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Où est l’argent aujourd’hui?

L’endettement des ménages canadiens à l’aube de la reprise économique

Un rapport de l’Association des comptables

généraux accrédités du Canada

(2)

Remerciements

CGA-Canada tient à remercier Elena Simonova, M.A. (économie) et Rock Lefebvre, P.Adm., M.B.A., CFE, FCIS et FCGA, du Service de recherche et de normalisation, et à souligner la précieuse collaboration de la société de recherche Synovate ainsi que des membres de ménages canadiens qui ont généreusement participé au sondage de CGA-Canada sur l’attitude des ménages face à l’endettement et à la consommation.

Nous remercions également les membres de CGA-Canada et les membres de l’équipe qui ont apporté leur soutien et leur expertise à la rédaction et à la révision du présent rapport.

Il est possible de consulter le présent document par voie électronique à l’adresse www.cga.org/canada-fr.

Remarque : Dans cette publication, le masculin vise à la fois les hommes et les femmes, et est employé uniquement dans le but d’alléger le texte.

© Association des comptables généraux accrédités du Canada, mai 2010.

Toute reproduction totale ou partielle sans autorisation écrite est strictement interdite.

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Où est l’argent aujourd’hui?

L’endettement des ménages canadiens à l’aube de la reprise économique

Un rapport de l’Association des comptables

généraux accrédités du Canada

(4)
(5)

Table des matières

Avant-propos ... 9

Introduction... 11

1. Résumé ... 15

2. L’attitude des ménages face à la dette, aux dépenses et à l’épargne : une comparaison entre 2007 et 2010 ... 21

3. L’endettement des ménages canadiens — la situation actuelle... 27

3.1. Aperçu des principaux indicateurs économiques en période de prospérité et de difficulté... 27

3.2. Niveau et composition de la dette des ménages ... 30

3.2.1. Crédit hypothécaire à l’habitation et crédit à la consommation ... 32

3.2.2. Un examen plus attentif du crédit à la consommation ... 34

3.3. Mesure de l’endettement des ménages ... 38

3.3.1. L’endettement par rapport au revenu et à l’actif ... 38

3.3.2. Ratio du service de la dette ... 41

3.4. Comparaison internationale ... 45

4. Est-ce la fin des chocs économiques? ... 49

4.1. Chocs liés aux revenus ... 50

4.1.1. Interruption des revenus ... 50

4.1.2. Baisse des revenus... 54

4.2. Chocs liés aux prix des actifs ... 56

4.3. Chocs liés aux taux d’intérêt ... 60

4.4. Aperçu de l’insolvabilité des consommateurs ... 64

5. Tendances inquiétantes ... 71

5.1. Le marché immobilier ... 71

5.2. Détérioration des habitudes d’épargne ... 77

6. Conclusions ... 83

7. Des mesures à prendre ... 87

7.1. Capacité financière : donner aux Canadiens les moyens de se prendre en charge ... 88

(6)

7.2. Nouvelle approche pour faire croître l’épargne personnelle :

mesures incitatives et motivations... 89

7.3. Hausse des revenus : améliorer la productivité des entreprises canadiennes ... 91

7.4. Prise de décisions plus éclairées : améliorer la disponibilité des données sur la situation financière des ménages ... 92

8. Annexe A : Constatations détaillées découlant du sondage sur l’attitude des ménages à l’égard de leur endettement et de leur consommation ... 73

9. Annexe B : Sondage ...131

10. Bibliographie ...143

Liste des figures

Figure 1 – Dette des ménages canadiens, 1989-2009 ... 31

Figure 2 – Croissance des composantes de la dette des ménages ... 33

Figure 3 – Composition du crédit à la consommation — Banques à charte ... 35

Figure 4 – Crédit à la consommation et biens consommés ... 37

Figure 5 – Mesure de la dette des ménages ... 39

Figure 6 – Ratio du service de la dette des ménages ... 42

Figure 7 – Poids du service de la dette par province ... 44

Figure 8 – Comparaison internationale du niveau d’endettement des ménages en 2008 ... 46

Figure 9 – Nombre d’emplois par tranche de 1 000 personnes de la population active... 52

Figure 10 – Pertes d’emploi et travailleurs découragés (2008-2009) ... 53

Figure 11 – Revenus des salariés (1991-2009)... 55

Figure 12 – Répartition de la dette et des actifs des ménages par groupe d’âge ... 59

Figure 13 – Dynamique du marché boursier et du marché de l’habitation au Canada (2000-2009) ... 60

Figure 14 – Taux d’intérêt effectif des ménages et cible du taux de financement à un jour de la Banque du Canada ... 61

Figure 15 – Faillites personnelles et taille des faillites ... 66

Figure 16 – Croissance des faillites de consommateurs dans une perspective régionale (2007-2009) ... 68

Figure 17 – Prix de vente moyen des résidences SIA/MLS (1990-2009) .. 74

Figure 18 – Variation de la valeur des actifs résidentiels par rapport aux prêts hypothécaires en souffrance et aux faillites de consommateurs ... 76

(7)

Figure 19 – Épargne des ménages ... 79

Liste des tableaux

Tableau 1 – Quelques indicateurs économiques (taux de croissance annuel moyen, à moins d’indication contraire) ... 28

Tableau 2 – Croissance de la dette des ménages au Canada et aux États-Unis (variation d’une année à l’autre) ... 47

Tableau 3 – Exposition des ménages aux chocs liés aux prix des actifs (1990 et 2009)... 58

Tableau 4 – Incidence d’une hausse des taux d’intérêt sur les versements hypothécaires ... 63

Tableau 5 – Profil des répondants ... 96

Liste des diagrammes (Annexe A)

Diagramme 1 – Évolution du niveau de la dette des ménages au cours des trois dernières années ... 98

Diagramme 2 – Évolution du niveau de la dette des ménages, selon la tranche de revenu ... 99

Diagramme 3 – Évolution de la dette par rapport à l’évolution du revenu et de la richesse ...100

Diagramme 4 – Raisons de l’augmentation du niveau de la dette ...101

Diagramme 5 – Types de dettes des ménages...102

Diagramme 6 – Évolution du niveau de la dette selon le type ...103

Diagramme 7 – Raisons de la difficulté à gérer la dette ...104

Diagramme 8 – Attitude à l’égard de la dette ...105

Diagramme 9 – Le niveau de dette de votre ménage nuit-il à votre capacité de réaliser vos buts dans les domaines suivants? ...106

Diagramme 10 – Évolution de la dette totale des répondants auxquels la dette nuit...107

Diagramme 11 – Évolution du revenu des ménages au cours des trois dernières années ...109

Diagramme 12 – Évolution du revenu des ménages, par répondant et par tranche de revenu ...110

Diagramme 13 – Évolution des éléments d’actif des ménages...111

Diagramme 14 – Évolution du niveau de richesse des répondants...112

Diagramme 15 – Évolution des éléments d’actif et du niveau de richesse des répondants ...113

Diagramme 16 – Chocs (événements négatifs) auxquels les ménages seraient vulnérables ...114

Diagramme 17 – Évolution des dépenses des ménages ...115

(8)

Diagramme 18 – Raisons de l’augmentation des dépenses

des ménages...116 Diagramme 19 – Manières de régler une dépense imprévue

de 500 $ et 5 000 $ ...117 Diagramme 20 – Répondants dans l’incapacité de faire face à

des dépenses imprévues ...118 Diagramme 21 – Source principale du revenu de retraite...120 Diagramme 22 – Niveau de confiance quant à l’adéquation de la

situation financière à la retraite ...121 Diagramme 23 – Les répondants ont-ils une idée claire du montant

d’épargne-retraite qu’ils doivent accumuler? ...122 Diagramme 24 – Fins auxquelles les répondants mettent

de l’argent de côté ...123 Diagramme 25 – Participation à des régimes d’épargne fiscalement

avantageux ...125 Diagramme 26 – Connaissance du CELI ...127 Diagramme 27 – Cotisations à un CELI ...129

(9)

Tout au long du vingtième siècle, les Canadiens ont pris l’habitude d’emprunter pour financer leur consommation, tant pour l’achat de biens durables que pour le paiement de leurs frais variables. Le recours à l’emprunt est progressivement entré dans la norme, devenant naturel et relativement simple, à tel point qu’aujourd’hui au Canada, au terme de la première décennie du vingt et unième siècle, la dette des consommateurs atteint des sommets. Plus globalement, tous les Nord-Américains, lourdement endettés, se demandent s’ils sont devenus trop dépendants du crédit et s’interrogent sur leurs capacités individuelles et collectives d’assumer le service de la dette.

