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Critères de qualité des sous-titres dans le cadre du projet de traduction de sous-titres d'un cours de coursera : Évaluation comparative de la lisibilité de sous-titres traduits spontanément et en suivant des règles

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Texte intégral

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Master

Reference

Critères de qualité des sous-titres dans le cadre du projet de traduction de sous-titres d'un cours de coursera : Évaluation comparative de la lisibilité de sous-titres traduits spontanément et en

suivant des règles

LE BRIS, Marie

Abstract

Dans ce mémoire, notre objectif était de comparer la lisibilité de sous-titres traduits de manière spontanée et en suivant des règles. Ce travail s'appuie sur les sous-titres d'un MOOC traduit par des étudiants dans le cadre du projet Coursera. Nous avons sélectionné des règles issues de diverses recommandations de sous-titrage et de langages contrôlés pour les appliquer à des extraits du MOOC. Nous avons ensuite demandé à des juges de comparer la lisibilité des sous-titres originaux avec celle de leur reformulation selon des règles sélectionnées. Nous avons tiré de l'analyse des résultats de cette expérience des règles de sous-titrage, dégagé des pistes à approfondir, et dressé le bilan de la méthodologie adoptée.

LE BRIS, Marie. Critères de qualité des sous-titres dans le cadre du projet de traduction de sous-titres d'un cours de coursera : Évaluation comparative de la lisibilité de sous-titres traduits spontanément et en suivant des règles. Master : Univ.

Genève, 2016

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:92542

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1 Marie LE BRIS

CRITÈRES DE QUALITÉ DES SOUS-TITRES DANS LE CADRE DU PROJET DE TRADUCTION DE SOUS-TITRES D’UN COURS DE

COURSERA :

Évaluation comparative de la lisibilité de sous-titres traduits spontanément et en suivant des règles

Directrice : Pierrette Bouillon Jurée : Mathilde Fontanet

Mémoire présenté à la Faculté de traduction et d’interprétation pour l’obtention de la Maîtrise universitaire en traduction, mention Technologies de la traduction.

(Année académique 2015-2016 / session d’août)

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2 Déclaration attestant le caractère original du travail effectué

J'affirme avoir pris connaissance des documents d'information et de prévention du plagiat émis par l'Université de Genève et la Faculté de traduction et d'interprétation (notamment la Directive en matière de plagiat des étudiant-e-s, le Règlement d'études de la Faculté de traduction et d'interprétation ainsi que l'Aide-mémoire à I 'intention des étudiants préparant un mémoire de Ma en traduction).

J'atteste que ce travail est le fruit d'un travail personnel et a été rédigé de manière autonome.

Je déclare que toutes les sources d'information utilisées sont citées de manière complète et précise, y compris les sources sur Internet.

Je suis conscient que le fait de ne pas citer une source ou de ne pas la citer correctement est constitutif de plagiat et que le plagiat est considéré comme une faute grave au sein de l'Université, passible de sanctions.

Au vu de ce qui précède, je déclare sur l'honneur que le présent travail est original.

Nom et prénom : Le Bris, Marie

Lieu / date / signature

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3 Remerciements

À l’occasion de la remise de ce mémoire, je tiens d’abord à remercier Madame Pierrette Bouillon pour toute son aide, ses conseils et ses encouragements, qui m’ont permis de mener à bien ce travail, et Madame Mathilde Fontanet d’avoir acceptée d’être la jurée de ce mémoire, mais aussi d’avoir proposé le projet Coursera sur lequel il s’appuie.

Je remercie également Madame Estéfania Pio pour ses indications précieuses données dans le cadre du projet Coursera, ainsi que pour ses conseils de recherche et de lecture.

Je voudrais aussi remercier les traducteurs de ce projet, notamment Jennifer Joffre, Léa Monsarrat, Alexandra Mühle et Hélène Tercier.

Mes remerciements vont également aux juges qui ont pris le temps de remplir le test, mais aussi de faire des commentaires qui ont été très utiles.

Enfin, je souhaite remercier mes parents et ma famille, ainsi que mes amis, de m’avoir apporté leur aide et leur soutien, et surtout de m’avoir donné force et motivation.

(5)

4

Introduction ... 10

1 Sous-titrage d’un MOOC ... 12

Introduction ... 12

Les MOOCs ... 12

Le MOOC « Inspiring Leadership through Emotional Intelligence » ... 12

Le projet Coursera ... 14

Conclusion ... 17

2 Règles et recommandations pour le sous-titrage ... 18

Introduction ... 18

Sources de recommandations ... 18

Considérations à prendre en compte ... 20

Règles écartées ... 22

Règles applicables à notre situation de traduction... 24

2.5.1 Segmentation ... 24

Nombre de lignes ... 24

Rythme d’affichage ... 25

Contenu d’un sous-titre ... 26

Découpage syntaxique ... 26

Équilibre entre les deux lignes du sous-titre ... 27

2.5.2 Cohérence entre l’image, le son et les sous-titres ... 28

2.5.3 Ponctuation et casse ... 29

(6)

5

2.5.4 Réduction et simplification ... 30

Objectif : simplicité et concision ... 30

Omissions ... 31

Abréviations et nombres en chiffres ... 32

Éléments à conserver... 32

Préférences syntaxiques ... 33

Conclusion ... 34

3 Un apport des langages contrôlés et des langages simplifiés ? ... 35

Introduction ... 35

Sources de recommandations ... 36

Objectifs et limitations ... 37

3.3.1 Objectifs ... 37

Simplicité syntaxique et sémantique ... 38

Non-ambiguïté ... 38

Attractivité ... 39

Brièveté ... 39

3.3.2 Limitations générales des langages contrôlés et simplifiés ... 40

3.3.3 Conclusion ... 41

Règles de langage contrôlé et simplifié ... 41

3.4.1 Types de règles ... 42

3.4.2 Règles écartées ... 44

(7)

6

3.4.3 Règles applicables aux MOOCs ... 46

Introduction ... 46

Règles de présentation ... 46

Règles lexicales ... 47

Règles syntaxiques ... 48

3.4.3.4.1 Phrases courtes ... 49

3.4.3.4.2 Structures simples ... 50

Formes verbales simples ... 50

Voix active ... 53

Ordre sujet-verbe-complément ... 54

3.4.3.4.3 Explicitations à privilégier et omissions à éviter ... 61

Conclusion ... 63

4 Expérience ... 64

Introduction ... 64

Conception de l’expérience ... 64

4.2.1 Objectif de l’expérience ... 64

4.2.2 Méthodologie ... 65

4.2.3 Règles répertoriées ... 66

Considérations relatives à la formulation et à la catégorisation des règles 66 4.2.3.1.1 Formulations négative, affirmative et transformative ... 67

(8)

7

4.2.3.1.2 Degré de précision ... 68

4.2.3.1.3 Portée générale ou conditionnelle ... 69

Classement des règles répertoriées ... 70

4.2.4 Le corpus et les règles sélectionnées pour l’expérience ... 72

Sélection des règles à tester ... 72

4.2.4.1.1 Annotation du cours 11 ... 72

4.2.4.1.2 Sélection des catégories de règles à tester ... 76

Sélection des exemples ... 78

4.2.4.2.1 Critères et procédures ... 78

Sélection des exemples dans le cours 11 ... 78

Recherche dans le reste des cours ... 79

4.2.4.2.2 Présentation des catégories et exemples retenus ... 80

Espace avant une ponctuation double... 80

Nombres ... 81

Parenthèse/présentation séquentielle ... 82

Phrases longues ... 83

Relatives ... 84

Réalisation de l’expérience ... 84

4.3.1 Documents ... 85

Questionnaire sur l’utilisateur ... 85

Test sur les sous-titres ... 85

(9)

