FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DEPHARMACIE
DEBORDEAUX
ANNÉE 1894-1895 N° 6.
DU
FORMOL
EN
Thérapeutique Oculaire
THESE
POUR LE
DOCTORAT
ENMÉDECINE
Présentéeet soutenue publiquement le 16 novembre 1894
'Àv
Léon-Jules
' •OLIVIER
'//
I "f-L"
ELEVE DU SERVICEDESANTE DELAMARINE —" Vv>vX Né à Rochefort
(Charente-Inférieure)
le ier Marsi87^V-\
MM. BADAL professeur, Président Examinateurs de laThèse..
}
nruuprnDUDKhUlLHn agregeProtesseur»
J\ hio-pc V1LLAK agrégé
j J *
Le Candidat répondra àtoutes les questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'enseignement médical
BORDEAUX
IMPRIMERIE
DOMIDI, P.
CASSIGNOL91, EUE PORTE-DIJEAUX, 91
1894
FACULTE BE MEDECINE ET BE PHARMACIE BE BORDEAUX
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS
M. MICÉ
'
AZAM
Professeurs honoraires
Cliniqueinterne.
Messieurs PICOT.
PITRES.
. \
DEMONS.
Clinique externe
j
LANELONGUE.Pathologie
interne DUPUY.
Pathologie et
thérapeutique générales YERGELY.
Thérapeutique
ARNOZAN.
Médecine
opératoire MASSE.
Clinique
d'accouchements MOUSSOUS.
Anatomie
pathologique COYNE.
Anatomie
BOUCHARD.
Anatomie
générale
etHistologie YIAULT.
Physiologie JOLYET.
Hygiène
LAYET.
Médecine légale
' MORACHE.
Physique à.
BERGONIE.
Chimie
BLAREZ.
Histoire naturelle
GUILLAUD.
Pharmacie
FIGUIER.
Matière médicale
de NABIAS
Médecine
expérimentale FERRE.
Clinique
ophtalmologique BADAL.
Clinique des
maladies chirurgicales des enfants PIECHAUD.
AGRÉGÉS EN EXERCICE
MOUSSOUS.
DUBREUILH.
PaLhologie interne etMédecine légale
( MESNARD.
CASSAET.
AUCHE.
POUSSON.
SECTION DE MEDECINE
SECTION DE CHIRURGIE ET ACCOUCHEMENTS
Pathologieexterne J
( VILLAR.
ÀppAiiplipm pnf^
^ RI^ 1ERE.
Accouchements
) ghambrelent>
SECTION DES SCIENCES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES
! PRINCETEAU.
) N.
Histoire naturelle N.
SECTION DES SCIENCES PHYSIQUES
Physique
SIGALAS.
ChimieetToxicologie
DENIGES.
Pharmacie BARTHE.
Anatomieet
Physiologie.
COURS COMR l_E M E NTAI RI
Clinique
in
t.des enf. MM. MOUSSOUS
Gliniq desMaladiessyphilitiqueset cutanées
DUBREUILH
Cl. des mal. des fem. BOURSIER Cliniq. desmaladies des voies urin.
POUSSON
Mal. du larynx, desoreilles et dunez MOURE
Maladiesmentales.
Pathologieexterne.
Accouchements... . Chimie
Zoologie
MM.REGIS.
DENUCE RIVIÈRE DEN1GÈS BEILLE LeSecrétaire de laFaculté :LEMAIRE.
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinions émises dans
les Thèses qui lui sont présentées, doivent être
considérées
comme propres 3leurs
auteursetqu'ellen'entend leurdonner
ni approbation ni improbation.
A MON PERE ET MA
MÈRE
A MON
FRÈRE
A MA TANTE
A MON
TRÈS
CHER ETTRÈS DÉVOUÉ
COUSIN ROGER GOULARDÉTUDIANT ENMÉDECINE
A MES EXCELLENTS AMIS
LOUIS
ORÉ
ÉTUDIANT EN DROIT
FEUX COUDIN
SOI.TS-LIEUTENANT AI" 123e RÉGIMENT d'infanterie
A MON BON CAMARADE
D'ÉCOLE ANDRÉ
CHEMINeleve de service de santé de la marine — aide-d'aNATOMIE a la
FACULTÉ
—I
A
MONSIEUR
LEDOCTEUR GUÈS
MEDECIN EN CHEF DE LA MARINE
ANCIEN DIRECTEUR DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE NAVALE ET COLONIALE
OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
A
MONSIEUR BOURDON
PHARMACIENDE PREMIÈRE CLASSE DE LA MARINE — RÉPÉTITEUR A L'ÉCOLE
PRINCIPALEDU SERVICEDE SANTÉ CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
A mon
Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR BADAL
PROFESSEUR DECLINIQUE OPHTALMOLOGIQUE A
LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE
BORDEAUX
CHEVALIER DELALÉGION
D'HONNEUR
INTRODUCTION
L'idée première de ce travail revient à Monsieur le docteur
Fromaget, chef
declinique ophtalmologique.
Le pouvoir
antiseptique
du formol a été démontré parde
nombreusesexpériences
de laboratoires dont nousrappelons
les
plus
concluantes dans notrepremier chapitre.
Mais
l'emploi clinique
de cet agent,qui
se trouvejustifié
par nos
expériences mêmes, n'a
fait encorel'objet
qued'un
nombre restreint de travaux : c'est sur ce
point
quenousavons vouluprésenter quelques
faitsprécis, quelques
observationsintéressantes,
limitées à lapratique ophtalmologique
:c'est
notre deuxième
chapitre.
Enfin pour terminer ce modeste
travail,
nous avonsexposé
une vue d'ensemble des
propriétés
duformol,
utilisables enthérapeutique oculaire,
par rapport aux agents courammentemployés
:nitrate d'argent, sublimé,
acideborique.
