Leçon 243 : Convergence des séries entières, proprié- tés de la somme. Exemples et applications.
1 Définition et rayon de convergence
Définition 1. On appelle série entière (S.E.) une série de fonctions de la forme Panznavecz∈Cet (an) une suite dansC.
Lemme 2(Abel). Soit R=sup©
rÊ0|(anrn)bornéeª
∈[0,+∞]. Alors :
— si|z| <R, la sériePanznconverge absolument.
— si|z| >R, la sériePanzndiverge grossièrement.
Le nombre R est appelé rayon de convergence de la série.
Exemple 3.
1. série géométriquePzn,R=1.
2. Panznoùanest lan-ième décimal dep 2,R=1.
Proposition 4(critère de D’Alembert). Si|aan+1n | →λ∈[0,+∞]alors R=1λ(avec comme convention10= ∞et∞1 =0).
Exemple 5.
1. exp(z)=Pzn
n!,R= +∞. 2. P
n!zn,R=0.
Proposition 6(critère de Cauchy). Si|an|1n→λ∈[0,+∞]alors R=λ1. Proposition 7(formule de Hadamard). R1=lim sup|an|n1
Exemple 8.
1. P
ensin(n)zn,R=e−1.
2. siPanzna pour rayon deCV.RalorsPanz2na pour rayon deCV.p R.
Remarque9. Comme lim inf|aan+1n | Élim sup|an|n1 Élim sup|aan+1n |, si le critère de D’Alembert s’applique alors le critère de Cauchy s’applique aussi.
2 Régularité de la somme dans le disque de conver- gence
Proposition 10. SoientPanznde rayon Ra,Pbnznde rayon Rbetλ∈C.
1. La S.E.P(an+bn)zna pour rayon deCV. Ra+bÊmin(Ra,Rb)avec égalité si Ra6=Rb. De plus,∀|z| <min(Ra,Rb), on a
+∞X
n=0
(an+bn)zn=
+∞X
n=0
anzn+
+∞X
n=0
bnzn
2. La S.E.Pλanzna le même rayon deCV. quePanznet∀|z| <Ra, on a
+∞X
n=0
λanzn=λ+∞X
n=0
anzn
3. Soit cn =Pn
k=0akbn−k, on appelle produit de Cauchy des sériesP anzn et Pbnznla S.E.P
cnzn. Son rayon deCV. vérifie RcÊmin(Ra,Rb)et pour tout
|z| <min(Ra,Rb), on a
+∞X
n=0
cnzn= µ+∞
X
n=0
anzn
¶
· µ+∞
X
n=0
bnzn
¶
Ainsi, l’ensemble des S.E. de rayon deCV.ÊR est une algèbre surC.
Exemple 11.
1. (1−z)×Pzn=1 pour tout|z| <1. On voit ici queRa= ∞,Rb=1 etRc= ∞. 2. Soit Panzn de rayon deCV.R et An =Pn
k=0ak. Alors ∀|z| <min(1,R), P+∞
n=0Anzn=1−z1 P+∞
n=0anzn. On considère à présent une S.E.P
anznde rayon deCV.Ret on note f(z) sa somme pourz∈D(0,R).
Proposition 12. La sériePanzn converge normalement sur tout compacte de D(0,R). En particulier, f est continue surD(0,R).
Définition 13. On appelle série dérivée dePanzn la S.E. P
n>0nanzn−1. Son rayon deCV. est le même que celui dePanzn.
1
Proposition 14. f estC–dérivable surD(0,R)et f0(z)=P+∞
n=1nanzn−1.
Corollaire 15. f est indéfinimentC–dérivable surD(0,R)et∀n∈N, an= f(n)n!(0). Corollaire 16. f admet une primitive surD(0,R)donnée par F(z)=P+∞
n=0anzn+1n+1. Exemple 17.
1. log(1+x)=
+∞X
n=1
(−1)nxn
n sur ]−1, 1[.
2. arctan(x)=
+∞X
n=0
(−1)nx2n+1
2n+1sur ]−1, 1[.
Définition 18.SoitUun ouvert deR(resp. deC) etf :U→C. On dit quef est dé- veloppable en série entière (D.S.E.) enx0∈Us’il existe une S.E.Panznde rayon deCV.R>0 telle que∀x∈U,|x−x0| <R, on af(x)=P+∞
n=0an(x−x0)n.
Sif est développable en série entière en tout point deU, on dit quef est analy- tique surU.
Théorème 19. Les série entières sont analytiques dans leur disque de convergence.
Corollaire 20. Si U est un ouvert deRet f est analytique sur U alors f estC∞et les coefficients de son D.S.E. en chaque x0∈U sont donnés par an=f
(n)(x0) n! . Remarque21. SurR, C∞6⇒analytique, par exemplef(x)=
½ e−1/x x>0 0 xÉ0 . Théorème 22. Soit U ouvert deRet f C∞sur U . Alors f est analytique sur U ssi
∀x∈U,∃V∈V(x),∃R,M>0,∀y∈V,|f(n)(y)| Én!RMn.
Application : Résolution d’E.D.O linéaires. La solution générale de l’équation x y00+(x−2)y0+2y=0 esty(x)=α(1−x−x22)+βe−xoùα,β∈R.
