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Commen¸cons par quelques notations. Le symbole d´ esignera ]0, 1[

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

Irrationalit´ e de ζ (3)

Gilles Auriol

auriolg@free.fr — http ://auriolg@free.fr

Ce r´ esultat est dˆ u au math´ ematicien fran¸cais Roger Ap´ ery, en 1978. L’ann´ ee suivante, Beukers a simplifi´ e la preuve, c’est celle qui est propos´ ee ici.

Commen¸cons par quelques notations. Le symbole d´ esignera ]0, 1[

2

. On notera d

n

le plus petit commun multiple des entiers compris entre 1 et n. On montre en th´ eorie des nombres que d

n

6 3

n

; pour une preuve voir par exemple l’ouvrage de Daniel Duverney, Th´ eorie des nombres, Dunod, 1998.

Enfin pour tout entier n, on pose P

n

(x) = 1 n!

d

n

dx

n

(x

n

(1 x)

n

). Voici les propri´ et´ es que nous utiliserons de ces polynˆ omes (dits de Legendre).

1 Lemme. — P

n

est un polynˆ ome ` a coefficients entiers de degr´ e n et pour toute fonction de classe C

n

on a

1

0

P

n

(x)f(x) dx = ( 1)

n

1 0

x

n

(1 x)

n

n! f

(n)

(x) dx.

Preuve. — En d´ eveloppant par la formule du binˆ ome de Newton puis en d´ erivant, il vient P

n

(x) =

n i=0

( n i

)( n + i n

)

( 1)

i

x

i+n

, ce qui prouve que P

n

est ` a coefficients entiers.

Pour tout 0 6 i 6 n 1, le polynˆ ome d

i

dx

i

(x

n

(1 x)

n

) s’annule en 0 et en 1 puisque ces entiers sont racines d’ordre n du polynˆ ome x

n

(1 x)

n

. En effectuant n int´ egrations par parties, on aboutit ` a la formule annonc´ ee.

2 Lemme. — Pour tout (x, y, z) ]0, 1[

3

, on a

x(1 x)y(1 y)z(1 z) 1 (1 xy)z 6 (

2 1)

4

.

Preuve. — Notons f la fonction de trois variables ainsi d´ efinie et montrons qu’elle peut se prolonger par continuit´ e ` a [0, 1]

3

en posant f = 0 sur les faces du cube. Le d´ enominateur de cette fonction est nul si et seulement si z = 1 et xy = 0. Montrons par exemple que f tend vers 0 sur l’arˆ ete d’´ equation x = 0 et z = 1. Pour 0 < a, b, c < 1 , comme 1 c > 0, on a

f(a, b, c) = a(1 a)b(1 b)c(1 c)

1 c + abc 6 a(1 a)b(1 b)c(1 c)

abc = (1 a)(1 b)(1 c), d’o` u la nullit´ e de la fonction lorsque (a, b, c) tend par l’int´ erieur du cube vers (0, y

0

, 1) o` u y

0

[0, 1].

La fonction f ainsi prolong´ ee est continue sur le compact [0, 1]

3

; elle y atteint donc son maximum, et c’est certainement en des points int´ erieurs au cube puisqu’elle est nulle sur ses faces (et elle n’est pas identiquement nulle). On supposera donc dor´ enavant que (x, y, z) ]0, 1[

3

. N´ ecessairement les coordonn´ ees d’un point en lesquelles f atteint son maximum annulent les d´ eriv´ ees partielles en x, y, z. Cela donne respectivement, en chassant les d´ enominateurs et les facteurs du type x, y, z, 1 x, 1 y, 1 z qui sont non nuls, les ´ equations

1 z 2x + 2xz x

2

yz = 0 [1], 1 z 2y + 2yz xy

2

z = 0 [2]

1

(2)

et (1 2z)(1 (1 xy)z) + (1 xy)z(1 z) = 0 [3]

