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Géographie Économie Société : Article pp.189-206 du Vol.13 n°2 (2011)

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Géographie, Économie, Société 13 (2011) 189-206

doi:10.3166/ges.13.189-206 © 2011 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

géographie économie société géographie économie société

Différences de genre et formes de dépendances des conjoints biactifs

dans l’accompagnement des enfants

Gender differences and dependence between spouses in chauffeuring children among dual-earner families

Benjamin Motte-Baumvol

1

, Leslie Belton-Chevallier

2

et Richard G. Shearmur

3

1Université Bourgogne-Franche-Comté, THEMA, 2, boulevard Gabriel, 21000 Dijon

2IFSTTAR, DEST, Le Descartes 2, 2 rue de la Butte Verte, 93166 Noisy-le-Grand Cedex

3INRS-UCS, LASER, 385 Sherbrooke est, Montréal, H2X 1E3

Résumé

L’approche des différences de genre dans la mobilité a été renouvelée à partir des années 2000 par l’at- tention portée aux formes d’interdépendance entre conjoints pour leurs déplacements quotidiens. Dans ce travail mobilisant l’enquête ménages-déplacements d’île-de-France, nous en avons relevé deux types à partir de l’analyse de l’accompagnement des enfants des conjoints de couples de biactifs. D’une part, il y a un effet d’entraînement. Lorsqu’un conjoint fait de l’accompagnement, l’autre a une probabilité plus forte d’en faire également. D’autre part, les conjoints se distribuent entre eux l’accompagnement avant travail et après travail. Toutefois, l’interdépendance entre conjoints est asymétrique. La femme est plus sensible au programme d’activité de son conjoint que ce dernier ne l’est pour elle. Si la probabilité qu’elle fasse de l’accompagnement augmente avec la durée de travail de son conjoint, l’inverse est moins vérifiable. Les femmes continuent à faire toujours plus d’accompagnement que leur conjoint.

© 2011 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

*Adresse email : benjamin.motte@u-bourgogne.fr, leslie.belton@enpc.fr, richard.shearmur@ucs.inrs.ca

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Summary

Since the early 2000s there has been renewed interest in the study of gender differences in mobility.

The emphasis has increasingly been on the interdependence, of spouse’s daily commutes. In this article, using mobility data from the Paris Region survey, we identify two types of dependence in chauffeuring children in dual-earner families. On the one hand, there is a ripple effect: when one spouse is chauffeuring the other has a higher probability of chauffeuring too. On the other hand, spouses share their chauffeuring trips before work and after work. However, the interdependence between spouses is asymmetrical. Women are more sensitive to their spouse’s working hours than men. Women’s probability of chauffeuring children increases with their spouse’s duration of employment, while this is not the case for men. Thus women still tend to do more chauffeuring than their spouses.

© 2011 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Mots clés : accompagnement des enfants, ménage biactif, différences de genre, mobilité.

Keywords : chauffeuring trips, dual-earner families, gender differences, mobility.

Introduction

Au sein des couples, les différences de genre ont fait l’objet de nombreuses recherches sur la répartition et le partage des activités ménagères, domestiques comme parentales.

Au sein des couples biactifs, ces activités catalyseraient le maintien et la reproduction d’importantes inégalités de genre (Pfefferkorn 2011). Pourtant, la participation crois- sante des femmes au marché du travail a laissé entrevoir le déclin du modèle supposé dominant du male breadwinner  (ou «  père pourvoyeur  »), où l’homme ramènerait le salaire et la femme gèrerait le foyer et les enfants (Crompton 1999 ; Lewis 2001). Ce modèle laisserait place à un nouvel idéal de répartition plus paritaire  : le modèle du dual earner / dual carer où l’homme et la femme participeraient de manière suppo- sément égale aux activités pour le foyer. Toutefois, dans les faits, le modèle dominant dans les pays occidentaux est plutôt celui du dual earner but not dual carer car de nombreuses inégalités demeurent. Outre les différences salariales (plafond de verre), de carrières ou d’accès à l’emploi, la répartition des tâches liées au foyer demeurent un point d’achoppement central. En effet, la division du travail tant domestique que parental évolue peu (Kaufmann 1992 ; Ponthieux et Schreiber 2006). Même au sein des couples biactifs, les tâches liées au foyer restent majoritairement réalisées par les femmes. Dans ces ménages, la femme se voit souvent contrainte d’assumer un double fardeau ou un second service (Hochschild et Machung 1989) en cumulant travail et acti- vités domestiques et a alors plus de difficultés à concilier travail et vie privée (Garner, Méda et al. 2005). Ces différences de genre se retrouvent dans le domaine de la mobi- lité quotidienne. Pour les ménages biactifs, hommes et femmes diffèrent à travers les caractéristiques de leurs navettes domicile-travail (Madden et White 1978 ; Hanson et Pratt 1995 ; Vandersmissen, Villeneuve et al. 2001) comme de leurs déplacements hors-travail (Kwan 1999 ; 2000). Par une implication domestique plus importante que leur conjoint, les femmes en général et les femmes avec enfant(s) en particulier ont des

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durées et des distances de navettage plus courtes que les hommes (Prédali 2005). Elles limiteraient leurs activités personnelles et leur journée de travail (Rutherford et Wekerle 1988 ; England 1993), afin d’être plus disponibles à l’intérieur du domicile et pour les déplacements relatifs au ménage.

La recherche de liens directs entre les caractéristiques des déplacements domicile- travail ou la durée des journées de travail des femmes, d’une part, et des variables tenant au poids des activités relatives au ménage, d’autre part, a souvent échoué : aucun de ces liens ne s’est avéré régulièrement concluant (MacDonald 1999). Les corrélations sont faibles, parfois contradictoires (White 1986 ; Shearmur 2006) ou limitées à des cas spécifiques (Turner et Niemeier 1997). Selon Kwan (2000), cette absence de liens tient au fait que les éléments investigués sont trop limités. Les motifs de déplacement non liés au travail et contraints, en particuliers ceux relatifs au ménage (mobilité domes- tique), ont longtemps été exclus de l’analyse (Kwan 2000 ; Schwanen, Kwan et al.

