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Géographie Économie Société: Article pp.193-212 of Vol.11 n°3 (2009)

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Géographie, économie, Société 11 (2009) 193-212

doi:10.3166/ges.11.193-212 © 2009 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

géographie économie société géographie économie société

Le développement territorial du Châtelleraudais : spécialisation cognitive et diversité

des échelles spatiales

Territorial development of Châtellerault:

cognitive specialization and diversity of spatial dimensions

Marie Ferru

Crief - Université de Poitiers

93, avenue du recteur Pineau, 86022 Poitiers Cedex

Résumé

Les approches marshalliennes et les travaux relevant de l’économie spatiale semblent se rejoindre pour montrer l’importance de deux éléments pour l’innovation : la spécialisation productive, d’une part, et l’agglomération spatiale, d’autre part. S’appuyant sur cette littérature, la plupart des pays développés et nombre d’institutions internationales (OCDE, Banque Mondiale, Union Européenne) prônent la mise en place de clusters technologiques (politiques des SPL et des pôles de compétitivité en France). Nous sou- haitons mettre à l’épreuve ces deux grandes propositions en nous appuyant sur une analyse approfondie d’un bassin industriel de taille moyenne, Châtellerault. Nous montrons que ce territoire se développe aut- our d’une spécialisation cognitive forte, ce qui vient souligner la prégnance des compétences historiques pour le développement territorial. Nous observons ensuite, que Châtellerault innove au moins autant que les territoires de plus grande taille en s’appuyant majoritairement sur des relations non locales. La spécialisation sectorielle et l’agglomération apparaissent comme deux éléments qui ne sont pas toujours indispensables pour l’innovation et le développement territorial.

© 2009 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

*Adresse email : marie.ferru@univ-poitiers.fr

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Summary

Based on a Marshallian perspective, most of the spatial analysis underlines the importance of two elements for innovation: the sectoral specialization, on the one hand, and the spatial agglome- ration, on the other. Technological clusters are thus highly recommended by several developed countries (SPL and “poles de compétitivité” in France for instance) and international institutions (OECD, World Bank, European Union). Thanks to a detailed survey of a quite small industrial basin, Châtellerault, we test here these two proposals. First, we show that the economic develop- ment of Châtellerault is mainly driven by local competences. This sheds light on the relevance of historical competences to understand territorial development. Then, it appears that firms innovate as much as others territories thanks to non local collaborations. Therefore, sectoral specialization and agglomeration seem to be not always necessary for innovation and territorial development.

Mots clés : territoire, innovation, spécialisation, compétences, agglomération Keywords: local areas, innovation, specialization, capabilities, agglomeration

On assiste, depuis une vingtaine d’années, à un foisonnement de recherches aussi bien théoriques qu’empiriques sur les liens existant entre innovation et territoire. Ce sont d’abord des approches s’inscrivant dans le prolongement des travaux de Marshall (1919) mettant en évidence l’existence de formes territorialisées d’innovation et de croissance (Beccattini, 1992; Antonelli, 2000 ; Maillat, 1995 ; Porter, 1999). Certaines zones indus- trielles basées sur une division sociale du travail entre de petites entreprises spécialisées dans une étape de fabrication d’un produit (Beccattini, 1992; Bagnasco, 1977 ; Brusco, 1982) présentent en effet une résistance plus forte à la crise des années 1970-1980. Les performances supérieures de ces territoires, qualifiés de districts industriels, districts tech- nologiques, milieux innovateurs ou grappes, sont expliquées par la présence d’externa- lités technologiques locales d’une part, et par une forte spécialisation sectorielle, d’autre part. Certains de ces auteurs soulignent, par ailleurs, l’existence de relations sociales et l’émergence d’institutions locales favorisant les interactions économiques. S’appuyant sur ces travaux, le gouvernement français a mis en place à la fin des années 1990 une politique de systèmes productifs locaux.

Plus récemment, un autre ensemble de travaux s’est focalisé sur l’importance de l’ag- glomération et de la proximité physique pour l’innovation. Les travaux de la nouvelle éco- nomie géographique (Krugman, 1991 ; Krugman et Vénables, 1995, etc.) et les premiers modèles de la géographie de l’innovation (Jaffe, 1989 ; Audretsch et Feldman, 1996, etc.) soulignent en effet les avantages de l’agglomération (externalités positives liées aux écono- mies d’agglomération et d’urbanisation) et réaffirment le caractère localisé des externalités technologiques. Porter (1999), en proposant une synthèse opérationnelle du modèle des clusters technologiques a permis leur diffusion dans les organisations internationales et dans nombre de pays. C’est ainsi qu’en France, les pouvoirs publics préconisent le rapproche- ment physique des acteurs économiques (entreprises, centres de recherche et organismes de formation) en favorisant dès 2005 la création de pôles de compétitivité.

Il existe certes des différences notables entre ces deux ensembles de travaux : alors que les premiers soulignent par exemple les performances de territoires industriels de faible taille, les seconds considèrent la métropole comme le territoire privilégié de l’innovation,

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compte tenu de ses effets d’entrainement supposés sur le reste du territoire (Guillaume, 2008). Ils semblent cependant se rejoindre sur deux points essentiels : l’importance de la spécialisation sectorielle1, d’une part, et le rôle des interactions locales pour l’inno- vation, d’autre part. Nous souhaitons ici mettre à l’épreuve ces deux propositions en nous appuyant sur une analyse approfondie du châtelleraudais, bassin industriel de taille moyenne, spécialisé dans les secteurs de faible-moyenne technologie. Ce type de terri- toire apparait sous-étudié relativement aux grandes métropoles centrées sur les secteurs de haute technologie (voir par exemple le travail de Simmie et al. (2003) centré sur cinq grandes villes européennes) et constitue pourtant un niveau intermédiaire essentiel.

En nous appuyant sur des données statistiques et sur des entretiens semi-directifs menés auprès d’acteurs du Châtelleraudais (historiens, élus locaux et chefs d’entreprises), nous montrons, dans un premier temps, que ce bassin industriel se développe autour d’un

« système local de compétences » (Grossetti et al., 2006) et non d’un système productif local. Ceci nous permet de souligner l’intérêt d’une analyse sur le temps long en termes de compétences pour comprendre la dynamique de certains territoires. Nous utilisons ensuite une base de données relationnelles construite à partir de 82 questionnaires réalisés auprès de salariés du Châtelleraudais directement impliqués dans des projets d’innovation et rendons compte, dans une seconde partie, que les établissements du Châtelleraudais innovent au moins autant que les autres territoires en s’appuyant de façon importante sur leurs capacités d’absorption. Il apparaît, par ailleurs, que ces innovations se fondent sur des collaborations majoritairement non locales.

