J. L. W OISARD
Analise transcendante. Considérations analitico-géométriques, sur les solutions particulières des équations différentielles du I.er ordre
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 13 (1822-1823), p. 333-342
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333
ANALISE TRANSCENDANTE.
Considérations analitico-géométriques, sur les solutions
particulières des équations différentielles du
I.erordre ;
Par M. J. L. WOISARD ,
,répétiteur de mathématiques à
l’école d’artillerie
deMetz,
SOLUTIONS PARTICULIÈRES.
os
sait quel’intégrale
d’uneéquation
différentielle dupremier
ordre renferme une constante
arbitraire ;
et que, parconséquent,
cette dernière
équation peut
être considérée commereprésentant
uneinfinité de
lignes,
dont on obtiendrait leséquations individuelles t
en faisant
varier , depuis
l’infinipositif jusqu’à
l’infininégatif,
leparamètre
arbitrairequi
entre dansl’intégrale complète.
Mais on trouve aussi
quelquefois
despolynomes qui ,
sans êtredes cas
particuliers
del’Intégrale complète,
ni des facteurs com-muns a tous les coefficiens de
dy dx ,
dansl’équation différentielle,
satisfont néanmoins aux conditions.
exprimées
par cettedernière., quand
on leségale
à zéro. Nos analistes modernes les ontappelés
Solutions
particulières;
ils en ontexpliqué l’origine,
ils ont donnéle moyen de les
obtenir,
sans résoudrel’équation
différentielle pro-posée,
et ont fait voir que leslignes qu’elles représentent
sontles
enveloppes
de celles quereprésente l’intégrale complète.
J’ai considéré le même
problème
dans un ordreinverse ,
c’est-à-dire que
j’ai
cherché à déduire despropriétés
deslignes enve-
Tom. XIII,
n.°XI ’1
I.er maiI823. 47
334
loppes
la démonstration de l’existence des solutionsparticulières;
dans certaines
équations différentielles,
et a lesdéterminer ,
sans ré-soudre les
équations
dont elles dérivent.Qnoiqu’en général
il. soitpeu
important d’obtenir,
par de nouveaux moyens des résultatsdéjà connus, j’ai pensé
que néanmoins une méthodegéométrique pourrait
offrirquelque intérêt,
parce que souvent elle rend sen-sibles des ralsonncmens dilliciles à
saisir,
et que d’ailleurs elle m’a conduit àplusieurs conséquences Importantes qui, je crois t
n’ontpoint
encore étésignalées.
Pour exposer convenablement la théorie que
j’ai
en vcue,je
suisobligé
derappeler
succinctement lespropriétés déjà
connues deslignes enveloppes.,
i. Soit
~(x,y,c)=0
uneéquation quelconque à
deuxvariables,
renfermant un
paramètre arbitraire ;
onpeut toujours imaginer
unel’gne
AMB(fig. I), rapportée
à deux axesrectangulaires y
telle que, pour une valeur déterminée duparamètre ,
les coordonnées de chacun de sespoints
satisfassent àl’équation ~(x,y, c)=o.
Géné-ralement cette
ligne changera
defigure
et de situation parrapport
aux axes,
quand
on fera varier la valeur duparamètre
c ;ainsi ,
elle pourra devenir successivement
A’M’B’, A"M"B",...,
lorsqu’on -remplacera c par c’, c",
Onappelle enveloppe
deslignes représentées
parl’équation (x,
y,c)=o,
uneligne
M M’ M" ...tangente
commune a toutes cellesqu’on peut
obtenir en faisant varier lavaleur
de c, depuis
l’infinipositif jusqu’à
l’infininégatif;
et leslignes AMB, A’M’B’, A"M"B", qu’elle touch-e) toutes
en sontdites les
enveloppées.
2. Soient
AMB, A’M’B’,
deuxenveloppées consécutives,
donttes équations
sontrespectivement ~(x,y,c)=o et ~(x,y,c’)=o;
elles diffèrent d’autant moins de forme et de
position
que la différence c-c’ estplus petite ;
et , si l’on vient à la supposer tout à faitnulle
, la branche M’A’ de la seconde viendra se confondre avecla branche
MA de lapremière ;
d’où il suitqu’à
mesureque c’
PARTICULIERES.
335sera devenu moins différent de et le
point
K d’intersection des deux courbes se sera mu sur la branche MB de lapremière,
de manière à coïncider avec lepoint
M decelle-ci, lorsque
sera devenurigoureusement égal
à c ; donc lespoints
communs al’enveloppante
MM’M".... et à
l’enveloppée
AMB sont lespoints d’intersection
de cette dernière
ligne
avec cellequ’on
obtient en faisant varierinfiniment peu le
paramètre c
dansl’équation ~(x, y,c)=o.