2008). Par leur prise en compte, Schwanen et al. (2007) montrent leur pertinence pour les Pays-Bas. Ils relèvent ainsi un lien entre lieu d’emploi, caractéristiques des navettes des actifs et nombre de déplacements pour l’accompagnement des enfants ou les achats alimentaires. Ces auteurs mettent aussi en avant que les recherches sur les différences de genre en termes de mobilité ont longtemps négligé la dimension conjugale de la question, c’est-à-dire les ajustements entre conjoints. L’implication de l’homme n’est souvent pas prise en compte. Or, si la femme tend à prendre à sa charge l’essentiel des mobilités domestiques, les conjoints semblent se partager, de manières variables, les déplacements liés à l’accompagnement (Schwanen 2007).

À l’instar des travaux de Schwanen et al., ce travail propose de réinterroger une catégorie de pratiques de mobilité domestique et son orchestration au sein des couples biactifs, à savoir l’accompagnement des enfants. Le choix de ce type de déplacement domestique est lié à plusieurs considérations. D’abord, l’accompagnement des enfants rentre dans le cadre des activités parentales dont le partage tendrait à devenir plus égalitaire que d’autres activités ou du moins correspondrait à l’idéal d’un nouveau père plus investi. À défaut d’un partage réellement paritaire, les pères se caractérisent tout de même par une implication croissante dans les soins des enfants, même si cette dernière est spécialisée à des activités plus ludiques comme les loisirs (Brugeilles et Sébille 2009). Ensuite, le transport des enfants est une activité considérée comme facilement interchangeable et donc transférables entre partenaires, notamment quand l’un d’entre eux travaille moins ou se retrouve au chômage (Pailhé et Solaz 2004).

Au-delà des particularités du terrain que l’Enquête Globale Transport (EGT), soit la base de données utilisée dans cette étude, ne nous permet pas d’identifier au-delà des localisations résidentielles ou professionnelles, l’objectif est de proposer une analyse approfondie de la dimension conjugale de l’accompagnement. Les pratiques d’accompagnement d’un conjoint dépendent-elles exclusivement des contraintes liées à sa propre journée de travail ou prennent-elles également en compte celle de son conjoint ? Par exemple, un conjoint effectue-t-il plus d’accompagnements si son conjoint a une journée de travail particulièrement longue  ? Ensuite, comment les conjoints se répartissent-ils l’accompagnement de leur progéniture  entre la prise en charge exclusive par l’un des conjoints, le partage des accompagnements entre matin et soir ou d’autres formes plus hybrides ?

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1. Résultats antérieurs et questions

À travers la dimension conjugale des pratiques d’accompagnements au sein des ménages biactifs, ce travail est articulé autour de plusieurs questions issues des études récentes sur les différences de genre relatives aux déplacements.

1.1. Des relations asymétriques entre les journées de travail des conjoints biactifs et leurs niveaux d’accompagnement respectifs ?

De nombreux résultats empiriques montrent que les femmes actives assument la majeure responsabilité de l’ensemble des tâches domestiques, à l’intérieur comme à l’ex- térieur du domicile, et ce quelque soit leur activité professionnelle (Barrère-Maurisson, Buffier-Morel et al. 2001 ; Algava 2002 ; Ponthieux et Schreiber 2006 ; Schwanen, Ettema et al. 2007 ; Lesnard et De Saint Pol 2008). Le niveau d’implication des conjoints dans ces tâches varie. Il semble lié à la durée respective de leurs journées de travail et aux types de poste qu’ils occupent. Ces résultats principalement issus des enquêtes Emplois du Temps ne s’intéressent pas toujours explicitement aux déplacements domestiques tels que les courses ou l’accompagnement des enfants. Toutefois, en prenant en compte spé- cifiquement les déplacements des ménages, des enquêtes anglo-saxonnes identifient le même lien (Hanson et Pratt 1992 ; 1995).

Si les femmes assurent la plus grande partie des déplacements relatifs au ménage et de l’accompagnement, les hommes y participent également. Environ 40 % des pères d’en- fants de moins de 8 ans font de l’accompagnement aux Pays-Bas, soit un peu moins que leurs conjointes qui sont près de 50 % (Schwanen 2007 ; Schwanen, Ettema et al. 2007).

Pour les hommes, plus nettement que pour les femmes, durée de la journée de travail et participation à l’accompagnement des enfants sont liées. Les hommes dont la durée de travail et la durée des navettes sont les plus courtes sont ceux qui effectuent le plus d’accompagnement. À l’inverse, dès que leurs temps de travail et de navette dépassent la moyenne, leur niveau d’accompagnement s’effondre, ce qui ne s’observe pas pour les femmes (Schwanen 2007).

Au-delà des considérations propres à chacun des conjoints indépendamment de l’autre, différentes formes d’interaction entre conjoints existent. Par exemple, lorsque les femmes ont de longues journées de travail, les hommes tendent à prendre en charge plus de tâches et de déplacements relatifs au ménage (Kroska 2004 ; Kitterod et Pettersen 2006 ; Ettema, Schwanen et al. 2007). Pour autant, alors que la femme semble s’adapter fortement aux contraintes horaires de son conjoint, celui-ci compense les longues journées de travail de sa conjointe par un accroissement très modéré de sa participation aux tâches ménagères à l’in- térieur et à l’extérieur du domicile. Par ailleurs, Schwanen et al. (2007) dressent le portrait de conjoints qui ont des interactions fortes mais de nature différente. La première catégorie d’interactions vise l’efficacité : les conjoints se répartissent les déplacements en jouant sur leur complémentarité (Ettema, Schwanen et al. 2007). Par exemple, face à des emplois du temps fortement contraints, un conjoint prend en charge les courses tandis que l’autre s’oc- cupera de l’accompagnement des enfants. L’autre catégorie d’interactions entre conjoints consiste à effectuer ensemble les déplacements et les activités qui y sont liés. L’objectif ici est de passer du temps ensemble, d’être solidaires (Gliebe et Koppelman 2002).

