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Alg` ebre et analyse ´ el´ ementaires II Alg` ebre lin´ eaire

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

Alg` ebre et analyse ´ el´ ementaires II Alg` ebre lin´ eaire

Op´ erateurs lin´ eaires

Nous allons commencer par d´ efinir cette notion g´ en´ erale (il s’agit d’´ etudier les applications entre espaces vectoriels qui ”respectent” cette structure d’espace vectoriel).

1 Applications lin´ eaires.

On se donne deux espaces vectoriels (r´ eels) E = R

m

et F = R

n

. Rappelons que l’on appelle application f de E dans F le fait d’associer ` a tout vecteur u de E un vecteur v de F , not´ e en g´ en´ eral f (u) .

D´ efinition 1.1. On dira que l’application f de E dans F est lin´ eaire si l’image par f de toute combi- naison lin´ eaire est cette combinaison lin´ eaire des images :

∀(λ

1

, λ

2

) ∈ R

2

, ∀(u

1

, u

2

) ∈ E

2

f (λ

1

u

1

+ λ

2

u

2

) = λ

1

f (u

1

) + λ

2

f (u

2

) .

On notera L(E, F ) = L( R

n

, R

m

) l’ensemble des applications lin´ eaires de E dans F . On parle ´ egalement d’op´ erateur lin´ eaire ou de morphisme.

Exemple 1.2. L’application nulle (qui ` a tout vecteur u de R

m

associe le vecteur nul de R

n

) est

´

evidemment une application lin´ eaire. L’application qui, au vecteur u = (x, y) de R

2

associe le vec- teur f (u) = (x + y, x − y) de R

2

est une application lin´ eaire de mˆ eme que celle qui associe ` a ce vecteur de R

2

le vecteur g(u) = (x + y, x, x − y, −y) de R

4

.

Remarque 1.3. On a imm´ ediatement les propri´ et´ es suivantes :

— Pour toute application lin´ eaire f de E dans F f (0) = 0 ; En effet on a

∀u ∈ E f (0

E

) = f (0u) = 0f (u) = 0

F

.

— Pour toute application lin´ eaire f de E dans F

∀u ∈ E , f(−u) = −f (u) ; En effet

∀(u) ∈ E 0

F

= f (0

E

) = f (u − u) = f (u + (−1)u) = f(u) + f (−u) .

— Pour toute application lin´ eaire f

∀r ∈ N

, ∀(λ

1

, . . . , λ

r

) ∈ E

r

, ∀(u

1

, . . . , u

r

) ∈ E

r

, f

r

X

i=1

λ

i

u

i

!

=

r

X

i=1

λ

i

f (u

i

) ;

il suffit en effet de raisonner par r´ ecurrence sur le nombre r de vecteurs de cette combinaison lin´ eaire.

D´ efinition 1.4. Soit E = R

m

un espace vectoriel r´ eel. On appelle forme lin´ eaire sur E toute application lin´ eaire de E dans R . On note L(E; R ) l’ensemble des formes lin´ eaires.

Exemple 1.5. L’application qui, ` a u = (x

1

, . . . , x

n

) de R

n

, associe l(u) = P

m

j=1

x

j

est une forme lin´ eaire. Mais on pourrait affecter de coefficients arbitraires chaque x

j

et associer ` a u l’expression P

m

j=1

α

j

x

j

.

(2)

D´ efinition 1.6. Soit E un espace vectoriel r´ eel. Une application lin´ eaire de E dans E est appel´ ee aussi endomorphisme de E . On note alors L(E) ou End(E) l’ensemble correspondant.

Exemple 1.7. L’application Identit´ e qui associe ` a tout vecteur u de R

m

lui-mˆ eme est ´ evidemment lin´ eaire.

Exemple 1.8. Donnons des exemples d’application lin´ eaires dans l’espace S des suites num´ eriques r´ eelles. L’application f qui, ` a toute suite u , associe la suite v = f (u) d´ efinie par

∀n ∈ N v

n

= u

n

+ u

n+1

est une application lin´ eaire. De mˆ eme l’application g qui, ` a toute suite u , associe la suite v = g(u) d´ efinie par

∀n ∈ N v

n

= u

n+2

est une application lin´ eaire (op´ erateur de troncation). Il est donc donn´ e par u = (u

0

, . . . , u

n

, . . .) 7→ (u

2

, . . . , u

n+2

, . . .)

et consiste donc ` a ”oublier” les deux premiers termes de la suite initiale. On peut enfin remarquer que les suites de Fibonacci sont les suites qui v´ erifient f (u) = g(u) avec ces notations.

Nous verrons bientˆ ot les ´ el´ ements permettant de donner les exemples suivants :

Exemple 1.9. Soit E = R [X] l’espace des fonctions polynomiales r´ eelles. Soit P

0

un ´ el´ ement de E . Alors l’application qui, ` a toute fonction polynomiale x 7→ P (x) , associe la fonction polynomiale x 7→

P

0

(x)P (x) est une application lin´ eaire.

Exemple 1.10. Soit E = R [X] l’espace des fonctions polynomiales r´ eelles. Soient P

0

et Q

0

deux

´

el´ ements de E . Alors l’application qui, ` a toute fonction polynomiale x 7→ P(x) , associe la fonction polynomiale x 7→ P

0

(x)P (x) − Q

0

(x)P

0

(x) est une application lin´ eaire.

Exemple 1.11. Soit E l’espace des fonctions de classe C

sur R (c’est ` a dire les fonctions ind´ efiniment d´ erivables sur R ). Alors l’application f 7→ f ” − 2f

0

+ f est une application lin´ eaire de E dans E . Proposition 1.12. Soit (e

1

, . . . , e

m

) une base d’un espace vectoriel r´ eel E (par exemple la base canonique de R

n

). Soit F un espace vectoriel r´ eel quelconque. Soient (f

1

, . . . , f

m

) des vecteurs de F quelconques. il existe une et une seule application lin´ eaire de E dans F telle que ∀j ∈ {1, . . . , m} f (e

j

) = f

j

.

D´ emonstration. Si f est une application lin´ eaire, elle v´ erifie

f

m

X

j=1

x

j

e

j

 =

m

X

j=1

x

j

f (e

j

)

et, par cons´ equent, il existe au plus une application lin´ eaire v´ erifiant ∀j ∈ {1, . . . , m} f (e

j

) = f

j

(puisque tout vecteur admet alors une image bien d´ efinie).

