UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE – PARIS VI
FACULTE DE MEDECINE PIERRE ET MARIE CURIE
Année 2009 N°2009PA06G048
THESE
POUR LE
DOCTORAT EN MEDECINE
SPECIALITE : MEDECINE GENERALE
PAR
Monsieur Arnaud SAUTEREAU
Né le 10 Février 1980 à EVRY
_________________________
Présentée et soutenue publiquement le 30 novembre 2009
_________________________
ACCIDENT VASCULAIRE CÉRÉBRAL DE LA PERSONNE ÂGÉE
P ARTICULARITES ET FACTEURS PRONOSTIQUES
_
__________________
Président : Monsieur Le Professeur Yves SAMSON Directeur : Madame Le Docteur Sylvie HAULON
__________________
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier ma directrice de thèse le Docteur Sylvie HAULON qui m’a aidé et guidé avec disponibilité, bienveillance et patience au long de ce travail passionnant.
Ainsi que le Docteur Nathalie CHARASZ pour son aide, ses conseils précieux et ses encouragements appréciés.
Merci au Professeur Yves SAMSON pour sa contribution et sympathie.
Aux Docteurs Fréderic BLOCH et Valéry GAUTIER pour leur collaboration à l’analyse des données.
Merci à Mademoiselle Murielle PASQUIER, au service social de l’hôpital Broca et au Docteur Jacques DIAWARA pour leur précieuse contribution à la collecte des données.
Je tiens aussi à remercier mes parents et sœurs pour leur soutien précieux et constant tout au long de mes études.
Enfin je tiens à remercier ma fiancée Sandra pour son aide et sa patience bienveillantes qui
m’ont accompagné au cours de ce projet.
Liste des PU‐PH de la Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie Site Saint-Antoine
Année universitaire 2009/2010
AMARENCO Gérard
Rééducation fonctionnelle et neurologique
Hôpital ROTHSCHILD
AMSELEM Serge Génétique
Hôpital TROUSSEAU
ANDRE Thierry Cancérologie
Hôpital La Salpétrière
ANTOINE Jean-Marie Gynécologie Obstétrique Hôpital TENON
ARACTINGI Sélim Unité de Dermatologie Hôpital TENON
ARLET Guillaume Bactériologie Hôpital TENON
ARRIVE Lionel Radiologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
AUCOUTURIER Pierre INSERM U 712 Hôpital Saint‐Antoine
AUDRY Georges
Chirurgie viscérale infantile Hôpital TROUSSEAU
BALLADUR Pierre Chirurgie générale et digestive
Hôpital SAINT‐ANTOINE
BARDET Jean (surnombre) Cardiologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
BAUD Laurent
Explorations fonctionnelles multidisciplinaires
Hôpital TENON
BAUDON Jean-Jacques (surnombre)
Néonatologie Hôpital TROUSSEAU
BEAUGERIE Laurent Gastroentérologie et Nutrition
Hôpital SAINT‐ANTOINE
BEAUSSIER Marc
Anesthésie – Réanimation Hôpital SAINT‐ANTOINE
BENIFLA Jean-Louis Gynécologie Obstétrique Hôpital ROTHSCHILD
BENSMAN Albert Néphrologie
Hôpital TROUSSEAU
BERENBAUM Francis Rhumatologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
BEREZIAT Gilbert (surnombre)
UMR 7079 Physiologie et physiopathologie Campus Jussieu
BERNAUDIN Jean François Histologie biologie tumorale Hôpital TENON
BILLETTE DE VILLEMEUR Thierry
Neuropédiatrie Hôpital TROUSSEAU
BOCCON GIBOD Liliane (surnombre)
Anatomie pathologique Hôpital TROUSSEAU BONNET Francis Anesthésie réanimation Hôpital TENON
BORDERIE Vincent Ophtalmologie CNHO des 15/20
BOUCHARD Philippe Endocrinologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
BOUDGHENE STAMBOULI Franck
Radiologie Hôpital TENON
BREART Gérard
Gynécologie obstétrique Hôpital TENON
CABANE Jean Médecine interne
Hôpital SAINT‐ANTOINE
CADRANEL Jacques Pneumologie Hôpital TENON
CALLARD Patrice Anatomie pathologique Hôpital TENON
CAPEAU Jacqueline Inserm U.680
Faculté de Médecine P. & M.
Curie
CARBAJAL SANCHEZ Ricardo Urgences pédiatriques Hôpital TROUSSEAU
CARBONNE Bruno Gynécologie obstétrique Hôpital SAINT‐ANTOINE
CARETTE Marie France Radiologie
Hôpital TENON
CASADEVALL Nicole Hématologie biologique Hôpital SAINT‐ANTOINE
CAYRE Yvon
Hématologie immunologie Hôpital DEBRE
CHAZOUILLERES Olivier Hépatologie
gastrœntérologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
CHOSIDOW Olivier
Dermatologie – Allergologie Hôpital TENON
CHOUAID Christos Pneumologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
CHRISTIN‐MAITRE Sophie Endocrinologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
CLEMENT Annick Pneumologie Hôpital TROUSSEAU
CLERGUE François Anesthésiologie
24, rue Micheli‐du‐Crest Genève 14 ‐ Suisse
COHEN Aron Cardiologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
CONSTANT Isabelle
Anesthésiologie réanimation Hôpital TROUSSEAU
COSNES Jacques Gastro‐entérologie et nutrition
Hôpital SAINT‐ANTOINE
COULOMB Aurore Anatomie et cytologie pathologiques Hôpital TROUSSEAU
DAMSIN Jean Paul Orthopédie
Hôpital TROUSSEAU
DARAI Emile
Gynécologie obstétrique Hôpital TENON
DE GRAMONT Aimery Oncologie médicale Hôpital SAINT‐ANTOINE
DENOYELLE Françoise ORL et chirurgie cervico‐faciale Hôpital TROUSSEAU
DEVAUX Jean-Yves Biophysique et médecine nucléaire
Hôpital SAINT‐ANTOINE
DOUAY Luc
Hématologie biologique Hôpital TROUSSEAU
DOURSOUNIAN Levon Chirurgie orthopédique Hôpital SAINT‐ANTOINE
DUCOU LE POINTE Hubert Radiologie
Hôpital TROUSSEAU
DURON Françoise Endocrinologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
DUSSAULE Jean-Claude Physiologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
FAUROUX Brigitte Gastro‐entérologie Hôpital TROUSSEAU
FERON Jean-Marc Chirurgie orthopédique Hôpital SAINT‐ANTOINE
FLEJOU Jean-François Anatomie pathologique Hôpital SAINT‐ANTOINE
FLORENT Christian
Hépato gastro‐entérologie Hôpital SAINT‐ANTOINE
FRANCES Camille
Dermatologie – Allergologie Hôpital TENON
FUNCK BRENTANO Christian Pharmacologie clinique Hôpital SAINT‐ANTOINE
GARABEDIAN Eréa Noël ORL et chirurgie
cervico‐faciale Hôpital TROUSSEAU
GARBARG CHENON Antoine Bactériologie virologie Hôpital TROUSSEAU
GATTEGNO Bernard (surnombre) Urologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
GENDRE Jean-Pierre (surnombre)
Gastro‐entérologie et nutrition
Hôpital SAINT‐ANTOINE
GIRARD Pierre Marie Maladies infectieuses et tropicales
Hôpital SAINT‐ANTOINE
GIRARDET Jean Philippe Gastro‐entérologie et nutrition pédiatriques Hôpital TROUSSEAU
GIROT Robert
Hématologie biologique Hôpital TENON
GOLD Francis Néonatologie Hôpital TROUSSEAU
GORIN Norbert Hématologie clinique Hôpital SAINT‐ANTOINE
GRATEAU Gilles Médecine interne Hôpital TENON
GRIMFELD Alain (surnombre) Pédiatrie orientation pneumologie
Hôpital TROUSSEAU
GRIMPREL Emmanuel Pédiatrie générale Hôpital TROUSSEAU
GRUNENWALD Dominique Chirurgie thoracique Hôpital TENON
GUIDET Bertrand Réanimation médicale Hôpital SAINT‐ANTOINE
HAAB François Urologie Hôpital TENON
HELARDOT Pierre Georges Chirurgie viscérale infantile Hôpital TROUSSEAU
HOURY Sidney Chirurgie digestive et viscérale
Hôpital TENON
HOUSSET Chantal
Biologie cellulaire – Inserm U. 680
Faculté de Médecine P. & M.