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Pour l’accompagnement des enfants, la distribution des déplacements prendrait plu- tôt la forme d’une répartition des déplacements du matin et du soir entre les conjoints.

En comparant les programmes d’activité des hommes et des femmes et via l’analyse de leurs discours, une stratégie d’accompagnement semble se dessiner à l’échelle de certains couples. L’homme amène plutôt les enfants le matin, avant d’aller au travail, tandis que la femme va les chercher le soir, après le travail (Schwanen 2007). Cette stratégie semble d’autant plus prononcée si la femme a des horaires de travail souples lui permettant d’ef- fectuer les accompagnements du soir plus nombreux et plus complexes. Pour étudier les interactions entre conjoints, il parait donc indispensable de différencier les accompagne- ments du matin et ceux du soir, d’autant qu’ils paraissent déterminés par des facteurs sensiblement différents. De plus, les relations entre ces deux types d’accompagnement sont à étudier de manière systématique.

Ce travail a pour but d’établir un lien entre accompagnements avant et après le travail à l’échelle du couple qui ne soit pas seulement déduit à partir de la comparaison des mobilités de l’un et l’autre des conjoints, mais qui les considère ensemble au sein d’un même modèle. Nous interrogerons ensuite le modèle produit pour déterminer si la distri- bution des accompagnements entre soir et matin conduit à une plus grande égalité entre conjoints, voire à un transfert de la charge principale de ce type d’accompagnement à l’homme.

1.2. Un impact différencié des enfants sur les conjoints ?

Les effets du nombre et de l’âge des enfants sur le partage des tâches entre conjoints restent discutés. La présence d’enfants, notamment jeunes (Kwan 1999), dans le ménage pèse-t-elle principalement sur la femme comme le postulent de nombreux écrits fémi- nistes (Morris 1990 ; Hanson et Pratt 1995) ou leur charge est-elle plus largement parta- gée par les conjoints ?

Les résultats sont parfois contradictoires selon qu’ils portent sur un type particulier de tâche ménagère, notamment en distinguant celles effectuées à l’intérieur de celles réali- sées à l’extérieur du domicile (Brugeilles et Sébille 2009). Avec des résultats récents sur l’accompagnement aux Pays-Bas, Schwanen (2007) montre que les hommes participent de façon presque équivalente à cette activité que leurs conjointes. Mais ils y porteraient une attention moins soutenue et y seraient moins investis, en dehors de quelques rares cas qualifiés de « super-papas ». Les femmes en font donc toujours davantage. Toutefois, plus le ménage compterait d’enfants, plus l’implication dans les tâches ménagères est importante pour les deux conjoints. Ce constat est largement à relativiser en France où le nombre d’enfants conditionne surtout le niveau d’activité professionnelle de la mère. Le père n’est souvent impliqué que lorsque les différences d’âges au sein de la fratrie foca- lisent la mère sur les enfants les plus jeunes et imposent au père de prendre en charge les enfants les plus âgés. Dans ce cas, là encore, l’implication des pères reste toute relative car limitée à certaines activités dont l’accompagnement (Brugeilles et Sébille 2009).

L’âge des enfants serait un autre facteur explicatif de l’implication variable des conjoints dans les tâches ménagères. La présence de jeunes enfants semble avoir des effets plus importants sur la mobilité des femmes que sur celle des hommes et tend à renforcer les différences entre conjoints (Rosenbloom 1995). Pour autant, plus que sur les

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distances, les temps ou le nombre de déplacements, la différence la plus grande concerne les motifs (Gordon, Ajay et al. 1989). Schwanen (2007) note une implication plus forte des pères avec de jeunes enfants, leur participation aux accompagnements restant tou- jours plus faible que celui de leur conjointe. Ainsi, les effets de l’âge des enfants restent peu clairs. D’une part, pour caractériser les « jeunes enfants » par rapport aux enfants plus âgés, les bornes retenues diffèrent selon les études et les pays, notamment en fonction de l’âge de la scolarisation. D’autre part, le besoin d’accompagnement des enfants peut varier fortement selon les horaires et les formes d’organisation propres à chaque école ou établissement préscolaire. Enfin, pour les enfants scolarisés, la proximité de l’école avec le domicile peut faire varier significativement les pratiques d’accompagnement. En France, où un enseignement public largement uniforme domine, les horaires des écoles varient peu et l’âge de la scolarisation obligatoire est de 6 ans. Pour étudier les pratiques d’accompagnement en île-de-France, cet âge semble constituer la borne pertinente pour distinguer les «  jeunes enfants  » des enfants plus âgés. Il s’agira de vérifier de quelle manière le nombre et l’âge des enfants influent sur l’articulation des accompagnements entre conjoints (spécialisation, répartition entre matin et soir, etc.).

1.3. Quel effet a le lieu de résidence et/ou de travail sur les pratiques d’accompagnement ? La participation à l’accompagnement des enfants tend à varier selon les localisations rési- dentielles et d’emploi des conjoints. La dimension locale des pratiques d’accompagnement renvoie d’abord aux dimensions culturelles et donc géographiquement contingentes de la parentalité en général et de la maternité en particulier (Dowling 2000). Elle réfère également aux politiques publiques en matière d’accompagnement (transport scolaire) ou de structures de garde et surtout aux politiques sociales plus généreuses et paritaires dans les pays scan- dinaves qu’en France et surtout qu’aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni (Esping-Andersen 1999 ; Kitterod et Pettersen 2006). Bien qu’elles permettent d’expliquer les sources des différences géographiquement contingentes de genre au sein des couples (Massey 1994), ces dimensions s’avèrent délicates à étudier à travers la seule EGT. Toutefois des nuances peuvent être mises en évidence selon les localisations résidentielles et d’emploi dans la région francilienne (Paris, Petite Couronne, Grande Couronne).