Parallèlement, nombre de Canadiens saisissent mieux la nature circulaire du crédit personnel et son rôle dans le progrès économique, la croissance du produit intérieur brut (PIB) et le bien-être national. La question est évidemment de savoir où s’arrêter. À l’heure où les gouvernements sont priés de réduire leurs dépenses, où les entreprises n’excluent pas les licenciements, où les marchés boursiers sont extrêmement instables et où certains agents économiques battent en retraite, il faut raisonnablement reconnaître que notre capacité à consommer et à nous endetter est peut-être en train d’arriver à saturation. Certains Canadiens se rendent compte qu’ils ne peuvent plus emprunter et dépenser comme ils l’ont fait au cours des deux dernières décennies, et les jeunes adultes du pays se voient imposer le cours intensif d’économie domestique le plus radical jamais donné.

En effet, avec les vicissitudes récentes de l’économie mondiale, les consom- mateurs ont eu l’occasion de constater et de subir l’instabilité qu’engendre une économie fragile. Le service de la dette n’a cessé d’augmenter pendant le vingtième siècle et la première décennie du vingt et unième siècle et il représente aujourd’hui une proportion importante du revenu régulier d’un salarié moyen. Par ailleurs, et bien que cela ne soit pas l’objet du présent rapport, le phénomène de la dette dépasse le cadre des actions individuelles des ménages et concerne aussi les fournisseurs de services publics, aux échelons municipal, provincial ou territorial et fédéral, qui perçoivent des impôts en partie pour payer le service de la dette publique.

Consciente des avantages du crédit, de l’importance du commerce et de la prudence budgétaire qui s’impose, l’Association des comptables généraux accrédités du Canada (CGA-Canada) surveille, depuis 2007, l’attitude collective à l’égard des dépenses et de l’endettement. CGA-Canada tente en particulier

Avant-propos

(10)

d’analyser la perception des Canadiens quant à leur bien-être économique et à leurs compétences financières, et à la comparer avec les données et les mesures statistiques publiées concernant la richesse et l’endettement des ménages. Il est encourageant de constater qu’il y a symétrie entre les perceptions des consommateurs et la réalité économique telle qu’elle ressort des indicateurs économiques pertinents.

À l’aide de sondages réalisés auprès des consommateurs à point nommé, au printemps 2007, à la fin de l’automne 2008 et à la fin de l’hiver 2009-2010, CGA-Canada a voulu cerner le point de vue des Canadiens sur l’évolution de leur endettement et sur leur attitude à l’égard des dépenses et de l’épargne.

Malheureusement, force est de reconnaître que la situation financière des ménages canadiens a continué de se détériorer.

Cela dit, les études du type de celle que nous venons de réaliser doivent conscientiser davantage les Canadiens et se traduire par des changements dans les comportements et les politiques susceptibles d’optimiser la productivité et le bien-être. C’est le but de notre démarche. Entre la croissance des déficits publics, la mondialisation de la concurrence et l’anticipation de pressions extrêmes sur la sécurité des retraites, les Canadiens auront tout intérêt à gérer de près leurs ressources individuelles. Il est par ailleurs admis que les actions de la société rejailliront raisonnablement sur la vitalité de la nation.

Dans une économie restreinte où les faillites personnelles et les défaillances de cartes de crédit atteignent un sommet, il serait sage que les débiteurs fassent preuve de prudence. De plus, un retour aux dépenses modérées, au remboursement des dettes, à l’épargne et à l’investissement pourrait être favorable aux particuliers comme au commerce et permettre de mieux soutenir une économie canadienne qui serait moins vulnérable à long terme. Bien que le Canada ait évité une récession longue, l’économie mondiale est dans une situation précaire, et il faudra sans doute du temps, ainsi que des mesures responsables, pour contrebalancer les effets de cette dernière crise. Si nous voulons préserver notre système économique traditionnel, c’est le moment de faire en sorte que les Canadiens créent une économie moins axée sur la consommation immédiate et un endettement excessif et moins marquée par les difficultés, bref une économie qui exige un changement culturel compatible avec les ressources et les talents dont nous disposons.

Anthony Ariganello, CPA (Delaware), FCGA Président et chef de la direction

Association des comptables généraux accrédités du Canada

(11)

Les nouvelles économiques des trois dernières années ont beaucoup attiré l’attention — même de la part d’observateurs généralement indifférents.

Plusieurs pays qui traversaient une période de prospérité économique se sont trouvés (souvent très soudainement) en situation difficile. Heureusement, pour d’autres pays comme le Canada, la trajectoire de l’économie a débouché sur une période intéressante.

Au Canada, la « période de prospérité » a consisté en 17 années sans récession, caractérisées par une croissance modeste mais constante du revenu, une forte demande d’effectifs et d’exportations, une expansion de l’activité industrielle et commerciale, et des prix des marchandises avantageusement élevés. La

« période difficile » (que certains qualifient de « grande récession ») a été marquée par une crise mondiale grave et synchronisée, caractérisée par une montée en flèche du chômage, une chute des prix des marchandises et un risque réel d’effondrement du système financier mondial. La « période intéressante », qui est d’ores et déjà amorcée, correspond à la formation d’un ordre économique mondial dans le contexte duquel la réponse des pouvoirs publics est coordonnée à l’échelle internationale, les délais d’intervention sont limités, la nécessité d’une réglementation plus stricte et plus efficace est avérée et le pouvoir économique commence à passer des pays développés aux pays en développement.

On s’attend aussi beaucoup à ce que la « période intéressante » se distingue par deux autres éléments essentiels, soient le désendettement et le retour à l’épargne au détriment de la consommation. Bien que la correction ait tardé et que l’on puisse supposer qu’elle s’inscrit dans le cycle économique normal, elle peut également signifier que la croissance économique mondiale sera plus instable et moins intense. Même si le système financier canadien est sain et que la stratégie macroéconomique du pays est bien équilibrée, le Canada demeure une « petite » économie et, à ce titre, son bien-être peut dépendre très largement d’un vaste éventail de forces économiques mondiales pendant cette

« période intéressante ».

Aussi ironique que cela puisse paraître, la dynamique du recours au crédit par les ménages canadiens est l’un des rares éléments qui était resté, du moins à la fin de 2009, pratiquement imperméable à la nouvelle réalité économique.

On constate que la hausse de la dette des ménages est forte en « période de prospérité », qu’elle résiste remarquablement bien dans les « périodes difficiles » et qu’elle semble en voie de se poursuivre dans la « période intéressante » qui se dessine aujourd’hui.