Curie
JAILLON Patrice Pharmacologie clinique Faculté de Médecine P. & M.
Curie
JOUANNIC Jean‐Marie Gynécologie obstétrique Hôpital TROUSSEAU
JUST Jocelyne Pneumologie
Hôpital TROUSSEAU
LACAINE François Chirurgie digestive et viscérale
Hôpital TENON
LACAU SAINT GUILY Jean ORL
Hôpital TENON
LACAVE Roger
Histologie biologie tumorale Hôpital TENON
LANDMAN‐PARKER Judith Hématologie et oncologie pédiatriques
Hôpital TROUSSEAU
LAROCHE Laurent Ophtalmologie
CHNO des Quinze‐Vingts
LE BOUC Yves
Explorations fonctionnelles Hôpital TROUSSEAU
LEBEAU Bernard Pneumologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
LEGRAND Ollivier Hématologie oncologie médicale
Hôpital HOTEL DIEU
LEVERGER Guy
Hématologie et oncologie pédiatriques
Hôpital TROUSSEAU
LEVY Richard Neurologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
LIENHART André
Anesthésie – Réanimation Hôpital SAINT‐ANTOINE
LOTZ Jean-Pierre Cancérologie Hôpital TENON
LOUVET Christophe Oncologie médicale Hôpital SAINT‐ANTOINE
MARIE Jean-Pierre Hématologie
Hôpital HOTEL‐DIEU
MARSAULT Claude Radiologie
Hôpital TENON
MASLIAH Joëlle Inserm U.538
Faculté de Médecine P. & M.
Curie
MAURY Eric
Réanimation médicale Hôpital SAINT‐ANTOINE
MAYAUD Marie Yves Pneumologie Hôpital TENON
MENU Yves Radiologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
MEYER Bernard ORL et chirurgie cervico‐faciale Hôpital TENON
MEYOHAS Marie Caroline Maladies infectieuses et tropicales
Hôpital SAINT‐ANTOINE
MICHEL Pierre-Louis Cardiologie
Hôpital TENON
MILLIEZ Jacques Gynécologie obstétrique Hôpital SAINT‐ANTOINE
MIMOUN Maurice Chirurgie plastique Hôpital ROTHSCHILD
MITANCHEZ Delphine Néonatologie
Hôpital TROUSSEAU
MONTRAVERS Françoise Biophysique et médecine nucléaire
Hôpital TENON
MURAT Isabelle Anesthésie réanimation Hôpital TROUSSEAU
NICOLAS Jean Claude Virologie
Hôpital TENON
OFFENSTADT Georges Réanimation médicale Hôpital SAINT‐ANTOINE
PAQUES Michel Ophtalmologie CHNO des 15/20
PARC Yann
Chirurgie générale et digestive
Hôpital SAINT‐ANTOINE
PATERON Dominique Service dʹAccueil des Urgences
Hôpital SAINT‐ANTOINE
PAYE François Chirurgie générale et digestive
Hôpital SAINT‐ANTOINE
PERETTI Charles‐Siegfried Psychiatrie d’adultes Hôpital SAINT‐ANTOINE
PERIE Sophie ORL
Hôpital TENON
PETIT Jean Claude Bactériologie virologie Hôpital SAINT‐ANTOINE
PIALOUX Gilles
Maladies infectieuses et tropicales
Hôpital TENON
POUPON Raoul Hépatologie et gastro‐entérologie Hôpital SAINT‐ANTOINE
RENOLLEAU Sylvain Réanimation néonatale Hôpital TROUSSEAU
RODRIGUEZ Diana Neuro‐pédiatrie Hôpital TROUSSEAU
RONCO Pierre Marie Néphrologie et dialyses Hôpital TENON
RONDEAU Eric
Urgences néphrologiques Hôpital TENON
ROSMORDUC Olivier Hépato gastro‐entérologie Hôpital SAINT‐ANTOINE
ROUGER Philippe I.N.T.S.
6, rue Alexandre Cabanel 75739 Paris cedex 15
ROUZIER Roman Gynécologie obstétrique Hôpital TENON
ROZENBAUM Willy Maladies infectieuses et tropicales
Hôpital SAINT‐LOUIS
SAHEL José Alain Ophtalmologie CHNO des 15/20
SAUTET Alain
Chirurgie orthopédique Hôpital SAINT‐ANTOINE
SEZEUR Alain Chirurgie générale
Hôpital des DIACONESSES
SIFFROI Jean-Pierre Génétique et embryologie médicales
Hôpital TROUSSEAU
SOUBRIER Florent
Département de génétique Groupe Hospitalier PITIE SALPETRIERE
TALBOT Jean Noël Biophysique médecine nucléaire
Hôpital TENON
THIBAULT Philippe (surnombre) Urologie Hôpital TENON
THOMAS Guy Psychiatrie d’adultes Hôpital SAINT‐ANTOINE
THOUMIE Philippe Rééducation
neuro‐orthopédique Hôpital ROTHSCHILD
TIRET Emmanuel Chirurgie générale et digestive
Hôpital SAINT‐ANTOINE
TOUBOUL Emmanuel Radiothérapie Hôpital TENON
TOUNIAN Patrick Gastro‐entérologie Hôpital TROUSSEAU
TRAXER Olivier Urologie Hôpital TENON
TRUGNAN Germain Inserm U538
Faculté de Médecine P. & M.
Curie
TUBIANA Jean-Michel (surnombre)
Radiologie
Hôpital SAINT‐ANTOINE
UZAN Serge
Gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction Hôpital TENON
VALLERON Alain Jacques Unité de santé publique Hôpital SAINT‐ANTOINE
VAYSSAIRAT Michel Cardiologie
Hôpital TENON
VAZQUEZ Marie Paule Chirurgie maxillo‐faciale et stomatologie
Hôpital TROUSSEAU
WENDUM Dominique Anatomie pathologique Hôpital SAINT‐ANTOINE
WISLEZ Marie Pneumologie Hôpital TENON
RÉSUMÉ
L’accident vasculaire cérébral (AVC) est une pathologie grave, invalidante et de plus en plus fréquente avec le vieillissement de la population. Ses particularités sont encore peu étudiées chez le sujet âgé.
Le but de cette étude rétrospective, portant sur 164 patients âgés de 70 ans et plus hospitalisés en service de soins de suite et réadaptation (SSR) après un AVC, est de décrire les particularités de cette pathologie chez la personne âgée et les facteurs qui vont influer sur son pronostic.
Il a été observé 79% d’AVC ischémiques et 21% d’AVC hémorragiques. La fibrillation auriculaire et l’angiopathie amyloïde semblent tenir une place importante dans l’étiologie respective de l’AVC ischémique et hémorragique.
