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Submitted on 1 Jan 1901
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De l’effet Hall dans les lames métalliques infiniment minces
Georges Moreau
To cite this version:
Georges Moreau. De l’effet Hall dans les lames métalliques infiniment minces. J. Phys. Theor. Appl.,
1901, 10 (1), pp.478-493. �10.1051/jphystap:0190100100047801�. �jpa-00240543�
478
aimants suspendus à une balance ordinaire et attirés par deux bobines. Le principe est le méme que celui de l’appareil décrit plus haut ; mais la substitution de la balance à torsion à la balance ordi- naire augmentc considérablement la sensibilité de l’appareil. Plus tard, le même auteur a construit un galvanomètre muni de deux aiguilles antagonistes et eo11r’es aux extrémités d’un levier horizon- tal formant balancier de torsion. L’astasie est produite par l’antago-
nisme des deux aiguilles, et le principe de l’appareil est donc celui
du galvanomètre de Nobili. Il n’en est pas de même du galvanomètre
construit par 11T. d’Arsonval et sur lequel l’auteur a bien voulu atti-
rer mon attention ( 1 ) : une aiguille aimantée est portée par un pivot
fixé à l’extrémité d’un levier horizontal. Ici, l’astasie est bien due à
ce que, théoriquement, l’aiguille se déplace parallèlement il elle-
même. Pratiquement, le frottement du pivot intervient pour limiter la sensibilité.
DE L’EFFET HALL DANS LES LAMES MÉTALLIQUES INFINIMENT MINCES;
Par M. GEORGES MOREAU.
Les nombreuses recherches sur le phénomène de Ilall 011t été
faites jusqu’ici avec des lames d’épaisseur finie, et les lois du phénol-
mène semblent déterminées pour un même corps par la formule (1) :
E, force électro nmtrice latérale ; H, champ mab nétique ; I, courant t primaire.; E, épaisseur de la lame; cz, coefficient caractéristique du
métal.
On peut se demander si cette formule convient aux lames infini- ment t minces, dont l’épaisseur est plus petite que les longueurs
d’ondes lumineuses. A ma connaissance, le seul travail qui ait été fait
sur ce sujet est dû à lsundt (~ j. Seule, l’inf~.uence du champ a été étu-
diée et trouvée analogue à celle observée avec des lames épaisses.
Il faut ajouter quelques expériences peu précises de Hall sur les
(1) Lrroziè~°e élect~°ic~zce, 1885.
(’2) KUXOT, V’iecl. Ann., 1893;
-HALL, Philos. ~6lug., 1880.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:0190100100047801
479 lames d’a1-gent. Dans le présent travail, j’ai cherché si le coefficient
ceest défini pour les lames de plus en plus minces. J’ai étudié des lames d’argent déposées chimiquement sur le verre et des lames de
nickel obtenues sur des lames argentées, par électrolyse du sulfate
ammoniacal de nickel.
La formule (1) s’écrit :
J’ai déterminé, pour ces lames, les variations de y avec E, Il et I . inles recherches ont été faites pour l’argent entre les limites F-
=40 pp et 140 pp et, pour le nickel, entre 30 uu et 180 pu. L’indice (pp) exp~’ir~~e le ~nilZionièr~2e du t~zilZi~~2éCy~e.
1.
-~I1G~BT.
Par le procédé lVlartin, on peut obtenir sur vel°rei comme l’a mon-
iré Vincent (’), des lames d’argent d’épaisseur uniforme variant de 20 u,u. à ~.~0 p..p. et par(a£le1nent définies si on les utilise quelques Jours a~r~s l’a~°c~entu~~e.
’
Fro. 1..
Soit ~1BCD une de ces lames, de ~~ centimètres de long sur
4centimètres de large environ. L’argent est enlevé ~~g. 1) parallèle-
ment à chaque grand côté de la lame, sur une largeur de 5 à 7 milli-
mètres, sauf au voisinage de la ligne médiane EF, ou des petits rec- tangles communiquent avec la partie centrale par des canaux de 2 millimètres de largeur. Les parties enlevées sont couvertes de traits dans la figure ci-contre. Sur ces rectangles et sur AB et CD,
sont serrées par des pinces à vis, entre des lames de cuivre, plu-
sieurs épaisseurs de papiers d’étain qui assurent un bon contact
(1) 1°IxcEx.r, J. cle Phys., 3e série, t. IX, p. 78; 1900.
