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Géographie Économie Société: Article pp.255-271 of Vol.13 n°3 (2011)

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Géographie, économie, Société 13 (2011) 255-271

doi:10.3166/ges.13.255-271 © 2011 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

géographie économie société géographie économie société

La politique des pôles de compétitivité : la question de l’articulation entre compétitivité des entreprises

et compétitivité des territoires

Competitiveness cluster policy: The question of the link between competitiveness of firms

and competitiveness of territories

Marie Delaplace

Université de Paris-Est Marne la Vallée

EA 3482 Lab’Urba, Cité Descartes, 4, Rue Alfred Nobel, 77420 Champs sur Marne

Résumé

La politique des pôles de compétitivité consacre l’avènement du concept de compétitivité des ter- ritoires locaux en France. L’objectif de cet article est de réfléchir aux limites de telles politiques qui associent, de fait, compétitivité des firmes et celle de ces territoires. En effet, d’une part, le concept de compétitivité appliqué à un territoire fait débat. D’autre part, il ne va pas nécessaire- ment de pair avec la compétitivité des firmes. Promouvoir la compétitivité des firmes peut, dans certains cas, conduire à dégrader le niveau de vie sur le territoire et son attractivité. En outre, si les territoires locaux sont un des déterminants de la compétitivité des firmes, force est de constater que cette dernière dépend également d’autres déterminants. Certains relèvent d’autres échelles spatiales (système national d’innovation, échelle européenne, etc.), d’autres dépendent des caractéristiques (taille, capacité à coopérer, etc.) et stratégies des firmes.

© 2011 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

*Adresse email : marie.delaplace@univ-mlv.fr

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Summary

Competitiveness cluster policy devotes the advent of the concept of competitiveness of local territories in France. The aim of this paper is to think about the limits of such policies which associate competi- tiveness of firms and of territories in which they are located. On one hand, competitiveness applied to a territory is a very debatable concept. On the other hand, it doesn’t go hand in hand with that of firms.

To promote the competitiveness of firms can, in certain cases, degrade the standard of living on the territory and its attractiveness. Moreover, if local territories are one of the elements which determine competitiveness of firms, we have to admit that this last one also depends on other elements. Some of them are defined on other spatial scales (national system of innovation, European scale, etc.) and some of them depend on characteristics (size, capacity to cooperate, etc.) and strategies of firms.

© 2011 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Mots clés : pôles de compétitivité, compétitivité des firmes, compétitivité des territoires, stratégie, système national d’innovation.

Keywords : Competitiveness cluster policy, competitiveness of firms, competitiveness of territory, strategy, national system of innovation.

Introduction

Les stratégies de Lisbonne et de Barcelone qui visaient à faire de l’économie euro- péenne en 20101 une économie fondée sur la connaissance, tout comme la politique des pôles de compétitivité français, ont consacré l’avènement du concept de compétitivité des territoires (Etats, entité supra nationale ou régions). Est ainsi rédigé un rapport sur la compétitivité mondiale permettant de classer les pays selon un indice mondial de la compétitivité (cf. Ardinat, 2010). Accroître cette dernière est devenu un enjeu clef. En France, la transformation momentanée2 de la Délégation à l’Aménagement du Territoire (DATAR) en Délégation Interministérielle à la Compétitivité des Territoires (DIACT) en 2006 en atteste. La politique des pôles de compétitivité qui a été arrêtée lors du comité interministériel d’aménagement et de développement du territoire (CIADT) du 14 sep- tembre 2004 en est un des outils décliné au niveau local. Elle définit un pôle de com- pétitivité « comme la combinaison sur un territoire donné d’entreprises, de centres de formation et d’unités de recherche, engagés dans des projets communs au caractère inno- vant, et disposant de la masse critique nécessaire pour une visibilité internationale  » (Dossier de presse du CIADT, 2005, p. 37). En définissant des zones de Recherche et Développement spécialisées sur certains thèmes, et en faisant bénéficier les projets éli- gibles d’exonérations fiscales et sociales, cette politique concentre des moyens financiers sur des projets de recherche spécifiques susceptibles de porter l’industrie française aux

« frontières technologiques » (CIADT, 2005, p. 6-7). Fondée sur une mise en réseau d’en- treprises, d’acteurs de la recherche publique et de l’enseignement supérieur, elle devrait

1 La stratégie pour l’Union en 2020 vise également à créer une économie compétitive connectée et plus verte.

2 Elle a été rebaptisée DATAR en décembre 2009 mais l’action régionale a été remplacée par l’attractivité régionale. L’abandon de la terminologie « compétitivité des territoires » n’est pas anodin. Il illustre les difficul- tés qu’il y a à la définir et la confusion existant entre attractivité et compétitivité (cf. infra).

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se traduire par des innovations, génératrices de croissance et d’emplois. En outre, en favorisant l’identification des « projets coopératifs les plus porteurs pour la croissance et pour l’emploi… », l’appel à projets devrait permettre « de concentrer les moyens de l’état et des agences nationales, » sur ces projets et ce avec éventuellement le soutien des collectivités territoriales de façon à générer « un effet d’entraînement important pour le développement local » (Dossier de presse du CIADT, 2005, p. 3). Sont ainsi directement associées compétitivité des entreprises et compétitivité des territoires locaux. Or cette association n’est pas sans poser problème. Au-delà des difficultés qu’il y a à définir la compétitivité d’un territoire, l’objectif de cet article est d’interroger les liens existants entre ces deux types de compétitivité. Nous montrons que les liens entre compétitivité d’une entreprise et compétitivité d’un territoire sont complexes (1) mais qu’en outre, la compétitivité d’une entreprise ne dépend pas exclusivement de conditions déterminées à l’échelle locale mais également de déterminants relevant de l’échelle nationale et de déterminants internes aux firmes, de leurs stratégies et de leur capacité à coopérer (2).

