H ENRI G ERNER S CHMIDTEN
Analise transcendante. Mémoire sur l’intégration des équations linéaires
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 11 (1820-1821), p. 269-316
<http://www.numdam.org/item?id=AMPA_1820-1821__11__269_0>
© Annales de Mathématiques pures et appliquées, 1820-1821, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de Mathématiques pures et appliquées » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale.
Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
269
ANALISE TRANSCENDANTE.
Mémoire
surl’intégration des équations linéaires;
Par M. HENRI GERNER SCHMIDTEN.
ÉQUATIONS L I N É A I R E S.
L’INTÉGRATION
d’uneéquation
différentielle neconsiste,
àproprement
parler, qu’à
trouver la fonction laplus générale qui
satisfasse àl’équation proposée ;
et des casparticuliers peuvent
seuls donner nais-sance à des
questions
relatives a l’évaluation de cette fonction. Pour résoudre ce dernierproblème ,
ilfaut ,
eneffet ,
absolument con-nattre la valeur
arithmétique
de chacune desquantités
dont secompose la fonction dont il
s’agit ;
et alors il faut avoir autant de méthodes d’évaluation différentesqu’il peut
y avoir de relations diffé-rentes entre ces mêmes
quantités.
De là naît
l’impossibilité
de donner des méthodes d’évaluationqui
soient propres à deséquations générales ,
ainsi que celle deparcourir
l’infinie variéié deséquations particulières qui peuvent s’y
trouver
implicitement comprises ;
d’où ilparaît
naturel de conclure quel’unique
moyen d’avancer cettepartie
de l’analise et de sur-monter les difficultés
qu’elle présente ,
est de trouver des méthodespropres à
développer
la même fonction sousplusieurs
formesdifférentes, parmi lesquelles
onpuisse
choisir cellequi
conviendrale mieux à
chaque
casparticulier.
Ces fonctions doivent d’ailleurs être aussisimples
que la nature deséquations qui
leur donnent naissancepeut
lecomporter ;
et les sériesqu’elles
forment doiventTom. XI ,
n.°IX , I.er
mars I82I. 36270
É Q U A T I O N S
en outre
offrir
une loi facile à saisir. La méthodequ’offre
lasérie
deTaylor (jusqu’ici
la seulegénérale
que nousayons )
n’étantd’ailleurs applicable qu’à
des castres-parneutiers ;
comme il estnaturel que les
intégrales
secompliquent ,
deplus
enplus ,
amesure
que
teséquations
sontplus générales :
on se trouve fondé àconsidérer
l’intégration
deséquations
non linéaires commesurpassant généralement parlante
les forces de l’8nalisc.Soit ,
eneffet , y
une fonction d’un nombre de variablesindépendantes ,
donnée parl’équation différentielle
~.y étant une fonction
qui
contient les coefficiens différentiels ouaux différences de l’ordre le
plus
élevéqui
soient dansl’équation
proposée , et- fy
étant une autre fonctionquelconque
desvariables indépendantes des coefficiens differentiels
ou auxdifférences ;
onaura l’équation intégrate
I ~ signifiant la fonction inverse de ~ ;
et X étant lafonction
laplus générale qui
satisfasse àl’équation ~.X=o.
Au moyen de cette relation
implicite ,
on trouvera facilement la valeurexplicite de
y , par des substitutionssuccessives ;
ce seraMaintenant ,
il sepeut
quechaque
substitutionrapproche
cettesérie de la véritable valeur
de y ;
-mais il sepeut
aussiqu’eUe l’en éloigne ;
et alors on devra donner une autre forme a lasérie ;
cequi
esttoujours possible
d’autant de manières differentesqu’il
yen aura de
partager l’équation
entre lesdeux
termes ~.y etf.v.
L I N É A I R E S.
27IOn voit
dependant
que la valeur de y restera ; engénéral , très-compliquée , à
moins que c. y etf. y
nesoient, linéaires
parrapport
à y , cequi embrasse déjà
une ctassed’équation
très-étendue et
très-importante :
celle deséquations linéaires.
On a ,
dans ce cas ;et
je
me propose d’en exposer lesprincipales conséquences,
encommençant par la
partie
laplus simple , qui
sert en mêmetemps
de base au reste.§.