Avant d'entrer en
matière,
nous remercions bien sincère¬ment Monsieur le docteur
Fromaget
pour les observationsqu'il
nous acommuniquées
etles conseilsqu'il
nous a fournispour
l'élaboration
de ce travail.Nous nous faisons aussi un
devoir de témoigner notre grati¬
tude àMonsieur le
professeur agrégé Lagrange, chef du service ophtalmologique à l'hôpital des enfants, pour la bienveillance
qu'il n'a cessé de
nousprodiguer.
Enfin,
queMonsieur le Professeur Badal reçoive l'expression
de notre vive reconnaissance pour
l'honneur qu'il
nousfait,
en
acceptant la présidence de cette thèse.
DU FORMOL
EN
THÉRAPEUTIQUE OCULAIRE
CHAPITRE PREMIER
Le For-mol an
Laboratoire
Le
Formol, C. H2 0, appelé aussi
enchimie, hydrure de formyle, aldéhyde formique, formaldéhyde, aldéhyde méthylique, résulte de la perte d'une molécule d'eau
parl'acide formique.
On
l'obtient
pardifférents procédés, dont le plus pratique
est
indiqué
parTrillat. Il consiste
à faire passer unjet d'alcool mithylique pulvérisé
surdes charbons de
cornue chauffés aurouge.
La manipulation est relativement simple et le prix de
revient
modique.
o.
2
— 10 —
On
recueille ainsi
unesolution de formol dans l'alcool méthylique (car ce corps n'a jamais été isolé), dont le titre ne
peut
pasdépasser 40 o/o. A ce degré de saturation, il se produit
uneréaction
nouvelle, d'où résulte la destruction de l'aldéhyde formique.
C'est un
liquide incolore, très mobile, assez réfringent,
rappelant par son odeur l'acide formique, ne coagulant pas
l'albumine
(Yalude, Mariot), ne s'altérant pas à la lumière,
s'évaporant assez rapidement à l'air, d'où diminution du
titre de
la solution, n'attaquant pas les métaux usités en chirurgie
:acier, argent, etc.,
Pour
compléter cette liste de propriétés physiques et chi¬
miques, nous dirons que le formol ne précipite pas les alca¬
loïdes.
Les
réactifs qui permettent de déceler la présence de la
formaldéhyde, sont :
1° La
solution de rosaniline dans l'acide sulfurique : se
colore en rouge
violet par des traces de formaldéhyde (réac¬
tion de H.
Aronson).
2° La
solution ammoniacale de nitrate d'argent donne un précipité blanc.
Parlons
maintenant des qualités antiseptiques du formol.
En
1888, M. Trillat démontra que l'urine additionnée d'une
certaine
quantité de formol, devenait imputrescible. Ce fut là
le
point de départ d'études fort sérieuses, sur son action
microbicide.
Au mois
de septembre 1892, H. Aronson rechercha les
propriétés antiseptiques de la formaldéhyde au moment même
où M.
Duclaux et
sonélève Poitevin, dans les Annales de
l'Institut Pasteur
signalaient son pouvoir antifermentescible.
Plus
tard, M. Valude et M. Mariot ont fait sur le même
sujet, des recherches approfondies très intéressantes.
— 11 —
Voici d'abord les résultats
exposés
parM. Trillat
:« J'ai calculé la dose de
formaldéhyde capable de s'opposer
y> à la
putréfaction d'un litre de bouillon, bouillon
formé de)>
jus de viande
cruede
bœuf et de veau.» Les essais étaient faits à une
température de 30°.
La»
décomposition
estdéjà ralentie
par unedose de 1/50000
» de
formaldéhyde.
» A la dose de
1/25000,
cesbouillons
n'avaient subi aucune y>décomposition
aubout de 4 jours. Les bouillons addition-
» nés de
pareilles quantités de bichlorure
de mercure sont»
décomposés
aubout de 24
heures)> A la dose
d'aldéhyde formique 1/12000, les bouillons
sont» encore intacts au bout de
plusieurs semaines, tandis
que» les
bouillons
contenant1/6000 de sublimé
sontdécomposés
» en 5 ou 6
jours.
»Des cultures sur
gélatine additionnée
depeptone,
ense¬mencées avecdes
bactéries
des eauxd'égout
contenant envi¬ron
800,000 bactéries
parcentimètre cube
sontstérilisées
par1/20000 d'aldéhyde formique.
Des résultats
identiques sont publiés
parM. Berlioz,
et dansles travaux de M. Valude noustrouvons des conclusionsremarquables
:Il
suffirait
de 16milligrammes de formol
pourempêcher
lescultures dans un litre de bouillon de viande. Le
sublimé n'agit pareillement qu'à la dose de 40 milligrammes.
De
plus, chez
unhomme
atteint dedacryocystite à
suppura¬tionfranche et
abondante, porteur d'une cataracte,
on a pra¬tiqué la désinfection
au formol avantl'opération (collyre à 1/100J. Des cultures
du pusdelà dacryocystite faites
avant etaprès l'instillation
ducollyre ont donné des
colonies trèsvirulentes
danslepremier
cas,très pauvresdans le deuxième.
Enfin H. Aronson a obtenu les résultats suivants : Il
prend
— 12 —
15 cc. de bouillon
de culture
et15
cc.d'urine additionnés
d'une
goutte de formol (0,02 centig.) Il les place à l'étuve
pendant 7 jours dans des tubes à essai ouverts ; ils restent
clairs, tandis qu'au bout de ce temps, des tubes témoins sont
violemment
troublés.
