A MPÈRE
Analise transcendante. Analogie entre les facultés numériques et les puissances; démonstration génerale de la formule du binôme de Newton;
développement des fonctions exponentielles et circulaires
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 15 (1824-1825), p. 369-387
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369
ANALISE TRANSCENDANTE.
Analogie
entreles facultés numériques
etles puissances;
Démonstration génerale de la formule du Binôme
de Newton ; Développement des fonctions
exponen-tielles
etcirculaires ;
Par M. AMPÈRE , de l’Académie royale des sciences de Paris , professeur de physique
auCollège de France,
etc.FACULTÉS NUMÉRIQUES.
M. Kramp
a donné le nom de Factorielles ou de Facultès nu-mériques
auxproduits
de la formequi,
sous la dénomination de Puissances du secondordre,
avaientété
déjà l’objet
des travaux de Vandermonde(*).
Le nombre desfacteurs
est cequ’on appelle
ledegré
de lafaculté ,
de sorte quesont dites les facultés du
premier ,
dusecond,
dutroisième,
...du n.me
degré.
Nousindiquerons généralement
l’a faculté du n.me(*) Voyez la page I.re du III.e volume du
présent
recueil.J. D. e.
Tom.
XV ,
n.°XII ,
I.erjuin
I825. 50370 F A C U L T É S
degré
par[] ;
p étant unequantité prise à volonté ,
enivre ou frac-tionnaire , positive
ounégative.
Il suit de cette notation que
On
peut
énoncer ces facultés en disant : x faculté I , xfaculté 2 ,
x faculté
3 ,
.... , x faculté n , pour[x] , [x] , [x] ,
...[x].
Ces notations
admises ,
il existe entre les facultésnumériques
etles
puissances
uneanalogie remarquable qui
consiste en ce que lafaculté
d’undegré quelconque
d’un binôme s’obtient en substituantaux
puissances
des deux termes dubinôme ,
dansle développement
de la
puissance
du mêmedegré
de cebinôme ,
lesfacultés
desmêmes
degrés
de ses deux termes ; de telle sortequ’en général
La
proposition
est d’abord évidente pour les facultésdes pre-
miers
degrés.
On a en effet(i)
N U M É R I Q U E S. 37I
de sorte que la démonstration de cette
proposition
se réduit à fairevoir que , si elle a lieu pour la faculté du m.me
degré ,
elle seravraie aussi pour celle du
(m+I).me
Pour y parvenir , multiplions
laquantité x+y+mp
par les deux membres del’équation (2).
Il est d’abord clair que lepremier
membrede
l’équation-produit
sera[x+y].
Pour exécuter lamultiplication.
par le second membre de
l’équation (2) ,
considérons tour à tourle
multiplicande x+y+mp
commeon trouvera
d’abord ,
pour lespremiers
termes durésultat ,
ce
qui
donne eneffet,
enopérant
laréduction ,
entre les termesqui renferment
les mêmesfacultés ,
372 F A C U L T É S
qui
est bien ce que devientl’équation (2) , lorsqu’on
ychange
m en
m+I.
Mais,
afinqu’il n’y
aitpoint
d’induction dans toutceci,
remar-quons que
et que ces termes du second membre seront les seuls
en [ x ] [y] ;
or , en les réduisant en un
seul,
il vientqui
est bien ce que devient le(n+I).me
terme du second membrede
l’équation (2) , lorsqu’on
ychange
m en m+I ; il demeuredonc établi que , si la
proposition
est vraie pour[x+y] ,
elle lesera
également
pour[x+y] ;
or, nous avonsprouvé qu’elle
étaitvraie pour
[x+y]
et pour[x+y] ;
cetteproposition
est doncvraie , quel
que soit le nombre entierpositif
m.Adoptons m !,
avec M.Kramp ,
comme lesymbole
duproduit
I.2.3 ... m ; en
divisant ,
tour à tour , les deux membres dum
développement
de(x+y)m
et de[x+y]
parm! ,
il vientN U M É R I Q U E S. 373
A l’aide de ces
résultats ,
on peut démontrer commodément unthéorème très-fecond en belles
conséquences ; lequel
consiste ence que, si l’on a
on aura
Les
équations (5)
peuvent. eneffet ,
être écrites ainsi(*) C’est le théorème de M. de Stainville, démontré à la page 229 du IX.e volume du présent recueil ,
généralisé
à la pag. 27° du XIII.e vol., et repro- duitpostérieurement
comme sien , avec les mêmes notations , par M. le pro- fesseur J. Wallace , de Colombie ( Americ. Journ.of.
sciences, fev. I824 ,p. 278).