.LeDes équations différentielles
à deux variables.Le résultat le
plus général qu’on
ait obtenu sur.ceséquations ;
est le théorème de
Lagrange ,
au moyenduquel
on sait ramenerl’équation
laplus générale
à une autrequi
ne renferme pas determe
indépendant
de la fonction inconnue. Deplus,
onintègre
sans
difficulté ,
par des fonctionsexponentielles
oualgébriques
leséquations
de la formeet par des
intégrales
définies celles de la formemais
les méthodesqu’a
donnéEuler
pourintégrer
leséquations ,
272
ÉQUATIONS
par l’introduction d’une nouvelle
variable, ne s’emploient
avec succèsque
lorsque
lesintégrales
en sontdejà
données par desséries ;
etl’on n’a pas de moyen direct de trouver la forme de la série
qui
satisfait à une
équation proposée.
D’ailleurs ,
on voit facilementqu’en général
il doit êtreimpossible
d’intégrer
uneéquation
sous formefinie puisqu’il n’y
aqu’une
suite
infinie qui puisse embrasser ,
dans sagénéralité,
toutes lessortes de transcendantes que
l’intégrale peut comporter,
et dontun
petit
nombre seulement a étéintroduit dans
lelangage analitique.
Si
l’on
savait transformerl’équation proposée
en unedifférentielle
complète t
on la ramènerait ainsi 9 une autre d’un ordre moinsélevé ;
et , en continuant de la mêmemanière ,
onparviendrait
enfin à
l’expression générale
dela
fonctioninconnue, Il s’agiratt
donc de mettre
l’équation proposée
dans
laquelle P, Q,...M,
N sont desfonctions de x ,
sousla forme
XI , X2 ,
yX3 ,...Xn
étant des fonctions de xqu’il faut
déter-miner en
effectuant
lesdifférentiations ,
etComparant
ensuiteles coefficiens
à ceux del’équation proposée.
Cette méthode conduità un
système
de néquations simultanées ,
et toutes nonlinéaires ,
à
l’exception
de celle-ciet par
conséquent beaucoup plus
difficiles àrésoudre que l’équa-
L I N É A I R E S. 273
tion
proposée.
Cesopérations
ontquelque analogie
avec celles que l’onfait,
avec tout aussi peu desuccès,
sur leséquations algé- briques
desdegrés supérieurs,
à une seuleinconnue,
dans le dessein.de les résoudre.
Cependant
on est parvenu , par des considérationsparticulières ,
àprésenter,
sous formefinie ,
lesracines
desquatre premiers degrés
decelles-ci ;
mais il faut observer que cela ne s’exécutequ’au
moyen de transcendantesparticulières
pourchaque degré, auxquelles,
à raison dufréquent
usagequ’on
enfait,
ona cru devoir affecter des
symboles particuliers , qui
leurdonnent,
du
moins, quant
auxnotations , l’apparence
de fonctionsfinies.
Ainsi,
parexemple,
la racinequarrée
estdéjà
une transcendante àl’égard
de la racine del’équation
dupremier degré ;
de sorteque l’on ne doit
chercher,
par aucuneanalogie
àprésenter
l’in-tégrale
del’équation
du second ordre sous formefinie ,
au moyen des fonctionsexponentielles qui représentent ,
engénéral ,
celle dupremier
ordre. Eneffet ,
si l’on compare lesquantités X, , X2
avec
P , Q,
dansl’équation
du secondordre,
on auraen
posant
doncce
qui
donnesi l’on fait ensuite
il
viendra
274 É Q U A T I O N S
c’est-à-dire l’équation proposée.
Enfaisant ,
aucontraire ,
on aurait
d’où,
enposant ,
ou
conclurait
Ainsi l’on fait
dépendre l’équation (i)
de(2) ;
mais ce résultat n’estque
très-particulier,
et ne donne pas lieu à d’autrestranformations ,
attendu que le même
procédé, appliqué à (2), reconduit à (i).
On
pourrait
encore former deséquations
par lesquantités
donnéesXI , X2 , X3
..., comme on forme deséquations algébriques
aumoyen de leurs
racines ;
mais ces recherches ne conduisentqu’à
descas
particuliers
et peu utiles.Cependant ,
il nous sera facile de découvrir les cas lesplus généraux
ou la détermination desquantités
XI, X2 , X3
...,dépend
seulementd’opérations algébriques.