D'autres
expériences systématiques ont été faites par le
môme auteur avec
des cultures
puresde bacille typhique, de
bacille du
charbon
etde saphylococcus aureus. Ces cultures
sur
gélatine
ou suragar-agar étaient traitées par des doses
variées
d'aldéhyde
en <c8 échelons » de 1/80000 à 1/1000.
Le tout était oorté à
l'étuve
etobservé 24 heures. Le dévelop¬
pement des colonies microbiennes se révélait par un trouble :
la stérilité
était
constatéelorsqu'on faisait de nouveaux ense¬
mencements avec
les bouillons
restésclairs.
H. Aronson a trouvé par
cette méthode que
:Une
partie d'aldéhyde formique pour 20000 de bouillon,
représente la limite inférieure pour la stérilisation du bouillon
ensemencé avec
des bacilles typhiques.
La dose de
1/40000 affaiblit beaucoup le développement.
Mêmes
conclusions
à proposdu staphylococcus aureus et
du
bacille charbonneux.
Ainsi est
bien démontré le pouvoir microbicide considé¬
rable
du formol
ensolution.
La même
propriété a été recherchée soigneusement pour
le
formol
àl'état de
vapeurs.MM.
Trillat
etBerlioz
ontparticulièrement étudié la ques¬
tion.
Voici les conclusions essentielles de leur rapport à
l'Académie des
Sciences (Juin 1892/.
« Les vapeurs
de formaldéhyde sont rapidement absorbées
)> des solutions par
les tissus organiques. En plongeant quel-
» ques
instants des fragments de peau fraîche dans une
— 13 —
»
solution, le tissu
segonfle
etsemble former
une combinai-)) son
analogue
aucuir
» Dansun tube
allongé,
nousplaçons des déchets de
viande» fraîche et nous
la faisons
traverser par un courantd'air
y>
ayant barbotté dans
une solution de formol à 5o/o. Ce
y> courant d'air est recueilli à l'autre extrémité du
tube, dans
» un
récipient, contenant soit
une solution ammoniacale de)> nitrate
d'argent, soit de l'eau d'aniline (ce dernier
réactifest)) très sensible pour
indiquer la présence du formol). On fait
)> passer
pendant 10 minutes, le
courant d'air dans le tube» et l'on constate
que
les réactifs
nedonnent
aucun trouble)) ou
précipité caractérisant la présence de l'aldéhyde for-
)>
mique.
)> Une autre
expérience consiste
àsuspendre'les
morceaux» de viande dans des flacons contenant une solution de
» formol. »
Ainsi donc la
formaldéhyde est bien réellement absorbée
et c'est à cette vapeurqu'il faut attribuer la
conservation des tissus àl'épreuve.
M. Trillat a encore fait
l'expérience suivante
:« Un flacon de
bouillon, peuplé de bacilles d'Eberth,
est»
placé
sous unecloche,
renfermant une solution à 40o/o de
» formol. Au bout d'une
demi-heure,
uneparcelle de culture
y> est
prélevée
avecl'anse de platine
eltransportée dans du
)) bouillon nutritif : ce bouillon estresté infertile. »
Citons une
dernière expérience de M. Trillat répétée
par M. Mariot :Des morceaux de toile
imprégnés de bacilles d'Eberth puis desséchés, étaient exposés pendant 10 minutes
au courantd'air, ayant traversé
unesolution
de formol à 5o/o. Puis ils
étaient ensemencés dans dubouillon.
Celui-ci restait clair.Un morceau de toile témoin
donnait
lelendemain
uneabon¬dante culture.
Les résultats
de
M.Mariot confirment d'une façon très nette
ceuxdes auteuas
visés plus haut.
Envoici le résumé :
Il suffit d'une proportion infime 1/50000 d'aldéhyde formique dans un bouillon pour que celui-ci
soit stérilisé au
moins pendant 48 heures après l'addition de
l'agent étudié.
De
plus, il est à noter que l'action des vapeurs d'aldéhyde
sur un milieu
gélatineux solide est nul comme défertilisant,
et l'auteur
attribue
cefait
à ce quela nature du milieu s'oppo¬
se à la
diffusion de
ces vapeurs.Donc
«c'est en se dissolvant
dans les
liquides organiques que les vapeurs de formol stéri¬
lisentles tissus
animaux. Leur action est nulle
surles milieux
secs. »
Par
conséquent, à l'état de solution ou de vapeur, la
-substance que nous
étudions présente un pouvoir stérilisant
considérable.
Mais, à côté de cette propriété importante, dont
la
démonstration clinique nous préoccupe surtout, il en est
d'autres que
la chimie a révélées et dont la mise en pratique
a paru
possible.
1° Le formol ne
précipite pas les alcaloïdes.
2° Ses
solutions
nes'altèrent
pas.3° Il n'est pas
toxique.
4° Il n'est pas
caustique.
Nous les mettons
dès maintenant
enlumière,
pourles rappeler à la fin de ce travail, lorsque sera dressé (dans les
limites denotre
expérience), le bilan des avantages et des
inconvénients
du formol.
Rappelons, avant de finir ce chapitre, que les expériences
rapportées plus haut, que les travaux analysés d'une façon
précise, ont convaincu le lecteur, de la légitimité, de l'oppor¬
tunité des
expérimentations chez les malades ; les démons¬
trations de
laboratoire autorisaient pleinement les essais
cliniques, nous tenions à le faire constater.
CHAPITRE II
Le Formol en
clinique
Le
domaine thérapeutique du formol
estjusqu'à
cejour
assez limité. Les travaux de MM. Trillat et Berlioz sur les vapeurs
du formol
commeantiseptique pulmonaire, la
com¬munication de M.