Seize pour cent décèdent pendant le séjour en SSR. Parmi les survivants, 36% récupèrent une marche autonome et 43% rentrent au domicile. Les sujets âgés sont exposés après un AVC à des complications graves et fréquentes.
Les facteurs pronostiques de reprise d’autonomie, de retour au domicile et de décès à l’hôpital sont sensiblement identiques à ceux de l’adulte. Ce sont l’importance du déficit moteur, les troubles de la vigilance et de la déglutition et la fièvre. L’état douloureux est associé à une moindre reprise d’autonomie et l’isolement social à un moindre retour au domicile. Une prise de traitement antihypertenseur antérieure à l’AIC est corrélée à un meilleur pronostic.
MOTS-CLÉS
Maladies cérébrovasculaires – Pronostic – Personnes âgées – Réadaptation – Gériatrie –
Médecins généralistes
STROKE IN ELDERLY – PECULIARITIES AND PROGNOSTIC FACTORS
ABSTRACT
Stroke is a serious and debilitating disease, and increasingly frequent with aging. Its features are still poorly studied in the elderly.
The aim of this retrospective study of 164 patients aged 70 years and older hospitalized in a rehabilitation ward after a stroke, is to describe the peculiarities and prognostic factors of this pathology in the elderly.
It has been observed 79% of ischemic strokes and 21% of hemorrhagic stroke. Atrial fibrillation and cerebral amyloid angiopathy seem to hold an important place respectively in the etiology of ischemic and hemorrhagic stroke.
Sixteen percent died during the stay in rehabilitation ward. Among survivors, 36% recover autonomy in walking and 43% return home. Complications are serious and frequent among elderly stroke patients.
The prognostic factors of autonomy, return home and hospital death are identical to those of adults. They are the extent of motor deficit, awareness or swallowing disorders, and fever.
Pain is associated with lower autonomy, and social isolation with a lower return home.
Prestroke antihypertensive treatment is correlated to a better prognosis among ischemic stroke patients.
KEYWORDS
Stroke – Prognosis – Elderly – Rehabilitation – Geriatrics – General Practitioner
REMERCIEMENTS... 2
RESUME... 7
ABSTRACT... 8
INTRODUCTION... 11
REVUE DE LA LITTERATURE ... 14
A. L’ACCIDENT VASCULAIRE CEREBRAL (AVC)... 15
I. Définition... 15
II. Types et étiologies des accidents vasculaires cérébraux... 15
B. ÉPIDEMIOLOGIE... 26
I. Incidence ... 26
II. Prévalence... 30
III. Mortalité... 30
IV. Récidives... 33
V. Handicap et institutionnalisation ... 33
VI. Coût ... 34
C. FACTEURS DE RISQUE... 35
I. Facteurs de risque modifiables... 35
II. Facteurs de risque non-modifiables ... 39
III. Prévention... 40
IV. Prévention secondaire ... 44
D. PRESENTATION CLINIQUE... 47
E. COMPLICATIONS... 48
F. PRONOSTIC... 49
I. Pronostic fonctionnel ... 50
II. Pronostic vital et devenir ... 52
G. TRAITEMENT... 55
I. En phase aigue... 55
H. REEDUCATION... 60
I. ORGANISATION DU DEVENIR DU PATIENT... 62
MALADES ET METHODE ... 64
A. PATIENTS... 65
I. Critères d’inclusion ... 65
II. Critères d’exclusion... 65
B. METHODES... 66
I. Recueil des données... 66
II. Analyse des données ... 74
RESULTATS ... 76
A. POPULATION... 77
I. Age et sexe ... 77
II. Types d’AVC ... 78
III. Statut clinique à l’entrée... 82
IV. Mode de vie ... 84
V. Comorbidités et facteurs de risque... 86
VI. Type de service de provenance ... 88
VII. Durée d’hospitalisation ... 89
VIII. Données biologiques ... 89
IX. Prise en charge ... 92
X. Complications pendant le séjour en SSR ... 93
XI. Rééducation et organisation de la sortie ... 95
XII. Statut fonctionnel à la fin de l’hospitalisation ... 96
XIII. Devenir des patients ... 97
B. ÉVALUATION DE L’INFLUENCE DE CERTAINS FACTEURS SUR L’AUTONOMIE A LA SORTIE ET LE DEVENIR DU PATIENT... 98
I. Facteurs associés à la marche autonome ... 98
II. Facteurs associés à un état grabataire... 100
III. Facteurs associés au retour au domicile... 101
IV. Facteurs associés au décès pendant le séjour ... 104
DISCUSSION ... 106
A. POPULATION... 107
I. Âge et sexe ... 107
II. Types d’AVC ... 108
III. Statut clinique ... 112
IV. Mode de vie ... 114
V. Comorbidités et facteurs de risque... 117
VI. Service de provenance ... 120
VII. Durées de séjour... 120
VIII. Données biologiques ... 121
IX. Prise en charge ... 123
X. Complications ... 126
XI. Rééducation et organisation de la sortie ... 128
XII. Statut fonctionnel à la sortie... 129
XIII. Devenir à la sortie... 130
B. ÉVALUATION DE L’INFLUENCE DE CERTAINS FACTEURS SUR L’AUTONOMIE A LA SORTIE ET LE DEVENIR DU PATIENT... 131
I. Âge et sexe ... 131
II. Importance du déficit neurologique ... 131
III. Volume du territoire infarci en cas d’AIC... 133
IV. Autres séquelles et complications influant sur le pronostic ... 133
V. Biologie ... 135
VI. Traitements avant l’AVC ... 135
VII. Mode de vie ... 136
VIII. Comorbidité ... 136
IX. Prise en charge en Unité Neuro-Vasculaire ... 137
X. Biais et limites ... 137
CONCLUSION ... 139
BIBLIOGRAPHIE ... 142
ANNEXES... 154
ANNEXE 3 : ECHELLE DE RANKIN... 159
ANNEXE 4: INDICE DE BARTHEL... 160
ANNEXE 5 : ÉCHELLE NIHSS ... 161
ANNEXE 6 : INDICE DE CHARLSON... 168
ABREVIATIONS ... 169
INTRODUCTION
L’accident vasculaire cérébral (AVC) est une pathologie fréquente, grave et invalidante, reconnue comme problème majeur de santé publique.
Elle représente la troisième cause de décès après l’infarctus du myocarde et les cancers, la première cause de handicap non traumatique acquis chez l’adulte occidental et la deuxième cause de démence après la maladie d’Alzheimer et la troisième cause de mortalité.
1L’AVC représente chaque année en France 130 000 cas, avec un handicap lourd chez 30 000 patients et est à l’origine de 40 000 décès.
2La cause la plus fréquente est une ischémie cérébrale (ou infarctus cérébral, 85% des cas) secondaire au vieillissement artériel (athérosclérose) favorisée par l’existence de facteurs de risques cardio-vasculaire, ou secondaire à un embol cardiogène (infarctus cérébral cardio- embolique).
L’incidence de cette pathologie augmente nettement avec l’âge. Elle commence à dépasser celle de l’infarctus du myocarde en raison d’une fréquence nettement plus importante chez la personne âgée.
3,4Or la population mondiale vieillit : entre 2009 et 2050 le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans va tripler dans le monde, et celui des plus de 80 ans va quadrupler. Ceci laisse présager une forte croissance de la prévalence de l’AVC au cours du siècle.
5La baisse de mortalité liée aux AVC, observée depuis les années 1950, expliquée par une meilleure prise en charge thérapeutique et l’allongement de l’espérance de vie, résultent en une plus longue période de handicap avant la mort et une lourde charge pour la société.
