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Etre "du matin" ou "du soir" influence-t-il les performances inhibitrices des enfants et des adultes ?

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Master

Reference

Etre "du matin" ou "du soir" influence-t-il les performances inhibitrices des enfants et des adultes ?

BENJELLOUN, Ghizlane

Abstract

L'objectif de ce travail est de comparer l'efficience des mécanismes inhibiteurs d'enfants et de jeunes adultes à différents moments de la journée. Selon la littérature, il y aurait une modulation des performances cognitives en fonctions des préférences circadiennes des individus, sachant que les enfants préfèrent le matin et les adultes le soir. Les capacités inhibitrices ont été mesurées par une adaptation du Reading Span Task, composé d'un format ascendant, et d'un format descendant engendrant moins d'interférence proactive. la littérature postulant de faibles capacités inhibitrices et une incapacité à résister à l'interférence proactive chez les enfants, nous nous attendons donc à trouver une interaction entre l'âge, le moment de l'évaluation et le format de la tâche. Les résultats principaux indiquent que les jeunes adultes rappellent plus de mots corrects que les enfants. De plus, le format descendant tend à favoriser les performances des individus et le moment de l'évaluation semble également jouer un rôle sur le nombre d'intrusions produites. Certaines de nos hypothèses ont donc [...]

BENJELLOUN, Ghizlane. Etre "du matin" ou "du soir" influence-t-il les performances inhibitrices des enfants et des adultes ?. Master : Univ. Genève, 2009

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:2504

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Etre « du matin » ou « du soir »

influence-t-il les performances inhibitrices des enfants et des adultes ?

Mémoire de Master

en Psychologie du Développement Juin 2009

Sous la direction du Professeur Anik de Ribaupierre, du Docteure Catherine Ludwig et du Docteure Delphine Fagot

Benjelloun Ghizlane

benjell4@etu.unige.ch

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Table des matières

1. Introduction théorique... 4

1.1 Les rythmes circadiens... 5

1.2 Préférences circadiennes et cognition... 6

1.3 Inhibition... 8

1.3.1 Changements des processus inhibiteurs avec l’âge ... 11

1.3.2 Influence des préférences circadiennes sur l’inhibition... 12

1.4 Interférence proactive... 14

1.5 Le Reading Span comme mesure de l’interférence proactive... 16

1.6 Objectif de la recherche ... 19

1.7 Hypothèses théoriques ... 19

2. Méthode... 21

2.1 Participants ... 21

2.2 Procédure ... 22

2.3 Tâches de sélection et de contrôle ... 23

2.3.1 Le Morningness-Eveningness Questionnaire (MEQ) ... 23

2.3.2 Children’s Morningness-Eveningness Preferences (CMEP) scale ... 24

2.3.3 Children’s Morningness-Eveningness Preferences Parallel (CMEPP) scale... 24

2.3.4 Epreuve verbale : Le Mill Hill ... 25

2.3.5 Test de lecture : l’Alouette... 25

2.4 Tâche d’empan de lecture... 26

2.4.1 Description ... 27

2.4.2 Déroulement de la tâche ... 27

2.4.3 Scores... 28

2.5 Hypothèses opérationnelles ... 29

2.6 Analyses statistiques... 30

3. Résultats ... 32

3.1 Questionnaire de préférences circadiennes... 32

3.2 Empan de lecture... 33

4. Discussion et Conclusion... 41

5. Bibliographie... 51

6. Annexes ... 53

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Résumé

L’objectif de ce travail est de comparer l’efficience des mécanismes inhibiteurs d’enfants et de jeunes adultes à différents moments de la journée. Selon la littérature, il y aurait une modulation des performances cognitives en fonctions des préférences circadiennes des individus, sachant que les enfants préfèrent le matin et les adultes le soir.

Les capacités inhibitrices ont été mesurées par une adaptation du Reading Span Task, composé d’un format ascendant, et d’un format descendant engendrant moins d’interférence proactive. la littérature postulant de faibles capacités inhibitrices et une incapacité à résister à l’interférence proactive chez les enfants, nous nous attendons donc à trouver une interaction entre l’âge, le moment de l’évaluation et le format de la tâche.

Les résultats principaux indiquent que les jeunes adultes rappellent plus de mots corrects que les enfants. De plus, le format descendant tend à favoriser les performances des individus et le moment de l’évaluation semble également jouer un rôle sur le nombre d’intrusions produites.

Certaines de nos hypothèses ont donc été vérifiées, et celles qui ne le sont pas seront discutées, en tenant compte des différents éléments qui pourraient expliquer la non significativité de certains effets.

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1. Introduction Théorique

De nombreux auteurs comme Salthouse et Craik (2008) suggèrent la présence de changements au niveau des performances cognitives avec l’âge. Selon ces auteurs, trois mécanismes généraux pourraient rendre compte des changements cognitifs avec l’âge à savoir : la vitesse de traitement, la mémoire de travail et l’inhibition. Selon Wickersham (2006), Yoon, May et Hasher (2000), ainsi que Hasher, Goldstein et May (2005), les jeunes enfants, étant en pleine maturation cérébrale (Harnishfeger, 1995) présenteraient de faibles performances cognitives et ceci serait principalement mis en évidence dans des tâches inhibitrices. Les jeunes adultes seraient à l’apogée de leurs performances, alors que les adultes âgés, suite à un déclin cérébral, auraient, au même titre que les enfants, des performances cognitives faibles. Cependant, Yoon et coll. (2000) tout comme Schmidt, Collette, Cajochen et Peigneux (2007) ont relevé des fluctuations de ces performances cognitives en fonction du moment de la journée. En effet, les individus présenteraient des capacités cognitives optimales dans leurs moments préférés de la journée.

De nombreux auteurs dont Wickersham (2006) ainsi que Yoon et coll. (2000) ont démontré que les préférences circadiennes permettaient de distinguer les individus, certains étant plus du matin, d’autres neutres ou plus du soir. Leurs études ont mis en évidence que ces préférences circadiennes variaient en fonction de l’âge des individus, les jeunes enfants et adultes âgés étant préférentiellement du matin, alors que les jeunes adultes préfèrent le soir.

De plus, les résultats issus des études de Yoon et coll. (2000), puis de Hasher et coll. (2005) montrent une modulation des performances cognitives en fonction des préférences circadiennes, c'est-à-dire qu’à certains moments de la journée, les performances cognitives sont meilleures. Le fait d’avoir des performances cognitives plus élevées à différents moments de la journée traduit l’« effet de synchronie ». En effet, Wickersham (2006), Carskadon, Vieira & Acebo (1993) ainsi que Kim, Dueker, Hasher et Goldstein (2002) ont démontré que les jeunes enfants auraient des capacités optimales tôt le matin. Cependant, ces mêmes auteurs ont montré un changement à l’adolescence, où les capacités des individus tendraient à être optimales le soir. Yoon et coll. (2000) ainsi que Hasher et coll. (2005) quant à eux ont mis en évidence un deuxième changement qui se produirait lors du vieillissement où les capacités optimales seraient de nouveau du matin.

Cependant, de nombreux auteurs tels que Yoon et coll. (2000), ou Hasher et coll.

(2005) suggèrent que le déclin des performances lié au vieillissement, généralement rapporté dans la littérature, peut être modulé lorsque les tâches sont administrées au moment optimal

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des individus. Certains auteurs (p.ex. Hasher, Chung, May & Foong, 2002 ; Hasher & coll., 2005) ont mis en évidence cette modulation du déclin des performances cognitives dans des études comparant les performances entre de jeunes adultes et des adultes âgés dans des tâches de mémoire de travail. Précisons que ces tâches permettent également d’évaluer les capacités inhibitrices des individus au travers le nombre d’intrusions qu’ils produisent au cours de la tâche. En effet, une production importante d’intrusions au cours de la tâche signifie que l’individu à de la peine à supprimer les informations non pertinentes. Toutefois, l’impact des préférences circadiennes sur les performances cognitives des jeunes enfants à rarement été évalué par des épreuves cognitives effectuées en laboratoire. En effet, les données issues de la littérature concernant les jeunes enfants proviennent exclusivement d’évaluations dans le cadre scolaire et non d’évaluations cognitives effectuées par des tests cognitifs (Goldstein, Hahn, Hasher, Wiprzycka & Zelazo, 2006).