480
entre l’argent et le cuivre. AB et CD sont les éZectro~’es du courant
primaire 1, E et F celles du courant de Hall.
La plaque ainsi préparée est introduite entre les armatures cylin- driques d’un électro-aimant vlreiss et les forces électromotrices E mesurées par la méthode que j’ai utilisée dans mon travail sur les
couna~zts ther~3zo-m~çc~néti~ues (1).
Le courant primaire 1 ne peut dépasser 0amP,04, si on veut que réchauffement de la lame soit négligeable. Exceptionnellement pour deux lames, il atteignit O~p,07. Il est mesuré par un milliampére-
mètre de Hartmann, étalonné par comparaison avec un ampèremètre
de Hartmann étudié par électrolyse.
Soit, pour le champ H, le courant I, la déviation à, du galvano-
mètre placé dans le circuit secondaire, A la déviation produite dans
le même circuit par un cent-millième d’étalon Gouy (1390 U. C. G. S.
à ~.~°), on a :
d’où ~
Mesure de l’éjJaisseur d’une lc~r~ae.
-10 Pour les épaisseurs com- prises entre 30 et 90 pp, j’ai appliqué la méthode de3 anneaux d’io- dure d’argent de Fizeau, vérifiée par M. Mascart. Dans la région
moyenne de la lame, on place une lamelle d’iode qui transforme la couche sous-jacente d’argent en une plage transparente, colorée uniformément, entourée d’anneaux irisés qui présentent, sous l’inci-
dence normale, la suite des couleurs des anneaux de Newton. L’ob- servation à la loupe du nombre d’anneaux, des couleurs de ceux-ci,
de la plage centrale, permet de calculer l’épaisseur de l’argent à
1 ou 2 ~p. près. J’ai suivi, pour ces mesures, la technique indiquée pa r M. àteslin (2).
2° Pour les épaisseurs supérieures à 90 pp, les couleurs des
anneaux deviennent ternes, et l’observation manque de précision. J’ai
mesuré alors la résistance électrique des lames en utilisant le pro- cédé de Vincent (loc. cit.) et la formule qu’il a établie :
(1) ~loREAu, J. de Plz., 3° série, t. IX, p. 497 ; 1900.
(2) lB1ESLlx, Ann. de Phys., et Chim , 1890.
481 où :
C est la conductibilité d’un carré découpé dans la lame, les lignes de cou-
rant étant parallèles à l’un des côtés.
C = ~ où p est la résistivité en ohms, F- l’épaisseur en pp.
Exe~~z~~le de 1nesures.
--Observations faites à 150, température
moyenne de toutes mes expériences : -.
La moyenne est
L’erreur possible est la moitié de l’écart des valeurs extrêmes du
rapport, divisée par 1,79, soit 1 ~
60
La formule (4) donne en unités C. G. S.
à deux unités près du dernier chiffre décimal.
Résultats pour les d~i f~’é~er~tes lames.
482
La courbe de variation de y en fonction de ~ se confond avec une
clioiie jusqu’au voisinage de 50 u.u.. Pour les épaisseurs plus petites,
elle tend plus rapidement vers l’axe des E (courbe I).
L’équation de la droite est :
y
=0,000216 (s
-~5).
~La troisième colonne du tableau précédent contient les valeurs cal- culées d’après (6), et la quatrième, les différences entre les vale.urs calculées et observées. Jusqu’à 50 :1.11-, elles ne dépassent pas les
erreurs possibles d’observation, qui peuvent atteindre trois unités du dernier chiffre pour les fortes épaisseurs.
Influence du el2~~n~~ 1nagnélique.