L’AVC pose et posera au cours des prochaines décennies le problème de la prise en charge d’un nombre croissant de patients dépendants, demandeurs d’une quantité importante de ressources humaines, matérielles et financières à l’hôpital et en ville.
L’AVC représente une rupture importante dans les habitudes de vie du patient et de son
entourage ainsi qu’un choc psychologique majeur pour le patient et sa famille. Un sentiment
partagé par une grande partie de ces patients souvent très âgés est le désir du retour au
domicile.
Ce dernier est souvent le lieu central de vie de la personne âgée et celui où elle désire « finir ses jours ».
Mais des facteurs propres au patient ou à son contexte social, en mettant en péril son autonomie ou sa sécurité, influent souvent à la faisabilité et la précocité de ce retour au domicile.
Il existe de nombreux facteurs décrits chez l’adulte qui vont influer sur la récupération et le devenir après un AVC. Peu d’études mettent en relief les facteurs pronostiques propres aux personnes âgées après un AVC.
L’objectif de ce travail a été de mettre en évidence les particularités de l’AVC du sujet âgé et
les facteurs influant sur la survie, la reprise d’autonomie et le retour au domicile de la
personne âgée intégrant un service de rééducation après un AVC.
REVUE DE LA LITTÉRATURE
A. L’accident vasculaire cérébral (AVC)
I. Définition
Selon la définition de l’Organisation mondiale pour la santé, l’AVC est un déficit neurologique focal (ou parfois global) d’apparition soudaine, durant plus de 24 heures (ou conduisant au décès) et d’origine vasculaire.
6Cette définition implique l’existence d’une lésion cérébrale secondaire à une lésion vasculaire sous-jacente. Le diagnostic est clinique, il n’est pas fondé sur l’imagerie.
Contrairement à ce que pourrait laisser entendre le terme AVC, il ne s’agit pas d’un
« accident » mais d’une complication brutale d’une maladie cardiaque ou vasculaire évoluant parfois depuis des années.
Le vaisseau impliqué est presque toujours une artère qui va soit se rompre (et provoquer une hémorragie) soit, plus fréquemment, s’occlure (et provoquer un défaut d’irrigation et d’oxygénation définissant l’ischémie aboutissant à un infarctus cérébral).
Sont exclues de cette définition les complications vasculaires des traumatismes crâniens (hématomes sous et extraduraux).
II. Types et étiologies des accidents vasculaires cérébraux
L’AVC se divise en 2 grands groupes étiologiques que sont l’AVC ischémique et l’AVC hémorragique.
Cette distinction est essentielle à la prise en charge initiale et ultérieure de l’AVC et a été permise par l’avènement de l’imagerie cérébrale (scanner et IRM).
Cette dernière a révolutionné la prise en charge en permettant la mise en place de traitements spécifiques à chaque sous-type.
La fréquence de chaque type d’AVC varie selon la région du globe, dans les pays
occidentaux, les accidents ischémiques sont 4 fois plus fréquents que les accidents
hémorragiques. Dans les pays asiatiques, la proportion des HC y est un peu plus élevée.
7Une classification en 4 sous-types différencie :
- L’accident ischémique constitué (AIC) et transitoire (AIT) parmi les AVC ischémiques (AVCI)
- L’hématome parenchymateux cérébral (HC) et l’hémorragie sous-arachnoïdienne (HSA) parmi les AVC hémorragiques (AVCH)
Cette classification reste théorique car ces différents mécanismes sont souvent associés : une HSA peut se compliquer de vasospasme provoquant un AIC, et à AIT durant plus de 1 heure, correspond dans 25% des cas un petit infarctus cérébral.
8Aussi, un AIC présentera parfois une transformation hémorragique spontanée au sein de la zone ischémiée.
La classification des AVC est complexe et ne s’arrête pas à ces variétés mais dépendra de leur taille, localisation, et du mécanisme en cause dans la lésion vasculaire.
II.1 Les accidents vasculaires cérébraux ischémiques
Ils représentent environ 75% à 90% des AVC.
9, 10Parmi les AVCI, environ deux tiers sont constitués (AIC) et un tiers transitoires (AIT).
a. Accidents ischémiques constitués (AIC)
L’AIC (65-70% des AVC) se traduira par un déficit neurologique correspondant à l’atteinte de la fonction de la zone cérébrale lésée. On parle de déficit focal : il touche un ou plusieurs modes d’une ou plusieurs fonctions cérébrales, dans une topographie restreinte (hémicorps, visage, topographie proximale, distale ou totale d’un ou plusieurs membres). La profondeur et le nombre des déficits seront donc guidés par l’étendue de la zone lésée.
Le scanner peut montrer dés la sixième heure une dédifférenciation substance blanche-
substance grise, en particulier au niveau du ruban cortical insulaire dans le cas d’un
volumineux AIC sylvien. Puis l’infarctus se traduira par une hypodensité dans le territoire
lésé.
11A l’IRM, l’œdème cytotoxique, reflet du parenchyme ischémié est précocement visible en séquence de diffusion (moins d’une heure après la lésion). Puis l’infarctus se traduira par un hyposignal en séquence T1, un hypersignal en T2, plus précocement visible en séquence FLAIR.
Image 1 : Infarctus cérébral sylvien superficiel gauche à l’IRM cérébrale [Source : 12]
Image 2 : Infarctus cérébral (ancien) du territoire de l’artère cérébrale postérieure gauche, coupe anatomique
Source : www.som.tulane.edu
Le territoire lésé peut être un territoire vasculaire (sylvien superficiel ou profond, cérébral antérieur, cérébral postérieur, choroïdien antérieur, vertébro basilaire) partiel ou complet.
Il peut aussi être jonctionnel, c’est-à-dire à la jonction de deux territoires vasculaire, zone cérébrale sensible à l’ischémie puisque la plus distale par rapport à la carotide (appellée zone des « derniers prés »). On observe cette lésion en cas de sténose serrée d’une artère en amont associée à une baisse brutale de l’hémodynamique ou à un arrêt cardio-circulatoire.
11b. Accidents ischémiques transitoires (AIT) Ils représentent environ 20% des AVC.
10La présentation clinique différencie l’AIC de l’AIT puisqu’un accident ischémique transitoire est défini par des symptômes traduisant l’ischémie cérébrale dont la durée est inférieure à 24 heures. Au-delà de ce délai, il sera considéré comme constitué. La définition de ce délai est arbitraire. La traduction clinique dépend aussi de la zone lésée et l’imagerie cérébrale sera le plus souvent normale.
L’AIT est un diagnostic a posteriori. Il est urgent et essentiel d’en faire le diagnostic et de le traiter car il représente un facteur de risque majeur de récidive et d’AIC. Ce dernier est effectivement précédé d’un AIT dans 15 à 20% des cas.
13Le risque précoce d’AIC après un AIT prédomine dans les 48 premières heures suivant l’AIT avec un risque évalué à 10%, puis 13% à 1 mois et 15 à 20% à 3 mois.
14,15Le risque précoce d’AIC après un AIT peut être quantifié par un score à partir de 5 items (ABCD
2) (Age, pression artérielle, aspects cliniques, durée des symptômes > 1 heure, diabète). Ce score permet d’orienter rapidement pour traiter rapidement les facteurs de risque.
16Une meilleure terminologie utilise le terme « mini-AVC », qui permet de rappeler que les 2
sous-types AIT et AIC partagent les mêmes étiologies (l’athérosclérose des artères à
destinée cérébrale et l’embole cardiogène en grande majorité), les mêmes facteurs de risque
et qu’ils sont l’expression d’une seule maladie.
c. Étiologies des accidents vasculaires cérébraux ischémiques AIC et AIT partagent les mêmes mécanismes etiopathogéniques.