Ilnous suffit pour cela de considérer
l’équation
du troisièmeordre pour laquelle
on aura, enemployant
les notations deLagrange ,
les
relations
suivantes :L I N É A I R E S. 275
Il
faut donc,
parexemple qu’on
aiten aura de même
b3, c3, b2, c2,
... étant des constantes. On doit encoreavoir
l’équation
Ifui
revient ac4 étant une nouvelle constante. Posant donc
on aura
forme qu i devient
exponentielle J lorsque
03B4=-I.276 É Q U A T I O N S
Cette forme est
seulement
déduite de laconsidération
des deuxcoefficiens ;
mais on trouvera facilement que, pour un ordrequel-
conque , la relation entre les
quantités XI , X2 , XI
,..., quenous avons
étabiie,
réduirachaque
coefficient a unequantité algé- brique, multipliée
ou non par unepuissance
de la variable indé-pendante
telle quel’exposant
esttoujours
-m , celui de la diffé- rentiellecorrespondante
étant n-m. La détermination desquantités
inconnues
dépendra,
en tous cas , d’uneéquation
dudegré
n ; et,si l’on sait résoudre
celle-ci ,
on al’intégrale
del’équation
ou de celle-ci
comme on le sait
depuis long-temps.
On voit ainsi que l’introduction des
quantités. XI , X2 , X3 , ...., auxquelles,
paranalogie,
onpourrait
donner le nom deracines,
ne facilite
l’intégration que
dans des caspaiticuliers ,
étqu’il
fautmodifier le
procédé
pour obtenir des résultatsgénéraux.
En obser-vant que la détermination d’un nombre m de ces
quantités
que nousappellerons
pour un momentracines ,
conduit à uneéquation
del’ordre m ; on
pourrait partager l’équation proposée
en deuxparties,
à chacune
desquelles
on donnerait la forme de différentielle par-faite,
par le moyend’équations
des deux ordres m et n-m. Eneffet
soitl’équation proposée
on
lui donnera
la formeL I N É A I R E S. 277
et
faisant,
pourabréger,
le, second membre=f(y),
on aural’in- tégrale générale.
an , an-I
,
an-2 ,... aI étant des constantes ; de sorte que , si l’onreprésente par 03C9
lapartie indépendante de y ,
on auraComme on
peut
choisir m à songré,
onpeut
trouver ungrand
nombre de formes
différentes ,
par le seulchangement
de cettequantité ;
et l’on trouverait une infinité de formesdifférentes ,
enpartageant
autrementl’équation proposée.
Parexemple,
si l’on savait lapartager
en deux du mêmeordre,
dontchacune
fût facilementintégrable ,
on lui donnerait la formeTom.
XI. 37
278 ÉQUATIONS
et l’on en trouverait
l’intégrale complète
de deux manières. Ces re-cherches
n’ont ,
comme l’onvoit,
aucunedifficulté;
et c’estpour
cette raison que
je
ne m’arrête pas à discuter les formulesgéné- rales,
dontl’usage
s’entendrabeaucoup mieux
par desexemples particu) ers.
Quoique
l’onait y
dans cequi précède ,
une méthodegénérale
et directe
pour trouver ,
d’une infinité de manièresdifférentes ,
l’intégrale
d’uneéquation proposée ;
on trouve encore degrandes
difficultés relativement à’ l’évaluation de cette
intégrale ,
sur-toutlorsque l’équation
est d’unordre
un peu élevé.-
Toutefois
cetteméthode
embrasse sous un seulpoint
de vue.toutes,
çelles qui
ont été donnéesjusqu’ici ,
etrésout , d’pne
ma-nière
satisfaisante ,
ungrand
nombred’équations qu’on
nesaurait intégrer
sans son secours ,ou du moins
dont on n’obtiendrait l’in-tégration
quepar
destâtonnemens plus
ou moins heureux. Au ,surplus , après
avoirprésenté
lesintégrales
sous la formede séries, on peut
tenterd’employer
laméthode d’Euler
pour les ramener ades intégrales définies,
mais ces recherchesétant
de leur na-ture très.
particulières ,
ce ne saurait être ici le lieu de s’enoccuper.
