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Chocs liés aux prix des actifs

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4. Est-ce la fin des chocs économiques?

4.2. Chocs liés aux prix des actifs

Généralement, les actifs des ménages, comme les actifs de tout autre secteur, sont divisés en deux grandes catégories : les actifs financiers et les actifs non financiers. Les actifs financiers sont notamment les actions, les obligations, les fonds communs de placement et les comptes de dépôt, tandis que les actifs non financiers comprennent les structures résidentielles, les terrains, les véhicules et les objets de collection. Une telle caractérisation des actifs peut toutefois être trompeuse lorsqu’on analyse les chocs liés aux prix des actifs. La sensibilité des actifs aux fluctuations des marchés diffère énormément en fonction de

20 D’après le tableau CANSIM 384-0012; calculs de CGA-Canada.

Résultats du sondage

19 % des répondants estiment qu’une baisse de 10 % du marché boursier se répercuterait de façon marquée sur leur bien-être financier.

l’actif et du marché concernés. Des turbulences sur les marchés des capitaux, par exemple, auront peu d’incidences sur la valeur des liquidités et des dépôts bancaires, qui appartiennent à la catégorie des actifs financiers. De même, la valeur des véhicules, qui appartiennent à la catégorie des actifs non financiers, sera peu sensible aux fluctuations des marchés, qu’il s’agisse des marchés de capitaux ou d’autres marchés.

On peut donc envisager la sensibilité des ménages aux chocs liés aux prix des actifs en groupant les actifs en trois catégories : d’abord, les actifs sensibles aux fluctuations des marchés des capitaux, soit les actions, les fonds communs de placement, les actifs des régimes de retraite, les placements étrangers et les placements dans des effets de commerce à court terme; ensuite, les actifs sensibles au marché immobilier, notamment les structures résidentielles et non résidentielles, les terrains et d’autres biens immobiliers; enfin, les autres actifs qui ne sont pas sensibles à l’évolution des marchés, notamment les dépôts auprès d’établissements financiers, les obligations, les biens de consommation durables, l’outillage et le matériel, les objets de valeur ou de collection, les droits d’auteur et les brevets, etc.

En 2009, la majorité des actifs des ménages ont été affectés par la dynamique changeante des marchés : 38,6 % du total des actifs des ménages étaient potentiellement sensibles aux corrections sur le marché immobilier et 40,3 % étaient sensibles aux chocs touchant les marchés des capitaux. Environ 20 % seulement étaient à l’abri des fluctuations des marchés (tableau 3) au cours de cette période. Une grande partie de la population canadienne est exposée aux instabilités des marchés des capitaux et de l’immobilier. Jusqu’à 58,0 % des familles canadiennes pourraient être pénalisées par la baisse des marchés des capitaux, tandis que le bilan de 66,7 % d’entre elles pourrait souffrir des variations des prix des logements21.

Lorsqu’on étudie l’évolution de la composition des actifs des ménages au fil du temps, on remarque clairement qu’elle est devenue plus risquée, moins diversifiée et un peu moins liquide. Étonnamment, l’appréciation des prix des maisons, l’augmentation des taux d’accession à la propriété et le boom de la rénovation au cours des dernières années n’ont pas beaucoup augmenté la pondération des actifs immobiliers au sein du patrimoine des ménages. Au contraire, les ménages ont considérablement réduit leurs placements dans les actifs qui ne sont pas sensibles à la dynamique des marchés et augmenté leur exposition aux risques des marchés de capitaux. Les actions et les parts de fonds communs de placement, qui sont souvent détenues dans le cadre de régimes de retraite à l’abri de l’impôt, représentaient 19,2 % de l’ensemble des actifs des ménages en 2009, soit plus du double qu’en 1990. En revanche, les liquidités et les dépôts, moins risqués, occupaient moins de place dans les

21 D'après l'Enquête sur la sécurité financièrede Statistique Canada, 2005, et le tableau CANSIM 203-0003.

actifs des ménages, avec une proportion de 12,3 % en 2009 contre 18,0 % en 1990 (tableau 3).

Source : Tableau CANSIM 378-0085, calculs de CGA-Canada.