8

4.3.2 Prétest ... 86

Objectifs ... 86

Observations et remarques ... 86

Changements ... 87

4.3.2.3.1 Questionnaire sur le juge ... 87

4.3.2.3.2 Document pour l’évaluation ... 87

4.3.2.3.3 Adaptation pour l’impression et la version numérique ... 89

4.3.3 Les participants ... 89

Renseignements personnels ... 89

Renseignements concernant les vidéos et le sous-titrage ... 90

Les MOOCs ... 92

Résultats de l’évaluation des sous-titres ... 93

4.4.1 Espace avant un signe de ponctuation double ... 94

4.4.2 Nombres ... 96

4.4.3 Parenthèse/présentation séquentielle... 97

4.4.4 Phrase longue ...103

4.4.5 Relatives ...107

4.4.6 Bilan des règles formulées et des nouvelles hypothèses ...110

Règles ...110

Nouvelles hypothèses ...111

4.4.7 Conclusion ...112

(10)

9

Conclusion ...113

Bibliographie ...117

Documents utilisés, par ordre alphabétique ...117

Documents consultés par thème ...124

Annexes ...133

Annexe 1 : questionnaire sur les juges ...133

Annexe 2 : test sur le sous-titrage ...136

(11)

10

Introduction

Ce mémoire s’intéresse à l’évaluation de la qualité des sous-titres et, plus précisément, à la lisibilité des sous-titres rédigés en suivant certaines règles de rédaction et de manière plus spontanée. Nous partirons des sous-titres composés dans le cadre du projet de traduction d’un cours en ligne, ou MOOC. Dans le cadre de ce projet, nous nous sommes posé différentes questions, notamment en ce qui concerne le choix des formulations. Il existe en effet différents documents donnant des recommandations pour la rédaction de sous-titres, mais celles-ci sont diverses, et quelquefois contradictoires.

Cela est lié à la diversité même des situations de sous-titrage et des contenus sous-titrés.

L’objectif principal de ce travail est de sélectionner parmi ces recommandations celles qui sont le plus adaptées au contexte des MOOCS. Nous nous demanderons également si les langages contrôlés peuvent apporter une contribution dans ce domaine.

Nous définirons donc des règles en nous inspirant des recommandations existantes, qu’elles soient destinées aux sous-titres ou relèvent des langages contrôlés, et nous les testerons en utilisant une évaluation comparative de la lisibilité de sous-titres pour les utilisateurs.

Ce travail abordera donc la question de recherche suivante : suivre des recommandations destinées au sous-titrage ou issues des langages contrôlés permet-il d’améliorer la qualité des sous-titres de MOOCs ? Nous décomposerons cette question en plusieurs sous-questions. Quelles recommandations spécifiques sont utiles ? Est-ce qu’éviter certains éléments permet d’améliorer la lisibilité dans cette situation ? Certaines formulations sont-elles à privilégier pour une meilleure lisibilité ? Parmi différentes règles ou différentes solutions, certaines sont-elles meilleures ? Comment l’application de ces règles est-elle ressentie par les utilisateurs ? Peut-on tirer de cette évaluation des règles de rédaction destinées aux traducteurs de MOOCs ? Pour y répondre, nous ferons une expérience en appliquant des recommandations de rédaction de sous-titres et des règles de langages contrôlés aux sous-titres d’un MOOC pour en sélectionner quelques- unes. Puis nous demanderons à des juges de comparer la lisibilité des sous-titres ainsi obtenus avec celle des sous-titres originaux.

(12)

11 Ce travail suivra le plan suivant [inspiré d’Aubry, 2016 ; Bartoletti, 2013 ; Gerlach, 2015 ; Gray, 2014 ; Morand, 2013 ; Temnikova, 2012]. Dans le premier chapitre, nous présenterons le projet de traduction de sous-titres. Le chapitre 2 aura pour thème les recommandations relatives au sous-titrage : nous répertorierons les règles existantes et sélectionnerons celles qui pourraient s’appliquer à notre situation. Dans le chapitre 3, nous nous intéresserons aux langages contrôlés, et procéderons de même.

Le chapitre 4 portera sur l’aspect expérimental de ce travail. Nous y aborderons la sélection des règles à tester et des exemples. Puis nous présenterons la réalisation du test, et notamment l’élaboration des documents qui seront utilisés pour les tests, qui donneront lieu à un pré-test, et les participants. Nous exposerons et analyserons enfin les résultats du test. Dans la conclusion, nous synthétiserons les résultats de l’expérience et en dresserons le bilan. Nous en pointerons les limites, qui pourraient donner lieu à des approfondissements et à de nouvelles pistes de recherche.

(13)

12

1 Sous-titrage d’un MOOC

Introduction

Ce mémoire a pour sujet l’évaluation de la qualité des sous-titres d’un MOOC. Dans cette partie, nous commencerons par expliquer ce qu’est un MOOC (section 1.2). Ensuite, nous présenterons celui qui a donné lieu à ce travail (section 1.3), puis le projet de traduction de ce cours (section 1.4).

Les MOOCs

L’acronyme « MOOC » correspond au terme « Massive Online Open Course »1. Il s’agit d’un support d’enseignement qui présente certaines caractéristiques. « Massive » renvoie au grand nombre de participants potentiels, lié à sa disponibilité sur Internet (« Online »). « Open » fait référence à la gratuité de la participation au cours (même s’il peut donner lieu à des services payants comme une certification) et à l’absence de conditions d’inscription préalables. Cet adjectif met également en évidence le caractère participatif donné au cours notamment par des questionnaires de connaissances, une évaluation par les pairs et des forums [Cellule MOOCs UNIGE, 2015 ; Cormier, 2010 ; Koller, 2012].

Le MOOC « Inspiring Leadership through Emotional Intelligence »

Le MOOC qui a donné lieu à ce travail, intitulé « Inspiring Leadership through Emotional Intelligence » [Boyatzis, 2013], est classé dans les catégories « Business et management », « Éducation » et « Sciences sociales » [Coursera, consulté le 2 février 2016,

« Inspiring Leadership through Emotional Intelligence »]. Il a pour objectif de développer le leadership et l’intelligence émotionnelle des participants, ces qualités pouvant être appliquées dans différentes situations professionnelles, comme le management d’une

1« MOOC » est le terme qui a été utilisé lors du projet. Il apparaît par ailleurs dans Le Petit Robert de 2016, avec pour équivalent l’expression « cours en ligne ouvert à tous » ou « cours en ligne ouvert et massif » [« mooc », 2016, Le Petit Robert de la langue française].

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13 équipe ou une relation d’aide dans le secteur médical ou de la formation. Un autre domaine d’application mentionné est celui de la vie sociale et familiale. Le cours vise donc un public d’étudiants en management, de coaches, de managers, chefs d’entreprises et responsables des ressources humaines, d’enseignants, de soignants, et peut aussi intéresser toute personne qui souhaite intervenir dans sa communauté ou au sein de sa famille dans un cadre non professionnel.

Six sessions ont été proposées du 28 octobre 2013 au 8 décembre 2015.

L’ensemble du cours dure huit semaines et comporte neuf sections subdivisées en modules. Il comprend différents documents (articles, quizzes, journal de bord) et un forum, organisés autour d’une suite de 24 vidéos didactiques qui contiennent des explications théoriques et des consignes d’exercices pratiques. Le discours est délivré par le responsable du cours, Richard Boyatzis, professeur à l’Université Case Western Reserve.

Ce cours a été donné sur la plate-forme de MOOCs Coursera [Coursera, consulté le 2 février 2016, page d’accueil], lancée en 2012 par deux professeurs d’informatique de l’Université de Stanford, Daphne Koller et Andrew Ng [« Coursera », consulté le 27 janvier 2016, Wikipédia ; Kolowich, 2012]. Les vidéos de ce cours sont sous-titrées en plusieurs langues2, ce qui facilite l’accès au contenu pour les non-anglophones, en accord avec l’objectif de Coursera de « proposer des cours en ligne accessibles à tous » [Coursera, consulté le 28 janvier 2016, présentation de l’entreprise]. Étant donné que la traduction ne concerne que le contenu audio de la vidéo, et que le cours comprend d’autres documents (articles, forums) non traduits, on peut se poser la question du public visé et de sa plus ou moins grande familiarité avec la langue anglaise. Cela peut en effet avoir une incidence sur la traduction, par exemple sur le nombre de caractères par sous-titre souhaitable, qui est lié à la rapidité de lecture des utilisateurs, laquelle dépend notamment de leur compétence en anglais oral. En raison de la présence d’anglais non traduit, ce cours paraît plus adapté pour des participants qui pourraient communiquer dans cette langue, pour lesquels les sous-titres ne seraient qu’une aide, et qui les liraient donc rapidement,

2 Des sous-titres sont proposés en 23 langues par Coursera pour le module 1-1 du cours (le 21 novembre 2015).

(15)

14 voire partiellement. Les sous-titres ont alors une « fonction [de] formation » et pour

« but [de] faciliter la compréhension des cours en [anglais] » [Pio, 2013, p. 15]. Toutefois, comme cela est souligné dans l’article « HarvardX and MITx: The First Year of Open Online Courses, Fall 2012-Summer 2013 » [Ho et al., 2014, p. 2], des personnes peuvent tirer bénéfice d’un MOOC même si elles n’utilisent pas toutes les possibilités offertes. Le sous- titrage en français de ce cours a été effectué dans le cadre du projet Coursera, qui sera présenté dans la section suivante.

