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Article pp.319-322 du Vol.6 n°2 (2008)

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L ECTURE CRITIQUE

L’intégration du numérique dans les formations du supérieur : une référence incontournable

Etudes de communication, Numéro spécial CEGES Université Lille 3, 2007.

Les publications portant sur les utilisations du numérique ou des TIC dans l’enseignement supérieur foisonnent. Parmi celles-ci, le numéro spécial d’Etudes de communication consacré à ce thème constitue une référence majeure dans la littérature scientifique de ce domaine.

Son apport principal provient du fait que les articles s’inspirent du même courant théorique – la socio-économie des industries culturelles, courant développé notamment en sciences de l’information et de la communication – qui éclaire d’une manière différente et très intéressante les modalités d’appropriation et de mise en œuvre des dispositifs numériques de formation.

Ces articles développent des réflexions théoriques à partir des monographies des campus numériques élaborées selon une grille commune dans le cadre de l’Equipe de Recherche en Technologie de l’éducation (ERTé) intitulée « Modèles économiques et enjeux organisationnels des campus numériques ». La problématique de cette ERTé était d’examiner les conditions de pérennisation de ces dispositifs, notamment leurs conditions socio-économiques et organisationnelles.

Bien que les articles du numéro spécial d’Etudes de communication dépassent le cadre de cette problématique commune et de chaque monographie, ils ne constituent pas des contributions divergentes ou disparates. Partageant le même vocabulaire et un nombre important de références bibliographiques, ils peuvent être lus comme les différentes pièces d’un même puzzle, contribuant à la compréhension plus globale de l’objet étudié – les dispositifs numériques de formation –, ce qui constitue un autre apport majeur de ce numéro. Cela doit être souligné car, dans ce domaine, la recherche souffre d’un handicap majeur, dû en grande partie à la jeunesse du domaine : des problématiques trop différentes construites indépendamment et individuellement par chaque chercheur nuisent à son développement cumulatif et à la comparabilité des résultats.

Le premier article, signé par Françoise Thibault, propose une analyse historique des projets ministériels en vue de l’intégration du numérique dans les formations de l’enseignement supérieur ainsi que de leurs réalisations. C’est une question que l’auteur connaît très bien, pour avoir participé très directement à certaines de ces

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initiatives. Il explique notamment la genèse de l’appel à projet Campus numériques, ce qui permet de bien poser le cadre institutionnel des projets qui sont étudiés dans les articles suivants.

A partir de l’analyse d’un campus numérique spécifique, Elisabeth Fichez s’interroge sur la pertinence des notions de réussite ou d’échec des campus numériques, ce qui exige de répondre aux questions suivantes : la réussite/l’échec pour qui (pour les financeurs ? pour les institutions partenaires) ? À quel niveau (celui des ressources pédagogiques ou de l’accompagnement) ? Sur quelle durée ? D’autres critères d’évaluation peuvent être pris en compte : la production des ressources, le nombre d’apprenants et aussi un critère non prévu lors de la création des campus numériques, à savoir la communication entre pairs (entre apprenants).

E. Fichez conclut que différents campus numériques « présentent, à des degrés divers, et selon ce qui est pris en considération, des éléments de réussite (l’expérience d’innovation pédagogique pour les enseignants, de parcours pédagogiques plus souples et plus riches pour les étudiants, de maillage entre partenaires pour les porteurs de projet…) et des éléments d’échec (déséquilibre financier pour les gestionnaires, décomposition des partenariats…) (p. 65).

Partant de la typologie des modèles socio-économiques d’utilisation du numérique dans l’enseignement supérieur, esquissée dans la monographie d’un campus spécifique, Patrice Grevet développe la thèse suivante : l’enseignement supérieur connaît actuellement une phase initiale de numérisation pédagogique engagée il y a une dizaine d’années et non (encore) close, s’inscrivant dans les modèles socioéconomiques traditionnels d’enseignement supérieur.

L’auteur définit le modèle socioéconomique comme une combinaison de quatre éléments liés : un type et un niveau d’offre et de demande ; une structure de production, une organisation et un mode de financement. Examinant chacun de ces éléments, P. Grevet avance que le modèle « professionnaliste », caractérisant les institutions d’enseignement supérieur, n’y est pas mis à mal par l’introduction du numérique, malgré la montée des tendances qu’il qualifie de « managériales ».

L’auteur émet une hypothèse à tester lors de recherches ultérieures : « les combinaisons entre traits professionnalistes et tendances à la montée du managérialisme peuvent être très variables. » (p. 87).