Leber,
auCongrès d'Edimbourg (1894)
sur lespropriétés des solutions de formaldéhyde
commeliquide
conservateur des
pièces anatomiques, les expériences d'un hygiéniste, qui
proposed'utiliser le formol
commedésinfec¬
tant
(il
aconstruit
unpetit appareil très portatif qui produit
du
formol,
parévaporation d'alcool méthylique au-dessus
d'une
plaque de platine chauffée
aurouge-blanc), voilà tout
cequi
aété publié
sur cetantiseptique
endehors des applica¬
tions de
l'ophtalmologie.
M.
Valude, le premier,
autilisé le
formol enoculistique et publié les résultats obtenus
dans saclientèle et à son service desQuinze-Vingts. Il
aainsi attiré l'attention
dequelques cli¬
niciens, qui ont
eux-mêmesfait de
nouveaux essais.Peu de
résultats, d'ailleurs,
ont étépubliés.
Pour notre
part,
nous avonsrecueilli
ou rassemblé toutes lesobservations
de maladesqui ont été
parnous-mêmes
ousous nos yeux,
traités au formol. Ce sont ces observations,
que
nous comptons exposer.
Elles ont
trait
auxophtalmies purulentes, à la conjonctivite
purulente, à la conjonctivite catarrhale, à la dacroycystite.
Soigneusement recueillies et fidèlement rapportées, elles nous
permettront, quoique peu nombreuses, de tirer quelques
conclusions intéressantes
surles indications et l'avenir clini¬
que
du formol.
1°
Ophtalmies purulentes
Observation I
Due à labienveillancede M. le docleurFromaget.
L Jean,
âgé de 15 jours,
aété atteint d'ophtalmie purulente
troisjours
après
sanaissance. (Maternité de l'hôpital St:André).
Depuis
douze jours que dure l'affection, l'enfant a été traité à la
maternité, par
des instillations de nitrate d'argent. On le présente
le2 août 1893 à la
consultation de la clinique ophtalmologique. Les
paupières sont œdématiées, le chémosis est énorme, la sécrétion
purulente très abondante.
Lavages avec
formol commencés le jour même et instillations
decollyre
à 1/100.
Le5 août,
l'enfant
vabeaucoup mieux: l'œdème palpébral a disparu,
le chémosis esttrès
réduit. Le
pusgarde les mêmes caractères (épais,
jaunâtre) mais il est moins abondant.
Le7, on ne
note
presqueplus de pus qui est devenu excessivement
clair.
Le 10,
guérison complète; à peine persiste-t-il un léger catarrhe.
10jours
de traitement.
Observation I]
Duoà la bienveillance de M. le docteur Fromaget
Marcel L , 8 jours, a été atteint, 5 jours
après
sanaissance, d'ophtalmie
purulente de l'œil gauche.(Maternité
del'hôpital Saint-André).
Ily a donc 3jours que lamaladie existe
lorsque
l'enfant est amené à la consultation de la cliniqueophtalmologique.
On lui applique le traitement auformol(lavages
etinstillations),
7 août 1893.Le 11, l'amélioration est considérable. La cornée n'est pas ulcérée-;
à peine un peu de trouble.
Guérisonabsolue sans lésion cornéenne, le 16 août, c'est-à-dire après 9 jours.
Observation III
Due à la bienveillance de M. le docteur Fromaget
Catherine L , 25 jours, est présentée à la consultation le 14 septembre 1893 pour ophtalmie purulente. Les symptômes sont
assez accusés, l'inflammation des
paupières
est notable, mais la conjonctive bulbaireest peu{atteinte. Rien ànoter du côté de lasurfacecornéenne,
si ce n'est un peu de trouble.On institue les
lavages
au formol avec collyre. Dès lelendemain,
l'amélioration est remarquable et troisjoursaprès,
le 17novembre,à la visite du matin, l'enfant est guéri.
9
Observation IV
Due à la bienveillance de M. le docteurFromaget.
Mlle L , corsetière, 17 ans, (rue
Laville),
se présente le 6 septembre 1893, à la cliniqueophtalmologique,
pour ophtalmie purulente de l'œil droit (datantde 24heures).
0.
3
— 18 -
La suppuration est très-épaisse, très abondante; rien du côté des cornées. Elle entre à l'hôpital eton là traite
énergiquement
auformol.Cinq
joursaprès, (12 septembre 1893), la malade
sort radica¬lement
guérie.
Observation Y
Dueà la bienveillance de M. le docteur Fromaget
D Henri. 10 jours,
soigné depuis
5 joursà
la maternité de Saint-André pourophtalmie purulente desnouveau-nés.Le 12 septembre 1893, on commence lavages et instillations de
■formol. Amélioration trèsrapide (48
heures).
Guèrison absolueaprès 11
jours de
traitement.Observation VI
(Due à la bienveillance de M. le docteur Fromaget.)
Georges G.dix-sept
ans, tonnelier, demeurant àSaint-Loubès,entre le 16
septembre
1893, à l'hôpitalSaint-André,
pour ophtalmie purulenteblennorrhagique.
La cornée(gauche)
estdéjà largement
perforée.Le malade est traitépendant 18 jours par le formol. Il sort
guéri
de,son ophtalmiepurulente, avecun leucome cicatriciel adhérent.
Revu
quelques
mois plus tard, on constate que le résultat définitifest ensomme trèssatisfaisant.
Guèrison en 18jours.
Observation Vil
(Due à la bienveillance de M. le docteur Fromaget.)
J. F..., né le 19 octobre 1893, est
présenté
douze jours après à la Clinique ophtalmologique pour ophtalmie purulente double datantde 6jours.%
— 19 —
Les cornées ne sont point ulcérées.
Suppuration
abondante. Ché- mosis très accentué.Traitement au formol, et
guérison
absolue en 8 jours(31 octobre-
8 novembre
1893).