Le but de ce travail est de mesurer l’influence des préférences circadiennes sur les performances inhibitrices chez de jeunes enfants et de jeunes adultes. Les capacités inhibitrices seront évaluées par la tâche du Reading Span et plus particulièrement au travers du nombre d’intrusions produites par les individus. Avant de présenter la méthode adoptée, nous allons aborder l’état de la question dans la littérature.

1.1 Les rythmes circadiens

Les rythmes circadiens sont des cycles journaliers agissant sur le fonctionnement cognitif et physique des individus. Au niveau physique, ils ont une influence sur les processus physiologiques tels que la température corporelle, les battements du cœur, la sécrétion d’hormones, etc. Au niveau cognitif, ils influencent diverses performances cognitives, telles que les capacités attentionnelles, la mémoire, les fonctions exécutives et le langage (Schmidt

& coll., 2007). Cependant, il existe des différences interindividuelles et intra-individuelles dans le pattern de ces rythmes.

Toutefois, il a été mis en évidence qu’il existait des préférences individuelles quant au moment de la journée. En effet, ces préférences peuvent varier en fonction de l’âge des individus, certains préférant le matin et d’autres le soir. Ces préférences peuvent être mesurées de manière objective à l’aide de questionnaires, distinguant des préférences circadiennes différentes en fonction de l’âge de l’individu. Ainsi, les préférences circadiennes des adultes sont généralement mesurées par le questionnaire de Horne et Ostberg (1976) appelé le Morningness-Eveningness Questionnaire (MEQ). Ce questionnaire permet de

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répartir les individus selon leur préférence journalière à savoir ; ceux du matin, les neutres et ceux du soir. Les études utilisant le MEQ montrentque les jeunes adultes ont plutôt tendance à être du soir, mais qu’aux alentours de 50 ans il y aurait un changement de préférence pour le matin (Yoon & coll., 2000 ; Hasher & coll., 2005). Les préférences des enfants sont mesurées par le questionnaire de Carskadon et coll., (1993) adapté du MEQ, le Children’s Morningness-Eveningness Preferences scales (CMEP). Selon des études utilisant ce questionnaire, les enfants âgés de 2 à environ 12 ans seraient principalement du matin mais aux alentours de 12-13 ans, leur préférence changerait pour le soir (Wicksham, 2006, Kim &

coll., 2002)

Yoon et coll. (2000), ainsi que Hasher et coll. (2005 ; 2007) ont montré que les préférences circadiennes influencent les performances cognitives dans un certain nombre d’épreuves (Illusion de Moise, Directed Forgetting, Stroop, etc.). En effet, selon ces auteurs, les préférences circadiennes peuvent influencer significativement les performances cognitives des jeunes adultes (18 à 22 ans) et des adultes âgés (plus de 60 ans) au cours de la journée et que généralement tous les individus ont de meilleures performances à leur moment optimal de la journée. Ces auteurs ont ainsi démontré que les préférences circadiennes ont un effet sur la cognition. En effet, les performances cognitives de ces individus sont plus élevées lorsqu’ils sont évalués dans leur moment préféré de la journée et déclinent à leur moment non optimal.

Ainsi, le fait d’avoir de meilleures performances au moment optimal de la journée correspond au phénomène « d’effet de synchronie ».

1.2 Préférences circadiennes et cognition

De nombreuses études ont mis en évidence des fluctuations dans les performances cognitives en fonction des préférences circadiennes. Cet effet est souvent qualifié d’effet

« Time-of-Day ». Cependant, une des facettes du « Time-of-Day » est le fait d’avoir de meilleures performances au moment optimal de la journée, qui est généralement qualifié

« d’effet de synchronie ». Cet effet est démontré quand les individus du matin sont évalués le matin et quand ceux du soir sont évalués le soir. L’étude de Goldstein et coll. (2006) met en évidence l’effet du « Time-of-Day » en évaluant, dans le cadre scolaire, les performances intellectuelles et les problèmes comportementaux d’adolescents âgés de 11 à 14 ans à divers moments de la journée. Ils ont voulu démontrer que les performances scolaires variaient en fonction des préférences circadiennes des individus. Le point important de cette étude est que les adolescents tendent à préférer le soir plutôt que le matin, ce changement pouvant créer des

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déficits de sommeil dans cette population au vu du fait que les cours débutent très tôt le matin et que les adolescents se couchent de plus en plus tard. Ainsi, ces problèmes de sommeil et le fait que le moment de l’évaluation (le matin) est inadéquat pour les adolescents peuvent entrainer une diminution de l’attention et de la concentration. Toutefois, ils ont également mis en évidence que les adolescents, dans leur moment non optimal, présentaient des problèmes comportementaux comme une augmentation de l’agressivité, des comportements sociaux inadéquats et une gestion inadéquate des émotions. Dans le cadre de cette étude, les auteurs ont administré deux types de mesures à leur échantillon d’adolescents à savoir des mesures cognitives et des mesures comportementales. Les mesures cognitives ont été évaluées par trois sous-tests de la Wisc-III, à savoir l’épreuve des cubes, l’empan de chiffre et l’épreuve de vocabulaire. Alors que les mesures comportementales tels que l’agressivité, l’hyperactivité, les comportements d’intimidation, les attitudes de défiance ainsi que les comportements violents ont été évalué par le CBCL. Celui-ci permettant d’évaluer les compétences sociales et les problèmes comportementaux au niveau des activités, des relations sociales et au niveau scolaire de l’enfant. Les résultats de cette étude montrent d’une part, comme l’avait stipulé ces auteurs, que les différents moments de la journée ont une influence sur les comportements des individus. En effet, aux heures non optimales, les adolescents semblent montrer une diminution de leurs compétences sociales avec leurs pairs, une augmentation de problèmes d’attention et d’agressivité, tant dans le cadre familial que scolaire. Selon ces auteurs, les adolescents auraient de la peine à ajuster leur comportement au moment non optimal, et auraient également des difficultés à inhiber certaines facettes de leur comportement en dehors des heures optimales, comme par exemple les comportements agressifs. D’autre part, les résultats démontrent que les performances intellectuelles sont meilleures dans le moment optimal de la journée, et déclinent au moment non optimal. En effet, les adolescents préférant le soir et étant évalués le matin (moment non optimal) présentent une dégradation de leurs performances cognitives.

Schmidt et coll. (2007) montrent que diverses capacités cognitives telles que la mémoire, les capacités attentionnelles et les fonctions exécutives sont soumises à l’effet du

« Time-of-Day ». Pour illustrer l’impact de ce « Time-of-Day », l’étude de Yoon et coll.

(2000) ayant évalué les performances des individus à travers l’épreuve d’empan simple de mots, montre que les performances sont plus faibles aux heures non optimales. En outre, tant dans des épreuves d’empan simple de mots, dans des épreuves de mémoire à long terme, mais également dans les capacités de récupération, les résultats indiquent que les jeunes adultes et les adultes âgés diffèrent peu le matin. Cependant, les performances des jeunes adultes

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tendent à s’améliorer l’après-midi, alors que les adultes âgés tendent à décliner. Ces divers résultats mettent donc en évidence que l’ampleur des effets de l’âge n’est pas le même en fonction du moment de la journée, ou plus spécifiquement, en fonction des préférences circadiennes des individus. De plus, Hasher et coll. (2005) ainsi que Yoon et coll. (2000), évaluant la mémoire épisodique, mettent en évidence des difficultés de récupération et non d’encodage aux heures non optimales, les réponses étant moins conformes aux buts et les réponses dominantes moins contrôlées. Tant les jeunes adultes que les adultes âgés auraient un moins bon contrôle attentionnel entraînant ainsi des difficultés dans le fait d’ignorer les distracteurs externes (liés à l’environnement, à la tâche) et internes (réponse dominante). De ce fait, il y aurait des répercussions négatives au niveau du rappel. Celles-ci seraient mises en évidence par l’emploi de réponses dominantes ou par un nombre élevé d’intrusions lors du rappel. L’étude de Hasher et coll. (2007) a montré que les individus étaient effectivement ralentis quand ils devaient trouver une cible parmi des distracteurs en utilisant des tâches perceptives simples, et ce principalement chez des adultes âgés testés dans leur moment non optimal. Yoon et coll. (2000), quant à eux, ont montré à l’aide de l’épreuve de « L’illusion de Moise » (décrite ultérieurement) que les individus au moment non optimal avaient plus de difficultés à contrôler leurs réponses non pertinentes produisant ainsi plus de réponses erronées. Ces deux études révèlent que les processus inhibiteurs, même de bas niveau, sont sensibles aux préférences circadiennes.