-Les résultats qui précèdent
se rapportent à un champ compris entre 3.000 et 4.000 unités. Ils
persistent si le champ a des valeurs différentes. Voici les observa- tions faites avec une lame d’argent de 49 y-y, d’épaisseur :
L’effet Hall reste donc proportionnel au cha1J¿p pour toutes les
épaisseurs. Il est d’ailleurs proportionnel au courant primaire d’après le premier tableau ci-dessus, de sorte que la formule (6)
caractérise conlplèle’inent le ~~7zé~2o‘nè~2e lJour les lccmes »zinces.
Conclusions.
-La formule (6), valable Jusqu’à 50 pp, donne, si on
.
E
se souvient C~Lle ~ _ - ;
CI..
~ augmente quand e décroît .
Si on exprime s en centimètres, on aurait :
d’oit :
La valeur de a2 est celle qu’on obtient avec les lames d’argent
483
d’épaisseur finie. Elle diffère notablement de 0,00080 trouvée par Hall et von Ettingshausen pour l’argent ordinaire. Ceci tient à la différence d’état moléculaire de l’argent cllimidue et de l’argent ordi-
naire. Vincent a constaté un écart du même genre pour la résistivité.
Hall a fait, comme je.l’ai dit plus haut, quelques observations sur
les lames argentées. Pour évaluer l’épaisseur de ses dépôts, il mesura
leur résistance électrique : mais, adoptant pour la résistivité le nombre de l’argent ordinaire, il trouva un effet Hall hors de proportion
avec ses autres résultats sur les lames épaisses. J’ai corrigé ses cal-
culs en adoptant les nombres donnés par la formule (5 j ; on obtient
une parfaite concordance avec mes observations.
l~emccj°c~zce.
--La force électromotrice de Ilall a, pour l’argent, le
sens de l’action électromagnétique du champ sur le courant pri-
n1aire I. Il en est de même pour le nickel, de sorte que, dans les doubles lames nickel-argent dont je vais parler, les deux effets s’ajoutent et les mesures de la force électromotrice totale sont très
précises. 11 n’en est pas de même pour les lames fer-argent, où les
effets se retranchent. C’est pour cette raison que j’ai étudié seule- ment le nickel.
II.
-NICKEL.
r
Prépar-ation des lanies el 1néthode de nlesure. -Les lames de nickel sont déposées sur une lame de verre argenté de 12 centimètres de
longueur, 4 à 5 centimètres de largeur, jusqu’aux trois quarts de la longueur.
Le bain d’électrolyse est une solution faite à froid de 20 grammes
~
de sulfate ammoniacal de nickel cristallisé, dans 1 litre d’eau.
L’anode est une lame de platine de même surface que la cathode,
celle-ci étant parfaitement régulière et sans voile. Le courant d’élec-
trolyse ne doit pas dcyasse~~ Oamp ,00006 par centimètre carré, sinon la lame d’agent s’écaille ou le dépôt de nickel est pulvérulent.
On obtient avec un courant convenable une couche de nichel aussi brillante que la lanle d’argent qui la porte. Observée au microscope Lechatelier, elle offre une surface parfaitement lisse et sans trous, si l’argent n’en contient pas. Ces dépôts sont incontestablement sup~-
rieurs comme régularité à ceux qu’on obtient sur verre platiné, car
ces derniers semblent discontinus et f01’IlléS de grains entourant les
grains de platine.
484
La mesure de la force électromotrice de Hall est faite comme pré-
cédemment pour l’argent. Le nombre obtenu E, comprend la force
électromotrice e~ 1 due à la couche d’argent et e, due au nickel.
En appliquant les théorèmes de Kirchhoff au circuit secondaire
comprenant le système des deux lames, on a. facilement :
~ 11 :
C,
_-*
=conductibilité d’une aire carrée d’argent d’éi>aisseur éj,
p,
C2 == ~
=conductibilité d’une aire carrée de nickel d’épaisseur Ë2.
P2
Le courant primaire de Hall, I, se divise entre les deux lames, sui-
vant il et i2 :
Si nous posons d’ailleurs :
~il vient :
Nous cherchons la relation entre y, et é2; donc, à l’observation de
2013 faite comme avant, il faut
joindre celles de A,, A2, c’est-à-dire la HI
détermination des conductibilités C, et C2, des épaisseurs E et e~.
y, est donné par les recherches sur l’argent.