1 Compétitivité des firmes et compétitivité des territoires : des relations complexes et parfois antagoniques

Compétitivité des firmes et compétitivité des territoires ne sont pas toujours associées (1.1) même si les territoires locaux peuvent jouer un rôle dans la compétitivité des firmes (1.2).

1.1. De la compétitivité des firmes à la compétitivité des territoires : un glissement sémantique et méthodologique discutable

Le dictionnaire des Sciences économiques définit la compétitivité comme « la capacité d’une entreprise, d’une région ou d’une nation à conserver ou à améliorer sa position face à la concurrence des autres unités économiques comparables » (cité par Mouriaux, 2004, p. 30). Mais les firmes peuvent être compétitives de différentes façons. D’un point de vue sémantique, le transfert de la compétitivité des firmes à la compétitivité des terri- toires pose problème (1.1.1) et il est difficile de transposer une analyse conçue initiale- ment au niveau micro-économique à un niveau macro ou méso-économique (1.1.2).

1.1.1. Les problèmes sémantiques associés au passage de la compétitivité des entre- prises à la compétitivité des territoires

Mucchielli définit la compétitivité d’une entreprise comme résultant de sa capacité à maintenir ses performances sur le long terme (Muchielli, 2002). D’un point de vue stricte- ment économique3, ces performances peuvent renvoyer à deux types de compétitivité, une compétitivité-prix et une compétitivité hors-prix4.

La compétitivité-prix qui est l’aptitude à vendre un même produit moins cher que ses concurrents dépend de la capacité de l’entreprise à minimiser les coûts liés à son activité au sens large (de l’approvisionnement à la distribution en passant par la conception ou le

3 Au-delà de la performance économique, il existe d’autres types de performance de l’entreprise : sociale, environnementale, qui peuvent d’ailleurs être utilisées aujourd’hui au service de la performance économique.

4 La dénomination « compétitivité coût » et « hors coût » est également évoquée dans la littérature, (cf.

Chevalier, 1997, p. 3055), de même que celle d’avantage-coût et d’avantage de différenciation (cf. Porter, 1999).

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marketing, etc.). Cette minimisation dépend, d’une part, de l’efficacité interne de l’entre- prise mais également de considérations externes (coût de la main-d’œuvre, des matières premières ou produits semi-finis qu’elle utilise, accessibilité, fiscalité, etc.) plus ou moins associées à sa localisation et sur lesquelles elle ne peut que difficilement agir excepté lors d’un choix de localisation ou de délocalisation ou lors d’un changement de fournisseur.

Cette forme de compétitivité renvoie à une forme de concurrence qualifiée de faible (cf.

Storper & Walker, 1989 et Hudson, 1999).

La compétitivité hors-prix, qui dépend de l’aptitude de l’entreprise à différencier son produit de celui de ses principaux concurrents, est liée à sa capacité d’innovation, à sa capacité à conférer à ses produits une meilleure image ou une meilleure qualité. Chevalier la définit comme « la capacité à déceler en permanence les besoins, exprimés ou latents, des consommateurs et de répondre à ces besoins en réalisant du profit » (Chevalier, 1997, p. 3055). Cette capacité dépend également de considérations internes à l’entreprise (effi- cacité des services de Recherche et Développement, attitude de la direction vis-à-vis du changement, aptitude à percevoir et à satisfaire les besoins de la clientèle…) mais aussi externes (ressources disponibles dans l’environnement, qualité de la demande, réglemen- tation, etc.). Cette forme de compétitivité renvoie à une forme de concurrence qualifiée de forte (Storper & Walker 1989 et Hudson, 1999)5.

Qu’elle soit une compétitivité-prix ou hors-prix, la compétitivité est située dans le temps, dans un marché ou un segment de marché et dans un espace géographique plus ou moins étendu. Une firme ne détient jamais un avantage compétitif sur tous ses produits, dans tous les espaces dans lesquels elle les vend et cet avantage compétitif, s’il existe à un instant t, est sans cesse remis en question: une entreprise peut ainsi être compétitive à un instant t et ne plus l’être en t+1. C’est le cas dès lors que les déterminants de la compéti- tivité d’un produit évoluent au cours de son cycle de vie.

Appliqué à l’échelle d’un pays ou d’une région, le terme de « compétitivité » a fait l’objet de critiques importantes notamment de la part de Krugman6 ou de Porter7. Si une firme non compétitive finit par faire faillite et disparaître, ce n’est pas le cas des pays ou des régions8.

5 Ces deux formes de compétitivité peuvent dans certains cas être liées. En effet, une recherche de compéti- tivité hors-prix par la production d’innovations de procédé peut induire une compétitivité-prix dès lors que ces innovations se traduisent par une baisse des coûts.

6 Selon Krugman, 2001, l’énorme travail intellectuel et les nombreuses études réalisées à ce sujet depuis plus de deux siècles ont « disparu du discours politique, remplacé par une rhétorique facile, très attrayante pour tous ceux qui veulent se donner des airs d’intellectuels sans avoir à prendre la peine de penser » (Krugman, 2001, p. 9). Parler de la compétitivité des pays n’aurait pas de sens. « La plupart de ceux qui utilisent le terme de compétitivité ne s’y sont même pas arrêtés pour réfléchir à la chose » (Krugman, 2001, p. 20).