3 Holomorphie et séries entières
Définition 23. SoitUun ouvert deCetf :U→C. On dit quef est holomorphe surUsif est continumentC–dérivable surU.
Théorème 24. Si f :U→Cest holomorphe alors f est analytique sur U . Exemple 25. D.S.E. des fractions rationnelles en 0.
Corollaire 26.
1. Si f :U→Cest analytique et ne s’annule pas sur U alors 1f est analytique sur U .
2. La composition de deux fonctions analytiques est analytique.
3. Si f :U→f(U)⊆Cest holomorphe et bijective alors sa réciproque est holo- morphe (conséquence du théorème d’inversion locale). Donc si f est analy- tique et bijective, son application réciproque est encore analytique.
Théorème 27(zéros isolés). Si f :U→Cest analytique non identiquement nulle et si z0∈U tel que f(z0)=0alors il existe V voisinage de z0tel que f ne s’annule pas sur V\ {z0}.
Théorème 28(principe du prolongement analytique). Soit U ouvert connexe de Cet f :U→Canalytique. Les conditions suivantes sont équivalentes :
1. f est identiquement nulle sur U .
2. f−1({0})possède un point d’accumulation dans U . 3. ∃z0∈U tel que∀n∈N, f(n)(z0)=0.
Théorème 29(formule de Cauchy). Soit f :U→Canalytique et soient z0∈U et r>0tels queD(z0,r)⊆U . Alors pour tout n∈N, on a
f(n)(z0) n! = 1
2iπ Z
C(z0,r)
f(z) (z−z0)n+1dz
Corollaire 30(inégalités de Cauchy). |f(n)n!(z0)| Ér−n max
|z−z0|=r|f(z)|
Théorème 31(Liouville). Si f est analytique surCet bornée alors f est constante.
Corollaire 32(théorème de D’Alembert–Gauss). Tout polynôme P ∈C[X]non constant admet une racine dansC.
2
Théorème 33(Formule de Parseval). Soit f :U→Canalytique et soitD(z0,r)⊆ U , alors :
+∞X
n=0
¯
¯
¯
¯ f(n)(z0)
n!
¯
¯
¯
¯
2
r2n= 1 2π
Z 2π 0
¯¯f¡
z0+reiθ¢¯
¯
2dθ
Exemple 34. SiPanznde rayon deCV.RÊ1 est bornée sur D(0, 1) et si∀n∈N, an∈ZalorsP
anznest un polynôme.
4 Comportement sur le bord du disque de conver- gence
Théorème 35(Abel non tangentiel). SoitP
anznune S.E. de rayon deCV. R=1et soit f sa somme. Pourθ0∈[0,π2[, on définit le secteur angulaire
∆θ0=D(0, 1)∩ n
1−ρeiθ
¯
¯
¯ρ>0,|θ| Éθ0
o
Si la sériePanconverge alors lim
z∈∆z→1θ0
f(z)=
+∞X
n=0
an.
Exemple 36.
1. log(2)=
+∞X
n=1
(−1)n n 2. π
4 =arctan(1)=
+∞X
n=0
(−1)n 2n+1
3. SoientPan etPbn deux séries convergentes et soitPcn leur produit de Cauchy. SiPcnconverge alors
+∞X
n=0
cn= µ+∞
X
n=0
an
¶
· µ+∞
X
n=0
bn
¶
Remarque37.
1. La réciproque est fausse, par exempleP
(−1)nxn→12maisP
(−1)ndiverge.
2. L’hypothèsez ∈∆θ0 est indispensable. Par exemple, pour la série entière f(z)=P
n>0−z(3n)+z(2·3n)
n ,f(1)=0 mais∀p∈N∗,|f(rexp(iπ3−p)|n’est pas borné lorsquer→1.
Théorème 38(Taubérien faible). SoitPanzn une S.E. de rayon deCV. R=1et soit f sa somme. On suppose qu’il existe S∈Ctel quelim
x→1x<1
f(x)=S. Si an=o(1/n) alorsP
anconverge vers S Définition 39. SoitP
anznde rayon deCV.Rfini et soit f sa somme. Un point z0∈C(0,R) est dit régulier sif admet un prolongement analytique sur un voisi- nage dez0. Sinon, il est dit singulier.
Remarque40. convergence sur le bord6=régularité, par exemplePzn,P zn n+1et P zn
(n+1)(n+2).
Proposition 41. Toute série entière de rayon R fini admet un point singulier.
Théorème 42 (lacunes de Hadamard). Soit (λn) suite dans N∗ telle que λn+1Êαλn avecα>1. SoitPanzλn de rayon R fini. Alors tout point du bord du disque de convergence est singulier.
Développements
1. Théorèmes d’Abel non tangentiel et Taubérien faible.[35]
2. Théorème des lacunes de Hadamard.[42]
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Annexe Références
— BECK, MALICKet PEYRÉ,Objectif agrégation.
— DANTZER,Mathématiques pour l’agrégation, analyse et probabilités.
— GOURDON,Les maths en tête, analyse.
— QUEFFÉLECet ZUILY,Analyse pour l’agrégation.
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