ObservationVIII
(Due à la bienveillance de M. le docteurFromaget.)
AndréL..., né le 18 octobre à la Maternité de l'hôpital
Saint-André,
estapporté à la consultationpour ophtalmiepurulente datant de trois jours. Pas de lésions de la cornée.
Traitéenmême temps
(31 octobre)
que leprécédent,
il a étéguéri
le même jour (8
novembre).
Guérisonen8jours.
Observation IX
(Due à la bienveillance de M. le docteurFromagetJ
Joseph X...,
cinq
jours, a été atteint le 9 décembre 93, d'ophtalmie purulente de l'œil gauche. Le12,
il est amené à laClinique
du professeur Badal. Lesphénomènes
inflammatoires sont très intenses,mais la cornée est intacte.
Le traitementau formol a considérablement amélioré l'état dès les trois premiersjours.
Le douzièmejour, toute trace de purulence avait
disparu.
11 restait seulement encore un peu decatarrhe.Guérison en 12jours.
Observation X
(personnelle).
(Recueillie à la consultation deM- le professeur Badah)
Charles B..., quatre jours, atteint depuis avant-hier d'ophtalmie purulente de l'œil droit.
Paupières très
œdématiées etrouges;conjonctive tuméfiée;
cliémo-sis. Pas de lésions de la cornée.
Guérison en 10jours
(13-24 janvier 94).
Observation XI
(Due à la bienveillance de M. le docteur Fromaget.)
Marie
J.âgée
dequatrejours, estapportée
de la Maternité del'Hôpital à
laClinique
du professeur Badal, pourophtalmiepurulente double, datant devingt-quatre
heures.Amélioration très notable au bout de 3jours.
Guérisonsans aucune lésion cornéenne en.7jours.
Observation XI1
(Due à la bienveillance de M. le docteurFromaget.)
LudovicX..., néle 24 février 94, à. la Maternité de
l'hôpital
Saint- André, est atteint d'ophtalmie purulente double, le 27février.Amené à laClinique ophtalmologique cinq jours
après
(4mars)
on constate qu'en outre dephénomènes
inflammatoires très intenses du côté despaupières
il existe des troubles cornéens notables, à droitecomme àgauche. De plus, la
cornée
droite présente une large ulcéra¬tion
(2 à 3ram).
Le formol est immédiatement institué, et, dece jour, les lésions de la cornée ont cessé de s'agrandir; peu à peu elles ont tendu à la
gué¬
rison.
En 9jours
(13 mars) la sécrétion
purulente était tarie; l'ulcération était cicatrisée, avecleucomeléger*
7 joursaprès (20 mars).
Guérison en 9jours.
- 21 —
Observation XIII
(Due à la bienveillance de M. le docteurFroma.et.)
Jean
L...,
cinq jours,amené'
le 19 mars 94'de la Maternité de Saint-André, pourophtalmiepurulente datant de quarante-huit heures.Phénomènes inflammatoires
légers.
Rien du côté des cornées.Guérison par
le formol
en7jours..Observation XIV
(Dueà la bienveillance de M. le docteurFromaget.)
Fèhïand Pl..., né le 31 juillet 94 à la Maternité de Saint-André, est apportéle 7 août à la Clinique du professeur Badal, pour ophtalmie
•purulente desnouveau-nés: œil droit.
La maladie ayant commencé seulement depuis vingt-quatreheures,
aucune lésion sérieuse n'existe; les
phénomènes
inflammatoires sontencore
légers
du côté .des paupières; rien à la cornée.Traitementau formol commencé le 7 août.
Le 9; l'amélioration est trèsnotable; le pus est moins
épais,
plus jaune, lespaupières ne sont plus aussigonflées,
ni aussi rouges.L'amélioration se produit très rapidementet, le 16 août, la
guérison
est parfaite, sans le moindretrouble de la cornée.
Guérison en 9jours.
ObservationXV
(Due àla bienveillance de M. le docteur Fromaget.'t
N..., n° 431,973 du registre de la
Clinique ophtalmologique,
né il ya cinq jours, est présenté le 27 septembre 93. pour ophtalmie puru¬
lente double, ayant débuté depuis quarante-huit heures.
22 —
Beaucoup depus verdàtre,
épais. Chémosis,
pasde
lésions de la cornée.Le traitement au formol ayant été
énergiquement appliqué,
tousces phénomènes inflammatoires ont
régressé
dès letroisième jour, et le petit malade quittaitPliôpital,
le 9 octobre93,
après 12 joursde
traitement.
Irène L..., née le 9 septembre 94, normale, bien constituée.
Le 13 au réveil, on constate que les
paupières
sont un peu rougessur leurs bords, et
légèrement collées.
La sage-femme ayant déclaréque c'était un coup d'air, on ne fait aucun traitement
jusqu'au
lende¬main matin. A ce moment on s'aperçoit queles
paupières
ontpris
un volume considérable,etqu'il suinte entre elles un pusépais,
flocon--neux, d'une façon continue.
La
sage-femme
prescrit le collyre suivant:Le 16
septembre,
l'enfant estprésenté
à un médecin (le docteurBourdalet).
Il ales paupières
rouges,luisantes, enflées : le pus est sécrétéd'une façon incessante et en trèsgrande abondance. On arrive difficilement à voir lacornée qui estlégèrement
trouble, mais non ulcérée r?j.Le médecin ordonne : 1°Lavage
à
l'eauboriquée;
2" badigeonnage
des paupières retournées
avec une solution denitrated'argent
à
1 pour30 (trois fois
parjour).
Le traitement est faitsoigneusement les
18, 19, 20
septembre.Le 20, onne constate pas
d'amélioration. Au
contraire, les lésionscornéennes se sont accrues. A
gauche, trouble considérable
avec une Observation XVI(personnelle).