7 Pour Porter, « il n’y a même pas de définition admise du terme compétitivité appliquée à un pays. La notion de compétitivité est claire quand elle s’applique à une entreprise pas quand elle s’applique à un pays » (Porter, 1999, p. 167). La compétitivité des territoires a ainsi été qualifiée de « concept mou de l’analyse économique » (Debonneuil et Fontagne, 2003, p. 8).

8 Si l’actualité nous montre qu’il est possible qu’un pays soit en défaut de paiement, il ne disparaît pas pour autant. « Les pays ne peuvent pas faire faillite » (Krugman, 2001, p. 20). R. Camagni défend le contraire en indiquant que dans la concurrence entre régions, ce ne sont pas les avantages comparatifs qui jouent mais les avantages absolus (Camagni, 2002). Une région présentant des désavantages absolus dans toutes ses produc- tions ne pourrait plus échanger et verrait la croissance de son revenu se ralentir et ses facteurs de production la quitter (Camagni, 2005, p. 11-12). Elle pourrait alors disparaître de la compétition économique. Ce point de vue peut être discuté. Aucun territoire ne peut être caractérisé par des secteurs présentant systématiquement

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« Capacité à améliorer durablement le niveau de vie de ses habitants (…) et à leur procurer un haut niveau d’emploi et de cohésion sociale  » (Debonneuil et Fontagne, 2003, p. 8) ; « Aptitude à produire des biens et des services qui satisfont au test de la concurrence sur les marchés internationaux et à augmenter de façon durable le niveau de vie de la population » (D’Andrea Tyson, citée par Didier, 1998, p. 30), les définitions de la compétitivité des nations, intrinsèquement porteuses de contradictions, ne sont en outre pas nécessairement compatibles avec les différents types de compétitivité des entreprises.

Si la compétitivité des firmes peut participer à l’amélioration du niveau de vie sur un terri- toire par des effets d’entraînement vers l’amont ou vers l’aval (achats à d’autres entreprises ou provenant d’autres entreprises localisées sur le territoire), horizontaux (versement de salaires, impôts et taxes) dans la tradition perrouxienne9 et les territoires participer à la compétitivité des entreprises (cf. 1.2), pour autant, l’association de ces deux types de compétitivité (des firmes et des territoires) révèle de possibles paradoxes : se pose en effet la question de la répartition au sein de l’entreprise et dans l’espace, d’une part, de la valeur ajoutée de cette entreprise et d’autre part, de ses éventuels bénéfices. Une entreprise localisée dans un territoire donné peut accroître sa compétitivité en versant des salaires moindres aux salariés qu’elle emploie ou en augmentant leur temps de travail détériorant ainsi leur niveau de vie et/ou leur bien-être10. Un territoire proposant une offre de facteurs de production moins onéreux peut favoriser la com- pétitivité-prix des firmes qui y sont implantées parce qu’il leur permet de minimiser leurs coûts de production (au sens large, i.e. de la production à la vente). L’amélioration du niveau de vie de la population d’un territoire par la fourniture de services de santé financés par les entreprises qui les emploient peut se traduire par une réduction de la compétitivité-prix de ces dernières.

Mais outre ces problèmes sémantiques et ces possibles contradictions, la transposition de la compétitivité des firmes à la compétitivité des territoires implique un saut méthodo- logique extrêmement discutable.

1.1.2. De la compétitivité des firmes à la compétitivité des territoires : un saut méthodologique périlleux

La transposition du concept de compétitivité d’une entreprise à celui de compétitivité d’un territoire conduit à un changement de posture méthodologique passant d’une échelle micro-économique à une échelle méso ou macro-économique11. Elle ne peut relever d’ou-

des désavantages absolus. En outre, de nouvelles formes de production et de consommation dites de proximité (services à la personne notamment) conduisent au développement d’activités localement, remettant ainsi en question la pertinence d’un raisonnement exclusivement axé sur une compétitivité au niveau national. Enfin, certains territoires dans lesquels la base productive est en déclin peuvent néanmoins présenter des aménités leur permettant de développer une économie « présentielle » ou « résidentielle » (Davezies, 2009), porteuse en dynamique de nouvelles opportunités productives.

9 Nombreux sont les exemples de grandes entreprises dont la compétitivité contribue à assurer des emplois dans les territoires dans lesquels elles sont implantées et ainsi à améliorer le niveau de vie de leur population. Toyota a ainsi contribué au renouveau de Valenciennes, Airbus au développement des emplois dans l’aéronautique à Toulouse (Zuliani et Jalabert, 2005), Michelin représente le 1/3 des emplois indus- triels de Clermont-Ferrand, etc..

10 Le cas de General Motors qui a demandé en 2010 à ces salariés de Strasbourg d’accepter une réduction de leur RTT de 17 jours et un gel des salaires pendant deux ans en arguant du maintien de sa compétitivité est un exemple parmi d’autres.

11 Cf. le « no bridge » des économistes.

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tils conceptuels identiques dans la mesure où elle pose plusieurs types de difficultés.

Premièrement, alors qu’une entreprise est une unité qui dispose d’un pouvoir de déci- sion et qui est dirigée par une direction qui définit une stratégie, un territoire est com- posé de différents types d’acteurs (collectivités locales, ménages, entreprises, associa- tions, etc.) ayant chacun12 leur propre stratégie. Les entreprises présentes sur un territoire peuvent avoir des stratégies différenciées et peuvent investir des marchés eux-mêmes différenciés. Dès lors les déterminants de la compétitivité sont susceptibles d’être diffé- renciés selon les entreprises et leurs marchés. Ce qui fait la compétitivité des entreprises métallurgiques est évidemment différent de ce qui fait la compétitivité d’entreprises de biotechnologie. Les entreprises implantées dans un territoire peuvent ainsi être particu- lièrement compétitives dans la métallurgie et ne pas l’être dans les biotechnologies. Ce qui fonde la compétitivité dans un secteur à un instant donné et les rôles respectifs des entreprises et des espaces dans lesquels elles sont implantées dans leur capacité à être compétitives sont donc susceptibles d’être différenciés.