Ce travail monographique de l’industrie châtelleraudaise rend compte de l’existence d’une configuration territoriale efficace se développant sur la base d’une spécialisation cognitive plutôt que sectorielle. Il apparaît par ailleurs, que les relations non locales pour l’innovation, loin d’être synonymes de difficultés ou d’inefficacité, sont une source essen- tielle d’amélioration des performances des entreprises et par suite du territoire.

1. L’importance de la division locale du travail dans la littérature

Les travaux de Marshall (1890, 1919), grâce à la mise en évidence de « districts indus- triels », ont fortement contribué au développement d’approches en termes de systèmes productifs locaux (SPL). Cet auteur se fonde essentiellement sur l’observation de ter- ritoires performants dont l’organisation industrielle de la production est basée sur une division sociale du travail entre de petites entreprises spécialisées dans une étape de fabri- cation d’un produit. Ces travaux ont été repris par la suite par un ensemble d’auteurs italiens pour expliquer la résistance à la crise des années 1970-1980 de certaines zones productives de la région Nord Est et Centre de l’Italie basées sur la désintégration verti- cale et spécialisées dans la production d’un seul bien (Bagnasco, 1977 ; Brusco, 1982).

Par la suite, d’autres travaux se sont centrés plus particulièrement sur les concentra- tions d’entreprises orientées vers la recherche, montrant l’existence de districts tech- nologiques (Pecqueur et Rousier, 1992 ; Antonelli, 2000), de systèmes locaux d’inno-

1 On pourrait également établir une distinction à ce niveau : la spécialisation est plutôt orientée vers des sec- teurs d’activité dans la politique des SPL alors qu’elle est plus tournée vers des domaines technologiques dans celle des pôles de compétitivité (et donc centrée sur les innovations technologiques).

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vation (Gilly et Grossetti, 1993), de districts de haute technologie (Saxenian, 1994) ou plus généralement de grappes (Porter, 1999). Dans la filiation schumpetérienne, tout un ensemble de recherches sur les « milieux innovateurs » a également été développé dans le cadre du GREMI (Maillat, 1995 ; pour une synthèse voir Camagni et Maillat, 2006), sou- lignant que le passé des territoires, leurs valeurs, leur organisation, leurs comportements collectifs, le consensus qui les structure sont des composantes majeures de l’innovation.

S’appuyant, dans la continuité des écrits pionniers de Aydalot (1986), sur les concepts de rupture et filiation et d’apprentissage collectifs, ces travaux permettent, à la différence des approches précédentes, une approche dynamique d’évolution des territoires.

Ces bassins industriels rassemblent « des activités pour lesquels il est possible de morceler le processus de production en plusieurs phases » (Courlet et Pecqueur, 1993, p.58) et sont généralement décrits par une forte spécialisation. On note toutefois un certain flou à cet égard compte tenu de la diversité conceptuelle des approches mars- halliennes et du caractère variable du vocabulaire utilisé : alors que la spécialisation est clairement qualifiée de sectorielle dans la définition des districts industriels italiens2, elle reste plus ambiguë dans les autres travaux, les auteurs parlant plutôt de domaine ou de métier de spécialisation. Dans un travail de synthèse de ces différentes approches, Porter (1999, p.207) définit, par exemple, la grappe comme un « groupe géographi- quement proche d’entreprises liées entre elles et d’institutions associées relevant d’un domaine donné, entre lesquelles existent des éléments communs et des complémentari- tés ». Dans leurs illustrations toutefois, les auteurs décrivent la concentration de mul- titude de petites entreprises généralement articulées techniquement les unes aux autres et contribuant collectivement à la production de biens spécifiques, identifiables. Ainsi, bien que la spécialisation ne soit pas toujours clairement qualifiée de sectorielle dans leurs modèles territoriaux, les illustrations qui ont permis de les populariser semblent associer à un territoire donné un produit ou un secteur d’activité particulier (Cf. l’hor- logerie dans l’arc Jurassien (Maillat et al., 1992), la fabrication de semi-conducteurs dans la Silicon Valley (Saxenian, 1994), le district de la chaussure en Italie (Beccatini, 1989 ; Capecchi, 1987), la grappe du mobilier professionnel dans le Michigan ou de l’instrumentation médical dans le Massachussetts (Porter, 1999 ; etc.).

S’appuyant sur ces travaux, les politiques ont mis en place à partir de 1998 une poli- tique de SPL dans laquelle le secteur d’activité apparaît comme un critère de labellisation important (avec une emphase vers les secteurs menacés à fort contenu de main d’œuvre), un SPL étant défini comme « un groupement d’entreprises et d’institutions géographi- quement proches et qui collaborent dans un même secteur d’activité » (glossaire DIACT, 2009). Suivant cette tendance, certains acteurs locaux, comme c’est le cas à Châtellerault, encouragent la formation de clusters autour d’un secteur particulier avec la volonté de renforcer les relations économiques locales entre entreprises pour favoriser le dévelop- pement économique. Une étude approfondie de ce territoire montre pourtant que ses per- formances ne proviennent pas d’une spécialisation sectorielle mais d’une spécialisation cognitive construite historiquement.

2 Les districts industriels sont définis comme de « véritables intensifications localisées d’économies externes  qui déterminent d’intenses agglomérations d’entreprises, fabriquant le même produit ou gravitant autour d’une production typique » (Garofoli, 1992, p.58).

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2. La construction du « système local de compétences » Châtelleraudais

La simple observation de l’industrie Châtelleraudaise, à une période donnée, aurait pu conduire à associer au territoire châtelleraudais un secteur particulier - la coutelle- rie au XVIIIe siècle ou la fabrication d’armes au XIXe siècle. Une analyse approfon- die tenant compte de son passé, rend compte d’une spécialisation non pas productive mais cognitive. En nous appuyant sur des statistiques disponibles sur la zone d’emploi du Châtelleraudais (Insee, Unistatis, Urssaf, etc.) et grâce à différents documents histo- riques (livres, archives, mémoires et thèses universitaires)3 et à des entretiens semi-direc- tifs4 auprès de personnalités locales (élus, directeur et délégué du groupement industriel Châtelleraudais, responsable du groupement d’employeurs, d’agence d’intérimaires et de l’Ecole d’ingénieurs du Châtelleraudais), d’historiens et d’actuels et d’anciens chefs d’établissement, nous avons pu reconstruire l’histoire de ce territoire. Il s’avère qu’au- delà de la présence de certains secteurs importants et dynamiques à certaines périodes, le Châtelleraudais fonde son avantage économique sur sa spécialisation cognitive.

