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Grand Prix 2015 : 3e lauréat - Dermatose aiguë fébrile induite par l'azathioprine, syndrome de Sweet ou d'hypersensibilité ?

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Texte intégral

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| La Lettre de l'Hépato-gastroentérologue • Vol. XIX - n° 4 - juillet-août 2016

CAS CLINIQUE 3 e lauréat Grand Prix 2015

Dermatose aiguë fébrile induite par l’azathioprine, syndrome de Sweet ou d’hypersensibilité ?

Azathioprine-induced acute febrile dermatosis, Sweet’s or hypersensitivity syndrome?

F. Benmediouni

*

, A. Tebaibia

**

, N. Henni

**

, M.A. Boudjella

**

, N. Oumnia

**

, M. Boucelma

**

* Service de médecine interne, EPH de Laghouat, Algérie.

** Service de médecine interne, EPH de Kouba, Alger, Algérie.

L’

azathioprine (AZA) expose à des effets indésirables divers, parmi lesquels le syndrome d’hypersensibilité à l’AZA (SHA) et le syndrome de Sweet (SS) [1] , considéré comme inclus dans dans une forme particulière du SHA (1, 2) . Onze cas de syndrome de Sweet induit par l’azathioprine (SSIA) et de SHA avec signes de SS sur maladie de Crohn (MC) ont été rapportés (tableau I) .

Observation

Mme B.A., 33 ans, est suivie pour MC pancolique sans manifestations extradigestives.

Elle a été traitée effi cacement par prednisone et AZA. À la 7 e semaine du traitement (S), une poussée sévère est survenue, associée à l’apparition de plaques érythéma- teuses infi ltrées (fi gure 1) , à une altération fébrile de l’état général et à un syndrome infl ammatoire sans hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles (PNN). L’enquête infectieuse a été négative. Le SSIA a été suspecté, mais la biopsie cutanée n’a pu être réalisée (refus de la patiente). Après l’arrêt de l’AZA et l’augmentation des corticoïdes (CTC), la symptomatologie a disparu (fi gure 2) . Le diagnostic d’un SSIA a été retenu.

Légendes

Figure 1 (A, B, C). Lésions cutanées de la patiente.

Figure 2 (A, B, C). Lésions cutanées 2 semaines après l’arrêt de l’azathioprine.

Azathioprine, Sweet, Hyper- sensibilité, Dermatose fébrile.

Azathioprine, Sweet, Hyper- sensitivity, Febrile dermatosis.

Tableau I. Cas publiés de SSIA ou de SHA avec signes cliniques de SS sur MC.

Auteurs/année N° du patients/

sexe/âge

Dose

d’azathioprine Délai de

survenue Délai de disparition totale des lésions

après arrêt

Burrows NP, 1995 1/F/47 ans 150 mg/j 5 jours 10 jours

Stapleton M, Panaccione

R, 2003 2/M/45 ans 2,5 mg/kg/j 2 semaines NP

Treton X et al., 2008 3/M/55 ans 150 mg/j 1 semaine 1 jour

El Azhary RA et al., 2008 4/M/32 ans 100 mg/j 2 semaines 2 jours Olaiwan A et al., 2008 5/M/16 ans 2 mg/kg/j 2 semaines 3 jours

Sky K et al., 2009 6/NP/NP 50 mg/j 3 semaines 5 jours

Bidinger JJ et al., 2011 7/F/39 ans 100 mg/j 4 semaines 5 jours

Cyrus N et al., 2013 8/F/81 ans 75 mg/j 2 semaines 5 jours

Grelle JL et al., 2013 9/M/75 ans NP 2 jours NP

Becquart P et al., 2014 10/M/46 ans 11/M/37 ans

NP NP

2 semaines 8 jours

NP 5 jours

Mon cas, 2016 12/F/33 ans 2,5 mg/kg/j 6 semaines 3 semaines

SS : syndrome de Sweet ; SSIA : syndrome de Sweet induit par l’azathioprine ; SHA : syndrome d’hyper- sensibilité à l’azathioprine ; MC : maladie de Crohn ; NP : non précisé.