Toutefois, Yoon et coll. (2000) montrent que toutes les fonctions cognitives ne sont pas soumises à cet effet du « Time-of-Day ». En effet, selon ces auteurs, les fonctions inhibitrices seraient les plus enclines à montrer un changement en fonction des heures optimales de la journée. Ce phénomène de « Time-of-Day » semble donc avoir une influence particulière sur les capacités inhibitrices des individus, ceux-ci ayant, aux heures non optimales, plus de difficultés à supprimer les informations non pertinentes à la tâche et étant plus sensible à l’interférence. Ainsi, le moment de la journée influencerait positivement ou non les performances des individus dans diverses tâches cognitives. Par conséquent, les conclusions généralement tirées sur le déclin cognitif avec l’âge devraient être pondérées (Hasher & coll., 2005).

1.3 Inhibition

L’inhibition est un processus très étudié dans la littérature développementale. Il existerait plusieurs formes d’inhibition à savoir : l’inhibition cognitive, l’inhibition

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comportementale, l’inhibition automatique et l’inhibition intentionnelle (Harnishfeger, 1995).

Il est à noter que dans le cadre de notre recherche nous avons étudié uniquement l’inhibition cognitive.

Hasher et coll. (2007), Schmidt et coll. (2007), Yoon et coll. (2000) ainsi que Dempster (1992) définissent l’inhibition cognitive comme un processus libérant la conscience des informations non-pertinentes qui peuvent potentiellement péjorer l’exécution de la tâche en cours. Ces auteurs supposent que l’activation des représentations serait automatique dans un premier temps, puis dans un deuxième temps, elle serait contrôlée par des mécanismes attentionnels et exécutifs dirigés par les buts. Les mécanismes contrôlés seraient régis par deux processus : un processus excitateur qui augmenterait l’activation des représentations pertinentes et un processus inhibiteur qui réduirait l’activation des représentations non- pertinentes. Par ailleurs, Hasher et coll. (2007) proposent que l’inhibition joue un rôle dans le contrôle du contenu en mémoire de travail. De ce fait, les performances dans des tâches classiques de mémoire de travail seraient largement tributaires de l’efficience des processus inhibiteurs. Ils suggèrent également que les capacités inhibitrices seraient variables en fonction de l’âge des individus. En effet, ces capacités augmenteraient avec l’âge chez les enfants pour atteindre leur apogée à l’âge adulte et déclineraient chez les adultes âgés. Ainsi, les capacités inhibitrices seraient sources de variation des performances en mémoire, influenceraient également diverses autres capacités cognitives, et leur efficacité varierait au cours de la vie (Hasher & coll., 2007).

Par ailleurs, Hasher et coll. (2007) attribuent trois fonctions distinctes à l’inhibition : la fonction d’accès (« Access »), la fonction de suppression (« Delete ») et la fonction de restriction (« Restraint »). La fonction d’accès a pour rôle d’empêcher l’activation, dans le focus attentionnel, des informations non pertinentes. Cette fonction dépend des buts poursuivis, car elle détermine les représentations qui vont être activées au centre de l’attention. Elle a un rôle déterminant dans la vitesse d’exécution de la tâche et peut se mesurer par une tâche d’amorçage négatif. Dans cette tâche, le participant dans un premier essai, se trouve face à deux lettres et sa tâche est de lire la lettre rouge et d’ignorer la bleue.

Lors du deuxième essai, on présente au participant soit une condition d’amorçage négatif où la lettre cible était la lettre à ignorer dans le premier essai, soit une condition contrôle où la lettre cible n’était pas présente avant. Les temps de réponse en condition d’amorçage négatif sont normalement plus longs que dans la condition contrôle, car il faut plus de temps pour lever l’inhibition de la lettre ignorée. Un déficit de cette fonction est mis en évidence, dans la

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condition d’amorçage négatif, par un faible écart entre les temps de réponse de l’amorce et de la cible, et par un nombre réduit d’erreurs sur la cible (Hasher & coll., 2007).

La fonction de suppression, quant à elle, supprime les informations qui ne sont plus pertinentes pour les buts poursuivis. Cette fonction peut s’évaluer avec la tâche d’oubli dirigé (« Directed Forgetting ») où l’on présente au participant une liste de mots en lui demandant d’en oublier certains. Les participants ayant une fonction de suppression intacte présentent, en rappel et/ou en reconnaissance, de meilleures performances pour les mots « à retenir » que pour les mots « à oublier ». Ainsi, un déficit de cette fonction entraîne une absence de l’oubli dirigé (Hasher & coll., 2007). Cependant, cette fonction s’évalue également et généralement par la tâche classique d’interférence proactive (détaillée ultérieurement), où le participant doit rappeler des listes de mots. Dans cette épreuve, on observe qu’au travers des listes de même catégorie, la similarité des mots présentés crée un effet d’interférence qui se traduit par une augmentation du nombre de mots rappelés provenant des listes précédentes (ex : intrusions ; Menghetti., 2008). Toutefois, au delà des tâches classiques de mesure de l’interférence proactive, celle-ci peut également être estimée par d’autres épreuves, comme la tâche du Reading Span (Hasher & coll., 2007, May, Hasher & Kane, 1999) qui est à l’origine une tâche de mémoire de travail. Dans cette tâche, le participant doit traiter des ensembles de phrases et rappeler le dernier mot de chacune de ces phrases. Pour ce faire, il est nécessaire que la fonction de suppression soit efficace car le participant doit se concentrer exclusivement sur l’ensemble de phrases actuelles. Dans le cas contraire, les mots des items antérieurs réduiront la capacité des participants à rappeler l’ensemble des mots cibles actuels. Cette inefficacité de la fonction de suppression va permettre à l’interférence proactive de s’accumuler au travers de l’épreuve, ce qui réduira les performances du participant en augmentant le nombre d’intrusions produites, et de manière indirecte diminuera le nombre de mots correctement rappelés. Hasher et coll. (2007) ainsi que May et coll. (1999) ont donc mis en évidence que les capacités inhibitrices peuvent être mesurées par la sensibilité à l’interférence proactive, en mesurant le nombre d’intrusions produites au cours de la tâche du Reading Span.

Enfin, la fonction de restriction réduit les réponses fortes et dominantes afin de laisser la place aux réponses plus faibles mais néanmoins pertinentes quant aux buts. Celle-ci peut être évaluée par la tâche du Stop Signal dans laquelle, lors d’un signal occasionnel, le participant doit retenir une réponse apprise, fortement et rapidement activée. Un déficit de la fonction de restriction entraine des erreurs lorsque le participant doit inhiber sa réponse apprise. Elle peut également être évaluée par la tâche du Stroop où le participant doit dénommer la couleur dans laquelle est écrite chacun des mots (les mots étant des noms de

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couleur), et ce le plus rapidement possible. Cette épreuve comporte quatre conditions : Congruente dans laquelle la couleur du mot correspond au mot (Rouge écrit en rouge), Incongruente dans laquelle la couleur du mot ne correspond pas au mot (Rouge écrit en bleu), Neutre dans laquelle un mot qui n’est pas une couleur est écrit en couleur (Fort écrit en bleu) et Patches dans laquelle de simple rectangles de différentes couleurs sont présentés. Le participant met plus de temps dans la condition Incongruente car il doit inhiber la lecture du mot (réponse automatique) afin de donner une réponse pertinente (dénommer la couleur du mot). Les participants ayant un déficit de la fonction de restriction seront très lents et seront plus enclins à produire des erreurs de lecture (Hasher & coll., 2007 ; Menghetti., 2008). Cette fonction peut également être évaluée par la tâche de « L’illusion de Moise » (Hasher & coll., 2007 ; Yoon et coll., 2000) où le participant doit répondre le plus rapidement possible et le plus fidèlement à des questions de connaissances générales. Cependant, ce test est composé de deux sortes de questions : des questions de culture générale comme « En quel héros se transforme Clark Kent quand il entre dans une cabine téléphonique ? » et des questions dites

« Illusoires » comme « Combien d’animaux de chaque espèce Moise a-t-il pris sur son arche ? ». Le participant est averti à l’avance de la présence de questions « Illusoires » et il reçoit pour consigne de ne pas donner de réponse mais de dire : « Je ne peux pas répondre ! ».