Je vais
maintenant appliquer
cesprincipes généraux à l’équation
du premier ordre ,
dont la forme estd’où Fon formera
celle-ci:
- ,,LINÉAIRES. 279
en
comparant ;
on auradont
l’intégrale
estc’est-à-dire ,
a étant une constante
arbitraire;
et ,après avoir
trouvéXI ,
on aurac étant une nouvelle
constante mais l’intégrale
n’en contientpour-
tant
qu’une ,
attendu que adisparait
dans le second terme.Telle est donc
l’intégrale complète
laplus simple
del’équation
du
premier ordre,
et l’on voitqu’elle
seprésente
nécessairementsous la forme d’une série
infinie ,
a moinsque
l’onn’adopte quel.
que nouveau
symbole
pourreprésenter
la valeur deXI.
Ontrouve
en
effet.
ce
qui revient
àsuivant
lesigne qu’on
aadopté
pour la fonctionexponentielle ;
qui
est la transcendante laplus simple qui ,
engénéral , puisse
280 EQUATIONS
représenter l’intégrale
del’équation
dupremier
ordre.Malgré
cetteforme, qu’on
aemployée
avecbeaucoup
desuccès ,
on trouveencore des difficultés
très-grandes ,
et mêmeinsurrnontables ,
àévaluer
lesintégrales
de cetordre;
et si l’on observe’ combien cesfonctions,
que l’on connaît sous le nom dequadratures ,
sont li-mitées vis-à-vis des
intégrales
des ordressupérieurs ,
l’on doit s’at- tendre à d’autant moins de succès pour l’évaluation de ces dernières formes.Aussi , je
nem’occuperai
presque pas deséquations supé-
rieures au second ordre
qui
ne conduiraient à des résultats satis- faisans que dans des castrès-particuliers;
et d’ailleurs lesapplications
les
plus importantes
de l’analise neconduisent,
engénéral , qu’à.
des
ëquadons
duprernier
ou tonl auplus
du se.cond ordre.L’intégrale générale
del’équation
du second ordre doit être re--gardée
comme une transcendanteirréductible , qui ne s’abaisse aux
quadratures
que dans des castrès-particuliers ;
mais icije
me pro- pose seulement dedévelopper quelques-unes
des formesgénérales
les
plus remarquables qu’on peut
luidonner ;
et alors les cas oùelles
&ontsusceptibles
desimplification
se montrentfacilement.
Soit
l’équation
on,
peut. lui donner
la formeMais nous avons
déjà observé
que , dans ce cas , ladétermination
des racinesXI , X2
mène à uneéquation
de la forme"ou à
une autrequi
est ce quedevient-
laproposée , dans
le casde
LINEAIRES,
28Ide R=o. Nous ayons donc
très-peu gagné ,
et p arconséquent,
nous mettrons de
préférence l’équation
sous cetteforme
qui
donneet ensuite
ao et tli étant des
constantes arbitraires.
Enposant donc
il
viendra
On trouve
uneforme qui
estquelquefois plus simple en posant
l’équation
d’où ,
encomparant,
ou
En intégrant ,
on auraTom. XI. 37
bis.282 EQUATIONS
d’où,
enposant
on tirera
Si les fonctions
P , Q
sontsoumises à la
seule condition derendre X2 égale à
une constantec2 ,
on trouve facilement03B1 et 03B2 étant de nouvelles constantes arbitraires.
On pourrait encore parvenir
à ungrand
nombre d’autres for-mules;
mais, cesrecherches n’ayant
aucunedifficulté d’après
cequi précède, je
ne donneraiplus qu’un
seulexemple‘,
dont l’em-ploi devient
nécessaire dans des casparticuliers ,
commeje
leferai
voir ensuite. En mettant
l’équation proposée
sous la formeet
supposant d’ailleQrs
quechacun des deux membres s’intègre facilement,
on fêtad’où
LINÉAIRES.
283représentant
ensuite par U lapartie indépendante
de y, on auraOn verra facilement que les
grandes
difficultésattachées à
cetteméthode tiennent
principalement
auxsignes d’intégration, lorsque
les fonctions
XI , X2 , X3 ,
... sont un peugénérales ;
mais ontrouvera , en même
temps , qu’il
doit nécessairement y avoir deces
signes
dansl’intégrale complète, qui
ne saurait sans cela con-tenir des constantes arbitraires.
