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Sur le mécanisme de l’électroluminescence. I.
Considérations théoriques
Daniel Curie
To cite this version:
510
SUR LE
MÉCANISME
DEL’ÉLECTROLUMINESCENCE.
I.
CONSIDÉRATIONS
THÉORIQUES
Par DANIEL CURIE,Laboratoire de Luminescence (P. C. B.), Faculté des Sciences de Paris.
Sommaire. - On
rappelle d’abord les effets lumineux observés lors de l’application d’un champ
électrique sur les corps solides luminescents : Électroluminescence ou effet Destriau
d’excitation
des centres ;
Électrophotoluminescence
ou effet Gudden-Pohl de vidage des pièges.Dans ce premier article, on expose le mécanisme proposé pour l’électroluminescence. L’article II
étudiera les applications de ce mécanisme à la forme des ondes de brillance, à l’effet de la
tempé-rature, de la fréquence, etc.
On adopte ici comme base la conception de Destriau attribuant ces phénomènes aux chocs d’élec-trons accélérés dans la bande de conductibilité par le champ. On considère qu’il y a successivement :
I° Arrivée des électrons dans la bande à partir de niveaux donneurs vidés par le champ;
2° Accélération de ces électrons suivant un processus analogue à celui de la rupture diélectrique; 3° Perte d’énergie de l’électron accéléré, par choc sur un centre, piège ou défaut. Dans le premier cas,
on aura l’effet Destriau, dans le second (si les pièges sont pleins), l’effet Gudden-Pohl.
D’autres hypothèses qui ont été envisagées pour l’électroluminescence 2014 effets « de surface » d’émission lumineuse par jonctions p - n ou « émission de champ » par effet tunnel de Zenér - seront discutées
en Appendice, en fin de l’article II.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. : TOME 14, OCTOBRE
1953,
1. Introduction. - Un
champ
électrique
peut
produire
divers effets sur les corps solideslumi-nescents :
-
Surillumination
par le
champ
d’unesubstance
phosphorescente ayant
subi unephoto-excitation
.
préalable (effet
Gudden et Pohl[1]).
C’est unphéno-mène
d’ËlectrophotoIuminescence;
- Excitation de la luminescence de substances
fluorescentes ou
phosphorescentes
par la seule action duchamp
électrique
(effet
Destriau[2], [3]).
C’est à cet effetdéterminé
quel’on
réserve le nomd’Électro-luminescence;
’-
Extinction
de laphotoluminescence
par le’champ
(Destriau [4]).
Nous
considérons
iciexclusivement
leseffets
lumineux,
etplus
particulièrement
l’électrolumi-nèscence.
L’effet Gudden-Pohl contraste avec l’effet Destriau par la nécessité d’une
photoexcitation
préalable
et par sa brièveté : éclair lumineux alors quel’électro-luminescence
sepoursuit
indéfiniment si l’on évite lesphénomènes
depolarisation
par l’utilisation d’unchamp
alternatif.Du
point
de vuethéorique,
l’électrophptolumi-nescènce consiste en un
vidage
par le champ
despièges remplis
par laphotoexcitation
antérieure,
et l’électroluminescence en une excitation des centresluminogènes
par
lechamp.
Les auteurs s’accordent actuellement à reconnaître
que
l’électroluminescence
n’est pas unphénomène
d’excitation
par l’effluve :persistance
trèsbrève,
conservation de l’émission dans l’huile ou dans le
vide,
décalage
brillance-tension différent pour l’onde de brillance électroluminescente et pour l’effluvepour
lequel
il estégal
à 2
[5].
2. Premier aperçu _ du mécanisme
(1).
-L’effet Destriau
s’interprète
[3],
[6]
en admettant que les électrons de la bande deconductibilité,
accélérés par lechamp, acquièrent
uneénergie
leur
permettant,
par choc sur un centreluminogène,
d’exciter celui-ci :e accéléré + centre - e lent + centre excité,
(1)
suivant le processus
classique
d’excitation par chocsde
première
espèce.
La nécessité de faire intervenir la bande de
conduc-tibilité résulte de la nécessité d’une bonne
cristallin-sation
(2)
pour observer l’électroluminescence. Une raison pourrejeter
l’hypothèse
del’excitation
du centre par action directe duchamp
sur l’électron dans le centre est que de nombreuses substances luminescentes(donc
possédant
des centreslumi-nogènes),
mais malcristallisées,
neprésentent
pas(1) On considère seulement l’électroluminescence des cris-taux anorganiques, à l’exclusion’ de celle présentée par certains corps organiques (Bernanose [7]), de découverte encore trop
récente. Rappelons que le mécanisme ,de la luminescence ordinaire est différent pour les cristaux anorganiques et pour les corps organiques.
(2 ) La condition de bonne cristallisation semble nécessaire,
mais nullement suffisante.
l’effet
Destriau ;
tels sont lesCaS (Bi),
insensiblesou très peu sensibles au
champ.
-De
plus,
G. Destriau a montré[3]
quel’hypo-thèse
(1)
conduit immédiatement à une loi correctede variation de la brillance B avec le
champ
élec-trique
E. Pouracquérir
uneénergie égale
à lapro-fondeur h v du centre
(v
fréquence
de la lumièreémise),
l’électron deconductibilité
doit être accé-léré sur un parcours m dans la direction duchamp
(nous
verrons auparagraphe
5qu’il
en est bienainsi)
donné par..
Si mm est le libre parcours
moyen
dans la directionFi g. i. - Variation de la brillance B avec la tension efficaces appliquée Vo.
Courbe I :
ZnS (Cu) ;
courbe II : ZnS (Mn) étudiés par Des-triau [3]. Courbe III : ZnS (Cu) étudié par Waymouth [8].Épaisseur
des cellules : de l’ordre de 0,1 mm.du
champ
avantperte
d’énergie,
la brillance seraproportionnelle
à laproportion
d’électronsayant
unparcours au moins
égal
à m :En réalité B est de la forme
où
f ,
que nousinterpréterons
commeproportionnel
au nombre d’électrons
s’accélérant,
est un facteurcroissant avec le
champ
comme on le verra, maislentement devant
l’exponentielle.