En soustrayant [2] ` a [1], il vient (x y)( 2+2z xyz) = 0. Mais 2+2z xyz = z(2 xy) 2 6 0, avec ´ egalit´ e si et seulement si z = 1 et xy = 0, cas que nous avons ´ ecart´ e. Ainsi x = y. En rempla¸cant dans [1],

z = 1 2x

x

3

2x + 1 [4],

`

a condition de s’ˆ etre assur´ e de la non nullit´ e du d´ enominateur, ce qui est clair une fois remarqu´ e que x

3

2x + 1 = (x 1)(x

2

+ x 1). En injectant dans [3],

(

1 2(1 2x) x

3

2x + 1

) (

1 (1 x

2

) 1 2x x

3

2x + 1

)

+ (1 x

2

) 1 2x

x

3

2x + 1 × x

3

x

3

2x + 1 = 0, d’o` u en multipliant par (x

3

2x + 1)

2

et en r´ eduisant les facteurs,

(x

3

+ 2x 1)(x

2

(1 x)) + (1 x

2

)(1 2x)x

3

= 0 et en divisant par x

2

(1 x) ̸ = 0, on arrive ` a

x

3

+ x

2

3x + 1 = 0,

qui se factorise en (x 1)(x

2

+ 2x 1) = 0. Finalement x est la racine comprise entre 0 et 1 du trinˆ ome x

2

+ 2x 1, c’est-` a-dire x =

2 1 = y. Il reste ` a injecter dans [4] pour trouver z =

2 2 . On a alors

1 (1 xy)z = 1 (1 (

2 1)

2

)

2

2 = 1 (2 2 2)

2 2 =

2 1 et enfin

f(x, y, z) = (1

2)

2

(2

2)

222222

2 1 = (1 2)

2

(

2(

2 1))

222

2( 21)

2

2 1 = (

2 1)

4

, calcul miraculeux s’il en est !

3 Lemme. — Soit r, s N . On a

I

r,s

=

x

r

y

s

ln(xy)

1 xy dx dy

 

 

2ζ(3) + 1

d

3r

Z si r = s > 1 1

d

3r

Z si r > s et I

0,0

= 2ζ(3).

Preuve. — Le th´ eor` eme de convergence monotone permet d’´ ecrire I

r,s

=

x

r

y

s

ln(xy)

1 xy dx dy =

x

r

y

s

ln(xy)

+

n=0

(xy)

n

dx dy

=

+∞

n=0

{∫

x

r+n

y

s+n

ln(x) dx dy +

x

r+n

y

s+n

ln(y) dx dy }

Une int´ egration par parties montre

k N ,

1

0

x

k

ln(x) dx = 1

(k + 1)

2

,

2

(3)

d’o` u par le th´ eor` eme de Fubini-Tonelli,

x

r+n

y

s+n

ln(x) dx dy = (∫

1

0

x

r+n

ln(x) dx

) (∫

1 0

y

s+n

dy )

= 1

(r + n + 1)

2

(s + n + 1) et finalement

I

r,s

=

+

n=0

1

(r + n + 1)(s + n + 1)

( 1

r + n + 1 + 1 s + n + 1

) .

Le r´ esultat pour I

0,0

est clair. Si r = s > 1, il vient I

r,s

= 2

+

n=0

1

(r + n + 1)

3

= 2 (

ζ(3) 1 1

2

3

− · · · − 1 r

3

)

2ζ(3) + 1 d

3r

Z Si r > s, on a la d´ ecomposition en ´ el´ ement simple

1

(r + n + 1)(s + n + 1) = 1 r s

( 1

s + n + 1 1 r + n + 1

)

donc en rempla¸cant

I

r,s

= 1 r s

+

n=0

( 1

(s + n + 1)

2

1 (r + n + 1)

2

) .

On observe alors que la s´ erie est t´ elescopique ; il reste I

r,s

= 1

r s

( 1

(s + 1)

2

+ · · · + 1 r

2

)

d’o` u le r´ esultat.

Preuve (de l’irrationalit´ e de ζ(3) ). — Consid´ erons l’int´ egrale I

n

=

P

n

(x)P

n

(y) ln(xy)

1 xy dx dy.