Le projet Coursera

Ce projet, dans le contexte de la FTI, a été dirigé par Mathilde Fontanet et Estéfania Pio, et mené au cours de l’année universitaire 2013-14, avec pour objectif la traduction de deux MOOCs. Celui qui fait l’objet de ce travail a été traduit au semestre d’automne 2013 par dix étudiants du Master de traduction.

Pour ce premier cours, nous avons pu visionner les vidéos. Nous avons également travaillé à partir de la transcription de leur contenu audio ou, plus exactement, à partir d’un template, ou fichier contenant les sous-titres originaux qu’il est prévu de traduire dans toutes les langues [Díaz Cintas, 2005, p. 17 ; Georgakopoulou, 2009, pp. 30-31]. C’est- à-dire que le repérage3, ou spotting, a déjà été fait en amont : la transcription de la vidéo est répartie en sous-titres identifiés par un code temporel4, ou timecode [Pio, 2015, p. 8], contenant les numéros des sous-titres, ainsi que les indications temporelles et les numéros des cadres qui correspondent au début et à la fin de chaque sous-titre.

La traduction du contenu audio s’est faite soit directement sur la plate-forme de traduction de contenu numérique Transifex [Transifex, consulté le 28 janvier 2016, page d’accueil], soit en exportant un fichier SRT depuis cette plate-forme et en l’y important après traduction.

3 Jean-Marc Lavaur et Adriana Şerban définissent le repérage comme « la première phase du sous- titrage [,] qui permet de localiser l’emplacement des futurs sous-titres dans le programme audiovisuel […] » [Lavaur et Şerban, 2008, p. 145].

4 Le code temporel « identifie avec précision l’heure, la minute et la seconde et le cadre où l’on se situe dans [l’enregistrement. Il] est essentiel pour effectuer le repérage préalable au sous-titrage afin de déterminer les futurs emplacements des sous-titres et leur durée d’affichage. » [Lavaur et Şerban, 2008, p. 143].

(16)

15 La plate-forme Transifex propose en effet un outil de traduction en ligne. Le document est affiché dans l’éditeur Web sous forme de paires de segments, comme illustré à la Figure 1 : au regard de la transcription du contenu original se trouve la traduction proposée. Chaque sous-titre fait l’objet d’un segment. À l’intérieur de ce dernier, les traducteurs sont libres d’aller à la ligne lorsqu’ils le souhaitent. Des propositions sont faites pour les segments déjà traduits, et il est possible de chercher des concordances. Les traducteurs peuvent remplir et consulter un glossaire terminologique et disposent d’une messagerie électronique. Des vérifications automatiques sont également faites concernant certaines caractéristiques vérifiées de manière automatique, et des avertissements sont donnés en cas de divergence entre un segment source et le segment cible correspondant. Les paramètres de ses vérifications semblent modifiables, mais au niveau de la gestion du projet uniquement.

Figure 1 : Éditeur Web de Transifex

[Transifex, consulté le 28 janvier 2016, « Traduire »]

Il est également possible de modifier les sous-titres sources téléchargés en format TXT. Pour être lus et modifiés, les fichiers SRT sont ouverts à l’aide de l’outil Bloc-notes et enregistrés sous le format TXT. Le logiciel WordPad permet d’obtenir automatiquement

(17)

16 les retours à la ligne, comme illustré à la Figure 2.a montrant un extrait de la vidéo 135. Les traducteurs remplacent alors le texte de départ par leur traduction, sans modifier le code temporel, comme le montre la Figure 2.b. Cette solution présente l’avantage d’être plus robuste et plus simple. En effet, en 2013, le travail à partir de Transifex exigeait une connexion Internet de bonne qualité, car des segments traduits pouvaient être perdus si des problèmes de connexion intervenaient lors de la rédaction ou de l’enregistrement de ses segments. De plus, le paramétrage par défaut de cet outil de traduction donnait beaucoup d’avertissements, par exemple lorsque nous devions modifier le découpage en sous-titres de la transcription. Enfin, tous les segments enregistrés étaient répertoriés dans la mémoire de traduction, et y restaient même s’ils étaient corrigés par la suite. En outre, pour ce qui est du deuxième semestre, nous avons utilisé un modèle formaté de façon à ce que les lignes ne dépassent pas le nombre maximum de caractères autorisé.

Figure 2.a : Extrait de la transcription de la vidéo 13 avec code temporel, ouverte avec WordPad [Boyatzis, 2013]

5 Nous avons renuméroté les cours de 1 à 25 pour des raisons de simplicité.

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17 Figure 2.b : Extrait de la traduction de la vidéo 13 avec code temporel,

ouverte avec WordPad [Projet Coursera, 2013]

La traduction de ce cours a fait l’objet d’une harmonisation terminologique : les participants ont communiqué par l’intermédiaire d’un glossaire qu’ils pouvaient compléter sur Transifex et d’un forum6. Il y a également eu inter-révision entre les deux étudiants d’un binôme, puis une révision finale par les responsables du projet.

Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons présenté la situation qui a donné lieu à ce mémoire en définissant un MOOC et en donnant quelques détails sur celui qui constitue la matière de ce mémoire, ainsi que sur la manière dont il a été traduit. Le sous-titrage est en effet une forme de traduction qui présente certaines particularités sur lesquelles nous allons nous pencher dans le deuxième chapitre qui sera consacré aux recommandations relatives à la traduction audiovisuelle.

6 Au deuxième semestre, les principaux termes récurrents ont été répartis entre les participants pour que chacun fasse des recherches et en propose une ou des traductions. Nous nous sommes ensuite concertés lors d’une réunion pour décider de la traduction de ces termes.

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18

2 Règles et recommandations pour le sous-titrage

Introduction

Différentes entités ont fixé des règles et recommandations relatives au sous-titrage [Carroll et Ivarsson, 1998 ; CSA, 2011 ; ITC, 1999 ; Ofcom, non daté, Guidelines ; Projet Coursera, 2014 ; RTS, 2015]. En effet, dans le domaine de la traduction ou de la rédaction, suivre des règles ou normes permet une certaine unification, de la terminologie et des conventions de présentation notamment, ce qui permet de faciliter la compréhension du public, le travail des acteurs des projets, et la cohérence entre des textes sur lesquels ont pu travailler plusieurs traducteurs ou rédacteurs. Les règles et recommandations contribuent ainsi à la qualité des sous-titres. Cependant, ces règles et recommandations varient selon le contexte de traduction ou de rédaction, et selon le contexte d’utilisation des sous-titres. Nous chercherons dans cette partie à sélectionner parmi les différentes règles existantes celles qui pourraient le mieux s’appliquer à notre situation de traduction et au contexte d’utilisation des sous-titres du MOOC « Inspiring Leadership through Emotional Intelligence ». Cela nous amènera à nous poser les questions suivantes.

Comment déterminer quelles règles suivre ? Selon quel point de vue ? Quels éléments de la situation de traduction et d’utilisation des sous-titres prendre en compte ? Nous commencerons par présenter les principales sources de règles relatives au sous-titrage que nous utiliserons (section 2.2), pour nous poser ensuite ces questions à leur propos (section 2.3). Nous déterminerons ensuite d’une part les règles qui ne s’appliquent pas au format du MOOC ou à notre situation de traduction, que nous écarterons (section 2.4), et d’autre part celles qui pourraient s’y appliquer (section 2.5).