Les personnes ayant un déficit de cette fonction ont de la peine à inhiber leurs réponses dominantes et produisent plus de réponses erronées (Yoon & coll., 2000).

Par ailleurs, May et coll. (1999) ont évalué les capacités inhibitrices des individus au travers de la tâche du Reading Span, et plus particulièrement leurs capacités à résister à l’interférence proactive. Ces auteurs, en analysant les types d’intrusions produites, ont mis en évidence que les différentes fonctions de l’inhibition pouvaient être évaluées par les différents types d’intrusions produites. En effet, les intrusions précédentes (mots des phrases antérieures) seraient spécifiquement liées à la fonction de suppression et permettraient de démontrer l’effet d’interférence proactive au sein de cette tâche. Les intrusions externes, quant à elles (mots ne faisant pas parti de la tâche) seraient liées à la fonction d’accès et les intrusions non-finales (mots faisant parti de la phrase mais n’étant pas le dernier) seraient en lien avec la fonction de restriction.

1.3.1 Changements des processus inhibiteurs avec l’âge

Comme cité dans la section précédente, Wickersham (2006), Yoon et coll. (2000), Hasher et coll. (2005 ; 2007) et Harnishfeger (1995) sont parmi les auteurs qui rapportent de

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grandes variations des processus inhibiteurs au cours du développement. En effet, les capacités inhibitrices seraient limitées chez les jeunes enfants, alors qu’elles seraient à leur apogée chez les jeunes adultes et déclineraient chez les adultes âgés. Ces variations peuvent s’expliquer par le fait que l’inhibition repose sur des structures cérébrales qui suivent un développement comparable. Le développement du lobe frontal et plus particulièrement le cortex préfrontal peut sous-tendre ces effets d’âge dans les performances inhibitrices aussi bien chez les jeunes enfants que chez les adultes âgés. Le lobe frontal est une des dernières aires du cerveau à se développer en atteignant sa maturité seulement aux environs de 12 ans et est également une des premières aires à décliner. Cette maturation tardive explique le fait que les jeunes enfants ont des performances peu élevées dans des tâches inhibitrices et également dans plusieurs autres tâches cognitives nécessitant un contrôle attentionnel (Harnishfeger, 1995 ; Diamond., 1990). De plus, son déclin « précoce » permet de donner une interprétation aux faibles performances des adultes âgés. La maturation et le déclin du lobe frontal permettent ainsi d’expliquer les différentes variations des processus inhibiteurs observées dans les divers groupes d’âge et également au sein d’un même individu (Raz., 2000).

Une moindre efficacité de l’inhibition a des conséquences directes et indirectes. Les individus ayant de faibles capacités inhibitrices sont plus susceptibles d’être distraits par des sources extérieures à la tâche quand ils la réalisent, cette diminution peut, en conséquence, créer de l’interférence. Une faible inhibition peut également entrainer des difficultés à se désengager d’une tâche en cours de réalisation pour passer à une autre tâche. En ce qui concerne les conséquences indirectes, la diminution des processus inhibiteurs entraine une baisse de performance dans plusieurs autres domaines cognitifs tels que la mémoire, le jugement heuristique et la vitesse de traitement (Hasher & coll., 2005 ; 2007).

1.3.2 Influence des préférences circadiennes sur l’inhibition

Plusieurs études, évaluant de jeunes adultes et des adultes âgés ont mis en évidence que les capacités inhibitrices sont fortement influencées par les préférences circadiennes. Par exemple l’étude de May, Hasher et Bhatt (1994 ; cité par Yoon et coll., 2000) démontre cet effet dans la tâche de l’illusion de Moise, où le participant doit répondre le plus rapidement possible et le plus fidèlement à des questions de connaissances générales. Cependant, dans ce test, le participant est averti à l’avance de la présence de questions « Illusoires » et reçoit pour consigne de ne pas donner de réponse à ce type de questions mais de dire : « Je ne peux pas répondre ! ». Les résultats montrent que les jeunes adultes et les adultes âgés ont des

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difficultés à retenir leurs réponses erronées dans leur moment non-optimal en produisant ainsi plus de réponses inappropriées dans ces moments-là. L’étude de Hasher et coll. (2002) met également en évidence cet effet du « Time-of-Day » en employant la tâche du « Directed Forgetting » sur de jeunes et adultes âgés. Dans cette étude la moitié des participants est testée le matin et l’autre l’après-midi. Les résultats démontrent que de manière générale les adultes âgés rappellent moins de mots que les jeunes adultes. Cependant, les adultes âgés rappellent plus de mots le matin par rapport à l’après-midi. Ainsi, les adultes âgés ont des performances qui se rapprochent de celles des jeunes adultes le matin mais qui tendent à décliner l’après- midi alors que les performances des jeunes adultes augmentent dans la journée. Les résultats de cette étude mettent également en évidence que les individus sont plus sensibles à l’interférence proactive aux heures non-optimales en produisant plus d’intrusions dans ces moments. En effet, il a été démontré que les adultes âgés ont des mécanismes inhibiteurs moins efficaces que ceux des jeunes adultes et de ce fait ils sont plus susceptibles à l’interférence proactive, cependant leurs capacités tendent à être plus efficaces avec une production d’intrusions moins importante dans leur moment optimal. Par ailleurs, Hasher et coll. (2007) ont mis en évidence l’influence des préférences circadiennes sur les trois fonctions de l’inhibition chez cette même population. Au niveau de la fonction « d’Accès », les individus évalués à leur moment non optimal sont plus susceptibles d’être distraits par leur environnement ce qui se répercute négativement sur leurs performances. Les fonctions de

« Suppression » et de « Restriction » se montrent également fortement influencées par cet effet du « Time-of-Day », la suppression d’informations non pertinentes ainsi que la limitation de production de réponses dominantes sont plus efficaces au moment optimal de la journée.

Ainsi, les préférences circadiennes varient en fonction de l’âge des individus, avec une préférence pour le matin chez les adultes âgés et une préférence pour le soir chez les jeunes adultes. Ces préférences sembleraient influencer les capacités inhibitrices de manière générale chez tous les individus, avec de meilleures performances dans leur moment préféré et des performances plus faibles dans leur moment non préféré. Il faut également relever que les capacités inhibitrices varient en fonction de l’âge des individus avec de moins bonnes capacités chez les adultes âgés. Cependant, elles semblent facilitées aux heures optimales pour tous les individus, même si l’effet du « Time-of-Day » est généralement plus marqué pour les individus ayant de la peine à inhiber les informations non pertinentes. Ainsi, les processus inhibiteurs semblent donc bien influencés par les différents moments de la journée,

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cependant, ces mêmes processus (inhibiteur) semblent également influencés par l’âge des individus.

1.4 Interférence proactive

Lorsque l’on considère les performances inhibitrices des individus, il est nécessaire de prendre en compte un élément fondamental, qui est la capacité de l’individu à résister à l’interférence proactive. En effet, selon Dempster (1992), il est nécessaire de tenir compte de la résistance à l’interférence afin d’expliquer la variabilité des performances cognitives, et principalement des performances inhibitrices, des individus. En effet, cet auteur postule que de nombreuses tâches utilisées en psychologie cognitive nécessitent que l’individu doive faire face à ce phénomène d’interférence. Précisons que l’interférence se définit par le fait qu’un ou plusieurs éléments du contexte (externe à l’individu) entrainent une activation automatique des représentations non pertinentes pour la tâche en cours. Ainsi, selon Dempster (1992), les performances des individus seraient en lien avec la capacité à activer les informations pertinentes, mais également avec la capacité à supprimer les informations non pertinentes. En d’autres termes, la capacité à résister à l’interférence serait assurée par les mécanismes inhibiteurs. Cependant, il existerait différentes formes d’interférence à savoir : l’interférence pro-, rétro-, et co-active (Perret, 2003). Toutefois, dans le cadre de notre recherche, nous allons nous centrer exclusivement sur l’interférence proactive définie comme un effet d'un apprentissage antérieur sur l'acquisition en mémoire d'un nouveau stimulus, présentant certaines similitudes (par exemple une similarité phonologique). En outre, un déficit d’inhibition entraine donc d’une part, une augmentation de l’activation du nombre d’informations non pertinentes prenant de la place dans l’espace de stockage en mémoire de travail, et d’autre part, une difficulté à supprimer les informations qui ont cessé d’être pertinentes ( Bestgen & Van der Linden., 2001).