Introduction

(12)

La culture de la consommation (ou l’habitude bien enracinée de dépenser sans compter) constitue probablement l’une des variables déterminantes pour expliquer la tendance ininterrompue de l’emprunt des ménages. Cependant, les politiques publiques pourraient aussi y contribuer nettement. À l’instar de la transformation globale qui s’est opérée dans le monde économique, l’approche adoptée par les pouvoirs publics à l’égard de l’endettement des ménages a considérablement évolué. Les années précédant la crise financière ont été caractérisées avant tout par une « non intervention », qui s’est accompagnée d’une étroite surveillance de la santé financière du secteur des ménages par la Banque du Canada. À mesure que se déployaient la crise financière et le ralentissement économique, les dépenses de consommation sont devenues l’une des dernières armes pour stopper la récession et couper court à toute déflation ou dépression. Fin 2008 et début 2009, les mesures de relance extraordinaires mises en place par le gouvernement fédéral visaient très largement à maintenir l’accès des ménages (et des entreprises) au crédit. Fin 2009, la Banque du Canada et d’autres, notamment l’Association des comptables généraux accrédités du Canada (CGA-Canada), ont fait part de leurs craintes concernant l’endettement excessif des ménages canadiens, et le gouvernement fédéral a annoncé des dispositions visant le resserrement des conditions des prêts hypothécaires.

La question de l’endettement des ménages peut être examinée sous divers angles. Les autorités monétaires peuvent être plus enclines à faire valoir que le secteur bancaire est susceptible d’essuyer des pertes d’actif importantes en raison de la vulnérabilité croissante du secteur des ménages. Les établissements de crédit pourraient être plus préoccupés par le recul de leur rentabilité découlant des pertes subies sur les portefeuilles de prêts. Par ailleurs, les ménages peuvent s’inquiéter davantage de l’accumulation des dettes et de la difficulté à effectuer les remboursements prévus. Cependant, les tensions financières liées à ce dernier point ne se reflètent pas nécessairement dans les ratios financiers calculés à partir de statistiques globales sur l’endettement des ménages.

Un autre paramètre sensible de l’analyse de l’endettement des Canadiens est le degré d’agrégation des données. La santé financière du secteur des ménages à l’échelle nationale est couramment évaluée à un niveau global. Cette approche peut dissimuler le poids de la dette de chaque ménage, diminuant de ce fait la fiabilité des totalisations et des moyennes.

Au début de 2007, CGA-Canada a entrepris d’analyser le niveau d’endettement des Canadiens et les risques associés au fardeau croissant de la dette. Pour ce faire, nous avons intégré les résultats d’un sondage d’opinion commandé par CGA-Canada à une analyse de l’information statistique disponible.

CGA-Canada s’est à nouveau penchée sur cette question, au printemps 2009, pour comprendre les répercussions de la crise de 2008 sur les finances des

La hausse de la dette des ménages est forte en « période de

prospérité », résiste

remarquablement bien

dans les « périodes

difficiles » et semble en

voie de se poursuivre

dans la « période

intéressante » qui se

dessine aujourd’hui.

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Canadiens déjà aux prises avec des difficultés financières1. La conclusion dominante de nos analyses de 2007 et 2009 était que la détérioration rapide du bilan du secteur des ménages devait être considérée comme étant alarmante et que les perspectives d’amélioration de la situation financière des ménages étaient peu encourageantes à court terme.

CGA-Canada s’est à nouveau intéressée à cette question à l’hiver 2010 pour comprendre les répercussions du ralentissement économique sur les finances des Canadiens ayant déjà des difficultés financières. La méthode de recherche utilisée au début de 2010 est la même que celle employée en 2007 et en 2009.

Elle avait pour objectif de comparer les perceptions des Canadiens concernant l’évolution de leurs finances avec l’information sur la situation réelle que l’analyse des données statistiques publiées permettait d’obtenir.

Le sondage d’opinion intégré aux projets de recherche mentionnés visait à nous renseigner sur le point de vue des Canadiens concernant l’évolution de leur niveau d’endettement et leur attitude à l’égard des dépenses et de l’épargne.

Dans le cadre de ce sondage qui reposait sur la perception des répondants, et non sur des chiffres absolus, nous avons demandé aux Canadiens de donner leur opinion sur l’évolution des finances de leur ménage au cours des trois dernières années. Le questionnaire a conservé sa structure et son contenu d’origine à des fins de comparaison, et la méthode est aussi restée la même pour assurer l’uniformité de l’analyse, d’un cycle d’enquête à l’autre.

Le présent rapport, qui donne suite aux études réalisées en 2007 et en 2008, respectivement, met en lumière l’expérience la plus récente des ménages canadiens. Nous devons malheureusement constater que leur situation a continué de se détériorer.

On qualifie parfois le repli économique de 2008-2009 de « grande récession »;

cependant, au moment d’écrire ces lignes, il semble que cette « grande récession » n’a pas — et c’est tant mieux — duré très longtemps. Au Canada, la récession a officiellement pris fin au troisième trimestre de 2009 et, selon les prévisions, le PIB devait renouer, dès 2010, avec son rythme de croissance d’avant la récession2. Certains observateurs croient toutefois que la reprise économique canadienne, de même que le retour à l’expansion de l’économie mondiale, demeurent tributaires des éléments suivants : i) la capacité des Américains d’accroître leur épargne et de reconstituer la richesse du secteur des ménages, tout en favorisant plus la hausse des exportations et moins la demande des consommateurs pour soutenir la croissance économique; et ii) la capacité de la Chine de s’appuyer davantage sur la demande intérieure pour

1 Pour une description détaillée des constatations découlant des études et des résultats des sondages, consultez le rapport de 2007 de CGA-Canada intitulé Où va l’argent? La croissance de l’endettement des ménages au Canadaet le rapport de 2009 intitulé Où va l’argent? L’endettement des ménages canadiens dans une économie en déroute(www.cga.org/canada-fr).

2 Banque du Canada. Rapport sur la politique monétaire, avril 2010, tableau 4, p. 23.

La détérioration rapide du bilan du secteur des ménages doit être considérée comme étant alarmante.

Nous devons malheureusement

constater que la situation

financière des ménages

canadiens a continué

de se détériorer.

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alimenter sa croissance3. Ces objectifs ne sont pas faciles à atteindre compte tenu du point de départ actuel et de l’urgence de la situation.

La question centrale du rapport de 2007 de CGA-Canada sur l’endettement des ménages était la suivante : « Les Canadiens ont-ils trop emprunté? ».

Compte tenu de l’incertitude qui demeure quant à la persistance de la reprise économique et au rythme auquel celle-ci se réalisera au Canada et à l’échelle mondiale, ainsi que de l’expansion rapide et ininterrompue de la dette des ménages, cette question pourrait rester d’actualité très longtemps.

En conséquence, CGA-Canada a jugé pertinent d’examiner comment les Canadiens voient leur situation financière et s’adaptent à la réalité économique qui se fait jour dans le sillage de la « grande récession ». Dans le texte qui suit, nous commençons par présenter les principales constatations du sondage d’opinion commandé par CGA-Canada en 20104. À partir de ces constatations, nous analysons l’ampleur des changements économiques intervenus en 2008 et 2009, ainsi que les principaux indicateurs de l’endettement des ménages.

Ensuite, nous présentons les incidences des chocs économiques actuels sur les ménages endettés. Nous concluons en mettant en évidence les aspects les plus fondamentaux de nos constatations et en proposant certaines recommandations pratiques. L’Annexe A décrit la méthode du sondage d’opinion réalisé pendant l’hiver 2009-2010 et fournit les résultats détaillés de celui-ci. L’Annexe B contient le questionnaire utilisé pour mener ce sondage d’opinion.

3 Au-delà de la reprise : pour une croissance économique soutenue, discours prononcé par le premier sous-gouverneur de la Banque du Canada, Paul Jenkins, devant l’Economic Club of Canada, Toronto (Ontario), le 29 mars 2010.