Nitrate
d'argent
Eau distillée...
1 gr.
100 gr.
légère
ulcération verticale à la partie externe; à droite, une ulcérationbeaucoup
plusprofonde,
centrale, arrondie.Le 21. l'enfant est amené chez un
spécialiste
:infiltration,
ulcération des cornées surtout à droite où l'excavation contiendrait une petite lentille. De ce côté-là, la perforation semble imminente.On prescrit alors quatre
lavages
parjour(à
l'aidedulaveurLagrange)
et trois la nuit avec la solution suivante :
Formol 0 gr. 50
Eau tiède 1.000 —
Après chaque lavage,
collyre :Formol 0 gr. 10
Eau distillée 20 —
puis matin et soir, une goutte de collyre avec : Sulfate d'ésérine 0 gr. 05
Eau distillée 20 —
Le23, on constateune amélioration considérable : la sécrétion pu¬
rulente tend àse tarir. Les opacitéscornéennes n'ont pas augmenté, les ulcérations sont restées stationnaires.
On supprime le collyre à l'ésérine. On réduit les
lavages
nocturnes à un seul, mais avecrecommandation d'instiller quelques gouttes du collyre au formolchaque
fois quel'enfant seréveille.30
Septembre.—Plus
depus; la sécrétion est absolument tarie;les paupières nesont en réalitéplus du tout enflées.
Les cornées sonttoujoursopaques, maisl'ulcération du côté gauche estenpleine voie
deguérison.
Apartir de cejour, on nefait plus quedeux
lavages
parjour.Collyre
quatre fois dans lesvingt-quatre
heures.Dans
l'intervalle,
on saupoudre les surfacespalpébrales
avec de l'iodoforme.5 Octobre. — L'enfant ouvre les yeux. Les cornées sont redevenues presque
transparentes
; l'ulcérationdu côté gauche est cicatrisée avec— 24 —
t
formation d'un lencome très
léger. L'ulcération de la cornée droite, si profonde, si étendue,
secomble moins vite.
- On nefait plus
désormais de lavages. Instillations de formol deux
fois dans la
journée.
10 Octobre. — La cornée
gauche
està peine légèrement brumeuse.
A droite, latransparence
est
encoreplus grande et la cicatrisation de
l'ulcération marchetrès vite.
14 Octobre. — L'enfant est
guéri
avec unleucome, très petit, très
léger
du côté gauche, plus large .à droite. Toutefois la vision est
bonne.
En résumé :
six jours de traitement au nitrate d'argent
n'ont pas
donné de résultats appréciables. Les ulcérations
cornéennes ne
cessaient de grandir.
Quarante-huit heures après l'institution du traitement au formol, l'amélioration était très marquée.
En
neufjours exactement, la suppuration était tarie. Les
ulcérations
cornéennes si profondes
sesont cicatrisées en douze
jours, dans d'excellentes conditions.
Observation:XYII
(personnelle).
(Recueillie dans le service de M. le professeur agrégé
Lagrange )
.Jeanne P , cinq ans.
Entrée dans le service lé 30 août 1894, pour
eczéma des
paupières. Après
untraitement approprié, l'eczéma était
presque
guéri, lorsque le 24 août, on voit apparaître une inflammation
considérable des
paupières et de la conjonctive oculaire. Dès le len¬
demain matin, les culs
de
sacsconjonctivaux étaient inondés de pus :
œdème des
paupières, chémosis.
Immédiatement, on'fait sur
les paupières des lavages
avecde l'eau
glacée deux fois
parjour avec le laveur Lagrange et en même temps
— 25 —
des instillations denitrate
d'argent
à5centig.
pour 100 gr. Lotionsavec tampon de ouate et eau
boriquée.
Scarifications despaupières
à l'intérieur.Au bout de
vingt-quatre
heures, lesphénomènes
d'inflammation prenant un caractère encore plusaigu,
on commence deslavages
d'eau
boriquée
chaude, toutes lesheures,jour et nuit.Ce même traitement fut continué sans
interruption
pendant neufjours,
c'est-à-dire du 26 septembre au 5 octobre. Pendant cettepériode, lesphénomènes de suppuration n'avaient point cédé: même abondance, mêmes caractères du pus,
malgré
des scarifications à l'in¬térieur despaupières
pratiquées
le 29, et une application de sang¬sues le 4.
Toutefois, leslésionsde la cornée
n'augmentaient
pas:beaucoup
de troubles,beaucoup d'infiltration,
mais pas la moindre ulcération.Le 6octobre, on faitpratiquerdes
lavages
auVan Swieten dans des conditionsidentiques
auxlavages boriqués
: Collyre au nitrate d'ar¬gent.
Le 8, on
s'aperçoit
que sous l'action de cetraitement les troubles de la cornée n'ont fait qu'augmenter.Lespaupières
et la conjonctive sonoplus rouges.
Le 9, on reprend le traitement
boriqué
et on réitère les scarifica¬tions extérieures des paupières. Pas d'amélioration sensible, l'état est stationnaire : les cornées ne sont pas plus malades.
Du 9 au13, même état.
Le 13, on commencele traitement au formol :
Lavages
d'heure en heure (avec le laveurLagrange)
avec solution à 1/1000 et instillations deux ou trois fois parjour d'un collyre à 1/200.Le 15 au soir, on constate une amélioration sensible. Les
paupières
sont très diminuées devolume, moins violacées; elles s'écartent faci¬
lementet laissentvoir des cornées trèstroubles, opaques
même,
maisnon ulcérées.
Le 16 et lesjours suivants, letraitement est continuéavec
beaucoup
de soin; l'améliorationprogresse, et le23, la sécrétion est tarie.