Donc, s’il y
avait desquestions
oùl’on n’eût besoin que d’une
intégrale particulière ,
onparviendrait
bien
plus
aisément àl’expression
de la fonctioninconnue ,
en met-tant
l’équation
sous la formedans
laquelle
en
employant
alors les notations deLagrange,
on auraitIl serait facile aussi de
présenter
ungrand
nombre de formes284 ÉQUATIONS
pour
lesintégrales des équations supérieures ;
mais les raisons quej’ai données plus haut
meles
font passer soussilence ;
etje
vaism’occuper
dequelques exemples particuliers qui
sontplus
propresà montrer
l’usage
etl’esprit
de la méthode.Nous avons vu
quelles
sont leséquations
lesplus générales qui s’intègrent immédiatement y
sous formefinie ,
par des fonctions ex-ponentielles
ou par despuissances ; je
vais faire voir maintenantquelle
estl’équation
lapins générale
dontl’intégrale
sedéveloppe
par une ou
plusieurs
séries depuissances ascendantes
ou descendantes de la variableindépendante.
Pour
cela ,
il faut quel’équation
soitréductible
à laforme
d’où
l’on trouverafacilement
par des
substitutions successives,
on auran+I séries,
dont cha-cune, divisée par une certaine
puissance, procède
seulementsui-
vant les
puissances
ascendantesde
x03B5. Pourabréger ,
et attenduque
toutes ont la même
forme, je
n’endéveloppe qu’une seule, savoir :
LINÉAIRES.
285J
En
commentant l’intégration
parrapport
au second membre del’équation ,
on obtiendrait n+I sériessemblables , qui procéderaient
suivant les
puissances
descendantes de x03B5. On trouvera d’ailleurs facilement quel’équation
revient à celle-ci :Ao , AI , A2 ,....An , Bo , BI , B2 ... Bn
étant des constantes.Pour
le
cas où n=2, on aprésenté l’intégrale de
cetteéquation
par un
procédé qu’il
ne serait pas difficile d’étendre àcelle-ci ;
mais encore , dans ce cas, la méthode directe a des avantages,
comme
je
le ferai voir par unexemple.
Soitl’équation très-simple
on aura
’d’où
Tom. XI. 38
286
ÉQUATIONS
ce
qu’on
trouverait aussi parla méthode
descoefficiens indéter- minés; mais,
dans le cas ou 03B1=I , onn’y
réussirait pa§.; caralors,
il s’introduit desquantités infinies dans la série ,
ceqpi
annonceun
changement
de forme(
Calcul desfonctions , leçon XVIII ) ;
il
s’agit
donc desavoir quelle -
est la forme de lavaleur de y qui répond
à ce cas ; or ,on
trouve alorsc’est-à-dire ,
AI , A2 , ... étant des
constancesqui
sedéterminent par l’équation
d’où
ce
qui donne.
L I N É A I R E S. 287
Cette
équation
se recommandeparticulièrement
à raison del’appli-
cation à la
physique qu’elle peut
offrir.Si ,
eneffet
, on y suppose y==o, 03B4=o, on obtient cellequi
détermine lafigure
d’unelarge
goutte
de mercure abandonnée à elle-même sur undisque
de verrehorizontal ( Voyez
leSupplément
à la théorie de l’actioncapillaire ),
et à
laquelle
M.Laplace satisfait
par uneintégrale définie,
sansconstante
arbitraire , qui
revient à la dernière des séries que nousvenons de
présenter.
L’on voit que la difficulté consiste seulement àtrouver la forme que
prend l’intégrale cherchée ;
car ,après cela ,
les
coef1iciens
se déterminent aisement par la méthode des diffé-rences, comme M. Lacroix l’a
présente (
Traité desdifférences et
des
séries,
pag. 2I6 et suiv.).
