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Civilas Nostra Les membres français italiens et suisses de la fédération se sont réunis les 7 et 8 mai à Aoste, à noter:

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Texte intégral

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Raison d'être

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En bref

Civilas Nostra Les membres français italiens et suisses de la fédération se sont réunis les 7 et 8 mai à Aoste, à noter:

— l'inquiétude de nos amis français au sujet des « secteurs sauvegardés » de Lyon et Avignon : va-t-on créer des sortes de «musées bourgeois»?

— l'expérience favorable des rues rendues aux seuls piétons dans les quartiers anciens d'Aoste de d'Annecy: ces rues sont revitalisées commercialement et humainement.

— une proposition lyonnaise de jumelages entre cités ayant les mêmes problèmes.

Exposition itinérante: organisée par 19 villes membres de Givitas Nostra, elle a été inau¬

gurée le 10 mai au Puy-en-Velay, elle passera en juillet prochain à Genève (Maison Tavel) et à Fribourg l'an prochain. Elle groupe 170 documents photographiques grand format sur le thème «Quartiers anciens, vie d'aujourd'hui». Fribourg est largement représentée.

Guide*itinéraire : sous forme de dépliant pour la visite des quartiers anciens de Fribourg.

Ce sera une réalisation de la Société de développement de Fribourg d'après une maquette de Pro Fribourg. Parution en juillet prochain. Un nouvel exemple d'heureuse collaboration.

jfc Quinzaine théâtrale: elle se déroulera, comme prévu, dans le quartier de l'Auge, à la fin juin 1967. La mise en scène du« Jongleur de Notre-Dame» sera assumée par M. G.A. Gremaud l'adaptation du texte sera l'œuvre de M. Auguste Overney et M. Bernard Chenaux compo¬

sera la partition musicale. Des contacts seront pris prochainement avec les responsables des sociétés des Vieux Quartiers. Nous tenons d'ores et déjà à exprimer notre reconnaissance à M. Pierre Dreyer qui a bien voulu accepter la présidence du comité d'organisation.

Usine à gaz: un recours contre le projet communal a été adressé au Conseil d'Etat par des propriétaires de maisons et des régies d'immeubles; il a un effet suspensif. Nous sommes dans l'attente d'une décision. Dans l'affaire du super marché de Morat, le Conseil d'Etat a nontré récemment son souci de protéger un ensemble ancien. Cela s'inscrit dans Cl ue d'aménagement du territoire. O

f-

H

Pro Fribourg: 102 nouveaux membres sont venus rejoindre nos rangs depuis cette année. Mais nos tâches sont lourdes: aidez-nous à atteindre le cap des 500

'est un objectif indispensable si nous voulons pouvoir faire face,

vert rappellera à nos membres qui ne l'auraient pas encore fait: le payement de on 1966.

ï >tre appui est nécessaire pour poursuivre notre tâche S et garder notre indépendance !

e 4» X :

PRO FRIBOURG Secrétariat :

Stalden 7, 1700 Fribourg Cotisation : (donnant droit à l'envoi du Bulletin) Ordinaire, 10fr. ; de soutien, 20 fr.

Etudiants, habitants des quartiers anciens (Auge • Neuveville • Bourg) : 50% de réduction.

C.C.P. 17-6883 1700 Fribourg

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Editorial

Au cours d'un, mouvement comme le nôtre, on se trouve nécessairement devant un passage à franchir: celui de la pensée à Vaction.

Si la pensée s'est révélée impuissante à engendrer Vaction ou si Vaction ne correspond plus à la pensée, c'est le signe qu'une revision s'impose.

Reviser, réfléchir, faire le point. Où se trouve le défaut, Verreur? La réponse est dans la con¬

frontation entre la pensée et Vaction. On s'est proposé un but : qu'a-t-on fait pour s'en rapprocher et que se propose-t-on de faire pour l'atteindre?

La pensée, notre pensée, c'est la cité. Rappelons-nous notre devise: pour une cité tournée vers l'avenir, dans la fidélité à son passé.

Quant on prononce ou qu'on écrit ce mot: cité, on ne voit pas seulement des maisons, des pierres: on voit des hommes, des foyers.

La cité, c'est la ville qui a une âme. Avoir une âme, c'est pour une cité avoir conscience de soi-même. La conscience de soi, n'est-ce point la liberté fondamentale, source de toutes les autres libertés ?