Châtellerault se caractérise par un tissu productif très industriel : selon les données Insee (2005), 36 % des emplois de la zone d’emploi proviennent de l’industrie contre 18 % en France. Ce territoire correspond à la 15e zone d’emploi la plus industrielle sur les 348 exis- tantes en France (données Urssaf) et résiste relativement mieux au processus global de désin- dustrialisation que sa région d’appartenance qui connaît elle-même un déclin industriel plus faible qu’en France. La spécialisation industrielle du territoire s’explique notamment par la présence de trois secteurs importants au regard des effectifs salariés : la métallurgie et la transformation des métaux (8,44 %), les industries des équipements mécaniques (5,74 %) et l’industrie automobile (5,32 %). Leurs effectifs sont relativement stables depuis 1993. Bien que ces secteurs industriels concentrent une part importante de l’emploi, ils ne sont pas tous spécifiques au territoire, au sens où ils ne pèsent pas plus localement que sur les autres ter- ritoires français, contrairement aux secteurs de l’habillement et du cuir et de la construction navale et aéronautique. Le secteur de la métallurgie et de la transformation des métaux est, quant à lui, à la fois important en termes d’effectifs salariés et spécifique à la zone d’emploi de Châtellerault, son poids étant 3,3 fois plus élevé qu’en moyenne en France ; il peut ainsi être considéré comme un secteur « clé » de ce territoire5. Par définition, ces décompositions sectorielles ne permettent cependant pas de repérer les compétences accumulées sur le terri- toire, mais seulement d’identifier d’éventuelles spécialisations industrielles.

Des données qualitatives, obtenues grâce aux entretiens semi-directifs auprès de chefs d’entreprise, confirment l’importance de la métallurgie et de la transformation des métaux sur le territoire mais révèlent plus largement la prépondérance de savoir-faire autour de la mécanique (usinage et notamment le tournage et le fraisage), disséminés entre différents secteurs d’activité que sont la métallurgie et la transformation des métaux, l’industrie des équipements mécaniques et la fabrication d’équipements automobiles, essentiellement.

3 Fontès, 1969 ; Lombard, 1987 ; Pinard, 1972 ; Simmat, 2001.

4 Nous laissons les personnes s’exprimer assez librement sur le bassin industriel Châtelleraudais et décrire son évolution. Des relances précises peuvent être effectuées sur des points précis, tels que la nature des savoir- faire utilisés.

5 Un secteur est considéré comme un « secteur clé » lorsqu’il est important en termes d’effectifs salariés relativement aux autres activités du territoire étudié et aux autres régions françaises.

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L’histoire de ce territoire permet de préciser ces premières données qualitatives en révé- lant le développement cumulatif de savoir-faire autour de la mécanique et rend compte de l’existence d’une trajectoire cognitive déterminante, à la base de son avantage économique.

Différents événements historiques, favorisés par la géographie du territoire et ren- forcés par des décisions publiques, ont en effet été déterminants dans la structuration du système productif Châtelleraudais et expliquent son positionnement actuel. La ville a pu recevoir très tôt les industries qui ont créé une tradition manufacturière et une main d’œuvre habile : des draperies et des tanneries dès la fin du XIe siècle, des indus- tries des peaux et du cuir, ainsi qu’une industrie de la taille des pierres et horlogère au XVIIe siècle. De façon similaire à d’autres territoires, ces savoir-faire ont permis le développement du travail des métaux au XVIe siècle, connu à Châtellerault et orienté, à coté de la fabrication d’objets usuels, vers celle des couteaux ordinaires et de luxe et d’armes blanches dont la renommée allait jusqu’en Italie. L’importance de la coutellerie s’explique par la présence d’eaux très douces, nécessaires à la trempe et permettant aux couteliers d’obtenir des lames de grande qualité. Il y avait ainsi au XVIIe siècle plus de deux cents maîtres couteliers, ce qui était considérable pour l’époque. Au début du XXe siècle, ces ateliers sont rachetés par des entrepreneurs spécialisés dans la mécanique, les- quels diversifient leur production pour faire de ces moulins des usines de grande ampleur spécialisées dans la construction mécanique.

Le caractère industriel et les savoir-faire liés à la mécanique ont été parallèlement for- tement renforcés par la présence d’une manufacture nationale d’armes, qui s’installa dès 1819 à Châtellerault. La « Manu » s’appuya dans un premier temps sur les savoir-faire des couteliers pour produire des armes blanches. Elle se mécanisa ensuite et connut un développement très rapide ; elle concentra à certaines périodes jusqu’à 5 000 ouvriers (soit plus de 30 % de la population active totale de la commune). De 1958 à 1968, année de fermeture définitive de la Manufacture d’armes de Châtellerault, la ville s’engage dans une politique d’attractivité du territoire et accueille, grâce à sa main d’œuvre hautement qualifiée et spécialisée dans la mécanique, différents établissements parisiens : la Sfena, la Sochata et le Dépôt Commun Hawk - spécialisés dans l’aéronautique et l’armement -, dans un premier temps, Jaeger et SEV Marchal - équipementiers automobiles -, dans un second temps, qui perpétuent ainsi les savoir-faire locaux. Par ailleurs, des anciens manuchards (les frères Fabris, Mr Léger, Mr Billouin, etc.) créent leur propre entreprise en s’appuyant sur leurs compétences acquises à la « Manu ». Plus récemment, on observe la diffusion locale des compétences au travers d’essaimages, à l’instar de Mecafi, exter- nalisation de Sextant Avionics. Ces différents mouvements (voir Ferru, 2009) pour une représentation schématisée de ces mouvements) concourant au transfert de compétences à l’intérieur des entreprises de Châtellerault ont permis de perpétuer un certain savoir-faire et une spécialisation cognitive forte autour de l’usinage (le tournage et le fraisage notam- ment), véritable héritage de la coutellerie et de la Manu.