Sources de recommandations

Parmi les documents normatifs sur le sous-titrage prévus pour différentes situations qui se rapprochent de la nôtre, nous nous sommes principalement appuyée sur des listes de recommandations à l’intention des traducteurs ou sous-titreurs : un code de bonnes pratiques (« Code of Good Subtitling Practice ») proposé par Mary Carroll et Jan

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19 Ivarsson et approuvé par l’ESIST7 en 1998 pour l’Europe [Carroll et Ivarsson, 1998] ; une

« Charte relative à la qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou malentendantes » [CSA8, 2011] pour la France ; les « Guidance on Standards for Subtitling » [ITC, 1999] et « Guidelines on the provision of television access services » [Ofcom, non daté, Guidelines] proposés respectivement par l’ITC9 puis l’Ofcom10 pour le Royaume-Uni ; le « Style book pour le time code » de la RTS pour la Suisse francophone [RTS, 2015], ainsi que l’« Aide-mémoire à l’usage des traducteurs : traduction des sous- titres » [Projet Coursera, 2014], proposé par Estéfania Pio dans le cadre du projet Coursera.

Nous nous sommes également appuyée sur deux articles qui examinent de manière plus approfondie la manière de composer les sous-titres les plus efficaces en se demandant comment les publics perçoivent les sous-titres. Fotios Karamitroglou suggère par exemple dans son article « A Proposed Set of Subtitling Standards in Europe » d’unifier les différentes conventions et pratiques existantes en élaborant des règles communes pour la traduction audiovisuelle s’appuyant sur la recherche scientifique (plus exactement sur des études sociologiques concernant les spectateurs et leur comportement, et sur des études physiologiques concernant les mouvements oculaires et les fonctions du cerveau), et propose différentes recommandations [Karamitroglou, 1998]. Panayota Georgakopoulou met quant à elle en relation les recommandations sur le sous-titrage avec les conditions de production des sous-titres dans « Subtitling for the DVD Industry » [Georgakopoulou, 2009].

Enfin, nous nous sommes servie des enquêtes menées par l’Ofcom auprès des utilisateurs dans le but de déterminer les facteurs de qualité des sous-titres : « Subtitling – An Issue of Speed? » [Ofcom, 2005] et « Provision of Access Services: Research Study conducted for Ofcom » [Ofcom, 2006]11.

7 European Association for Studies in Screen Translation.

8 Conseil supérieur de l’audiovisuel [CSA, 2011, p. 3].

9 Independent Television Commission [ITC, non daté] ; document conseillé par Liliane Martignetti.

10 Office of Communications [ITC, non daté], organisme indépendant responsable de la réglementation et de la concurrence pour les industries de la télécommunication [Ofcom, non daté, Site Web] ; document conseillé par Liliane Martignetti.

11 Documents conseillés par Liliane Martignetti.

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20 Ces documents nous ont fourni des idées de règles utiles pour les MOOCs, mais aucune des situations pour lesquelles ils ont été conçus ne correspond entièrement à ce type de sous-titrage, effectué dans les conditions de sous-titrage de vidéos de Coursera.

Nous nous pencherons donc sur les facteurs à prendre en compte pour sélectionner parmi les règles proposées celles qui se prêteront le mieux à notre situation de traduction.

Considérations à prendre en compte

Plusieurs aspects sont à considérer. Tout d’abord se pose la question du point de vue duquel est déterminée la qualité des sous-titres (qui pourrait être celui des traducteurs et réviseurs, des diffuseurs, des membres d’un public hétérogène, etc.) [Gummerus et Paro, 2001, p. 138]. Il conviendra également de se demander si nous nous appuierons davantage sur les normes relatives au sous-titrage concernant les conditions de traduction ou sur celles qui concernent les sous-titres résultant de ce travail. Nous suivrons en cela Eivor Gummerus et Catrine Paro, qui déterminent la qualité de la traduction de sous-titres en termes d’« expérience globale du spectateur » et de « […]

contribution du traducteur [à cette expérience] » [Gummerus et Paro, 2001, p. 138].

Les règles relatives à la qualité des sous-titres du point de vue de l’utilisateur se fondent principalement sur plusieurs types de considérations : les conventions et habitudes [Karamitroglou, 1998, non paginé], les données cognitives sur la réception des sous-titres, et les préférences des spectateurs. Ces trois catégories de considérations sont inextricablement liées. Les conventions et habitudes diffèrent à différents niveaux [Díaz Cintas, 2005, pp. 19-20 ; Karamitroglou, 1998, non paginé], par exemple selon les pays considérés et les diffuseurs. Elles peuvent donc paraître arbitraires, et il peut être utile de vérifier leur utilité. Elles doivent aussi être revues pour tenir compte des évolutions sociales et techniques. Des enquêtes et recherches sont donc menées afin de concevoir des règles ou recommandations qui améliorent encore l’accessibilité des sous-titres [Ofcom, 2005 et 2006]. Les enquêtes cherchent à déterminer les préférences des utilisateurs, qui peuvent être liées directement à l’effet de certaines caractéristiques des sous-titres sur l’analyse cognitive menée par ces utilisateurs ou, plus indirectement, à l’habitude que ces utilisateurs ont de certaines conventions, car les habitudes des récepteurs ont des répercussions sur leurs préférences et même sur leur facilité à suivre

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21 des sous-titres, d’où l’importance de ne pas négliger les conventions [Karamitroglou, 1998, non paginé]12. Quelques-unes des recommandations font plus spécifiquement référence à des recherches sur le traitement cognitif des sous-titres par les utilisateurs et à des concepts scientifiques [ITC, 1999, pp. 3, 8 et 11 ; Karamitroglou, non paginé, 1998].

Nous nous concentrerons dans ce travail sur les règles contribuant à des sous-titres de qualité pour les utilisateurs et prendrons pour cela en compte leurs préférences, qu’elles soient liées à leurs habitudes ou à d’autres facteurs psychologiques.

Il faudra ensuite se demander pour quel type de sous-titrage les règles ont été conçues. Les documents qui nous ont fourni des idées de règles à tester concernent en effet différentes catégories de sous-titrage, qui sont précisées de manière plus ou moins spécifique. Certains portent sur le sous-titrage interlinguistique [Carroll et Ivarsson, 1998 ; Georgakopoulou, 2009 ; Karamitroglou, 1998 ; Projet Coursera, 2014] ; alors que d’autres concernent clairement le sous-titrage intralinguistique [CSA, 2011 ; ITC, 1999 ; Ofcom, 2005, 2006 et non daté, Guidelines ; RTS, 2015].

Des différences existent également pour les publics visés : le sous-titrage intralinguistique vise principalement des personnes sourdes et malentendantes [CSA, 2011, p. 1 ; ITC, 1999, p. 4 ; Ofcom, 2005, p. 3 ; Ofcom, 2006, p. 2 et Ofcom, non daté, Guidelines, p. 26 ; RTS, 2015], et les documents qui s’y rapportent posent donc des recommandations spécifiques en termes de vitesse de lecture et de rendu des répétitions ou des effets sonores, alors que le sous-titrage interlinguistique ne tient pas forcément compte de leurs difficultés13.

Le genre du document sous-titré, qu’il soit fictionnel ou documentaire, qu’il contienne ou non des dialogues, détermine également les règles nécessaires dans un cas particulier. Le sous-titrage d’un monologue documentaire ne nécessite pas par exemple les conventions de présentation permettant de repérer le locuteur ou de signaler son ton dans un dialogue animé. Les différents formats (télévision, cinéma, DVD, vidéo en ligne)

12 Dans la préface de son article visant à unifier les pratiques, F. Karamitroglou insiste d’ailleurs sur l’importance des habitudes des utilisateurs et la nécessité d’en tenir compte en appliquant les règles unifiées proposées de manière progressive [Karamitroglou, 1998, non paginé].

13 P. Georgakopoulou souligne la différence entre le contenu de sous-titres anglais pour sourds et malentendants et le contenu des sous-titres en d’autres langues destinés à un public non natif, pour une même scène [Georgakopoulou, 2009, p. 28-29].

