FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1895 — 1896 N° 13.
DU FORMOL
DANS LA
THÈSE
POUR LE DOCTORAT EN
MÉDECINE
Présentée et soutenue publiquement le 15 Novembre 1895
PAR
Gustave-Victor
BOTJFFARD
ÉLÈVE DU SERVICE DE SANTÉ DE LA MARINE Né à Angoulins (Charente-Inférieure),le 22 juillet1872
MM. DEMONS professeur Président
_ . , . . ) BOURSIER professeur
Examinateurs delaThese.. < RIVIÈRE agrégé ( fUaes
BINAUD agrégé
'
Le Candidatrépondra à toutes les questions qui lui seront faites sur les
diverses
parties de l'enseignement médical
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU
MIDI, P. CASSIGNOL
91, RUE PORTE-DIJEAUX, 91
1895
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. PITRES Doyen.
RROEESSEURS M. MICÉ
AZAM Professeurs honoraires
Clinique interne.
Messieurs
PICOT.
PITRES.
nl. • l DEMONS.
Cliniqueexteine
J
LANELONGUE.Pathologie interne DUPUY.
Pathologie et
thérapeutique
générales YERGELY.Thérapeutique ARNOZAN.
Médecineopératoire MASSE.
Cliniqued'accouchements MOUSSOUS.
Anatomie
pathologique
COYNE.Anatomie BOUCHARD.
Anatomie généraleet
Histologie
VIAULT.Physiologie
JOLYET.Hygiène LAYET.
Médecinelégale MORACHE.
Physique
BERGONIE.Chimie BLAREZ.
Histoire naturelle GUILLAUD.
Pharmacie FIGUIER.
Matière médicale de NABIAS
Médecineexpérimentale FERRE.
Clinique
ophtalmologique
BADAL.Clinique des maladies chirurgicales des enfants PIÉCHAUD.
Clinique
gynécologique BOURSIER.AGRÉGÉS EN EXERCICE
MESNARD.
CASSAET.
Pathologie interne etMédecine légale ( AUCHE.
SABRAZÈS.
LE DAN TEC.
SECTION DE MEDECINE
SECTION DE CHIRURGIE ET ACCOUCHEMENTS
Pathologieexterne
YILLAR.
BINAUD.
'(
BRAQUEHAYE.Accouchements ' RIVIÈRE.
) CHAMBRELENT.
SECTION DES SCIENCES ANAT01IIQUES ET PHYSIOLOGIQUES
Anatomie
)
PRINCETEAU.) CANNIEU.
Physiologie
PACHON.Histoire naturelle >
BEILLE.
SECTION DES SCIENCES PHYSIQUES
Physique
SIGALAS.Chimieet Toxicologie DENIGES.
Pharmacie
BARTHE.
COURS COMPLÉMENTAIRES
Clinique int. des enf. MM. MOUSSOUS Cliniquedes maladies
DUBREUILH POUSSON
MOURE
LeSecrétaire cle la Faculté : LEMAIRE.
etsyphilitiques
Cliniq. desmaladies des voies urin.
Mal. dularynx, des oreillesetdunez
Maladiesmentales.... MM. RÉGIS.
Pathologie
externe DENUCE Accouchements RIVIÈREChimie DENIGÈS
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinions émises dans les Thèses qui lui sont présentées, doivent être considérées comme propres à leurs
auteurs et qu'elle n'entend leur donner ni approbationni improbation.
A MON PÈRE ET A MA MÈRE
Faible témoignage de la plus parfaiteaffection.
A MA SŒUR
A MON FRÈRE
ÉTUDIANTEN DROIT
A MES PARENTS ET A MES AMIS
A MES MAITRES DANS LES HOPITAUX
ROCHEFORT-BORDEAUX
A MES CAMARADES
DES CORPS DE SANTÉ DE LA MARINE ET DES CO.LONIES
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR DEMONS
PROFESSEUR DE CLINIQUE CHIRURGICALE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE
BORDEAUX.
OFFICIER DE LA Ll'iGION D'HONNEUR,
OFFICIERDE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIEDE MÉDECINE
i.'} ôflfïir
INTRODUCTION
Depuis quelques années
un nouvelantiseptique, le Formol,
a été
l'objet d'études chimique qui
ontsuffisamment prouvé
son
pouvoir microbicide.
Sespropriétés
ontété appliquées
dans la
thérapeutique oculaire
et mis enévidence
parM.
ledocteur Olivier dans sa thèse
inaugurale.
Le
pouvoir stérilisant du formaldéhyde
aété utilisé égale¬
ment dans la
thérapeutique des voies
urinaires : c'est à M. le docteurLamarque, aide de clinique des maladies
des voiesurinaires,
quel'on doit
lepremier
travailimportant qui
ait paru sur ce
sujet, travail dans lequel
nous avonspuisé les principaux éléments de
notrethèse
et toutesles observationsqui
neportent
pasla mention personnelle.
Après avoir présenté
un aperçurapide des propriétés chimi¬
ques et
bactéricides
du formaldéhyde,
nousindiquons dans quelles conditions
età quelle dose
lepraticien devra employer
cet
antiseptique
: nous montronsquels résultats
nous avons obtenus dans les affectionsblennorrhagiques chez l'homme
et chez lafemme,
etdans
lacystite tuberculeuse;
et nousconcluons en donnant droit d'entrée au formol dans la théra¬
peutique des
organesgénito-urinaires.
Nous ne saurions trop
remercier M. le docteur Lamarque qui
nous aprodigué
sesconseils et
saprécieuse expérience :
nous sommes heureux de lui
exprimer ici toute notre
reconnaissance.
Toute notre
gratitude est acquise à M. le professeur agrégé
Pousson,
qui
abien voulu mettre à notre disposition plusieurs
malades venant à sa consultation de
l'Hôpital Saint-André.