Sur la base de ses savoir-faire construits historiquement autour de la mécanique, Châtellerault a effectué une évolution sectorielle plus aisée vers l’aéronautique et l’auto- mobile, mettant ainsi en évidence la dépendance des territoires à leur trajectoire cognitive première sans pour autant nuire aux besoins de reconversion. On observe encore actuel- lement une tendance à la diversification vers la branche médicale qui pourrait permettre un repositionnement des entreprises locales vers des activités productives moins exposées

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à la concurrence en coût. Soulignons toutefois que le développement, la perpétuation et le transfert de ces compétences stratégiques à de nouveaux secteurs ont été favorisés par un système de formation performant et adapté. Pour ses besoins en main d’œuvre et pour trouver notamment des ajusteurs et limeurs de profession, la manufacture a créé dès 1888 une école d’apprentissage qui s’est étendue par la suite à de nouvelles professions de la mécanique. Parallèlement, l’entreprise Rocher avait sa propre école de formation, qui était très prisée et qui a formé de grands industriels, tels que les frères Fabris. Par ailleurs, furent créés un lycée technique avec une section de mécanique et, dès 1961, un centre de forma- tion professionnel pour adultes dans les locaux de la manufacture (qui utilise les équipe- ments industriels et les formateurs de cette dernière et qui reste spécialisé dans les métiers de la mécanique). Aujourd’hui encore, de nombreux établissements de formation spécia- lisés dans la mécanique sont présents à Châtellerault, même s’ils semblent insuffisants par rapport aux besoins actuels. Au regard de la trajectoire du bassin Châtelleraudais, on observe la pertinence de la notion de compétences pour comprendre le développement des territoires. Aydalot peut apparaître à cet égard comme un précurseur, en liant tout d’abord division du travail et espace et en soulignant ensuite l’importance des compétences sur les territoires grâce au concept de « rupture-filiation » notamment (Aydalot, 1986). D’autres travaux montrent également l’intérêt d’une telle démarche : Bouba-Olga (2000), Moati et Mouhoud (2005) et Mendez et Mercier (2006) ont précisé le lien entre territoire et spécia- lisation cognitive. Le Châtelleraudais se développe en effet sur la base d’un accroissement cumulatif de compétences et évolue le long d’une trajectoire cognitive prédéterminée par son positionnement initial ; les concepts de path dependency, de lock-in et de trajectoire utilisés pour la firme par les évolutionnistes apparaissent alors pertinents pour comprendre le développement territorial. Comme pour l’entreprise, « les sentiers suivis sont engendrés par des trajectoires technologiques et contraints par des complémentarités d’activités » (Dosi et al., 1990, p. 245) que développe le territoire au cours du temps.

Ce processus d’accumulation de savoir-faire spécifiques sur les territoires implique une spécialisation et une cohérence cognitive forte et conduit ainsi à l’existence non pas d’un système productif local (logique de spécialisation sectorielle), mais plutôt d’un

« système local de compétences » (Grossetti et al., 2006) autour des savoir-faire de la mécanique (logique de spécialisation cognitive). Ce dernier représente une sorte de

« méta-secteur-productif » qui n’est pas fondé sur un produit ou un secteur spécifique mais sur un type de compétences. A Châtellerault, la présence de ce SLC s’est illustré et s’illustre aujourd’hui par différents éléments : (1) on observe une certaine cohérence cognitive qui dépasse le cadre du secteur : les entreprises locales fabriquent différents produits (prothèses médicales, équipements automobiles et aéronautiques, machines de production, etc.) à partir d’un ensemble de savoir-faire relatifs à la mécanique ; (2) les entreprises appartenant à des secteurs d’activité en apparence différents requièrent le même type de compétences ; (3) cette cohérence cognitive s’exprime aujourd’hui et est renforcée par la circulation des compétences sur le marché du travail local (les entre- prises de l’aéronautique montrent une préférence dans leur choix de recrutement pour les salariés ayant travaillé dans l’automobile), (4) et par des « essaimages » ou « spin off » ; une dizaine de chefs d’entreprise, après avoir accumulé un ensemble de compé- tences complémentaires relatif à la mécanique, en travaillant dans différentes entreprises locales, ont créé leur propre entreprise.

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Cet exemple rend compte, d’une part, que certains bassins industriels, à l’instar de Châtellerault, s’organisent autour non pas d’un secteur d’activité mais d’une compétence particulière accumulée dans le temps long. Il montre, d’autre part, l’intérêt d’une analyse historique en termes de compétences pour comprendre la dynamique de certains territoires.

3. L’importance de l’agglomération et de la proximité physique dans la littérature La concentration locale et la proximité physique apparaissent, au regard de la littéra- ture économique notamment, comme un élément indispensable pour le développement économique des territoires en favorisant les capacités d’innovation de ses acteurs.

Centrés sur la volonté d’expliquer les phénomènes d’agglomération, les travaux de la nou- velle économie géographique (Krugman, 1991 ; Krugman et Venables, 1995 ; Fujita, et al., 1999) soulignent l’importance d’externalités positives liées aux économies d’agglomération et d’urbanisation. En insistant sur le caractère localisé des externalités, ils apportent une jus- tification à la concentration spatiale des activités d’innovation et considèrent qu’il faut porter l’effort sur les grandes métropoles. Les auteurs analysent le jeu combiné de la concurrence imparfaite, des rendements croissants et des externalités qui en découlent afin d’expliquer la répartition inégale des activités dans l’espace ainsi que le lien entre la nature des externalités et les mécanismes de concentration. Ces derniers reposent traditionnellement sur l’existence de deux forces opposées de dispersion et d’agglomération des activités. Les forces de dispersion relèvent essentiellement des coûts de transport, de congestion, de pollution, etc., alors que les forces de congestion, au contraire, résident dans la présence d’externalités localisées.

Les approches « marshalliennes » présentées précédemment soulignent également l’importance des interactions locales dans l’efficacité des territoires les plus performants.

L’existence de succès régionaux, tels que la Silicon Valley, au sein duquel on observe effec- tivement de nombreuses relations locales de coopération, est venue confirmer leurs propos et a contribué à leur popularité. Des analyses approfondies de ce cluster (Saxenian, 1994 ; Kargon et Leslie, 1996 ; Castilla et al., 2000) ont pourtant permis de mettre en évidence sa nature beaucoup plus complexe, d’une part, et l’existence de coopérations (entreprises- laboratoires notamment) initialement non locales, d’autre part ; elles rendent compte égale- ment de la présence d’éléments non spatiaux favorisant les interactions locales (confiance, mobilité des travailleurs, relations sociales, etc.)6 mais ces derniers ont généralement été considérés comme des effets du local. Le modèle de la Silicon Valley a alors été repris d’un bloc sans distinction entre les éléments de proximité spatiale et non spatiale en supposant qu’ils vont nécessairement ensemble et qu’aucune autre configuration ne peut être efficace.