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22 ont également une incidence sur la place disponible sur l’écran [Georgakopoulou, 2009, p. 29 ; Pio, 2013, p. 7].

Certains formats offrent en outre la possibilité de faire une pause ou de revenir en arrière. Tous ces facteurs ont une incidence, par exemple sur le nombre optimal de caractères par ligne. Cela contribue à des règles variées – et quelquefois contradictoires.

Il faudra donc effectuer un tri parmi ces règles. Dans la suite de cette partie, nous commencerons par procéder par élimination en écartant les règles qui ne s’appliquent pas à notre situation, puis nous présenterons plus en détail les règles retenues.

Règles écartées

Parmi toutes les règles existantes, il convient de sélectionner celles qui sont le plus adaptées à notre contexte de traduction : tout d’abord celles qui portent sur le traducteur, et celles qui peuvent concerner les MOOCs ensuite. Les critères de qualité qui se dégagent des documents consultés concernent des thèmes aussi variés que le recrutement, la formation et les conditions de travail des sous-titreurs14 [Carroll et Ivarsson, 1998, pp. 1- 2 ; CSA, 2011, p. 3 ; Gummerus et Paro, 2001, p. 133 ; Heulwen, 2001, p. 151-152 ; Mueller, 2001, pp. 144-147], la cohérence entre les sous-titres et l’image ou le son [Carroll et Ivarsson, 1998, p. 1-2 ; CSA, 2011, p. 2-3 ; ITC, 1999, p. 4 et 10-11 ; Georgakopoulou, 2009, p. 22 ; Karamitroglou, 1998, non paginé ; Ofcom, 2005, p. 16 ; Ofcom, 2006, p. 27 ; Ofcom, non daté, Guidelines, p. 19 ; Projet Coursera, 2013, p. 1-2 ; RTS, 2015, non paginé], y compris les paramètres temporels (la durée des sous-titres et leur synchronisation avec l’image et le son), et la présentation des sous-titres, que ce soit leur présentation générale, laquelle doit contribuer à leur lisibilité ou les conventions utilisées pour marquer un effet particulier (hors-champ, ton utilisé, repérage du locuteur) [Carroll et Ivarsson, 1998, p. 2 ; CSA, 2011, pp. 1-3 ; Georgakopoulou, 2009, p. 23 ; ITC, 1999, pp. 6-10 et 12-18 ; Karamitroglou , 1998, non paginé ; Ofcom 2005, p. 5 ; Ofcom, non daté, Guidelines, pp. 28- 29 ; Projet Coursera, 2014, p. 1 et RTS, 2015, non paginé]. Certains documents contiennent également des recommandations de rédaction : des règles générales ou des

14 Ces conditions de travail recouvrent aussi bien la paie des sous-titreurs, les délais auxquels ils sont soumis et leur statut professionnel, que la coopération possible avec leurs collègues, les outils et documents à leur disposition, la révision et l’édition dont font l’objet leurs textes.

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23 adaptations à apporter au cours de la transcription des paroles ou à prendre en compte lors de leur traduction [Carroll et Ivarsson, 1998 ; ITC, 1999 ; Karamitroglou, 1998 ; Projet Coursera, 2013], le registre de langue à utiliser [CSA, 2011 ; Karamitroglou, 1998] et la manière de traiter les éléments culturels [CSA, 2011 ; Karamitroglou, 1998]. Or certains de ces critères de qualité des sous-titres ne relèvent pas directement de choix des sous- titreurs. Tel est le cas des conditions de travail et, dans notre cas, de la présentation générale (police, taille, couleur…) ainsi que de certains paramètres temporels, étant donné que nous avons travaillé à partir d’un template. Il ne paraît pas non plus utile dans ce même cas de prévoir une mise en forme spécifique selon le statut des éléments sonores car, dans le contexte didactique des vidéos de Coursera, il s’agit pour la majeure partie de paroles, prononcées d’un ton neutre par un seul professeur présent à l’écran. Nous ne nous pencherons pas non plus sur les recommandations relatives à l’adaptation des éléments culturels spécifiques à la culture source et au rendu des dialectes ou registres.

En effet, le registre d’un cours en ligne est plutôt neutre et, si des éléments culturels ont été traduits, ils l’ont été de manière ad hoc, car ils ne sont pas suffisamment nombreux pour donner lieu à des recommandations systématiques. Nous ne nous intéresserons pas non plus en détail aux règles non spécifiques au sous-titrage (respect de la grammaire et de l’orthographe de la langue cible, cohérence terminologique et orthographique), même si elles sont rappelées dans les documents suivants : Carroll et Ivarsson, 1998, p. 1 ; CSA, 2011, p. 1 ; Ofcom 2005, p. 16 ; Ofcom, 2006, p. 27 ; Projet Coursera, 2014, p. 2 et RTS, 2015, non paginé. Elles sont en effet prises en compte pour tout type de traduction ou de rédaction.

Dans cette partie, nous avons expliqué pourquoi nous nous ne nous intéresserons pas aux règles qui ne relevaient pas directement du traducteur, mais plutôt de ses conditions de travail, des choix des diffuseurs, du repérage effectué pour aboutir au template sur lequel il travaille, ainsi que de règles générales de traduction et de rédaction.

Dans la partie suivante, nous présenterons une synthèse des principales règles de sous- titrage proposées par les documents consultés et qui pourraient s’appliquer à la traduction d’un MOOC.

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Règles applicables à notre situation de traduction

L’objectif de cette partie sera de rassembler les règles diverses et de mettre en avant leurs similarités et leurs divergences. Cette partie permettra également d’affiner notre sélection de règles en fonction des particularités des MOOCs. Nous nous intéresserons successivement aux règles relatives aux aspects suivants : segmentation (section 2.5.1), cohérence entre l’image, le son et les sous-titres (section 2.5.2), ponctuation et casse (section 2.5.3), réduction et simplification (section 2.5.4).

2.5.1 Segmentation Nombre de lignes

Dans la plupart des recommandations, le nombre de ligne est limité à deux [Carroll et Ivarsson, 1998, p. 2 ; Projet Coursera, 2014, p. 1]. Cette restriction, qui peut être assouplie, a pour objectif de ne pas cacher l’image [CSA, 2011, p. 1 ; ITC, 1999, p. 7 ; Karamitroglou, 1998, non paginé ; Ofcom, non daté, Guidelines, pp. 28-29], notamment le mouvement des lèvres des présentateurs dans le cas du sous-titrage pour sourds et malentendants [Ofcom, non daté, Guidelines, p. 28]. Cet argument est toutefois à nuancer dans le cas de MOOCs, car l’image y contient moins d’informations ou d’éléments esthétiques que dans le cas d’un film, par exemple. Les spectateurs non natifs s’appuient aussi moins sur le mouvement des lèvres que les sourds et malentendants. Il est conseillé de répartir un sous-titre sur deux lignes [CSA, 2011, p. 1 ; Karamitroglou, 1998, non paginé ; Projet Coursera, 2014, p. 1] pour en accélérer la lecture, car le sous-titre donne alors l’impression d’être plus long et sa lecture en est accélérée [Karamitroglou, 1998, non paginé].

Des sous-titres de trois lignes sont même envisagés dans certaines sources. Le CSA accepte par exemple trois lignes dans des conditions de direct, très certainement pour des raisons pratiques [CSA, 2011, p. 1]. Des sous-titres de trois lignes, plus longs, mais qui resteraient plus longtemps à l’écran, et ne cacheraient pas des éléments importants de l’image, sont même préconisés dans les « Guidelines on the provision of television access services » de l’Ofcom [Ofcom, non daté, Guidelines, p. 29] et la partie intitulée « Codes and Guidance Notes: Subtitles for the intended audience including children » du document

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25 publié par l’ITC [ITC, 1999, p. 19]. Ils permettraient en effet que chaque sous-titre reste affiché plus longtemps, et que les spectateurs améliorent leurs capacités de lecture globale (scanning) [ITC, 1999, p. 19]. L’Ofcom fixe également le nombre de lignes maximal à trois dans le cadre des résultats de l'étude visant à déterminer s'il est intéressant d'augmenter la vitesse des sous-titres, « Subtitling - An Issue of Speed? ». Il conclut après enquête que de nombreux participants à l'étude ne pourraient pas gérer des sous-titres plus longs [Ofcom, 2005, pp. 10 et 13]. Cependant, dans cette dernière enquête, l’enjeu du nombre de lignes est celui de la vitesse des sous-titres [Op. cit., pp. 12-13] et non celui du format de présentation d’un sous-titre contenant le même nombre de caractères.