Schwanen (2007) note que l’accompagnement des hommes appartenant à des couples résidant en centre-ville tend à être plus important que pour ceux résidant en périphérie, notamment pour les accompagnements du matin. Cet effet relativement faible ne s’ob- serve que pour les hommes. Prendre en compte le territoire de résidence ou de travail s’avère complexe. Relever des corrélations entre un type de territoire urbain et les com- portements de mobilité ne suffit à en déduire une causalité (Handy 2002). En effet, un problème encore non résolu est de savoir dans quelle mesure cette corrélation est due aux caractéristiques du territoire, telles la densité et la présence d’aménités, ou à d’autres variables covariantes, comme les caractéristiques sociodémographiques des populations qui y résident (Ewing et Cervero 2001). Avec le type de localisation résidentielle ou de travail, des différences significatives dans les durées, les distances ou les modes utilisés pour les navettes sont aussi à prendre en considération.

Toutefois, la prise en compte des types de territoire de résidence ou de travail revient à considérer la proximité et la densité d’aménités, dont on fait l’hypothèse qu’elles ont

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des effets significatifs sur les pratiques d’accompagnement des enfants. En effet, dans les centres des agglomérations, les temps et les distances de déplacement sont plus courts : vivre ou travailler dans un centre serait donc propice à des programmes d’activités plus complexes et à une multiplication des petits déplacements tels que l’accompagnement (Orfeuil 2000b ; 2004). Pour autant, les déplacements enregistrés dans les centres y sont plus souvent réalisés en transports en commun. La congestion y est plus importante et génératrice d’incertitude sur les temps de déplacement. Or, usages des transports en commun et congestion tendent à réduire les pratiques de chaînages des déplacements et donc certaines pratiques d’accompagnement. À l’inverse, en périphérie, la congestion est moins forte et les déplacements ont majoritairement lieu en voiture. Ces spécificités des déplacements en périphérie tendent a priori à faciliter et donc accroître les pratiques d’accompagnement. Pour autant, les temps et les distances de déplacements plus impor- tants dans ces territoires auraient plutôt l’effet inverse (Orfeuil 2000a).

Au final, nous faisons l’hypothèse que l’accompagnement en périphérie nécessite une organisation plus stricte parce que les temps de déplacements contraignent plus fortement les emplois du temps. Pour cette raison, les femmes y ont une part accrue tandis que la participation relative des hommes tend à être plus importante dans les centres. Compte tenu des données disponibles, il apparaît cependant difficile d’aller plus loin pour expli- quer les déterminants locaux des pratiques d’accompagnement au sein de l’île-de-France.

2. Données

2.1. Composition de l’échantillon

Cette étude repose sur l’exploitation des données de l’EGT (Enquête Globale Transport) portant sur les années 2001-2002 (DREIF 2004). Cette enquête est l’équiva- lent pour l’île-de-France des enquêtes ménages déplacements (CERTU 2008) menées dans les grandes agglomérations françaises. Ces données peuvent paraitre anciennes mais ce sont les dernières parues en île-de-France, nous offrant un échantillon et une richesse des variables inégalée dans les autres enquêtes ménages déplacements. En effet, elle porte sur un échantillon de 10 478 ménages distribués dans l’ensemble de la Région et enquê- tés en face à face. Parmi ces ménages, environ 1 400 sont des couples biactifs avec des enfants. Pour 1 013 ménages biactifs avec enfants, la composition, la durée de la journée de travail des deux conjoints, les navettes et l’ensemble de la mobilité hors-travail sont correctement renseignés et donc exploitables. Une dizaine de ménages ont été retirés de l’échantillon parce qu’ils correspondent aux ménages dont l’un des conjoints travaille à des horaires atypiques, en particulier de nuit. Leur faible nombre invitait à les retirer de l’échantillon plutôt que de les y conserver.

Seuls 8,2 % de l’échantillon réside à Paris et 55,5 % en grande couronne, alors que l’on relève à partir du recensement de 1999 que Paris concentre 13,6 % des couples avec enfant d’île-de-France et la Grande Couronne en compte 49 %. Le poids de Paris est donc réduit dans l’échantillon alors que celui de la Grande Couronne est un peu plus important.

Les âges sont fortement concentrés puisque 71 % des femmes et 79,3 % des hommes sont des quadragénaires, tandis que 25,7 % des femmes et 16 % des hommes sont des trentenaires. Enfin, près de la moitié des ménages (48,4 %) comptent deux enfants et un

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tiers des ménages n’en comptent qu’un seul. Le recensement affiche à l’inverse un pour- centage plus élevé de ménage ne comptant qu’un seul enfant (42,7 %) et moins élevé de ménages comptant deux enfants (37,2 %).

2.2. Les variables mobilisées

La première variable mobilisée se rapporte aux déplacements pour le motif « accompa- gnement » et « aller chercher quelqu’un ». Une variable dans l’EGT permet de déterminer la ou les personnes accompagnées et s’il s’agit d’un enfant du couple. L’accompagnement des enfants représente la quasi-totalité des déplacements pour accompagnement des individus de l’échantillon. Parmi les accompagnements, compte tenu de nos hypothèses de départ (cf.

ci-dessus), ceux avant-travail et ceux après-travail répondent à des logiques différentes. Il s’est avéré nécessaire de caractériser les heures des déplacements pour accompagnement, ce qui a été fait à partir de l’identification des horaires de travail et de leur comparaison avec les horaires des déplacements pour accompagnement. Il est important de noter à ce stade que la totalité des déplacements avant-travail a été réalisée durant la matinée. De même la totalité des déplacements après travail, dans le cas de notre échantillon, a été réalisée dans l’après-midi après 15 heures. Cela nous autorise à parler d’accompagnements du matin et d’accompagnements du soir dans la suite de cet article.

L’utilisation des données de durée effective de travail pour traduire l’ampleur de la journée de travail des conjoints (Hanson et Hanson 1981) n’est pas aisée à partir des enquêtes ménages déplacements. Ces variables ne figurent pas directement dans les enquêtes. Il est nécessaire de les déduire à partir des horaires des déplacements des indi- vidus, ce qui nécessite un bon niveau de précision des enquêtes avec des heures de début et de fin pour chaque déplacement. À ce titre, l’EGT a la précision requise. Les temps de travail des individus ont été déduits à partir de l’horaire de la première arrivée sur le lieu de travail et celui du dernier départ du lieu de travail. Ont été retranchés tous les temps passés hors du lieu de travail, au restaurant ou pour achats entre autres.