On voit sur la
figure
I que letype
de loi(3)
estconvenablement vérifié par
l’expérience,
bien mieuxque les lois
empiriques
enEn (n
= 2 ou3)
propo-sées par diversauteurs.
La courbure dugraphique
n’apparaît,
engénéral,
que pour des variations debrillance
atteignant
le facteur Iooo.Cette courbure - concavité
systématique
vers lehaut
- est attribuable à unfacteur t
(E)
croissant à peuprès
comme E2[3].
Je ferai observer que leseffets de
polarisation
discutés dans leparagraphe
3,
entraînant une diminution du
champ
interneE par
rapport
auchamp
appliqué
Eo,
surtout sensible -aux fortesbrillances,
produiraient
une courbure en sensinverse. On voit donc
déjà
que l’influence de .ces effets est relativement faible aux
fréquences
employées (5o p /s
parDestriau,
60 parWaymouth).
Plus b est
grand
(m
petit),
plus
le seuil estélevé,
mais
plus
la variation de la brillance avec la tension estrapide
au-dessus de ce seuil.La connaissance de b
permet
d’évaluer,
par(4),
le parcours moyen mm. Pour différentes substances
essayées,
G. Destriau trouve mm variant entre 1 o-set 5.10-5 cm. Le parcours m nécessaire pour que
l’électron excite les centres est,
d’après
la rela-tion(2),
dequelques
mm(par
exemple 10 mm).
Cesparcours sont donc très
supérieurs
aux dimensionsdes centres, ce
qui
exclutl’hypothèse
de l’excitationdirecte de ceux-ci.
L’effet Gudden-Pohl
s’interprète
d’unefaçon
analogue
[9], [10] :
l’accélération des électronssuivant un parcours m’ leur
permet
de vider lespièges
deprofondeur
inférieure
à e Em’. D’où uneillumination
fugace
si cespièges
ont étéremplis
par une excitationpréalable.
J. Mattler et D. Curie ont ainsi montré
[9]
sur des
ZnS (Cu), qu’un champ
électrique
de30 00o V eff Jcm
vidait lespièges
deprofondeur
inférieure ào,75 eV;
d’où pour ces sulfures :Le libre parcours m’ ainsi
déterminé
estsensi-blement
de l’ordre du parcours moyen mm; carsi,
pour
produire
l’électroluminescence,
il suffitqu’une
faibleproportion
d’électrons soitcapable
d’exciter1 - 1
du
grand
nombre de centres existant et parcequ’il
y a autant d’excitations que de
demi-alternances,
pour produire l’effet Gudden-Pohl
(vidage
brusque
despièges,
laplupart
étant vidés dès lespremières
alternances[11]),
il fautpratiquement
que tous les électrons accélérés aientacquis
uneénergie égalé à
la
profondeur des pièges
àvider.
On
peut
expliquer
parlà [12]
cefait,
enappa-rence
surprenant :
tandis que lesprofondeurs
despièges
sont de l’ordre de o,5 eV et celles des centresde
2,5
eV,
il suffit dechamps
àpeine plus
forts,
et non
cinq
foisplus
forts,
pour obtenir un bel effetcertaines cellules Destriau sont en effet
déjà
trèslumineuses sous secteur, c’est-à-dire avec des
champs
de i o 000 V
/cm.
Notons enfin que les
Ca S (Bi),
malcristallisés,
neprésentent
pasplus
l’effetGudden-Pohl,
malgré
la
présence
depièges,
que l’effetDestriau;
celaconduit comme pour les centres à
rejeter
l’hypothèse
d’une
action directe duchamp
sur lespièges.
De
plus,
en cettehypothèse
leparcours
donnerait l’ordre degrandeur
des dimensions despièges;
or, ces dimensions
semblent
de l’ordre de 10-7 cm[ 13 ].
3. Influence de la
polarisation.
- Lechamp
~ ,
interne
E,
qui
provoque
l’accélération des électronset par là l’émission
lumineuse,
esttoujours plus
ou~
moins différent du
champ
appliqué
E0.
On aEa
étant lechamp
antagoniste
dû auxcharges
élec-triques spatiales.
C’est E
qui figure
dans lesformules,(3)
et(5),
tandis que c’est
Eo
(en
réalité la tensionappliquée
Vo)
qui
estporté
sur lesgraphiques (fig.
i).
Destriau a montré
[3] :
-
Qu’en
appliquant
à la cellule une tensionconstante, on observe seulement un éclair
lumi-neux ;
- En tension
alternative,
la luminescencepersiste
indéfiniment,
avec des variations de brillance demême
fréquence
que lechamp
(«
ondes
de brillance»).
Aux bassesfréquences (quelques
centaines depériodes
par seconde aumaximum),
qui
sont cellesoù interviennent les effets de
polarisation,
ces ondessont
systématiquement plus
ou moins décaléesen avant par
rapport
à la tension. Leurforme,
souventcomplexe,
sera discutée dans l’article II.Je résumerai ici brièvement le calcul effectué par
Destriau
[14]
pour évaluer ces effets : Lechamp
antagoniste
E’a
est donné parl’équation
de Poisson :K,
constantediélectrique
dumilieu;
a,
densité~
charges. 6
s’élimine en fonction de E au moyen l’equation ilo pnn«prvn+inn dp la PharcPoù
(p
résistivité).
Il vient alorsd’après (6) :
D’après
cette relation :~
Si
Eo
estconstant,
lechamp
interne décroît expo-nentiellement avec la constante detemps :
~
Si
Eo
est sinusoïdal depulsation
w,E
estéga-lement sinusoïdal de même
pulsation;
leurs valeursmaxima E et
Eo
sont liées parcelle de E est décalée en avant par
rapport
à celle deEo
d’unangle y :
Notons dès maintenant que ce calcul ne saurait
être
qu’approximatif, puisque
à,
d’où
p, ne sont pas les mêmes en tous lespoints
de la substance et deplus
varientpendant
la durée de l’onde de brillance.Mais on voit
déjà qu’il
rend
compte
qualitativement
des effets
signalés
au début de ceparagraphe.