Je
n’ajouterai plus qu’un
seulexemple qui suffira
pour éclaircir lesprincipes , qui
n’ont d’ailleurs aucunedifficulté ;
et l’on verraqu’en général
leséquations qui
ne sont pas tropcompliquées ,
ontdéjà
desintégrales très-prolixes ;
c’estpourquoi je
me bornerai seu-lement à faire voir les formes que celles-ci doivent
avoir,
et àindiquer
la marchequ’il
faut suivre pourdéterminer les,
coefficiens.Soit donc
l’équation
on aura
M
288
EQUATIONS
où il faut remarquer que chacun des
termes
de la dernière sériese déduit de son
correspondant
dans lapremière ,
par lesimple changement
dusigne
de 03B1.Quant
aux coefficiensAm,o , Am,I , ....Am,m,
ils se
déterminent ,
engéneral ,
au moyen del’equation
dont
l’intégration
entrainedéjà
des calculs assezlongs.
Onpourrait
maintenant tenter de ramener les séries obtenues à une
forme finie,
L I N E A I R E S. 289
par des
intégrales
définies ; mais cesrecherches,
commeje
l’obser-verai,
sont d’une naturetrès-partriculière ;
d’autantplus
quela
methode d’Euler
exige toujours
que les constantes satisfassent àcertaines conditions
arithmétiques ,
au défautdesquelles
elles ne sontpas
applicables.
Il faut observer que
’intégrale précédente
devientincomplète lorsque
03B1=o ; car’alorsles
deux séries sontidentiques ,
et l’inté-grale
doit parconséquent changer
de forme. Eneffet
on trouvepour ce cas
ce
qui
introduit nécessairement despuissances
de la variable indé-pendante.
Le cas de 03B2=o ou de 03B3=o annonce aussi unchangement
de
forme ;
car alorsl’équation proposée prend
la formetrès-simple
ce
qui
réduitl’intégrale
à desséries à simple
entrée.Mais un autre cas donne lieu à des calculs
très-compliqués ;
savoir : celui de
03B2+03B3=o
ou 03B3=-03B2 , pourlequel"
il s’introduit dansJ’intégrale
despuissances
de la variableindépendante ,
dont les coeffi- ciens ne se détermment que par deséquations
auxdifférences finies
à trois variables. En
effet ,
pour ce casqui se présente
aussi sousla forme.
la
première
des séries que nous avons trouvéesdevient, abstraction
faite dunlultiplicateur
00,290 ÉQUATIONS
L I N É A I R E S.
29IOn trouvera que
l’équation
aux différencesfinies ,
d’oùdépend
la détermination des
coefficiens ,
devient assezcompliquée, quoiqu’elle
ne soit pus difficile à
former ;
et que tes difficultés de son inté-gration , qui
tiennent sans doute à la nature duproblème,
consistentprincipalement
dans l’extrêmelongueur
des calculs. C’estpourquoi je
medispense
d entrer ici dans le détail de cesopérations , qui
n’offriraient d’ailleurs aucun
principe
ou artifice de calculdigne
d’êtreremarqués ,
etqui
nepourraient conséquemment
mériter de l’intérêt que par lesapplications.
Les
principes
quej’ai exposés
au commencement de cemémoire ,
et que
je
viensd’appliquer
àl’intégration
deséquations différentielles ,
conduisent aussi à celle des
équations
auxdifférences finies ,
ainsique
je
vaisprésentement
le faire voir.§.
II.Des
équations
auxdifférences finies à
deuxvariables.
Les
équations
auxdifférences finies à deux variables peuvent
être
envisagées
sous deuxpoints
de vue , dont l’unrépond
pro-prement
au nom.qu’on, leur donne , tandis
quel’autre
lesrepré-
sente comme
exprimant
les relations entre desvaleurs
successives d’une même variable. C’est sous ce’dernier point
de vue que La-grange (
Calcul desfonctions, leçon XVIII )
les a considérées comme étant d’une nature tout-à-fait différente de celle deséquations diffé-
rentielles. Aussi cette forme conduit-elle aux résultats les
plus gé-
néraux et les
plus
utilesqu’on. puisse obtenir. Cependant , il
nesera
peut-être
pasinutile d’exposer
ceuxqu’offre la première forme ;
soit pour
choisir,
dans des casparticuliers , celui qui convient le mieux
àl’objet qu’on
a en vue , soitpour réunir sous un point de
vue
unique des--
méthodesqui, ,
aupremier aspect , pourraient
sembler différentes.