La capacité à résister à l’interférence proactive dépend donc des capacités inhibitrices des individus et plus particulièrement de la fonction de suppression. En effet, si la fonction de suppression est inefficace, il y aura une accumulation d’éléments non pertinents en mémoire de travail, entravant ainsi les performances des individus. (Hasher & coll., 2007 ; Dempster, 1992). L’interférence proactive est classiquement évaluée à l’aide d’une épreuve de rappel de listes de mots composée de 4 listes de 10 mots chacune. Précisons que les 3 premières listes sont de même catégorie sémantique. Le participant doit mémoriser chacun des mots et rappeler le plus de mots immédiatement après la présentation de chaque liste. Dans cette

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épreuve on observe qu’au travers des listes de même catégorie, la similarité des mots présentés crée un effet d’interférence (Menghetti, 2008) qui se traduit par une augmentation du nombre de mots rappelés provenant des listes précédentes (ex : intrusions). Ainsi, l’accumulation de l’interférence au sein de la tâche se traduit par une diminution du nombre de mots correctement rappelés et par une augmentation du nombre d’intrusions (mots provenant de(s) liste(s) précédente(s)). Il est a noter que plus les items ont des caractéristiques communes, plus l’interférence sera forte.

L’interférence proactive est également sensible/sujette à des changements développementaux. En effet, les enfants (Harnishfeger, 1995) et les adultes âgés (Hasher &

coll., 2005 ; 2007, May & coll., 1999) sont plus susceptibles à l’interférence proactive en comparaison aux jeunes adultes. Cette susceptibilité peut être mise en lien avec les variations des processus inhibiteurs en fonction de l’âge des individus. Ainsi, les jeunes enfants et les adultes âgés ayant des capacités inhibitrices faibles, seront fortement gênés par le matériel préalablement appris, ce qui se reflètera par une production plus importante d’intrusions et par une baisse de performance en rappel (Menghetti, 2008).

Cette sensibilité à l’interférence proactive, se traduisant par une accumulation d’informations interférentes dans l’espace de traitement chez les individus ayant une fonction de suppression réduite, a été mise en évidence par l’étude de Hasher et coll. (2002) mais également par celle de May et coll. (1999). L’étude de Hasher et coll. (2002) citée précédemment, évaluant de jeunes adultes et des adultes âgés dans une tâche de « Directed Forgetting » a montré que les adultes âgés étaient plus susceptibles de montrer de l’interférence proactive dans leurs réponses que les jeunes adultes. En effet, ils tendent à rappeler moins de mots corrects au travers les listes ce qui indique une augmentation de l’interférence proactive, avec une production plus importante d’intrusions au fur et à mesure des rappels. Ainsi, ces résultats suggèrent que les items antérieurs entrainent une perturbation plus importante chez les adultes âgés. Cette étude suggère également que la résistance à l’interférence peut être modulée en fonction du moment de la journée avec une augmentation de la production d’intrusions au moment non-optimal et une diminution de cette production au moment optimal des individus, avec un effet plus marqué chez les individus ayant de faibles capacités inhibitrices.

L’étude de May et coll. (1999) a suggéré, quant à elle, qu’un effet d’interférence proactive était présent dans la tâche du Reading Span de Daneman et Carpenter (1980). De plus, ils ont postulé que cet effet pouvait être mesuré au travers le nombre d’intrusions

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produites par les individus. Cette étude (détaillée ci-dessous) met en évidence des résultats conformes à ceux obtenus par l’étude de Hasher et coll. (2002).

1.5 Le Reading Span comme mesure de l’interférence proactive

Selon May et coll. (1999) un effet d’interférence proactive est présent dans la tâche du Reading Span de Daneman et Carpenter (1980). Dans cette tâche, des séries de phrases (variant de 2 à 5 phrases) sont présentées et les participants doivent juger sémantiquement la phrase présente tout en se rappelant du dernier mot de celle-ci. Généralement la plus grande quantité de phrases jugées sémantiquement et le nombre de mots correctement rappelé est un index utilisé pour mesurer la capacité en mémoire de travail. Cependant, l’administration successive des ensembles de phrases exige l’efficacité de la fonction de suppression, car le participant doit être concentré uniquement sur l’ensemble de phrases proposé actuellement. Si la fonction de suppression est inefficace, les mots des ensembles de phrases présentés antérieurement ne seraient pas complètement supprimés, ce qui créerait de l’interférence, laissant moins de ressources disponibles pour maintenir les mots pertinents, réduisant ainsi la capacité de rappel des mots actuels. Le fait de ne pas supprimer les mots vus antérieurement permet à l’interférence proactive de s’accumuler au travers de l’épreuve et ainsi d’exercer des effets néfastes sur les scores de rappel en mémoire de travail. En effet, l’étude de May et coll.

(1999) a mis en évidence que les individus ayant des capacités inhibitrices inefficaces et particulièrement dans la fonction de suppression, tendent à produire un plus grand nombre d’intrusions avec un rappel de mots inférieur, suite à l’accumulation de l’interférence proactive.

Selon ces auteurs, l’interférence proactive affecterait les performances dans les mesures d’empan mnésique. Ils postulent que l’interférence s’accumulerait de façon différentielle selon la structure de la tâche. Ainsi, le nombre d’items non pertinents actifs diminueraient l’espace disponible pour les informations pertinentes, au vu du fait que l’espace à disposition en mémoire de travail, servant à traiter et temporairement stocker l’information, est limité. Afin de vérifier cela, ces auteurs ont mené une étude sur de jeunes et adultes âgés en administrant le Reading Span dans un ordre croissant (ascendant), d’une part, et dans un ordre décroissant (descendant), d’autre part. Précisons que dans la condition ascendante, il s’agit d’administrer aux participants des blocs de phrases dans un ordre croissant de difficulté (de 2 à 5 phrases), tandis que dans la version descendante l’ordre d’administration est

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renversé et les plus grands blocs de phrases sont présentés en premier (de 5 à 2 phrases). En d’autres termes, ils ont présenté aux participants les plus grands ensembles de phrases en premier, avant que l’interférence proactive ait eu le temps de s’accumuler. Autrement dit, la condition descendante devrait réduire l’accumulation d’interférence proactive au travers de l’épreuve et ainsi diminuer le nombre d’intrusions produites et augmenter le rappel correct de mots. Selon May et coll. (1999), cette modification ne devrait avoir aucun effet sur la mesure de la capacité en mémoire de travail, si toutefois cette capacité reflète simplement la quantité d’information qu’un individu peut traiter et stocker en mémoire de travail. Cependant, si la fonction de suppression (et l’interférence proactive) est impliquée dans la tâche d’empan, la manipulation de l’ordre de présentation des items devrait affecter la quantité d’informations non pertinentes en concurrence avec les items à rappeler actuellement. Par ailleurs, May et coll. (1999), prédisent que l’effet de la manipulation de l’ordre de présentation est d’autant plus marqué chez des individus qui présentent des processus d’inhibition déficitaires, comme le suggère leur hypothèse sur les adultes âgés. Les prédictions des auteurs vont être confirmées par leur étude. Les résultats mettent en évidence une interaction entre les conditions de la tâche (ascendant vs descendant) et les groupes d’âge (jeunes adultes vs adultes âgés). En effet, les résultats ont démontré que les personnes ayant un déficit au niveau de la fonction de suppression (adultes âgés) présentent d’autant plus de difficultés en produisant plus d’intrusions et un nombre réduit de mots corrects. Ils ont également montré que les performances des adultes âgés étaient facilitées par le format descendant. En effet, les adultes âgés rappellent un nombre plus important de mots et moins d’intrusions dans ce format. Par ailleurs, dans la condition descendante les performances des adultes âgés ne sont pas significativement différentes de celles des jeunes adultes, au vu de la réduction de l’interférence proactive dans cette condition. Rappelons que dans la condition descendante, les plus grands blocs de phrases sont présentés en premier avant que l’interférence proactive n’ait eu le temps de s’accumuler (contrairement à la condition ascendante). Cela permet donc au participant d’augmenter son rappel correct de mots, car dans cette condition il arrivera à rappeler des blocs de cinq phrases ce qui n’est pas le cas dans la condition ascendante. En effet, dans la condition ascendante l’interférence proactive s’accumule au travers la tâche et exerce des effets néfastes sur les grands blocs de phrases qui sont les derniers de la série. Or, dans la condition descendante les grands blocs sont présentés en premier et le participant n’ayant pas encore d’informations non pertinentes en mémoire à supprimer, rappellera un plus grand nombre de mots (May & coll., 1999). De plus, dans cette condition, plus le participant avance dans l’épreuve plus les items deviennent faciles. Les performances différentielles en