4 Sauf indications contraires, les constatations exposées ci-après sont celles qui découlent du sondage effectué en 2010. Une comparaison avec les résultats du sondage de 2007 n’est fournie que dans le cas où les perceptions des répondants ont présenté une tendance (à la baisse ou à la hausse) notable entre 2007 et 2010. Une comparaison avec les résultats du sondage de 2008 est faite lorsque aucune tendance à la hausse ou à la baisse notable n’a été observée entre les résultats des trois cycles d’enquête.

(15)

En 2007, puis en 2009, l’Association des comptables généraux accrédités du Canada (CGA-Canada) a entrepris d’analyser le niveau d’endettement des Canadiens, les risques associés au poids croissant de la dette et la mesure dans laquelle les crises financières et économiques récentes avaient aggravé la situation financière des Canadiens. Pour ce faire, on a intégré les résultats d’un sondage d’opinion commandé par CGA-Canada à une analyse de l’information statistique disponible.

À la fin de l’hiver et au printemps de 2010, CGA-Canada s’est de nouveau penchée sur la question de l’endettement des ménages. Malgré les signes favorables de reprise économique, l’incertitude qui demeure quant à la persistance de cette reprise et au rythme auquel celle-ci se réalisera nous pousse à évaluer l’évolution des bilans des ménages pendant la période de récession. Le but premier de la recherche a été de cerner le point de vue des Canadiens sur l’évolution de leur endettement et de leur patrimoine et d’examiner ces constatations dans le contexte de faits et de chiffres publiquement accessibles. Les paragraphes qui suivent présentent les principales constatations faites dans le cadre de l’étude en établissant un lien entre les tendances inquiétantes révélées par les Canadiens et celles qui ressortent des statistiques accessibles au public.

Première préoccupation :

L’endettement des ménages continue de s’accroître Résultats du sondage

En 2007, le nombre de répondants dont l’endettement diminuait était supérieur à celui dont l’endettement augmentait. La situation est inversée en 2010, 38 % des répondants ayant indiqué que leur dette avait augmenté, tandis que seulement 33 % affirmaient que leur dette avait diminué. La majorité des répondants ayant signalé une hausse de la dette du ménage se disent très préoccupés (40 %) ou assez préoccupés (46 %) à l’égard de leur dette croissante. La proportion des répondants très préoccupés a nettement augmenté comparativement à 2007, où elle était de 36 %. En 2010, environ 20 % des répondants ayant des dettes affirment qu’ils sont trop endettés et qu’ils ont de la difficulté à gérer leur dette, contre 17 % en 2007.

Des faits et des chiffres

• La dette des ménages corrigée pour tenir compte de l’inflation et de la croissance démographique a progressé sans interruption au cours des deux dernières décennies, de même qu’en 2008-2009. Si l’on répartissait l’endettement des ménages également entre tous les Canadiens, chaque

Résumé 1

(16)

personne aurait une dette active de quelque 41 740 $, un montant 2,5 fois supérieur à celui de 1989.

• À compter de 2003, la dynamique de la dette des ménages a changé considérablement, avec l’accélération de son taux de croissance. Pendant plus de six ans, le taux d’expansion du crédit a dépassé sa moyenne à long terme de 4,5 %. Cependant, au milieu et à la fin des années 2000, l’accélération de l’endettement des ménages n’a pas été soutenue par une croissance économique aussi forte que dans les années 1990.

• La récession récente n’a eu qu’un effet limité sur le rythme auquel les ménages ont continué de s’endetter. Il importe de noter qu’en dépit du fait que les taux de croissance des prêts hypothécaires (crédit garanti) ont ralenti en 2008 et 2009, l’expansion du crédit à la consommation (crédit généralement non garanti par des actifs dont la valeur est susceptible d’augmenter) s’est accélérée pendant la majeure partie de cette période.

• Les ménages substituent le crédit à leur revenu pour consommer. En 2008 et 2009, les Canadiens ont recouru beaucoup plus à l’emprunt pour acheter une voiture ou rénover leur maison que lors des années précédentes. À la fin de 2009, par exemple, on empruntait environ 0,75 $ pour chaque dollar payé à l’achat d’un véhicule motorisé neuf ou d’occasion, alors que peu de temps avant, au milieu de 2008, l’emprunt des ménages pour chaque dollar payé à cet effet n’était encore que de 0,39 $.

• La part du crédit renouvelable (marges de crédit personnelles et cartes de crédit) par rapport à l’ensemble du crédit à la consommation est passée de 21,1 % en 1989 à 77,7 % en 2008. Les emprunts par marges de crédit personnelles ont été multipliés par 25 au cours de cette période.

• Le soutien que procure la valeur nette aux ménages qui empruntent pour consommer a diminué. La valeur nette des propriétaires a chuté, passant d’un sommet de 70,8 % au début de 2007 à 67,8 % à la fin de 2009.

• Le Canada occupe le premier rang parmi 20 pays de l’OCDE étudiés, pour ce qui est du ratio dette à la consommation-actifs financiers. Cette

« première place » correspond à une tendance à long terme.

Deuxième préoccupation :

Le bilan des ménages continue de se détériorer Résultats du sondage

En 2007, très peu de répondants estimaient que la valeur de leurs actifs avait diminué au cours des trois années précédentes. En 2010, environ 37 % des répondants détenant des parts de fonds communs de placement, des actions et des obligations à l’extérieur d’un REER, et 31 % des répondants ayant des actifs de retraite privés pensent que la valeur de leurs actifs a diminué. Plus d’un quart (27 %) des répondants estiment que l’accroissement des paiements visant le remboursement de leurs prêts autres que leurs prêts hypothécaires a contribué à l’augmentation de leurs dépenses. Plus de la moitié (56 %) des

(17)

répondants jugent que leur revenu est resté le même ou a diminué, tandis que la majorité (85 %) de ceux dont le revenu a augmenté indiquent qu’il s’agit d’une modeste amélioration.

Des faits et des chiffres

• Le ratio dette-revenu a atteint un nouveau sommet de 144,4 % à la fin de 2009. Le ratio dette-actifs a atteint 19,4 % à la fin de 2009, comparativement à une moyenne de 15,2 % pour la période comprise entre 1990 et 2007.

Bien que le ratio dette-actifs ne se soit pas détérioré davantage en 2009, sa stabilité est principalement attribuable à la hausse de la valeur de marché des actifs financiers aux deuxième et troisième trimestres de 2009.

• La mesure dans laquelle les prêts hypothécaires résidentiels sont garantis par des actifs résidentiels a continué de se détériorer au cours des deux dernières années. Cette détérioration a fait passer le ratio prêts hypothécaires-actifs résidentiels à 65,4 % à la fin de 2009, niveau beaucoup plus élevé que la moyenne de 55,0 % observée entre 1990 et 2007.

• Le montant du solde impayé des prêts à la consommation pour chaque dollar d’actifs financiers des ménages s’est stabilisé à 11,1 % en 2009, après un bond marqué en 2008. Les biens de consommation durables n’ont pu soutenir l’accumulation du crédit à la consommation que dans une mesure deux fois moins importante qu’au début des années 1990.

• La baisse des taux d’emprunt et de l’intérêt effectif payé (exprimé comme un rapport de l’intérêt payé à la dette active) n’a pas aidé les ménages à réduire la part de leur revenu qu’ils consacrent au service de la dette. Les ratios du service de la dette pour les prêts hypothécaires et le crédit à la consommation n’ont pas changé en 2009 et ont même été légèrement supérieurs à ce qu’ils étaient au milieu des années 2000.