Il nous suffit donc maintenant de v´ erifier que l’application ϕ qui, ` a tout vecteur u de E , associe le vecteur P

m

j=1

x

j

f

j

(o` u les (x

j

)

j=1,...,m

sont les coordonn´ ees du vecteur u dans la base (e

j

)

j=1,...,m

) est une application lin´ eaire. Appliquons la d´ efinition et consid´ erons un couple (λ, µ) de param` etres r´ eels ainsi qu’un couple (u, v) de vecteurs de E . D´ eterminons alors ϕ(λ.u + µ.v) . Pour cela, introduisons les coordonn´ ees des vecteurs concern´ es. Soient u = P

m

j=1

x

j

e

j

et v = P

m

j=1

y

j

e

j

. Alors le vecteur λ.u + µ.v s’´ ecrit P

m

j=1

(λx

j

+ µy

j

)e

j

. Et ϕ(λ.u + µ.v) =

m

X

j=1

(λx

j

+ µy

j

)f

j

= λ

m

X

j=1

x

j

f

j

+ µ

m

X

j=1

y

j

f

j

= λ.ϕ(u) + µ.ϕ(v) .

Ce que nous cherchions ` a v´ erifier.

(3)

Exemple 1.13. Soit E = R

n

[X] l’espace vectoriel des polynˆ omes de degr´ e au plus n (n entier non nul).

Soient (Q

0

, . . . , Q

n

) n + 1 polynˆ omes. Alors il existe une unique application lin´ eaire ϕ de E dans E telle que

∀i ∈ {0, . . . , n} ϕ(X

i

) = Q

i

.

En effet, l’espace E admet pour base, la base des monˆ omes X

i

(i = 0, . . . , n).

Proposition 1.14. Soient E et F deux espaces vectoriels r´ eels. Alors L(E, F ) est lui-mˆ eme un espace vectoriel r´ eel. De plus, si E et F sont de dimension finie, alors L(E, F ) est de dimension finie ´ egale ` a Dim(E) × Dim(F) .

D´ emonstration. Les lois d´ efinies respectivement par ∀u ∈ E, ∀(l, l

0

) ∈ L(E, F )

2

(l + l

0

)(u) = u et

∀u ∈ E, ∀λ ∈ R ∀l ∈ L(E, F ) (λ.l)(u) = λ.l(u) en font imm´ ediatement un espace vectoriel r´ eel. C’est d’ailleurs un sous-espace vectoriel de l’espace vectoriel des applications de E dans F (parfois not´ e F

E

) pour ces mˆ emes op´ erations.

Introduisons les n × m applications lin´ eaires suivantes (o` u m = Dim(E) et n = Dim(F )) :

∀j ∈ {1, . . . , m} ∀i ∈ {1, . . . , n} l

ij

(e

k

) = δ

jk

f

i

. En particulier, cela signifie que

∀u ∈ E l

ij

(u) = x

j

f

i

si u =

m

X

h=1

x

h

e

h

.

Ces applications lin´ eaires existent d’apr` es la proposition pr´ ec´ edente.

Il nous reste ` a v´ erifier qu’elles forment un syst` eme libre et g´ en´ erateur.

Prenons une combinaison lin´ eaire nulle de ces applications lin´ eaires. Soit

m

X

j=1 n

X

i=1

α

ij

l

ij

= 0 .

Alors cette somme est nulle quelque soit le vecteur u de E . En particulier, si u = e

h

(h = 1 . . . m) , on a

m

X

j=1 n

X

i=1

α

ij

l

ij

(e

h

) =

n

X

i=1

α

ih

l

ih

(e

h

) =

n

X

i=1

α

ih

f

i

= 0 .

Mais les vecteurs f

i

forment une base de F donc tous les coefficients α

ih

(i = 1 . . . n) sont nuls (et ce, quelque soit h). Bref la combinaison lin´ eaire est triviale car tous les coefficients α

ih

sont nuls et le syst` eme d’applications lin´ eaires est bien libre.

Montrons qu’il est g´ en´ erateur. Soit f une application lin´ eaire quelconque. On sait qu’elle est enti` erement d´ efinie par les vecteurs f (e

j

) (j = 1, . . . , m) dans F . Posons

f (e

j

) =

n

X

k=1

a

kj

f

k

(o` u les a

kj

sont les coordonn´ ees de f (e

j

) sur la base f

k

). Remarquons alors que

f (u) = l

m

X

j=1

x

j

e

j

 =

m

X

j=1

x

j

f (e

j

) =

m

X

j=1 n

X

k=1

a

kj

x

j

f

k

soit

f (u) =

m

X

j=1 n

X

k=1

a

kj

l

k,j

(u) et f =

m

X

j=1 n

X

k=1

a

kj

l

k,j

.

Ce que nous cherchions ` a d´ emontrer.

(4)

Proposition 1.15. Soient E et F deux espaces vectoriels r´ eels. Soient (e

i

)

i=1,...,m

et (f

j

)

j=1,...,n

deux bases respectives de ces espaces vectoriels. Une application lin´ eaire f de E dans F est donc uniquement d´ etermin´ ee par

∀j ∈ {1, . . . , m} l(e

j

) =

n

X

i=1

a

ij

f

i

o` u A = (a

ij

) est une matrice ayant n lignes et m colonnes. On dira que la matrice A est la matrice associ´ ee ` a l’application f dans les bases (e

i

)

i=1,...,m

et (f

j

)

j=1,...,u

. Si u ∈ E ; u = (e

1

, . . . , e

m

)X o` u X est une matrice colonne ayant m lignes et v ∈ F ; v = (f

1

, . . . , f

n

)Y o` u Y est une matrice colonne ayant n lignes, alors v = f (u) si et seulement si Y = AX .

D´ emonstration. Soit f une application lin´ eaire de E dans F . Alors comme tout vecteur u de E a des coordonn´ ees uniques sur la base (e

i

) , on a

f (u) = f

m

X

j=1

x

j

e

j

 =

m

X

j=1

x

j

l(e

j

) ;

mais les f (e

j

) sont des vecteurs de F et ils ont donc des coordonn´ ees uniques sur la base (f

i

) de F soit :

f (u) =

m

X

j=1

x

j n

X

i=1

a

ij

f

i

!

=

n

X

i=1

m

X

j=1

a

ij

x

j

 f

i

.

Bref si le vecteur u a pour coordonn´ ees les (x

1

, . . . , x

m

) dans la base (e

j

) , le vecteur f (u) a pour coordonn´ ees

P

m

j=1

a

1j

x

j

, . . . , P

m

j=1

a

mj

x

j

. On note parfois

u = (e

1

, . . . , e

m

)

 x

1

.. . x

m

 et f (u) = (f

1

, . . . , f

n

)

a

11

. . . a

1m

.. . .. . a

n1

. . . a

nm

 x

1

.. . x

m

 .

A toute application lin´ eaire f , on peut donc associer une matrice ayant n colonnes et m lignes dont les colonnes sont donn´ ees par les coordonn´ ees dans la base de F choisie des images par l de la base de E choisie. Bref l’application u 7→ v = f(u) correspond ` a l’application de R

m

dans R

n

donn´ ee par X 7→ Y = AX .

Exemple 1.16. Ainsi l’application (x, y) 7→ (x + y, −y, x, x − y) de R

2

dans R

4

a pour matrice (dans les bases canoniques)

1 1

0 −1

1 0

1 −1

 .

2 Th´ eor` eme du rang

Rappelons maintenant l’importance des notions d’injectivit´ e, de surjectivit´ e et de bijectivit´ e pour les applications.