Doncpour avoir les coordonnées de cette
intersection,
c’est-à-dire dupoint M.,
il faut résoudre simultanément les deuxéquations
3. Oh en conclut ordinairement que, la
première
réduisant laseconde,
elles peuvent êtreremplacées
par lesystème
de ces deux-ci :mais
cettesimplification employée inconsidérément, peut quelque-
fois faire
négliger
des racines communes; c’est cequi
auraitlieu,
par
exemple ,
si onl’appliquait a l’équation
qui représente
uncercle,
d’un rayon constant=r, ayant son centreen un
point
déterminé de l’axe des x. En la différentiant par rapportà c,
on trouve 1=0 d’où l’on serait tenté de conclure que deux(*) On trouve ce point de doctrine nettement déduit de la série de
Taylor
sans considération d’infiniment petits 1 ou autres
équivalentes,
à la page 36I du III,e volume duprésent
recueil.J. D. G.
cercles consécutifs ne se coupent pas. Mais on
reconnaîtra facile
ment l’erreur de cette conclusion, si l’on considère que
(r22013y2)1 2 peut
être
pris
avec deuxsignes;
et que, parconséquent,
supposer que cL? est la différence des deuxpolynômes
c"’est chercher seulement les
points
d’intersection de demi-cercleAMB (FIg. 2)
avec le demi-cercleA’M’B’,
et ceux du demi-cercleANB
avec le demi-cercle
A’N’B’;
tandisqu’on
omet lespoints
K et Ld’Intersection du demi-cercle ANB avec le demi-cercle
A’M’B’,
les-quels
se confondent avec A etB, lorsque
ladistance’
CCI descentres devient nulle. Nous en conclurons que la
simplification
in-diquée
ci-dessus ne doit êtreemployée
quequand l’équation
nerenferme aucun terme
susceptible
deplusieurs
valeurs diffé-rentes, et que , dans le cas
contraire ,
il faut combiner tour àtour toutes les formes de l’une des
équations
avec toutes lesformes
de l’autre.Ainsi,
dansl’exemple précédent
en considé-rant
(r22013y2)1 2
avec lesigne +,
dans lapremière équation,
et avecle
signe 2013
dans laseconde ,
le résultat de la soustraction eût étéou, a cause de de infiniment
petit
C’est ce
qu’on
auraitégalement trouvé,
ausurplus,
en mettantl’équation
sous la formeNéanmoins,
poursimplifier
lesraisonnemens , je supposerai
quel’équation ~(x,y,c)=o
n’a aucun termesusceptible
deplusieurs
PARTICULIERS. 337
valeurs. Dans
beaucoup
decirconstances ,
on pourra lui donner cettepropriete,
en faisantdisparaître
lesradicaux ,
et, dans tous les cas,au moyen de la remarque
précédente,
il sera facile de méditiezconvenablement les
principes qui
vont être établis.4. Puisque
lesystème
des deuxéquations
détermine ceux des
points
del’enveloppée AMB (Fig I) qui appartiennent à l’enveloppe MM’M"....;
l’élimination de c, entre cesdeux
équations,
donneral’équation
del’enveloppe.
Cetterègle
est laconséquence
despremières
notions de lagéométrie analitique.
Jevais actuellement examiner
quelques
résultatsauxquels
conduit sonapplication ; en représentant,
pourplus
debrièveté,
la fonction~(x,y, c)
par la
simple
lettre ~.Dabord
d~ dc
seraindépendant
de e , toutes lesfois
que ~ sera de la formemc+n,
où m et n sont des fonctions de x, y etdes
constantes autres que c. Alors il
n’y
aura pas lieu àélimination,
et deux
enveloppées quelconques
serontreprésentées
par leséquations
Si m est
indépendant
de x et de y , ces deuxéquations
seront in-compatibles1
et leslignes qu’elles représenteront
n’auront aucunpoint
commun ;
ainsi ,
parexemple ,
en faisant varier c dansl’équation y+ax+c=o ,
on obtient une suite de droitesparallèles. Si ,
aucontraire m contient les
variables ,
ou seulement l’uned’elles,
lesdeux
équations
nepourront
être satisfaitesqu’en
posantséparément
m=o, n=o, et par
conséquent
toutes lesenveloppées
secoupent
en des
points déterminés ,
et en nombre fini.Ainsi ,
parexemple,
en faisant varier c dans
l’équation y2=cx,
onobtient
desparaboles
qui passent
toutes parl’origine et
dont les branches ne se rencon-trent pas.