F. Benmediouni

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| La Lettre de l'Hépato-gastroentérologue • Vol. XIX - n° 4 - juillet-août 2016

CAS CLINIQUE 3 e lauréat Grand Prix 2015

Discussion

Le SHA et le SSIA sont des effets indésirables rares de l’AZA (1, 2) . Leur pathogenèse exacte reste inconnue (2) et leur présentation, polymorphe et aspécifi que, fait évoquer une infection ou une poussée de la maladie sous-jacente (1) . Ces syndromes sont dose- indépendants (1) , mais présentent quelques différences (tableau II) [1] . Chez notre patiente, le tableau clinique est apparu à S6 du traitement par AZA, laissant supposer une réaction d’hypersensibilité retardée due au SHA (2) . L’atteinte des extrémités est rare dans le cas du syndrome de Sweet classique mais habituelle lors du SSIA et du SHA (2) . Notre patiente n’a pas présenté de signes systémiques, hormis les signes digestifs, et la sévérité de la poussée laisse supposer un facteur surajouté, le SSIA (2) . Présentant une MC, elle est prédisposée à développer un SSIA (1) . Ce dernier a des critères diagnostiques bien établis (tableau III) [1, 2] , notés dans notre cas (4 critères sur 5, le seul manquant est le critère histologique). L’arrêt de l’AZA et l’instauration des CTC sont le traitement de choix (2) . La réintroduction de l’AZA est contre-indiquée (1, 2) .

Conclusion

Le SSIA devrait donc être considéré comme distinct du SHA. Leur diagnostic est souvent retardé en raison du tableau clinique aspécifi que. Le SSIA doit être évoqué devant toute dermatose aiguë fébrile sur MC sous AZA. Notre patiente présente un tableau compatible

avec les 2 entités. S’agit-il d’une forme particulière du SSIA ou d’un SHA ? Cet article a été retenu dans le cadre de la réalisation du Grand Prix avec le soutien institutionnel de Takeda.

1. Choonhakarn C, Chaowattanapanit S. Azathioprine- induced Sweet’s syndrome and published work review.

J Dermatol 2013;40:267-71.

2. Cyrus N, Stavert R, Mason AR, Ko CJ, Choi JN. Neutro- philic dermatosis after azathioprine exposure. JAMA Dermatol 2013;149:592-7.

Références bibliographiques

Tableau II. Comparaison clinique entre SSIA et SHA.

SSIA SHA

Délai de survenue 1-4 semaines 4 semaines

Fièvre Oui Oui

Éruptions Toujours Parfois

Manifestations

cutanées Érythème, œdème, plaques

et pustules Urticaire, éruption morbilliforme, érythème nodulaire, vascularite, purpura Atteinte systémique Rare atteinte digestive Fréquente

Hypotension ou choc Non Oui (quelques cas)

Histologie Dermatose neutrophilique Panniculite septale, pustule subcornéale, dermatose neutrophilique, vascularite

leucocytoclasique

NFS Hyperleucocytose à PNN

(toujours)

Hyperleucocytose à PNE (parfois)

Maladie sous-jacente MICI Maladie rhumatismale et neurologique

MICI : maladie infl ammatoire chronique de l’intestin ; SSIA : syndrome de Sweet induit par l’azathioprine ; SHA : syndrome d’hypersensibilité à l’azathioprine ; PNE : polynucléaires éosinophiles ; PNN : polynucléaires neutrophiles.

Tableau III. Critères diagnostiques du syndrome de Sweet induit par les médicaments.

1. Survenue aiguë de plaques érythémateuses douloureuses ou nodules

2. Histologie : présence d’un infi ltrat dense neutrophilique sans évidence de vascularite 3. Température > 38 °C

4. Relation temporelle entre l’ingestion du médicament et la survenue des symptômes ou la récidive des symptômes et la réintroduction du médicament

5. Disparition des symptômes (relation temporelle) après l’arrêt du médicament ou après traitement par corticoïdes

Les 5 critères sont requis pour retenir le diagnostic de syndrome de Sweet induit par l’azathioprine.

F. Benmediouni déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

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Références

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