D´ efinition 2.1 (Rappel). On appelle image de l’application f de E dans F la partie de F form´ ee des

´

el´ ements de F ayant un ant´ ec´ edent par f . Soit encore

Im(f ) = {v ∈ F ; ∃u ∈ E , v = f (u)} .

(5)

Plus g´ en´ eralement l’image d’une partie H de E par f est form´ ee des ´ el´ ements de F ayant un ant´ ec´ edent par f dans H . Soit encore

Im(H ) = {v ∈ F ; ∃u ∈ H , v = f (u)} .

D´ efinition 2.2 (Rappel). Soit f une application f de E dans F et G une partie de F . On appelle image r´ eciproque de la partie G la partie de E form´ ee des ´ el´ ements de E ayant pour image par f un

´

el´ ement de G. Soit encore

Im

−1

(G) = {u ∈ E ; f (u) ∈ G} . D´ efinition 2.3. On dit que l’application lin´ eaire f de E dans F est

— surjective si et seulement si Im(f ) = F . Bref une application surjective est une application pour laquelle tout ´ el´ ement de l’espace d’arriv´ ee a (au moins) un ant´ ec´ edent.

— injective si et seulement si ∀(u, v) ∈ E

2

, f(u) = f (v) ⇒ u = v . Bref une application surjective est une application pour laquelle, si deux vecteurs ont la mˆ eme image, ils sont ´ egaux.

— bijective si et seulement si elle est injective et surjective.

D´ efinition 2.4. Soit f une application lin´ eaire de E dans F . On appelle noyau de f l’image r´ eciproque du vecteur 0

F

. C’est un sous-espace vectoriel de E que l’on note Ker(f ) .

V´ erification. Il nous suffit de v´ erifier que le noyau de f est stable par combinaison lin´ eaire. Soient donc (u

1

, u

2

) deux vecteurs de Ker(l) et deux scalaires (λ

1

, λ

2

) de R

2

. Calculons f (λ

1

u

1

+ λ

2

u

2

) . On a

f (λ

1

u

1

+ λ

2

u

2

) = λ

1

f (u

1

) + λ

2

f (u

2

) = 0

F

puisque u

1

et u

2

sont dans le noyau de f .

Th´ eor` eme 1. Une application lin´ eaire f de E dans F est injective si et seulement si son noyau est r´ eduit ` a {0

E

} .

D´ emonstration. Si l est injective, on a, en particulier,

∀u ∈ E , l(u) = 0

F

⇒ lu) = l(0

E

) ⇒ u = 0

E

bref

l

−1

({0

F

}) = {0

E

} . R´ eciproquement, supposons que l

−1

({0

F

}) = {0

E

} . Alors

l(u) = l(v) ⇒ l(u) − l(v) = 0

F

⇒ l(u − v) = l(0

E

) ⇒ u − v ∈ l

−1

({0

F

}) ⇒ u − v = 0

E

⇒ u = v . Bref l est injective.

Exemple 2.5. Reprenons l’exemple donn´ e plus haut. Soit E = R [X ] l’espace des fonctions polynomiales r´ eelles. Soit P

0

un ´ el´ ement de E et soit ϕ l’application qui, ` a toute fonction polynomiale x 7→ P (x) , associe la fonction polynomiale x 7→ P

0

(x)P (x) est une application lin´ eaire.

Soit P

0

= 0 et l’application associ´ ee est nulle. Son noyau est alors E tout entier.

Soit P

0

est non nul et l’application associ´ ee est injective (on dit que l’anneau des polynˆ omes est int` egre) car

∀x ∈ R , P

0

(x)P(x) = 0 ⇒ P

0

P = 0 ⇒ P = 0

(tout polynˆ ome non nul admet un degr´ e).

(6)

Exemple 2.6. Reprenons l’exemple de l’op´ erateur g de troncation d’une suite num´ erique. On a v = g(u) avec v

n

= u

n+2

.

Les ´ el´ ements du noyau sont donc les suites dont les termes sont nuls ` a partir du troisi` eme (u

n+2

= 0).

C’est donc le plan engendr´ e par les suites (1, 0, . . . , 0, . . .) et (0, 1, 0, . . . , 0, . . .) . Cet op´ erateur n’est pas injectif. Par contre toute suite u = (u

n

)

n∈N

est atteinte comme image de (0, 0, u

0

, u

1

, . . . , u

n

, . . .) . Donc g est surjectif.

Exemple 2.7. Reprenons l’exemple de l’op´ erateur f (de l’espace des suites num´ eriques dans lui-mˆ eme) donn´ e par

v = f (u) avec v

n

= u

n

+ u

n+1

.

Cherchons les ´ el´ ements du noyau. Ce sont les suites u telles ∀n ∈ N u

n

+ u

n+1

= 0 soit u

n+1

= −u

n

. Par une simple r´ ecurrence, on voit qu’il s’agit des suites u = (u

0

, −u

0

, u

0

, . . . , (−1)

n

u

0

, . . .) . Elles sont toutes multiples de la suite (1, −1, 1, . . . , (−1)

n

, . . .) . Le noyau est une droite vectorielle. Il n’est pas difficile de v´ erifier que toute suite v = (v

0

, . . . , v

n

, . . .) est image d’une suite u par f . Prenez la suite u o` u u

n

= (−1)

n

u

0

+ P

n−1

h=0

(−1)

n−1−h

v

h

.

Proposition 2.8. Soit f une application lin´ eaire de E dans F . On rappelle que l’image de f est l’ensemble des vecteurs de F qui ont un ant´ ec´ edent par f dans E . On note Im(f ) ou f (E) cette partie de F et on a donc

Im(f ) = f (E) = {v ∈ F ; ∃u ∈ E f(u) = v} .

Alors Im(f ) est un sous-espace vectoriel de F . Lorsque Im(f ) est de dimension finie, on appelle rang de f la dimension de Im(f ) . Plus g´ en´ eralement, si G est un sous-espace vectoriel de E , alors l’image f (G) de G est un sous-espace vectoriel deIm(f ) donc de F dont la dimension est limit´ ee par le rang de f .

V´ erification. Il nous suffit de v´ erifier que l’image de f est stable par combinaison lin´ eaire. Soient donc (v

1

, v

2

) deux vecteurs de Im(f ) et deux scalaires (λ

1

, λ

2

) de R

2

. Alors il existe u

1

et u

2

tels que f (u

i

) = v

i

(i = 1, 2). Et l’on a

λ

1

v

1

+ λ

2

v

2

= λ

1

f (u

1

) + λ

2

f (u

2

) = f (λ

1

u

1

+ λ

2

u

2

) ∈ Im(f ) . Bref λ

1

v

1

+ λ

2

v

2

a bien un ant´ ec´ edent dans E .

Exemple 2.9. Reprenons l’application (x, y) 7→ (x + y, −y, x, x − y) de R

2

dans R

4

qui a pour matrice (dans les bases canoniques)

1 1

0 −1

1 0

1 −1

 .