Deuxièmement, dans un même territoire, des stratégies différentes, voire contradictoires, sont susceptibles d’être mises en œuvre dès lors qu’existent différents niveaux de gouver- nance locale. En revanche, dans une entreprise, tous les salariés sont supposés agir dans la même direction. S’il existe des conflits, la direction de l’entreprise dispose d’un pouvoir hiérarchique lui permettant d’imposer ses choix à des salariés qui auraient des opinions divergentes13. Mais reprenant les propos de Gomez au sujet des pôles de compétitivité, si on considère que les territoires sont des « organisations productives, la question est de savoir qui est légitime pour les diriger » (Gomez, 2009, p. 201). Sur un territoire, coexistent des acteurs publics / privés avec des buts, des objectifs et des stratégies différentes, et qui ne sont pas soumis à une même structure hiérarchique. L’efficacité des politiques mises en œuvre dans un territoire dépend de l’existence d’une bonne gouvernance  locale au sens d’une coordination des stratégies des différents acteurs de ce territoire.

Troisièmement, parler de compétitivité d’un territoire revient à se poser la question des produits qu’il vend14. A priori, un territoire ne vend rien. Tout au plus est-il porteur d’un certain nombre de facteurs de production disponibles, à un coût déterminé, d’externalités positives, voire de ressources spécifiques par rapport à ceux disponibles dans d’autres territoires. Il serait pourtant réducteur de considérer que ce territoire les vend. En effet, ce serait supposer qu’il dispose de droits de propriété cessibles sur ces facteurs. Un territoire ne dispose pas de droits de propriété sur le facteur travail qui est implanté en son sein, pas plus qu’il ne dispose de droits de propriété sur les ressources spécifiques qui le caractérisent (son patrimoine, Barrere, Barthelemy, Nieddu et Vivien, 2005) et qui ont été produites dans l’histoire.

Tout au plus, peut-on considérer qu’un territoire propose une offre de sites destinée à accueillir des entreprises. De ce point de vue, un territoire serait compétitif s’il arrive à attirer toutes les entreprises en quête de site en évinçant les offres de site concurrentes (compétitivité absolue) ou une partie de ces entreprises (compétitivité relative). La compéti-

12 Au sein de chaque catégorie, ces différents acteurs sont également hétérogènes.

13 Dans une firme analysée comme une organisation, les différents membres (salariés, salariés dirigeants, actionnaires…) peuvent avoir des objectifs différents. Dans ce cas, l’objectif de l’entreprise peut résulter dans une certaine mesure de négociations entre ces différents acteurs. Mais in fine les décisions de la firme peuvent être imposées par la hiérarchie.

14 La compétitivité est en effet la capacité à vendre des produits moins chers ou différenciés (cf. supra).

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tivité d’un territoire serait alors sa capacité à proposer une offre de sites moins onéreuse, ou présentant des caractéristiques singulières. Mais dans ce cas, la compétitivité des territoires n’est finalement rien d’autre que l’attractivité (cf. Langlet, Terfous, Turquety, 2004, sur la confusion dans les débats publics entre les notions de compétitivité et d’attractivité).

En outre, attractivité des territoires et compétitivité des entreprises ne sont pas nécessai- rement liées. Ainsi, un territoire peut proposer la meilleure offre de sites, i.e. l’ensemble des facteurs de localisation que recherche l’entreprise en quête de site, sans pour autant que cela garantisse sa compétitivité, si elle s’y implante (cf. 2). Pour autant, de nombreuses analyses ont montré que les territoires et notamment les territoires locaux semblaient jouer un rôle dans la compétitivité des firmes et plus spécifiquement dans la compétitivité hors-prix.

1.2. Le rôle des territoires locaux dans la compétitivité des firmes

S’il existe deux types de compétitivité des firmes, la compétitivité sous-tendue par la poli- tique des pôles de compétitivité, est une compétitivité hors-prix15 dans un territoire couvert par un pôle. En effet, cette politique vise à accroître la capacité des firmes qui sont implantées dans un territoire couvert par un pôle, à promouvoir la réalisation de nouveaux produits, à s’adapter au changement, voire à les susciter, en d’autres termes à développer sur leur compétitivité hors-prix et leur capacité innover.

Le rôle du territoire local dans l’innovation est ainsi au cœur de nombreux travaux en économie régionale. Fondée sur l’analyse de « success stories », une littérature aussi abon- dante que diverse a ainsi cherché depuis le milieu des années 1980 à le conceptualiser. C’est le cas des analyses en termes de milieu innovateur16 (cf. notamment Maillat et Perrin Eds, 1992, Crevoisier 1994, numéro spécial de la Revue d’Economie Régionale Urbaine, 1999), puis de système local d’innovation (Gilly et Grossetti, 1993), de cluster (Porter, 1999), ou de learning regions (Lundvall, 1992a, cf. l’analyse critique de Hudson, 1999, à ce sujet).

L’échelle spatiale adéquate pour analyser les phénomènes d’innovation serait aussi locale. Ainsi que le soulignaient déjà Aydalot et Keeble, en 1988, « Innovative behaviour is as much dependent on variables defined at the local and regional level as on national- scale influences » (Aydalot et Keeble, 1988, p. 9).