Il a été proposé plusieurs systèmes de classification des AIC dont la classification TOAST (Trial of Org 10172 in acute Stroke Treatment) (cf. Annexe 1).
17Tableau 2 : Classification TOAST des sous-types d’AIC.
[Source : 17]
⇒
Athéromatose des grosses artèresElle est le mécanisme d’environ 20% des AVC ischémiques.
18L’AIC est thrombo-embolique le plus souvent. Il existe une fragmentation d’un thrombus sur
plaque artérielle et occlusion d’une artère distale. Parfois le mécanisme est une occlusion au
contact de la plaque elle-même.
Image 7: Sténose carotidienne (flèche rouge) avec thrombus flottant (flèche noire) à l’artériographie.
Source : http://abcavc.ifrance.com
Il est rarement hémodynamique. Cela survient cas de sténose serrée, le flux sanguin artériel à destiné cérébral de base est faible mais suffisant. Mais lors d’une baisse de la pression artérielle (pour une raison infectieuse, cardiaque, médicamenteuse…) survient alors une ischémie voire une nécrose cérébrale.
142L’athéromatose prédomine à l’origine des carotides internes, au siphon carotidien, à l’origine des artères vertébrales et sylviennes, et au tronc basilaire.
Le diagnostic est fait par identification d’une sténose > 50% de l’artère d’amont chez un patient porteur de facteurs de risque.
⇒
Maladie des petites artères cérébrales, accidents lacunaires ou lacunesElle explique environ 20% des AVCI et son incidence a tendance à augmenter depuis 20
ans.
18, 19L’AIC est un petit infarctus profond (< 15 mm de diamètre) survenant par occlusion d’une artériole profonde. Il est souvent localisé dans les noyaux gris centraux, la capsule interne, ou le pied de la protubérance.
Ces petits infarctus profonds sont secondaires le plus souvent à une artériopathie locale, la lipohyalinose, dont le principal facteur de risque est l’HTA.
La multiplication des lacunes peut conduire à un « état lacunaire » responsable d’un syndrome pseudobulbaire (trouble de la marche, troubles sphinctériens et de la déglutition, rires et pleurs spasmodiques).
⇒
Cardio-embolismeCe mécanisme est responsable de près de 20% des AVCI.
L’ischémie cérébrale provient d’un caillot formé au niveau du cœur et qui migre vers les artères à destinée cérébrale. Il obstruera une artère de calibre proportionnel au volume de l’embole.
Cet embol provient de la circulation veineuse dans le cas de l’embolie paradoxale, en rapport avec un foramen ovale perméable notamment, ce qui pourrait être responsable de près de 16% des AIC des plus de 55 ans.
20Les études cliniques convergent pour rattacher à une cause cardio-embolique environ 20%
(17 à 46%) des AIC, cause largement représentée par la fibrillation auriculaire.
L’incidence de cette étiologie a légèrement diminué depuis 20 ans.
21La fibrillation auriculaire est une pathologie dont l’incidence augmente avec l’âge. Sa prévalence est évaluée à 0,5% dans la population âgée de 50 à 59 ans et jusqu’à 8% chez l’octogénaire. De plus l’âge augmente le risque d’AIC en cas d’ACFA.
22, 23L’étiologie cardio-embolique par ACFA dans l’AIC est donc naturellement plus souvent
retrouvée dans les populations âgées. Cette étiologie représente 24% à 31% des AIC chez
les plus de 70 ans et jusqu’à 36% dans la tranche d’âge 80-89 ans.
18,21,24⇒
Causes indeterminée (environ 25%)Le bilan étiologique n’a pas révélé d’étiologie.
Cette cause est plus rare chez la personne âgée en raison d’une présence fréquente de facteurs de risques cardiovasculaires ou de cause cardio-embolique.
⇒
Autres causes (5%)Elles sont représentées par la dissection des artères cervico-encéphaliques (qui représente 20% des AIC du sujet jeune environ) et les autres causes (artériopathies inflammatoires, infectieuses ou post-radiothérapiques, causes hématologiques, cancers solides…) qui sont rares, a fortiori chez la personne âgée.
II.2 Les Accidents vasculaires cérébraux hémorragiques
Les deux tiers sont des hématomes parenchymateux, l’hémorragie méningée est deux fois plus rare.
a. Hématome cérébral parenchymateux
Il représente environ 15% des AVC. L'hémorragie intraparenchymateuse est définie par une irruption de sang au sein du parenchyme cérébral, consécutif à la rupture d'un vaisseau intracrânien.
9,10L'hypertension artérielle chronique est la première cause des hémorragies intraparenchymateuses spontanées, suivie des malformations artérioveineuses, de l'angiopathie amyloïde et des accidents des anticoagulants.
La symptomatologie et l’étiologie dépendent de la localisation de l’HC.
Ainsi on observe :
25- les hématomes hémisphériques profonds (ganglions de la base) (35 à 44% des cas),
orientant vers une origine hypertensive
- les hématomes cortico-sous-corticaux (19 à 25%), orientant vers une angiopathie amyloïde, tout comme :
- les hématomes thalamiques (10 à 25%)
- et les hématomes sous-tentoriels (protubérance, cervelet) (10 à 20%)
L’hématome se caractérise au scanner par une hyperdensité intraparenchymateuse spontanée et par un hyposignal en séquence T2 (avec un éventuel œdème périlésionnel en hypersignal en T1) à l’IRM.
Image 3 : Hématome cérébral parenchymateux profond au scanner cérébral.
Source : http://www-sante.ujf-grenoble.fr
Image 4 : Hématome cérébral lobaire, coupe anatomique Source : neuropathology.neoucom.edu
La localisation de l’hématome ne semble pas varier en fonction de l’âge, mais une étude rapporte chez le sujet de plus de 80 ans une prédilection de l’hématome hypertensif pour le thalamus (représentant 43% des localisations).
26Les céphalées sont classiquement plus sévères qu’en cas d’AIC et les troubles de la conscience plus précoces.
b. Hémorragie sous-arachnoïdienne
L’hémorragie sous-arachnoïdienne (ou méningée) est considérée comme un sous-type et représente environ un tiers des hémorragies intracérébrales et 3 à 5% des AVC.
9,27La cause en est, dans la plupart des cas, la rupture d’un anévrysme sacciforme dans l’espace sous-arachnoïdien. Le saignement sous-arachnoïdien périmésencéphalique est considéré secondaire à la rupture d’une veine intracrânienne avec absence d’anévrisme à l’angiographie.
28Image 5 : Hémorragie sous-arachnoïdienne bilatérale à lRM cérébrale
Source : www.neurology.org
c. Hémorragie intra-ventriculaire primitive
Une autre cause d’hémorragie intracérébrale est l’hémorragie intra-ventriculaire primitive (non secondaire à l’effusion intra-ventriculaire d’un hématome parenchymateux). Elle est rare et semblerait représenter environ 2 à 3% des AVCH, soit moins de 1% des AVC.
10,29,30Image 6 : Hémorragie intraventruclaire Source : http://images.google.fr
D’autres variétés plus rares d’AVC existent. L’une d’elle implique une veine et non une artère : la thrombose veineuse cérébrale ou thrombophlébite cérébrale. Elle représente (0,5 à 1% des AVC).
11L’hématome sous-dural est classiquement exclu du champ des AVC.
d. Étiologie des AVC hémorragiques
Dans environ deux cas d’HC sur trois, il existe ou pré existe une hypertension.