Nous ne voudrions
point oublier notre camarade et ami
M. le docteur
Boyer qui
nous afourni d'utiles renseignements
et des observations recueillies
pendant
sapériode d'internat à l'Hôpital Saint-Jean; qu'il reçoive ici tous
nosremerciements.
Enfin,
queM. le professeur Démons reçoive l'expression de
notre vive
reconnaissance,
pourl'honneur qu'il
nousfait
en
acceptant la présidence de notre thèse inaugurale.
DU FORMOL
Dans la Thérapeutique des organes génito ■ urinaires
CHAPITRE PREMIER
Quelques considérations
surles propriétés chimiques
et
microbicides du Formol.
Laformule
atomique clu formol (hydrure de formyle, aldé¬
hyde méthylique, formaldéhyde) CH2 0
nousmontre
que ce corpsest le résultat de la perte d'une molécule d'eau
par l'acideformique.
Les chimistes l'obtiennent de diverses
façons;
nous ne citerons quela plus pratique
:elle consiste à faire
passer unjet d'alcool méthylique pulvérisé
surdes charbons de
cornuechauffés au rouge.
A
première
vue,c'est
unliquide qui ressemble
un peu au chloroforme : il estincolore, très mobile,
assezréfringent,
très soluble dans
l'eau, mais s'évaporant très facilement. Il
ne s'altère pas
à la lumière et
necorrode
en aucunefaçon les
B. 2
— 10 —
instruments
employés
enchirurgie; il
neprécipite
pasles alcaloïdes,
necoagule
pasl'albumine. On reconnaît facile¬
ment sa
présence
avecles réactifs suivants
:1° La solution de rosaniline
dans l'acide sulfurique est
colorée en rouge
violet
pardes quantités très faibles de for- maldéhyde (réaction d'Aronson).
2° Il se forme un
précipité blanc
avec unesolution
ammo¬niacale de nitrate
d'argent (réaction de Trillat).
Telles sontles
propriétés chimiques du formol;
sesproprié¬
tés
antiseptiques
nousintéressent davantage. D'abord il est
1res soluble et très diffusible dans
les liquides, deux qualités
que
tout bon antiseptique doit posséder. Il est
peutoxique quand
onl'introduit dans
unorganisme
parla voie hypoder¬
mique
:cette toxicité n'est
pasaugmentée quand
ce corpsest
à l'état de vapeur.
L'ingestion d'une quantité de formol
assez considérable est sansdanger (Valude). Cette toxicité si mi¬
nime offre
l'avantage de faire des lavages de larges surfaces dépourvues d'épiderme
sansavoir à redouter les conséquen¬
ces d'une
absorption rapide; aussi, dans
ceslavages
avecla
solution de
formol, emploie-t-on des doses
quel'on
nepeut
pas
rigoureusement définir.
Le
pouvoir microbicidc du formol fut démontré
parTrillat
en 1888
qui rendit de l'urine imputrescible
en yajoutant
une certainequantité de formaldéhyde.
Son action
antiseptique fut étudiée
parAronson
en1891, et
l'année suivante
Duclaux
etPoitevin signalaient
sonpouvoir
antifermentescible.
Plus
tard, l'étude de
sespropriétés devait être reprise et approfondie
parMM. Valude et Mariot. Tout d'abord, Trillat
démontrait que
la décomposition du bouillon était ralentie
par une
dose de 1/50000 de formaldéhyde, et était nulle à la
dose de
1/25000, tandis
queles bouillons additionnés de
— 11 —
pareilles quantités de bichlorure de
mercureétaiei posés
envingt-quatre heures. Avec
unbouillon 1/30000 du produit expérimenté, l'évolution des ba
vaires est arrêtée.
Il stérilise des eaux
d'égout
avec unedose de formol égale
à
1/20000.
PourM.
Valude, il suffirait de 16 milligrammes d'aldéhyde formique
pourempêcher la culture des microbes dans
un litre de bouillon de viande.Aronson
place à l'étuve pendant
unesemaine dans des
tubes àessai ouverts 15 c. c. de bouillon de culture en môme
temps
que15
c. c.d'urine additionnés de 0,02 centigrammes
de
formaldéhyde
: cestubes restent clairs,
ne sedécompo¬
sent pas,
tandis qu'au bout de quelques jours des tubes
témoins étaient
déjà fortement troublés et présentaient
un richedéveloppement de bactéries.
D'autres
expériences faites
parle même auteur
surle
bacille
typhique, le bacille du charbon et le staphylococcus
pyogenes
prouvèrent la très grande puissance microbicide de
de cet
antiseptique.
M.
Mariot, reprenant
cesexpériences, confirma les résultats
obtenus par
cet auteur.
D'après M. Màriot il suffit d'une proportion infime 1/50000 d'aldéhyde formique dans
unbouillon
pour quecelui-ci soit
stérilisé au moins
pendant quarante-huit heures après l'addi¬
tion de
l'agent étudié.
MM. Trillat et Berlioz démontrèrent que
les
vapeursd'al¬
déhyde formique étaient rapidement absorbées des solutions
par
les tissus organiques, qu'elles possédaient des propriétés
stérilisantes incontestables.
De ce court aperçu sur
les propriétés du formol
nous pou¬vonsconclure que ce corps,
à l'état de solution
oude
vapeur,— 12 —
est très
microbicide, qu'il n'est
pastoxique, qu'il n'est pas
caustique.
Tels sont les
avantages de l'aldéhyde formique, avantages
que
le laboratoire a mis en lumière et que la thérapeutique
oculaire à
déjà confirmés. Et si MM. Yalude, Gepner, Olivier
ont obtenus
des résultats
trèsencourageants dans les affec¬
tions
suppurées des voies lacrymales, nous espérons, en ajoutant plusieurs observations personnelles au travail impor¬
tant de M. le docteur
Lamarque, convaincre notre lecteur,
que
l'aldéhyde formique est aussi un antiseptique puissant,
ayant
uneaction énergique sur le gonocoque, le bacille de
Koch et les autres
agents des suppurations vésicales.