François Horn et Thomas Lamarche examinent la fonction spécifique d’éditeur hors marché tenu par l’Université Médicale Virtuelle Francophone (UMVF), portail de ressources pour la formation professionnelle médicale. Leur étude ouvre sur deux questions : celle de la généralisation de cette fonction, compte tenu de la spécificité de ce campus numérique liée au contrôle des ressources pédagogiques médicales par la profession médicale, et celle de l’utilisation réelle des ressources éditées par des personnes différentes de celles qui les ont développées.

Pierre Mœglin s’intéresse à une autre fonction présente dans les industries culturelles, celle de courtier ou d’intermédiateur. Dans la formation, cette fonction est assurée par un acteur ou par un groupe d’acteurs qui met en relation des

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Lecture critique 321

ressources et des utilisateurs. Le développement de cette fonction permet (ou permettrait, car les exemples apportés éclairent de façon plutôt idéale quelques caractéristiques typiques de la fonction en question) de donner « une quatrième vie » aux ressources pédagogiques numériques, en complétant les « trois vies » actuelles (la formation en face-à-face, l’auto-formation et l’autodidaxie). Bien que le courtage ne soit qu’expérimental et embryonnaire dans l’enseignement supérieur, l’auteur apporte plusieurs arguments en faveur de l’hypothèse selon laquelle le développement du courtage éducatif contribuerait à renforcer l’utilité et la viabilité des campus numériques. Le courtier d’un campus numérique serait doublé d’un agrégateur, aussi bien des ressources que de la demande, garantissant simultanément la qualité de la formation dispensée et le niveau des compétences acquises. P.

Mœglin esquisse ainsi le profil du courtier éducatif, appelé à être soumis à l’épreuve du terrain.

Abdel Benchenna et Vincent Brûlois esquissent eux aussi une problématique à développer dans des études ultérieures : s’intéressant aux usages et usagers des campus numériques, ils se limitent à la phase de lancement des campus numériques, alors que la notion même d’usages ne peut être envisagée que dans une phase de maturité de ces dispositifs. Par conséquent, leur contribution traite notamment des représentations des usagers dans la politique ministérielle et dans la conception des ressources pédagogiques, en prenant comme terrai d’étude deux campus numériques.

En comparant deux campus numériques français et leur équivalent canadien, Alexandra Bal et Yolande Combès s’intéressent à l’apprentissage organisationnel durant la phase expérimentale de ces projets, étape d’un long processus d’innovation, et à la tension entre logique pédagogique et logique gestionnaire. Elles signalent notamment que cette tension est particulièrement sensible dans l’université canadienne, dont l’environnement virtuel est plus proche d’un Environnement numérique du travail que d’un campus numérique tel que défini en France.

Cependant, elles estiment que cet environnement virtuel illustre l’ « idéal-type » de courtage éducatif présenté précédemment par Pierre Mœglin.

Le dernier article, signé par Julien Deceuninck, souligne à la fois la diversité des campus numériques et la difficulté d’étudier leurs dynamiques, compte tenu de l’instabilité inhérente à la phase expérimentale. Il revient sur des questions plus ou moins transversales et explicites dans les contributions : celle de la marchandisation de la formation (tendance non confirmée, selon l’auteur, dans les campus numériques), celle de l’industrialisation (ou non) de la formation, posée à travers les choix technico-pédagogiques, et celle des rapports entre ressources pédagogiques numériques et échanges pédagogiques. L’article se termine par une interrogation concernant le rôle de l’enseignant et celui du document, ainsi que leur possible articulation dans les dispositifs numériques de formation.

Comme on le voit, les auteurs présentent des réflexions débouchant sur des hypothèses qu’il serait intéressant de développer et de tester dans des recherches

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ultérieures. Et ce, alors même qu’une question méthodologique importante reste posée : comment étudier ces dispositifs numériques de formation quand l’innovation socio-technique, l’émergence des usages et l’apparition de nouveaux modèles socioéconomiques sont des processus longs, dont la recherche ne découpe qu’une (petite) partie ? Une des solutions serait peut-être de réaliser des études longitudinales.

Par ailleurs, même si on peut toujours mettre en avant que ces dispositifs en sont encore à une phase expérimentale et que, dès lors, les utilisations sont embryonnaires, il n’en demeure pas moins qu’il existe bel et bien d’ores et déjà des productions et des utilisations du numérique dans l’enseignement supérieur susceptibles de donner lieu à des études déjà assez consistantes, ainsi qu’en témoignent les contributeurs de ce numéro.

Roxana OLOGEANU-TADDEI Centre de Recherche en Gestion des Organisations,

Université Montpellier 2 Roxana.ologeanu-taddei@iutbeziers.fr

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