• Le coût réel des prêts hypothécaires pourrait être nettement sous-estimé, car les ratios du service de la dette pour ces prêts ne tiennent pas compte des paiements obligatoires tels que les remboursements de capital, les taxes foncières, les primes d’assurance hypothécaire et les charges de copropriété.

Par exemple, en Alberta, les taxes foncières et les charges de copropriété ont accru d’environ 27 % le ratio du service de la dette moyen pour les prêts hypothécaires en 2008.

• Le solde impayé des prêts à la consommation pour chaque dollar de biens consommés a augmenté considérablement au cours des dernières années, ce qui donne à penser que les ménages ont recours à des prêts de plus en plus considérables pour acheter la même quantité de biens durables ou qu’ils ont de plus en plus tendance à utiliser le crédit à la consommation pour acheter des biens non durables.

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Troisième préoccupation :

L’ampleur des répercussions des chocs économiques récents sur les finances des ménages est encore incertaine

Résultats du sondage

La moitié (50 %) des répondants croient qu’une réduction de salaire de l’ordre de 10 % se répercuterait de façon marquée sur leur bien-être financier.

Quelque 27 % des répondants se sont dits vulnérables à une hausse des taux d’intérêt, tandis qu’une proportion croissante (43 %) des répondants se disent inquiets quant à leur situation financière prévue à la retraite; cependant, un nombre croissant de non-retraités (32 %) ne mettent pas d’argent de côté de façon régulière, ni même en prévision de la retraite.

Des faits et des chiffres

• Le Canada a perdu 319 000 emplois entre juin 2008 et décembre 2009, ce qui a miné quelque six années de création d’emplois. Le chômage caché, représenté par les travailleurs découragés et l’emploi à temps partiel imposé, a nettement augmenté en 2009.

• On ne peut pas encore vérifier si le revenu total des ménages a reculé pendant la récession de 2008-2009, car les statistiques sur le revenu global des ménages provenant de différentes sources ne sont généralement disponibles qu’environ deux ans après la période de référence.

• Quelque 79 % des actifs des ménages peuvent être touchés par les fluctuations des marchés des capitaux et de l’immobilier. Au fil du temps, la composition des actifs des ménages est devenue plus risquée, moins diversifiée et un peu moins liquide. Les actions et les parts de fonds communs de placement représentaient 19,2 % de l’ensemble des actifs des ménages en 2009, soit plus du double du pourcentage enregistré en 1990. En revanche, les liquidités et les dépôts, moins risqués, occupent une place moindre dans les actifs des ménages, avec une proportion de 12,3 % en 2009 contre 18,0 % en 1990.

• On peut s’attendre à ce que le portefeuille d’un ménage moyen génère en moyenne un rendement de 6 %, soit beaucoup moins que le rendement annuel de 11 % enregistré dans les cinq années précédant la récession.

• Le risque lié aux hausses de taux d’intérêt s’est accru pour les ménages.

La proportion de ménages titulaires de prêts à taux variable est passée de 14 % en 1997 à 25 % en 2007. Cette proportion est même plus élevée pour les prêts hypothécaires : en 2009, environ 27 % des prêts hypothécaires étaient des prêts à taux variable et 6 %, des prêts combinant taux variable et taux fixe.

• Si les taux d’intérêt hypothécaires augmentent de deux points de pourcentage, les familles ayant un revenu moyen à élevé pourraient se trouver dans l’obligation de resserrer leurs budgets en réduisant leurs « autres dépenses » de 9 % à 11 %, selon des estimations, si elles souhaitent maintenir au même niveau leurs dépenses de nourriture et de transport. Ces « autres dépenses »

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comprennent les meubles et les appareils ménagers, les vêtements, les soins de santé et les soins personnels, les études, les loisirs, les assurances individuelles et les cotisations de retraite.

• Le nombre de cas d’insolvabilité chez les consommateurs a presque doublé au cours des deux dernières décennies, passant de 20,5 pour 10 000 adultes canadiens en 1990 à 39,0 en 2007. Cette tendance à la hausse n’a pas ralenti pendant la récession récente, le taux d’insolvabilité de consommateurs ayant monté en flèche pour atteindre 56,6 pour 10 000.

• La taille moyenne des faillites de consommateurs, correspondant au montant du passif déclaré par faillite (corrigé pour tenir compte de l’inflation), a atteint 104 000 $ en 2009, son niveau le plus élevé en 30 ans. Les montants nets des passifs des consommateurs faillis ont été plus élevés (parfois largement) en 2009 que ceux enregistrés pour toute autre année des deux dernières décennies.

• Selon des estimations, les mesures de relance budgétaire mises en œuvre par le Groupe des 20 (G20) ont accru l’incidence sur le PIB des mesures intérieures prises par le Canada de 3,4 fois en 2009 et de 3,8 fois en 2010.

Cet effet multiplicateur des mesures du G20 devrait s’estomper nettement après 2010 et devenir presque nul en 2013.

Quatrième préoccupation : La perspective pancanadienne ne révèle pas de différences régionales importantes Résultats du sondage

À peine 35 % des résidents du Québec, mais jusqu’à 47 % de ceux de la Colombie-Britannique, nous ont dit que leur endettement s’intensifiait, comparativement à une moyenne canadienne de 38 %. Environ 41 % de tous les répondants ont indiqué qu’ils étaient plus riches aujourd’hui qu’il y a trois ans. À ce chapitre, les résidents de la Colombie-Britannique ont été les moins enthousiastes, avec seulement 37 % des répondants faisant état d’une hausse de leur richesse. Les plus enthousiastes ont été les résidents de l’Alberta, qui ont été 46 % environ à se déclarer plus riches aujourd’hui.

Des faits et des chiffres

• On a constaté des différences notables dans le ratio du service de la dette entre les provinces en 2008. La Colombie-Britannique s’est distinguée comme l’une des provinces où le poids du service de la dette des ménages est le plus élevé (9,9 % du revenu disponible). L’Ontario, le Québec, l’Alberta et la Nouvelle-Écosse affichent aussi un ratio du service de la dette plus important qu’ailleurs. C’est à Terre-Neuve-et-Labrador que ce ratio était le plus faible (6,1 %) en 2008.

• Les pertes d’emploi enregistrées au Canada ont été inégalement réparties entre les provinces. Si le nombre d’employés a légèrement augmenté dans les provinces de l’Atlantique en 2009, on a signalé une baisse de 3 % à 4 % en Colombie-Britannique et en Alberta entre décembre 2008 et la fin de 2009.

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De même, si le taux de chômage a monté de deux tiers en Colombie- Britannique et a presque doublé en Alberta, il ne s’est détérioré que très légèrement en Saskatchewan.

• Les résidents de la Saskatchewan ont vu leur revenu disponible croître de 14,4 % en 2008, alors que le revenu des ménages de Terre-Neuve-et- Labrador a baissé de 0,8 % par rapport à son niveau de 2007.

• Au Manitoba et en Saskatchewan, le nombre des faillites de consommateurs a très peu augmenté entre 2007 et 2009. En revanche, la probabilité qu’un Albertain fasse faillite a crû deux fois plus vite que la moyenne canadienne.

Par ailleurs, l’ampleur des pertes financières dues à des faillites de consommateurs diffère selon les provinces.

• En 2008, les Albertains épargnaient 13,7 % de leur revenu disponible — plusieurs fois le taux d’épargne des ménages des autres provinces. À l’inverse, l’épargne des résidents de la Colombie-Britannique était fortement négative puisque, en moyenne, leurs dépenses excédaient leur revenu disponible de 3,4 %.