CHAPITRE II
Mode d'emploi du Formol dans les organes génito-urinaires
Le formol n'a pu
être obtenu pur; il se trouve dissous
dans de
l'alcool méthylique
enune solution qui ne peut dépasser 40 0/0, car à dose plus élevée une réaction nouvelle
intervient
qui détruit et transforme l'aldéhyde formique.
Nous considérerons
donc
commesolution normale de for¬
mol,
et nousprendrons
commetype la solution A. 40 0/0 que
fournitla
pharmacie centrale de France.
Lorsque
nousdirons
quenous avons usé d'une solution
au
1/100,
nousvoudrons dire que nous avons mis dans
100 grammes
d'eau 1 gramme de la solution normale à 40 0/0
soit donc 0 gr.
40 de formol
pur, cequi fait une solution de
formol au
1/250.
Comme
j'ai déjà dit
auchapitre précédent le formol peut
s'employer soit à l'état de
vapeurssoit
ensolution. Nous
devons de
prime abord rejeter l'emploi du formol
en vapeurs dans l'urèthre ou lavessie,
cequi aurait été impossible
oudu
moins d'une
application très difficile
;et
nousdevons avoir
recours aux solutions.
En solution on
emploiera le formol de deux façons
: en instillation ou enlavage. Il
nesemble
pas,dit M. le docteur Lamarque qu'il
yait indication dans certain
cas pourle lavage, et indication dans d'autres
cas pourl'instillation
:non,
il n'est
pasnécessaire de créer deux
groupesde mala¬
dies, les
unes setraitant
parles instillations, les autres
par leslavages
:laissons donc à la libre volonté du médecin d'employer le formol
enlavage
ou ensolution. Qu'il tâte la susceptibilité de
sonmalade à la douleur. Et si celle-ci
est très vive et difficile àsupporter après
unlavage, qu'il essaie
les instillations
qui parfois sont moins douloureuses.
Puisque
noustouchons ici à l'élément douleur,
recomman¬dons au
praticien l'antipyrine
comme unexcellent calmant
d'une
vessie,
oud'un canal de l'urèthre, douloureusement impressionné
parle formaldéhyde.
Le formol
ayant des propriétés irritantes très grandes, il
faut
agir prudemment,
encommençant
pardes solutions très
faibles. Enprocédant ainsi M. le docteur Lamarque
aétabli
les doses que
l'on pouvait
sansdanger injecter dans des
organes
aussi sensibles
quela vessie et le canal de l'urèthre.
Il a été ainsi conduit à
employer chez certains malades la
méthode des
lavages
avec unesolution de formol
au1/500,
chez
d'autres, c'est
auxinstillations qu'il
a eu recours avecune solution au
1/100
;suivant le degré de tolérance des
malades il instillait de X à XXV
gouttes.
Les
lavages
sefont
commeles lavages
aupermanganate
dépotasse; les instillations ressemblent
en toutpoint
auxinstillations au
nitrate d'argent, et
sefont avec
undis¬
tillateur
Guyon.
Chez
les malades atteints de blennorrhagie aiguë,
nousavons
fait le plus souvent des instillations
:la première était généralement de XV gouttes; puis, après avoir tâté la sus¬
ceptibilité de nos malades à la douleur, nous augmentions
ou nous
diminuions la dose dans les séances suivantes
: nous arrêtionsla sonde de l'instillateur Guyon
auniveau du collet
du
bulbe,
nouslaissions tomber environ Y gouttes, puis en
retirant notreinstrument,
nousinstillions quelques gouttes
de 2 centimètres en
2 centimètres dans l'urèthre antérieur.
Dans les
uréthro-cystites
nouscommençons par X gouttes
pour
atteindre rapidement la dose de XXX gouttes, si toute¬
fois l'instillation
n'est
pastrop douloureuse
:nous laissons
tomber deX à XV
gouttes
aucol de la vessie, et nous espa¬
çons
le reste dans toute l'étendue du canal de l'urèthre.
Dans la
cystite tuberculeuse, la muqueuse vésicale reçoit
de X à XV
gouttes de la solution, et le col le reste de
l'instillation.
Dans la
métrite blennorrhagique du col, le formol fut employé
encautérisation. Avec un pinceau imprégné d'une
solution
de formol
au1/30
oncautérise la cavité du col et le
tour du col.
Mais ayant observé une desquamation abondante
du museau de
tanche, caractérisée
pardes pellicules blanchâ¬
tres, et
les malades
entraitement s'étant plaint de violentes
douleurs
de
ventre,la solution fut dédoublée et employée
.par
la suite au 1/60.
Avant de faire
les cautérisations
onnettoie les culs-de-sac
avec des
tampons de ouate phéniquée. A ce traitement par les
cautérisations
onajoutait les lavages au sublimé et les tam¬
pons
imprégnés de poudre d'iodoforme.
En résumé,
quand
unpraticien voudra se servir du formol
WBË
I
- 16 —
dans les organes
génito-urinaires, il devra employer chez
l'homme :
1° Les instillations : X
à
XXXgouttes d'une solution
au
îjîOO;
2° Les
lavages
avec unesolution
au1/500.
Chez la femme :
3° Les cautérisations avec une
solution
au1/60.
CHAPITRE III
Le Formol dans les affections blennorrhagiques
Les
antiseptiques dont l'action
est trèsefficace
sur unemuqueuse
uréthrale
ouvaginale farcie de
gonocoquessont
encore
aujourd'hui
ennombre
assezrestreint.
Lachimie
nous en a fait connaître un
grand nombre
:mais il
y ena bien peu
dont le pouvoir microbicide vis-à-vis du
gonoco¬que
soit bien établi
:depuis quelques années
on abeaucoup
vanté le
permanganate de potasse
: nous ne contestons pas que cesoit
unexcellent antiseptique,
unbactéricide
éner¬gique
:mais il
adonné,
commele nitrate d'argent et bien d'autres,
à côtéde brillants
et nombreux résultats favora¬bles, des insuccès
quel'on
nepeut omettre.