Mais,
hors le cas ci-dessusindiqué, df-
contiendra encore c, et.en
l’égalant
azéro.,
on en tirera , pour ceparamètre
des valeurs,qu’on substituera
dansl’équation’
~=o. Le résultat de la substitution des valeursde c,
fonction de xet y ,
donnera lesenveloppes
cher-chées. Mais le résultat de la substitution des valeurs constantes don-
pera des cas
particuliers
del’équation
~=o. Ce seront ceux pourlesquels
deuxenveloppées
consécutives se confondront en uneseule;:
et par
conséquent
on trouvera, par ce moyen, toutes cellesqui
servent de limites aux autres
(*).
Par
exemple ,
en différentiant parrapport à c l’équation
qui représente
unedroite
t on trouveM
SI
l’on
substitue c=o dans laproposa
on trouvera y2013x ,équa-
tion de la droite
BC(Fig.3). C’est, parmi
toutes lesenveloppées,
celle
qui
fait leplus grand angle aigu
avec l’axe des x.Si,
au con-traire
on substituec=2 3x ,
il viendra(*) On trouve un
exemple
de l’introduction de cesenveloppées particulières
’dans
l’équation
générale desenveloppes,
dans,un article de M. Poncelet sur la théorie despolgires réciproques ( Annales,
tom. VIII, pag.2I0-226.)
PARTICULIERES. 339
équation
del’enveloppe
de toutes les droitesBC, B/C), B"C", B’’’C’’’,
...5. Toute
ligne peut
être considérée commel’enveloppe
d’uneinfinité de
systèmes d’enveloppées
différentes.L’équation générale
decelles-ci est
arbitraire ;
elle doit seulement renfermer unparamètre variable,
etreprésenter
uneligne tangente
à lapremière
en despoints qui
varient de situationlorsqu’on
fait varier ceparamètre.
6.
Supposons présentement
que l’on élimine c entre ~=o etd~ dx dx+d~ dy dy=o;
enfaisant,
pour abrégerdy dx
=p, le résultatsera une fonction de x, y et p.
Représentons-la
par4’=o,
etcherchons
quelles
sont leslignes
dont elleexprime
lespropriétés.
Une
ligne
MM’M"....(Fig.4)
peut êtreregardée
commerepré-
sentée par
l’équation ~’=o si,
en substituant dans cetteéquation,
à la
place
de xet y,
les coordonnées de l’unquelconque
M de-les
points,
on en tire pour p la valeur du coefficient de x dansl’équation
de la tangente MT en ce mêmepoint.
Or onpeut
tou-jours,
dansl’équation ~=o,
donner à la constante c une valeur telle que laligne représentée
parcette équation
passe par lepoint
M ,
et la valeur de p , tirée deb=o,
déterminera la direction de latangente
à cetteligne
AMB. Donc laligne
MM’M"... doit être telle quesi ,
par unquelconque
de sespoints
on fait passer une deslignes représentées
par ~=o, elle ait avec cetteligne
une tan-gente commune ; donc elle doit être ou l’un des cas
particuliers
de ~=o, ou l’une des
enveloppes
deslignes représentées
par cette dernièreéquation.
7. Il
s’agirait
actuellement de déterminerl’équation
desenveloppes
telles que
MM’M"...,
sans êtreobligé d’intégrer l’équation
~’=o.pour cela il suffira
(5)
de trouverl’équation
d’uneligne qui
soitangente
àMM’M"...,
et dont lepoint
de contact prenne succes-sivement différentes
positions , quand
on fera varier unparamètre.
8. Les
enveloppes
cherchéespeuvent
être courbes oudroites ;
je
considérerai d’abord lespremières.
Soit
MT ( fig. 4) une tangente à l’enveloppante
courbeMM’M"... ;
si
je
mène à toutes lesenveloppées
destangentes Q’T’, Q"T",..., parallèles à
cettepremière
droite , lasuite
despoints
de contactQ
,Q’, Q",...
déterminera une courbeQQ’Q"... qui
passera par lepoint
M. Je dis deplus qu’en
cepoint
elle seratangente
à
MM’M"....
Eneffet,
laposition
d’unetangente
se détermine en prenant la limite de laposition
d’une corde dont l’une des extré- mitéss’approche
indéfiniment. del’autre,
considérée comme fixe.Or,
si l’on considère la cordeMQ’,
il est évident que l’extrémitéQI s’approchera
indéfiniment dùpoint M’, quand
ce derniers’ap- prochera
dupoint M ,
etqu’ils
se confondront a lalimite , puis- qu’alors
M’T’ seraparallèle
àMT ;
donc la limite de la cordeMQ’
est la même que celle de la corde
MMl ;
mais cette dernière étantcorde de la courbe MM’M".... a pour limite la tangente
MT ;
donc cette dernière droite est aussi
tangente
à la courbe transversale,QQ/O//.
Nous pouvons conclure de
là
que lesenveloppes
cherchées setrouveront
parmi
lesenveloppes
des transversalesQQ’Q" ....,
dontil faut
présentement
chercher.l’équation générale.