J. D. C.
374 FACULTÉS
En les
multipli ant
alors membre àmembre,
il viendra-développement qui ,
à l’aide de la formée(4) ,
peut être écrit ainsimais
si ,
dans lapremière
des formules(7)
onchange t
ent+u ,
elle deviendra
donc,
eneffet -
NUMÉRIQUES. 375
comme nous l’avions annoncé.
Si ,
dans cette dernièreformule ,
onchange
lt enu+v ,
on auraniais ,
en vertu de la mêmeformule ,
on peut , dans lepremier membre , remplacer f(u+v) par ; donc
On
peut
demême ,
danscelle-ci, changer v
env+x ,
enrempla-
çant
ensuite
, dans lepremier membre , f(v+x)
parf(v).f(x) ; puis
daus
l’équation résultante , changer
x enx+y
et ensuitef(x+y)
en
f(x).f(y)
et ainsi desuite ,
de sortequ’on
agénéralement
Si Fon
suppose
lesquantités t , u , v ,
x , ... touteségales
entre elles et à x , et leur nombre
égal à n ,
cetteéquation
de-viendra
Or ,
comme ici x estquelconque ,
onpeut changer
xen x n
cequi
changera
nx en x et donnera ensubstituant , extrayant
la racine etrenversant
En
changeant ,
dans cette dernièreéquation ,
x en mx , elle devient376 FACULTÉS N U M É R I Q U E S.
mais ,
ensupposant
m un nombre entierpositif,
on a.(9)
donc finalement
Voilà donc la formule
(9) , qui
n’étoit d’abord démontrée que pour un exposant entierpositif , qui
se trouve l’étreprésentement.
pour un exposant fractionnaire
positif,.
et par suite pour un expo-sant
positif quelconque.
Si ,
dansl’équation (6) ,
on fait u=-t=-x , elledeviendra
or il. est aisé de voir
(5)
quef(o)=
I ; doncSi ensuite nous
changeons x en m’x ,
nous aurons , en renversantemais nous venons de prouver que,
quelque
nombrepositif ,
entieron fractionnaire ou même
incommensurable qu’on
prenne pour x ,on a
toujours
donc ,
en substituantBINOME D E
NEWTON. 377
Ainsi la formule
(9), qui
n’était démontrée que pour une valeurpositive
del’exposau ,
se trouve l’êtreprésentement
pour une va- leurréelle quelconque
de cetexposant.
Au moyen de ces
résultats ,
la formule du binôme de Newton se trouve démontrée pour toute valeur réelle del’exposant.
On a , eneffet,
par cequi précède, quelque
valeurréelle qu’on
attribue à m -c’est-à-dire
(5)
Faisant dans cette
équation
x = 1 et p=-I , elle deviendraChangeant
ensuite zeu a x ,
etmultipliant
les deux membres par xm , ouobtiendra , quel
que soit le nombre réel mCette formule
peut
ausurplus ,
pour le cas del’exposant
en-Tom. XV 5I
378
BINOMEtier
négatif
être déduite àpriori
de la théorie des combinaisons par un raisonnement fortanalogue
à celui que l’onemploie
pour le cas del’exposant
entierpositif ;
et nous nous arrêterons d’autantplus
volontiers à lefaire, voir,
que cela nousdonnera,
chemin fai-sant,
l’interprétation
des coefficiensqui
affectent alors les termes dudéveloppement ,
et la solution d’unequestion
très-intéressante dans l’analise celle du nombre des termes d’unpolynôme
homo-gène
dedegré quelconque
formé d’un nombre de lettreségale-
ment
quelconque.
Employons,
avecVandermonde y
parabréviation ,
ressymboles
(A03B1) , (A03B1 B03B2) (A03B1B03B2C03B3) ,
... comme les équivalent respec- tifs despolynômes homogènes symétriques
nous trouverons
alors ,
en exécutant lamultiplication y
379
D E N E W T O N.