3. Une inégalité des pratiques d’accompagnement entre hommes et femmes liée à des différentiels de temps de travail

Sont ici considérés les 1 013 ménages dont les deux conjoints sont des actifs occupés et qui comptent au moins un enfant. Un peu plus de la moitié d’entre eux (54,2 %) n’ont pas accompagné leurs enfants (graphique 1). Parmi les ménages accompagnants, cette activité se distribue inégalement entre hommes et femmes : la femme réalise l’ensemble des accompagnements dans 4 cas sur 10, tandis que l’homme les prend entièrement à sa charge dans 2 cas sur 10. Le dernier cas de figure correspond au cas où les conjoints se partagent l’accompagnement de leur(s) enfant(s).

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B. Motte-Baumvol et al. / Géographie, économie, Société 13 (2011) 189-206 197 Graphique 1 : Distribution des ménages selon les pratiques d’accompagnement des conjoints

Le matin, les ménages qui accompagnent représentent moins de 30 % de l’échan- tillon étudié. Parmi ces ménages, l’accompagnement du matin et/ou du soir est à la charge d’un conjoint, soit la femme, soit l’homme à un moindre niveau. Il est rare- ment partagé, dans une même journée, entre les deux conjoints. Pour les accompa- gnements du soir, les observations sont similaires. Le schéma dominant où l’homme accompagnerait le matin et la femme le soir n’est donc pas observé ici, puisque la participation des femmes (avant et après le travail) reste largement supérieure à celle des hommes.

En somme, la majorité des ménages biactifs avec enfant(s) (55,1 %) ne les accom- pagnent pas durant la semaine. Parmi les ménages accompagnants, les femmes sont plus investies que les hommes : leur nombre moyen d’accompagnements est de 1,1 déplacement par jour contre 0,8 pour les hommes. Une partie des ménages accom- pagne soit le matin (13,1  %), soit le soir (11,2  %), tandis qu’une autre partie des ménages le fait aussi bien le matin que le soir (21,6  %). Dans ce dernier cas, les accompagnements sont partagés entre les conjoints dans 7 cas sur 10. Pour les cas restants, ils sont essentiellement pris en charge par la femme (qui accompagnera donc le matin et le soir).

La plus forte participation des femmes à l’accompagnement correspond au fait qu’elles ont des journées de travail plus courtes que celles de leur conjoint. En île- de-France, cette situation correspond à deux tiers des femmes actives. Leur temps de travail quotidien moyen est de 8h20 contre 9h13 pour leurs compagnons, soit 10 % de moins en moyenne. Cette différence reste faible au regard de l’échantillon utilisé par Schwanen (2007) aux Pays-Bas, où les écarts sont plus forts1 du fait d’un fort recours au temps partiel pour les femmes. Pour l’île-de-France, en retenant les couples biactifs avec enfant(s), seules 11,4 % des femmes travaillent moins de 6 heures dans la journée contre 5,1 % des hommes.

Malgré une distribution similaire des temps de travail entre hommes et femmes (gra- phique 2) et une moyenne limitée des écarts entre conjoints, des situations contrastées existent. Les écarts les plus importants et les plus fréquents entre conjoints se manifestent lorsque le volume horaire de travail de l’homme est largement supérieur à la moyenne observée dans l’échantillon. En observant la différence entre le volume horaire de chacun des conjoints (Nombre d’heures travaillées par l’homme – Nombre d’heures travaillées par

1 Le temps de travail moyen dans l’échantillon réuni à Utrecht est 40,4 heures par semaine pour les hommes et de 28 heures pour les femmes.

Données : EGT 2001-2002

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la femme), plusieurs constats peuvent être effectués. Pour le dernier quartile, c’est-à-dire les 25 % de couples dont l’écart est le plus important et où c’est l’homme qui a un volume horaire de travail supérieur à celui de sa femme, l’homme travaille en moyenne 85 % plus longtemps que sa compagne. À l’inverse, pour le premier quartile, soit les 25 % de couples dont la différence entre le temps de travail de l’homme et celui de la femme est le plus faible (car négatif) et où c’est donc la femme qui travaille plus longtemps que son mari, la femme a un volume horaire supplémentaire de 23 % par rapport à son conjoint.

Les forts écarts de durée des journées de travail des conjoints donnent lieu à des combinaisons variables pour l’accompagnement des enfants. Dans l’ensemble, la femme prend à sa charge l’accompagnement plus fréquemment que l’homme. Mais ce n’est pas le cas lorsqu’elle travaille plus que lui (graphique 3). Pour autant, dans cette situation, le partage des accompagnements entre les deux conjoints reste la com- binaison la plus fréquente. À l’inverse, quand l’homme montre un volume horaire de travail plus important que sa conjointe, cette dernière prend le plus fréquemment à sa charge l’accompagnement, tandis que les situations de partage sont plus réduites.

Graphique 2 : Distribution des ménages selon les pratiques d’accompagnement des conjoints par quartile de différentiel de temps de travail entre homme et femme

Données : EGT 2001-2002

Données : EGT 2001-2002 Graphique 3 : Distribution des hommes et des femmes en fonction du nombre d’heures travaillées

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Lecture :

• Durée travail H < F : correspond aux 25 % de ménages pour lesquels le temps de travail de la femme est très supérieur à celui de son conjoint.

• Durée travail H > F : correspond aux 25 % de ménages pour lesquels le temps de travail de l’homme est très supérieur à celui de sa compagne.

• Durée travail H ≈ F : correspond à 50 % des ménages restants, c’est-à-dire ceux pour lesquels le temps de travail de l’un peut être considéré comme légèrement supérieur à celui de l’autre. Parmi ces ménages, une différence de 10 % en moyenne est observée entre les deux temps de travail (ce qui correspond à l’écart moyen de temps de travail entre les hommes et les femmes de notre échantillon)

Le moindre investissement des pères dans l’accompagnement semble donc en par- tie lié à leur volume horaire de travail et notamment au différentiel de ce dernier avec celui de leur compagne. Toutefois, comme les études ont pu le montrer (Schwanen 2007 ; Brugeilles et Sébille 2009 ; Kwan 2000), d’autres facteurs sont à prendre en compte pour saisir l’ensemble des différences de genre dans les pratiques d’accompagnement : carac- téristiques des horaires de travail de l’individu et de son conjoint, taille de la fratrie, lieux de travail et de résidence, etc. Pour autant, aucune combinaison de variable ne permet d’expliquer complètement les différences de genre (Cristaldi 2005).