292
É Q U A T I O N S
Dans ce cas , on
peut envisager
la différence etl’intégrale
finiecomme des fauchons linéaires de la différentielle et de
l’intégrale qui
yrépond ;
et cette relation a donne lieu à une infinite de formes créées parl’analogie ,
etpuis rigoureusement
vérifiées par des considérationsgénérales. Mais,
comme ces recherches soientde mon
sujet, je
mepermets
seulementd’exposer
ici une liaisonentre la différentielle et la
différence , qui correspond parfaitement
à celle
qui
existe entre les fonctionsexponentielles
et lespuissances , indépendamment
desexpressions
en séries.En
effet,
si l’onobserve
quel’équation
par la
supposition
de n= ~ , sechange
dans celle-ci:qui
revientà
on trouve que la
génération
de cette dernièrequantité
àbeaucoup
d’ana-logle
avec celle deex=
(n+z)n nn , n étant = ~.Comme les
intégrations
aux différences finies sont, engénéral, beaucoup plus
difficiles à effectuer que celles auxdifférentielles ;
ou verra que la méthode
générale exposée
au commencement dece mémoire
s’applique ,
avec d’autant moins desuccès,
auxéqua-
tions
qui
nousoccupent présentement ,
que la considérationdes
valeurssuccessives’, qui
réduitl’intégration
à deséliminations, offre
des
résultatsplus- simples
etplus généraux.
c’estpourquoi je
netraiterai
que brièvement de cetteespèce d’équations.
Soit
donc l’écluation
0394"y
LINÉAIRES. 293
on en aurait
l’intégrale complète ,
si l’onpouvait
trouver nquan-
ti tésX’ , X" , X’’’ , ...X(n) , qui
satisfissent àl’équation
Xm
étant=(I+0394)mX.
suivant les notationsadoptées.
Mais ons’assurera facilement que la
comparaison
entre les coefficiens res-pectifs
de0394m-Iy , 0394m-2y ,... conduiraient ,
engénéral ,
à deséquctions
trèscompliquées ,
et parconséquent, qu’il
faut laisserun ou
plusieurs
coefficiens indéterminés suivant le mêmeprocède
que nous avons
empolyé plus
haut.L’équation
unpremier
ordres’intègre,
engénéral ,
sansdifficulté.
Soit,
eneffet,
en faisant
on aura,
pour déterminer X’ , l’équation
-d’où
l’ontire,
enprenant
leslogarithmes et intégrant ;
ce
qui revient à
suivant la notation de
Vaudermonde.
Maintenant,
on trouveaisément
Tom. IX. 39
294 ÉQUATIONS
.
étant
une fonction dont la différence =o.L’équation
du second ordre nes’intègre
que sous laforme d’une
série
infinie ;
et , pourles raisons
quej’ai développées plus haut, je
mebornerai
à un seulexemple.
Il faut d’ailleurs observer quecette
équation s’intègre d’une manière très-élégante
parles frac-
tions
continues.
Soit donc
laproposée
on fera
ce
qui donnera
et l’on aura
Faisant
donc la partie indépendante de y égale à Z ,
on trouveraUn
exemple très-simple
eston a , pour ce cas,
et, en
supposant 03B1
et 03B2 constanteL I N É A I R E S. 295
Cette intégrale change
de formelorsque b=a, a=I
oub= 1 ;
et, dans ce dernier cas, on s’assurera aisémentqu’elle
se réduit àla
forme finie,
comme touleéquation
linéaire à coefficiens constans.Il faut encore
jeter
uncoup-d’0153il
sur leséquations qui
ren-ferment à la fois des différences et des différentielles par
rapport
à la mêmevariable.
§.
IILDes
équations
auxdifférences mêlées à
deuxvariables.
L’équation
aux différences mêlées de l’ordre n renfermant engénéral (n+I)2+I
termes ,je
ne considèFe ici que celle du pre- mierordre,
dontrintégration comporte
encore degrandes
diffi-cultés. Il est d’ailleurs facile de s’assurer que
l’intégration
d’uneéquation quelconque 1
à coefficiens constans,dépend
seulementd’opérations algébriques.