Les déterminants susceptibles de rendre compte de l’émergence des innovations dans l’espace, dépendraient ainsi de l’espace dans lequel les firmes sont implantées.

La capacité d’un territoire à générer un développement d’activités innovantes serait conditionnée par l’existence, d’une part, de ressources humaines et matérielles dispo- nibles localement et, d’autre part, de relations territorialisées entre les acteurs. Elle dépen- drait enfin de sa capacité à obtenir de l’extérieur les ressources qui lui font défaut et/ou à générer de nouvelles « combinaisons technico-productives » à partir de ses propres res- sources. C’est de la conjonction de ces éléments sur un territoire que naîtrait l’innovation (Camagni, Maillat, Matteaccioli et Perrin, 1999).

Mais si ces cadres d’analyse ont permis d’analyser ex post la réussite observée de certains territoires, ils ont rapidement été promus au rang d’outil des politiques

15 Même si la recherche d’une compétitivité hors-prix peut également conduire à une compétitivité-prix (cf. supra).

16 Depuis les travaux fondateurs d’Aydalot et du GREMI (Groupement de Recherche et d'Etude sur les Milieux Innovateurs) constitué en 1983.

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publiques. Ainsi, des politiques scientifiques locales, la politique des systèmes produc- tifs locaux (SPL), celle des pôles de compétitivité, des clusters, ou encore des politiques technopolitaines vont se donner pour objectif d’orienter la recherche publique dans des directions susceptibles d’être prometteuses pour les entreprises localisées dans le même espace et de favoriser ainsi des coopérations. Pour autant, et comme le sou- lignent de nombreux auteurs (Belis-Bergouignan et Carrincazeaux 2004, Rallet et Torre 2007), si sur ce point les politiques publiques sont unanimes, les justifications scien- tifiques sont moins évidentes. Si l’importance des relations de coopération en matière de recherche est aujourd’hui reconnue (cf. Delaplace, 2009, pour un récapitulatif des raisons évoquées), les arguments théoriques évoqués pour justifier de leur caractère local sont encore mal assurés. Certains auteurs vont tenter de montrer que les externa- lités technologiques de connaissances ou knowledge spillovers ne se diffusent que de façon limitée dans l’espace (cf. Autant-Bernard et Massard, 2001, Fadairo et Massard, 1999 et Breschi Lissoni, 2001, pour une revue de la littérature sur ce sujet). Mais, la démonstration empirique du caractère localisé des spillovers semble très insatisfaisante en raison des difficultés à les mesurer (cf. Autant-Bernard et Massard, 2001 et Breschi et Lissoni, 2001). Ainsi ces derniers indiquent : « the concept of Localized Knowledge Spillover (LKS) is no more than a « black box » whose contents remain ambiguous » (Breschi et Lissoni, 2001, p. 2). Au-delà des problèmes de mesure, Autant-Bernard et Massard, 2001 soulignent que l’existence de ces externalités technologiques localisées n’est pas avérée dans tous les pays. Même l’hypothèse selon laquelle elles existeraient dans le cas d’une recherche fondamentale, mobilisant des connaissances tacites et mise en œuvre par des laboratoires publics, n’est pas toujours validée (Autant-Bernard et Massard, 2001, p. 12, cf. Bouba-Olga et Ferru, 2008, pour un récapitulatif des études empiriques). En outre, la promotion des coopérations locales telles qu’elles sont impli- citement privilégiées dans le cadre de la politique des pôles de compétitivité peut accentuer des effets de lock-in en verrouillant les choix technologiques des firmes17. De surcroît, privilégier des coopérations locales, c’est oublier que les entreprises peuvent également innover en coopérant mais de façon non locale (Ferru, 2009, sur le cas de Chatellerault). La proximité géographique entre entreprises et/ou entreprises et centres de recherche ne serait ainsi pas toujours nécessaire.

Enfin, la reproduction des success stories, par exemple dans le cadre des politiques de cluster ou des politiques technopolitaines (Breschi et Lissoni, 2001) est rarement couronnée de succès18. En effet, entre l’analyse ex post d’un phénomène qui s’est produit dans des consi- dérations historiques particulières et sa généralisation dans le cadre de politiques économiques que Breschi et Lissoni, 2001 qualifient de naïves, il y a toute l’épaisseur de l’histoire et l’hété- rogénéité institutionnelle des espaces nationaux et locaux. Comme le soulignent Beaudry et Breschi, «  one can expect that the industrial structure, institutional system and history of industrial development of each country will affect in fundamental ways the spatial distribution of production and innovation, and the actual working of agglomeration economies » (Beaudry

17 Ce fut le cas en Champagne-Ardenne dans le cadre d’une politique visant à développer les bioplastiques.

La volonté de coopérer localement a conduit à un compromis institutionnalisé aboutissant à des choix technolo- giques qui n’étaient pas a priori les plus pertinents (Delaplace, 2009).

18 Pour une analyse critique du concept et de la politique de cluster, cf. Martin. and Sunley, 2003, Duranton et alii., 2008, qui soulignent qu’il y a peu « d’exemples réussis de politiques de soutien aux clusters. », p. 20.

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et Breschi, 2000, p. 13). Autrement dit, force est de constater que d’autres déterminants rele- vant d’échelles spatiales différentes existent (cf. également Bouba-Olga et Ferru, 2008, sur le caractère multi-scalaire du processus d’innovation et les limites du localisme).

2.

Les autres déterminants de la compétitivité des firmes : multiplicité des échelles spatiales et stratégies des firmes

Si les territoires locaux peuvent affecter la compétitivité des firmes et leur capacité à innover, cette dernière dépend également de conditions qui relèvent d’autres échelles spatiales (2.1) et de déterminants qui leur sont propres (2.2).