31Le mécanisme le plus fréquent dans l’HC est la lipohyalinose (athérome des petits vaisseaux
secondaire à l’hypertension chronique) qui provoque l’apparition de micro anévrysmes
lipohyaliniques qui tendent à se rompre et provoquer un hématome souvent localisé dans les
structures cérébrales profondes.
32Il est suspecté chez le reste des patients, la préexistence de malformations vasculaires, d’une angiopathie amyloïde ou d’une cause ischémique avec transformation hémorragique.
33L’angiopathie amyloïde semble jouer un rôle prépondérant chez le sujet âgé.
34Les traitements antithrombotiques et anticoagulants favorisent l’HC, cette cause devenant de plus en plus fréquente chez la personne âgée.
35La rupture d’un anevrysme sacciforme est l’étiologie la plus fréquente de l’HSA.
28B. ÉPIDEMIOLOGIE
I. Incidence
L’incidence des AVC est croissante. Un travail portant sur la population de Dijon entre 2001 et 2006 a permis de constater, contre toute attente, que l’incidence des accidents vasculaires cérébraux était supérieure à l’incidence des infarctus du myocarde aussi bien chez l’homme que chez la femme, essentiellement dès 65 ans chez les femmes et après 75 ans chez les hommes.
4I.1 Taux d’incidence
Il est estimé à 99,1 pour 100 000 habitants par an en France (cf. annexe 2).
19Il varie de 100 à 300 cas pour 100 000 habitants par an et dépend de plusieurs facteurs : a. Âge
L’AVC peut toucher l’adulte jeune et même l’enfant, mais reste largement une pathologie de la personne âgée, son incidence augmente nettement et exponentiellement avec l’âge.
Elle double par tranche de 10 ans après 55 ans chez l’homme et la femme (figure 2).
36Figure 2 : Incidence annuelle par âge pour 1000 habitants des AVC, tous types confondus, selon différentes études. [Source : 36]
Le taux d’incidence décuple et atteint 996 pour 100 000 habitants par an dans la population âgée de plus de 85 ans.
19La particularité de l’AVC de la personne âgée, en dehors d’une plus grande représentation féminine, est une plus grande proportion de patients institutionnalisés avec un niveau supérieur de handicap avant l’AVC.
37Les AVCI lacunaires et des grosses artères sont les sous-types d’AVC dont l’incidence
augmente le plus avec l’âge. On remarque une tendance à la baisse d’incidence de l’AIC des
grosses artères après 85 ans, alors que l’incidence de l’AIC lacunaire continue d’augmenter
après 85 ans dans les deux sexes.
38Figure 3 et 4 : Incidences des AVC selon l’âge et le mécanisme chez la femme et chez l’homme.
[Source : 38]
b. sexe
Le taux d’incidence est 33% plus élevé chez l’homme. En France, le taux d’incidence est de
124 pour 100 000 chez l’homme et 80 pour 100 000 chez la femme.
19,39L’âge moyen de survenue est 71 ans chez l’homme et 75,6 ans chez la femme.
19On observe qu’après 80 ans, environ deux tiers des patients présentant un AVC sont des femmes.
37Ainsi en raison d’une plus grande longévité des femmes et du fait que cette pathologie expose majoritairement des personnes de plus de 70 ans, il est observé que davantage de femmes que d’hommes meurent d’AVC, sont handicapées, déprimées ou démentes après un AVC.
7c. Type d’AVC
Concernant l’AVCI, une étude datant de 2001 présente des taux d’incidence (pour 100 000 habitants) standardisés à la population européenne des sous-types d’AIC selon la classification TOAST.
40Tableau 1 : Taux d’incidence standardisé par sous-type d’infarctus cérébraux pour 100 000 habitants par an. [Source : 40]
I.2 Estimation du nombre de nouveaux cas
L’AVC représenterait en France environ 120 000 à 150 000 nouveaux cas par an, sur la base du registre de Dijon (Lemesle, 1999) et d’autres registres européens, en se basant sur un taux d’incidence de 200 pour 100 000 habitants par an.
7En Europe, le chiffre de 1,1 millions de nouveaux cas a été estimé pendant l’année 2000 et
l’OMS s’attend à voir ce chiffre augmenter en 2025 à 1,5 millions par an.
41I.3 Évolution
Les études épidémiologiques ont toutes montré que l’incidence de l’ensemble des sous-types d’AVC notamment fatals avait diminué depuis 1950 dans l’ensemble des pays développés (sauf l’hémorragie sous-arachnoïdienne dont l’incidence est stable et l’AIC lacunaire à Dijon dont l’incidence augmente).
Ceci peut être expliqué par une meilleure prise en charge des facteurs de risque cardio- vasculaires, notamment de l’hypertension artérielle et du tabagisme.
11,42II. Prévalence
La prévalence globale est de 4 à 8 pour 1000 habitants dans les pays occidentaux.
36La prévalence de l’AVC augmente comme l’incidence, exponentiellement avec l’âge jusqu’à 89 ans : elle est de 48,4 pour 1000 dans la tranche d’âge 65-84 ans et atteint 70,6 pour 1000 après 75 ans. Au-delà de 89 ans, elle diminue chez les hommes et se stabilise chez les femmes.
37Soixante-quinze pour cent des patients présentant un AVC ont plus de 65 ans.
On observe un taux de prévalence variant de 60 à 90 pour 1000 chez l’homme et de 30 à 60 pour 1000 chez la femme.
36En réalité, cette mesure de prévalence est difficile à réaliser car elle implique de connaître l’incidence des cas de novo et le nombre de survivants des AVC précédents. La prévalence pourrait être estimée à 360 000 personnes atteintes d’AVC en France.
7III. Mortalité
L’AVC est responsable de 9% des décès dans les pays industrialisés et représente la
deuxième cause de décès après l’infarctus du myocarde et la troisième cause si l’on réunit
tous les cancers en une entité.
1D’après une estimation de l’Organisation Mondiale de la Santé, l’AVC serait responsable de 5,5 millions de décès (3 millions de femmes et 2,5 millions d’hommes) chaque année dans le monde et un décès toutes les 3 minutes aux Etats-Unis.
43III.1 Mortalité globale
Les taux de mortalité sont variables d’un pays à l’autre, de 63,5 pour 100 000 habitants par an en Suisse chez les hommes en 1992, à 273,4 pour 100 000 habitants en Russie chez les femmes en 1991.
44En France, ce taux a été estimé en 2003 à 36,8 décès par AVC pour 100 000 habitants par an soit près de 33 000 décès par an.
19La mortalité globale due à l’AVC est en baisse depuis les années 1950 avec une nette diminution (25% depuis 20 ans) dans tous les pays industrialisés.
2,42Elle peut être expliquée par une amélioration de la prise en charge des facteurs de risque (notamment de l’hypertension artérielle et du tabagisme), des conditions de vie, et du traitement à la phase aiguë, mais probablement aussi en raison d’une meilleure détection des lésions de petite taille (qui ont un meilleur pronostic) grâce aux progrès de l’imagerie.
2En France, la diminution de la mortalité globale par AVC est estimée à 41% entre 1990 et 2004.
19Figure 1 : Taux de décès par maladie cérébrovasculaire pour 100 000 standardisés par âge entre 1990 et 2004 en France metropolitaine. Source : Inserm CepiDC
Bien que la mortalité soit 6 fois plus importante après 85 ans par rapport à la tranche d’âge 65 - 84 ans, cette dernière, plus peuplée, représentent plus de décès.
19III.2 Mortalité au premier mois
La mortalité dans le premier mois avoisine les 15 à 20% avec un pic de décès pendant la première semaine.
