II y a exactement un siecle eu lieu & Paris, du 8 au 12 aoQt 1889, le premier Congres International de I'Hypnotisme experimental et therapeutique. Celui-ci fut suivi du Congres International de Psychologie Physiologique consacre aux aspects
psychologiques de I'hypnose. De grands noms de la medecine de I'epoque s'etaient inscrits & ces deux rencontres, on peut citer ceux de
Babinski, Bernheim, Charcot, Dejerine, Forel, Freud, Korsakov.
Deux 6coles s'affronterent d'emblee. Celle de Nancy, qui avec
Bernheim &
sa t~te defendait le point de vue psychologique, et celle de la Salp~triere, dirigee parBabinski,
qui abordait I'hypnose en neurophysiologue. Par la suite de nouvelles 6coles se developperent, certaines 9. partir des deux premieres, se basant sur des hypotheses souvent tres differentes (Pavloviennes, comportementalistes,psychanalytiques). Ainsi au moment ot3 il est decide de se reunir pour 6tudier le probleme de I'hypnose, la dichotomie s'installe avec d'un cSte les psychologues, et de I'autre les physiologistes. Si le congres de Psychologie Physiologique de 1889 abordait bien I'hypnose sous ses aspects psychologiques, celui consacr6 9.
I'hypnotisme s'interessait aux aspects medicaux. Cette dichotomie, qui ne rend pas service 9. I'hypnose, existe encore de nos jours. Plus d'un theoricien en effet ne reussit pas 9. comprendre le phenomene hypnotique au-delg, de son propre modele de reference.
Pourtant I'hypnose n'est pas que physiologie, que phenomene social, que changement dans un processus mental, etc., mais bien tout cela 9. la fois. Trop souvent encore la confusion est entretenue par certains qui confondent par exemple les termes d'hypnotisabilit6 et d'hysterisation. Le developpement de I'hypnose a sQrement souffert d'abandon suite 9. la decouverte de la psychanalyse, mais aussi de cette dichotomie entre les vues psychologiques et
physiologiques.
L'hypnose ne date cependant pas de 1889, on peut faire remonter son histoire 9.
Ramses Xll il y a 3000 ans. La plus ancienne seance d'hypnose decrite est probablement celle decouverte sur une stele de rEgypte ancienne. I 'histoire de I'hypnose rappelle sous certains aspects une autre histoire. Celle des opiaces. Les sumeriens connaissaient le pavot il y a 4000 ans et I'utilisaient pour certaines de ses vertus, notamment calmantes. La morphine a pu etre isolee au debut du XlX e siecle.
Malgre sa Iongue histoire, la morphine et ses derives, comme I'hypnose, gardent pour certains encore une mauvaise reputation. II n'y a certainement aucune relation entre ces deux therapeutiques, I'hypnose ne modifie pas le taux des endorphines, mais les deux offrent le moyen de soulager la souffrance de I'etre humain. C'est peut-etre autour de cette souffrance qu'il faut rechercher les raisons, dans notre civilisation judeo-chretienne, de I'attitude face aux narcotiques et aussi 9. I'hypnose, qui avec la mythologie qu'elle vehicule, est mal acceptee dans notre societ& Ainsi, Iorsque I'on interroge I'homme de la rue sur I'hypnose, les reponses les plus frequentes tournent autour du pouvoir de I'hypnotiseur sur I'hypnotis&
L'hypnose en devenant moderne s'est enfermee d'une certaine maniere dans une impasse. Une grande partie du succes de la sophrologie est peut-~tre bien due au fait qu'elle ne s'appelle pas hypnose. Le mot lui-m~me prate d'ailleurs 9. confusion. II a ete invente au siecle dernier par James Braid 9. partir de la racine grecque ,,hypnos>,, le sommeil. Mais I'hypnose n'est pas sommeil, ce que demontre I'EEG.
Uhypnose, malgre sa mauvaise reputation, ses contradictions theoriques, ses guerres de chapelles, fait partie de la grande Histoire de la Medecine et de I'arsenal
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th6rapeutique de la douleur, et cela depuis plusieurs mill6naires. 1989 est I'annee du bicentenaire de la Revolution Frangaise et du centenaire du premier Congres
International de I'Hypnotisme experimental et therapeutique. Qn peut esperer que ce dernier sera aussi fete et qu'il sera I'occasion d'un rapprochement entre les
differentes ecoles, encore plus nombreuses qu'au debut du sir et que dichotomies et divergences th6oriques inaugurees il y a un sir puissent s'attenuer, b. defaut de dispara~re, et ainsi permettre peut-r enfin une meilleure comparaison des etudes cliniques, encore bien rares.
R Rosatti
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