Si donc nous
représentons généralement par Sn
la somme des ter-mes du n.me
degré
de cedéveloppement,
nous auronsSupposons présentement
que toutes -leslettres a , b ,
c, ... de-viennent égales
entre elles et à z , que les facteurs dupremier
-membre sont au nombre de m, et
représentons généralement
parPn le
nombre desproduits
de n facteurs que l’onpeut
faire avecm sortes de facteurs
donnés,
en admettant danschaque produit
la
répétition
d’une même sorte de facteur autant de loisqu’on voudra;
on aura ainsiet en
conséquence l’équation (I6) deviendra
’voyons
quelles
sontles
valeurs dePI , P2 , P3 ... Pn , ...
en.fonction de m ; et pour cela cherchons d’abord comment
Pn peut
-se déduire de
Pn-I.
Distinguons dans Sn
les termesqui
contiennent un ouplusieurs
facteurs
égaux
à a et ceuxqui
sontindépendans
de cette lettre.Si dans ceux de la
première
sorte onsupprime
un facteur a , onobtiendra évidemment
Sn-I ;
de sorte que l’ensemble de,ces termes revient àaSn-I ,
-et queconséquemment
leur nombre estPn-I.
Si,
dans. ces mêmes termes affectésde a ,
on met tour ’à tourà la
place
de a -on. de sespuissances ,
les mêmespuissances
dechacune des m-I
autres lettres ,
on formera un nombre de termes380 BINOME
du n.me
degré, indépendans
de aégal
à(m-I)Pm-I. Or ,
il estaisé de voir que y par un tel
procédé ,
chacun des termes indé-pendans
de a aura été formé n fois. Considérons en effet unquel-
conque b03B2c03B3d03B4 ... des
termes de cette dernière sorte, où l’on doitavoir
03B2+03B3+03B4+...=n ,
on l’auraformé ,
tour à tour y par lechangement
et ainsi de suite. Le
produit b03B2 c03B3d03B4 ... sera
doncrépété 03B2+03B3+03B4+...
fois ou n
fois,
et il en sera de même de chacun des autres pro- duitsindépendans
de a.Donc, puisque
le nombre total des pro-DE
NEWTON.
38Iduits
indépendans
de a que nous avons formés est(m-I)Pn-I ,
et que chacun d’eux se trouve
répété
nfois ,
il en résulte que le nombre desproduits
réellement différens de n facteursqui
ne ren-ferment pas a est seulement
m-I n Pn-l ;
en yajoutant
donc le nom-bre
Pn-I des produits
de n facteursqui
renferment cettelettre,
nous au-rons , pour le nombre total
Pn
des différensproduits
de nfacteurs,
Pn-I+m-I n Pn-I ou m+n-I n Pn-I ; c’est-à-dire ,
que nous auronsObservant donc que
PI=m=m I, et faisant successivement n=I ,
n=2 ,
n=3 ,
..., il viendraau moyen
de quoi l’équation (I7)
deviendraou en
changeant z
en-a x ,
etmultipliant
ensuite les deux mem-bres par x-m.
382 BINOME DE
N E W T O N.
Ainsi
, tandis que les coefficiens des termes dudéveloppement
de(x+a)m
sont les nombres deproduits
différensd’un.,
dedeux,
detrois,
... de n facteurs que l’on peut faire avec -m sortes de fac- teurs , en excluant l’admission deplusieurs
facteurs d’une mêmesorte dans un même
produit ,
les coefficiens des termes du déve-loppement
de(x+a)-m
sont , aucontraire,
les nombres .de pro- duits différensd’n’n,
dedeux,
detrois ,
... de n facteur quel’on peut faire avec m sortes de facteurs en admettant -la
répéti-
tion indéfinie de
chaque
sorte de facteurs dans chacun de cesproduits.
Soit une
équation complète
du n.medegré ,
entrem inconnues,
si l’on introduit dans chacun de ses termes une
puissance
d’une(m+I)me inconnue,
telle que :tous ses termes .se trouvent être alors du n.medegré ;
il .est clairqu’alors
ces termes seront , abstraction faite des-coefficiens,
.les différensproduits
-de n facteursqu’on peut
faire avec
m+I
sorte defacteurs,
en admettant la.répétition
in-définie de
chaque
sorte de facteurs dans -un mêmeproduit ;
d’oùil suit que le nombre des termes
d’une équation complète
du n.medegré
entre minconnue ,
n’est autrechose’que
ce que devient lavaleur de
Pn , lorsqu’on
ychange m
en m+I ,c’est-à-dire ,
ou , en
multipliant
haut et bas parI.2.3 ... m ,
EXPONENTIELS
ETLOGARITHMES.
