MPSI B Année 2018-2019. Corrigé du DM 12 le 15/03/19 29 juin 2019
Problème
Partie I. Commutant et polynômes
1. Soientg ethcommutant avecf et λ∈K. AlorsIdE◦f =f◦IdE et
(g+h)◦f =g◦f+h◦f =f ◦g+f ◦h=f◦(g+h) (λg)◦f =λg◦f =f◦(λg)
(g◦h)◦f =g◦(h◦f) =g◦h◦g=f◦g◦h DoncC(f)est une sous-algèbre deL(E).
2. Tout polynôme en f est obtenu par combinaison linéaire et composition à partir de IdE etf qui commutent avec f. Les stabilités de la première question montrent donc que tout polynôme enf commute avecf.
3. a. Si g = P(f) avec deg(P) ≥ m, alors comme fk = 0L(E) pour k ≥ m, on a g=P(f)avecP le polynôme obtenu à partir deP en tronquant au degrém−1. b. Commefm−16= 0L(E), il existe a∈E tel quefm−1(a)6= 0E.
Soitg un polynôme enf, par exemple
g=λ0IdE+λ1f +· · ·+λm−1fm−1
En composant parfm−1 et en prenant la valeur ena, on obtientfm−1◦g(a) = λ0fm−1(a). Comme fm−1(a)6= 0E, ceci détermine de manière unique ceλ0. On continue algorithmiquement,
λ1fm−1(a) =fm−2(g(a)−λ0a)
λ2fm−1(a) =fm−3(g(a)−λ0a−λ1f(a)) ...
à déterminer de manière unique lesλk. Ce qui assure l'unicité du polynômeQtel queg=Q(f)avecdeg(Q)< m.
Partie II. Endomorphisme cyclique
1. Pour touta∈E,fm(a) = 0E donc
k∈Ntqfk(a) = 0E est une partie non vide de N. Elle admet un plus petit élément notéµ(a). Poura6= 0E,f0(a)6= 0doncµ(a)≥1. Par dénition def,fm(a) = 0E doncµ(a)≤m.
2. Il est important de remarquer quefµ(a)−1(a)6= 0E et fµ(a)(a) = 0E par dénition de µ(a).
Si λ0a+λ1f(a) +. . . est une combinaison linéaire nulle, en composant par fµ(a)−1, on obtientλ0fµ(a)−1= 0E ce qui entraîneλ0= 0. On recommence en composant par fµ(a)−2 et ainsi de suite. La famille est donc libre.
Pour k≥µ(a), on a fk(a) = 0E. La famille(a,· · · , fµ(a)−1(a))engendre donc V(a). Comme elle est libre, c'est une base d'oùdim(V(a)) =µ(a).
3. a. On a déjà vu que commefm−1 6= 0L(E), il existea∈E tel quefm−1(a)6= 0E. Pour cea, on a alorsµ(a) =m. Doncm=µ(a) = dim(V(a))≤dim(E) =n. b. Si m=n et a est tel que fm−1(a)6= 0E, alorsµ(a) =m=n = dim(E). Donc
E=V(a)etf est cyclique.
Réciproquement, sif est cyclique avec E=V(a), alors µ(a) = dim(E) =n. Or µ(a)≤md'après 1. etm≤nd'après 3.a. On doit donc avoirm=n.
Dans la suite de cette partie, on supposef cyclique et on xe un élémenta deE tel queA= (a, f(a),· · ·, fn−1(a))soit une base deE.
4. Soitgcommutant avecfet(λ0,· · ·, λn−1)les coordonnées deg(a)dansA. Considérons h=λ0IdE+λ1f+· · ·+λn−1fn−1
On a alors h(a) =g(a). Mais commeg et hcommutent avec f l'égalité sera valable aussi pour les autres éléments deA.
g(fk(a)) =g◦f◦f◦ · · · ◦f(a) =f◦g◦f ◦ · · · ◦f(a) =· · ·=f◦ · · · ◦f ◦g(a)
=f ◦ · · · ◦f◦h(a) =f◦ · · · ◦f◦h◦f(a) =· · ·=h◦f◦ · · · ◦f(a) =h(fk(a)) Les applications linéairesgethcoïncident sur tous les vecteurs de la baseA, elles sont donc égales ce qui montre queg est un polynôme enf.