Voulons-nous nous mettre sous les yeux la différence qu'il y a maintenant, à Fribourg, entre la cité et la ville? Comparons la différence, l'antagonisme qui existe entre ce que l'on appelle avec un orgueil mal placé le grand Fribourg, cette agglomération sans plan, et ce que l'on nomme les vieux quartiers, comme s'ils n'étaient qu'un asile de vieillards.

Ils ont une âme. Mais iriez-vous chercher une âme sur le Schœnberg?

Une âme immortelle, une âme sans laquelle Fribourg serait sans baptême et sans nom.

Faire moderne, dit-on. Le moderne a ceci qu'il varie tous les jours et vieillit tous les jours.

Nous voulons, nous faire durable, remettre la jeunesse dans ce que l'on croit vieux, parce que l'on ne cesse de confondre le vieux avec l'ancien.

Nous ne voulons pas, l'avons-nous assez dit? faire de notre cité un musée. Ce que nous vou¬

lons, c'est lui restituer avec la jeunesse et la vie, non sa beauté seulement, mais sa dignité.

Voilà qui nous remet devant le passage à franchir, de la pensée à l'action.

Dans la ville de Baden, dont la situation sur un promontoir de la Limmat évoque en moins escarpée la nôtre, j'ai visité la maison de la jeunesse.

Une maison nouvelle, ultra moderne? Non point. Une des plus belles maisons du vieux quar¬

tier, tout près du pont de bois que l'on entretient avec orgueil,presque enface du château des baillis.

J'ai vu dans cette grande et solide maison la jeunesse travailler à des établis, étudier et lire dans une bibliothèque, s'amuser à des jeux, préparer un concert, répéter une pièce de théâtre.

Or nous possédons une maison encore plus belle que celle de Baden: la maison Techtermann.

Je ne me contenterai point de dire que par sa situation, son architecture et ses fresques, par les possibilités de développement et d'aménagement qu'elle renferme, elle dépasse la maison de Baden sans l'écraser. J'affirmerai que l'âme de Fribourg y possède l'un de ses tabernacles.

Celui qui l'habitait: le chancelier Guillaume Techtermann fut le premier législateur de notre cité, un administrateur modèle à qui les autres cantons de la Suisse confiaient leurs jeunes gens pour les former. Il fut en même temps un humaniste, à l'époque oit l'humanisme était la moder¬

nité. Il avait annoté de sa main les classiques latins et grecs de sa bibliothèque : il parlait, écrivait le grec, le latin, l'allamand et le français, au point de composer des vers dans ces quatre langues : il corespondait avec toute l'Europe lettrée de son temps. Il a mis dans sa haute demeure un esprit.

Or l'occasion s'offre de sauver cette maison. Il serait impardonnable de la laisser échapper.

On ajouterait une faute à toutes celles qui ont été commises et dont Fribourg est la victime. Pour nous, elle est la porte qui nous fera franchir le passage de la pensée à l'action et qui justifiera notre mouvement.

Gonzague de Reynold

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Une Maison des Jeunes et de la Culture

Pour quoi faire?

On pourrait se contenter de répondre à cette question en disant: pour faire comme par¬

tout ailleurs. En effet, Lausanne, Genève, Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds, pour ne parler que de la Suisse romande, ont la leur. Une institution qui prend partout racine doit avoir sa raison d'être. Les problèmes qui se posent aux jeunes de chez nous sont ceux qui se posent à la jeunesse de tout pays évolué.

Or, des éducateurs, des psychologues, des juges ont lancé des cris d'alarme. Ils ont expliqué clairement que les cadres traditionnels de la vie sociale sont en train de se désinté¬

grer; que, de plus en plus, les jeunes sont laissés à eux-mêmes; qu'il faut les délivrer des dangers de l'oisiveté et de l'ennui.

Il est nécessaire d'envisager l'organisation collective des loisirs. Cela peut paraître para¬

doxal à une époqae où les moyens de se distraire et de se cultiver deviennent de plus en plus nombreux et sont à la portée de chacun. En réalité, les jeunes sont souvent noyés dans la masse des propositions que leur font les entreprises aux préoccupations plus commerciales qu'éducatives. Livrés à eux-mêmes, ils ne savent que faire et s'ennuient, ou se distraient maladroitement, risquant de succomber aux tentations stupides ou malsaines. Intégrés dans une bonne équipe, ils sont capables d'activités intéressantes, où ils trouvent des joies profondes. Et puis il y a tous les jeunes (et moins jeunes) qui, paralysés par un milieu routi¬

nier et cependant sensible aux transformations rapides du monde actuel, cherchent la possi¬

bilité d'un rapprochement avec d'autres, afin d'engager le dialogue et de vivre des expé¬

riences communes.