383 résultat dont lasymétrie
prouvequ’il y
a autant de termes dansune
équation complète
du m.medegré
entre n inconnuesqu’il
yen a dans une
équation complète
du n.medegré
entre m incon-nues
(*).
Passons au
développement
des fonctionsexponentielles
etloga- rithmiques. Si,
dansl’équation (14) qui
alieu, quels
que soient m, p, x, z, on fait x=I , p=0 , z=I etm=At ,
elledevient
ou en
représentant
par e la série dupremier membre ,
Posant eA
= a ,auquel
cas A sera lelogarithme Népérien de e ,
on aura
puis,
enchangeant a
en equi
aura lieuquel
que soit t.En
changeant,
dans la formulea
enI+x ,
elle devient(*) On peut aussi
consulter,
sur cesujet,
la page 282 du XIII.evolume
du présent recueil.
J.
D. G.
384 FONCTIONS
mais on a aussi
(15)
donc en
égalant
cesvaleurs , supprimant
l’unité de part etd’autre,
et divisant ensuite par t ,
d’où -en faisant t=0
tel est donc le
développement
dulogarithme Néperien de I+x.
Terminons par le
développement
des fonctions circulaires(*).
Si ,
dansl’équation (2I) ,
on faitt=±x-I , elle
deviendrade sorte
qu’en
posant(*) M. Ampère
acquitte
icirengagement
qu’avaitpris
M. de Stainville, à la page 240 du IX .c volume du présent recueil.J. D. G.
CIRCULAIRES.
385nous aurons
d’où ,
enmultipliant ,
de sorte que
~(x)
et03C8(x)
sont , pourchaque
valeur de x, les si-nus et cosinus d’un certain
angle.
Cherchons à le déterminer.En posant x= l, dans les
équations (24) ,
elles donnentce
qui donne ,
en faisant aussi x=I , dansl’équation (23) ,
d’où
et, comme on a
(26)
il
estpermis
de considérer~(I)
et03C8(I)
comme les sinus et cosi-nus d’un certain
angle
constant oc, et de poser ,conséquemment
l’équation (27) deviendra
alorsTom. XV. 52
386
F O N C T I O N S
C I R C U L A I R E S.ou , en vertu du théorème
d’Euler,
ce
qui
donne évidemmentil reste donc à déterminer
l’angle
constant a.On a, comme l’on
sait ,
enprenant x
suffisammentpetit y
donc on a
ou , en mettant pour Sin. ax
sa valeur s I
-x3 3! .... ,
En supposant x décroissant
indéfiniment ,
lapremière inégalité
ten-dra sans cesse à
devenir I 03B1 I
ou 03B1>I , tandis quel’autre,
aucontraire ,
tendra sans cesse àdevenir I 03B1>I
ou 03B1I ; ces deuxIIYPERBOLOIDE
DE REVOLUTION.387 inégalités
ne sauraient donc subsister à la foisqu’autant qu’on
aura03B1=I ; on a donc
simplement (28)
GÉOMÉTRIE PURE.
Recherches nouvelles
surles sections du cône
et surles hexagones inscrits
etcirconscrits à
cessections ;
Par M. G. DANDELIN , officier du génie ,
membrede l’aca-
démie royale
dessciences de Bruxelles.
GERGONNE. )
Si quelquefois ,
dans cerecueil ,
nous avons montré uneprédi-
lection
marquée
pourl’emploi
de l’analisealgébrique ,
dans les re-cherches relatives aux
propriétés
del’étendue ;
cetteprédilection
ne va pourtant pas
jusqu’à
méconnaître le mérite des recherches degéométrie
pure ,lorsque
çes recherches sontélégamment
col-duites lorsqu’elles
sontdégagées
de toutemploi
desproportions
et du
calcul,
et sur-toutlorsqu’elles
peuvent être aisément suiviessans
qu’il
soit nécessaire d’avoir unefigure
sous les yeux.Persuadé que
beaucoup
de nos lecteurs sont de notregoût
surce