Il Epaisseur du dépôt de nickel E2.
-Jusqu’ici, les épaisseurs des
lames minces de nickel ou de fer ont été évaluées par des pesées (Kundt; du Bois). Or, pour une épaisseur de 180 ~~, le maximum dans mes expériences, le poids de nickel est de 3 milligrammes en
prenant comme densité 8,9 (’), et ceci pour un substratum (verre ar- genté) de 10 à 20 grammes. Ces pesées m’ont paru trop incertaines et délicates pour être utilisées. Comme les lames sont bien Ü’anspa- rentes, on aurait pu observer la rotation magnétique du plan de polarisation d’une vibration donnée ; mais il eût fallu utiliser la cons-
tante dont la détermination provient de pesées du même ordre.
(1) De Bois, H’ied. Ann., 31.
485 J’ai préféré étudier l’électrolyse de sulfate de nickel ammoniacal
avec des courants un peu supérieurs à ceux qui forment les lames.
Dans une auge rectangulaire contenant la solution électrolyte, entre
une lame de platine et une lame d’argent polie, je faisais passer un courant de 1 à 3 milliampères par centimètre carré ; je pesais au
bout d’un temps convenable le dépôt de nickel, toutes les fois qu’il
me paraissait uniforme. Tant que la solution restait neutre, l’élec-
trolyse était régulière. Le poids de nickel déposé, rapporté à l’am- père et à la minute, fut trouvé égal à ogr,0133 (moyenne de vingt obser- vations, à j1 près) . Quelques-unes des solutions ayant seî-vi a formen cles la11zes ~~2inces furent décomposées de la n1ême façon, et j’obtins la
~~Zéme constante. J’étais donc autorisé à admettre la régularité des électrolyses et à prendre, pour calcul de =:2’ la formulé
où
° ’
S
==surface couverte de la cathode,
i et
1"courant et durée d’électrolyse,
~
,
~==8,9 Ii # 0Ùr,0135.
L’erreur possible provient de erreur de 1 sur Il, c’est-à-dire 40
qu’elle sera de £ .110 sur l’épaisseur au maximum.
2° iliesure cle la co~c~c~M~ c2 dit ~~c~~.
-On doit s’attendre à des résultats analogues à ceux de Vincent et définis par la for- mule (5). Le nickel étant sept à huit fois plus résistant que l’argent il
Fic. 2.
y a intérêt à faire les dépôts sur les lames d’argent les plus minces
possibles. Les lames utilisées varient entre 1J pp et 80 pp. Je n’ai ~ u
486
obtenir de dépôt régulier sur des lames d’argent inférieures à 45 ~p..
Une lame d’argent est recouverte dans sa moitié inférieure du
dépôt de nickel d’épaisseur connue e~ (formule 8). On sépare paral-
1 èlement à la longueur (fig. 2) un rectangle ¡B.BA1 B de 1 centimètre
de large, et, dans ce rectangle, deux petits rectangles ~1 et 2, de
1 centimètre de long sur 6 à 8 millimètres de largeur, et on déter-
mine la résistance de la partie restante, les lignes de courant allant
de AB vers A1Bt. On recommence la mesure après avoir enlevé le
rectangle 3 de l’argent et ensuite 4 dans le Ni-Ag.
Les premiers rectangles 1 et 2 éliminent la correction due aux
électrodes d’entrée et de sortie du courant (1).
Si Ar est la variation de résistance observée quand on a enlevé le rectangle 3, et ~~~~, pour le rectangle 4, il vient :
a ou
C2-
-Les dimensions des rectangles sont évaluées au microscope à ocu-
laire micrométrique.
Exe1nples de mesu~°es.
--Lame n° 79.
’E 2 == 122 U.,U.
Courant de formation : Oa,0012.
Surface : S == 19~,9.
: --._
durée d’électrolyse : 134 minutes.
Les longueurs sont évaluées en centimètres et les résistances en
ohms.
Il vient :
.