La mortalité dans les 28 ou 30 premiers jours peu définir un « AVC fatal » et est influencée le plus souvent par le type d’AVC, la gravité initiale clinique de l’AVC (quantifiée par le score NIHSS, cf. infra), l’âge, un antécédent d’AVC ou d’insuffisance cardiaque.
40,45Ce taux de mortalité diminue depuis les dernières décennies (17,8% pour la période 1985- 1989 contre 10% pour la période 2000-2004 à Dijon).
19Ce taux est plus important avec l’âge : 11% avant 80 ans contre 22% après 80 ans.
38,42III.3 Mortalité à moyen terme
Le taux de survie à 3 ans après un AVC se situe autour de 65%, et autour de 40% à 5 ans.
46Le taux de survie à un an diminue avec l’âge. Il est en moyenne de 85% chez le patient de moins de 65 ans contre environ 40% après 85 ans.
46Les survivants présentent un excès de risque de décès important qui persiste pendant des années (risque relatif (RR)= 1,6 à 5 ans).
47III.4 Mortalité selon le type
La mortalité varie aussi avec le type d’AVC. Le taux de survie à 2 ans est :
40- de 85% pour les infarctus lacunaires
- 65% pour les AIC athéromateux des grosses artères
- et 55% pour les infarctus cardio-emboliques.
L’AVC hémorragique est le type le plus grave avec un taux de survie estimé à 50% à seulement 1 mois.
48IV. Récidives
Le risque de survenue d’un second AVC est estimé à 5% par an et le risque de récidive cumulé sur cinq ans est évalué à environ 20%.
49Le risque le plus élevé est au cours de la première année. Le risque pendant le premier mois est de 4%, 8,8% au cours des six premiers mois, et 12% dans l’année suivant l’AVC.
46Les taux de récidive les plus élevés à 2 ans s’observent pour les AIC cardio-emboliques avec 22% de récidive contre 11% pour les infarctus lacunaires et 10% pour les AIC athéromateux des grosses artères.
40Après un AIT, un AVC survient au cours des mois suivants dans 5% des cas, au cours de l’année suivante dans 12% des cas, et dans les 2 ans dans 20% des cas.
14V. Handicap et institutionnalisation
V.1 Handicap
Deux tiers des patients victimes d’AVC gardent des séquelles physiques, cognitives ou psychologiques.
L’AVC est considéré comme la sixième cause de handicap dans le monde (quantifié en
DALYs, Disability Adjusted Life Years : la somme des années de vie perdues par mort
prématurée ou d’années vécues avec un handicap, ajustées à la sévérité de ce dernier).
51L’AVC tendra à devenir la 4
ecause de handicap dans une génération en raison du
vieillissement de la population.
52Le handicap secondaire à l’AVC varie selon les pays. Il représente une perte de 3 DALYs pour 1000 habitants en France contre 2 en Suisse, 4 aux Etats-Unis, en Allemagne ou au Royaume-Uni, 18 en Grèce et 22 au Kyrgyzstan.
43Il représente la première cause de handicap acquis non traumatique chez l’adulte occidental et la deuxième cause de démence après la maladie d’Alzheimer.
7V.2 Institutionnalisation
Le handicap lié aux séquelles après un AVC multiplie par près de 3 le risque d’être institutionnalisé.
7Ce risque augmente exponentiellement après 75 ans avec 30% d’institutionnalisation contre 16% en l’absence d’AVC. Sur la base d’une prévalence de 7% d’AVC chez les plus de 75 ans, il existerait plus de 100 000 patients victimes d’AVC de cette tranche d’âge institutionnalisés en France.
7VI. Coût
Le coût de l’AVC dans le monde représente 2 à 4% des dépenses de santé totales et plus de 4% dans les pays industrialisés. Le coût de l’AVC peut être chiffré entre 70 000 dollars américains (USD) dans les pays scandinaves (Asplund, 1993) en moyenne par patient et 225 000 USD en prenant en compte la perte de productivité (Taylor, 1996).
11La American Heart Association a estimé le coût de l’AVC en 2004 aux Etats-Unis à 53,6 milliards d’USD.
43Le vieillissement de la population laisse envisager une augmentation des coûts hospitaliers
de l’AVC de 1,5% par an.
53C. Facteurs de risque
Les facteurs de risque de l’AVC expliquent 60% du risque attribuable, en contraste avec l’ischémie myocardique qui est expliquée à 90% par les facteurs de risque cardio- vasculaires.
11Il manque à ce jour de donnée dans la littérature pour expliquer les 40% d’AVC non- attribuables aux facteurs de risque connus, avec probablement une part génétique dans la causalité de cette pathologie.
7La prévention primaire et secondaire explique la constante réduction de mortalité due aux AVC, observée durant la seconde moitié du XX
esiècle, et notamment secondaire à la prise en charge médicamenteuse de l’hypertension.
54I. Facteurs de risque modifiables
I.1 Hypertension artérielle (HTA)
Elle est le plus important des facteurs de risque modifiables d'AVC dans les deux sexes et quel que soit l'âge. Elle multiplie le risque d'infarctus cérébral par 4 et d'hémorragie par 10 si PAs (pression artérielle systolique)>160 mmHg et PAd (pression artérielle diastolique)>95 mmHg. Elle est présente chez 40 à 85% des patients atteints d'infarctus cérébral et chez 72 à 81% de ceux qui sont atteints d'hémorragie cérébrale.
55On peut attribuer la cause de 30 à 60% des AVC à l’existence d’une simple hypertension isolée.
56Ce risque attribuable (RA) à l'HTA est considérable notamment chez la personne âgée en
raison de la forte prévalence de cette pathologie. La prévalence de l’HTA est de 31% des 18-
74 ans, 60 % chez les plus de 60 ans et 90 % des sujets qui vivent au-delà de 65 ans
auront une HTA.
56,57Le risque augmente de façon linéaire avec les chiffres de PA, qu'il s'agisse de la PAs, de la PAd, PA moyenne ou pulsée. Il n'y a pas de chiffre charnière au-dessous duquel il n'y aurait plus de risque. Ainsi, une analyse récente de la cohorte de Framingham consacrée aux sujets normotendus (< 140/90) a montré que le risque d'AVC était significativement plus élevé chez les normotendus dits « hauts » (< 135/85) que chez les normotendus dits « optimaux » (< 120/80).
58I.2 Dyslipidémie
Le rôle de l’hypercholestérolémie a été longtemps controversé dans l’AVC. Plusieurs études montrent une augmentation du risque d’AIC lacunaires et des grosses artères en cas de cholestérolémie élevée.
59Une relation inverse a été suggérée avec le risque d’hémorragie cérébrale qui augmentait en cas de cholestérolémie basse.
60L’hypercholestérolémie est plus souvent retrouvée en cas d’étiologie athéromateuse et n’apparaît que comme un facteur mineur de risque global d’AVC d’après une méta-analyse de 45 études qui incluait les HC.
61,62I.3 Tabac
Le rôle du tabac comme facteur de risque est établi pour l’AIC avec un risque relatif (RR) de 1,9, soit un risque quasiment doublé chez le fumeur. Son risque attribuable global est estimé à 36% des AVC chez le jeune adulte.
63Le tabac constitue le facteur modifiable principal dans l’HSA, supérieur à l’hypertension.
Concernant les HC le rôle du tabac n’est pas établi.
64I.4 Alcool
L’alcool augmente le risque de toutes les variétés d’AVC en cas de consommation
quotidienne supérieure à 50 g par jour (5 verres) ou de consommation aiguë massive. Le
risque relatif est d’environ 2 pour l’AVC fatal, 3 pour l’infarctus cérébral. Cette augmentation est marquée pour les AVCH (RR= 6) et les AIC cardio-emboliques (RR= 4,7).