Puisque P

n

est de degr´ e n ` a coefficients entiers, I

n

est une combinaison lin´ eaire ` a coefficients entiers d’int´ egrales de la forme I

r,s

avec r, s 6 n. Le lemme 3 montre alors qu’il existe a

n

et b

n

deux entiers tels que I

n

= 2a

n

ζ(3) + b

n

d

3n

. En supposant ζ(3) rationnel, il s’´ ecrit ζ(3) = a

b o` u a et b sont deux entiers positifs. On peut ´ ecrire I

n

sous la forme

I

n

= A

n

bd

3n

, A

n

Z .

Nous allons montrer que I

n

̸ = 0 et que A

n

tend vers 0 lorsque n vers + , ce qui constituera une contradiction.

Commen¸cons par remarquer que pour tout (x, y) ,

1

0

dz

1 (1 xy)z = [

ln(1 (1 xy)z) 1 xy

]

z=1 z=0

= ln(xy) 1 xy .

Soit M un majorant de la fonction (x, y) 7−→ | P

n

(x)P

n

(y) | sur le compact [0, 1]

2

. Il vient par le th´ eor` eme de Fubini-Tonelli,

3

(4)

1 0

| P

n

(x) | | P

n

(y) |

1 (1 xy)z dx dy dz 6 M

1 0

dz

1 (1 xy)z dx dy = M × I

0,0

< + , si bien que le th´ eor` eme de Fubini puis le lemme 1 permettent d’´ ecrire

I

n

=

(∫

1 0

P

n

(x) P

n

(y)

1 (1 xy)z dx )

dy dz

=

(∫

1 0

( 1)

n

x

n

(1 x)

n

n!

d

n

dx

n

( P

n

(y) 1 (1 xy)z

) dx

) dy dz

=

(∫

1

0

( 1)

n

x

n

(1 x)

n

n!

( P

n

(y)( 1)

n

n!y

n

z

n

(1 (1 xy)z)

n+1

) dx

) dy dz

=

P

n

(y) (∫

1

0

(1 x)

n

x

n

y

n

z

n

(1 (1 xy)z)

n+1

dz

) dx dy.

Il faut justifier cette derni` ere ´ egalit´ e. C’est encore le th´ eor` eme de Fubini puisque | P

n

(y) | est born´ e et l’int´ egrale sur ]0, 1[ est finie comme le montre le changement de variable w = 1 z

1 (1 xy)z . Il est involutif et ´ echange 0 et 1. Les calculs utiles sont les suivants

dz = xy dw

(1 (1 xy)z)

2

, et 1 (1 xy)z = xy

1 (1 xy)w .

En rempla¸cant et en continuant les calculs (et en utilisant encore Fubini puis Fubini-Tonelli), I

n

=

P

n

(y) (∫

1

0

(1 x)

n

(1 w)

n

1 (1 xy)w dw

) dx dy

=

(∫

1 0

( 1)

n

y

n

(1 y)

n

n!

d

n

dy

n

( (1 x)

n

(1 w)

n

1 (1 xy)w

) dy

) dx dw

=

(∫

1

0

( 1)

n

y

n

(1 y)

n

n!

( (1 x)

n

(1 w)

n

( 1)

n

n!x

n

w

n

(1 (1 xy)w)

n+1

) dy

) dx dw

=

1 0

x

n

(1 x)

n

y

n

(1 y)

n

w

n

(1 w)

n

(1 (1 xy)w)

n+1

dx dy dz

=

1 0

(f (x, y, w))

n

1

1 (1 xy)w dx dy dw o` u f est la fonction du lemme 2. On a ainsi I

n

< 0 et

0 < | A

n

| = bd

n

| I

n

| 6 bd

n

(

2 1)

4n

1 0

1

1 (1 xy)w dx dy dw.

Cette derni` ere int´ egrale triple est I

0,0

= 2ζ(3), et utilisant la majoration d

n

6 3

n

on arrive ` a 0 < | A

n

| 6 2ζ(3)b × (27(

2 1)

4

)

n

< 2ζ(3)b × 0.8

n

,

d’o` u une contradiction puisque A

n

est un entier coinc´ e strictement entre 0 et 1 pour n assez grand.

R´ ef´ erence. — ζ(3), Bogdan Nica. Article disponible sur Internet.

4

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