0.
4
I
— 2G -
Le24, la malade ouvre les yeux
et voit
asseznettement les objets
extérieurs. L'infiltration oornéenne s'est amoindrie.
La
suppuration
adonc pris fin après onze jours de traite¬
ment. Du côté de la
cornée,
toutesles lésions étaient cicatrisées cinq jours après.
Observation XVIII
(Personnelle).
Recueillie
dan^ le service de M. le professeur agrégé Lagrange.
Georges-Pierre
Carrère, trente mois, né à Bordeaux. Enfance mala¬
dive. Aeu au mois dejanvier une
kérato-conjonctivite phlycténulaire
double, qui avait
laissé
unetaie de la cornée très sensible à gauche,
légère à droite.
Au mois dejuillet,
l'enfant
a eula rougeole; à
cemoment il
a eules
paupières très enflées
aupoint qu'il était impossible de voir les
cornéessansle concours d'écarteurs. D'ailleurs, il n'y
avait
aucune lésion nouvelle de lacornée.A la fin de lamaladie, l'œdème des
paupières
adisparu
enpartie,
mais les yeux de
l'enfant pleuraient beaucoup. Pas de
pus.La mère,
s'inquiétant des taches cornéennes qu'avait conservé
sonenfant et de la rougeur
des paupières, l'amena à la consultation de
l'HôpitalSaint-André, le 3 septembre. Le même jour, il était admis
dans la salle 7
(service de M. le professeur agrégé Lagrange).
Jusqu'au
29 septembre, l'enfant, traité
pour sestaches, vit
sonétat
s'améliorer sensiblement : Ce
jour-là.
lespaupières
segonflèrent et
commencèrent à supurer.
Aussitôt on institua les lavages
boriqués d'heure
enheure
avecle
laveur Lagrange.
De plus, chaque matin,
onfait des cautérisations au
nitrate d'argent.
Huit jours
après, 8 octobre,
aucuneamélioration
nes'étant montrée,
on remplace
le traitement boriqué
parle sublimé. Le soir même, les
troubles de lacornée,
qui étaient restés stationnaires pendant les jours
— 27 —
précédents,
avaient considérablement augmenté; lespaupières
étaient plus rouges.Immédiatement,
on revient au traitement primitif: eauboriquée jusqu'au
16 octobre,jour où l'on commence le traitement au formol, l' faut noter que cejour-là, on constatait une tuméfaction considérable des paupières, qui avaient une teinte nettement violacée. A grand peine, avec des écarteurs on arrivait.àvoir les cornées.Agauche, la cornéeétait très troublée eten un point, on constatait
une ulcérationde 2 à 8 millimètres, au centre de
laquelle
ilyavait uneperforation
assez petite.A droite, le trouble dela cornée était uniforme : pas d'ulcération.
Le 16, sont commencés les
lavages
au formol d'heure en heureavec une solution à 1/1000 et les instillations à 1/200 deux fois par jour. Dans lesjours qui suivent, à part la diminution de la sécrétion purulente, et la
disparition
presquetotale de l'œdème despaupières,
on ne note
guère
de sensible amélioration. La perforation cornéennenes'agrandit pas.
Le 25, la sécrétion n'est pas encore tarie, l'état des cornées ne
change
pas.Le 26, le pus a un peu augmenté de quantité. La cornée droite droite semble s'éclaircir.
Les 27 et28, moins de pus qu'hier : la perforation ancienne se
rétrécit.
Le30, le petit malade ouvre les yeux, et voici l'état exact de ses
cornées : à gauche, perforation du volume d'une tête
d'épingle
envi¬ron, à bords
irréguliers, légèrement
purulents.A droite, la vision n'est pas mauvaise : petite ulcération sur le côté externe dulimbe cornéen. Trouble
léger
de toute la surface.1er
Novembre,
plus de pus. Oncesseleslavages
au formol.En quatorze
jours, la purulence
adisparu. Les ulcérations cornèennes
et laperforation
sont en bonne voie de cicatrisa¬tion.
— 28 —
Observation XIX
(Personnelle).
Recueillie dans le service de M. le professeur agrégé Lagrange.
Emile Mazonioc, né le 6 octobre 1894,
à Bordeaux, entre le 22 octo¬
bre à l'Hôpital des
Enfants,
pourophtalmie purulente des
nouveau- nés.L'affection remonteà quinze jours, et
l'enfant
aété traité jusqu'ici
parde simples lavages
boriqués.
A son entrée, onnote une tuméfaction
énorme
despaupières.
Lasécrétion purulente
est très abondante; chémosis, trouble très marqué
de lacornée droite, qui est en un
point fortement ulcérée.
La cornéegauche est
déjà perforée.
Le soir même
(22 octobre)
oninstitue le traitement
auformol (lava¬
ges d'heure en
heure jour et nuit, collyre à 1/200, trois fois dans les
vingt-quatreheures).
23 octobrr. —L'état reste stationnaire au double point devue de la
purulence et des lésions cornéennes.
24 octobrr. —Dès ce matin, on remarque que lepus a diminué de
quantité
:il est moins épais, plus citrin
:L'œdème des paupières reste
toujoursconsidérable. Quant
auxulcérations, elles
nesont
pasaggra¬vées.
Le 27, l'état des lésions
s'améliore
brusquement et d'une façon très notable. Lepus estmoins'épais,
peuabondant, et les paupières
sontdégonflées.
28-29. —Le mieux fait des
progrès. L'ulcération
de droitesecomble trèsvite; laperforation de la cornée gauche reste stationnaire.
30-31. —Plus de pus.
A peine les paupières
sont-elles collées le matin. On fait des lavagesmoins fréquents.
1er novembre. — Guérison
complète de l'état purulent.