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fonction du format de présentation de l’épreuve s’observent également au travers du nombre d’intrusions produites. Dans la condition ascendante, suite à l’accumulation de l’interférence proactive, le participant aura tendance à produire, lors du rappel, des mots qui ne sont pas dans les items à rappeler (intrusions). Tandis que dans la condition descendante, l’interférence proactive étant réduite, le nombre d’intrusions sera moins élevé. Cette étude met donc en évidence que, d’une part, les adultes âgés, ayant un déficit de suppression, sont plus sensibles à l’interférence proactive que les jeunes adultes. D’autre part, cela montre qu’il est possible de réduire cet effet au sein de la tâche en modifiant l’ordre de présentation des items. En effet, la modification de l’ordre facilite les performances des individus ayant de faibles capacités inhibitrices. Enfin, cela confirme que les capacités inhibitrices varient en fonction de l’âge en influençant les performances cognitives des individus (May & coll., 1999).

En outre, en plus d’être influencée par les changements liés à l’âge, l’interférence proactive est également influencée par les préférences circadiennes des individus. L’étude de Hasher et coll. (2002) illustre l’influence des préférences circadiennes sur la sensibilité à l’interférence proactive chez des adultes jeunes et âgés. En utilisant le paradigme classique d’interférence proactive (explicité précédemment), ces auteurs ont évalué de jeunes et adultes âgés tôt le matin ou tard dans l’après midi. Les résultats mettent en évidence que la fonction de suppression varie avec les préférences circadiennes, les individus étant plus susceptibles à l’interférence proactive à leur moment non optimal de la journée. Les individus ont montré un rappel plus important de mots corrects ainsi qu’une diminution de la production du nombre d’intrusions lorsqu’ils étaient évalués à leur moment optimal de la journée (le matin pour les adultes âgés et l’après-midi pour les jeunes adultes). Cet effet du « Time-of-Day » s’observe dans les deux populations avec un effet plus marqué pour les adultes âgés. Cependant, il est a noter que les performances des adultes âgés restent inférieures à celles des jeunes adultes au vu de leurs faibles capacités inhibitrices. Le fait d’avoir des capacités inhibitrices inefficientes engendre une difficulté à résister à l’interférence chez ces individus, et ce à tous les moments de la journée, même si dans les heures optimales leurs performances se rapprochent de celles des jeunes adultes. L’augmentation relative des performances aux heures optimales est ainsi plus importante chez les adultes âgés, révélant ainsi une interaction entre l’âge et le moment optimal ou non de la journée.

Il est à noter que les diverses études évaluant ces phénomènes ont été effectuées uniquement sur des populations d’adultes, la population d’enfants n’ayant jamais été testée avec une approche expérimentale comparable.

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1.6 Objectif de la recherche

L’objectif de la présente recherche est d’évaluer l’influence des préférences circadiennes sur les performances inhibitrices mesurées par la tâche du Reading Span chez de jeunes enfants et chez de jeunes adultes. Les données de diverses études ont mis en évidence que les jeunes adultes (18-25) ont une préférence pour l’après-midi quand ils doivent réaliser des activités intellectuelles et physiques, tandis que les jeunes enfants ont une préférence pour le matin (Wickersham., 2006). La question centrale de cette recherche est de savoir si l’effet du « Time-of-Day » est également présent chez des enfants car peu d’études ont été menées auprès de cette population. Les jeunes enfants étant en pleine maturation cérébrale devraient présenter de faibles capacités inhibitrices et, de ce fait, être particulièrement sensibles à l’interférence proactive. Cette inefficience des capacités inhibitrices devrait se manifester par des performances cognitives plus faibles dans cette population. De plus, les jeunes enfants devraient également montrer une amélioration relative de leurs performances dans leur moment optimal de la journée, en comparaison au moment non-optimal. Notre étude a donc pour objectif de comparer l’efficience des mécanismes inhibiteurs des enfants et des jeunes adultes à divers moments de la journée. Le fait que cette étude porte sur des enfants peut entrainer de fortes implications dans le domaine pédagogique. En effet, Kim et coll. (2002) ont mis en évidence un paradoxe entre les préférences circadiennes des enfants et les demandes scolaires, en mettant en avant le fait qu’il serait judicieux de prendre en considération les préférences circadiennes dans le cadre des évaluations scolaires, les performances étant plus élevées aux moments optimaux de la journée.

1.7 Hypothèses théoriques

Comme vu précédemment, différents auteurs dont Goldstein et coll. (2006), Wickersham (2006), Carskadon et coll. (1992) ainsi que Kim et coll. (2002) ont mis en évidence que les jeunes enfants ont des préférences pour le matin alors que les jeunes adultes tendent à préférer le soir. Dans la présente étude, les préférences circadiennes seront évaluées à l’aide du MEQ (Horne et Ostberg, 1976) pour les jeunes adultes et du CMEP (Carskadon et coll., 1993) pour les enfants. On s’attend donc à répliquer les distributions observées dans la littérature à savoir, une majorité d’enfants montrant une préférence pour le matin, et une majorité de jeunes adultes montrant une préférence pour l’après-midi/soir.

En ce qui concerne les différences d’âge dans les processus inhibiteurs, Dempster (1992) ainsi que Diamond (1990) ont démontré que les jeunes enfants, en comparaison aux

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jeunes adultes, ont des difficultés d’inhibition, et de ce fait sont plus sensibles à l’interférence proactive. En tenant compte des ces déficits d’inhibition et particulièrement des déficits dans la fonction de suppression chez les enfants, on s’attend donc à ce qu’ils présentent des performances réduites par rapport aux jeunes adultes. Dans le cadre de notre étude, nous allons utiliser l’épreuve du Reading Span pour laquelle nous attendons un nombre moyen de mots correctement rappelé réduit, et un nombre d’intrusions plus élevé chez les enfants en comparaison aux jeunes adultes (May & coll., 1999). Par ailleurs, dans leur étude, May et coll. (1999) ont montré que le fait de réduire l’interférence proactive dans une tâche, augmente les performances des individus ayant un déficit d’inhibition. En se basant sur cette étude, nous avons donc manipulé l’ordre de passation des items dans la tâche du Reading Span, en postulant que les performances devraient généralement être plus élevées dans la condition descendante par rapport à la condition ascendante, et ce principalement pour les enfants. Ainsi, nous nous attendons à ce que le nombre de mots correctement rappelés soit supérieur et le nombre d’intrusions produites inférieur dans la condition descendante par rapport à la condition ascendante.

Par ailleurs, si l’on prend en considération les préférences circadiennes, nous nous attendons à un score plus élevé lorsque les participants sont testés à leur moment optimal de la journée par rapport à leur moment non-optimal (Yoon et coll., 2000 ; Hasher et coll., 2007 ; Schmidt & coll., 2007). Ainsi, si l’on tient compte des préférences circadiennes et du moment de l’évaluation, les individus du matin devraient avoir de meilleures performances quand ils sont évalués le matin par rapport à l’après-midi et inversement pour les individus ayant une préférence pour le soir. De plus, nous avons également considéré l’interaction entre l’âge et le moment de l’évaluation. Nous nous attendons donc à ce que les enfants soient plus performants le matin et les jeunes adultes plus performants l’après-midi. Toutefois, l’effet de synchronie devrait être plus important pour les enfants que pour les adultes.

