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Essai d’interprétation des spectres d’absorption dans le
proche infrarouge. II. Benzène
Germain Gauthier
To cite this version:
85.
ESSAI
D’INTERPRÉTATION
DES SPECTRES D’ABSORPTION DANS LE PROCHE INFRAROUGE.II.
BENZÈNE
Par GERMAIN GAUTHIER
(1).
Laboratoire des Recherches physiques à la Sorbonne.
Sommaire. - La
dispersion spectrale dont nous disposons, très supérieure à celle des études
anté-rieures, nous a permis de mettre en évidence, entre o,8 et I,9 03BC, une quarantaine de bandes d’absorption
nouvelles du benzène à l’état liquide. Le spectre s’interprète assez bien au moyen de combinaisons de
fréquences, et aussi d’harmoniques, en admettant, pour la molécule de benzène, une symétrie D6h.
L’accu-mulation des fréquences de combinaison, dans les régions où devraient se trouver les harmoniques
pairs : 2 03BD, 4 03BD, ... (qui sont interdits avec la symétrie D6h) conduit facilement à expliquer les bandes
d’absorption mesurées.
JOURNAL PHYSIQUE TOME 14 , FÉVRIER
1953,
On admet
généralement
que la molécule deben-zène,
à l’étatlibre,
possède
lasymétrie
Dol.
Parsuite,
de nombreuses vibrations
fondamentales,
harmo-niques
ou de combinaison ne donnent pas lieu à uneabsorption
dansl’infrarouge.
Lesrègles
de sélectionindiquent,
eneffet,
que l’oscillation obtenue doitappartenir
exclusivement auxtypes Eu
etA2u.
Dans ce
qui
suit,
nous supposerons cette conditionremplie.
Mais il est trèsprobable,
qu’à
l’étatliquide,
les molécules de benzène se trouvent déforméeset
qu’elles possèdent
unesymétrie
beaucoup
moindreque
D51t.
On mesure, eneftet,
dans lespectre
d’ab-sorption
et dans lespectre
de diffusion(effet
Raman)
du benzène à l’état
liquide,
des bandes correspon-dant à des vibrations interdites dansl’hypothèse
d’unesymétrie
D5h.
La
présence
del’isotope C13
ducarbone,
malgré
sa teneur relativement faible
(0,7 pour I00),
peut
aussi contribuer à diminuer la
symétrie
de la molécule de benzène enremplaçant
un ouplusieurs
atomesde carbone 12. Ainsi
qu’on
l’asignalé
précédem-ment
[8]),
en faveur de cette considération seplace
le fait
expérimental
que, dans lespectre
du benzène à l’état vapeur, c’est-à-dire en l’absence dedéfor-mation
moléculaire,
semblentapparaître,
avec unecertaine
intensité,
des vibrations interdites.Le
spectre
d’absorption
du benzène à l’étatliquide
-le seul que nous considérerons -
a été
obtenu dans
l’infrarouge
proche
par de nombreuxauteurs,
qu’il
estimpossible
de citer tous[C.
K.Ingold,
C. L. Wilson et leurs collaborateurs[21],
R.Frey-mann
[10],
P. Barchewitz seul ou avec Mme Causse[2], [6],
etc.].
Les études
précédentes
nedisposaient
générale-ment que d’une
dispersion
assez faible(sauf
Frey-mann)
et l’utilisation de notrespectrographe
à réseau nous apermis
detrouver,
entre 1,2 et 1,9 Mune
quarantaine
de bandes nouvelles( f g.
i).
Commenous le dirons par
ailleurs,
pour résoudre des bandes(1) Actuellement Professeur au Collège militaire Saint-Jean,
Province de Québec (Canada).
situées
plus près
duvisible,
notredispersion
s’avèreFig. i. -
Spectre du benzène liquide, enregistrements directs.
86
encore
trop
faible, Aussi bien que horrr leshydro-(’arbures satures;
aliplzatiques précédenunenl
etudieS,il n’existe aucune
,simplification
dusprctre.,
à rnc,slrrcqlle l’on s’élève dans la série des
harmoniques.
Laréduction du nombre des
composantes,
signalée
par divers auteurs et, en dernier lieu par Mme Causseet
Barchewitz,
tient évidemment à l’utilisation d’unedispersion beaucoup plus
faible que la nôtre. La même remarques’applique
aux bandes decomhi-naison.
Nous n’avons pas examiné la
région
de 300o cm-1 danslaquelle
seplacent
les vibrationsfondamen-tales CH pour les dérivés
aromatiques.
Beaucoup
d’auteurs ont étéintrigués
par l’existence de trois bandes fortes vers3086,
3063 et3034
crn-1,
alorsqu’on
n’enprévoit
qu’une
seule,
due à une oscillationdoublement
dégénérée
dutype Ei.