2.1. La nécessité de tenir compte d’autres échelles spatiales

Les conditions de succès des innovations et de fait, la compétitivité des firmes qui cherchent à les développer, dépendent en partie de déterminants extérieurs à ces firmes et qui relèvent des contextes (marché, contexte institutionnel national et/ou local…) dans lesquels elles agissent (Delaplace, 1995). Si ces échelles peuvent être locales (cf. supra), l’économie industrielle et l’économie de l’innovation ont également montré, à la fin des années 1980 et au cours des années 1990, qu’une autre échelle spatiale, la nation, appré- hendée en termes de système national d’innovation, jouait un rôle fondamental (2.1.1).

Dans ces analyses et dans celle de Porter, ce sont en effet les interactions systémiques entre de nombreux éléments définis cette fois au niveau national qui sont susceptibles d’expliquer la capacité à innover ou à être compétitif (2.1.2).

2.1.1. De l’oubli des enseignements des analyses en termes de système national d’innovation…

Le concept de SNI a été présenté pour la première fois par Freeman en 198819 dans un travail qui avait pour objectif d’identifier les raisons des performances de l’économie japo- naise. L’auteur avance ainsi que l’innovation technologique ne peut se comprendre indé- pendamment du contexte socio-institutionnel dans lequel elle s’insère et qui la favorise.

Or ce contexte s’exprime au niveau des Etats qui constituent donc le cadre géographique pertinent. Ce concept a ensuite été approfondi par différents auteurs comme Carlsson et Stankiewicz, 1991 et Carlsson et Jacobsson, 1992, Lundvall, 1988, 1992a et b, Metcalfe, 1995, Freeman, 1995, Nelson, 1988, 1993, ou encore Nelson et Rosenberg, 1993.

Ces auteurs partagent ainsi le point de vue selon lequel l’innovation ne peut être appréhendée uniquement d’un point de vue micro-économique mais qu’il est nécessaire d’intégrer des éléments contextuels à l’entreprise qui relèvent du pays dans lequel elle est localisée. Dans une acceptation plus large, permettant de passer d’une vision centrée essentiellement sur la science et la technologie à une approche caractérisant l’ensemble de l’économie, Amable, Barré et Boyer ont proposé le concept de systèmes sociaux d’in- novation et de production articulant six sous-systèmes : le système relatif à l’enseigne- ment et à la formation, le système relatif à la science, le système relatif à la technologie

19 Dans l’ouvrage dans lequel est publié cet article, le concept est aussi utilisé par Lundvall. Selon Freeman 1995, le concept est très proche de celui de « système national d’économie politique » évoqué par List en 1857.

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et à l’innovation, la spécialisation économique d’un pays, les ressources humaines et le système financier qui se développent sur la base de lois, et de règles économiques et sociales (Amable, Barré et Boyer, 1997 p. 127).

Les analyses en termes de système d’innovation ont fait l’objet d’un certain nombre de critiques (cf. Delaplace, 2001) : multiplicité des cadres méthodologiques sur lesquels elles reposent, conceptualisation différente de la technologie sous-jacente à l’innovation, oubli de l’hétérogénéité des innovations mise en évidence par différentes taxinomies des innovations, insuffisante identification des éléments du système et de ce qui fait système (cf. également Niosi, Bellon, Saviotti et Crow, 1992 sur ce point). Par ailleurs, l’existence de

« déséquilibres régionaux dans l’innovation et les performances de croissance » (Mac Kelvey 1991 p. 118) a laissé supposer que la nation n’était peut-être pas l’échelle spatiale adéquate et que des espaces intra-nationaux étaient susceptibles de jouer un rôle fondamental dans la capacité des firmes à innover (cf. également Metcalfe, 1995).

Ces analyses ont donc été oubliées au profit des analyses mettant davantage l’accent sur les interactions locales (cf. 1.2) alors que la question centrale est sans doute davantage celle de leur articulation.

2.1.2. ... à la nécessité d’articuler les différentes échelles spatiales de l’innovation L’articulation des différentes échelles spatiales de l’innovation nous semble être au cœur de l’analyse de Porter (Porter, 1999). En effet, dans l’analyse des politiques scienti- fiques et technologiques locales, n’a été retenue de l’analyse de Porter le plus souvent que le concept de cluster. Celui-ci a connu un tel succès qu’il a rapidement été utilisé comme outil de politique économique sans que ses fondements théoriques ne soient assurés (cf.

Martin et Sunley, 2003 ou Duranton, Martin, Mayer et Mayneris, 2008). Or l’analyse de Porter est initialement une analyse plus globale des déterminants de l’avantage compétitif d’une industrie dans un pays donné. En effet, proche des analyses en termes de sys- tème national d’innovation – même si elle s’en écarte d’un point de vue méthodologique (Delaplace, 2001), elle souligne la nécessaire compatibilité systémique des différentes conditions nationales20 qui sont à l’origine de l’avantage compétitif d’une industrie don- née qui s’est constituée en cluster dans un espace particulier.

Ainsi, selon M. Porter (Porter, 1999), la compétitivité des firmes dans une industrie et un pays donnés peut être analysée à partir de quatre grands déterminants straté- giques qui se renforcent les uns les autres (le contexte de la stratégie et de la rivalité d’entreprises, les conditions des facteurs de production, les conditions de la demande et les industries connexes et reliées qui constituent, au sens strict avec l’industrie considérée, le cluster) (cf. Delaplace, 2009, pour une présentation plus détaillée).