Lorsqu’on les examine en parallèle avec les attitudes et les perceptions des Canadiens, les faits et les chiffres présentés ci-dessus permettent de formuler avec une certaine assurance les cinq conclusions suivantes. Premièrement, la rapide détérioration du bilan du secteur des ménages doit être considérée comme étant alarmante. Deuxièmement, les perspectives d’amélioration à brève échéance de la situation financière des ménages demeurent incertaines.

Troisièmement, la tolérance au risque des établissements financiers ne doit pas être considérée comme un substitut à la sagesse ou au jugement des particuliers en matière de finances personnelles. Quatrièmement, une gestion équilibrée des dépenses, de l’épargne et du remboursement de la dette pourrait être une caractéristique souhaitable du comportement des ménages à court terme. Cinquièmement, les perspectives régionales sont essentielles à notre compréhension de la situation financière des ménages.

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Le sondage réalisé à l’hiver 2010 reprenait, dans une large mesure, des sondages précédents commandés par CGA-Canada en 2007 et en 2008. Se fondant sur la perception des répondants plutôt que sur les montants figurant au bilan, le sondage invitait les Canadiens à réfléchir sur l’évolution de leur ménage au cours des trois dernières années. Quatre grands thèmes étaient abordés : i) le niveau d’endettement du ménage, ii) la situation quant au revenu, à l’actif et au patrimoine, iii) la nature des dépenses et iv) les perspectives en matière d’épargne et de retraite. Dans le présent chapitre, nous exposons les constatations clés découlant du sondage et faisons ressortir les principales évolutions des perceptions des Canadiens. L’Annexe A décrit plus en détail les résultats du sondage.

De plus en plus de Canadiens jugent que leur endettement augmente.

Bien que la proportion globale des Canadiens endettés n’ait pas changé de façon significative entre 2007 et 2010, un plus grand nombre de Canadiens indiquent maintenant que leur dette augmente. Alors qu’en 2007, le nombre de répondants dont l’endettement diminuait était supérieur à celui dont l’endettement augmentait, la situation est inversée en 2010, 38 % ayant affirmé que leur dette s’accroissait, comparativement à seulement 33 % des répondants qui ont indiqué qu’elle avait diminué. Le nombre de répondants ayant signalé une forte progression de leur endettement est également plus élevé.

Certains groupes socioéconomiques sont particulièrement vulnérables à l’accroissement de l’endettement. Les ménages ayant un revenu annuel de moins de 35 000 $, ceux avec des enfants ainsi que les jeunes répondants sont beaucoup plus susceptibles de reconnaître que leur endettement a considérablement augmenté.

Le niveau de préoccupation engendré par l’accroissement de l’endettement des ménages augmente. La consommation plutôt que la constitution du patrimoine demeure la première cause de la hausse de l’endettement.

Le nombre de Canadiens qui se sont dits plus préoccupés par l’accroissement de leur endettement a augmenté (86 % en 2010 contre 81 % en 2007), la

L’attitude des ménages face à la

dette, aux dépenses et à l’épargne : une comparaison entre 2007 et 2010

2

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hausse la plus remarquable ayant trait à ceux qui s’inquiètent beaucoup du fait que leur endettement a énormément augmenté. Le nombre de personnes qui ont estimé être trop endettées et avoir de la difficulté à gérer leur dette a aussi pris de l’ampleur, particulièrement chez les répondants dont l’endettement a augmenté. Cependant, la très grande majorité des ménages (80 %) demeurent convaincus qu’ils peuvent soit gérer efficacement leur dette actuelle, soit accroître leur niveau d’endettement.

L’augmentation de l’endettement demeure principalement motivée par la consommation plutôt que par la constitution du patrimoine. Quelque 56 % des répondants ont affirmé que les frais de subsistance courants étaient la cause première de l’accroissement de leur endettement, soit une hausse de 4 % par rapport à 2007 (52 %). Par contre, les dépenses pouvant s’avérer profitables, notamment celles consacrées à l’achat d’une maison, à des études ou à des soins de santé, figurent parmi les causes d’accroissement de l’endettement les moins probables.

En dépit du fait que la plupart des répondants ont déclaré qu’ils se jugeaient capables de gérer leur dette, la majorité d’entre eux (63 %) estiment que leur endettement restreint leur capacité d’atteindre leurs objectifs financiers dans au moins un des domaines importants que sont la retraite, les études, les loisirs et les voyages, et la sécurité financière en cas de circonstances imprévues.

Moins de Canadiens font état d’une évolution positive de leur revenu et de leur patrimoine, et peu sont conscients du fait que des chocs économiques peuvent avoir des conséquences défavorables sur leur bien-être financier.

Si les Canadiens ayant répondu au sondage en 2007 étaient peu nombreux à se montrer optimistes quant à la croissance de leur revenu, ils étaient susceptibles d’être encore moins nombreux à faire état de changements positifs en 2010.

Plus de la moitié (56 %) des répondants ont en effet indiqué que leur revenu était resté stable ou avait diminué au cours des trois dernières années, tandis que la majorité (85 %) de ceux dont le revenu a augmenté ont indiqué qu’il s’agissait d’une modeste augmentation.

L’évolution de la valeur des actifs semble refléter les conditions du marché.

Au moins trois répondants sur dix ont indiqué une baisse de la valeur de leurs placements dans des fonds communs, des actions, des obligations et des régimes de retraite privés; cependant, quelque 57 % des répondants ayant des actifs immobiliers ont jugé que la valeur de ceux-ci avait augmenté. Ces résultats contrastent avec le sondage de 2007, alors que très peu de répondants avaient

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estimé que la valeur de leurs actifs, toutes catégories confondues, avait diminué au cours des trois dernières années.

À l’instar de leurs perceptions quant au revenu et aux actifs, la perception des répondants à l’égard du patrimoine a évolué. En 2010, quelque 41% de tous les répondants ont jugé qu’ils étaient plus riches qu’il y a trois ans; cela représente une nette diminution par rapport aux 57 % qui s’étaient dits plus riches en 2007.

Comparativement au sondage de 2007, une proportion plus importante de répondants au sondage de 2010 se sont dits vulnérables aux variations du marché boursier et du marché de l’habitation. Par contre, cette proportion est inférieure à celle enregistrée en 2008. Par ailleurs, plus du quart (26 %) des répondants ne croient pas qu’une baisse modérée du marché de l’habitation ou du marché boursier, une hausse des taux d’intérêt ou une réduction du salaire ou de l’accès au crédit se répercuteraient de façon marquée sur leur bien-être financier.

Le quart des Canadiens seraient incapables de faire face à des dépenses imprévues; pourtant, les Canadiens épargnent encore moins qu’avant.

Même en pouvant compter sur l’assistance temporaire que leur procure une carte de crédit ou une marge de crédit, le quart des Canadiens seraient incapables d’assumer une dépense imprévue de 5 000 $ et 10 % auraient de la difficulté à faire face à une dépense inattendue de 500 $. Les répondants endettés et ceux qui ne mettent pas régulièrement de l’argent de côté se sont révélés beaucoup plus susceptibles d’indiquer qu’ils seraient incapables de régler une dépense imprévue de 500 $ ou 5 000 $.