Onpourrait
supposer que la déformation de la molécule debenzène,
à l’étatliquide,
rende actives enabsorption
des vibrations du
type Air
ouEb,
qui
ne devraientapparaître
que dans ladiffusion,
ou dutype
B1",
qui
seprésente
comme inactive dansl’absorption
et la
diffusion,
les unes et les autres seplaçant
dansla
région
considérée.Nous
préférons
une autreexplication, qui
s’accorde avec nos résultats dans le cas des
hydro-carbures
aliphatiques
etqui
adéjà
étésignalée
parHerzberg [20]
ainsi que par d’autres auteurs(en
particulier
Barchewitz
et M-eCausse) :
ceux-ci ontfait remarquer
qu’il
existait descombinaisons,
per-mises avec lasymétrie D6h
dubenzène,
qui
setrou-vaient aussi vers 300o cm-1:
i6o6(E+,)-i-i48o(E,-,)=3o86(E-)
cm-1,I 584(Eg.)+ I 48o(Eu ) = 3 o64(E,)
cm-1.C’est ce
qui
a conduit les auteursprécédents
àadopter
comme vibration fondamentale 3038cm-1,
en s’étonnant que les deuxbandes,
considéréescomme des vibrations de
combinaison,
possèdent
une
intensité
de même ordre que la vibration admise comme fondamentale. Lacomparaison
duspectre
de lapyridine
-qui possède
unesymétrie plus
faibleCz,,
- dans la mêmerégion,
où ilprésente également
trois bandesfortes,
avait alors conduit à douter de lasymétrie
Dûh
du benzène et à supposerqu’elle
était aussi réduite à
C2v,
par laprésence
des autresmolécules de benzène
liquide.
En laissant de côté la diminution de
symétrie
de la molécule de benzène à l’état
liquide,
soit pardéformation,
soit par l’existence de moléculesisotopiques
avec un carlonc13,
nous pouvonsreprendre
icil’hypothèse
que nous avons donnéesÙ propos des
hydrocarbures
fiaturésaliphatiques,
d’une résonance entre une vibration fondamentalesdu
type E;,
et les deux vibrations de combinaisonprécédemment indiquées, également
du mêmetype.
Toutes les conditions semblentremplies
pourper-mettre cette résonance,
puisqu’il s’agit
de vibra-tionspossédant
des nombres d’ondes assez voisins.De cette
manière,
il estparfaitement
admissibleque les bandes de combinaison
possèdent
uneintensité
comparable
à celle du fondamental. En cequi
concerne le nombre d’ondes de cefondamental,
il est
impossible
del’indiquer
avec uneapproxima-tion suffisante. D’une
part,
la structure des bandesharmoniques,
approximativement
résolues,
étant fortcompliquée,
il n’existe aucune raison dechoisir,
au milieu des bandes decombinaison,
un nombreplutôt
qu’un
autre pourreprésenter
la vibrationharmonique
réelle et, dans le cas desharmoniques
d’ordresupérieur,
la résolution et laprécision
restent vraiment assez faibles. D’autre
part,
on sait que, dans larésonance,
on observegénéralement
un écartement des vibrations enjeu.
Pour cesrai-sons, on ne
peut
accorderqu’une
valeurqualitative
aux essaisd’application
numériques qui
ont étéproposés,
au moyen de la formule de Kratzer.Pour
l’interprétation
des bandesharmoniques
et de
combinaison,
en raison de leurcomplexité,
nous avons
essayé systématiquement,
danschaque
cas,
toutes
les
combinaisonspermises
dansl’hypo-thèse de la
symétrie
D(jh,
c’est-à-direappartenant
exclusivement aux
types
Dûh
etEz et pouvant
cor-respondre e f f eetivcment à
des bandes mesurées. Cette étude montrequ’il
seproduit
dessimplifications
dans
chaque
cas. Nous n’avons pu tenircompte
d’une anharmonicité des vibrations de l’ordre de
1,5
à
3,5
pour ioo que nous ne connaissons pasexacte-ment),
de sorte que les nombres d’ondes calculés seprésentent toujours supérieurs
à ceux que l’on observe.Les calculs de ces combinaisons font
intervenir,
d’une
part
les vibrationsfondamentales,
activesou inactives en
absorption,
situées au-dessousde I 80o
cm-’,
d’autrepart,
plusieurs
vibrationssituées dans la
région
de 300o cm-’(la
réductionà une seule vibration du
type Ei
n’est paspossible),
enfin des combinaisons de vibrations fondamentales à côté des vibration-s fondamentales elles-mêmes.Région
del’harmonique
2 v. -D’après
lesrègles
de’sélection,
avec unesymétrie
D6h,
leshar-moniques pairs 2 11,
(4v,
... sont interdits enabsorption.
Leurapparition
nepeut provenir
que d’unabais-sement du
degré
desymétrie
de la molécule debenzène,
que nous avonsindiqué
précédemment.