Venant relayer les propos des approches « marshaliennes », les premiers modèles de la géo- graphie de l’innovation (Jaffe, 1989 ; Audretsch et Feldman, 1996), s’intéressant à la dimen- sion spatiale des spillovers de connaissances sur la base de modélisations économétriques,

6 Saxenian (1990) indique dans un premier temps que « la résistance de la Silicon Valley doit autant à ses réseaux de relations sociales, professionnelles et commerciales qu’aux efforts des entrepreneurs individuels » (p.105) ; elle ajoute plus récemment que les différences de performances entre la Silicon Valley et la Route 128, territoires aux origines communes, proviennent de leurs différences d’intégration aux réseaux de relations sociales et institutionnelles (Saxenian, 2000). Se référant aux travaux de Granovetter (1985), Porter (1999) indique également que « la structure sociale des grappes a une importance » et affirme même que « certains  avantages des grappes (…) ont au moins une composante relationnelle ».

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affirment le caractère localisé des externalités technologiques. Observant la concentration sur un territoire limité de flux de connaissances (co-citation de brevets ou de publications), ces auteurs concluent que « le savoir traverse les corridors et les rues plus facilement que les continents et les océans » sans expliquer véritablement les mécanismes qui sous-tendent la relation entre interactions et dimension locale7. Les approches évolutionnistes, en soulignant le caractère tacite des connaissances, apportent une justification théorique a priori pertinente à leurs résultats. Elles montrent que l’articulation des connaissances tacites, que les firmes accumulent au fur et à mesure de leur activité, est au cœur du processus d’innovation (Nelson et Winter, 1982 ; Dosi et Teece, 1998). Or, ces connaissances tacites, par définition, sont dif- ficilement codifiables et ne peuvent donc pas être diffusées facilement dans l’espace, ce qui conduit certains auteurs à considérer que seuls des rapports de face à face permettent d’en bénéficier. Foray (1995, p.19), par exemple, affirme que « l’aptitude à assimiler et à transférer les connaissances scientifiques et technologiques qui ne sont pas totalement codifiées est lar- gement tributaire des opportunités de contact personnel direct entre les parties concernées ».

En posant cette hypothèse, on s’éloigne cependant de la définition des connaissances tacites proposée par Dosi (1988), qui considère qu’elles correspondent à des connaissances que les individus ne peuvent parfaitement exprimer, mais qui sont partagées par des individus ayant une expérience commune. Dans cette perspective, la transmission à distance des connais- sances (par les TIC par exemple) à des personnes ayant vécu des expériences communes au sein d’une entreprise, d’un secteur, ou au cours de leur formation, serait, dans tout un ensemble de cas, possible, la capacité d’absorption de ces connaissances dépendant moins de la localisation des acteurs dans l’espace physique que dans l’espace des ressources cognitives.

Les résultats de ces premiers modèles économétriques et leurs justifications théoriques sont depuis remis en cause. D’une part, des travaux empiriques (Kenney et Florida, 1994 ; Gay et Picard, 2007 ; pour une synthèse, voir Bouba-Olga et Ferru, 2008) montrent la faiblesse des externalités locales et leur caractère non exclusif. Les collaborations non locales pour l’innovation apparaissent stratégiques (voir par exemple Simmie, 2003) et sont rendues possibles grâce à l’appartenance à des communautés épistémiques (Amin et Cohendet, 2004), à des gatekeepers (Morrison, 2008) ou au travers de global pipe- line (Bathelt et al., 2004). D’autre part, des auteurs (Almeida et Kogut, 1998 ; Darby et al., 1998) montrent que la présence d’externalités locales ne provient pas du besoin de face à face mais de la mobilité des scientifiques et/ou des relations personnelles entre travailleurs. Les travaux de Grossetti et Bès (2003) confirment et précisent ces derniers résultats en montrant l’importance des réseaux sociaux et des institutions dans la mise en relation des acteurs et révèlent que le local est la conséquence des relations personnelles existant à ce niveau. Waters and Lawton Smith (2008) précisent toutefois que « local networks should not be overstated on the basis thatthere are distinct differences within two seemingly similarlocations and within the professional associations ».

Une analyse du processus d’innovation des firmes du Châtelleraudais et de la locali- sation des acteurs impliqués dans les projets d’innovation semble également mettre en doute le caractère indispensable des relations locales pour l’innovation et la faiblesse des territoires de taille moyenne en termes d’innovation.

7 Le local pour ces auteurs renvoie une dimension géographique beaucoup plus large que pour des analyses similaires effectuées en France.

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4. Le système d’innovation Châtelleraudais : des collaborations essentiellement extrarégionales

En nous appuyant sur une base de données construite à partir du traitement de question- naires (cf. annexe) réalisés auprès de 82 établissements de la zone d’emploi de Châtellerault, nous avons pu évaluer les performances du Châtelleraudais en termes d’innovation et nous prononcer sur le poids des collaborations locales pour l’innovation. Le questionnaire est composé d’une vingtaine de questions essentiellement fermées (cf. annexe) dont les réponses ont été codées puis traitées statistiquement. Il a été généralement rempli par le chef de l’établissement lui-même, en face à face dans la grande majorité des cas8.

Nous avons choisi de nous centrer sur l’industrie mais nous avons toutefois intégré quelques établissements (bureaux d’études ou société d’ingénierie notamment) apparte- nant à d’autres secteurs en raison de leur importance locale ou de leurs liens avec l’indus- trie. Ainsi sur les 82 établissements enquêtés, 67 appartiennent à l’industrie (soit 81,7 % de l’échantillon), 14 au tertiaire et 1 à la construction. A un niveau sectoriel plus fin (Nes 36), on observe dans notre échantillon la prépondérance du secteur de la métallurgie et du travail des métaux (35,4 % de l’échantillon), ce qui s’explique aisément compte tenu de sa surreprésentation locale. Au total, notre enquête porte sur 27 % des établissements présents sur notre territoire d’étude, ce qui correspond à plus de 70 % des salariés de la zone d’emploi. Notre échantillon apparaît relativement représentatif au regard des effec- tifs salariés enquêtés notamment.