Finalement, si l’on prend en considération la double interaction entre les préférences circadiennes, le moment de l’évaluation et le format de la tâche du Reading Span, on s’attend à ce que les enfants aient de meilleures performances dans la tâche du Reading Span, le matin, et ce principalement dans la condition descendante.

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2. Méthode

Notre étude comporte deux volets d’analyse, à savoir la validation de la forme parallèle du Children’s Morningness-Eveningness Preferences (CMEP) et l’influence des préférences circadiennes sur les capacités inhibitrices.

2.1 Participants

Dans le cadre de notre recherche, 231 participants ont été évalués. Ces derniers se répartissent en deux groupes, soit 87 jeunes adultes et 144 enfants. Concernant le groupe des jeunes adultes, tous sont étudiants à l’Université de Genève. Une partie a été recrutée dans l’entourage des expérimentatrices et a participé de manière volontaire à l’expérience, et l’autre partie a effectué les passations dans le cadre d’un cours donné à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education de l’Université de Genève. Par ailleurs, chaque adulte a rempli un formulaire de consentement éclairé (cf. Annexe A). Du fait de certains problèmes informatiques lors de la passation de la tâche du Reading Span, seulement 82 jeunes adultes ont été retenus pour les analyses.

Le groupe des enfants est, quant à lui, composé d’élèves de diverses classes de 4ème et 5ème primaire provenant de deux écoles genevoises (l’école Pré-Piccot et l’école des Charmilles). Dans un premier temps, nous avons effectué des passations collectives du Children’s Morningness-Eveningness Preferences (CMEP) et de sa forme parallèle (CMEPP) dans chacune des classes concernées. Ainsi, 144 enfants ont répondu aux questionnaires évaluant les préférences circadiennes. Cependant, il est à noter que 4 enfants n’ont pas répondu à la totalité des items et ont donc été retirés de l’étude. Dans un deuxième temps, nous avons sélectionné 87 enfants ayant les scores les plus élevés (i.e. indiquant une préférence du matin) sur la somme des scores aux deux questionnaires (CMEP et CMEPP)1, Les 87 enfants retenus ont ensuite réalisé, de manière individuelle, le test de lecture de l’Alouette puis la tâche du Reading Span. Parmi ces participants, 80 ont été retenus pour les analyses, sachant que les données de 7 d’entre eux n’étaient pas exploitables en raison de problèmes informatiques survenus lors de la passation du Reading Span. Notons que tous les participants sélectionnés sont de langue maternelle française ou parlent le français depuis plus de 5 ans.

1 Indépendamment des normes établies par les auteurs sur ces épreuves

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Suite aux analyses des questionnaires de préférences circadiennes qui seront davantage détaillées dans la partie résultats, et en se basant sur les normes du MEQ (Horne &

Ostberg, 1976) et du CMEP (Carskadon & coll., 1993), nous avons retenu chez les jeunes adultes uniquement ceux qui ont montré une préférence pour le soir, soit un total de 14 personnes. Chez les enfants, nous avons gardé pour nos analyses uniquement ceux ayant une préférence pour le matin, soit 36 enfants (cf. Tableau 1)

Tableau 1. Données descriptives des échantillons

N Age Genre

M ET N homme N femme

Echantillon total enfants 144 10.39 .0.68 71 73

Echantillon retenu enfants 36 10 0.5 15 23

Echantillon total adultes 87 2.8 .76 7 80

Echantillon retenu adultes 14 23 2.76 3 11

Note. N=effectif total ; M= moyenne ; ET= écart-type

2.2 Procédure

L'un des objectifs de notre étude concerne l’influence des préférences circadiennes sur les capacités inhibitrices. Les préférences circadiennes des jeunes adultes ont été mesurées au moyen du Morningness-Eveningness Questionnaire (MEQ ; Horne & Ostberg, 1976) et celles des enfants, au travers du Children’s Morningness-Eveningness Preferences (CMEP ; Carskadon & coll., 1993). De plus, nous avons utilisé une forme parallèle du CMEP, à savoir le Children’s Morningness-Eveningness Preferences Parallel (CMEPP), développée par Christelle Robert pour la présente étude. Les capacités cognitives, quant à elles, ont été évaluées au moyen de la tâche d’empan de lecture développée par Delaloye, Ludwig, Borella, Chicherio et de Ribaupierre (2008), adaptation française de la tâche du Reading Span (Danneman & Carpenter,1980). Nous avons choisi cette épreuve en nous basant sur l’étude de May et coll. (1999), suggérant que le Reading Span permettrait d’évaluer les capacités inhibitrices via l’interférence proactive. Comme mentionné dans l’introduction, les auteurs de cette tâche postulent qu’elle n’est pas une mesure directe de la mémoire de travail mais qu’elle permet de mesurer la capacité de mémoire de travail au travers de l’inhibition. En

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outre, une échelle de vocabulaire (Mill Hill) a été administrée aux adultes et un test de lecture (Alouette) aux enfants.

Les jeunes adultes ont effectué les différentes épreuves de manière individuelle dans le laboratoire de psychologie développementale et différentielle de l’Université de Genève.

Les tâches ont été administrées dans l’ordre suivant : Mill Hill, Reading Span et MEQ. Le MEQ a été passé en dernier, afin d’éviter que les étudiants comprennent la logique sous- jacente à notre étude.

Concernant les enfants, après avoir reçu le CMEP et le CMEPP de façon collective, chaque participant sélectionné pour la suite de l’étude a réalisé individuellement le test de l’Alouette et l’épreuve du Reading Span.

Pour chacun des groupes d’âge, deux formats de l'épreuve du Reading Span ont été utilisés (ascendant et descendant) en alternance d’un participant à un autre. Les passations ont eu lieu soit le matin entre 8h00 et 10h00, soit l’après-midi entre 14h00 et 16h00, afin de manipuler les effets dûs aux moments de la journée. Chaque session a duré environ 20 minutes pour les adultes et 30 minutes pour les enfants. Il est à préciser que celles-ci ont toutes débuté par la récolte de données démographiques (âge, sexe, langue maternelle).

2.3 Tâches de sélection et de contrôle

2.3.1 Le Morningness-Eveningness Questionnaire

Le MEQ est un test papier-crayon auto-administré développé par Horne et Ostberg (1976). Ce questionnaire est composé de 19 questions ciblant les habitudes de veille/sommeil chez les adultes (cf. Questionnaire complet en Annexe B). Pour certains items, le participant coche une case parmi quatre, se référant à la réponse la plus appropriée selon lui, et pour d’autres, il choisit sur une échelle les heures convenant le mieux à la question posée (cf.

Figure 1).

Figure 1. Exemple d’item au MEQ

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Les scores vont de 16 à 86; les scores les plus bas (16-41) indiquent une préférence pour le soir et les scores les plus élevés (59-86) indiquent une préférence pour le matin. Les scores intermédiaires qualifient les individus dits « neutres ». Ainsi, les individus peuvent être répartis en trois catégories : « du matin », « neutre » et « du soir » (Horne & Ostberg, 1976).

2.3.2 Children’s Morningness-Eveningness Preferences (CMEP) scale

Le CMEP est un test papier-crayon auto-administré, adapté pour les enfants par Carskadon et coll. (1993) à partir du questionnaire de Horne et Ostberg (1976). Il consiste en dix questions à choix multiple où le participant choisit une réponse parmi quatre ou cinq possibilités (cf. Figure 2 ; cf. Questionnaire complet en Annexe C). Les scores vont de 10 à 42. Un score entre 32 et 42 points indique un type circadien du matin, un score entre 25 et 31 un type neutre et un score inférieur ou égal à 24 un type du soir (Wickersham, 2006).

6. Devine quoi ? Tes parents ont décidé de te laisser 20h et 21h choisir l’heure à laquelle tu vas te mettre au lit. 21h et 22h15

Quelle heure tu choisis ? Entre… 22h15 et 0h30

0h30 et 1h45 1h45 et 3h Figure 2. Exemple d’item au CMEP

2.3.3 Children’s Morningness-Eveningness Preferences Parallel (CMEPP) scale

2

Dans la présente étude, nous avons utilisé une forme parallèle (CMEPP) du questionnaire CMEP. Chaque item de ce dernier a été reformulé afin de construire le CMEPP (cf. Figure 3), et l’ordre de présentation a été modifié. Les scores sont calculés de manière identique au test de référence, c'est-à-dire de 10 (préférence du soir) à 42 (préférence du matin) (cf. Questionnaire complet en Annexe D). Le CMEPP permet d’éviter les problèmes de test-retest dûs à l’administration répétée d’une même épreuve et pourrait ainsi être utilisé dans le suivi longitudinal d’enfants.