Il est facile de voir qu’elle est injective, son noyau ´ etant r´ eduit ` a {0} . Mais quelle est son image ? Par d´ efinition ce sont les vecteurs v = (X, Y, Z, T ) de R

4

pour lesquels il existe un vecteur u = (x, y) tel que

1 1

0 −1

1 0

1 −1

 x

y

=

 X Y Z T

 .

Bref nous avons ` a ´ echelonner le syst` eme

1 1 X

0 −1 Y

1 0 Z

1 −1 T

1 0 Z

0 1 −Y

1 1 X

1 −1 T

1 0 Z

0 1 −Y

0 0 X + Y − Z 0 0 −Y − Z + T

.

(7)

Bref les vecteurs de l’image de f sont donc les vecteurs de R

4

qui v´ erifient les deux ´ equations (ind´ ependantes) X + Y − Z = 0 et Y − Z + T . C’est un plan vectoriel de R

4

.

Corollaire 2.10. Si la famille (u

1

, . . . , u

m

) (m ∈ N

) engendre E alors la famille {f (u

1

), . . . , f(u

m

)}

engendre Im(l) .

Remarque 2.11. Soit f une application lin´ eaire injective de E dans F . Alors l’image par f d’un syst` eme libre est un syst` eme libre.

Remarque 2.12. Soit f une application lin´ eaire surjective de E dans F . Alors l’image par f d’un syst` eme g´ en´ erateur de E est un syst` eme g´ en´ erateur de F .

Th´ eor` eme 2. Th´ eor` eme du Rang. Soit f une application lin´ eaire de E dans F . On suppose que E est de dimension finie. Alors

Dim(E) = Dim(Ker)(f ) + rg(f ) = Dim(Ker)(f) + Dim(Im)(f ) .

D´ emonstration. Soit (e

1

, . . . , e

m

) une base de E . Comme E est de dimension finie m , le noyau de f est aussi de dimension finie p ≤ m (puisqu’il s’agit d’un sous-espace vectoriel de E) et choisissons {f

i

; i = 1 . . . p} une base de ce noyau. Tout vecteur v de Im(f ) s’´ ecrit alors

v = f (u) = f

m

X

j=1

x

j

e

j

 =

m

X

j=1

x

j

f (e

j

)

c’est ` a dire que le syst` eme {f (e

j

) ; (j = 1 . . . m)} engendre Im(f ) . On remarque donc que Im(f ) est de type fini. D’apr` es le th´ eor` eme de la base incompl` ete, on peut extraire de ce syst` eme un syst` eme libre form´ e de r vecteurs (o` u r est la dimension de Im(f )). On les notera f (e

jh

) ; h = 1 . . . r . Consid´ erons alors la famille des vecteurs {f

i

}

pi=1

∪ {e

jh

}

rj=1

. Cette famille est de cardinal

p + r = Dim(Ker)(f ) + Dim(Im)(f ) .

Il nous suffit donc de v´ erifier que p + r = m pour d´ emontrer le th´ eor` eme du rang.

Cette famille est-elle libre ? Consid´ erons une combinaison lin´ eaire et supposons qu’elle s’annule :

0

E

=

p

X

i=1

λ

i

f

i

+

r

X

h=1

µ

h

e

jh

⇒ 0

F

= f

p

X

i=1

λ

i

f

i

+

r

X

h=1

µ

h

e

jh

!

mais f ( P

p

i=1

λ

i

f

i

) = P

p

i=1

λ

i

f (f

i

) = 0

F

. D’o` u 0

F

=

r

X

h=1

µ

h

f (e

jh

) .

Or, par construction, les l(e

jh

) forment un syst` eme libre. Donc les scalaires µ

h

sont tous nuls. Notre identit´ e initiale devient donc 0

E

= P

p

i=1

λ

i

f

i

et, comme les f

i

forment une base du noyau, on en d´ eduit

´

egalement que les λ

i

sont tous nuls. Notre famille est donc libre et, donc, p + r ≤ m .

Reste ` a v´ erifier que notre famille est bien g´ en´ eratrice. Soit donc u un vecteur quelconque de E . Comme f (u) est un vecteur de l’image de l , on sait qu’il s’´ ecrit lf (u) = P

r

h=1

y

h

f (e

jh

) . Consid´ erons alors

u −

r

X

h=1

y

h

e

jh

.

Par construction ce vecteur appartient au noyau de f puisque

f u −

r

X

h=1

y

h

e

jh

!

= f(u) −

r

X

h=1

y

h

f (e

jh

) = O

F

.

(8)

Donc on a

u −

r

X

h=1

y

h

e

jh

=

p

X

i=1

x

i

f

i

et u =

p

X

i=1

x

i

f

i

+

r

X

h=1

y

h

e

jh

.

C’est ce qui nous restait ` a v´ erifier.

Exemple 2.13. Reprenons l’application (x, y) 7→ (x + y, −y, x, x − y) de R

2

dans R

4

qui a pour matrice (dans les bases canoniques)

1 1

0 −1

1 0

1 −1

 .

Elle v´ erifie bien le th´ eor` eme du rang puisque

Dim(Ker)(f ) + Dim(Im)(f ) = 0 + 2 = Dim( R

2

) .

Corollaire 2.14. Soit f une application lin´ eaire d’un espace vectoriel r´ eel E dans lui-mˆ eme. On parle parfois d’endomorphisme de E . On suppose que E est de dimension finie n . Alors f est bijective si et seulement si elle est injective si et seulement si elle est surjective.

V´ erification. Si f est bijective, elle est bien sˆ ur injective et surjective par d´ efinition. Si f est injective, par le th´ eor` eme du rang, la dimension de l’image de f est ´ egale ` a celle de E et donc E = Im(E) . De mˆ eme si f est surjective, alors E = Im(E) donc le rang de f est n et donc la dimension du noyau de f est ´ egale ` a 0 .

Corollaire 2.15. Soit f une application lin´ eaire d’un espace vectoriel r´ eel E dans lui-mˆ eme. On suppose que E est de dimension finie n . Alors f est bijective si et seulement si elle envoie une base de E sur une base de E.

V´ erification. Si f est bijective, elle est injective et l’image par f d’un syst` eme libre de E est un syst` eme libre puisque

f (

r

X

i=1

f

i

) = 0

E

r

X

i=1

f

i

= 0

E

.

En particulier l’image d’une base de E est libre dans E et forme donc une base de E . Mais on peut remarquer aussi que l’image de f est engendr´ ee par les f(e

i

) . Si f est surjectif c’est donc que tout vecteur est engendr´ e par ce syst` eme de vecteurs qui est g´ en´ erateur et a pour cardinal la dimension de E . Il est donc libre.

R´ eciproquement, soit f

i

une base de E . On suppose que que les f(f

i

) forment une base de E . Alors l’image de f contient E dont f est surjective donc est bijective.