Si
l’équation
~=o étaitdonnée ,
en y mettant pour c làvaleur qui
convient àl’enveloppée A’M’B’,
on trouverait les coordonnéesdu point Q’
en résolvant simultanément leséquations
après
avoir mis pour. p , dans ladernière,
latangente
tabulairede
l’angle
que fait la droiteQ’T’
avec l’axedes x ;
et , pour obtenirl’équation
de la transversaleil
faudrait éliminer c en-tre les deux mêmes
équations;
mais(6)
le résultat de cette élimina- tion serait~’=o ;
donc cette dernièreéquation ,
en y considérant p comme une constantearbitraire, représentera
les transversalescherchées.
9.
PARTICULIÈRES. 34I
9. Je snppose
présentement
quel’enveloppe MM’M"... ,
soitune droite
( fig. 5)
faisant avec l’axe des x unangle
a La trans-versale
représentée
parl’équation
~’=o se confondra avec cettedroite, lorsqu’on
y fera p=Tang. 03B1 ;
deplus,
MM’ étant la limitedes
enveloppées sera
aussi la-limite des transversales. Donc les droitesenveloppes
deslignes représentées
par ~=o seront des casparti-
culiers de celles que
représente l’équation
~’=o, et se trouverontparmi
celles de ceslignes qui
servent de limites aux autres , etpar
conséquent
la valeurde p qui
leurcorrespond
satisfera à la condi-tion d~ dp =o.
Mais il est en
général
très-diflicile de trouver les valeurs infiniesqui
satisfont à uneéquation ,
parcequ’elles proviennent
de la dis-parition
des termesqui représentent
lesplus
hautespuissances
det,inconnue;
et parconséquent,
pour avoir les valeursqui
corres-pondent à
desparallèles
aux y, il faudra fairep=I q,
dansréqua-
tion
~’=o,
et si03C8’=o, représente
le résultat de cettesubstitution,
oncherchera les valeurs nulles que l’on
peut
tirer ded03C8 dq
= o.10. Nous pouvons donc conclure
qu’à l’exception
des fonctionsde x
seul,
toutes les solutionsparticulières
del’équation ~=o s’obtien-
dront en
éliminant p
entremais,
comme les transversales dont il a étéquestion
dans les n.o9précédens
peuvent avoir desenveloppes
et des limites autres que tesenveloppes
deslignes représentées
parl’équation
~=o, on peut,en suivant cette
methode,
trouver des facteurs étrangers à la ques- tion. La géometrie semble n’offrir pour les recnn itre aucun moyenautre que la veritication
à posteriori;
mais voiciquelques
théorèmesque
l’analyse
n’avanpas, à
ce queje crois,
fait encoredécouvrir,
Tom. 03BBIII.
48
342 SOLUTIONS PARTICULIÈRES.
et
qui
sont laconséquence
immédiate des remarques faitesci-dessus
(4, 8, 9,).
I.°
Lorsque
la différentielled~ dp
estindépendante
de x et de 03B3 , les solutionsparticulières
del’équation
différentielle ~=o nepeuvent représenter
que desdroites,
et sontconséquemment décomposables
en facteurs de la forme 03B3-mx-n=o.
2.° En ce cas, si p ,
p’ , p" ,
... sont les valeursde p
tiréesde
1 équation d~’ dp =o , les solutions particulières correspondantes
seront
et la
question
sera réduite à trouver les valéurs de n,n’, n",
...3.°
Lorsque l’équation
~’=o a des solutionsparticulières,
fonctionsde y
seul, l’équation d~’ dp =0 est satisfaite par p=o; et, si
l’on
substitue cette valeur dans le
polynôme ~’,
les solutions cherchéesseront les facteurs de la forme
y-k.
4.°
Pour trouver les solutionsparticulières
fonctions de xseul
on
indique
ordinairement larègle
suivante : «Remplacez,
dansl’équa-
.
tion ~’=o,p par q
et si 03C8’=oreprésente
le résultat de cettesubstitution y
éliminez q entre03C8’=o; et d03C8 dq
=o; vous trouverezalors toutes les solutions fonctions de x
seul,
et en outre les» solutions fonctions de x
et y déjà
obtenues par lapremière
méthode ». Les
principes
établis ci-dessus fournissent le moyen d’abré- ger cecalcul ;
il estévident ,
eneffet,
que toutes les fois que ~’=oa des solutions
particulières,
fonctions de xseul, l’équatio d03C8’ dq =o
est satisfaite par q=o, et
qu’on
les obtiendra toutes en substituant zéro au lieu de q dans lepolynome 03C8’,
et cherchant ensuite sesdiviseurs de la forme x-k.