2 Questionnaire conçu par Christelle Robert

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14. Quand tu n’as pas école le lendemain, à quelle 20h et 21h heure te couches-tu ? 21h et 22h15

22h15 et 0h30 0h30 et 1h45 1h45 et 3h

Figure 3 : Exemple d’item au CMEPP correspondant à l’item de la Figure 2

2.3.4 Epreuve verbale : Le Mill Hill

Dans le but d’estimer les connaissances de vocabulaire du groupe des adultes, l’échelle de vocabulaire du Mill Hill, adaptée en français par Deltour (1993), a été administrée. Il s’agit d’une épreuve papier-crayon qui se déroule de manière individuelle. Elle permet d’évaluer l’intelligence cristallisée, c’est-à-dire les connaissances acquises au cours de la vie au travers de l’expérience, de l’environnement et de la culture. Le Mill Hill se compose de deux parties. Cependant, pour la présente étude, nous avons utilisé uniquement la partie B, consistant à sélectionner parmi 6 items le synonyme d’un mot. Cette partie comporte 34 mots, présentés dans un ordre de difficulté croissante. Le premier mot est donné comme exemple, l’item correspondant est souligné. Le score total de la partie B est de 44 points. Chaque synonyme correctement identifié vaut 1 point et 10 points sont acquis d’office pour les mots non administrés de la version junior (cf. Epreuve complète en Annexe E).

2.3.5 Test de lecture : l’Alouette

En ce qui concerne les enfants, nous avons évalué leur niveau de lecture par le biais du test de l’Alouette qui est un test d’analyse de la lecture et de la dyslexie (LeFavrais, 1965).

Il s’agit d’un texte de 265 mots contenus sur une page que l’enfant doit lire à haute voix face à l’expérimentatrice. La page comporte des images et dispose d’une typographie particulière, ces éléments ayant toute leur importance, puisqu’ils peuvent influencer la lecture de l’enfant (cf. Annexe F). Les mots se constituent de syllabes relativement faciles à lire dès l’âge de 7 ans et sont faciles à comprendre. Cependant, malgré des phrases syntaxiquement simples, le sens de certains mots est parfois volontairement difficile à saisir, et cela dans le but d’évaluer également la capacité de l’enfant à déchiffrer de nouveaux mots. Le principal intérêt de cette épreuve réside dans l'évaluation du type d’erreurs commises par l’enfant durant la lecture.

Ainsi, l’expérimentatrice est sensible à diverses fautes de lecture, à savoir : les omissions, les lignes sautées, les arrêts de lecture sur un mot supérieurs à 5 secondes, les mots mal lus et les

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mots ajoutés. La passation du test de l’Alouette est chronométrée et dure 3 minutes au maximum. L’expérimentatrice déclenche le chronomètre au moment où elle dépose la feuille de lecture devant l’enfant et relève le temps mis par ce dernier pour commencer à lire. A chaque minute écoulée, elle entoure le mot que l’enfant est en train de lire. Si ce dernier lit tout le texte en moins de 3 minutes, elle retranscrit sur le protocole le temps total qu’il a mis pour sa lecture. Si l’enfant ne finit pas le texte dans le délai fixé, elle le stoppe dans sa lecture et relève le nombre de mots qu’il a lu.

Dans cette recherche, le score donné par le test de l’Alouette est un âge de lecture.

Celui-ci s’obtient d’après le score du niveau apparent de vitesse, où l’expérimentatrice soustrait le nombre d’omissions au nombre de mots lus. Le niveau apparent de vitesse est ensuite réduit en un score réel au travers du tableau de réduction des vitesses, qui est, quant à lui, traduit en âge de lecture (cf. Fiche de lecture et protocole en Annexe F).

2.4 Tâche du Reading Span

Le Reading Span (ou Empan de Lecture) est une tâche d’empan complexe initialement proposée par Daneman et Carpenter (1980) et développée pour mesurer la capacité en mémoire de travail. Cependant, selon May et coll. (1999), cette tâche évaluerait plutôt l’inhibition, et en particulier, permettrait d’estimer un effet d’interférence proactive. En effet, dans cette tâche (décrite ci-dessous), le participant doit se concentrer exclusivement sur les phrases de l’item en cours, ce qui nécessite une fonction de suppression efficace. Si celle- ci est déficitaire, les mots des phrases des items précédents ne seront pas complètement supprimés, et engendreront de l’interférence proactive. Ainsi, lorsque les mots des phrases antérieures ne sont pas supprimés, l’interférence devrait se cumuler au travers de l’épreuve en entrainant une baisse de performance chez le participant (i.e. une réduction du nombre de mots corrects rappelés, et une augmentation du nombre d’intrusions). Par ailleurs, May et coll.

(1999) ont mis en évidence des effets d’interférence proactive différentiels selon l’ordre d’administration des items. Selon ces auteurs, l’ordre d’administration croissante des items engendre davantage d’interférence proactive que la condition descendante. Dans la même optique, nous avons modifié la structure de l’épreuve telle que décrite et utilisée par Delaloye et coll. (2008) en construisant deux versions ; le format ascendant, qui comporte des items présentés dans un ordre croissant de difficulté, et le format descendant, où les items sont présentés dans un ordre décroissant de difficulté. Au moyen de ces formats, nous souhaitons tester l’hypothèse d’un effet différentiel de l’interférence en fonction de l’ordre de

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présentation des items. Cette épreuve nous a permis d’évaluer les capacités inhibitrices des participants au travers du nombre d’intrusions produites. Nous avons également estimé leur performance en mémoire de travail, en mesurant le nombre de mots corrects qu’ils étaient capables de rappeler.

2.4.1 Description de la tâche du Reading Span

La tâche informatisée du Reading Span consiste à juger sémantiquement des phrases et à mémoriser le dernier mot de chacune d’entre elles. La lecture des phrases est supposée empêcher l’application de stratégies permettant de mieux rappeler l’information. Cette épreuve est composée de quatre classes de difficulté (de 2 à 5) comprenant chacune 4 items.

Ces classes permettent ainsi de déterminer le niveau maximal de difficulté que le participant peut atteindre puisque le nombre de mots à mémoriser varie selon le nombre de phrases présentées. A la fin de chaque item, un triangle blanc apparait à l’écran de l’ordinateur et le participant doit rappeler, dans l’ordre de présentation, les derniers mots des phrases constituant l’item. Plusieurs critères entrent en jeu dans la construction des phrases et des mots du Reading Span. Toutes les phrases sont syntaxiquement simples, présentées en mode affirmatif et contiennent un ou deux substantifs, ainsi que 5 à 11 syllabes de 20 à 40 caractères d’imprimerie. La moitié des phrases présentées est sémantiquement correcte et l’autre moitié est incorrecte. En ce qui concerne les mots, la longueur des syllabes est contrôlée (moitié mono- et moitié trisyllabique). Les mots trop prégnants et ceux permettant des relations facilitantes ou trompeuses sont évités et aucune répétition n’a lieu au travers de l’épreuve. Cette tâche contient 61 phrases (dont cinq d’apprentissage) et chaque catégorie de phrases est répartie équitablement entre les quatre classes de difficultés (cf. Liste complète des items en Annexe G). Rappelons que le niveau de difficulté est défini par le nombre de mots à rappeler (correspondant de ce fait au nombre de phrases dans la séquence ; Delaloye &

coll., 2008).

2.4.2 Déroulement de la tâche

Cette tâche est administrée sur ordinateur, cependant le déroulement de l’épreuve varie selon le format de la tâche. En effet, on présente au participant soit les items dans un ordre croissant de difficulté (format ascendant), soit dans un ordre décroissant de difficulté (format descendant). Toutefois, quel que soit le format du Reading Span, les phrases sont présentées dans un ordre fixe et séquentiel au centre de l’écran. La durée de passation varie

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