Nous définissons l’innovation de façon élargie par rapport à la définition habituellement retenue. Nous prenons en compte non seulement les innovations technologiques (de pro- duits et de procédé) mais également les innovations organisationnelles et de marketing, dites non technologiques. Ces dernières sont souvent reléguées au second rang, comme en témoigne la politique des pôles de compétitivité, par exemple, qui se focalise presque exclusivement sur les innovations technologiques. Elles semblent pourtant cruciales dans le développement des établissements en leur permettant de rester concurrentielles et d’obtenir de nouveaux marchés. Par ailleurs, nous ne nous limitons pas aux innovations pour le mar- ché mais intégrons les innovations pour l’entreprise (innovations déjà existantes sur le mar- ché) afin de rendre compte de la diffusion des innovations inter-entreprises et intra-groupes.

L’encadré suivant donne une définition de ces différents types d’innovation.

Encadré n°1 Définition des différents types d’innovation

L’innovation de produit est considérée comme la mise au point et/ou l’introduc- tion d’un produit nouveau. Le produit peut être nouveau pour le marché (innovation de produit pour le marché) ou être un produit existant sur le marché mais incor- porant une nouveauté pour l’entreprise (innovation de produit pour l’entreprise).

8 Notre échantillon a été établi à partir de l’annuaire des entreprises de la Communauté d’Agglomération du Pays Châtelleraudais (CAPC) complété par des recherches d’entreprises sur Internet pour les communes n’appartenant pas à la CAPC. Ainsi, plus de 72 % (98 sur 136) des entreprises de l’annuaire ont été contactées.

75 % (73 sur 98) d’entre elles ont répondu favorablement à la demande (un peu moins de 10 établissements ont refusé de répondre ; dans les autres cas, il n’a pas été possible de joindre le dirigeant).

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(11)

Autrement dit, ses caractéristiques ou ses utilisations prévues présentent des diffé- rences significatives par rapport à ceux produits antérieurement (sur le marché et/

ou dans l’entreprise).

L’innovation de procédé (ou de process) correspond à la mise au point ou à l’adoption de méthodes de production ou de distribution nouvelles ou considérable- ment optimisées, comme par exemple la chaîne de montage, la production assistée par ordinateur (P.A.O.). on peut distinguer là-aussi la réalisation de nouveaux pro- cédés pour le marché (innovation de procédé pour le marché) de ceux nouveaux pour l’entreprise (innovation de procédé pour l’entreprise).

L’innovation organisationnelle traduit la mise au point ou l’adoption d’une nouvelle organisation du travail et contribue à l’amélioration des performances de l’entreprise au niveau des méthodes de production et/ou de distribution. L’OST ou l’organisation du travail à flux tendus en sont des exemples.

L’innovation marketing consiste en la création d’un marché ou d’un segment de marché nouveau grâce à une nouvelle présentation du produit mais sans change- ment significatif de ses caractéristiques et/ou à l’introduction d’une manière nou- velle ou considérablement améliorée de vendre des marchandises ou services.

Au regard de nos résultats, il apparaît que l’ensemble des établissements enquêtés ait mis en place au moins une innovation depuis deux ans (à l’exception d’un établissement spécialisé dans la commercialisation). Les établissements enquêtés ne sont pas centrés sur un type d’innovation mais effectuent aussi bien des innovations technologiques que non technologiques, pour leur entreprise que pour le marché, même si les innovations technologiques pour l’entreprise dominent.

Figure n°1 : Poids des innovations technologiques et non technologiques

Note de lecture : 63 % des personnes interrogées ont réalisé une innovation-produit pour le marché depuis deux ans, 72 % ont effecturé une innovation-produit pour l’entreprise, etc.

Concernant les innovations technologiques, elles sont plutôt incrémentales. En effet, bien qu’environ deux tiers des établissements ait effectué au moins une innovation-pro- duit pour le marché depuis deux ans, les innovations réalisées résultent fréquemment d’une adaptation de la production des établissements à la demande de leurs clients. Un

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(12)

établissement a notamment créé un nouveau système de navigation pour le futur A350 suite à la demande de son client. Par ailleurs, une majorité des innovations technologiques sont des nouveautés pour l’entreprise qui relèvent de la diffusion d’innovations, révélant une certaine capacité d’absorption des innovations déjà existantes. Les établissements vont créer certains produits importants (leur permettant par exemple d’avoir de nouveaux marchés) mais que leurs concurrents fabriquaient déjà auparavant.

Conformément aux résultats de l’enquête CIS4 (Sessi, 2006), les établissements innovent plus en termes de produits qu’en termes de procédés et ces dernières consistent généralement en l’intégration de procédés déjà existants sur le marché (pour 72 % des établissements).

Les innovations de procédé pour le marché existent - un établissement a par exemple créé une machine permettant de décintrer les toiles de criblage – mais elles restent relativement rares, les établissements évitant les investissements productifs spécifiques, plus coûteux.

S’agissant des innovations non technologiques, elles sont relativement moins fréquentes : bien qu’un peu plus d’un établissement sur deux améliore de façon continue son organisa- tion productive dans le but de diminuer toute source d’inefficacité, les innovations marketing apparaissent comme un élément de développement plus secondaire, ce qui confirme là-encore les résultats de l’enquête CIS4 et l’étude du SESSI (2006). En effet, une part importante des établissements effectue fréquemment de légères modifications de l’organisation de leur pro- duction et quelques-uns réalisent également des innovations organisationnelles de plus grande ampleur qui consistent en la réorganisation complète ou l’automatisation d’une ligne de pro- duction. Les innovations marketing ne concernent quant à elles qu’un peu plus d’un tiers des établissements enquêtés et correspondent généralement à la création d’un site Internet pour le démarchage de nouveaux clients. Seuls, les établissements appartenant au secteur des IAA et dans une moindre mesure au secteur du textile et de l’habillement, semblent établir des innovations marketing importantes en proposant, par exemple, un nouvel emballage de leur produit ou un produit en portion. Pour les établissements locaux appartenant à un groupe, le service marketing est généralement localisé au siège social ou administratif des entreprises ; pour les entreprises indépendantes la fonction est souvent considérée comme non prioritaire (elles sont dans des situations d’urgence, cherchent à tenir les délais imposés par leurs clients et n’arrivent pas à dégager du temps pour cela).