Toutefois Porter souligne que si les grappes d’industries connexes et reliées, i.e. les clusters, constituent l’un des quatre éléments du losange, elles sont également le produit des interactions entre ces quatre éléments (Porter, 1999, p. 222). Ainsi ce sont donc les interrelations systémiques entre les quatre déterminants de l’avantage concurrentiel qui vont permettre aux entreprises, dans un contexte national particu- lier, de développer un avantage concurrentiel.

20 Qu’Amable, Barré et Boyer analysent en termes de complémentarité institutionnelle (Amable, Barré et Boyer, 1997).

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Ces clusters ne peuvent donc fonctionner et produire un avantage concurrentiel que s’il existe une compatibilité systémique entre les quatre éléments du losange qui, dans l’analyse de Porter, ne relèvent pas seulement du niveau local21. De ce point de vue et aussi paradoxal que cela puisse paraître dans la mesure où cette analyse est justement à l’origine de politiques visant à concentrer spatialement les activités de recherche dans un domaine particulier, elle souligne que le succès de ces politiques n’est pas assuré sans cette compatibilité systémique au niveau national (Delaplace, 2009).

Se focaliser uniquement sur le rôle du territoire local et de la nation est cependant insuffisant dans la mesure où cela conduit à occulter la dimension stratégique de l’entre- prise et la question de sa gouvernance. En effet, même si un territoire offre des facteurs de production, des ressources spécifiques susceptibles de permettre à une entreprise d’être compétitive, cette dernière ne le sera pas nécessairement. La compétitivité des entre- prises dépend de leurs caractéristiques propres, de leur capacité à définir des stratégies adéquates avec l’évolution de leur environnement et de leur capacité à coopérer avec les acteurs de cet environnement.

2.2. Caractéristiques, stratégies des firmes et aptitudes à coopérer

La capacité des firmes à innover et à être compétitives dépend de déterminants internes à ces firmes et de leurs stratégies (2.2.1) mais également de leur capacité à coopérer (2.2.2).

2.2.1. Caractéristiques, stratégies des firmes et capacité d’innovation

De nombreuses caractéristiques des firmes sont susceptibles d’affecter leur capacité à innover. C’est le cas de leur taille (cf. Delaplace, 2008, pour un récapitulatif). C’est également le cas de leur organisation. En effet, le type de structure hiérarchique, l’adap- tabilité ou la rigidité de cette organisation, sa capacité à remettre en question ses champs technologiques vont également affecter sa capacité à innover. Ainsi et toutes choses étant égales par ailleurs, la probabilité de rejet d’une découverte dans une entreprise augmente avec le nombre d’échelons de décisions considérés (Cohen et Klepper 1991). C’est le cas également de ses routines (Nelson & Winter, 1982, Dosi, 1982, 1988), qui constituent en quelque sorte sa mémoire, de ses bases de connaissances qui dépendent des paradigmes technologiques sur lesquels ses technologies sont fondées (Dosi, 1982, 1988).

Au-delà de ces caractéristiques, la capacité à innover des firmes dépend également du type de stratégies mises en œuvre. Reprenant les propos de Chandler, une stratégie peut être définie comme « la détermination des principaux buts à long terme et des objectifs d’une entreprise et le choix des actions et de l’allocation des ressources nécessaires pour les atteindre. » (Chandler, 1962, p. 13, notre traduction). Ces stratégies concernent à la fois la définition des produits, la façon de les produire et de les financer, les marchés à pénétrer, la façon d’interagir avec les acteurs de l’environnement. Elles peuvent être adap- tatives en ce sens qu’elles varient en fonction des modifications de l’environnement, mais également pro-actives en ce sens qu’elles visent à anticiper voire à orienter les modifica-

21 Ainsi la politique scientifique visant à développer des bioplastiques à base d’amidon à partir d’agro-res- sources en Champagne-Ardenne à la fin des années 1990 a-t-elle été handicapée par l’absence de réglementation adéquate en France en matière de compostage (cf. Delaplace et Kabouya, 2001).

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tions de l’environnement. Ces stratégies peuvent prendre des formes différentes (Porter, 1999). Peuvent ainsi être distinguées, une stratégie par les coûts ou une stratégie de diffé- renciation, qu’il s’agisse de l’ensemble du marché ou de segments d’activités particuliers.

Or dans le cadre des pôles de compétitivité, il est nécessaire que la stratégie mise en œuvre par la firme concorde avec les choix résultants de la politique de ces pôles. Ainsi, par exemple, si une entreprise opte pour une stratégie par les coûts, il est nécessaire que les choix effectués dans le cadre du pôle de compétitivité portent sur des projets d’inno- vations de procédés permettant d’aboutir à ce même objectif.

En outre, la traduction concrète de ces stratégies dépend également des objectifs que s’assignent les firmes hétérogènes : maximisation des profits, croissance, survie22. Si l’entreprise privilégie un objectif de maximisation des profits immédiats, cet objec- tif rentrera en contradiction avec l’objectif des politiques scientifiques dans la mesure où les retombées de la recherche sont incertaines et à plus long terme. De la même façon, si l’entreprise privilégie un objectif de survie, elle tendra à minimiser les risques qui seraient associés à la participation à des projets de recherche dont les résultats sont incertains. Ainsi peuvent être privilégiées des activités d’exploitation au détriment d’activités d’exploration (Ben Mahmoud Jouini, Charue-Duboc et Fourcade, 2007a et b, Mothe et Brion, 2008, Ferrary, 2008).