Il n’est pas
nécessaire,
pourexpliquer
les bandes de l’intervalle 582o-62oocm-’,
defaire
intervenir l’exis-tence d’unharmonique,
comme l’ontsuggéré
diversauteurs, car elles
s’expliquent
par l’accumulationdes bandes de combinaison dans cette
région.
En outre,si l’on compare la
région,
que l’onpourrait
considérercomme
représentant
l’harmonique
2 v, avec cellequi
l’entoure,
etqui provient
indubitablement decombinaisons,
la différence d’intensité n’est pasassez forte pour que l’on
puisse indiquer
une diffé-renced’origine,
harmonique
dans un cas,combi-naison dans l’autre. Cette
opinion
se trouve renforcéeen constatant que l’intensité de
l’harmonique
suivant 3 v(permis
par lesrègles
desélection),
est au moins oo fois
plus
forte que celle des bandesharmoniques qui
l’entourent. ’
Voici les
combinaisons
que l’on calcule :Région
de combinaison 62008700 cml. -Des42
bandesqui
apparaissent
dans cetterégion,
28 n’avaient pas encore étésignalées.
Pour lesexpliquer
entotalité,
il faut faireintervenir,
nonseulement le nombre d’ondes
5g84
cm-’,
mais aussiceux des six bandes
qui
l’entourent,
exactementcomme pour l’intervalle
5400-5820 cm-1,
nousavions dû faire
appel
à toutes lesfréquences
du88
Région
del’harmonique
3v. - Les bandestrès fortes se
présentent
à8780
et8720
cm-1. Ilsemble bien
qu’avec
une faibledispersion,
laplupart
des autrescomposantes disparaissent,
cequi
avait fait penser à unesimplification :
ellen’est,
enréalité,
qu’illusoire.
Le resserrement des bandes sur unintervalle de 60
cm-i,
contre un étalement de30o cm-’ environ pour le soi-disant
harmonique
2 v,confirme
qu’il s’agissait
bien,
dans ce dernier cas, de combinaisons comme nous l’avonsindiqué
et nond’un véritable
harmonique.
Bandes de combinaison au
voisinage
de 1 M.- Avec
une
épaisseur
de 3o cm de benzèneliquide,
nous avons mesuré
sept
bandesnouvelles,
enplus
decelles que
Freymann
avaitdéjà signalées,
sous 80 cm.Il est
probable qu’avec
une coucheplus
forte,
nousaurions trouvé d’autres
composantes.
Nousadoptons,
dans l’étatactuel,
l’interprétation
de Mme Causse et et Barchewitz[6].
Harmonique
4v vers0,87
[U. - Commel’har-monique
z v, il doit être interdit dans le cas d’unesymétrie
sénaire du benzène. Ils’agit
donc pro-bablement d’unerégion
de bandes decombinaison,
dont nous ne pouvonsdistinguer
lescomposantes,
faute d’unedispersion
suffisante.Néanmoins,
sous uneépaisseur
de 5 cm, nous trouvons undoublet,
déjà signalé
par deprécédents expérimentateurs
[Barnes
etFiillweiller,
.J. Amer. Chem.Soc., 1928,
50,
1 0 3.3 ].
Conclusion. 2013 L’examen
d’hydrocarbures
ali-phatiques
et dubenzène,
tous à l’étatliquide,
dans larégion
o,8-1,g
lu, confirme que l’onpeut
obtenir d’intéressants
renseignements
analytiques
si l’onopère
avec unedispersion
suffisante. C’estégalement
la conditionnécessaire,
si l’on veut aboutir à desinterprétations
desspectres
en identifiantles bandes mesurées avec des
harmoniques
des vibrations fondamentalescarbone-hydrogène,
situées dans larégion
de2goo-3o0o
cm-1 et avec des combi-naisons de ces vibrations fondamentales(ou
de leursharmoniques),
mettanten
jeu
des vibrations fonda-mentalespossédant
des nombres d’ondesbeaucoup
plus
bas.Quoiqu’il
faille dans notrerégion
desquantités
de substances nettementsupérieures
à cellesqui
suffisent pour l’examen de larégion
6-15 M, parexemple,
notre étudeindique
quel’infrarouge
proche
n’estpourtant
pas ànégliger
dans l’étudedes
hydrocarbures.
Ce travail a été fait au laboratoire des Recherches
physiques
à la Sorbonne. Nous remercions sondirecteur,
M. leDoyen
Cabannes,
pour tout l’intérêtqu’il
aporté
à cetteétude,
M. JeanLecomte,
directeur de Recherches au C. N. R.S.,
de nous avoir constam-mentguidé
au cours du travail et M.Robert,
del’Institut National du
Pétrole,
d’avoir bien voulumettre à notre
disposition
des échantillons très pursd’hydrocarbures.
Nous sommes aussi redevables au Ministère duBien-Être social,
de la Provincede
Québec,
d’une bourse d’études enFrance,
et au C. N. R. S. d’une allocation d’Attaché deRecherches
pendant
une année universitaire.Manuscrit reçu le 24 juillet 1952.
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