Les jeunes, dans leurs Maisons, sont pris en charge par des animateurs. C'est à ces derniers, qui sont des éducateurs formés, qu'incombe la responsabilité d'attirer et d'intéresser garçons et filles à l'âge de la scolarité, étudiants, apprentis, jeunes ouvriers. Mais, en réalité, les Maisons de Jeunes et de la Culture sont ouvertes à la totalité de la population. En général, leurs statuts ne comportent aucune limite d'âge. Il est fondamental que des adultes fréquen¬

tent ces lieux et y prennent des responsabilités, ne serait-ce qu'en raison de la méthode éducative qui permet de mélanger les générations, d'éviter les heurts, et de préparer une collaboration au-delà des origines comme au-delà des générations.

Dès lors, le lien entre loisirs et culture devient possible. Grâce aux animateurs, grâce aux adultes, grâce aux techniques nouvelles ou renouvelées, le loisir peut déboucher sur autre chose. Il peut n'être qu'une base de départ. Il peut empêcher la dégradation et provoquer l'ascension.

Généralement, une ville dispose d'une Maison Principale et d'un certain nombre de Maisons de Quartier. En ce qui concerne Fribourg, rappelons que la Jeune Chambre Econo¬

mique, avec le concours du Mouvement Pro Fribourg et du Rotary-Club, est en train de travailler activement à la mise sur pied d'une telle structure.

Lors des dernières élections communales les partis politiques ont mis à leur programme la création de MJC. Les responsables des groupements précités espèrent bien pouvoir compter sur leur appui, maintenant qu'ils sont sur le point d'aboutir à une réalisation concrète.

Une société va être constituée en vue de l'achat et de l'exploitation de la Maison Tech- termann (voir bulletins précédents). Une souscription sera lancée très prochainement. Mais l'aide de la Commune et de l'Etat de Fribourg sera indispensable, ne serait-ce que pour faire... comme partout ailleurs.

Félicien Morel

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Le quartier de l'Auge réalise son enquête L'assemblée publique du 19 avril aux Tanneurs a mis fin au travail de prépara¬

tion de l'enquête-participation: ce jour-là, en présence de M. Caillot, directeur de l'Institut Economie & Humanisme de Lyon, le questionnaire établi par des repré¬

sentants du quartier était présenté à une assistance composée en majorité d'habi¬

tants de l'Auge et qui le firent bien voir. Au cours d'une discussion animée, le questionnaire fut définitivement mis au point. Certaines réactions montrèrent cependant qu'une méfiance subsiste à l'égard d'initiatives nouvelles, du fait que trop de promesses n'ont pas été suivies de résultats: c'est ce que releva M. Charles Egger.

M. Laurent Butty, préfet, devait alors affirmer combien une telle enquête pou¬

vait fournir d'indications utiles aux autorités pour établir une hiérarchie des mesures à prendre. On conçoit qu'il y ait des obstacles, qu'on a chez nous de la peine à s'extérioriser, mais néanmoins si une telle enquête devait se heurter à de la passivité, cela serait un signe décevant. Cela va être un test et M. le Préfet d'in¬

citer les habitants de l'Auge à faciliter cette enquête, dont l'ensemble de la ville et l'ensemble des autorités devront tenir compte.

En plus, M. Charles Strebel, conseiller communal, ainsi que MM. les chanoines Moser et Noël apportèrent leur soutien à ce démarrage de l'enquête. Et il paraît bien que ce dernier ait eu le mot de la fin en disant: «Respect aux pessimistes, mais vive les optimistes!»

Dès maintenant les équipes de travail sont constituées et ce sont des habitants de l'Auge qui vont, au cours des semaines qui viennent, visiter une à une les familles du quartier. Un appel, signé de MM. Paul Morel, le nouveau président de l'Association du quartier, Louis Gerber, président du Conseil de paroisse et Charles Strebel, conseiller communal, est distribué parallèlement à tous les ménages pour les informer du but de cette enquête.

Il est bien entendu que l'enquête, si elle va faire le point de la situation actuelle, ne doit pas se limiter à cela. Il s'agit de définir exactement quels sont les besoins du quartier et d'établir un ordre d'urgence. Ces conclusions seront établies, aprè§

dépouillement des questionnaires, avec les représentants du quartier. Le rapport final sera publié à la fin de l'année: nous y consacrerons un cahier spécial qui sera largement diffusé.

