MT241 Corrig´e de l’examen fictif du 13 janvier 2003 1. On consid`ere la matrice
A =
0 1 0 0
0 0 1 0
2 1 −2 0
m −2 0 1
o`u m est un param`etre r´eel. On d´esigne par a l’endomorphisme de R4 dont la matrice dans la base canonique est ´egale `a A.
a. V´erifier que λ = −1 est valeur propre de a, puis d´eterminer toutes les valeurs propres dea. D´eterminer les valeurs du param`etrempour lesquellesaest diagonalisable, et donner dans ce cas une base de R4 form´ee de vecteurs propres de a.
On calcule le polynˆome caract´eristique, en d´eveloppant d’abord suivant la derni`ere colonne,
χA =
¯¯
¯¯
¯¯
¯
−X 1 0 0
0 −X 1 0
2 1 −2−X 0
m −2 0 1−X
¯¯
¯¯
¯¯
¯
=
= (1−X)
¯¯
¯¯
¯¯
−X 1 0
0 −X 1
2 1 −2−X
¯¯
¯¯
¯¯.
Ici on pouvait reconnaˆıtre, dans le d´eterminant 3×3 ci-dessus, le polynˆome caract´eristique de la transpos´ee de la matrice compagnon du polynˆome P =−2−X + 2X2+ X3 (mais on n’´etait pas oblig´e de le reconnaˆıtre, et il ´etait facile de refaire le calcul en d´eveloppant suivant la premi`ere colonne), qui est ´egal `a (−1)3P = −P, donc
χA= (X−1)(X3+ 2X2−X−2).
L’´enonc´e nous demande de v´erifier que −1 est racine, ce qui est bien le cas, χA = (X−1)(X + 1)(X2+ X−2) = (X−1)2(X + 1)(X + 2).
Les racines de χA = χa sont donc −2, −1 (racines simples), et 1 qui est racine double.
Elles sont r´eelles, donc valeurs propres de l’endomorphisme a.
Pour quea soit diagonalisable, il faut et il suffit que la dimension de chaque espace propre soit ´egale `a l’ordre de multiplicit´e de la racine deχA correspondante. La condition est automatiquement satisfaite pour les racines simples, donc la question se r´eduit `a la dimension du sous-espace propre E1 pour la racine double λ = 1. La dimension de E1
est 4−rang(A−I4), donc a est diagonalisable si et seulement si le rang de A−I4 est
´egal `a 2. On a
A−I4 =
−1 1 0 0
0 −1 1 0
2 1 −3 0
m −2 0 0
.
Le rang est au moins 2, car le d´eterminant du coin NO est non nul ; puisque les deux premi`eres colonnes sont ind´ependantes, il faut, pour que le rang soit ´egal `a 2, que la
1
colonne 3 et la colonne 4 soient engendr´ees par les deux premi`eres colonnes ; c’est ´evident pour la colonne 4 qui est nulle ; pour la colonne 3 on cherche une repr´esentation de la forme
C3 =c1C1+c2C2;
n´ecessairement, c2 = −1 (examiner la ligne 2), puis c1 = −1 aussi ; il faut ensuite que m= 2 (et r´eciproquement, le rang est bien ´egal `a 2 lorsque m= 2. On pouvait bien sˆur d´eterminer le rang avec les d´eterminants extraits, mais c’est plus embˆetant `a ´ecrire dans un corrig´e ; c’est aussi un peu d´elicat `a appliquer correctement).
L’endomorphisme a est donc diagonalisable si et seulement si m= 2.
On suppose maintenant que m= 2 et on r´esout les trois syst`emes lin´eaires (A + 2I4)X = 0, (A + I4)X = 0, (A−I4)X = 0 ;
il n’y a aucune difficult´e particuli`ere pour les deux premiers et je donne directement un vecteur solution pour chacun, index´e par la valeur propre qui lui correspond,
V−2 = (1,−2,4,−2), V−1 = (1,−1,1,−2).
Dans le dernier cas on cherche X = (x, y, z, t) ∈R4 tel que (A−I4)X = 0, et on r´esout donc le syst`eme
−x+y = 0, −y+z = 0, 2x+y−3z = 0, 2x−2y = 0.
La derni`ere ´equation est clairement inutile ; les deux premi`eres donnentx=ypuisy=z; si x=y=z la troisi`eme ´equation est satisfaite aussi ; on voit que t peut ˆetre arbitraire, donc le sous-espace propre est form´e de tous les vecteurs de la forme (x, x, x, t). Une base est obtenue en prenant V1 = (0,0,0,1) et W1 = (1,1,1,0).
On a obtenu une base de vecteurs propres, form´ee des vecteurs V−2, V−1, V1 et W1.
b. Dans cette question on suppose que m = 1. D´eterminer le sous-espace carac- t´eristique de a pour la valeur propreλ = 1.
On a vu `a la question pr´ec´edente que la dimension du sous-espace propre E1 est ´egale
`a 1 si m 6= 2, ce qui est le cas dans cette question. Le syst`eme qui donne la direction propre est maintenant
−x+y= 0, −y+z = 0, 2x+y−3z = 0, x−2y= 0.