La
simple
substitution des valeurs de K et pdans
(9)
nepermet guère
depréciser
l’ordre degrandeur
des effets depolarisation.
La formule(9)
montre,
K étantsupposé
de l’ordredue 10,
que pour le 50 p lapolarisation
estnégligeable (E
très voisinde
E°)
pourp > i oO ù) x cm,
tandis que pourp 109 (jj x cm, E serait seulement une faible
frac-tion de
Eo.
p et K variant avec la brillance de la
substance,
il convient naturellement d’utiliser des
détermi-nations faites dans les conditions de fonctionnement de la
cellule,
et même alors le résultat estimprécis.
Ainsi
Waymouth
et al.[8] indiquent
d’après
l’étude
du facteur depuissance
lacapacité
et larésistance d’une cellule à ZnS
(Cu) :
sous 800 V.
D’après
cesrésultats,
et l’on aurait E =
E°
Mais aussiprécises
que soient3
les mesures de R et C de la
cellule,
à cause de larésistance des électrodes et du
diélectrique
danslequel
estnoyé
lesulfure,
les valeurs de K et p du sulfureresteraient
imprécises.
Or si parexemple
K et p varient tousdeux
d’un facteur 2, le facteur 3est
changé,
soit en1,8,
soit en 9, cequi
nepermet
pas
d’être fixé surl’importance
de lapolarisation.
D’après
cequi
suit,
E,°
paraît
devoir être en réalitéinférieur à 3.
en
avant y
du maximum des ondes debrillance;
comparant (9)
et(10),
on a, en effet :Ces
décalages
sontparfois
presquenuls,
parfois
ilsatteignent
oudépassent 03C04
(Payne [15J).
Un ordre4
de
grandeur fréquent,
à 50 ou 60 p,est (p = 6 .
En ce cas, l’on aurait
Donc dans les sulfures électroluminescents
usuels,
à cesfréquences,
E estcompris
entre 70 et i oo pour i oodeEo.
Par
suite,
dans les calculs d’ordre degrandeur
destinés
à décider s’il est admissible de poser unehypothèse
déterminée sur le mécanisme duphé-nomène
d’électroluminescence,
on pourraparfois
négliger
les effets depolarisation,
assimilant E àEo.
Ces résultats sont en accord avec la durée de l’éclair obtenu sous tensionconstante,
donnée par(8),
que les mesures montrent de l’ordre des centièmes
de seconde. Il est
d’ailleurs
clair que si la durée del’éclair est
t,
lapolarisation
estinsignifiante
auxfréquences >
t ,
soit
ici dequelques
centaines. C’est bien ce que donne(voir
articleII)
l’étude del’effet de
fréquence
sur labrillance.
Notons
que par suite de la variation de K et pavec
B,
ledécalage
du maximum due, brillance parrapport
au maximum de tension estplus
fort quele
décalage
du minimum de brillance parrapport
au zéro de tension(les
ondes de brillance ne sont passinusoïdales).
Ce sont évidemment les valeursrela-tives au maximum de
brillance
qui
sont intéressantes pourl’expression (5)
de celle-ci et sontportées
dans(11).
Il faudrait donc diviser par cos cp les libres parcours calculés par
l’application
pure etsimple
de(4)
auxgraphiques
de lafigure
i. Mais cettecorrection serait
plutôt
inférieure à l’erreur commiseen
ignorant
la forme exacte du facteurf
(E)
dans(5).
4. Le choc des électrons accélérés sur lescentres. - Revenant au
processus d’excitation des centres
luminogènes
(1),
nous allons ledécomposer
en ses diverses
phases, puis
étudierséparément
chacune de celles-ci.La
figure
2représente
schématiquement
les troisphases
de l’excitation d’un centre par un électronrapide
de conductibilité.(1)
représente
un électron en cours d’accélérationdans la
bande
B. Cet électron s’élève dans la bandeà mesure
qu’il
sedéplace
dans la direction duchamp.
L’énergie
cinétique
del’électron,
immédiatement avant lechoc,
doit donc être au moinségale
à laprofondeur
hv du centre. Pour Cu dansZnS,
cetteprofondeur
est2,5
eV.Lors de la découverte de
l’eiïet
Destriau(1936),
on seposait
encore laquestion
de lalargeur
de la bande de conductibilité. L’existence de l’effetmon-trait que cette
largeur
était au moins hv.Depuis,
on s’est renducompte qu’au
delà du bas de la bandede
conductibilité,
les diverses bandes serecouvrent, formant un
spectre
continud’énergies
permises
s’étendant indéfiniment[16]. L’e f f et Destriau
B, bande de’ conductibilité; c, centre luminogène. (I), avant le choc; (II), effet du choc; (III a) et (III b), les deux
possibilités s’ofirant après le choc (voir texte).
est donc
energétiquement
possible quelle
que soit laprofondeur
du centre.(II)
décrit le cristal immédiatementaprès
le choc sur le centre : l’électron accéléré aperdu
sonénergie
tandis que l’électron
primitivement
fixé dans le centre est amené dans la bande de conductibilité.(III) :
après
le choc seprésentent
deuxpossi-bilités. Dans le cas
(III
a),
l’un desdeux
électronsrepart
dans
la
bande
et estdestiné,
soit às’y
déplacer
aux vitessesthermiques,
soit à s’accélérer à nouveau. Le second électron retombe dans lecentre,
cequi
s’accompagne
engénéral
d’une émission de lumièreayant
eu lieuimmédiatement après
l’excitation(c’est-à-dire
10-8 s
après,
vie moyenne des émissionsatomiques).
Vu l’indiscernabilité desélectrons,
celan’a aucun sens de
distinguer
si c’est l’électroninitia-lement
accéléréqui
repart
ou celuiprovenant
ducentre.