Nous montrerons que nous sommes
loin de
penser quenous avons rencontré dans le formol un meilleur microbi¬
cide que
le permanganate de potasse,
unvéritable agent
destructeur du gonocoque :mais
nousvoulons ajouter à la
liste un nouvel
antiseptique auquel le praticien
pourraavoir
recours avec succès,
s'il
aéchoué
avec lepermanganate de potasse
oule nitrate d'argent.
Je crois donc que
le traitement spécifique des affections
B. 3
— 18 —
blennorrhagiques des
organesgénito-urinaires est
encoreà
trouver, etqu'il faut être éclectique ici plus
quepartout
ailleurs.
Nous avons rassemblé ou recueilli les observations des malades
qui ont été soignés
sous nos yeux, nous y avonsajouté les observations publiées dernièrement
parM. le doc¬
teur
Lamarque.
Elles ont trait à
l'uréthrite, la cystite et la métrite blennor- rhagique. Ces quelques observations, malheureusement
peunombreuses,
nouspermettront, je crois, d'émettre
unavis
sur la valeur
thérapeutique du formol dans les
organesgénito-urinaires.
Dans l'uréthrite
blennorrhagique aiguë,
surcinq malades traités, trois ont été rapidement guéris
:à noter cependant
que
l'un de
cestrois
a vusurvenir après
sablennorrhagie guérie,
unecystite
: unquatrième, amélioré d'abord, n'a plus
vu aubout de quelque temps de changement apprécia¬
ble,
ce qui aamené M. le docteur Lamarque à abandonner
le formol pour
avoir
recours aunitrate d'argent, dont l'action
aété
favorable; enfin
uncinquième n'a
pusupporter les
instillations de formol
qui déterminaient chez lui, outre
une vivedouleur,
unetrès grande réaction inflammatoire. Les
instillations de nitrate
d'argent, essayées auparavant,
n'avaient pas
davantage été tolérées et étaient aussi très
douloureuses.Dans l'uréthrite
blennorrhagique chronique,
nous avons observéquatre malades et constaté
uneguérison rapide,
une amélioration très
grande qui s'accentue tous les jours (le malade
aété
vuà la consultation le 30 octobre,
l'amélioration
persiste),
uninsuccès (intolérance de l'urèthre
au
formol), enfin chez
unquatrième malade, qui n'est
entraitement
quedepuis le 23 octobre, l'état reste stationnaire;
— 19 —
le formol n'a
agi
que surles mictions dont il
adiminué la fréquence.
Un écoulement
blennorrhagique, tant aigu
quechronique,
peut donc être amélioré
parle formol
:mais il est bon de
faire ressortir que
cet antiseptique,
enlavage
comme eninstillation, occasionne chez
les malades entraitement,
une douleur trèsviolente, qui, il est vrai,
nedure
quequelques
minutes. Malheureusement on
peut rencontrer parfois des
malades dont la muqueuse
uréthrale est tellement sensible, qu'ils
nepeuvent supporter le formol
: onest alors obligé
d'abandonnerle traitement.
Le malade
qui fait le sujet de l'Observation V n'a
pu sup¬porter le formol qui déterminait
uneinflammation trop
intense ;
mais
remarquons quele nitrate d'argent employé
auparavant n'était dans
ce casguère mieux toléré. 11
nousparaît bon de faire
remarquerqu'un autre malade (Obs. VII)
s'est trouvé très amélioré
après l'emploi du formol, tandis
que
chez lui le nitrate d'argent avait
eu uneaction négative.
Dans
l'uréthro-cystiteetia cystite blennorrhagique le formol
semble être mieux
supporté
parles malades
quedans les
affections de l'urèthre antérieur :
cependant l'injection paraît parfois être très douloureuse
;il
estvrai
quecette
sensibilité excessive existe aussi pourles autres antisepti¬
ques,
nitrate d'argent et sublimé.
Les
uréthro-cystites ont fourni à M. le docteur Lamarque
uncas de
guérison rapide
parles instillations,
et un casd'amé¬
lioration très
grande
parles lavages, alors
quele nitrate d'argent employé depuis longtemps n'amenait
aucunemodi¬
fication et
déterminait
une réaction douloureuseplus forte et plus longue.
Nous avons été assez heureux pour
observer nous-même
les effets du formol sur un malade atteintd'uréthro-cystite qui
— 20 -
venaitse faire
soigner à la clinique depuis 1889. On avait
institué tous les traitements
jugés efficaces clans cette maladie (Observation XII), instillation d'huile iocloformée, de nitrate d'argent,
sansobtenir
aucuneamélioration, lorsque M. le
docteur
La-marque eut l'heureuse idée d'essayer dans
ce cas les instillations de formol. L'Observation XII montre que, dans untemps
assezrestreint, deux mois, l'amélioration fut si grande
etsi rapide
quele malade
seconsidérait lui-même
comme
guéri. Dans
ce casaussi les instillations de for¬
mol furent mieux
supportées et
reconnues parle malade
moins douloureuses que
les instillations de nitrate d'argent
:la douleur assez vive ne durait que
cinq minutes, tandis
que celle due au nitrated'argent persistait pendant
unedemi-
heure.
Les résultats fournis par
le formol dans le traitement des cystitesblennorrhagiquesont été beaucoup moins favorables
:eu
effet,
sursix malades deux seulement
ont étéaméliorés
; untroisième, chez qui l'amélioration
aété très lente, s'est
vu
soulagé rapidement, à la suite d'instillation de nitrate d'argent, et enfin trois insuccès
;il est vrai
que cestrois der¬
niers malades furent aussi rebelles aux
lavages
ausublimé,
et aux instillations de nitrate
d'argent.