4. Les facteurs déterminant les pratiques d’accompagnement des hommes et des femmes en Île-de-France

Nous avons construit deux modèles cherchant à expliquer la décision de participer aux accompagnements, un avant le travail  et l’autre après le travail. Ces deux modèles ont été utilisés pour les femmes et pour les hommes. Les accompagnements du matin (avant le travail) et du soir (après le travail)2 ont été pris en compte de manière séparée car ils répondent à des logiques différentes (tableaux 1 et 2).

Tableau 1 : L’accompagnement des femmes

Modèle Matin (pseudo r² = 0,25)   Soir (pseudo r² = 0,20)

Param.

estimé

Erreur type

Khi2 Wald

Pr>

Khi2

Param.

estimé

Erreur type

Khi2

Wald Pr>Khi2

Constante -2,34 0,68 11,66 ***   0,07 0,61 0,01  

Femme                  

Durée travail(en heures) 0,07 0,08 0,82     -0,33 0,07 24,53 ***

Durée navette (en mn.) -0,02 0,01 20,35 *** -0,01 0,00 2,13

Heure travail tardive -1,20 0,29 17,55 *** - - -

Transport en commun -0,08 0,27 0,09     -0,43 0,25 3,04 .

Voiture conducteur - - -     - - -  

Voiture passager -1,23 0,56 4,80 *   0,84 0,34 6,20 *

2Au sein de l’échantillon étudié, 90  % des accompagnements réalisés avant le travail ont lieu le matin.

L’ordre de grandeur est similaire pour les accompagnements après le travail qui sont réalisés le soir.

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Marche et vélo -0,44 0,33 1,84     -0,61 0,31 3,91 *

Travail à Paris 0,26 0,32 0,65 -0,45 0,28 2,54

Travail en petite couronne 0,09 0,26 0,12 -0,19 0,23 0,69

Accompagnement matin - - -   0,85 0,20 17,72 ***

Accompagnement soir 0,79 0,22 12,28 ***   - - -  

Conjoint                  

Durée travail(en heures) 0,12 0,07 2,88 . 0,09 0,07 2,08

Durée navette (en mn.) 0,00 0,00 1,35 0,01 0,00 6,98 **

Accompagnement matin -1,13 0,30 14,39 ***   2,13 0,21 103,39 ***

Accompagnement soir 2,19 0,23 92,68 ***   -0,04 0,25 0,02  

Ménage

Durée travail H > F 0,31 0,40 0,60     -0,25 0,36 0,48  

Durée travail H < F 0,45 0,42 1,11 0,11 0,42 0,07

Résidence à Paris -0,33 0,39 0,69     -0,24 0,36 0,45  

Résidence en PC -0,04 0,24 0,02     0,17 0,21 0,65  

2 enfants et plus 0,62 0,19 11,29 *** 0,41 0,17 5,65 *

enfant(s) <6ans 0,79 0,18 18,64 *** 0,02 0,17 0,02

3e adulte -1,31 0,33 15,55 ***   -0,59 0,26 5,25 *

Signification des codes: 0 ‘***’ 0.001 ‘**’ 0.01 ‘*’ 0.05 ‘.’ 0.1 ‘ ’ 1 Données : EGT 2001-2002

Tableau 2 : L’accompagnement des hommes

Modèle Matin (pseudo r² = 0,29)   Soir (pseudo r² = 0,21)

Param.

estimé

Erreur type

Khi2

Wald Pr>Khi2 Param.

estimé

Erreur type

Khi2

Wald Pr>Khi2

Constante -2,63 0,72 13,35 ***   -0,33 0,70 0,22  

Homme                  

Durée travail(en heures) 0,07 0,08 0,90 -0,34 0,08 19,16 ***

Durée navette (en mn.) -0,01 0,00 10,14 ** -0,01 0,00 10,69 **

Heure travail tardive -0,72 0,27 6,81 ** - - -

Travail à Paris -0,09 0,29 0,09     -0,55 0,28 3,96 *

Travail en petite couronne -0,17 0,25 0,45     -0,59 0,24 6,22 *

Accompagnement matin - - - -0,39 0,30 1,70

Accompagnement soir -0,27 0,30 0,83 - - -

Conjoint                  

Durée travail(en heures) -0,01 0,08 0,02 0,15 0,08 3,54 .

Durée navette (en mn.) 0,01 0,00 8,07 ** 0,01 0,00 16,70 ***

Accompagnement matin -1,11 0,28 15,35 ***   2,16 0,21 105,34 ***

Accompagnement soir 1,95 0,20 91,78 ***   0,25 0,24 1,16  

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Ménage                  

Durée travail H > F -0,48 0,46 1,11     -1,32 0,63 4,35 *

Durée travail H < F 1,12 0,44 6,63 ** -0,31 0,42 0,55

Résidence à Paris 0,26 0,38 0,47     -1,29 0,54 5,67 *

Résidence en PC 0,32 0,23 1,93     0,14 0,22 0,41  

2 enfants 0,49 0,20 5,99 * 0,18 0,20 0,87

enfant(s) <6ans 0,83 0,20 16,72 *** 0,32 0,20 2,60

3e adulte -0,22 0,30 0,52     0,10 0,29 0,13  

Signification des codes: 0 ‘***’ 0.001 ‘**’ 0.01 ‘*’ 0.05 ‘.’ 0.1 ‘ ’ 1 Données : EGT 2001-2002

Pour la femme comme pour l’homme, l’accompagnement du matin est déterminé par la durée du déplacement domicile-travail. Pour l’accompagnement du soir, la durée de travail devient la variable déterminante pour les deux conjoints. Ainsi la probabilité d’ac- compagner le matin est plus forte pour les actifs qui ont une courte navette alors que celle d’accompagner le soir est accrue avec un nombre plus réduit d’heures travaillées.