Soit donc
l’équation
dupremier
ordreil faut tâcher de la rendre en différences ou en
différentielles
complètes ;
mais on verraqu’en général
cela estimpossible ;
carla forme la
plus générale qu’on puisse
lui donner est296 ÉQUATIONS
par
laquelle
onne
sauraitsatisfaire
â troisconditions. En effet,
en
comparant,
on trouveOn tire des deux
premières
et , pour
satisfaire
à la dernièrerelation ,
il faut mettrel’équation
sous la forme
d’où on
tire,
enreprésentant
parTII
le coefficient de y dans le secondmembre ,
c étant une constante, et a une fonction telle que 039403B1=o. Si ensuite
on
représente
par Z la-partie indépendante
de y , on aura, en, sous-entendant lesindices,
On trouve facilement une seconde forme
générale ,
en mettantl’équation proposée sous’
la forme d’une différentiellecomplète ; mais,
dans tous les cas , la succession alternative dessignes J’et
03A3 soumet ces formules
générales
à desdifficultés qui
font ressortir lesavantages
des travaux de MM. Biot et Poisson sur le mêmesujet.
L I N É A I R E S.
297Après avoir développé
lesprincipales conséquences
desprincipes généraux ,
relativement auxéquations à
deuxvariables ,
il me restemaintenant à traiter des
équations
auxdifférences partielles.
§.
1 V.Des équations
linéaires auxdifférences partielles.
Parmi le
petit
nombre desrésultats généraux auxquels
on estparvenu , relativement à
l’intégration
deséquations linéaires,
il fautprincipalement
remarquer celuiqui
ramènel’intégration
d’uneéqua-
tion
quelconque à
nedépendre
que de celle d’uneéquation qui
necontient pas de terme
indépendant
de la fonction inconnue.Cependant y
on ne sait que rarement
intégrer immédiatement ,
sous formefinie ,
une
équation
àplusieurs variables ,
pas même dans les casanalogues
à ceux oir l’on
intègre
leséquations
à deuxvariables ,
par des fonctions connues , comme , parexemple , lorsque
les coefficienssont constans. L’introduction de nouvelles variables conduit
quel- quefois
à des résultatssatisfaisans , qui
sontpourtant très-particuliers,
et
exigent
leplus
souvent quel’intégrale
soit donnée en série in-finie,
seule forme àlaquelle
touteintégrale
soitréductible.
On sait que la série deTaylor
donne lemoyen d’intégrer
leséquations,
soit à
deux ,
soit àplusieurs variables ;
mais nous avons vuqu’en général
elle estinapplicable
àcelles-là,
et- àplus
forte raison à celles-ci. C’estpourquoi
on a formé des sériesqui procèdent
suivantdes différentielles
ascendantes,
formebeaucoup plus avantageuse
ettoujours possible ,
àl’exception
dequelques
casparticuliers,
ana-logues
à ceux où la série deTaylor
se trouve endéfaut ; mais , quelque élégans
que soient les résultats obtenus parcette méthode ,
on
peut
se demander si elle conduittoujours
aux formes lesplus simples
desintégrales , qui
sedéveloppent ,
comme onsait ,
d’uneinfinité de manières différentes. Il est donc
important
d’avoir uneméthode
générale
et directe pour cetobjet,
et c’estune
telle mé-298 E Q U A T I O N S
thode
queje
me proposed’exposer
suivant lesprincipes établis
au
commencement
de cemémoire ;
mais il faut commencer par la discussion du Cas oul’équation s’intègre
immédiatement sous formefinie,
ou du moins par celui où sonintégrale
se ramène àcelle d’une
équation
dupremier ordre ;
et l’onverra ainsi
pour-quoi
on nepeut
obtenir cetavantage
que dans des casparticuliers.
Supposons
, pourabréger , qu’une équation
deFprdre
m, à nvariables indépendantes ,
contienne les variablesindépendantes
danstous
sestermès;
ellerenfermera ,
engénéral ,
unnombre
de coeffi-cie’ns exprimé
paret il
s’agira
de lui donnertelle.
forme que l’onparvienne
à l’in-tégrale complète
parl’intégration
de méquations
dupremier ordre ; mais
chacune de ceséquations
nerenfermant ,
engénéral , que n coefficiens ,
iln’est
paspossible d’introduire ,
de cettemanière, plus
de mnquantités
indéterminées dansl’équation proposée ;
et ,a moins