514
L’autre
éventualité
possible
est le cas(III b) :
les deux électrons
s’éloignent
dans la bande de conductibilité etpourront
s’accélérer
éventuellement.L’électron issu du centre est cc
soufflé
»par le champ
loin de celui-ci
(3).
L’émission
de
lumière est alors retardée parrapport
au cas
précédent.
Elle aura lieu au bout d’untemps
comparable
aux. durées de fluorescence. Dans lessulfures,
ces durées sont normalement de Io-5 s;mais l’étude de l’effet de
fréquence
nous conduira àdes durées
parfois
deplus
de 10-4 s,interprétables
en admettant que le
champ
amasse les électrons versl’anode,
retardant ainsi leur rentrée dans larégion
restante desgrains
(la
présence
duchamp
augmen-terait les durées de fluorescence lors del’électro-luminescence).
Malgré
ceretard,
avec lafréquence
secteur, la rentrée dans tous les centres a lieu avant la fin de la demi-alternance en cours. Il n’en seraplus
demême aux
fréquences
dequelques
kilocycles.
Il nous semble que l’éventualité
(b)
-soufflage
des électrons loin des centres - serait debeaucoup
la
plus
probable.
En
effet,
supposons
que l’électronquitte
le centre avec
une.
vitesse de l’ordre des vitessesthermiques
t/2013?
soiti ol cm /s.
Le diamètre des centres étant inférieur à10-6 cm,
l’électron mettrait donc 10-13 S àquitter
le centre.Compa-rant ce
temps
à la durée 10-8 S des émissionsato-miques,
on aurait pour laprobabilité
de rentréeimmédiate
(a)
la valeur 10-5.En
réalité,
ce nombre ne doit pas être sifaible,
le raisonnement ci-dessus
supposant rectiligne
latrajectoire
del’électron,
tandisqu’en
réalité lesdiffusions
thermiques
peuvent
ramener l’électronsur le centre.
Nous
allons voir quemalgré
cesdiffu-sions une très forte
proportion
des électrons excités par choc d’un étectron accélerépar le
champ
doits’éloigner
définitivement du centre initial.Remarques
sur ladiffusion
des électrons dans labande
de conductibilité. -Nous
utiliserons larela-tion,
valable pour ngrand :
qui
donne la somme x de nvecteurs
delongueur
1. dans des
directions
réparties
au hasard. Cetterela-tion est utilisée dans
l’étude de la
diffusiondes
neu-trons
[17J.
’
C’onsidérons d’abord
un électron issud’un
piège, ,
lors
du
déclin ’normalde
laphosphorescence
en(3) C’est par ce « soudlage » que l’excitation par électrons
accélérés par le champ en électroluminescence diffère de l’excitation par rayons cathodiques ou B. Le retard à
l’émis-sion lumineuse en résultant favorise les rentrées sans émission.
l’absence de
champ.
Si cepiège
est lié à un centre,l’expérience
montrequ’il
tombe
généralement
dansce centre
(mécanisme
« monomoléculaire »[10].
Cependant
ilquitte
lepiège
avec uneénergie
de ’l’ordre de
k T,
donc une vitesse de 106 à107 cm, /s.
Si sa
trajectoire
étaitrectiligne,
il auraitdonc,
uneprobabilité
de 10-4 à io-5 d’êtrecapté
par cecentre.
Mais pour traverser’ le centre il lui faut subir
d’après (12) plus
de ioo diffusions(dimensions
du
centre et des
pièges
et déformationsqui
l’entourent :près
de i o-6 cm, soit i oparcours 1
de diffusionther-miqùe),
cequi déjà
augmente
laprobabilité
decapture.
Deplus,
pourparvenir
à un autre centrevide,
que nous supposerons situé à environ10-6 cm,
vu la
faible
proportion
des centresexcités
lors dudéclin de la
phosphorescence
delongue
durée,
il doigtsubir,
toujours d’après (12),
n = 30 00odiffusions,
donc
parcourir
en réalité 3 . i o-3 cm. Dans cetrajet,
il a toutes chances
d’être
arrêté par un défautquelconque
duréseau,
principalement
par lesdéfor-mations au
voisinage
dusystème
centre +piège
initial,
qui
n’arrêteraient pas un électronplus
rapide,
et
renvoyé
sur celui-ci.Si le
piège
dont sort l’électron n’est pas lié à- un centrevide,
l’électron sera leplus
probablement
capté
par le premier centre vide rencontré.Considérons
maintenant
un électron issu d’un centre sous excitation ultraviolette(ou
par
*cathodo-oug-excitation),
en l’absence dechamp.
Cetélectron
quitte
le centre engénéral
avec un excèsd’énergie
cinétique
et n’est pas arrêté par lesdéfor-mations au
voisinage
ducentre,
qui
arrêtaient ci-dessus l’électron du bas de la bande deconducti-bilité.
Ilpeut
doncs’éloigner
plus
que ce dernier de sonpoint
dedépart :
dans ce cas, le mécanismesera « bimoléculaire ». Il
perdra
néanmoinsrapi-dement son
énergie
initiale par suite des diffusionsthermiques
(une
dizaine de diffusions suffisent pourcela,
c’est-à-dire un parcours dequelques
10-7cm)
et l’éventualité laplus
probable
reste la retombée dans le centre initial.Considérons
toujours
un électron issu d’un centresous excitation
ultraviolette,
mais enprésence
dechamp.
Lesdiffusions
thermiques
s’effectuent
autourd’une
position
moyenneemportée
par le champ avec unevitesse .LE-d’environ 106 cm/s.
Alors lapropor-tion
d’électrons
emportés
loin des centrescroît;
c’est
l’effet
Dechêne[18] :
on observe unebaisse
debrillance
del’ordre du
I/IOe
en soumettant lesulfure
irraâié
à une tension. Laproportion
d’undixième
correspond
aux électronscaptés
dans unpiège
situé
sur laligne
de courantdru
centre dedépart;
laproportion
des
électronsqui
ontquitté
le centre initial estplus
forte,
à causede
ceuxqui
sont tombés avec émission dans un centre
quel-conque.
accéléré par le
champ possède
unequantité
demou-vement initiale
dirigée
suivant lechamp.