Corollaire 2.16. Soit f une application lin´ eaire d’un espace vectoriel r´ eel E dans lui-mˆ eme. On suppose que E est de dimension finie n . Alors f est bijective si et seulement si sa matrice associ´ ee est une matrice de passage.

D´ efinition 2.17. Soient E et F deux espaces vectoriels r´ eels. On appelle isomophisme de E sur F toute application lin´ eaire bijective de E sur F .

Proposition 2.18. Soit E un espace vectoriel r´ eel et {e

1

, . . . , e

n

} une base de E . Alors l’application qui

`

a tout vecteur u de E associe ses composantes (x

1

, . . . , x

n

) sur la base {e

1

, . . . , e

n

} est un isomorphisme

de E sur R

n

.

(9)

V´ erification. On sait que u = P

n

i=1

x

i

e

i

est une ´ ecriture unique. Elle est par ailleurs lin´ eaire en u puisque

∀(λ, µ) ∈ R

2

λ.u + µ.v = λ.(

n

X

i=1

x

i

e

i

) + µ.(

n

X

i=1

y

i

e

i

) =

n

X

i=1

(λx

i

+ µy

i

)e

i

.

D’o` u l’isomorphisme cherch´ e. Son injectivit´ e vient du caract` ere libre du syst` eme des e

i

. Sa surjectivit´ e vient du caract` ere g´ en´ erateur du syst` eme des e

i

.

Proposition 2.19. Soient E et F deux espaces vectoriels r´ eels. Soient (e

i

)

i=1,...,m

et (f

j

)

j=1,...,n

deux bases respectives de ces espaces vectoriels. Alors l’application qui, ` a tout ´ el´ ement f de L(E, F ) associe sa matrice A dans les bases choisies est un isomorphisme d’espace vectoriel de L(E, F ) sur M

n,m

( R ) .

V´ erification. On laisse au lecteur le soin d’effectuer cette v´ erification.

Exemple 2.20. Nos deux applications travaillant dans l’espace des suites num´ eriques ´ etaient surjec- tives mais non injectives. Elles ne sont donc pas bijectives. Cela montre que la dimension finie est une hypoth` ese indispensable pour l’´ equivalence injection/surjection. Il est facile de trouver une application (lin´ eaire) injective mais pas surjective (prendre u 7→ (0, 0, u

0

, . . . , u

n−2

, . . .)).

D´ efinition 2.21. Soient E , F et G trois espaces vectoriels r´ eels. Soient f une application lin´ eaire de E dans F et f

0

une application lin´ eaire de F dans G . On appelle compos´ ee de f par f

0

l’application lin´ eaire de E dans G not´ ee f

0

◦ f et d´ efinie par

∀u ∈ E (f

0

◦ f )(u) = f

0

(f (u)) .

Remarque 2.22. On d´ efinit ainsi sur l’espace L(E) des endomorphismes de E une multiplication qui n’est pas commutative.

Remarque 2.23. Soient E , F et G trois espaces vectoriels r´ eels. Soient (e

i

)

i=1,...,n

, (f

j

)

j=1,...,m

et (g

j

)

k=1,...,p

trois bases respectives de ces espaces vectoriels. Soient f et g deux applications lin´ eaires de E dans F et F dans G respectivement. On note A et B leurs matrices respectives dans ces bases.

L’application lin´ eaire associ´ ee ` a la matrice BA est l’application (de E dans G) compos´ ee de l’application f (de E dans F) par l’application g (de F dans G).

3 Exemples d’applications lin´ eaires.

Application nulle et identit´ e.

Remarque 3.1. On notera Id

E

l’application identit´ e de E (c’est ` a dire l’isomorphisme lin´ eaire qui, ` a tout vecteur u de E , associe le vecteur u).

Homoth´ eties.

D´ efinition 3.2. Soit λ un r´ eel et E un espace vectoriel. On appelle homoth´ etie h

λ

de rapport λ l’appli- cation u 7→ λ.u .

Proposition 3.3. Une homoth´ etie commute ` a toute application lin´ eaire. Autrement dit, pour tout ap- plication lin´ eaire f de E dans E , on a

∀u ∈ E , f(h

λ

(u)) = h

λ

(f (u)) .

(10)

D´ emonstration. En effet

∀u ∈ E , f(h

λ

(u)) = l(λ.u) = λ.f (u) = h

λ

(f (u)) .

Proposition 3.4. Une homoth´ etie de rapport λ est soit nulle (si λ = 0) soit est un isomorphisme de E (si λ 6= 0).

V´ erification. Si λ 6= 0 , on a h

λ

◦ h

1 λ

= h

1

λ

◦ h

λ

= Id

E

. Formes lin´ eaires.

D´ efinition 3.5. Soit E un espace vectoriel r´ eel. On appelle forme lin´ eaire sur E toute application lin´ eaire de E dans R . On note parfois E

0

= L(E, R ) ou E

= L(E, R ) l’espace vectoriel des formes lin´ eaires.

Proposition 3.6. Soit l une forme lin´ eaire sur E , espace vectoriel fini. Alors soit l est nulle soit son noyau est un hyperplan H de E . R´ eciproquement tout hyperplan H de E peut ˆ etre consid´ er´ e comme le noyau d’une forme linaire sur E .

D´ emonstration. On supposera donc que l est une forme lin´ eaire non nulle. Alors son image n’est pas r´ eduite ` a {0} donc est R tout entier. Par le th´ eor` eme du rang, le noyau de l est de dimension Dim(E) − 1 et c’est donc bien un hyperplan.

R´ eciproquement soit H un hyperplan de E . On sait que toute droite D non contenue dans H en est un suppl´ ementaire dans E soit E = H ⊕ D . Soit w

0

un vecteur non nul de D . Donc tout vecteur u de E s’´ ecrit h + w = h + αw

0

o` u h ∈ H et v = αw

0

∈ D . Alors l’application qui, ` a u , associe α est une forme lin´ eaire (non nulle) de noyau H .

Elle est lin´ eaire puisque

∀(u, v) ∈ E

2

, ∀(λ, µ) ∈ R

2

, λu + µv = λ(h + αw

0

) + µ(k + βw

0

) = (λh + µk) + (λα + µβ)w

0

. C’est ´ evidemment une forme lin´ eaire non nulle. Par ailleurs u ∈ H ⇔ α = 0 .

Remarque 3.7. On retrouve la notion d’´ equation d’un hyperplan.

Projections (ou projecteurs).

D´ efinition 3.8. Soit E un espace vectoriel r´ eel. Soient F

1

et F

2

deux sous-espaces vectoriels suppl´ ementaires dans E . On appelle projection de E sur F

2

parall` element ` a F

1

l’application lin´ eaire qui ` a tout vecteur u de E associe sa composante u

2

sur F

2

o` u on a u = u

1

+ u

2

, d´ ecomposition unique sur la somme directe E = F

1

⊕ F

2

.