Rythme d’affichage

Il existe plusieurs règles concernant le rythme d’affichage des sous-titres, qui peut être exprimé de différentes manières, notamment en termes de nombre de caractères par ligne [ITC, 1999, p. 7 ; Karamitroglou, 1998, non paginé], de mots par minute [ITC, 1999, p. 11 ; Ofcom, 2005, p. 5 ; Ofcom, non daté, Guidelines, p. 29], ou de caractères par seconde [CSA, 2011, p. 1]. Le rythme d’affichage dépend de la vitesse de lecture des spectateurs, sur laquelle il ne paraît pas y avoir de consensus. La vitesse de lecture dépend en effet elle-même du spectateur, du format de diffusion (et peut-être de la langue). Le rythme optimal est fixé entre 140 et 180 mots par minutes par l’ITC et Ofcom [ITC, 1999, non paginé ; Ofcom, 2005, p. 5 ; Ofcom, non daté, Guidelines, p. 29]. Il est de 12 caractères pour une seconde, 20 caractères pour 2 secondes, 36 caractères pour 3 secondes, et 60 caractères pour 4 secondes selon le CSA [CSA, 2011, p. 1]. Une « règle des six secondes » a également été fixée [d’Ydewalle et al., 1991, p. 654]. Elle conseille d’afficher des sous-titres comportant un maximum de 32 caractères (espaces compris) pendant 6 secondes, mais cette règle est remise en question car « on s'accorde [maintenant] à dire qu’elle sous-estime le spectateur » [Projet Coursera, 2014, p. 1].

Karamitroglou préconise un maximum de 35 caractères par ligne, ce qui permet de présenter un segment suffisamment long du texte et de minimiser ainsi les réductions et omissions, tout en permettant aux sous-titres d'être lisibles, car ce nombre de caractères n’implique pas une réduction de la taille des lettres, qui serait nécessaire si la ligne comportait 40 caractères [Karamitroglou, 1998, non paginé]. L’ITC propose un chiffre optimal de 32 à 34 caractères par ligne.

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26 Un maximum de 41 caractères (espaces compris) a été retenu pour le projet. Ce nombre est assez élevé en raison du contexte particulier de ces vidéos. Leur contenu est en effet assez dense et, étant donné qu’il est de type informatif, il faut éviter autant que possible les pertes d’information. En outre, le format de la vidéo en ligne permet aux spectateurs d’appuyer sur pause et de revenir en arrière. On peut supposer que ces derniers sont le plus souvent seuls et ne font pas d’autres activités tout en visionnant les vidéos, et les paroles, plutôt que l’image, constituent le cœur de la vidéo. Le public visé est habitué à lire, et certains spectateurs connaissant bien l’anglais peuvent s'appuyer sur l'oral.

Contenu d’un sous-titre

Un sous-titre correspond idéalement à une phrase [Georgakopoulou, 2009, p. 22 ; ITC, 1999, p. 7 ; Ofcom, non daté, Guidelines, p. 28 ; RTS, 2015, non paginé] et à une idée [RTS, 2015, non paginé]. Karamitroglou pose un maximum de deux phrases [Karamitroglou, 1998, non paginé], ce que l’ITC accepte également à titre d’exception [ITC, 1999, p. 8], alors que le « Style Book » de la RTS interdit de mettre deux phrases dans le même sous-titre [RTS, 2015, non paginé]. On ne peut appliquer cette règle que dans une certaine mesure lorsque le spotting est effectué en amont, comme cela a été le cas pour le sous-titrage du MOOC étudié dans ce travail, ce qui ne laisse pas une grande marge de manœuvre pour le découpage des segments.

Découpage syntaxique

Lorsqu’il n’est pas possible de faire coïncider sous-titre, phrase et idée, il faut tenir compte du découpage sémantique, et surtout syntaxique [Carroll et Ivarsson, 1998, p. 1 ; CSA, 2011, p. 2 ; Georgakopoulou, 2009, p. 22 ; ITC, 1999, p. 8 ; Karamitroglou, 1998, non paginé ; Ofcom, non daté, Guidelines, p. 28 ; Projet Coursera, 2014, p. 1 ; RTS, 2015, non paginé]. Si un sous-titre contient deux phrases, celles-ci doivent être disposées chacune sur une ligne [Karamitroglou, 1998, non paginé]. Dans le cas d’une phrase qui court sur plusieurs sous-titres, les unités syntaxiques et sémantiques doivent autant que possible rester regroupées sur la même ligne. En effet, lorsque le contenu sémantique et syntaxique est groupé, le cerveau reçoit une information plus complète, et une compréhension globale est possible alors que, quand on segmente un groupe de sens, le

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27 cerveau « arrête son analyse linguistique » jusqu'à ce que les yeux perçoivent la suite [Karamitroglou, 1998, non paginé, notre traduction]. Ainsi, « l’adjectif doit rester avec le nom, l’adverbe avec le verbe ». Les scissions doivent intervenir « avant la proposition subordonnée (relative, complétive, de temps...), avant la préposition, avant les conjonctions de subordination » [RTS, 2015, non paginé]. Il faut également éviter de

« couper le titre, le nom et le prénom d'une personne » [Projet Coursera, 2014, p. 1]. Les

« Guidelines on the provision of television access services » de l’Ofcom suivent cependant une logique différente concernant les conjonctions : elles conseillent en effet de « montrer clairement qu’il y a une suite en terminant » dans la mesure du possible sur deux-points ou un point-virgule, mais aussi, le cas échéant, sur une conjonction [Ofcom, non daté, Guidelines, pp. 28-29, notre traduction].

Pour la même raison, il est proposé dans ce même document [Ofcom, non daté, Guidelines, p. 28], ainsi que dans celui de l’ITC [ITC, 1999, p. 8] de finir un sous-titre et de commencer le suivant par des points de suspension lorsqu’une même phrase continue.

L’ITC se fonde sur l’avis d’utilisateurs qui ont trouvé cela utile [Op. cit., p. 8].

Karamitroglou lui aussi défend une solution similaire. Il recommande soit de terminer un sous-titre par un point, soit d’ajouter des points de suspension en fin de sous-titre et au début du sous-titre suivant pour signaler que la phrase est incomplète afin que les spectateurs se préparent au sous-titre à venir, car l'absence de marque allonge le temps de traitement du sous-titre suivant [Karamitroglou, 1998, non paginé]. Ces documents sont cependant les seuls parmi ceux consultés à proposer cette solution, et aucun document sur le sous-titrage en langue française ne la mentionne, peut-être parce que les phrases sont généralement plus longues en français. De même, étant donné qu'il n'est pas rare dans notre cas qu'une phrase continue sur plusieurs sous-titres (deux voire plus), on peut supposer que le spectateur s’attend assez vite à trouver des phrases de plus d’un sous-titre, et qu’une indication spécifique risquerait donc de surcharger inutilement le texte.

Équilibre entre les deux lignes du sous-titre

Lorsque le critère syntaxique, prioritaire, le permet, il est préférable selon les sources consultées de diviser un sous-titre en deux lignes de longueur équivalente (car on

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28 a l’habitude de lire sur format rectangulaire) [Karamitroglou, 1998, non paginé] ou, lorsque cela n’est pas possible, de faire en sorte que la deuxième ligne soit plus longue que la première pour cacher le moins possible l'image [Carroll et Ivarsson, 1998, p. 2 ; RTS, 2015, non paginé].