Il n’a pasune
énergie
initiale
plus grande que
celui excité parultraviolet,
mais ilquitte
le centre avant que cetteénergie
soitdissipée.
Si l’on sereporte
au processusd’accélération décrit
paragraphe
5,
on verra quesouvent même son
énergie
s’accroîtra,
car il setrouve dans les conditions d’un électron
qui
adéjà
commencé à subir le processusd’accélération.
Doncla
probabilité
decapture
est ici voisine de celle calculée dansle
casd’une
trajectoire
rectiligne
au-dessus du centre.
Choc électron sur
piège
dansl’effet
Gudden-Pohl.---Les
figures
2peuvent
aussi biens’appliquer
àl’ioni-sation
d’un niveau localiséquelconque
duréseau,
l’électron issu de ce niveau
s’éloignant
dans la bande. Enparticulier,
levidage d’uri piège plein
par un électron accélérépeut
être décrit par cesfigures,
en faisant
jouer.
aupiège
plein
le même rôlequ’au
centre non
excité.
L’énergie
d’accélération
nécessitéesera
simplement
moinsgrande,
d’où l’utilisation dechamps généralement
moins élevés(voir,
toute-fois, § 2).
Achaque
piège
plein
correspond
uncentre
resté vide
depuis
laphotoexcitation
antérieure,
on aura donc émission lumineuse même si le
champ
est insuffisant pour exciter de nouveaux centres.On voit que dans cette théorie d’accélération des électrons par le
champ,
l’électrophotoluminescence
se ramène àl’électroluminescence,
en devenant enquelque
sorte un casparticulier.
Naturellementl’effet cesse dès que les
piègps
ont été vidés.. C’est là un des
principaux
avantages
de cettethéorie sur les autres théories
qui
ont étéenvisagées
pour
l’électroluminescence,
ces dernières(voir
Appen-dice, article
II)
ne fournissant pasl’explication
de l’effet Gudden-pohl..5. Le
processus’
d’accélération des électrons par lechamp. -
Il convient maintenant derecher-cher si des
champs
de I04V/cm
ouquelques 10’ V Icm
(champs
qui provoquent
l’effet .Gudden-Pohl
etl’effet
Destriau)
sdnt effectivementcapables
d’accé-lérer les électrons suivant le mécanisme
proposé.
J’ai fait remarquer dans un articleprécédent [12]
que la condition d’accélération continue des
élec-, trons
par lechamp
n’estautre,
qualitativement,
que la condition de
rupture
desdiélectriques
admisedepuis
les travaux de vonHippel ([19];
on trouverad’autres références dans
[12]).
,Néanmoins, il
est clairqu’il
n’y
a pas rupture lorsde l’effet Destriau. Les
champs
derupture
sont enfait
quelques
dizaines de foisplus
élevés que ceuxprovoquant
l’électroluminescence(4).
(4) On ne semble pas avoir mesuré les champs de
rupture
pour ZnS. G. Destriau a pu faire supporter 7oo ooo V/cm à certaines cellules, le champ de rupture serait donc égal ousupérieur à cette valeur.
La
rupture
a lieulorsque
l’état d’accélérationcontinue1le
est un état stablepour
lesélectrons;
tandis que pour obtenir l’électroluminescence il est
seulement
nécessaire d’accélérer une fractionrela-tivement faible des électrons de
conductibilité,
lereste
d’entre eux demeurantd’énergies thermiques;
de
plus,
l’accélérations’interrompt
au bout duparcours
mm(notation
duparagraphe 2),
c’est-à-direavant
qu’il
y aitpossibilité
d’ionisation de la bande de valence. C’est pour ces raisons que l’accélérationn’entraîne
alors pasrupture.
Mais le processus d’àccélération
postulé
est le même : dans les deux cas on admet que l’électronlibre dans le réseau s’accélère
lorsque «le champ
electrique
est assez intense- pourqu’il
gagneplus
d’énergie
parl’ellet-
duchamp
qu’il
n’enperd
par suite desdiffusions
thermiques.
Dans l’article
[12],
lepoint
de vuepris
avait été acelui de la
comparaison
entrerupture diélectrique
et électroluminescence. Je résumerai
rapidement
lesprincipaux’
résultats,
en considérant seulement iciles
applications
à l’électroluminescence.Seeger
et Teller(voir
parexemple
Seitz[20])
ont étudié l’accélération des électrons lents. Soit 1 le libre parcours entredeux
diffusionsthermiques.
Achaque
diffusion l’électronéchange
unquantum
hvavec les vibrations
thermiques
du réseau.Seeger
et Teller
posent
comme condition d’accélérationpar
lechamp
E :eEl > hv.
(13)
Ils
négligent
laprobabilité
degain
d’énergie
par diffusion. Enréalité,
lors del’équilibre 1 thermique,
l’échange
hv est uneperte d’énergie
avec laproba-bilité
d’émissionet un
gain
avec laprobabilité d’absorption
il faut
remplacer
dans(13)
h v par la perte d’énergiemoyenne à
chaque
diff usion :Cette
correction,
faite dans la théorie de Frôhlich etMott,
n’est pasnégligeable;
pour hv --k T,
elle abaisse leschamps
trouvés d’un facteur 2 environ.Actuellement on ne
peut
donnermieux
qu’un
516
Pour le libre
parcours 1
des électronsthermiques,
on a,
d’après
Seitz[20] :
.résultant de mesures d’effet Hall. Faisant
arbitrai-rement h v =
k T,
cequi
donne un ordre degrandeur
à un facteur 2près,
(14)
conduit alors àD’après
Seeger
etTeller,
la valeur limite ainsi trouvée devrait être lechamp
derupture,
qui
esten réalité
plus
élevé.Il faut observer que
(14)
est une condition néces-saire d’accélération desélectrons,
mais non suffi-sante. Pourqu’elle
soitsuffisante,
il faudraitrem-placer 1
par saproj ection
dans la direction duchamp,
qui
est en moyenne presque nulle pour des électronsthermiques :
c’est pour cette raisonqu’elle
fournit. des «
champs
derupture’»
trop
faibles.Si
(14)
estvérifiée,
l’électron gagne en moyenne del’énergie
en fin du parcours 1 si ses parcours s’effectuent dans la direction duchamp;
si sesparcours sont
isotropes,
il ne s’accélère que pour deschamps
trèssupérieurs
à la limite trouvée. Mais si(14)
n’est pasvérifiée,
l’électron ne s’accélère pas,sauf hasard dû aux fluctuations de diffusion.