Les pertesde substances cornéennes <*ont
enbonne voie de réparation.
— 29 —
En
résumé, l'affection suppurative
acède
endouze jours
aux
applications de formol,
etles
cornées, trèsatteintes
avant le commencement dutraitement,
se sontsensiblement répa¬
rées
depuis.
Observation XX
(personnelle).
(Recueillie dans le servicede M. le professeur Badal)
Jean G..., trente ans, tonnelier, demeurant à Bordeaux, est entré le 23 octobre94, àl'hôpital
Saint-André,
pour ophtalmie puru¬lente
blennorrhagique.
Rien de particulier dans les antécédents du malade : il a eu la rou¬
geole àtrois ans, la variole à sept ans, sans aucune complication
oculaire.
A
l'âge
dedix-sept
ans, douleurs dansle ventrequele malade définitmal : constipation opiniâtre. Après différents traitements,
guérison
absolueau bout de deuxans.
Pendant l'été dernier, cet homme a eu« mal aux yeux». Conjoncti¬
vite et
blépharite
doubles, quireviennentencore parintermittences.Il y a troisjours le malades'est vu atteint d'une
blennorrliagie
et, avant-hier, il a senti dans l'œil gauche des picotements, en môme temps que sedéclaraient dularmoiement,
de la photophobie. Le soir, l'œil était très rouge, lespaupières
un peu enflées.Toutefois le malade a bien dormi. Mais à son réveil, il souffrait énormément de son œil dont les paupières très œdématiées s'écar¬
taient à peine pour laisser couler un pus abondant,
épais,
floconneux.Des
lavages fréquents
de l'œil(extérieurement)
avec de l'eau tiède,ce fut tout le traitement pendantlajournéed'avant-hier.
Les symptômes n'ayant fait que s'exagérer dans la nuit et la jour¬
née suivantes, le malade se décide à entrer à
l'hôpital.
A sonarrivée
(23 octobre),
on constate un œdème considérable despaupières, qui sont rouges et
tuméfiées.
On les écarte très difficile¬ment, et onvoit alors sortir un Ilot de pus. La conjonctive
palpôbrale
est très rouge,
épaissie.
Ducôté
du globe oculaire, on note du ché- mosis et ladesquamation
totale del'épithéMum
cornéen. Sur unpoint même, il existe une excavation ulcéreuse de 2mm environ. Les lames cornéennes elles-mêmes sonttrèsramollies, infiltrées,troubles, lavision est médiocre.
Aussitôt, est commencé le traitement au formol, dans les conditions suivantes:
Le malade a àsadisposition une solution à 1 1000, avec laquelle il
se lotionne les
paupières, chaque
fois que le pus les souille.Enoutre, matin et soir, onfait un
lavage soigneux
des culs-de-sac conjonctivaux avec la même solution. On retourne lespaupières
et on brosse en quelque sortela conjonctive avec un tampon de coton, im¬bibé du liquide
antiseptique.
En même
temps
on instille trois ou quatre gouttes du collyre à 1/200.Ces mêmes instillationssont
pratiquées
deux fois dans la nuit.24 octobre. — Les
paupières
sont sensiblementdégonflées
: lemaladeaccuse moins de douleurs. Même étatde la cornée.
25. — Les
paupières
sont redevenues presque normales un peu rouges etépaissies
encore sur les bords. Lepus est sécrété en moins grande abondance: il est aussi moinsépais.
20. — Même état qu'hier. A noter cependant l'absence presque totale de douleurs.
27. — L'ulcérationde la cornée, qui n'avait pas paru s'approfondir,
a abouticette nuit à la
perforation.
La chambre antérieure s'est vidée et l'iris estvenus'appliquer
sur laface postérieure
delacornée.Malgré
tout, il faut noter ladisparition à
peuprès complète
de la purulence. On continuele traitement.28-20.—Etatdouloureux.
30. — En faisant le
lavage
cematin,
on s'est aperçu que l'œilmalade est très sérieusement menacé. Le corps vitrévient faire hernie derrière l'iris
appliqué
sur la cornée. L'œil est sur le point de se vider.31. — Le corps vitré
s'épanche
peu àpeu au dehors.3 novembre. — L'œil s'est totalement vidé.
Depuis
hier, le pus adisparu.
Voilà un cas bien
défavorable
: l'œil atteintd'ophtalmie blennorrhagique s'est vidé dans le
coursdu
traitement.A noter, que
la suppuration
adisparu
en12 jours,
et que l'état de la cornée, àl'arrivée du malade, faisait déjà redou¬
ter une
perforation prochaine.
On a vu
qu'à la fin de chaque observation
nous avonsrelevé
et résumé exactement la durée et les résultats du traitement
au formol.
Sur
vingt ophtalmies purulentes traitées, quinze sont des ophtalmies des
nouveau-nés. Les malades ont étésoignés
par
des lavages
avec unesolution de
formol à1/1000 (soit à
l'aide du laveurLagrange, soit
en retournantles paupières et
les brossantjusqu'à
cequ'elles saignent,
avec untampon
imbibé de lasolution) et
pardes instillations d'un collyre à 1/200, quatre fois dans les vingt-quatre heures.
Voici les résultats obtenus : la
guérison
aété complète dans
treize cas, en un
laps de temps variant entre sept et douze jours. Un enfant
a étéguéri
autroisième jour,
un autren'a
fini de suppurer
qu'après 2 semaines entières de traitement.
Des
cinq observations dont
il reste àparler, trois portent
sur des malades de
trois, cinq et dix-sept
anset
nepeuvent plus être appelées ophtalmies des
nouveau-nés.(Deux de
ces cas se sontproduits après
unmois de séjour dans
unesalle
où se traitaient des