2.5.2 Cohérence entre l’image, le son et les sous-titres

Il est conseillé dans quasiment tous les documents consultés de veiller à la synchronisation entre les paroles prononcées et la présence de sous-titres ou leur ordre [Carroll et Ivarsson, 1998, p. 1 ; Ofcom, non daté, Guidelines, p. 29 ; Projet Coursera, 2014, p. 1-2]. La présentation des sous-titres doit également tenir compte des effets de surprise et de suspense [Carroll et Ivarsson, 1998, p. 1]. La correspondance, notamment temporelle, entre les sous-titres et le contenu de l’écran est même le premier critère de qualité cité dans l’enquête menée en 2005 par l’Ofcom parmi ceux qui dépendent directement du sous-titreur15 [Ofcom, 2005, p. 16]. Cet aspect est important, car les spectateurs peuvent ressentir de la défiance envers la qualité des sous-titres s’ils ont l'impression que ceux-ci ne reflètent pas exactement ce qui est dit, par exemple si le sous- titre reste trop longtemps à l'écran alors que personne ne parle [Karamitroglou, 1998, non paginé]. L’ITC parle de « fausse alarme » [ITC, 1999, p. 11].

Des recherches menées en s’appuyant sur le mouvement des yeux montre qu’on a alors tendance à relire le sous-titre. Un autre type de « fausse alarme » a lieu lorsque, repérant par le biais d’indices visuels ou sonores qu’un des intervenants parle, on dirige son regard vers le bas de l’écran et qu’on n’y trouve pas de sous-titre [Op. cit., p. 11]. La RTS propose, pour y remédier en partie, d’afficher des points de suspension comme amorce ou pour les « séquences sans commentaire ni parole » [RTS, 2015, non paginé].

L’ITC note cependant que le critère de synchronisation est un peu moins important pour les monologues. Des recherches ont en effet montré que des retards durant jusqu’à six secondes n’ont dans ce cas aucune incidence sur la mémorisation d’informations [ITC, 1999, p. 11]. Outre la synchronisation temporelle sur laquelle les traducteurs qui

15 Ce critère vient après deux autres qui dépendent plutôt de la programmation : le sous-titrage de davantage de programmes, et la présence effective de sous-titres lorsque cela a été annoncé [Op. cit., p. 16].

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29 travaillent à partir d’un template ont moins de prise que les sous-titreurs qui sont également responsables des codes temporels, la cohérence entre les informations disponibles dans la vidéo (paroles et autres sons, image) et le sous-titrage est primordiale.

Le contenu des sous-titres doit notamment correspondre le plus possible à l’enregistrement vidéo [Ofcom, 2005, p. 16], d’autant plus dans le sous-titrage interlinguistique à partir de l’anglais, car le spectateur connaît souvent au moins un peu la langue source [Projet Coursera, 2014 p. 2].

2.5.3 Ponctuation et casse

Deux questions se posent à propos de la ponctuation et de la casse des sous-titres.

La première, celle de l’utilisation de signes pour indiquer « un effet de la bande-son » [Projet Coursera, 2014, p. 1] s’applique rarement à notre cas, car il n’y a pas de changement de locuteur et peu de variation de volume ou d’intonation. Ainsi, les tirets et les parenthèses peuvent tout à fait être utilisés dans d’autres situations que celles pour lesquelles ils sont préconisés dans « A Proposed Set of Subtitling Standards in Europe » [Karamitroglou, 1998, non paginé] ou le « Style book pour le time code » [RTS, 2015, non paginé].

La deuxième question concerne les conventions typographiques propres au sous- titrage. On peut en effet se demander s’il est préférable de suivre les conventions de l’écrit en général ou d’en adopter d’autres qui tiendraient compte des exigences de concision (et de simplicité) propres au sous-titrage, qui se caractérise par un nombre limité de caractères autorisé du fait du temps limité de présence à l’écran et de la place limitée disponible qui rendent la lecture moins aisée. Certains signes sont à utiliser avec parcimonie, comme les parenthèses, les guillemets, les deux-points et les points-virgules pour Karamitroglou [Karamitroglou, 1998, non paginé], alors que seuls les « guillemets dans les guillemets » sont à éviter pour les sous-titreurs de la RTS [RTS, 2015, non paginé].

Nous pouvons nous demander à ce propos si les recommandations formulées pour l’anglais ou d’autres langues peuvent s’appliquer au français, étant donné que la ponctuation n’est pas utilisée de la même manière selon les langues. Par exemple, certains signes sont déconseillés dans le « Proposed Set of Subtitling in Europe » de Karamitroglou en raison de la courte durée d’apparition de chaque sous-titre, mais aussi de la faible

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30 fréquence d’utilisation de ces signes [Karamitroglou, 1998, non paginé]. Cependant la fréquence d’utilisation de ces mêmes signes peut être différente en français.

Ce guide conseille en outre de ne pas finir un sous-titre par « , », « ; » ou « : », car cela allongerait la pause intervenant dans l’analyse cognitive entre deux sous-titres (habituellement due au changement de sous-titre et au temps que le cerveau traite le nouveau sous-titre) de manière disproportionnée en comparaison avec la courte pause attendue [Karamitroglou, 1999, non paginé, notre traduction]. Karamitroglou est cependant le seul à déconseiller leur apparition en fin de sous-titre. De plus, les « : » sont peut-être plus courants en français, et certainement dans les textes explicatifs et didactiques comme le nôtre. Nous voyons aussi là encore que cette règle va à l’encontre d’une autre recommandation, donnée par l’Ofcom dans le document « Guidelines on the provision of television access service », de finir un sous-titre par deux-points ou un point- virgule [Ofcom, non daté, Guidelines, p. 29].

Enfin, certains documents normatifs préconisent de ne pas laisser d’espace avant les signes de ponctuation doubles. Tel est le cas du « Proposed Set of Subtitling Standards in Europe » [Karamitroglou, 1998, non paginé] mais aussi, s’agissant des deux-points et points-virgules, du « Style book pour le time code » de la RTS spécifique au français [RTS, 2015, non paginé]. Ces recommandations, comme celles de ne pas laisser d’espace entre l’initiale d’un prénom et le nom de famille [RTS, 2015, non paginé], ont certainement pour but de gagner de la place. Toutefois, l’ITC adopte une autre logique en conseillant de se déprendre de la ponctuation standard de l’anglais en ajoutant un espace avant les points d’exclamation et d’interrogation afin de rendre la ponctuation plus efficace [ITC, 1999, p. 6]. On peut ainsi remarquer que les recommandations sont très diverses, car les auteurs sont issus de cultures différentes et ont l’habitude de conventions différentes, mais aussi parce qu’ils prennent en compte des critères différents.

2.5.4 Réduction et simplification Objectif : simplicité et concision

Le sous-titrage doit tenir compte de la fonction de la vidéo, du but du sous-titrage, et du public [Projet Coursera, 2014, p. 1], qui peuvent varier d’une vidéo à l’autre, mais les

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31 auteurs tombent d’accord pour privilégier les phrases courtes et les structures syntaxiques simples, car elles sont plus faciles à analyser [Carroll et Ivarsson, 1998, p. 1 ; Georgakopoulou, 2009, p. 23 ; Projet Coursera, 2014, p. 1 ; RTS, 2015, non paginé]. De ce fait, et en raison de l’espace limité à l’écran et de l’opinion des utilisateurs, qui considèrent souvent les sous-titres comme généralement trop rapides [Ofcom, 2006, p. 27], des stratégies de réduction sont le plus souvent utilisées, surtout pour la traduction de l’anglais vers une autre langue européenne, qui génère en moyenne une expansion de 30 à 40 % [Georgakopoulou, 2009, p. 26].

Un équilibre reste toutefois à trouver entre une adaptation nécessaire pour faciliter la lecture, d’une part, et la recherche d’une correspondance la plus étroite possible entre les sous-titres et le discours oral, d’autre part. En effet, si les simplifications qui facilitent la lecture sont approuvées par les utilisateurs, les autres adaptations (editing) sont de manière générale mal perçues par les utilisateurs, qui ont l’impression qu’il y a perte d’information [Ofcom, 2005, p. 18], ou sont déstabilisés par des sous-titres qui diffèrent trop de ce qu’ils entendent.