Ainsi et quelles que soient les politiques mises en œuvre et leur efficacité, si la stratégie de l’entreprise ne coïncide pas avec les actions mises en œuvre dans le cadre de ces poli- tiques scientifiques, ces dernières seront inefficaces. Mais si les caractéristiques internes de la firme et sa stratégie jouent un rôle important dans sa capacité à innover, c’est le cas également de sa capacité à nouer des relations avec d’autres firmes (cf. Dyer & Singh, 1998) mais aussi, dans le cadre de la politique des pôles de compétitivité, avec des acteurs de nature différente. En effet, ce sont ces coopérations localisées avec d’autres acteurs publics et/ou privés qui sont au cœur de cette politique.

2.2.2. De la capacité des firmes à coopérer avec d’autres acteurs

Au sein même de l’entreprise, la coopération entre les différents acteurs impliqués dans un projet d’innovation est parfois difficile parce qu’ils sont caractérisés par des lan- gages différents : le financier ne maîtrise pas ou peu les connaissances scientifiques et les modalités de leur production ; le scientifique ne peut lui fournir des échéances précises quant à l’issue de ces travaux, ni même parfois spécifier les issues possibles. Le spécia- liste du marketing peut avoir des exigences en matière de couleur, de design qui peuvent être peu compatibles avec des formulations scientifiques. Des conflits peuvent ainsi naître dans le nécessaire travail en équipe (cf. Delaplace et Guillemet, 2003, 2004).

Mais si ces problèmes existent en interne dans une organisation, ils prennent une dimen- sion plus importante lorsque de nombreux acteurs d’organisations différentes sont impli- qués comme c’est le cas lors des projets portés par les pôles de compétitivité. En effet, ces derniers sont susceptibles d’avoir des objectifs et des temporalités divergents en cours de

22 Dépassant la vision néoclassique étroite de la firme maximisant son profit, ces objectifs font l’objet d’in- tenses débats parmi les économistes et les gestionnaires, même si en 1991, Winter, p. 179, indiquait: « A la question : qu'est-ce que les Sciences économiques ont à dire sur le rôle des firmes privées dans une économie de marché ? la réponse sera un silence suivi d'un bavardage excité de réponses éminemment conflictuelles, un bavardage intéressant certes mais un bavardage néanmoins. »

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coopération (Gomez, 2009)23. En outre, et comme le soulignent Weil et Fen Chong (2008, p. 22, cité par Gomez, 2009, p. 198) « ne disposant d’aucune autorité sur ses membres, le pôle construit, pour chaque action collective importante et chaque projet, des coalitions subtiles où chaque partie prenante (participant au projet ou financeur), dispose d’un poids lié aux ressources qu’elle apporte et peut faire défection si elle n’est pas satisfaite ».

Si les organisations privées sont caractérisées par une recherche de rentabilité à court terme, de protection des résultats, les organisations publiques peuvent privilégier davan- tage la recherche « d’effets externes » et ce, à plus ou moins long terme. La logique des chercheurs publics est enfin davantage une logique de production de connaissances ou de reconnaissance par les pairs, elle n’est pas a priori de générer des profits24. Des conflits peuvent également être liés à des temporalités différentes entre les acteurs. Alors que les entreprises sont caractérisées par des objectifs de court terme, les universités et les centres de recherche privilégient davantage des objectifs de moyen terme ou de long terme25.

En outre, ces coopérations peuvent générer ex post des conflits d’appropriation entre les différentes parties prenantes quant aux résultats des recherches menées (Delaplace et Guillemet, 2003, et plus récemment Gomez, 2009). Dans le cadre de projets de recherche, en effet, les contrats sont nécessairement incomplets.

Ainsi, les coopérations entre des acteurs ayant des logiques différentes ne vont pas de soi. Dès lors, l’incitation à coopérer dans le cadre des politiques d’innovation peut ne pas aboutir et les politiques scientifiques menées sur le(s) territoire(s) ne pas converger avec les actions des firmes.

Conclusion

La compétitivité a fait une entrée en force dans le discours politique depuis le début des années 2000. En France, la recherche de cette compétitivité s’est traduite par la mise en place de la politique des pôles de compétitivité, qui par des incitations, cherche à promouvoir des coopérations localisées entre les entreprises et les centres de recherche au travers de la définition de projets de recherche innovants. De ces pro- jets devraient naître des innovations permettant aux entreprises et aux territoires qui les portent d’être compétitifs. Pour autant, non seulement la conceptualisation de la compétitivité des territoires fait débat mais de surcroît cette compétitivité peut parfois être antagonique avec la compétitivité des firmes. Il nous a semblé alors préférable de nous interroger sur l’ensemble des déterminants de la compétitivité des firmes et d’identifier le rôle des territoires au sein de ceux-ci. Ainsi la compétitivité des firmes dépend de déterminants relevant de différentes échelles spatiales, de déterminants qui leur sont propres mais également de leur capacité à coopérer avec les acteurs de leur environnement. Dès lors, force est de constater que la politique des pôles de compéti-

23 Cf. également Delaplace et Guillemet, 2003, pour une analyse des conflits d’objectifs et de temporalités dans le cas d’une politique scientifique locale visant à développer des valorisations non alimentaires des agro- ressources en Champagne-Ardenne.

24 Même si la logique marchande tend à pénétrer de façon croissante la sphère scientifique, cf. Delaplace et Guillemet, 2004.

25 Même si les financements par projet de la recherche publique remettent en question cette recherche de long terme.

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tivité ne conduit pas nécessairement à une compétitivité des firmes et encore moins à un développement des territoires dans lesquels ces pôles sont implantés.

Remerciements

L’auteur remercie les referées pour la qualité et l’acuité de leur lecture ; les remarques fournies permettent d’améliorer le texte de façon substantielle.

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