V´ erification. L’application est bien d´ efinie puisque les composantes d’un vecteur U sont uniques. Il s’agit bien d’une application lin´ eaire puisque l’on a

∀(u, v) ∈ E

2

, ∀(λ, µ) ∈ R

2

, λu + µv = λ(u

1

+ u

2

) + µ(v

1

+ v

2

) = (λu

1

+ µv

1

) + (λu

2

+ µv

2

) . Proposition 3.9. Soit E un espace vectoriel r´ eel et E = F

1

⊕F

2

une somme directe. Soit p

1

la projection de E sur F

1

parall` element ` a F

2

et p

2

la projection de E sur F

2

parall` element ` a F

1

. Alors

— Le noyau de p

1

(resp. p

2

) est le sous-espace F

2

(resp. F

1

) et son image est F

1

(resp. F

2

).

— p

1

◦ p

1

= p

1

et p

2

◦ p

2

= p

2

.

— p

1

◦ p

2

= p

2

◦ p

1

= 0 .

D´ emonstration.

(11)

— Par construction de p

1

, le noyau de p

1

est form´ e des ´ el´ ements u ayant une composante nulle sur F

1

; il s’agit bien des vecteurs de F

2

. Les ´ el´ ements de F

1

appartiennent ` a l’image de p

1

et, comme on a p

1

(u

1

) = u

1

si u

1

appartient ` a F

1

, il est ´ evident que l’image de p

1

est ´ egale ` a F

1

.

— Comparons p

1

◦ p

1

et p

1

. Soit u un vecteur quelconque de E . Alors on a u = u

1

+ u

2

o` u u

1

∈ F

1

et u

2

∈ F

2

. On a

p

1

(u) = u

1

et p

1

(p

1

(u)) = p

1

(u

1

) = u

1

. Les deux applications sont bien ´ egales.

— Calculons p

1

◦ p

2

. Soit u un vecteur quelconque de E . Alors on a u = u

1

+ u

2

o` u u

1

∈ F

1

et u

2

∈ F

2

.

p

1

(p

2

(u)) = p

1

(u

2

) = 0 et p

2

(p

1

(u)) = p

2

(u

1

) = 0 .

Proposition 3.10. Soit E un espace vectoriel et p une application lin´ eaire non nulle de E dans E . On suppose que p v´ erifie p◦ p = p . Alors le noyau de p et l’image de p sont des sous-espaces suppl´ ementaires dans E et p est la projection de E sur Im(p) parall` element ` a Ker(p) .

Notons F

1

= Ker(p) le noyau de p et F

2

= Im(p) l’image de p . Montrons que tout vecteur u de E est engendr´ e par ces deux sous-espaces vectoriels. Par construction, le vecteur p(u) est un ´ el´ ement de F

2

. Etudions le vecteur u − p(u) = v . On a

p(v) = p(u − p(u)) = p(u) − (p ◦ p)(u) = p(u) − p(u) = 0 . Donc v est bien un ´ el´ ement de F

1

et u = p(u) + (u − p(u)) = v + p(u) .

Reste ` a ´ etudier l’intersection des deux sous-espaces-vectoriels. Soit w un vecteur de F

1

∩ F

2

. Alors on a 0 = p(w) puisque w est ´ el´ ement du noyau de p . Mais on a aussi w = p(v) puisque w est ´ el´ ement de l’image de p . Donc p(w) = (p ◦ p)(v) = p(v) = w . D’o` u w = 0 . On a donc bien F

1

∩ F

2

= {0} .

Sym´ etries vectorielles.

Proposition 3.11. Soit E un espace vectoriel r´ eel et E = F

1

⊕ F

2

une somme directe. On appelle sym´ etrie vectorielle par rapport ` a F

1

parall` element ` a F

2

l’application lin´ eaire qui, ` a u = u

1

+ u

2

(o` u u

i

∈ F

i

, i = 1, 2), associe le vecteur s(u) = u

1

−u

2

. C’est un isomorphisme involutif de E sur lui-mˆ eme (il v´ erifie s

2

= s ◦ s = Id

E

).

D´ emonstration. On va d´ ej` a d´ emontrer qu’il s’agit d’une application lin´ eaire. On a

∀(u, v) ∈ E

2

, ∀(λ, µ) ∈ R

2

, λu + µv = λ(u

1

+ u

2

) + µ(v

1

+ v

2

) = (λu

1

+ µv

1

) + (λu

2

+ µv

2

) . Donc

s(λu + µv) = (λu

1

+ µv

1

) − (λu

2

+ µv

2

) = λ.s(u) + µ.s(v) . Etudions alors s

2

. Par d´ efinition

s

2

(u) = s(s(u)) = s(u

1

− u

2

) = u

1

+ u

2

= u si u = u

1

= u

2

.

Remarque 3.12. Soit E = F

1

⊕F

2

un d´ ecomposition en suppl´ ementaires. Soit s la sym´ etrie par rapport

`

a F

1

parall` element ` a F

2

. Alors

F

1

= {u ∈ E ; s(u) = u} et F

2

= {u ∈ E ; s(u) = −u} .

V´ erification. Ecrivons u = u

1

+ u

2

. Alors s(u) = u ⇔ u

1

− u

2

= u

1

+ u

2

⇔ u

2

= 0 ⇔ u ∈ F

1

. De

mˆ eme s(u) = −u ⇔ u

1

− u

2

= −u

1

− u

2

⇔ u

1

= 0 ⇔ u ∈ F

2

.

(12)

4 Matrice de passage et changement de base.

On se donne dans ce paragraphe deux espaces vectoriels E et F , une application lin´ eaire f de E dans F ainsi que deux bases de E et F respectivement {e

1

, . . . , e

n

} et {f

1

, . . . , f

m

} . On note alors A la matrice associ´ ee ` a l’application lin´ eaire f dans ce choix de bases.

Consid´ erons alors deux nouvelles bases respectives de E et F soit {u

1

, . . . , u

n

} et {v

1

, . . . , v

m

} . L’application lin´ eaire f admet alors une matrice B dans ces nouvelles bases. Quel est le rapport entre A et B ?

Notations g´ en´ erales. Nous allons nous donner la ”nouvelle” base {u

1

, . . . , u

n

} en fonction de ses coordonn´ ees dans ”l’ancienne” base {e

1

, . . . , e

n

} soit

∀i ∈ {1, . . . , n} u

i

=

n

X

j=1

α

ji

e

j

ou encore (u

1

, . . . , u

n

) = (e

1

, . . . , e

n

)P o` u P est la matrice (de passage) (α

ji

) .

D´ efinition 4.1. La matrice P ainsi d´ efinie est appel´ ee matrice de changement de base (ou matrice de passage) de la base {e

1

, . . . , e

n

} vers la base {u

1

, . . . , u

n

} . Il s’agit d’une matrice carr´ ee d’ordre n inversible.

V´ erification. La matrice P est en effet de rang maximal puisque ses vecteurs colonnes forment un syst` eme libre.

Proposition 4.2. Soit u un vecteur quelconque de E . Soit X (resp. X

0

) le vecteur colonne des compo- santes de u dans la base {e

1

, . . . , e

n

} (resp. {u

1

, . . . , u

n

} . Alors on a

X = P X

0

.