La difficulté croissante à faire face aux dépenses imprévues ne semble pas être une raison suffisante pour inciter les ménages à épargner davantage. Le tiers (32 %) des Canadiens non retraités n’affectent aucune ressource à une formule d’épargne régulière quelle qu’elle soit, même pas en vue de la retraite. Il s’agit d’une augmentation marquée par rapport au chiffre de 25 % enregistré en 2007. L’épargne en prévision des vacances et des divertissements est davantage prioritaire aux yeux des jeunes ménages que l’épargne destinée aux études ou au versement initial pour l’achat d’une maison. La détérioration de la conjoncture économique ne semble avoir eu aucune incidence sur les habitudes d’épargne des répondants non plus. La majorité (78 %) des répondants ont indiqué qu’ils ne modifieraient pas leurs habitudes d’épargne pour se faire ou se refaire un

« coussin de sécurité » financier de la taille qu’ils croient juste pour eux, tandis que 14 % ont indiqué avoir réduit leur taux d’épargne habituel en raison d’une perte de confiance à l’égard des marchés de capitaux et des possibilités de

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croissance. La proportion de répondants ayant réduit leur épargne est deux fois plus importante qu’en 2008.

La mise en place de nouvelles mesures fiscales d’incitation à l’épargne (sous la forme des comptes d’épargne libres d’impôt — CELI) n’a eu qu’un effet limité. Un peu plus d’un an après le lancement de cet instrument d’épargne, près du tiers (31 %) des Canadiens affirment mal le connaître. Parmi ceux qui en avaient au moins une connaissance générale, plus de la moitié (55 %) n’y ont pas eu recours. Ce pourcentage marque un contraste saisissant avec les résultats du sondage de 2008, où 62 % des répondants ayant une connaissance très générale des CELI prévoyaient y cotiser.

Quatre Canadiens sur dix ne sont pas certains que leur situation financière à la retraite sera adéquate

Quelque 43 % des répondants ne sont pas certains que leur situation financière répondra à leurs besoins à la retraite. La confiance des répondants s’est même affaiblie par rapport à 2007. Les répondants plus jeunes (et non plus vieux) étaient davantage susceptibles d’être anxieux au sujet de leur retraite. Ainsi que l’on pouvait s’y attendre, le niveau de confiance tendait à s’accroître chez les répondants dont le revenu et la richesse augmentaient ou dont la dette diminuait.

Moins de la moitié (44 %) des répondants non retraités avaient une bonne idée de l’épargne personnelle et des ressources qu’ils doivent accumuler pour pouvoir bénéficier d’une situation financière adéquate à la retraite. Par rapport au sondage de 2007, ce chiffre témoigne d’une incertitude beaucoup plus grande quant à la somme à épargner.

Quatre répondants non retraités sur dix qui s’attendent à tirer leur revenu de retraite des REER n’ont pas une idée claire de la somme qu’ils doivent accumuler pour assurer leur bien-être financier à la retraite. Fait intéressant à noter, quelque 8 % des répondants non retraités qui estiment qu’un REER sera leur principale source de revenu à la retraite n’en ont pas.

Les résultats du sondage font ressortir plusieurs tendances inquiétantes, notamment : i) les perspectives d’amélioration des habitudes d’épargne demeurent faibles, ii) les dépenses des ménages restent axées sur les biens de consommation courante, iii) la prise de conscience de la vulnérabilité aux chocs économiques survient principalement lorsqu’ils se produisent, mais pas avant ni après et iv) les ménages moins nantis, qui sont particulièrement vulnérables à l’accroissement de leur dette, ne peuvent compter sur une amélioration du revenu ou de la richesse. Ces tendances ne sont pas nouvelles, mais leur importance a évolué dans le contexte actuel d’incertitude financière et économique. Dans les pages

(25)

qui suivent, nous tenterons de comprendre les faits et les chiffres empiriques que nous avons recueillis au sujet de l’endettement des ménages ainsi que les incidences des chocs économiques sur les ménages toujours plus endettés.

(26)
(27)

L’analyse présentée dans ce chapitre porte sur l’endettement des ménages à la fin de 2009, soit la période la plus récente pour laquelle nous détenons des renseignements pertinents au moment de rédiger ces lignes. En outre, notre analyse s’attache à examiner l’évolution de l’endettement des ménages pendant la période d’instabilité financière et de récession de 2008 et 2009 dans une perspective à plus long terme s’échelonnant sur les deux décennies précédentes.

D’une part, l’analyse des deux dernières années permet de saisir les caractéristiques des turbulences financières découlant du ralentissement économique, à partir du moment où la crise a commencé à affecter l’économie canadienne de façon marquée5 jusqu’à la fin de la récession. D’autre part, l’analyse dans une perspective à long terme permet d’observer la dynamique du crédit des ménages pendant la récession du début des années 1990 et la période 2000-2007, qui englobe quatre années (2004 à 2007) de croissance économique et financière stable, mais également le dérapage des marchés des capitaux au début des années 2000 qui a fait suite à l’éclatement de la bulle spéculative des titres technologiques, dite « bulle technologique ».

Les paragraphes suivants mettent l’accent sur le niveau et la composition de la dette des ménages ainsi que sur l’examen des mesures de l’endettement des ménages. Nous commencerons notre analyse par un bref aperçu des bouleversements qui ont transformé le paysage économique.

3.1. Aperçu des principaux indicateurs économiques en période de prospérité et de difficulté

Les perspectives de l’économie canadienne et mondiale se révèlent extrêmement variables depuis quelques années et sont passées d’une forte croissance économique aux craintes d’un repli pire que la Grande Crise, pour finir par des signes de reprise. Ce bouleversement des perspectives économiques ajoute une nouvelle dimension à l’analyse de l’endettement des ménages. Il faut déterminer non seulement comment le niveau d’endettement a évolué avec le temps, mais également quelle incidence ont sur ce niveau les nouvelles conditions économiques et l’incertitude quant à l’avenir.

L’endettement des ménages

canadiens : la situation actuelle 3

5 Plus particulièrement, la décision annoncée en décembre 2007 par la Banque du Canada d’abaisser son taux cible du financement à un jour a été motivée par le resserrement des conditions de crédit et par l’exacerbation des pressions de la concurrence sur les exportations canadiennes en raison des perspectives d’affaiblissement de l’économie américaine. Avant ces événements, cela faisait trois années consécutives que la Banque du Canada haussait son taux cible, à la faveur de la robuste expansion économique canadienne et des pressions accrues sur la capacité de production.

Le bouleversement des perspectives

économiques ajoute une

nouvelle dimension à

l’analyse de l’endettement

des ménages.

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Certains indicateurs liés à la richesse se sont nettement améliorés en 2009, alors que d’autres n’ont pas affiché une dynamique aussi positive.

Conscients de l’importance de ce virage, nous jugeons raisonnable d’entre- prendre notre analyse du niveau d’endettement des ménages canadiens par un bref examen de certains indicateurs économiques, tels qu’ils s’établissaient avant et pendant la récession économique. Parmi le large éventail d’indicateurs utilisés habituellement pour jauger la santé de l’économie, nous nous concentrons sur ceux qui sont pertinents quant à la capacité des ménages de constituer un patrimoine, de gagner un revenu et de consommer. Trois périodes sont prises en compte : 2004-2007, soit les quatre années les plus récentes de forte croissance économique; 2008, qui a marqué la transition d’une économie en forte croissance à long terme à une économie en récession; et 2009, soit la période où les pressions récessionnistes ont été endiguées de même que la période la plus récente à l’égard de laquelle des statistiques sont disponibles pour tous les indicateurs.

Comme le montre le tableau 1, certains indicateurs liés à la richesse se sont nettement améliorés en 2009. Plus précisément, les marchés boursiers canadiens et américains ont affiché une croissance annuelle supérieure à 10 % en 2009, contribuant ainsi de façon importante à renverser le repli spectaculaire observé sur ces marchés en 2008. En effet, cette remontée est plus de deux fois supérieure au taux de croissance annuel moyen enregistré au cours de la période 2004-2007. Cependant, ces développements favorables ne se sont pas répercutés sur le marché immobilier canadien, qui s’est contenté d’une légère croissance en 2008 et a subi une baisse de croissance en 2009.