Sur les 82 établissements enquêtés, 62 déclarent avoir mis en place au moins une rela- tion de collaboration9 pour la mise en œuvre de l’ensemble ou d’une partie de leurs pro- jets d’innovation, confirmant que « l’innovation en solitaire est un mythe » (Sessi, 1995).

Figure n°2 : Nature des partenaires pour l’innovation

9 La collaboration est considérée dans ce questionnaire comme une relation de travail plus importante qu’une simple demande de prestation en ce qu’elle requiert une implication forte des différents participants, un intérêt commun pour le projet et l’établissement d’échanges. Ces collaborations recouvrent une large gamme de liens allant de la sous-traitance aux contrats de recherche en commun.

Nb relations

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Au regard de notre enquête, les partenaires sont de différentes natures bien que les colla- borations avec d’autres entreprises (fournisseurs ou sous-traitants) dominent ; les sous-trai- tants appartenant au secteur de la métallurgie et du travail des métaux, par exemple, choisis- sent dans la grande majorité des cas ce type de partenaire, et ce, de façon quasi-exclusive.

Les établissements du groupe auquel appartiennent les établissements enquêtés constituent aussi, pour plus d’un tiers des cas, des partenaires privilégiés, que le groupe soit français ou étranger (ce qui n’est pas étonnant puisque l’organisation des groupes est établie selon un mode de partage de compétences complémentaires stratégiques dans le but de réduire leurs coûts). Les clients apparaissent également importants dans les projets d’innovation : les interactions entre producteurs et consommateurs (learning by interacting) s’avèrent fruc- tueuses dans de nombreux cas et l’utilisation répétée du produit par le consommateur (lear- ning by using) donne au client une certaine expertise pouvant conduire à la mise en place de relations de collaboration pour le développement d’un nouveau produit. Par ailleurs, les clients souhaitent également établir des collaborations de plus en plus étroites avec leurs partenaires, et notamment avec leurs sous-traitants, face aux nouvelles contraintes du mar- ché (le client précise les spécificités fonctionnelles du produit) et au phénomène croissant de risk sharing dans les secteurs automobile et aéronautique10.

Ces partenaires sont répartis sur différents territoires, montrant à la fois le caractère multi-scalaire du processus d’innovation et la nature non exclusive des collaborations locales. Les relations pour l’innovation, loin de s’établir uniquement aux niveaux local ou régional, semblent se déployer majoritairement à l’échelle nationale. Près de 80 % des établissements collaborent avec un partenaire français : parmi cet ensemble, 55 % sont extrarégionales (et donc 45 % sont intra-régionales).

Figure n°3: Nature et localisation des collaborations pour l’innovatio

Les relations nationales dominent pour l’ensemble des types de partenariat à l’exception des collaborations nouées avec les CRITT et les organismes d’aide qui sont généralement intra-régionales11. Les établissements enquêtés indiquent qu’ils recherchent prioritairement

10 Il est intéressant de noter à cet égard que la relation entre les donneurs d’ordres et les sous-traitants n’est pas perçue par les deux parties de la même manière : alors qu’elle est considérée par le sous-traitant comme une collaboration, le donneur d’ordres peut au contraire y voir une simple demande de prestation.

11 Ainsi, la dimension régionale du processus d’innovation s’apparente aux relations avec ces institutions. Il est intéressant de noter à cet égard que les partenariats avec des laboratoires publics reposent plus souvent sur la proximité physique que ceux établis avec les laboratoires privés.

Groupe Autres entreprises Org

d’aide Labo privés Labo

publics CRITT Clients Total %

Local 5 17 0 1 0 0 0 23 13 %

Régional 1 11 11 4 5 5 5 42 23 %

National 12 31 3 11 6 1 17 81 44 %

Européen 9 8 0 2 2 0 2 23 13 %

International 4 6 0 1 1 0 2 14 8 %

Total 31 73 14 19 14 6 26 183 100 %

% 17 % 40 % 8 % 10 % 8 % 3 % 14 % 100 %

(14)

leurs sous-traitants et leurs fournisseurs en France. Toutefois, alors que les fournisseurs sont dispersés en France, compte tenu de leur plus grande spécificité et de leur nombre plus limité, les sous-traitants peuvent être trouvés localement. Les relations établies au niveau local sont ainsi essentiellement le fruit de partenariats avec des sous-traitants aux savoir- faire généralement standards, disponibles aux différentes échelles spatiales ; il arrive éga- lement que la proximité géographique avec ces derniers soit recherchée pour obtenir une plus grande réactivité et pour plus de sécurité (contrôle plus facile à mettre en place)12. Les collaborations avec l’étranger proviennent, quant à elles, de la recherche de compétences très spécifiques et rares et sont facilitées par l’appartenance au groupe, lequel rassemble grâce à ses établissements répartis nationalement ou internationalement des domaines d’ac- tivités complémentaires stratégiques pour les autres structures du groupe. Compte tenu du faible nombre de partenariats internationaux, il est difficile de déterminer quelles sont les caractéristiques individuelles de ces établissements, mais nous constatons, sans grande sur- prise, que les établissements appartenant à un groupe, notamment étranger, établissent plus de collaborations en dehors de l’hexagone.

Nous avons pu montrer que les établissements du Châtelleraudais sont globale- ment performants en termes d’innovation et que ce territoire innove même plus que la moyenne : plus de 95 % des établissements enquêtés a mis en place au moins une innova- tion depuis deux ans contre 55 % des établissements industriels français (Sessi, 2006)13. On observe par ailleurs, que plus de trois entreprises sur quatre ont mis en œuvre leur projet d’innovation en collaboration avec des partenaires situés sur différents territoires.

Les collaborations intra-régionales ne sont pas majoritaires (35,5 % de l’ensemble) et sont relativement moins importantes que celles établies avec des partenaires extrarégio- naux (45 %). Ceci rend compte d’une part, du caractère multi-scalaire du processus d’in- novation et montre d’autre part, que certains territoires peuvent avoir des performances relativement importantes en termes d’innovation grâce à des relations extrarégionales. La proximité physique apparaît ainsi comme une condition non nécessaire à l’innovation.