M.
Boyer, interne de l'hôpital Saint-Jean, eut l'idée d'es¬
sayer
le formol clans lesmétrites du col
etles vaginites blen- norrhagiques
; nousn'avons
pu nous procurer quequatre
observationscomplètes
; nous savons quele nombre de
malades traités par
le procédé indiqué plus haut
aété
assez considérable. Tandis quechez certains malades le résultat
fut
négatif,
onvit chez d'autres l'écoulement diminuer rapi¬
dement, perdre
sacoloration verdâtre
pourdevenir bientôt jaunâtre, moins purulent, puis séreux. Le formol avait
rem¬placé dans la métrite du col et les vaginites, les cautérisations
— 21 -
au chlorure de zinc. Les
phénomènes d'inflammation dimi¬
nuaient
rapidement, le col devenait moins saignant, moins fongueux.
En résumé l'amélioration était
plus rapide qu'à la suite de l'emploi de chlorure de zinc; malheureusement les cautérisa¬
tions de formol n'avaient pas un
effet heureux
surtoutes les
malades en traitement et le nombre de ces dernières est encore
trop grand
pour que nousvantions l'emploi du formol
dans les métrites et
vaginites blennorrhagiques.
JL° WJrélhrite
hlenii&yvEMigîque\
Observation I
XJréthrîte
blennorrhagique aigu"'.
—Lavages, guis instillations
Guérison
rapide.
M. M...,
vingt-sept
ans. —Blennorrhagie
datant d'un mois. Ecoule¬ment abondant. Douleurs modérées. Traitement par les lavages ait formol au 1/500 pratiquéscomme ceux que l'onfait avec le perman¬
ganatedepotasse. Dès le troisième lavage, l'écoulement a considéra¬
blementdiminué; il est plus séreux. Le malade urine moins souvent et avecplus de facilité. Légère cuisson en urinant. Les lavages sont
remplacés
par des instillations au 1 100 à la dose de XX gouttes. Au bout d'un mois, après huit instillations, le malade seconsidère commeguéri.
Plusd'écoulement.
Pas de filaments.Observation II
(personnelle).
Urétlirite
blennorrhagique aiguë.
—Cystite tuberculeuse.
—Amélioration très notable avecles instillations.
M..., dix-neufans,
employé
de commerce, seprésente
le24 juillet
1895 atteint d'une
blennorrliagie
aiguë. Cetteblennorrliagie
estvenuecompliquerune cystitetuberculeuse pour laquelle ce malade avait
été soigné
ily adeuxans.A la suite d'instillationsd'iodoforme, desublimé,tous les symptômes s'étaient amendés, une partie même avait dis¬
paru; aussi
après
trois mois de traitement ce malade seconsidéraitcomme guéri.
On constate actuellement une
blennorrliagie aiguë
datant dequinze
jours : La vessie est douloureuse; les mictions sontfréquentes,
reve¬nant toutes les vingt minutes et trois ou quatre fois la nuit; les urines sont troubles. On fait, séance tenante, une instillation de for¬
mol au 1/100; elle occasionne unevive douleur qui persiste pendant
un quart d'heure.
Le lendemain le maladeaccuse uriner moins souvent: il trouveune
légère
amélioration dans son état.29
juillet.
— Le malade dit souffrir un peu moins, il reste parfoisdeux à trois heures sans uriner; ne se lève qu'une à deux fois la nuit.
Mêmes troubles. La miction est douloureuse, mais l'écoulement a notablement diminué. L'instillation estaussi douloureuse.
31juillet. —Instillation. Etat stationnaire.
5 août. — La douleur à la miction est très atténuée. Le malade urine une fois lanuit, et lejour toutes les deux heures. L'écoulement
a presque disparu. L'instillation est moins douloureuse que les
précé¬
dentes.
— 23 —
Cemalade se considérant comme
guéri
de sablennorrliagie aiguë,
maladie qui l'ennuyait plus que sa cystite, cesse de
revenir à
la con¬sultation.
Observation III
(personnelle).
Blennorrliagie aiguë.
—Instillations.
—Guéris
onrapide.
G-..., cinquante-trois ans,
mécanicien, vient le 16 octobre à la
consultation de M. le professeur Pousson, pour une
uréthrite blen-
norrhagiqueaiguë
dontle début remonte à quatre jours. On constate
que les
mictions
sontdouloureuses,
quel'écoulement
assezabondant
estjaune-verdâtre; ce malade urine toutes les trois heures, se
lève
trois à quatre fois la nuit.
On lui fait une instillation de formol, XVgouttes: elle
détermine
une douleur cuisante qui dure huit minutes.
21 octobre. — Diminution de l'écoulement. Elancement dans la partie
balanique de l'urèthre; inflammation du méat. Les douleurs à
la miction sonttrès atténuées; l'écoulement est moins abondant et moins
purulent.
Onfait
unenouvelle instillation (XX gouttes), qui
est moins douloureuse que la
précédente.
23 octobre. — Diminution très notable de l'écoulement, à peine quelques gouttes.
La douleur à la miction persiste.
28octobre. —L'écoulement a totalement disparu, mais le malade
accuseune douleurtrès violente à la miction; il urine très souvent, tous les quarts
d'heure. Ses urines ont été troubles pendant deux
jours; aujourd'huielles
sontclaires;
pasd'hématurie. Il
estévident
qu'unecystite aiguë est
venuechez
cemalade
segreffer
sur sablen¬
norrliagie.
On fait une instillation (XV gouttes dans la vessie, VI. gouttes dans l'urèthre): elle
détermine
unetrès vive douleur qui persiste
pendantune demi-heure.
— 24 —
30 octobre. —L'arrêt de l'écoulement persiste. Autrement
état
stationnaire. Instillation très douloureuse.
4 novembre. — Diminution dans la
fréquence
des mictions.Lemalade n'urine quetoutes les heures :il souffre beaucoup
moins
en urinant.