Le partage des accompagnements entre conjoints s’avère être un facteur déterminant sur la probabilité d’accompagner le matin et/ou le soir pour les hommes et les femmes.

Dans l’ensemble des modèles, le facteur le plus important est toujours relatif à l’accom- pagnement effectué par l’autre conjoint. Accompagner le matin augmente la probabilité que son conjoint accompagne le soir, aussi bien pour les femmes que pour les hommes. À l’inverse, accompagner le matin réduit la probabilité que son conjoint le fasse également lors de la même demi-journée, pour un autre enfant par exemple. De plus, accompagner avant le travail pour les femmes ne restreint pas leur probabilité d’accompagner après.

À partir du différentiel entre les temps de travail des conjoints, on peut déduire lequel de l’homme ou de la femme a la priorité sur le choix d’accompagnement. Premièrement, lorsque l’homme travaille beaucoup plus d’heures que sa conjointe (variable notée « H>F »), la probabilité qu’il accompagne après le travail chute sans que sa probabilité d’accompagner avant ne s’accroisse. Deuxièmement, lorsque l’homme travaille beaucoup moins d’heures que sa conjointe (variable notée « H<F »), la probabilité qu’il accompagne le matin aug- mente et celle du soir ne varie pas. Pour les femmes, aucune de ces deux situations n’a d’ef- fet sur leur probabilité d’accompagner. Sachant que le niveau moyen d’accompagnement des femmes est plus élevé que celui des hommes, les hommes tendent alors à accompagner quand leur journée de travail le permet (« H>F ») ou quand la capacité d’accompagnement de leur conjointe est compromise par une trop longue journée de travail (« H<F »).

Au-delà des variables liées à la journée de travail et au partage des accompagnements, le nombre d’enfants et la présence de jeunes enfants (moins de six ans) sont des variables particulièrement déterminantes sur la probabilité d’accompagner, notamment avant le tra- vail. Les couples avec au moins deux enfants, surtout s’ils ont un enfant de moins de six ans parmi eux, ont une probabilité beaucoup plus forte d’accompagner le matin. Pour l’accompagnement du soir, l’effet du nombre d’enfants n’est significatif que pour les femmes. Ce résultat est en partie lié à la diversité des besoins d’accompagnements inhé- rents à une fratrie multiple avec des âges de scolarisation différents. Le nombre d’enfants est souvent vu comme un facteur d’intensification des différences de genre en termes

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d’activités domestiques en général (Algava 2002 ; Régnier-Loilier 2009) et de mobi- lité en particulier (Madden 1981 ; Turner et Niemeier 1997). Ici, les résultats obtenus montrent qu’avoir plusieurs enfants a des effets très similaires pour les deux conjoints et augmentent leur participation à l’accompagnement de manière significative. L’homme et la femme se voient contraints de participer de manière accrue à l’accompagnement de leur progéniture. Ces résultats rejoignent ceux de Schwanen (2007) pour les Pays-Bas ou de Brugeilles et Sébille (2009) pour la France. Toutefois, cette plus grande participation des femmes et des hommes ne va pas non plus dans le sens d’une plus grande égalité entre les conjoints comme ont pu le montrer Johnston-Anumonwo (1992 ; 1997) ou Shearmur (2006) pour le navettage respectivement aux États-Unis et au Canada. Effectivement, les hommes restent globalement moins investis et la probabilité qu’ils accroissent leur accompagnement est là encore moins significative que pour leur femme.

L’éventualité de la présence d’un troisième adulte dans le ménage, le plus souvent un enfant majeur3, a également été étudiée. En effet, pour Kwan (1999), un troisième adulte dans le ménage, notamment un enfant devenu majeur, est susceptible de modifier le niveau des déplacements hors-travail des conjoints tel qu’elle a pu le mesurer à Colombus dans l’Ohio. En île-de-France, la présence d’un troisième adulte dans le ménage s’accom- pagne d’une forte baisse de la probabilité que la femme accompagne. À l’inverse, aucun effet n’est observé quant à la probabilité d’accompagner pour son conjoint. Cet enfant majeur semble, au-delà du fait qu’il ne nécessite pas d’accompagnement pour lui-même, prendre à sa charge tout ou partie de l’accompagnement des éventuels autres enfants ordi- nairement assurés par la femme.

Au-delà de la composition de la fratrie (en taille ou en âge), le mode de transport uti- lisé pour se rendre sur le lieu de travail agit uniquement sur la probabilité d’accompagner des femmes. Pour les hommes, les résultats ne s’avèrent significatifs ni avant le travail ni après. Pour les femmes, conduire une voiture est le choix modal pour lequel la probabilité d’accompagner est la plus forte, notamment par rapport aux transports en commun. La voi- ture permet plus facilement de chaîner des déplacements, de transporter des charges et de faire face plus facilement aux imprévus, qui sont autant de caractéristiques utiles pour dans le cadre de l’accompagnement d’enfants (Prédali 2005). Toutefois, dans l’ensemble, les différences restent faibles et les marges d’erreurs élevées. Un seul mode se détache vérita- blement, à savoir la voiture mais en tant que passager. De façon attendue, ce mode conduit à une très faible probabilité d’accompagner le matin. Dans un effet miroir, la femme passager n’accompagne pas avant d’aller au travail, mais augmente la probabilité de le faire après.

Ces considérations en termes de choix de mode de déplacement domicile-travail ren- voient plus globalement à la question de la localisation des emplois et des résidences.

Ces localisations agissent sur le niveau des déplacements hors-travail (Boarnet et Crane 2001) ainsi que sur l’accompagnement en tant qu’activité du « care » (Barker 2010). En effet, plusieurs études, dont celle de Barker au Royaume-Uni, ont pointé l’importance des cultures locales dans les pratiques genrées d’accompagnement des enfants scolarisés.