Certains analystes soutiennent que les personnes de 50 ans et plus sont les principaux responsables des nouveaux placements dans les actifs liquides comme les dépôts à vue. En effet, 80 % de la hausse des placements enregistrée entre 2001 et 2005 est attribuable à ce groupe d’âge22. Si c’est le cas, cela signifie que la liquidité des actifs des ménages ne fait pas que s’amenuiser;

elle prévaut aussi de plus en plus chez les ménages peu endettés au détriment des ménages dont la dette active est plus élevée. Comme on peut s’y attendre, la répartition de la dette et des actifs des ménages au sein des différents groupes d’âge est inégale. Les personnes de 35 ans ou moins sont les moins susceptibles de compenser leur dette par des actifs, les Canadiens d’âge moyen sont les plus endettés, et les ménages d’âge plus mûr se partagent l’essentiel des actifs (figure 12). Comme les actifs liquides sont principalement accumulés au sein du groupe dont la dette active est la moins élevée, leur rôle « tampon » contre la hausse de la dette et les créances illiquides sous forme d’actifs résidentiels perd en importance.

Les actifs des ménages sont devenus plus

risqués, moins diversifiés et un peu moins liquides au cours des deux

dernières décennies.

Tableau 3 — Exposition des ménages aux chocs liés aux prix des actifs (1990 et 2009)

1990 2009

Actifs sensibles aux marchés des capitaux 29,0 % 40,3 %

Régimes de retraite et assurance-vie 17,5 % 20,1 %

Actions 8,8 % 19,2 %

Placements étrangers 0,7 % 0,8 %

Effets de commerce à court terme 1,9 % 0,1 %

Actifs sensibles au marché immobilier 36,6 % 38,6 %

Structures résidentielles et non résidentielles 22,8 % 20,7 %

Terrains 13,8 % 17,9 %

Autres actifs(non sensibles à l’évolution des marchés)) 34,4 % 21,1 % Dépôts et avoirs en devises canadiennes ou étrangères 18,0 % 12,3 % Biens de consommation durables, outillage et matériel 9,3 % 5,7 %

Obligations 3,8 % 1,4 %

Autre 3,3 % 1,7 %

22 Tal, B. « Taux d'épargne personnelle négatif ; un simple mirage statistique? », Portrait des consomma-teurs canadiens, Marchés mondiaux CIBC, 13 septembre 2005.

Les marchés ont enregistré une perte de valeur considérable dans presque toutes les catégories d’actifs à la suite de la crise financière de 2008. L’indice composé S&P/TSX a notamment chuté de près de 29 % entre septembre et octobre 2008, tandis qu’en décembre, il s’était déprécié de 35 % comparativement à l’année précédente. Globalement, le marché boursier canadien s’est bien comporté en 2009, contrairement aux marchés mondiaux qui ont continué de perdre de la valeur jusqu’en février. En effet, l’indice composé S&P/TSX a grimpé d’environ 31 % au cours de l’année, hausse peu commune depuis le début du millénaire (à l’exception de la croissance enregistrée en 2000 juste avant l’éclatement de la bulle technologique). De même, le bref repli des prix et des ventes de maisons n’a presque pas érodé la valeur des placements immobiliers des ménages (figure 13). Comme nous l’avons vu au point 3.3.1, cette dynamique positive a permis aux ménages de stabiliser quelque peu leur situation financière (mesurée en fonction du ratio dette-actifs) après les coups durs encaissés en 2008.

Figure 12 — Répartition de la dette et des actifs des ménages par groupe d’âge

32 %

47 %

21 % 21 %

35 %

53 %

0 % 20 % 40 % 60 % 80 % 100 %

Moins de 35 ans 35 - 50 ans 50 ans ou plus

Actifs Dette

Note : Données partagées de 1999-2007 pour la dette et de 1999-2006 pour les actifs.

Source : Faruqui, U. Indebtedness and the Household Financial Health: An Examination of the Canadian Debt Service Ratio Distribution, Banque du Canada, document de travail 2008-46, Tableau 3.

% du total des actifs/de la dette

La liquidité des actifs des ménages ne fait pas que s’amenuiser; elle prévaut aussi de plus en plus chez les ménages peu endettés au

détriment des ménages

dont la dette active est

plus élevée.

Malgré tout, les perspectives d’amélioration demeurent incertaines. Certains observateurs indiquent qu’on peut désormais s’attendre à ce que le portefeuille d’actifs des ménages produise un rendement moyen de 6 %, soit un résultat nettement inférieur au rendement annuel de 11 % enregistré au cours des cinq années qui ont précédé la récession23. La dynamique du marché de l’habitation est également sujette à interprétation (voir le point 5.1 pour en savoir plus).

Par conséquent, il semble que la reconstruction du patrimoine des ménages s’annonce comme une entreprise de longue haleine.

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