Dans le
ZnS,
auxchamps
dequelques
104 V/cm
employés
én
électroluminescence,
(14)
n’est pas vérifiée pour les électronsthermiques
(1
ss o-’cm);
mais,
le libre parcours croissant avecl’énergie
à peuprès
proportionnellement
àcelle-ci,
elle l’est pourdes électrons
qui,
par suite des fluctuations dediffu-sion,
sont parvenus auxénergies
de l’ordre deI/IoeV
(j
Ri o-scm).
,
Ainsi,
auxchamps
dequelques
104V/cm employés
enélectroluminescence,
lamajorité
des électronsresteront
lents,
c’est-à-dired’énergies thermiques,
etsubissant un mouvement
brownien
de libre parcours 1. Il se superpose à ce mouvement undéplacement
d’ensemble avec la
vitesse F E (li-
mobilité)
dans la direction duchamp.
(Aux champs
dequelques
milliers de voltspar
centimètreseulement,
usuel-lement
employés
dans lesexpériences
deconducti-bilité,
tous les électrons seraient dans cecas.)
Mais
ici,
quelques
électrons,
d’aborddiffusés
euxaussi avec des
énergies thermiques, acquièrent
uneénergie
> kT,
parexemple parce qu’ils
ont eu une ouplusieurs
fois un parcours sensiblement supérieurau libre parcours moyen, situé dans la direction du
champ,
ou encoregagné
del’énergie
à
plusieurs
diffusions successives. Ils arrivent ainsi dans la zone
d’énergie
oùla
condition d’accélération(14)
estvérifiée.
Si à ce moment leur parcours est sensiblement dans la direction du
champ,
ils vont engénéral
s’accélérercontinûment. En
effet,
un électronénergique
nesubit
pratiquement- plues
que des diffusions sousangles
faibles : donc leur parcours restera dans ladirection du
champ;
et, pour ces électronsdejà
accélérés par le
champ, (14)
constitue unecondition
suffisante d’accélération.
La
figure
3représente
latraj ectoire
d’unélectron
s’accélérant. Elle a une allure très différente dans
le domaine des
énergies thermiques
(mouvement
bromnien à
court
parcours1)
et dans le domaine où il apris
del’énergie (déplacement
sensiblemen-trecti-ligne
dans la direction duchamp).
Cette
trajectoire
s’interrompt
brusquement
au bout d’un parcours x. Si ce parcours al étésuffi-samment
long,
ilpeut
y avoir excitation d’un centre ouvidage
d’unpiège.
L’élection a alorsperdu
sonénergie.
Mais s’il lui subsisteaprès
le choc unecertaine
quantité
de mouvement dans la directiondu
champ (s’il
avait un excèsd’énergie),
il pourra,s’accélérer à nouveau avec une
probabilité
plus
grande
que laprobabilité
d’accélération d’un électronFig. 3. -
Trajectoire d’un électron
accéléré par le champ dans la bande de conductibilité.
Erratum: Au milieu de la trajectoire, lire 10- 6, au lieu de 10-5.
lent
quelconque.
Il pourra en être de même del’élec-tron
qu’il
a libérédu
centre oupiège.
Ce fait facilite la formation des « chaînesd’électrons
» considéréesci-dessous.
L’énergie
acquise
lelong
du parcours x,malgré
laforme
compliquée
de latrajectoire,
reste sensi-blement e Ex comme admis dans le calcul élémen-taire duparagraphe
2. Ce calcul considérait lesprojections
des parcours dans la direction duchamp
pour l’établissement de la loi(3);
or les parcours des électrons en cours d’accélération se confondent sensiblement avec leurprojection, justifiant
ainsicette loi
quoiqu’il
n’en soit pas de même pour lamaj orité
des électrons de conductibilité.On remarquera que si le
champ
ne modifiait pas l’allure destrajectoires,
c’est-à-dire sion aurait m,,, -- o et la relation
(3)
n’aurait euaucun sens. ’
La
probabilité
d’accélération d’unélectron
rentre dans le facteurf (.E)
considéré dans la formulecomplète
(5).
Ce facteur croît avec lechamp.
Defait,
est notable est que les
champs
sont assez élevés pour queLa vitesse
u E
due anchamp
pour un électronnon encore accéléré est de l’ordre de
Io6 cm /s
pour des
champs
dequelques 10 V lem,
cessantd’être
négligeable
devant les vitessesthermiques
V A- in T --
107cm i s.
C’estpourquoi
l’accélération n’estV
ln -pas encore la
règle,
mais ne nécessite pas un concoursde
circonstances
extraordinaires.D’après
lesexpériences,
il ne semble pas quef
(E)
croisse très
rapidement
avec lechamp.
La discussionci-dessus ne
permet guère
d’évaluerf
(E),
mais ilsemble en résulter que l’arrivée d’un électron dans la
zone
d’énergie
où l’accélération a lieu(zone
où les diffusions se font sousangles
faibles)
dépend
surtoutdes fluctuations de ses parcours
thermiques,
et moins duchamp.
Larapidité
dugain d’énergie
une fois l’état d’accélération établifigure
dans
exp b
et non dans
f (E).