V´ erification. On a en effet u = (e

1

, . . . , e

n

)X et u = (u

1

, . . . , u

n

)X

0

= (e

1

, . . . , e

n

)P X

0

. D’o` u le r´ esultat par l’unicit´ e des composantes.

Proposition 4.3. Soient deux espaces vectoriels E et F et une application lin´ eaire f de E dans F . Soient deux bases de E et F respectivement {e

1

, . . . , e

n

} et {f

1

, . . . , f

m

} . On note alors a la matrice associ´ ee ` a l’application lin´ eaire f dans ce choix de bases. Soient deux nouvelles bases respectives de E et F soit {u

1

, . . . , u

n

} et {v

1

, . . . , v

m

} . L’application lin´ eaire f admet alors une matrice B dans ces nouvelles bases. Si P (resp. Q) sont les matrices de passage respectives des bases {u

1

, . . . , u

n

} (resp.

{v

1

, . . . , v

m

}) vis ` a vis des bases de d´ epart, on a

B = Q

−1

AP ou A = QBP

−1

.

V´ erification. Posons u = (e

1

, . . . , e

n

)X et l(u) = (f

1

, . . . , f

m

)Y . Posons de mˆ eme u = (u

1

, . . . , u

n

)X

0

et l(u) = (v

1

, . . . , v

m

)Y

0

(en introduisant les vecteurs colonnes associ´ es aux coordonn´ ees des vecteurs dans les bases respectives, nouvelles et anciennes de E et F . Alors, par d´ efinition des matrices associ´ ees

`

a une application lin´ eaire, on a

f (u) = (f

1

, . . . , f

m

)Y = (f

1

, . . . , f

m

)AX et f (u) = (v

1

, . . . , v

m

)Y

0

= (v

1

, . . . , v

m

)BX

0

. Soit encore

f (u) = (f

1

, . . . , f

m

)AX = (f

1

, . . . , f

m

)AP X

0

= (v

1

, . . . , v

m

)BX

0

= (f

1

, . . . , f

m

)QBX

0

. Bref AP = QB soit encore B = Q

−1

AP ou A = QN P

−1

(puisque Q et P sont inversibles).

Le cas des endomorphismes. Dans ce cas, on se donne un espace vectoriel E , une application

lin´ eaire de E dans E et une base {e

1

, . . . , e

n

} de E . Alors on consid` ere la matrice associ´ ee ` a f vis ` a vis

de cette unique base. Soit P la matrice de passage d’une autre base {u

1

, . . . , u

n

} vis ` a vis de {e

1

, . . . , e

n

}

(c’est ` a dire que (u

1

, . . . , u

n

) = (e

1

, . . . , e

n

)P ).

(13)

Proposition 4.4. Soit un espace vectoriel E et un endomorphisme f de E . Soient deux bases de E respectivement not´ ees {e

1

, . . . , e

n

} et {u

1

, . . . , u

n

} . On note alors a la matrice associ´ ee ` a l’application lin´ eaire f dans la base initiale et B la matrice dans la nouvelle base. Si P d´ esigne la matrice de passage de la base {u

1

, . . . , u

n

} vis ` a vis de la base de d´ epart, on a

B = P

−1

AP ou A = P BP

−1

.

V´ erification. C’est imm´ ediat avec ce qui pr´ ec` ede puisqu’il suffit de prendre Q = P .

5 Des exemples d’´ etude

Terminons ce chapitre par l’´ etude de deux applications lin´ eaires.

Exemple 5.1. Prenons l’application lin´ eaire de R

4

dans R

4

donn´ ee par la matrice

1 −2 3 −1

1 −1 1 0

1 −1 1 1

1 −2 3 0

 .

Trouver le noyau revient ` a chercher les vecteurs annulant cette application c’est ` a dire les solutions du syst` eme

1 −2 3 −1

1 −1 1 0

1 −1 1 1

1 −2 3 0

 x y z t

=

 0 0 0 0

 .

Chercher son image revient ` a chercher les conditions sur (X, Y, Z, T ) pour qu’il existe un ant´ ec´ edent c’est ` a dire une solution au syxt` eme

1 −2 3 −1

1 −1 1 0

1 −1 1 1

1 −2 3 0

 x y z t

=

 X Y Z T

 .

Il suffit donc d’´ echelonner

1 −2 3 −1 X

1 −1 1 0 Y

1 −1 1 1 Z

1 −2 3 0 T

 .

On peut le faire par exemple comme suit :

1 −2 3 −1 X

1 −1 1 0 Y

1 −1 1 1 Z

1 −2 3 0 T

1 −1 1 0 Y

1 −2 3 −1 X

1 −1 1 1 Z

1 −2 3 0 T

1 −1 1 0 Y

0 −1 2 −1 X − Y

0 0 0 1 Z − Y

0 −1 2 0 T − Y

soit finalement

1 −2 3 −1 X

1 −1 1 0 Y

1 −1 1 1 Z

1 −2 3 0 T

1 −1 1 0 Y

0 1 −2 1 −X + Y

0 0 0 1 Z − Y

0 0 0 0 −X + Y − Z + T

.

(14)

Donc l’image est l’hyperplan d’´ equation −X +Y −Z +T = 0 . Et le noyau (donc de dimension 1 = 4−3) est form´ e des vecteurs solution du syst` eme

x − y + z = 0 y − 2z + t = 0

t = 0

x − y + z = 0

y = 2z

t = 0

x = z

y = 2z

t = 0

Il s’agit des vecteurs de la droite engendr´ ee par (1, 2, 1, 0) . On voit ainsi que les techniques apprises jusqu’alors nous permettent de d´ eterminer parfaitement le noyau et l’image d’une application lin´ eaire donn´ ee par sa matrice.

Remarquons pour finir que l’application donn´ ee par la matrice

1 −2 −1

1 −1 0

1 −1 1

1 −2 0

(elle va donc de R

3

dans R

4

) est, cette fois, injective de R

3

dans un hyperplan de R

4

.

Exemple 5.2. Cet exercice sera mieux compris apr` es l’´ etude du prochain chapitre du cours.

Consid´ erons l’espace vectoriel E des fonctions polynˆ omes de degr´ e au plus 3 . Ces fonctions P s’´ ecrivent donc a

0

+ a

1

x + a

2

x

2

+ a

3

x

3

= P (x) . Consid´ erons alors l’application l donn´ ee par

P 7→ l(P ) = Q = P − (x − a)P

0

o` u a est un r´ eel donn´ e. On remarque tout d’abord que la fonction polynˆ ome l(P) = Q est de degr´ e au plus 3 (car elle est somme de deux polynˆ omes de degr´ e au plus 3). Par ailleurs il est facile de v´ erifier que l est lin´ eaire puisque

l (λP

1

+ µP

2

) = λP

1

+ µP

2

− (x − a) (λP

1

+ µP

2

)

0

= λl(P

1

) + µl(P

2

) . Donc l est une application lin´ eaire de E dans E (un endomorphisme de E = R

3

[X ]).