Pourtant, en île-de-France, les variables de localisation ont un caractère faiblement expli- catif dans les modèles. La principale observation se rapporte à la probabilité d’accompa- gner après le travail qui est plus forte pour les localisations en grande couronne, à la fois

3Dans de très rares cas, il ne s’agit pas d’un enfant du couple mais d’un autre parent.

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pour la résidence et l’emploi. Cet effet s’observe tout particulièrement pour les hommes.

Ces observations sont contraires à celles faites aux Pays-Bas (Ettema, Schwanen et al.

2007 ; Schwanen, Ettema et al. 2007). Dans ces études néerlandaises et anglaises, les auteurs mettent en avant que les environnements plus riches en ressources raccourcissent les distances de déplacement et favorisent l’articulation des déplacements relatifs au ménage avec d’autres activités. Dans le cas de l’île-de-France, il semble plutôt que, toutes choses égales par ailleurs, la spécialisation fonctionnelle des territoires et les distances plus longues impliquent une participation plus importante de l’homme.

Ces considérations sur la localisation des emplois et des résidences renvoient, d’une certaine façon, à la composition sociale de ces voisinages. L’impact de la Profession et Catégorie Socioprofessionnelle (PCS) des actifs sur leur mobilité quotidienne fait l’objet d’une littérature abondante qui insiste sur la moindre mobilité des ménages d’ouvriers et d’employés par rapport à ceux de cadres et de professions-intermédiaires, notamment en île-de-France (Orfeuil 2001 ; Wenglenski 2004 ; Motte-Baumvol, Massot et al. 2010).

Les études sur les différences de genre dans la mobilité, principalement aux Etats-Unis, se sont très tôt emparées de ce débat afin d’en mesurer l’impact sur leur objet d’étude (Hanson et Hanson 1981). Plusieurs résultats aux Pays-Bas mais aussi en France mettent en évidence que les actifs appartenant à une PCS dite supérieure sont ceux qui tendent à effectuer le moins de tâches relatives au ménage et donc de déplacements pour accom- pagnement (Schwanen 2007), indépendamment du fait que les inégalités de PCS ren- voient aussi à des inégalités de genre (Algava 2002). Toutefois, les résultats présentés ici ne prennent pas en compte les PCS des individus car les effets de ces caractéristiques des individus sur leur probabilité d’accompagner se sont révélés non significatifs. Une des explications possible serait l’endogénéité de cette variable par rapport à d’autres variables utilisés dans le modèle telles que les localisations des emplois et des résidences, le nombre d’heures travaillées et enfin le mode de transport.

Conclusion - Discussion

L’accompagnement des enfants est inégalement distribué entre les conjoints des couples biactifs d’île-de-France. De façon attendue, les femmes réalisent plus d’accom- pagnements, qu’elles en assurent la charge exclusive ou qu’elles les partagent avec leur conjoint. Les exceptions à ces observations sont peu nombreuses, même dans le cas où les hommes ont des journées de travail plus courtes que celles de leurs conjointes. Dans cette situation, les accompagnements sont majoritairement partagés entre les conjoints. Dans toute autre situation, ils dépendent principalement de la femme.

Plus que ces constats généraux, les résultats présentés mettent en évidence les prin- cipaux facteurs opérants sur les niveaux d’accompagnement et les formes d’accommo- dements entre conjoints. Le premier de ces résultats indique que l’accompagnement du matin et celui du soir répondent à des logiques différentes, dont certaines sont communes aux femmes et aux hommes. L’accompagnement du matin dépend du temps nécessaire pour aller jusqu’au lieu de travail, du fait que l’heure de début de travail ne soit pas incompatible avec celle de l’école ou de la nourrice et de la présence de jeunes enfants.

L’accompagnement du soir dépend plutôt de la durée de la journée de travail et du temps nécessaire pour le conjoint pour rentrer du travail vers le domicile.

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Hors de ces facteurs communs, des différences de genre existent et concernent le mode de transport, la présence d’un troisième adulte dans le ménage et enfin les localisations de l’emploi et de la résidence. Moins souvent conductrice d’une voiture et plus souvent accompagnatrice, l’accompagnement pour les femmes est dépendant du mode utilisé pour se rendre au travail. Par exemple, les femmes accompagnent très peu leurs enfants le matin, lorsqu’elles se font elles-mêmes accompagner au travail. Elles accompagnent moins le soir lorsqu’elles ont été au travail en transport en communs, en vélo ou en mar- chant. Enfin les femmes accompagnent moins lorsque le ménage compte un troisième adulte à même d’en prendre une partie à sa charge. Pour les hommes, les localisations du lieu de travail et de résidence ont des effets significatifs. En Grande Couronne, les hommes accompagnent plus le soir, probablement en raison de la spécialisation fonc- tionnelle et des distances plus longues à parcourir dans ces territoires, nécessitant que les enfants se fassent accompagner dans de plus nombreux cas.

Au-delà des facteurs individuels, les résultats indiquent que le niveau d’accompagne- ment d’un conjoint dépend également des contraintes qui pèsent sur la journée de travail de l’autre conjoint. Aussi bien pour les femmes que les hommes, plus la durée de travail et de navettage de l’autre est importante et plus ils ont tendance à faire de l’accompa- gnement. Ce champ de pratiques relève de la compensation intracouple. Cette pratique semble plus prononcée pour les hommes que pour les femmes. Dans le cas d’une très forte différence de la durée de travail des conjoints, seules les pratiques d’accompagne- ment de l’homme sont marquées par un effet fort et significatif. Cependant, la femme continue d’assurer alors toujours plus d’accompagnement que l’homme en moyenne.

Enfin, les résultats présentés permettent de mieux comprendre les pratiques de partage de l’accompagnement entre conjoints, en général avant et après le travail. De façon atten- due, si un conjoint accompagne le matin, la probabilité que l’autre conjoint accompagne le soir est fortement accrue. Cela témoigne d’abord que certains couples accompagnent beaucoup et d’autre pas. Ensuite, ce résultat montre une répartition des accompagnements entre conjoints entre le matin et le soir un jour donné. Mais la diversité des formes de répartitions temporelles entre conjoints (sur plusieurs jours de la semaine ou pendant le week-end) ne peut être captée.

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