Conclusion

Ce travail empirique nous a permis de montrer que certains territoires, à l’instar de Châtellerault, s’organisent autour non pas d’un secteur d’activité mais d’un pool de com- pétences particulières accumulées dans le temps long. Ceci rend compte de l’intérêt d’une analyse historique en termes de compétences pour comprendre la dynamique de certains territoires. La reconnaissance de ces savoir-faire stratégiques locaux apparaît plus cru- ciale pour les exercices de diagnostics territoriaux que l’identification de la spécialisation productive qui en découle ; elle permet de souligner les enjeux relatifs au devenir des

12 Un expert plasturgie travaillant chez une équipementier automobile explique qu’il recourt, pour ses projets d’innovation de procédé, à un réseau de sous-traitants locaux réguliers pour pouvoir intervenir en cas de diffi- culté et pour contrôler plus facilement l’état d’avancement du travail.

13 Les résultats du SESSI s’appuient sur une enquête comparable (CIS4) établie sur la période 2002-2004 auprès de toutes entreprises de plus de 10 salariés appartenant aux secteurs d’activité marchande non agricole ; cette enquête utilise la même définition de l’innovation. La différence en termes de méthode d’investigation (les questionnaires ne sont pas effectués en face à face mais envoyés par courrier) peut toutefois avoir une influence dans les résultats obtenus.

(15)

territoires. Une telle analyse pose la question de la stratégie de diversification cohérente des territoires. La spécialisation cognitive du Châtelleraudais lui a donné des avantages en termes de flexibilité et les moyens de résister aux fluctuations de marché et a permis de réinvestir les compétences d’un type de production à un autre. L’organisation territoriale du Châtelleraudais et plus généralement la configuration relative aux systèmes locaux de compétences permettent d’être moins exposés aux chocs sectoriels qui ont conduit à la perte de certains districts industriels. La présence d’une telle configuration peut s’avérer par ailleurs, plus fréquente que ce qu’on observe dans la littérature : en se focalisant sur les spécialisations sectorielles à une période donnée, les auteurs occultent généralement la logique cognitive historique qui sous-tend l’organisation du territoire.

Ce travail monographique montre également que les villes moyennes peuvent être autant, voire même plus, innovantes que d’autres territoires. On observe en effet, sur le bassin industriel Châtelleraudais, que l’ensemble des firmes enquêtées a établi au moins une innovation depuis deux ans (en s’appuyant notamment sur ses capacités d’absorption) et que plus de 60 % d’entre elles a créé un produit nouveau pour le marché sur la même période. Les projets d’innovation s’appuient sur des collaborations avec différents types de partenaires, majoritairement situés en France, en dehors de la région Poitou-Charentes.

Le processus d’innovation apparaît ainsi multi-scalaire et la dimension locale n’apparaît dans ce cadre ni indispensable, ni exclusive.

Compte tenu de ces deux grands ensembles d’éléments d’analyse, il semble qu’un des enjeux essentiels pour l’industrie Châtelleraudaise consiste moins à défendre un secteur d’ac- tivité en particulier, ou à tenter de favoriser le développement de relations d’innovation locales entre les entreprises, que de travailler autour du pool de compétences de ce bassin industriel.

(16)

Annexe: Questionnaire Coordonnées Nom de l’entreprise : Nom du dirigeant :

Nom de la personne interviewée : Fonction de la personne interviewée :

Adresse électronique et /ou numéro de téléphone Caractéristiques générales de l’entreprise Date de création de l’entreprise :

Statut de l’entreprise :

Secteur d’activité (code NAF et activité principale) :

Effectifs salariés : Etes-vous :

• Une entreprise mono-établissement

• Une entreprise multi-établissement où est situé le siège social :

Appartenez-vous à un groupe : non

oui Depuis le :

• un groupe français

• un groupe étranger

• un groupe industriel

• un groupe financier où est situé la tête de groupe : Activité productive

Vous considérez-vous comme :

Fabricant Distributeur Prestataire de service Sous-traitant de premier rang second rang troisième rang

(17)

Combien avez-vous de clients :

Un seul 2 Entre 2 et 5 Entre 5 et 10 Plus A quel secteur d’activité appartiennent-ils ? Veuillez indiquer si possible le pourcentage pour chaque secteur client

Où sont-ils situés ? Veuillez indiquer si possible le pourcentage de clients locaux (Zone d’emploi de Châtellerault), régionaux, nationaux, européens et internationaux

Innovation

Avez-vous un service de R&D sur votre site/ dans votre établissement ? - Si oui : Quand a-t-il été crée ?

• Combien de salariés sont attachés à ce centre de R&D ?

• Comment ont évolué ces effectifs ces 5 dernières années

(indiquez le pourcentage d’augmentation ou de baisse et les raisons de leur variation)

- Si non : existe-t-il un centre de R&D au sein de votre entreprise ? Si oui : où ?

Y avez-vous recours ?

-Si non : existe-t-il un centre de R&D au sein de votre groupe ? Si oui : où ?

Y avez-vous recours ?

Quel pourcentage de vos dépenses consacrez-vous à la R&D ?

Sur les deux dernières années avez-vous mis en place une/des innovation(s) :

• innovation de produit pour le marché pour l’entreprise

• innovation de procédé (méthodes de production)

pour le marché pour l’entreprise

• innovation organisationnelle

pour le marché pour l’entreprise

• innovation de marketing

pour le marché pour l’entreprise Quel(s) est (sont) le(s) principal(ux) objectifs de vos projets d’innovation ? Evaluez l’importance de chacun d’eux sur une échelle de 1 à 5 (1 étant considéré d’importance très faible, voire nulle)

1 2 3 4 5

• difficultés rencontrées dans le processus de production

(18)

• adaptation et réponse à une demande de client

• différenciation des concurrents

• diminution des coûts, délais, défauts de production Collaborations pour l’innovation

Etablissez-vous des partenariats/collaborations lors de vos projets d’innovation ?

• non

• oui mais ils ne sont généralement pas essentiels au projet

• oui et ils sont essentiels au projet Avec qui collaborez-vous généralement :

• des unités de recherches de votre groupe

• autres entreprises/unités de recherche

• des laboratoires de recherche publics

• des laboratoires de recherche privés

• des CRITT

• organismes d’aide (Oséo, incubateur)

• autres

JamaisparfoisSouventToujoursLocalRégionalNationalEuropéen International

(19)

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Aujourd’hui que sa disparition nous frappe et nous touche si profondément, nous som- mes confrontés à la suite de son action pour la revue Géographie, Economie et Société.. Georges