Une telle enquête doit donc déboucher sur des résultats, sur des réalisations.

Elle permettra au départ une meilleure coordination des efforts, elle devra orienter les interventions des pouvoirs publics vers les besoins réels, qui sont ceux des habitants. Le but premier doit être d'améliorer les conditions de vie dans les quartiers anciens. C'est aussi la raison d'être de PRO FRIBOURG.

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Usine à gaz: une solution de paresse?

Quatre mois se sont écoulés depuis la parution de notre dossier sur cette affaire.

Quatre mois marqués par force vents et marées en ville de Fribourg. Ce qui n'a semble-t-il, pas affecté la position de la Commune au sujet de l'usine à gaz: on s'apprête, comme devant, à dépenser 2 millions pour garder le même emplacement à une usine qui est un frein au développement touristique et à l'assainissement de la Vieille Ville.

Une dépense qui ne permettra même pas d'introduire le tarif de chauffage au gaz compétitif qui aurait contribué à améliorer les conditions de vie de nos quartiers anciens. On nous affirme en effet très officiellement que «le gaz de chauffage sera toujours un produit de luxe». Vous vous demanderez avec nous si une usine four¬

nissant un produit de luxe peut encore être assimilée à un service public?

Nous estimons quant à nous que pour une ville, particulièrement lorsqu'elle est dotée d'un taux de fiscalité élevé et guère plys riche pour autant, la politique à vue immédiate s'avère souvent la plus coûteuse à longue échéance et que Fribourg n'a finalement pas les moyens de pratiquer une telle politique. C'est ce que nous exprimions dans une lettre adressée au Conseil Communal en date du 15 mars dernier. Une lettre qui attend avec patience une réponse.

Toujours est-il qu'une telle attitude des autorités communales n'est pas faite pour encourager l'implantation de nouvelles industries à Fribourg. Sait-on que la CIBA s'est vue refuser le raccordement au gaz de ville pour ses laboratoires de Marly? (raccordement dont aurait bénéficié l'ensemble de la localité). La CIBA a construit depuis lors un gros réservoir de propane...

Lors d'une séance du Conseil Général, on devait apprendre quelles étaient les préoccupations majeures du Conseil Communal en cette affaire. Le porte-parole de la Commune déclara le plus sérieusement du monde que «le Conseil Communal était prêt à entreprendre toutes les mesures qui permettront d'améliorer l'aspect esthétique» et de les énoncer: on s'apprête à «dérouiller» le gazomètre et à le

«camoufler». Pour cela on hésite entre deux solutions: planter un rideau d'arbres ou installer un treillis avec de la verdure, des plantes grimpantes. Et d'ajouter:

«comme on ne pense pas à tout, nous attendons des propositions».

Il ne reste plus ainsi qu'à nous fier à nos esthètes communaux auxquels nous serons redevables de la vision reposante d'un gazomètre noyé dans la verdure. De là à proposer un concours de gazomètres fleuris...

On ajouta en conclusion que la direction de l'usine à gaz se déclare «prête à pratiquer une politique commerciale plus active» dès le jour où elle disposera de ses nouvelles installations. La direction de l'usine à gaz pratiquant, tout feu tout flamme, une politique commerciale plus active, n'est-ce pas paradoxal? Car y a-t-il une plus sûre garantie de voir cette usine recouverte par les ronces et les plantes grimpantes que de continuer à suivre la politique actuelle?

G. Bourgarel

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En conclusion.

La véritable tradition dans les grandes choses n'est point de refaire ce que les autres ont fait, mais de retrouver Vesprit qui a fait ces choses et qui en ferait de tout autres en d'autres temps.

Paul Valéry Notre mouvement se veut au service de la Cité. Mais quel sens donnons-nous à la Cité? La Cité n'a de sens que dans la mesure où elle est à l'échelle de l'homme, où elle permet à l'homme de s'épanouir.

Il est donc utile de marquer un temps de réflexion, de mesurer le chemin par¬

couru, de s'interroger sur le sens de notre activité.

Un ouvrage-choc, récemment paru aux Etats-Unis \ souligne combien les grandes villes américaines sont hostiles à l'homme, qui n'éprouve à leur égard aucun lien affectif, sinon le sentiment d'une inexprimable solitude.

A l'encontre de cela, un quartier tel que celui de l'Auge, par exemple, prend la valeur d'un témoignage. Témoignage d'un cadre de vie, d'un habitat pour les hommes. Car c'est bien ce qui importe: le but c'est l'homme. L'homme avant les pierres. Qui peut donner sa signification aux pierres sinon les hommes ?