Notons que si la condition(14)
était vérifiée dès les
énergies thermiques
(champs
plus
voisins de larupture),
laproportion
d’électronss’accélérant serait celle des électrons de parcours
thermiques
situés dans un cône d’ouverturecrois-sant avec le
champ,
et en ce casvarierait,
aucon-traire,
très vite avec lechamp.
Remarque.
-(15)
noussuggère
une formeappro-chée,
semble-t-il non encoredonné,
de la conditionde
rupture,
qui
serait
Il
s’agit de lu pour
les électronsthermiques :
Cette condition s’écrit aussi :
ou encore
puisqu’il s’agit
des électronsthermiques :
Mais
il faut queFE
soit réellement bienplus
grand
quek T
pour que l’état d’accélérationdevienne la
règle générale.
Il ne semble donc pasque l’on
puisse
par là calculer exactement leschamps
de
rupture;
cette condition n’en fournitqu’une
limiteinférieure,
comme la condition deSeeger
et Teller. Pourqu’il
y aitrupture,
il faut deplus
que l’ioni-sation de la bande de valence soiténergétiquement
possible
au bout du parcours UJm.6.
Interprétation
du parcours moyen mm.--Le parcours moyen Min
apparaît
comme le ,parcoursd’un électron accéléré avant
perte
d’énergie.
Dans la
littérature,
on considèregénéralement
deux
espèces
due
parcours :- Le
parcours avant diff usiou
thermique
ou parimpureté 1,;
- Le
parcours
avantcapture
de l’électron parun
piège,
auquel
correspond
la saturationdu
courantphotoélectrique primaire.
v,n ne
peut
être identifié à 1puisqu’il
se,termine
par uneperte d’énergie beaucoup
plus
grande
-
plusieurs
dixièmes
d’électron-volt -, ni à Àqui
est
de l’ordre des centimètres.Il faut donc
considérer
une troisièmeespèce
deparcours,
qui
n’intéresse d’ailleurs que les électronss’accélérant.
La formule de Destriau
[3]
repose sur la différence entre ÕJ m et le parcours m nécessaire pour quel’élec-tron
excite
le centre; cette différenceimplique
quela
perte d’énergie
est due engénéral
à d’autrescauses que cette excitation.
Nous
considérons vn, comme le parcours avant chocsur un
défaut du
cristal,
ce choc entraînant uneperte
d’énergie
au moinspartielle
pourl’électron.
Même si ce choc a lieu aussi bien pour un électronthermique
que pour un électronaccéléré,
il n’ad’importance
que pour l’électronaccéléré,
l’électronthermique
perdant beaucoup plus
fréquemment
sonénergie par
suite des diffusionsthermiques
que parsuite d’un tel choc. Mais
peut-être
y a-t-il deplus,
dans certainscas,
une sorte d’effetRamsauer,
l’électron
thermique,
delongueur
d’onde de deBroglie
80Á,
traversant des déformations dequel,ques
dizainesd’angstrôms,
tandis que l’électron d’unélectron-volt,
delongueur
d’onde 10 Á.environ,
serait arrêté.
Parmi ces défauts interviennent évidemment les
centres ou les
pièges
eux-mêmes : l’électronpeut
perdre
sonénergie
sur unpiège
vide,
ou sur uncentre sans en chasser l’électron dans la bande de
conductibilité.
L’énergie
peut
ensuite rester dans lecentre,
qui
est alors excité sansdépart
d’électron(5),
ou être
communiquée
aux vibrationsthermiques
duréseau. Si ces défauts contiennent un
électron,
cas(5) Le mot « excitation » présente dans le cas des centres
luminogènes une certaine ambiguïté. Dans le cas des atomes,
l’ « excitation » signifie que l’énergie est fournie à l’atome sans
départ d’électron du cortège, l’ « ionisation qu’il y a départ
d’électron.
Lorsque l’on « excite la luminescence, on dit tout natu-rellement que l’on « excite » les centres. Mais dans ZnS,
au sens pris pour les atomes, on ne les « excite » pas, on les
« ionise » en général.
Dans ce paragraphe, je préciserai dans chaque cas si
l’élec-tron est ou non chassé du centre. Dans mon article ]12],
j’avais employé indifféremment le terme de « section efficace
d’excitation
» des pièges ou centres et de « section efficacesdes niveaux donneurs peu
profonds
que nous seronsamenés à
considérer,
l’énergie peut également
leurêtré
communiquée
avec ou sansdépart
de l’électron. Le choc sur électron de la bande de valence estadmissible,
mais vraisemblablement peuimportant,
car il n’est
énergétiquement possible qu’après
un parcoursdéjà
trèssupérieur
à mm et mêmesupé-rieur au parcours zu avant
possibilité
d’ionisation des centres. Enfait,
il n’a pas lieu lors de l’effetGudden-Pohl,
puisqu’alors
on ne vide pas les centres, afortiori
pas la bande devalence;
et lors de l’effetDestriau,
le nombre d’électrons
arrachés
à la bande de valence doit être faible loin de larupture.
Enfin,
unediffusion thermique
versl’arrière,
tou-j
ourspossible
même auxénergies
élevées,
entraînerait
le ralentissement immédiat de l’électron : cette
diffu-sion elle-même n’entraînant
qu’une
perte
d’énergie
Fig. 4. - Distribution angulaire de diffusion
thermique
aux énergies élevées (Bardeen).
négligeable,
mais lechamp
s’opposant
audéplace-ment ultérieur de l’électron. Selon Bardeen
[21],
laprobabilité
de diffusion vers l’arrière serait del’ordre de
1/10e
de celle de ·diîfusion vers l’avant(fig.
4).
Il faut
cependant
noter
que le calcul deBardeen
est
applicable
dans
les
métaux,
c’est-à-dire auxénergies
élevées dans deschamps
faibles;
il estpossible
que dans unchamp
élevé laprobabilité
dediffusion vers l’arrière soit différente.
Mais
l’interruption
de l’accélération par suite d’une telle diffusionparaît
un événement relativement rare une fois l’accélérationamorcée,
les diffusionselles-mêmes devenant de
plus
enplus
espacées
à mesureque l’accélération se
poursuit :
une fois l’électronparvenu à une
énergie
de l’ordre de ieV,
leparcours
entre diffusionsthermiques
s’est élevé à10-5 cm.