Les premi`eres ´equations donnent encorex =y=z, mais la quatri`eme ´equation entraˆıne que x=y=z = 0. Il ne reste que les vecteurs de la forme (0,0,0, t). L’espace propre E1
est engendr´e par le vecteur V1 = (0,0,0,1).
Pour trouver le sous-espace caract´eristique on cherche le noyau de (A−I4)2; on sait d’apr`es le cours que sa dimension est 2 ; on peut calculer
(A−I4)2 =
1 −2 1 0
2 2 −4 0
−8 −2 10 0
−1 3 −2 0
.
Le rang est deux, comme pr´evu, et on veut donc deux solutions ind´ependantes ; on a d´ej`a le vecteur V1 (vecteur propre) ; on trouve aussi que W1 = (1,1,1,0) satisfait (A−I4)2W1 = 0. Le sous-espace caract´eristique est donc ´egal `a
ker(A−I4)2 = Vect(V1,W1) ={(x, x, x, t)∈R4 :x, t∈R}.
2
2. On consid`ere le syst`eme diff´erentiel
(S) ∀t∈R, Y0(t) = A Y(t)
o`u A est la matrice de la question 1, d´ependant du param`etre r´eel m.
a. Dans cette question on suppose que m = 2. Donner la forme de la solution g´en´erale du syst`eme(S). D´eterminer les solutionsY = (y1, y2, y3, y4)du syst`eme(S)dont la premi`ere fonction coordonn´ee y1 v´erifie y1(t) = sh(t) pour tout t ∈ R. D´eterminer la solution Y du syst`eme (S) qui v´erifie la condition initiale Y(0) = (0,1,0,0).
On a trouv´e dans le casm= 2 quatre vecteurs propres V−2, V−1, V1 et W1; d’apr`es le cours, on sait qu’il leur correspond quatre solutions ind´ependantes du syst`eme (S),
t →e−2t V−2, t→e−t V−1, t →et V1, t →et W1. La solution g´en´erale du syst`eme (S) est donc de la forme
Y :t∈R→c−2e−2t V−2 +c−1e−t V−1+c1et V1+d1et W1,
o`uc−2, c−1, c1, d1sont des coefficients r´eels arbitraires. D’apr`es les formules trouv´ees pour les vecteurs propres, on voit que la premi`ere coordonn´ee de la fonction Y pr´ec´edente est de la forme
∀t ∈R, y1(t) =c−2e−2t+c−1e−t+d1et.
Pour trouver y1(t) = sh(t) = (et−e−t)/2, il faut prendre c−2 = 0, c−1 = −1/2 et d1 = 1/2. La constante c1 peut varier dans R, et l’ensemble de ces solutions est form´e de toutes les fonctions vectorielles qui s’´ecrivent
Y(t) = (sh(t),ch(t),sh(t),e−t+c1et).
On trouve la solution partant de (0,1,0,0) parmi l’ensemble des pr´ec´edentes, en prenant c1 =−1,
Y(t) =¡
sh(t),ch(t),sh(t),−2 sh(t)¢ .
b. Dans cette question on suppose quem= 1. D´eterminer la solutionY du syst`eme (S) qui v´erifie Y(0) = (0,0,0,1), puis la solution qui v´erifie Y(0) = (1,1,1,0).
Solution. La premi`ere donn´ee est le vecteur propre V1, donc la solution correspondante est Yα :t→etV1. La deuxi`eme donn´ee est le vecteur W1 du sous-espace caract´eristique de la valeur propre 1. On sait que (A−I4)2W1 = 0, ce qui permet de calculer
Yβ(t) = etAW1 = et(I4+A−I4)W1 = etet(A−I4)W1 = et¡
W1+t(A−I4)W1¢ ce qui donne, puisque (A−I4)W1 = (0,0,0,−1) =−V1
Yβ(t) = (et,et,et,−tet).
3
Quels sont (toujours lorsque m = 1) les vecteurs y0 ∈ R4 tels que la solution Y du syst`eme diff´erentiel Y0(t) = A Y(t) v´erifiant la condition initiale Y(0) =y0 reste born´ee lorsque t →+∞?
Les vecteurs propres pour λ =−2 et λ=−1 sont donn´es dans le cas m= 1 par W−2 = (1,−2,4,−5/3), W−1 = (1,−1,1,−3/2).
On a quatre solutions ind´ependantes en prenantt →e−2tW−2,t →e−tW−1, Yα et Yβ. La solution g´en´erale est de la forme
Y(t) =c−2e−2t W−2+c−1e−t W−1+cαYα(t) +cβYβ(t).
Les solutions avec W−2 et W−1 tendent vers 0 lorsquet →+∞, donc si Y(t) reste born´ee quand t →+∞, la somme
cαYα(t) +cβYβ(t) = et(cβ, cβ, cβ, cα−tcβ)
doit rester born´ee ´egalement. Ceci impose d’abord cβ = 0, en regardant les coordonn´ees 1,2 ou 3, puis cα = 0. Il reste
Y(t) =c−2e−2t W−2+c−1e−t W−1.
Les positionsy0 au temps 0, qui v´erifient la propri´et´e de l’´enonc´e, d´ecrivent donc l’espace de dimension deux Vect(W−2,W−1).
4