* Corrigés pour tenir compte de l’inflation

Sources : Tableaux CANSIM 080-0016, 176-0047, 282-0001, 282-0028, 326-0020, 380-0002, 377-0003, 380-0002, 3800003 et 380-0005; portail des statistiques de l’OCDE; calculs de CGA-Canada.

Tableau 1 — Quelques indicateurs économiques (taux de croissance annuel moyen, à moins d’indication contraire)

2004-2007 2008 2009

Indicateurs liés à la richesse

S&P/TSX 13,9 % -35,0 % 30,7 %

S&P 500 É.-U. 7,2 % -38,5 % 23,5 %

Indice des prix des maisons neuves 7,0 % 0,4 % -0,9 % Indicateurs liés au revenu

Taux de chômage (moyenne de la période) 6,6 % 6,1 % 8,3 % Total des heures réellement travaillées 2,0 % 0,6 % -4,1 % Bénéfices des sociétés avant impôts* 3,6 % 1,6 % -31,8 % Indicateurs liés au comportement

des consommateurs

Indice de confiance des consommateurs

(moyenne de la période) 102,75 98,73 97,64

Consommation des particuliers 2,6 % 2,4 % 0,3 %

Commerce de détail* 4,7 % 2,6 % -1,2 %

PIB réel 2,8 % 0,4 % -2,6 %

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Certains indicateurs n’ont pas affiché une évolution aussi positive, notamment les indicateurs liés au revenu, qui se sont dégradés. Si le taux de chômage a été relativement faible pendant les années de forte croissance économique et a même continué de baisser en 2008, il a enregistré une hausse de plus de deux points de pourcentage en 2009. Le total des heures réellement travaillées a également diminué, témoignant du nombre considérable de mises à pied dans les entreprises. Bien qu’ils ne représentent pas une source directe de revenu des ménages, les bénéfices des entreprises sont liés de deux façons importantes au secteur des ménages : ils influent sur les revenus d’emploi et de placement touchés par les particuliers et annoncent l’évolution à venir de la demande de main-d’œuvre. Comme le montre le tableau 1, les bénéfices des entreprises ont diminué considérablement en 2009. Il s’agit d’un des plus importants reculs annuels des dernières décennies.

Les indicateurs relatifs au comportement des consommateurs témoignent de la disposition des ménages à dépenser et de la perception des gens quant aux conditions économiques actuelles et futures. Les trois indicateurs — consommation des particuliers, confiance des consommateurs et ventes au détail — ont nettement reculé en 2009 par rapport à 2008 et aux quatre années précédentes.

Le produit intérieur brut (PIB) réel ne témoigne pas directement de la capacité des ménages à constituer un patrimoine, à gagner un revenu et à consommer, mais il est l’indicateur du bien-être de la nation le plus couramment utilisé.

Comme les autres indicateurs mentionnés précédemment, le PIB réel s’est sensiblement dégradé en 2009. Chaque Canadien s’est appauvri de 1 520 $ par rapport à 2008, le PIB réel par personne ayant fléchi de 39 648 $ en 2008 à 38 128 $ en 20096.

Il convient de noter que la majorité des indicateurs liés au revenu et au comportement des consommateurs, y compris le PIB réel, se sont améliorés à la fin de 2009 comparativement à la première moitié de l’année, dégageant même une tendance positive au début de 2010. Cependant, nous constaterons mieux la pleine mesure de cette amélioration, si elle persiste, à la lumière des données statistiques recueillies pour 2010 et les années suivantes.

6 D’après les tableaux CANSIM 380-0002 et 051-0001. Le PIB réel est exprimé en dollars de 2002; calculs de CGA-Canada.

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3.2. Niveau et composition de la dette des ménages

La dette des ménages7 mesurée en chiffres absolus a culminé à un nouveau record de 1,41 billion de dollars en décembre 2009, ce qui ne devrait pas nous surprendre. La supposée extravagance dont les ménages canadiens font preuve dans leurs habitudes de dépenses, de même que des facteurs plus systématiques comme l’accroissement constant de la population et les tendances positives de l’inflation, créent des conditions préalables naturelles à la croissance de l’endettement en chiffres absolus. Cependant, même lorsque le niveau d’endettement est corrigé pour tenir compte de l’inflation et de la croissance démographique, la dette des ménages affiche une tendance haussière continue sur les vingt dernières années. De fait, si on répartissait également cette dette entre tous les Canadiens, chaque personne aurait une dette active de plus de 41 740 $ en date de 2009, montant 2,5 fois supérieur à celui de 1989 (graphique supérieur de la figure 1).

Même si le niveau d’endettement des ménages affiche une tendance haussière depuis la plupart des vingt dernières années, la vitesse de cette croissance varie. Les années 1990 et le début des années 2000 sont caractérisés par des variations fréquentes et marquées du taux de croissance du crédit des ménages.

Par exemple, le taux de croissance d’une année sur l’autre (corrigé pour tenir compte de l’inflation et de la croissance démographique), qui était presque nul au milieu de 1995, a atteint près de 5 % à la fin de 1997 et est devenu négatif au milieu de 2001. En revanche, à compter de 2003, la dynamique de la dette des ménages a changé considérablement, affichant un taux de croissance nettement plus élevé qui n’a jamais fléchi sous la moyenne à long terme des 4,5 %, même pendant la période de récession de 2008-2009.

Fait intéressant, les fluctuations du PIB — indicateur qui témoigne du rythme global de l’expansion économique et du bien-être des Canadiens — s’apparentaient beaucoup à celles de la dette des ménages, particulièrement dans les années 1990. À l’époque, l’expansion de l’endettement des ménages reflétait assez bien l’évolution de la situation économique dans son ensemble.

La dette des ménages mesurée en chiffres absolus a culminé à un nouveau record de 1,41 billion de dollars en décembre 2009.

Si on répartissait également la dette des ménages entre tous les Canadiens, chaque personne aurait une dette active de plus de 41 740 $ en date de 2009.

Résultats du sondage

La proportion de répondants dont la dette a augmenté est passée de 35 % en 2007 à 38 % en 2010.

7 La dette des ménages est définie comme étant le solde impayé des prêts aux ménages consentis aux clients des institutions financières qui font partie du système financier canadien (banques à charte, sociétés de fiducie et de prêts hypothécaires, coopératives d'épargne et de crédit et caisses populaires, compagnies d'assurance-vie, caisses de retraite, sociétés à but spécial et établissements de crédit ne recevant pas de dépôts, et autres institutions financières). Le solde impayé des prêts aux ménages correspond quant à lui aux soldes impayés des prêts à la consommation et des prêts hypothécaires à l’habitation.

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À partir de 2003, toutefois, l’accélération de l’endettement des ménages n’a pas été soutenue par une croissance économique aussi forte que dans les années 1990 (graphique inférieur de la figure 1).

Figure 1 — Dette des ménages canadiens, 1989-2009

Source : Tableaux CANSIM 051-0005, 176-003 et 326-0020; calculs de CGA-Canada.

1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

288

1 414

16 860

41 740

0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000 40 000 45 000 50 000

0 300 600 900 1 200 1 500

Dollars constants de 2009

Milliards de dollars

Dette totale des ménages

Dette totale des ménages (G) Dette des ménages, par personne (D)

-5 % -4 % -3 % -2 % -1 % 0 % 1 % 2 % 3 % 4 % 5 % 6 % 7 % 8 % 9 % 10 %

1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Mois de récession Dette totale des ménages PIB réel Dette des ménages et croissance économique

(variation annualisée)

À partir de 2003,

l’accélération de

l’endettement des

ménages n’a pas

été soutenue par

une croissance

économique forte.

Références

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