Instillation
(XII gouttes) très douloureuse.
Observation IV.
Uréthrite
blennorrhagique aiguë.
—Instillation.
—Amélioration
lente,
puis stationnaire.
—Guérison
parle nitrate d'argent.
E..., trente et un ans.
Blennorrhagie aiguë venant
segreffer
surune uréthrite chronique
papillomateuse
avecrétrécissement qui avait
été dilaté
quelque temps auparavant. Après
unequinzaine de jours et
lorsquela période inflammatoire est passée,
onfait des instillations
de formol au
1/100, deux fois
parsemaine. Dans l'intervalle, le
ma¬lade se fait lui-même, matin et soir, une injection au
1/500. Les ins¬
tillations sont assez douloureuses pendant
quelques instants. Les
injectionsdéterminent aussi
unevive cuisson
; aubout de trois semai¬
nes, l'écoulement a beaucoup
diminué,
il estplus clair. Puis, il
restestationnaire. On laisse le formol pour employer le
nitrate
d'argentau
1/40; l'amélioration est sensible dès les premières instillations, et
au bout d'un mois, l'écoulement a
complètement cessé. Quelques
fila¬ments subsistent encore dans l'urine,
qui
diminuent dejour
enjour.
Observation V
Uréthrite
blennorrhagique aiguë.—Instillations très douloureuses
ne
pouvant être supportées.
J..., trente ans. Blennorrhagie datant de
quinze
jours. Instillations- 25 —
de nitrate
d'argent
très mal supportées, semblent augmenterl'écou¬
lement. Les instillations de formol au
1/100
essayées alors paraissentêtre encore plus douloureuses que celles du nitrate
d'argent
et doiventêtre suspendues.
Observation VI
Uréthrite
blennorrhagique chronique.
— Instillation.Guérison
rapide.
M..., trente-deux ans. Ecoulement à la suite d'une blennorrhagie aiguë datant de quatre mois et compliquée d'orchite double, guérie
maintenant. Les instillations de formol à la dose de X gouttes, de la solution au 1/100 sont d'abord très douloureuses. La douleur dure
une heure environ. A la suite de la quatrième, peu douloureuse, l'écoulement disparait à sontour, et au bout d'un mois le malade se
prétend
guéri.
Pas de douleursen urinant. Pas d'écoulement. Cepen¬dant quelques filaments ténus dans l'urine.
ObservationYII
Uréthrite
blennorrhagique chronique
antérieure. —Instillation.Amélioration trèsnotable.
G..., quarante ans, goutte militaire remontant à quinze ans. A fré¬
quenté la
Clinique
pendant une année durant laquelle on lui a faitrégulièrement
des instillationsde nitrated'argent.
Est resté pendant sept mois sans venir ; l'écoulement ade nouveau augmenté. Instilla-B. 4
— 26 -
tions de formol
depuis
cinq mois(solution
au1/100, XXXgouttes)
presque pas douloureuses. Amélioration très manifeste;
aujourd'hui
il n'y aplus qu'un légersuintement liyalin;
quelques
filamentsencore dans l'urine. Le traitement continue.Nous revoyons ce malade le 30 octobre : l'amélioration
persiste
;plus de suintement, mais
quelques
filaments dans l'urine.ObservationVIII
TJréthrite
blennorrhagique chronique.
—Instillation.Intolérance de Vurèthre.
G..., dix-neuf ans.
Léger
écoulement matinal depuis une blennor- rhagie datant decinq
mois. L'exploration du canal décèle plusieursressauts. Après six instillations de formol au 1 100 (XV gouttes) il dit sentir plus de brûlures et d'irritation,et
prétend
que l'écoulementestplus abondant. Gesse de venir à la consultation.
ObservationIX
(personnelle).
Uréthrite
blennorrhagique chronique.
—Instillation. — Aucune amélioration.L...,
vingt
ans, tonnelier, seprésente
le 23 octobre à laGlinique
pour
blennorrhagie
chronique.Lapériode aiguë
remonte à huit mois.Aujourd'hui
on constate unléger écoulement,
sans douleur à la miction.— 27 -
L'urine estclaire, elle contient des filaments. Les mictions sont
assez
fréquentes;
le malade urinetoutes les heures. On faitune instilla¬tion, XX gouttes de formol, au col de la vessie, à l'urèthre
postérieur
et antérieur : (21e ne détermine qu'une
légère réaction
douloureuse.28 Octobre. — Mictions moins fréquentes, toutes les trois heures, écoulement reste le même : urine conserve les mêmes caractères.
Instillations XX gouttes.
30 Octobre. — Malade n'urine plus que trois fois par jour. Urine
très claire mais contenant de nombreux filaments. Etat stationnaire.
3°
fJréthrocystite et cystite b tenu
on*h
ayi
queObservation X
Uréthrocystite blennorrhagique.
—Instillation
Guérison
rapide.
B..., 35 ans. Depuis une
blennorrhagie
remontant à dix ans, atoujours ressenti unecertaine brûlure en urinant. Depuis quelque temps cette douleur en urinant augmente, les besoins d'uriner sont plus fréquents
(toutes
les demi-heureslejour, quinze à dix-liuit fois lanuit).
On fait des instillations de formol au 1/100 en commençant par X gouttes pour arriver bientôt à XXX. Douloureuses audébut, elles sontbientôt bien tolérées. L'amélioration seproduit très vite; au bout de deux mois l'urine est claire, les douleurs sont presque nulles; le malade urine toutes les deux heures lejour,ne se lève qu'une fois la nuit. Il se considère commeguéri; à peine trouve-
t-on quelques fins filaments dans l'urine.
— 28 —
Observation XI
Uréthrocystite blennorrhagique chronique.
-Lavages
Amélioration très sensible.