5. Il est évident, en composant par fk, que fn−k(a), fn−k+1(a),· · ·fn−1(a) sont dans ker(fk). On en déduit
Vect fn−k(a), fn−k+1(a),· · ·fn−1(a)
⊂ker(fk)
Réciproquement, considérons unxquelconque dansker(fk)et sa décomposition dans la base
x=λ0a+λ1f(a) +· · ·+λn−1fn−1(a) En composant parfk, on obtient
0E=λ0fk(a) +λ1fk+1(a) +· · ·+λn−1−kfn−1(a)
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MPSI B Année 2018-2019. Corrigé du DM 12 le 15/03/19 29 juin 2019 Or la famille fk(a), fk+1(a),· · · , fn−1(a)
est extraite de la baseAelle est donc libre ce qui entraine
λ0=λ1=· · ·=λn−1−k= 0et x∈Vect fn−k(a), fn−k+1(a),· · ·fn−1(a) En conclusion, fn−k(a), fn−k+1(a),· · ·fn−1(a)
est une base deker(fk)et dim(ker(fk)) =k
Partie III. Tableau de Young
1. S'il existe unktel que ker(fk+1)⊂ker(fk)alorsker(fm)⊂ker(fm−1). En eet,
x∈ker(fm)⇒fk+1(fm−k−1(x)) = 0E⇒fm−k−1(x)∈ker(fk+1)⊂ker(fk)
⇒fk(fm−k−1(x)) = 0E⇒fm−1(x) = 0E. Or ceci est impossible carfm= 0L(E) etfm−16= 0L(E).
2. Soit k < m−1 et x ∈ Uk+1. Comme Uk+1 ⊂ kerfk+2, on a fk+2(x) = 0E donc f(x)∈kerfk+1. On peut donc bien considérerpk(f(x))carpkest dénie danskerfk+1. Par construction même, cette application
πk
(Uk+1→Uk
x7→pk(f(x)) est linéaire. Examinons son noyau :
x∈kerπk ⇒f(x)∈kerpk = kerfk⇒x∈kerfk+1.
Or πk est déni dans Uk+1 qui est un supplémentaire dekerfk+1 danskerfk+2. On doit donc avoirx= 0E ce qui prouve que πk est injective.
3. a. Chaqueuk est la dimension deUk et la question précédente a montré l'existence d'une suite d'injections
Um−1 πm−2
−−−→Um−2 πm−3
−−−→ · · ·−→π1 U1 π0
−→U0. Le théorème du rang entraîne alors que
um−1≤um−2≤ · · · ≤u1≤u0.
b. D'après le résultat de cours sur la dimension des espaces supplémentaires
dim(ker(f)) = 0 +u0
dim(ker(f2)) = dim(ker(f)) +u1
dim(ker(f3)) = dim(ker(f2)) +u2
...
dim(ker(fm)) = dim(ker(fm−1)) +um−1. Par une simplication en dominos, on obtient
u0+u1+· · ·+um−1= dim(ker(fm)) = dim(E) =n.
4. Lorsquef est cyclique, commem=n, tous les uk sont égaux à1.
5. a. Lorsque m =n−1, les conditions du 3. combinées avec le fait que les uk sont supérieurs ou égaux à 1 (conséquence de la question 1.) ne sont réalisées que si u0= 2et u1=u2=· · ·=un−2= 1.
Soit a tel que fn−2(a) 6= 0E. Alors fn−2(a) est un vecteur non nul de ker(f). Commeker(f) est de dimension2, il existe (théorème de la base incomplète)b dansker(f)tel que (fn−2(a), b)soit une base deker(f).
La famille(a, f(a),· · ·, fn−2(a), b)contientn= dim(E)vecteurs. Il sut de mon- trer qu'elle est libre pour prouver que c'est une base. Considérons une combinaison linéaire nulle
λ0a+λ1f(a) +· · ·+λn−2fn−2(a) +µb= 0E En composant parf, on obtient
λ0f(a) +λ1f(a) +· · ·+λn−3fn−2(a) = 0E
Or(f(a)· · ·, fn−2(a))est libre car extraite de(a· · · , fn−2(a)). On a donc λ0f(a) =λ1=· · ·=λn−3= 0
Comme(fn−2(a), b)est libre,λn−2fn−2(a) +µb= 0E entraîneλn−2=µ= 0. b. Remarquons que la question précédente entraîne queV(a)etVect(b)sont supplé-
mentaires dans E. Dénissons un endomorphismeg par les images des vecteurs de la base de la question précédente.
g(a) =a, g(f(a)) =f(a), · · ·, g(fn−2(a)) =fn−2(a), g(b) = 0E
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En fait g est la projection sur V(a) parallèlement à Vect(b). Comme V(a) et Vect(b)sont stables parf, on vérie facilement quef etg commutent.