L'orientation prise par notre mouvement montre notre souci de ne pas nous limiter à la seule sauvegarde, attitude négative parce que trop souvent faite de refus du changement, et partant, de refus de la vie.

«Nous sommes à l'âge des antiquaires et nous sommes plus ou moins des ama¬

teurs de vieilleries; cela convient aux décrépitudes qui n'ont plus que leurs repen¬

tirs. Notre éclectisme erre sur tout ce qui est derrière nous et nous ne savons même plus choisir parmi nos trésors d'autrefois.»: Albert Gleizes l'écrivait déjà en 1932.

Hélas, combien de restaurations d'édifices anciens portent de nos jours la marque de cet esprit! On restaure, ou plus exactement, on reconstitue ce que l'on croit, très scientifiquement, être l'état d'origine, mais en fait on fige arbitrairement les témoins du passé, on les stérilise, on les place hors du temps, on commet un faux: monuments aseptisés! On empêche la mort, mais on empêche la vie!

Il faut dépasser cette attitude de conservation sous le seul angle de l'intérêt historique et artistique pour envisager la sauvegarde de nos quartiers anciens d'une manière ouverte. C'est opter pour la restauration critique contre la restaura¬

tion scientifique, c'est-à-dire pour une méthode qui permette aux quartiers anciens de poursuivre leur évolution et non pas qui les contraigne de se bloquer dans un immobilisme illusoire.

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Cela implique en particulier qu'il n'y a pas de pire dégradation du patrimoine que le recours au pastiche, en d'autres termes, à l'exclusion de toute intervention architecturale dans le langage moderne.

II est enfin nécessaire d'envisager l'avenir des quartiers anciens dans leurs relations dynamiques avec la ville nouvelle.

C'est cependant un lieu commun d'affirmer que Fribourg porte le poids du passé, comme si le noyau ancien de la ville était un obstacle au développement du Fribourg de demain. Rien n'est plus faux, car le seul exemple véritable d'urba¬

nisme que nous ayons à Fribourg, c'est précisément l'ancienne cité. Que s'est-il donc passé depuis un siècle? Fribourg a grandi, mais on n'a pas créé de cité nouvelle: des excroissances ont poussé, Fribourg s'est empâté, boursoufflé. Le Fribourg d'aujourd'hui n'est que la prolongation abâtardie de l'ancien. Il est toutefois question, plus que jamais, d'urbanisme. Qu'un effort se fasse actuellement c'est certain. Mais encore se fait-il bien plus en fonction de la circulation automobile qu'en fonction de l'habitat des hommes.

C'est tout un équilibre, tout un climat qui s'est dégradé. En ce sens que «la ville est l'expression la plus complète d'une civilisation et aussi sa conductrice nécessaire: elle maintient les ressources d'une culture qui doit être tenue pour un fondement plus assuré du bonheur que la recherche d'un progrès abstrait»

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. Je me ferai peut-être taxer de traditionnaliste, certes, mais il ne s'agit pas de perpétuer un certain immobilisme ni de maintenir de mauvaises habitudes: il faut retrouver le lien avec le passé.

Car la dégradation de l'image de sa ville que perçoit le citadin ne va pas sans grave conséquence. Le sentiment de sécurité, d'équilibre de l'habitant d'une ville en dépend. L'enracinement n'est possible que dans la mesure où le citadin a la possibilité de percevoir la cité, le milieu dans lequel se meut son existence. On ne peut imaginer un être aimé qui soit sans visage.

Je serai finalement tenté de dire que les cités, comme les gens, prennent le visage qu'elles méritent. Georges de Montenach dénonçait déjà au début de ce siècle «la sottise et le laisser faire des municipalités». Mais la responsabilité ne nous en incombe-t-elle pas à tous?

«...la conception urbaniste ne peut provenir que de l'expérience de la ville.

Et cette expérience est le patrimoine de tous. Hélas! Le citadin meurt en devenant indifférent et en cessant, pour devenir l'homme nouveau, d'être un citoyen

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Notre mouvement se doit d'être, en conséquence, un mouvement d'action civique. C'est le cœur du problème et il n'y a pas d'autre voie.

G. Bourgarel

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Nothing personal, de Richard Avedon et James Baldwin, Dell Books, New York, 1964.

* et * Maurice Le Lannou: L'urbanisme dans la cité, « Le Monde». 19 janvier 1966.

Photo Rast — Imprimerie Fragnière S.A., Fribourg — 2500 exemplaires

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