65I.5 Obésité
Son rôle est démontré comme facteur indépendant de risque d’AIC. Le RR de présenter un AIC est voisin de 2 chez l’obèse. Ce risque est majoré par l’HTA, le diabète et la dyslipidémie.
Une prise de poids de 11 à 20 kg augmente le RR d’AIC de 2,52.
66I.6 Accident ischémique transitoire
L’AIT constitue un facteur majeur de risque d’AIC. Un patient sur 6 présentera un AIC dans les 3 mois suivant un AIT.
14Ce risque est majoré en cas de sténose carotidienne supérieure à 70% associée.
49En l’absence de traitement, le risque d’infarctus cérébral dans les 48 heures suivant l’AIT s’élève à 11%, et 5% en cas de prise en charge en urgence.
15Un AIT est retrouvé plus souvent dans les antécédents du patient AVC de plus de 80 ans.
37I.7 Cardiopathies emboligènes
L’arythmie complète par fibrillation auriculaire (ACFA) est la première cause d’embol cérébral et la seule cardiopathie emboligène qui a bénéficié de grands essais randomisés. L’ACFA augmente le risque d’infarctus cérébral par 5.
67Elle touche particulièrement la personne âgée. Sa prévalence est estimée à 10% après 80 ans contre 5% dans la population générale.
68Le risque attribuable de l’ACFA sur l’infarctus cérébral passe de 1,5% chez le quinquagénaire, à 23,5% chez l’octogénaire. Un infarctus cérébral sur 4 après 80 ans est d’origine cardio emboligène.
67La fibrillation auriculaire (FA) paroxystique a montré un risque embolique et donc un risque
d’AIC aussi important que la fibrillation auriculaire permanente.
110I.8 Sténose carotidienne
On peut attribuer à la sténose de la carotide (le plus souvent la bifurcation carotidienne) près de 10% des AVC ischémiques.
70Une sténose carotidienne asymptomatique de > 60%
confère un risque d’AIC homolatérale de 2% par an environ, et 10 % par an en cas de sténose symptomatique.
70I.9 Inflammation et infection
L’étude FRAMINGHAM a montré que la population présentant les taux de CRP les plus élevés (avec des taux respectivement supérieurs à 3 mg/L et 7 mg/L) présentait un risque deux fois supérieur d’être victime d’un AIC durant la période d’observation de 12 à 14 ans.
71I.10 Facteurs de risque propres à l’hématome cérébral
a. Malformations vasculaires
Elles sont suspectées devant une symptomatologie d’épilepsie ou de céphalée. L’anévrisme artériel intracérébral représente la malformation classiquement à l’origine des AVCH. Le risque hémorragique et la conduite à tenir thérapeutique sont mal connus.
35b. Traitement anticoagulant, thrombolytique et antithrombotique
- Le risque d’HC sous anticoagulant au long cours est de 1% par an. Le pronostic est péjoratif (60% de mortalité). Le risque est majoré lorsqu’il existe un surdosage, avec l’âge, la présence de leucoaraïose, d’une HTA, un alcoolisme associé, ou un antécédent d’AVC.
72L’HC peut être attribué aux traitements anti-vitamine K dans 14% des AVCH.
35- La thrombolyse expose à un risque d’HC avec un RR égal à 10. Le risque d’HC sous thrombolytique est d’environ 6%, dépend de la dose administrée, de la présence d’une HTA non contrôlée et du poids.
73-
L’aspirine montre dans une méta-analyse une augmentation faible mais significative de
12 HC pour 10 000 patients traités. Il n’existe pas de chiffre propre aux personnes âgées.
74II. Facteurs de risque non-modifiables
II.1 Âge
C’est un facteur de risque majeur. Après 55 ans, pour chaque tranche d’âge de 10 ans, les taux d’AVC sont multipliés par 2 à la fois chez l’homme et la femme.
36Une personne âgée de plus de 85 ans a 4 fois plus de risque de présenter un AVCI que la population générale.
10L’incidence de l’AVCH augmente aussi avec l’âge mais dans une moindre mesure.
36II.2 Sexe
Le taux d’incidence est multiplié chez l’homme par 1,3 pour l’AVCI et près de 3,7 pour l’AVCH.
39II.3 Facteurs génétiques et ethniques
L’appartenance ethnique représente un facteur influant le risque d’AVC (RR=2,4 chez le sujet noir).
75Les formes familiales d’AVC sont connues de longue date : le gène de l’ApoE4 favorise l’athérome, et certains facteurs de risque ont un déterminisme génétique.
49Une étude récente a mis en évidence deux modifications génétiques sur le chromosome 12 associées à un taux accru d’AVCI avec un risque relatif de 1,33 et un risque attribuable estimé à 12%.
76II.4 Diabète
Le risque relatif d’AIC est multiplié par 2 à 5 chez le diabétique avec un risque de 1,5% par
an. Le diabète avance l’âge de survenue de l’AIC et altère son pronostic. Cet AIC est souvent
lacunaire en cas de diabète.
77On peut le considérer comme facteur non-modifiable car la correction de la glycémie ne réduit pas le risque relatif d’AVC chez le diabétique.
II.5 Angiopathie amyloïde
Elle serait en cause dans 11% des hématomes cérébraux, notamment à localisation cérébelleuse ou lobaire et chez la personne âgée en particulier en l’absence d’hypertension.
34III. Prévention
III.1 Prévention primaire
Elle repose essentiellement sur la prise en charge des facteurs de risque cardio-vasculaires.
a. Traitement antihypertenseur
En prévention primaire des AVC, l’efficacité du traitement antihypertenseur a été largement démontrée grâce à de nombreux essais randomisés et confirmée par plusieurs méta- analyses.
78L’objectif tensionnel dans la population générale est inférieur à 140/90, 130/80 chez le diabétique.
79,80L’étude HYVET montre un intérêt à baisser les chiffres de tension artérielle chez le sujet de 80 ans et plus sur le risque d’AVC. L’objectif tensionnel est une PA systolique inférieure à 150 mmHg.
89Cet essai a montré une réduction de 21% de la mortalité globale, 30% des taux d’AVC fatals
ou non et une réduction de 39% de mortalité par AVC dans le bras traité.
Figure 6 : Nombre d’AVC au cours du suivi. [Source : 89]
Figure 7 : Nombre de décès par AVC au cours du suivi. [Source : 89]
b. Antithrombotique
L’aspirine est le seul antithrombotique étudié en prévention primaire de l’infarctus cérébral.
Sa prescription diminue la fréquence de tous les événement cardio-vasculaires, notamment d’infarctus du myocarde.
90Elle augmente par contre le risque d’hémorragie digestive et cérébrale.
91L’aspirine présenterait un intérêt en prévention primaire de l’AVC uniquement chez la femme avec une diminution de 24% du risque d’AVCI.
90,91Le traitement anti-aggrégant en prévention primaire ou secondaire est significativement plus prescrit chez la personne âgée en raison d’un large éventail d’indication dans les pathologies cardio-vasculaires.
37c. Cholestérol et prévention primaire
L’utilisation d’une statine en prévention primaire du risque d’AIC n’aurait d’intérêt qu’en post- infarctus du myocarde et chez les patients à haut risque coronarien d’après plusieurs études.
92,93,94Dans cette indication, on observe une réduction du risque d’AVC d’environ 21% chez l’adulte, corrélée à la baisse du LDL-c plasmatique, sans augmentation du risque d’HC.
95Figure 8 : Risque cumulatif d’AVC au cours des années de suivi dans les bras placebo et traitement par Pravastatine en prévention primaire chez le patient coronarien.
[Source : 93]