B... 34 ans. A eu toujours quelques gouttes matinales
depuis
uneblennorrhagie
contractéeen 1879. Vient à laClinique
en avril 1889, seplaignant
d'urinerdepuis
quelques mois plus souventqu'auparavant(toutes
les deux heures lejour deux fois lanuit).
Souffre à la fin de la miction. Urines troubles. On lait des instillations denitrated'argent
quiamènent
une certaine amélioration.En 1893, revient une apparition de la cystite; il urine toutes les heures lejour et la nuit: l'urineesttrès trouble, les douleursintenses.
Instillations de nitrate
d'argent
pendant toute l'année 1894.Amélioration au début
puis état
stationnaire; l'urine reste trouble la miction est toujours douloureuse surtout à la fin. On remplacesansavantage les instillations par des
lavages
au1/500.
Essai du
formol
enlavages
au1/500.
— Dès les premiers lavages qui ne sont pas douloureux, amélioration notable. La douleur est encoreforte. Les mictions moinsfréquentes
; l'urine s'éclaircit. Au bout detrois mois, l'améliorationest très grande; l'urine est presque claire; le maladene selève presquejamais la nuit : il reste ordinaire¬ment trois heures lejour sans uriner.
Observation XII
(personnelle).
Uréthrocystite blennorrhagique.
—Instillations.
— Trèsgrande
amélioration.
D..., trente-huitans, tonnelier, est
soigné depuis
le 10février 1888,— 29 —
pour une
uréthrocystite blennorrliagique
dont ledébut
remonte au 25 décembre 1887. On constata alors chez le malade des urines très troubles sans hématurie, et la miction trèsfréquente
: on fitdes lava¬ges de la vessie avec unesolution
boriquée
à 40/1000, des instillationsde nitrate d'argent au
1/30
: deux séances parsemaine.Deux mois
après
sonarrivée
à laClinique,
le malade constata unelégère amélioration
dans son état : urines moins troubles, miction moinsfréquente.
Les 17 et 22 octobre on fit des instillations d'huile iodoformée, XX gouttes; l'état des urines, qui
étaient
redevenues troubles, fut amélioré.7novembre. — Urines redevenues aussi
chargées
qu'audébut.
On continue les instillations (XXXgouttes.,)19 novembre. — Même état. Oncesse les instillations d'huile iodo¬
formée et on fait deslavages avecsolutionde nitrate d'argentau1/500.
10 décembre. — Urines toujours troubles.
3mars 1889. — Toujours même état. Le malade
n'éprouve
aucune douleur : mais les urines sont trèschargées,
et les envies d'urinerencore très
fréquentes. État général
très bon. On est revenu auxlavages d'eau boriquée et aux instillations intra-vésicales de nitrate
d'argent.
27juillet. - Urines toujours troubles. On continue le mêmetraite¬
ment. L'état de ce malade persiste ainsi plusieurs annéessans aucune amélioration : il revient à la
Clinique
le8
mai 1895. Il urine très sou¬vent, quinze fois envingt-quatre heures; il accuse une sensation de brûlure à la miction. Rien à la prostate, canal très souple : on fait
une instillation de nitrate d'argent qui est très douloureuse. Pendant quelques mois on continue ces instillations qui ne donne aucune amélioration dans l'état de cemalade. On essaie la santaline Méfiant
quine procure qu'un
léger
soulagement.C'est alors que M. le docteur Lamarque essaie sur ce malade des instillations de formol qui fournissent rapidement une amélioration
très accusée.
— 30 —
La
première instillation
est laite le 2 septembre àla dose de XVgout¬tes : elle est très douloureuse, mais c'est une douleur
passagère
quidisparaît
aubout decinq
minutes.Du 4 au11
septembre.
— Nouvelles instillations moins douloureu¬ses. Le malade qui souffrait du bas-ventre ne s'en plaint plus; il ne souffre qu'enurinant; les urines sont plus claires, elles contiennent
quelques
filaments.2octobre. — L'amélioration continue. Urines claires se troublant par instant. Instillation.
4 et 7 octobre. — Instillation XX gouttes, peu douloureuse.
14 octobre. —Etat stationnaire. Urines devenues très claires; mic¬
tions moins
fréquentes
maislégèrement
douloureuses.16 octobre. — Douleur à la miction trèsatténuée.
21octobre. —Amélioration persiste. Urine claire. Nombre de mic¬
tions diminuées de moitié.
22 octobre. —Ce malade se considère comme
guéri;
il ne souffre plus en urinant; il n'a uriné qu'une fois dans la matinée; les urinessont très claires.
28 octobre. — L'amélioration continue : à noter cependant qu'une
légère
douleur à la miction a reparu.4 novembre. —Diminution de la douleuren urinant. Cette douleur
ne se fait sentir qu'à la fin delamiction, auxdernières gouttes d'urine.
Instillation.
Observation XIII
Cystite blennorrhagique chronique.
— Instillations. — Amélio¬ration. —Le malade cessede
fréquenter
laClinique.
F...,
vingt-sept
ans,blennorrhagie
il y a quatre ans, pendant laquelle il abeaucoup
souffert en urinant; les mictions deviennent deplus enplus
fréquentes;
toutes les demi-heures le jour,dix-sept
foislanuit. L'urine contient du sang. Instillations de formol pendant
deux mois, très douloureuses pendant dix minutes. La
fréquence
desmictions a diminué de moitié; la douleur est considérablement amoindrie,
puis
le malade cesse de venir se faire soigner.Observation XIY
Cystite blennorrhagique aiguë.
—Amélioration
peumarquée portant seulement
surla diminution de la douleur.
— Guérison parles instillations de nitrate d'argent.
P..., trente-deux ans, blennorrhagie
aiguë
remontant à deux mois et demi. Depuis quinze jours, urine très souvent et souffre en uri¬nant. L'urine est trouble et contient du sang. Urine toutes les demi- heures lejour, douzefois en moyenne la nuit. Les instillations de XY à XX gouttes de formol au 1/100 ne diminuent pas la
fréquence
desmictions. Cependant le malade dit nettement qu'il souffre moins. Ces instillations, très douloureuses au début, le sont moins ensuite et arrivent à être très facilement
supportées.