Sigétait un polynôme enf, il vérieraitg=λ0IdE+λ1f+· · ·. Mais en compo- sant parfn−2 et en prenant la valeur en a. (comme en I.3.b), on devrait avoir
fn−2(g(a)) =λ0fn−2(a)⇒fn−2(a) =λ0fn−2(a)⇒λ0= 1 Alors
g= IdE+λ1f +· · · ⇒g(b) =b en contradiction avec la dénition deg.
6. Soits le plus grand des µ(ak) pour les ak dont on a admis l'existence. Comme tout vecteur de E se décompose en une somme de vecteurs dans les V(ak), il est clair que fs(a) = 0E. On en déduit que m =s. En permutant au besoin, supposons que m=µ(ap).
La condition vériée par lesV(ak)entraîne queW =V(a1) +· · ·+V(ap−1)etV(ap) sont supplémentaires. Il est évident queW et V(ap) sont stables par f. Notons g la projection sur V(ap)parallèlement à W. Comme W etV(ap)sont stables parf, elle commute avecf. On peut ensuite raisonner comme en 5.b..
Sig=λ0Ide+λ1f +· · ·, alorsfm−1(ap)6= 0E et
fm−1(ap) =fm−1(g(ap)) =λ0fm−1(ap)⇒λ0= 1
Or W est stable par f et sa restriction est toujours nilpotente donc elle n'est pas injective. Il existe donc un vecteurxnon nul deW dans le noyau de f. Alorsg(x) = 0E car x ∈ W et g est une projection parallèlement à W et, d'après l'expression polynomiale
g(x) =x+λ1f(x) +...=x6= 0E
On en déduit donc quegn'est pas un polynôme enf.
On a donc montré, en admettant un résultat, que sif n'est pas cyclique, il existe un g qui commute avecf et qui n'est pas un polynôme enf. Logiquement, cela montre que siC(f)se réduit aux polynômes enf alorsf est cyclique.
7. L'objet de cette question est de se convaincre, en considérant un cas particulier assez signicatif que la proposition admise dans la question précédente est vraie.
a. En faitp2(f(a1) =π2(a1)et p2(f(a2) =π2(a2)avec(a1, a2)famille libre de U3. Or, d'après la question 2.,π2 est injective. On en déduit que(π2(a1), π2(a2))est libre dansU2. On peut compléter cette famille pour obtenir une base U2 qui est de dimensionu2= 3
b. Considérons une combinaison linéaire nulle
λ1f3(a1) +λ2f3(a2) +λ3f2(a3) = 0E ⇒λ1f(a1) +λ2f(a2) +λ3a3∈kerf2
⇒λ1p2(f(a1)) +λ2p2(f(a2)) +λ3a3=OE⇒λ1=λ2=λ3= 0 car(π2(a1), π2(a2), a3)est libre. La famille est donc libre, on la complète para4 pour former une base dekerf. On peut remarquer aussi que cela entraîne que la famille(f2(a1), f2(a2), f(a3)) est libre car en composant par f, on obtient une famille extraite d'une famille libre.
c. Il sut en fait de montrer que les vecteurs du tableau forment une base. Remar- quons d'abord qu'il y en a bien12comme la dimension de l'espace.
Ils se répartissent dans4 colonnes et chaque sous famille des vecteurs d'une co- lonne est libre. Considérons une combinaison linéaire nulle. En composant parf3, on obtient la nullité des coecients dea1eta2. En composant parp2◦f2, on ob- tient la nullité des coecients associés aux veteurs de la colonne 3. En composant parf, on obtient la nullité des coecients de la colonne 1 d'après la question b et on termine en utilisant la dénition dea4 pour former une famille libre.
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3 Rémy Nicolai M1812C