Omissions

Les omissions, par exemple, ne font pas l’unanimité. Elles sont conseillées pour ce qui est des expressions qui ne portent pas de contenu sémantique. Tel est le cas de celles qui relèvent de la communication interpersonnelle, des répétitions propres à l’oral ou des expressions tautologiques [Georgakopoulou, 2009, pp. 27-29 ; Karamitroglou, 1998, non paginé ; Ofcom, 2005, p. 18 ; Projet Coursera, 2014, p, 2]. Toute redondance est à éviter aussi bien dans les sous-titres qu’entre le sous-titre et l’image ou la bande sonore [Georgakopoulou, 2009, p. 25]. Ainsi, certains documents conseillent d’omettre les expressions facilement reconnaissables pour le sous-titrage interlinguistique [Carroll et Ivarsson, 1998, p. 1 ; Georgakopoulou, 2009, p. 27 ; Karamitroglou, 1998, non paginé].

Néanmoins, les sous-titreurs sont mis en garde contre le risque de perte de cohérence du texte du fait des omissions [Caroll et Ivarsson, 1998, p. 1 ; Georgakopoulou, 2009, p. 25 ; Projet Coursera, 2014, p. 2] ; et certains font remarquer que les omissions d’éléments compréhensibles dans une autre langue sont problématiques pour les malentendants, même dans le cas du sous-titrage interlinguistique [Caroll et Ivarsson, 1998, p. 1].

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Abréviations et nombres en chiffres

L’utilisation d’abréviations peut également contribuer à raccourcir les sous-titres mais cela ne doit pas non plus nuire à leur compréhensibilité [Karamitroglou, 1998, non paginé]. Le « Style book pour le time code » de la RTS contient une liste d’abréviations autorisées [RTS, 2015, non paginé]. On peut en effet penser que les spectateurs habituels des émissions télévisées s’habituent facilement à des abréviations récurrentes.

Écrire les nombres en chiffres contribue aussi à gagner de la place, mais l’utilisation de chiffres n’est pas systématiquement recommandée. Deux documents mentionnent une telle recommandation. Dans « A Proposed Set of Subtitling Standards in Europe », Karamitroglou préconise de suivre les conventions en cours pour le format imprimé et de les utiliser pour les nombres supérieurs à 12 [Karamitroglou, 1998, non paginé], alors que la RTS recommande d’« [é]crire dans la mesure du possible les chiffres et les nombres « courts » en toutes lettres » (deux, trente) [RTS, 2015, non paginé].

Éléments à conserver

Les sous-titres doivent être aussi concis que possible, mais également le plus proche possible de l’original [ITC, 1999, p. 20 ; Karamitroglou, 1998, non paginé ; Projet Coursera, 2014, p. 2 ; RTS, 2015, non paginé], ces deux prescriptions pouvant être contradictoires entre elles. Il est recommandé de conserver dans le sous-titrage interlinguistique le plus possible d’éléments linguistiques de l’original, comme les mots ou expressions facilement reconnaissables. En effet, les spectateurs s’attendent à retrouver dans un sous-titre l’équivalent littéral d’un élément reconnu, faute de quoi ils doutent de la fiabilité des sous-titres du fait d’un mécanisme de vérification à l’œuvre lors du visionnage d’une vidéo sous-titrée [Karamitroglou, 1998, non paginé]. De même, il est recommandé de procéder dans la mesure du possible à des adaptations pour simplifier les structures grammaticales, mais tout en conservant l’ordre des mots original [ITC, 1999, p. 20].

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Préférences syntaxiques

Outre les critères de concision et de similarité avec l’original, l’objectif de simplicité est à prendre en compte. Les structures doivent être les plus simples possibles pour être facilement analysées par les spectateurs, et des adaptations linguistiques peuvent être faites dans ce sens.

Karamitroglou recommande par exemple de mettre les phrases passives à la voix active, en précisant que cela les raccourcit généralement. Il propose également de transformer les formulations négatives (telles que « pas avant ») en expressions affirmatives (« après ») ; les subordonnées de temps (« quand le match sera fini ») en compléments de temps prépositionnels (« après le match ») ; les phrases clivées (« Ce que je voudrais, c’est… ») en phrases suivant l’ordre canonique (« Je voudrais… ») ; les questions indirectes (« Je voudrais savoir si tu vas venir ») en questions directes (« Vas- tu venir ? »), et les demandes indirectes (« Je voudrais que tu me rendes mon livre ») en instructions directes à l’impératif (« Rends-moi mon livre »). Enfin, il suggère de mettre les verbes en facteur commun (« Julie voudrait aller en Allemagne et Antoine voudrait aller en France » deviendrait « Julie voudrait aller en Allemagne, et Antoine en France ») [Karamitroglou, 1998, non paginé, mes traductions]. Dans le même esprit, l’ITC recommande de transformer en plusieurs phrases les phrases qui comportent une subordonnée relative ou des propositions coordonnées [ITC, 1999, p. 7-8], ainsi que les autres phrases complexes.

Les modifications syntaxiques proposées donnent le plus souvent lieu à des phrases plus courtes, comme le souligne Karamitroglou [Karamitroglou, 1998, non paginé]. Néanmoins, ces deux critères de concision et de simplicité peuvent quelquefois se révéler contradictoires. On peut en effet penser que la syntaxe de « Julie voudrait aller en Allemagne, et Antoine voudrait aller en France » est plus simple que celle de « Julie voudrait aller en Allemagne et Antoine en France ». De plus, une structure syntaxique plus simple ou une phrase plus courte peuvent être plus difficiles à analyser si elles sont moins idiomatiques [Karamitroglou, 1998, non paginé], tandis que l’utilisation de structures et expressions courantes contribue à la compréhensibilité et donc à la qualité des sous-titres [Georgakopoulou, 2009, p. 23 ; ITC, 1999, p. 4].

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Conclusion

Nous nous sommes intéressée dans ce chapitre aux règles de sous-titrage. Ces règles se concentrent sur la présentation et la segmentation du sous-titrage, et sur la cohérence entre ce sous-titrage et le contenu de la vidéo. Elles comprennent également quelques règles de rédaction sur la ponctuation et certaines adaptations visant à raccourcir les sous-titres et à simplifier leur syntaxe. Les langages contrôlés ont eux aussi un objectif de simplification, et nous chercherons donc dans le prochain chapitre à les exploiter pour compléter les règles de sous-titrage que nous avons répertoriées.

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3 Un apport des langages contrôlés et des langages simplifiés ?

Introduction

Les langages contrôlés sont des langages simplifiés pour rendre leur traitement plus facile [Huijsen, 1998, p. 1]. Ils ont d’abord été utilisés dans l’industrie afin de faciliter la gestion des documents. Certains langages contrôlés ont pour but d’améliorer la

« compréhension » d’un texte par un ordinateur, et par conséquent son exploitation, notamment sa traduction automatique : ce sont les langages contrôlés destinés aux machines (« machine-oriented controlled languages ») [Huijsen, 1998, p. 2]. Toutefois il existe aussi des langages contrôlés destinés aux humains, qui visent à améliorer la lisibilité et la compréhensibilité d’un texte et à éviter incompréhensions ou malentendus [Huijsen, 1998, pp. 2-3]. Ils sont principalement utilisés dans des buts économiques ou de sécurité. Ils peuvent notamment s’utiliser pour la traduction. L’application d’un langage contrôlé à un texte de départ vise un texte d’arrivée de meilleure qualité et un processus de traduction humaine ou automatique, plus aisé [Bouillon, 2013]. Ils peuvent également permettre une meilleure accessibilité des textes. Ce dernier objectif rejoint le nôtre.

Nous nous demanderons donc dans ce chapitre si les règles de langage contrôlé pourraient s’appliquer au sous-titrage de MOOCs et, si oui, lesquelles. Comme dans le chapitre consacré aux recommandations de sous-titrage, nous commencerons par présenter les principales sources des recommandations consultées (section 3.2). Nous nous demanderons ensuite quelles considérations nous prendrons en compte pour sélectionner les aspects des langages contrôlés ou simplifiés qui seront le plus à même d’améliorer la qualité du sous-titrage d’un MOOC (section 3.3). Enfin, nous nous pencherons sur les règles individuelles (section 3.4), pour dégager plusieurs types de règles (section 3.4.1), éliminer les règles qui ne sont pas adaptées à notre situation de sous-titrage (section 3.4.2) et aboutir à un ensemble de règles qui pourraient être utiles dans un contexte de sous-titrage de MOOCs (section 3.4.3).

Références

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