D´ eterminons la matrice de l dans la base des monˆ omes. On a l(1) = 1 , l(x) = x − (x − a) × 1 = a , l(x

2

) = x

2

− (x − a)2x = −x

2

+ 2ax et, enfin, l(x

3

) = x

3

− (x − a)3x

2

= −2x

3

+ 3ax

2

. Bref, par d´ efinition, la matrice de l dans cette base est donn´ ee par

1 a 0 0

0 0 2a 0

0 0 −1 3a

0 0 0 −2

(puisque on met, en colonne, les coordonn´ ees - dans la base des monˆ omes - des images par l de la base des monˆ omes).

Nous sommes donc en capacit´ e de d´ eterminer le rang de l (c’est le rang de cette matrice). En effet la matrice est pratiquement ´ echelonn´ ee. On peut aussi remarquer qu’elle est triangulaire sup´ erieure avec au moins un coefficient nul sur la diagonale. Aussi elle ne peut ˆ etre inversible. Un ´ echelonnement possible est le suivant

1 a 0 0

0 0 2a 0

0 0 −1 3a

0 0 0 −2

1 a 0 0

0 0 −1 3a

0 0 0 −2

0 0 2a 0

1 a 0 0

0 0 −1 3a

0 0 0 −2

0 0 0 6a

2

1 a 0 0

0 0 −1 3a

0 0 0 −2

0 0 0 0

.

(15)

Bref le rang de la matrice et de l est de 3 . Notre application lin´ eaire n’est ni injective, ni surjective ni, a fortiori, bijective.

D´ eterminons l’image de l . Ce sous-espace de E est engendr´ e par {l(1), l(x), l(x

2

), l(x

3

)} . Mais l’´ echelonnement ci-dessus montre que {l(1), l(x

2

), l(x

3

)} suffisent. Il reste ` a d´ efinir ce sous-espace par un syst` eme d’´ equations. Ici la co-dimension est de 1 donc l(E) est un hyperplan de E d´ efini par une unique ´ equation. Si l’on reprend l’´ echelonnement ci-dessus avec un second membre :

1 a 0 0 a

0

0 0 2a 0 a

1

0 0 −1 3a a

2

0 0 0 −2 a

3

1 a 0 0 a

0

0 0 1 −3a −a

2

0 0 0 2 −a

3

0 0 2a 0 a

1

1 a 0 0 a

0

0 0 1 −3a −a

2

0 0 0 2 −a

3

0 0 0 6a

2

a

1

+ 2a a

2

 .

L’´ equation de compatibilit´ e s’obtient facilement en remarquant que ce syst` eme n’admet de solutions que si

−3a

2

a

3

= a

1

+ 2a a

2

soit a

1

+ 2a a

2

+ 3a

2

a

3

= 0 .

Une ´ equation possible pour l(E) est donc a

1

+ 2a a

2

+ 3a

2

a

3

= 0 . Ceci met en ´ evidence un syst` eme g´ en´ erateur puisque les solutions de cette ´ equation peuvent s’´ ecrire a

0

(1, 0, 0, 0)+a

2

(0, −2a, 1, 0)+a

3

(0, −3a

2

, 0, 1) . Les fonctions polynomiales x 7→ 1 , x 7→ x

2

− 2ax et x 7→ x

3

− 3a

2

x forment donc aussi une base de l(E) .

D´ eterminons le noyau de l . Il nous suffit ici de r´ esoudre le syst` eme ´ echelonn´ e plus haut soit

x + ay = 0

−z + 3at = 0

−2t = 0

x = −ay

z = 0

t = 0

.

Bref il s’agit de la droite vectorielle engendr´ ee par la fonction polynomiale x 7→ x − a .

Nous allons poursuivre l’´ etude de cette application lin´ eaire d’une fa¸ con qui sera g´ en´ eralis´ ee d` es l’an prochain en cours.

D´ eterminons l’ensemble des vecteurs tels que l(P) = −P (resp. l(P ) = −2P . Bref nous allons ´ etudier le noyau de l’application l + Id (resp. l + 2Id). Mettre ces identit´ es sous forme de noyau permet d’affirmer que les deux ensembles cherch´ es sont des sous-espaces vectoriels de E . On a vu que l(1) = 1 × 1 et que l(x − a) = 0 .

Commen¸ cons par l(P) = −P . On remarque facilement que cela revient ` a ´ echelonner la matrice

2 a 0 0

0 1 2a 0

0 0 0 3a

0 0 0 −1

2 a 0 0

0 1 2a 0

0 0 0 −1

0 0 0 3a

2 a 0 0

0 1 2a 0

0 0 0 −1

0 0 0 0

 .

Bref les fonctions cherch´ ees sont de la forme 2x + ay = 0 , y + 2az = 0 et t = 0 . Bref la fonction polynomiale x

2

− 2ax + a

2

= (x − a)

2

engendre ce sous-espace vectoriel.

Passons ` a l(P ) = −2P . On remarque de mˆ eme que cela revient ` a ´ echelonner la matrice

3 a 0 0

0 2 2a 0

0 0 1 3a

0 0 0 0

or elle est ´ echelonn´ ee. Bref les fonctions cherch´ ees sont de la forme 3x + ay = 0 , 2y + 2az = 0 et

z + 3at = 0 . Bref la fonction polynomiale x

2

− 3ax

2

+ 3a

2

x − a

3

= (x − a)

3

engendre ce sous-espace

vectoriel.

(16)

On remarque que le syst` eme de vecteurs form´ e des fonctions polynomiales 1, x − a, (x − a)

2

, (x − a)

3

est une base de l . D´ eterminons la matrice M

0

de l dans cette base. On a imm´ ediatement

M

0

=

1 0 0 0

0 0 0 0

0 0 −1 0

0 0 0 −2

 .

Bref M

0

est diagonale.

Si l’on introduit la matrice de passage P de la base des monˆ omes ` a cette nouvelle base, on a, d’apr` es le cours,

M = P M

0

P

−1

.

Mais P

−1

est ´ egalement la matrice de passage de la base 1, x −a, (x−a)

2

, (x−a)

3

` a la base des monˆ omes 1, x, x

2

, x

3

. Aussi

1 = 1 ; x = a + (x − a) ; x

2

= a

2

+ 2a(x − a) + (x − a)

2

: et x

3

= a

3

+ 3a

2

(x− a) + 3a(x − a)

2

+ (x − a)

3

. Bref on a d´ emontr´ e l’identit´ e matricielle

1 a 0 0

0 0 2a 0

0 0 −1 3a

0 0 0 −2

=

1 −a a

2

−a

3

0 1 −2a 3a

2

0 0 1 −3a

0 0 0 1

1 0 0 0

0 0 0 0

0 0 −1 0

0 0 0 −2

1 a a

2

a

3

0 1 2a 3a

2

0 0 1 3a

0 0 0 1

.

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