L'urinene s'éclaircissant pas, les besoins étant presque aussi fré¬
quents, on abandonne le formol pour employer le nitrate d'argent, qui, bien moins douloureux, amène rapidementune très grande amé¬
lioration et la
guérison
complète.Observation XV
Cystite blennorrhagique chronique.
—Amélioration,puis
récidivependant le traitement.
P..., vingt-trois ans. A la suite d'une
blennorrhagie
datant d'un mois, cystite desplus
intenses. Urines troubles, contenant du sangà
- 32 —
la finde la miction. Urine
quarante-cinq fois dans les vingt-quatre
heures
(trente fois le jour, quinze fois la nuit).
Les instillations de nitrate d'argent
faites pendant quelques jours
diminuentun peu
la fréquence des mictions; mais les douleurs sont
augmentées. L'urine est extrêment trouble, purulente et contient du
sang.
Le formol est
essayé
eninstillations (X gouttes de solution au 1/100). Les instillations sont extrêmement douloureuses, mais pen¬
dant cinq
minutes seulement. Au bout d'un mois on constate une
certaineamélioration. Le malade
souffre moins
;il n'urine plus que
deux ou troisfois la nuit, il est
même resté deux nuits
sansuriner.
L'urineest notablement plus
claire. L'instillation est toujours dou¬
loureuse
pendant quelques minutes.
Puis,
brusquement, l'urine redevient plus trouble, les envies d'uri¬
nersontdenouveau très
fréquentes (douze à quinze fois dans les vingt-quatre heures) et le malade souffre davantage. On essaie les
lavages au
nitrate d'argent
au1/500 sans résultat, puis, après échec
dela
potion de Ghopart
ondonne du santal à très haute dose qui
amène une amélioration
très marquée, qui décide le malade à cesser
troptôt de fréquenter la Clinique.
Observation XVI
Cystite blennorrhagique aiguë.
—Aucune amélioration. — Du
reste,
échec de tous les traitements locaux ou généraux.
B..., trente-cinqans.
A la suite d'une blennorrliagie datant de trois
mois etcoïncidant avec la
cessation de l'écoulement, envies fréquen¬
tes d'uriner surtout la
nuit (jusqu'à 60 fois). Douleurs vives. Urines
troubles,
contenant de petits caillots sanguins.
Aucuneamélioration au bout de
cinq
mois, ni par leslavages,
nipar les instillations de nitrate d'argent.
Le formol eninstillations, à la dose de XX àXXVgouttes de solu¬
tion au 1/100 estessayé. Les instillations sont à peine douloureuses.
Au bout d'un mois, aucun changement. L'urine esttoujours aussi trouble, contient du sang. Le malade souffre toujours autant.
La potion de Chopart donnée alors n'amène aucun résultat. On revient aussi sans succèsau nitrate
d'argent.
Observation XVII
Cystite blennorrli agi
quechronique.
—Lavages.
Pas d'amélioration.
D..., quarante-cinq ans. Depuis une
blennorrhagie
datant de 1892,a eu quinzemois après unecystite. Urines troubles faisant un
dépôt
blanchâtre. Urine
fréquemment
(toutes lesheures)
sans souffrir cependantbeaucoup.
Exploration du canal et de la vessienégative.
Après
quelques instillationsde sublimén'ayant amenéaucun résul¬tat
appréciable,
on a eu recours auxinstillations,
puis auxlavages
denitrate d'argentcontinués pendant plus d'un an.
Après
s'êtreéclaircie d'une façon notable, l'urinereste encore trouble et laissedéposer
du pus en quantitéassez grande. Depuis six mois, pasde modification.Essai des lavages avec une solution de formol au 1/500 continués pendant trois mois sans amener de
changement
appréciable. Le malade trouve que ces lavages sont moins douloureux que ceux faitsavec le nitrate
d'argent.
Observation XVIII
(personnelle)
Cystite blennorrliagique.
— Instillation. — Amélioration notable.G..., vingt-trois
ans, remouleur, vient le 9 juin 1895 pour cystiteB. 5
blennorrhagique.
Ce malade
a eu uneblennorrliagie il y a quatre ans qui
secompliqua de cystite avec hématurie : il n'a jamais été bien
guéri de
sonurétlirite
:il
aété atteint d'une nouvelle blennorrliagie
aiguë
il
yaquatre
oucinq mois. Depuis deux mois il souffre à la fin
de la miction, il urine
deux fois la nuit; urines très louches. On fait
des instillations de nitrate d'argent
qui sont très douloureuses et
amènent peu
d'amélioration.
Le21 octobre le malade revient
à
laconsultation
:il urine toutes
les trois heures lejour, une
fois la nuit
:les urines sont troubles : on
fait une instillation de formol,
XX gouttes, qui est très
peudoulou¬
reuse : durée de la douleurdix
minutes.
28 octobre. — Etat des urines
est très amélioré
:elles
nesont plus
que
légèrement louches. Elles contiennent quelques filaments. La
miction conserve les mêmes
caractères. Instillation, XY gouttes, peu
douloureuse.
30 octobre. — Etat des
urines est le même
:mais les mictions sont
moins
fréquentes trois fois
parjour. La douleur à la fin de la miction
persiste. Instillation, XXX gouttes.
3° MMétrites et
vaginites btennorrhagiques
Observation XIX (Boyer)
Métrite
aiguë blennorrhagique. —Cautérisations.
—Amélioration
rapide.
G...,
vingt-deux
ans,entre à l'hôpital Saint-Jean le 6 janvier 1895
pour un
écoulement. C'est
unemalade qui n'a pas eu de grossesse
antérieure, et qui a