,