La diffusion vers l’arrière n’aurait alors
lieu qu’au
bout deplus
de 10-4 cm.De même une diffusion vers l’arrière par une
impureté
chargée
suivant le modèle de Rutherford est un événementpossible,
mais rare. Le librepar-cours d’un électron
d’énergie
E avant ;diffusion sousangle
élevé parimpureté
est,
selon la formule deConwell-Weisskopf [22] :
a, distance des
impuretés ;.Ei=2013--
Si pour ZnSil y a 1018
impuretés par centimètre cube :
pour E =
i eV,
il vient par(18) :
En
résumé,
l’arrêt d’un électronpeut
être dû àde
multiples
causes, mais il s’effectueraitprinci-palement
par
ralentissement sur une déformationdu réseau
(centre, piège
oudéfaut).
Rappelons
maintenantquelques
généralités
surles parcours. La distribution
exponentielle
N
(x),
nombre d’électrons deparcours
au moinségalas;
N, nombre total
d’électrons;
Õ1nz, parcours moyen; ,
suppose
que laprobabilité que
le parcours se termine entre x et x + dx est’ -indépendante
du parcoursdéjà
effectué.Si l’arrêt des électrons s’effectue avec une section
efficace u sur des défauts de densité
6,
on ap == cro.
(20)
S’il y a
plusieurs
défautscapables
d’arrêter lesélectrons,
lesproduits
&0correspondant
aux diffé-rents défautss’ajoutent.
,
La
possibilité
d’ionisation
des centres unefois
atteint le parcours v défini par
perturbe
la distribution(19)
au delà duparcours
m.Désignons par p
(indépendante
dex)
laproba-bilité d’arrêt de ’l’électron
par
unité duelongueur
pour toute autre cause que
l’ionisation
descentres,
et par pi la
probabilité
d’ionisation des centres :Pour
simplifier,
nous supposerons pi = const., c’est-’
indépendante
del’énergie
pourvu que celle-ci soitsupérieure
à h v. Cetteapproximation
ne modifie pasla conclusion que nous avons à utiliser pour
l’électro-luminescence.
La distribution des parcours x est
alors
donnée parN,
nombre total d’électrons accélérés. ’En
particulier :
la
perturbation
n’a pas lieu au-dessous du parcours w.Fig. 5. - Distribution
des parcours.
Ainsi le parcours moyen réel des électrons
est abaissé au-dessous de mm à cause de la
possibilité
d’ionisation des centres. Mais(3)
restevalable,
avec un vm
qui
est le parcours moyenqu’auraient
les électrons si cette ionisation n’avait paslieu,
et est donné par
somme sur toutes les causes de
pertes
d’énergie
inter-venant,
sauf
l’ionisation des centres.Pour le calcul du
gain d’énergie
(2), l’origine
desparcours doit évidemment être
prise
au début del’accélération,
et cela estpermis
puisque
lepar-cours mm restant à effectuer est
indépendant
du parcoursdéjà
franchi avant que l’accélération ait commencé.Sections efficaces
d’arrêt sur undéfaut
du réseau.- La
relàtion
(23),
où mm résulte del’expérience
par
(4), permet
de donner l’ordre degrandeur
dessections efficaces y intervenant. On a
.
-Clr, ap, aj, sections efficaces de
perte
d’énergie
surles centres, les
pièges,
les,donneurs ;
oc,
op, Od
leursdensités
respectives.
Ils’agit
pour les centresde
laperte
d’énergie
sur la déformation constituée par le centre, sans ionisation decelui-ci,
et pour lespièges
de la
perte d’énergie
sur lepiège
vide.D’autres causes de
perte d’énergie
peuvent
inter-venir :
probabilité
de diffusion vers l’arrière(surtout
sensibles aux faiblesénergies),
ionisation des donneurs(intervient
au delà dequelques
mm si ces niveaux ont uneprofondeur
de i eVenviron,
comme nous serons amenés à lesupposer).
Laprobabilité
de ceseffets variant avec
l’énergie
semble être relativementfaible;
sinon d’ailleurs vm ne serait pas unecons-tante déterminée .et l’on n’aurait pas
(22).
Il nes’ensuit pas
qu’elle
soitnégligeable :
si,
parexemple,
l’ionisation des donneurs se
produit
au delà de3 ant,
sa
probabilité
p sera auplus
égale
àvaleur
suffisamment
faible pour ne pas changer ÕJm,et
cependant (voir §
7)
suffisante pourpermettre
ledéveloppement
des chaînes d’électrons.De vm on ne
peut
déduire la section efficace d’ioni-sation des centres, c’est-à-dire le parcours restantau delà de tü. Cette a
n’est,
eneffet,
pas contenuedans
(24).
Admettons
que les diverses a dans(24)
sont dumême ordre de
grandeur (à
un facteur 10près).
La densité des centres est connue par le nombre
d’atomes
luminogènes
introduits,
celle despièges
parla somme de lumière de
phosphorescence.
Dansun ZnS usuel
[121 :
Pouy
la densité en niveauxdonneurs,
on n’a pasde
renseignements
directs;
unevaleur,
analogue
paraît
admissible,
du moins dans les sulfures à belleélectroluminescence,
mais une valeurbeaucoup
plus
faible est
également
possible
(§
8).
Leterme
f’Jd Od
n’est vraisemblablement pas
prépondérant.
Dans ces
conditions,
pour .on
aurait
Il semble d’ailleurs que les
pièges
causent unegêne
sérieuse à l’accélération desélectrons,
les sul-furespersistants
étantgénéralement
peusensibles;
on est donc conduit à leur attribuer une section
efficaces
quelque
peusupérieure
à celle des centres, pour compenser leur densitéplus
faible :Ces sections efficaces sont 105 ou 106 fois
plus
grandes que
les sections efficaces decapture
d’élec-trons par lespièges :
’