HAL Id: jpa-00242551
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00242551
Submitted on 1 Jan 1912
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Polarisation de la lumière émise par fluorescence(2 e Mémoire)
L. Dunoyer
To cite this version:
L. Dunoyer. Sur la fluorescence des vapeurs des métaux alcalins Polarisation de la lumière émise par fluorescence(2 e Mémoire). Radium (Paris), 1912, 9 (6), pp.209-218. �10.1051/ra- dium:0191200906020900�. �jpa-00242551�
mÉmoiREs
ORIGINAUXSur la
fluorescencedes vapeurs des
métauxalcalins
Polarisation de la lumière émise par fluorescence(2e MÉMOIRE)
Par L. DUNOYER
[Faculté des Sciences de Paris. 2014 Laboratoire de Mme CURIE.]
I. J’ai montré, dans un précédent mémoire’, que la fluorescence excitée dans une
atmosphère
de vapeur de sodium pure par le faisceau de lumière hlancle que fournit un arc au charbon, est jaune orangée etnon pas verte, conme on l’avait cru
depuis
la décou-verte du phénomène, il y a seize ans, par Wiede-
mann et Sclimidt. Cette lumière jaune
possède
la longueur d’onde caractéristique de la raie D. Cette raie m’a paru constituer, dans le domainc visible,tout le spectre de fluorescence, ou de résonance, de
la vapeur de sodium. Le spectre cannelé, dans le
vert, ne m’a paru visible qu’avec la vapeur de sodium impure fournie par le sodium du com- merce, la nature de
l’impureté
n’étant pas encoreprécisée.
Dans le présent mémoire j’examine la polarisation
de la lumière qu’émettent les vapeurs du sodium, de potassium et de rubidium, rendues fluorescentes par la lumière blanche.
I. Historique,
2. M. Wood a découvert, en 19082, que la fluo-
rescence verte de la vapeur de sodium est polarisée
particllement.
Il a observé le même phénomène avecla vapeur de potassium et la vapeur d’iode, lluores- cente à la température ordinaire. Les deux articles
assez courts, où ces expériences sont relatées, sont
d’ailleurs les seuls qui aient paru sur cette impor-
tante question, qui avait été déjà étudiée sans succès
par G. C. Schmidt3. Gomme la teclmidue que j’ai employée pour l’étude de la fluorescence de la vapeur de sodium m’a fourni sur la nature et le caractère
spectral de cette fluorescence, des résultats très dif- férents de ceux de M. Wood, et intéressants pour le
progrès de nos connaissances sur le mécanisme de l’émission des raies spectrales, il m’a semblé indis-
1. L. DUNOYIR. Le Radium. 9 1912) 177-186.
’2. R. W. Woob. f’/lil. Mag., 16 (1908) 184-189; PJct,rs.
Zeitschr., 9 1UU8 370. Analvses dans Le Radium. 5 HJ08 548-549 et 5 (1908) 372.
3. G. C. sCHUIDT. 11’1*ed. Ann., 60 1897 740-734.
pensable de reprendre l’étude de la
polarisation,
en appliquant les ménies procédés.L’importance de la question résulte de ce que cette étude est de nature à fournir quelques renseigne-
ments, d’une part sur les vibrateurs qui émettent les raies (amortissement, mode de liaison dans l’atome),
et, d’autre part, sur la manière dont l’agitation ther- mique du gaz influe sur l’émission de ces vibrateurs,
excités par les ondes lumineuses incidentes. Il est presque inutile
d’ajouter
que mes expériences, pas plusque les
expériences
initiales de 31. Wood, ne permet-tent de résoudre les divers problèmes auxquels je viens
de faire allusion. Mais, étendues au sodium, au potas-
sium et au rubidium, elles apportent une contribu-
tion numériclue à la connaissance du phénomène,
dont certains caractères nouveaux ont été reconnus, et pour lequel les expériences isolées de 31. Wood fournissaient des indications qui, pour intéressantes
qu’elles fussent, ne paraissaient pas a l’abri de toute
critique.
3. Expérience de llood. - Le phénomène a été
découvert avec le premier dispositif qui avait servi n M. Wood pour étudier la lluorescence de la vapeur de sodiuin. La vapeur est formée au centre d’un tube d’acier, fermé à ses extrémités par des glaces;
on concentre sur elle la lumière solaire ou la lumièrc d’un arc au charbon, et on observe la ituorescence par un tube latéral, perpendiculaire au premier, en interposant un
polariscope
de Savart dont on fait dis- paraître les franges en inclinant sous un angle conve-nable une pile de glaces placée sur le trajet des
rayons lumineux avant le polariscope. L’expérience
se fait naturellement sous pression réduite.
Supposons le plan passant par le ravon incident et la direction d’observation horizontale. Si la lumière incidente est polarisée dans ce plan (vecteur électrique
incident vertical). la lumière de fluorescence est aussi
polarisée, mais partiellement, dans ce plan ; e*est-
lt-d ire qu’on moyenne son vecteur électrique vertical l’emporte sur le vecteur électrique horizontal. A la
1. Les experiences décrites dans ce mémoire ont été resumees
antérieurement. L. DUIOYER. C. R., 153 1911), 333-336.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/radium:0191200906020900
température d’apparition de la fluorescence verte, la fraction de
polarisation
a été trouvée de 50 pour 100.Si le vecteur électrique incident est horizontal, il n’y a pas trace de polarisation.
Si la lumière incidente n’est pas polarisée du tout,
la fluorescence est encore
partiellement polarisée,
avec un vecteur électrique vertical
prédominant.
Maisla proportion de lurnière
polarisée
n’est qu’environ lamoitié de ce qu’elle était dans le premier cas, soit
f5
pour 100.
Quand la température s’élève,
la polarisation dinlinue ; elle passe,
dans le premier cas, de 50 pour
100à 20 pour 100, a une tempéra-
ture que M. Wood n’indique pas.
L’addition de 12 mm d’azote
est sans effet.
Les phénomènes sont analogues
avec le potassium.
M. V’ood relnarque que si les
élongations
des vibrateurs étaient constamnlentparallèles
auchamp
électrique de l’onde, lapolarisa-
tion devrait être totale dans le
premier
cas. D’après une ébauchede théorie assimilant l’effet de la rotation
possible
des molécules de sodium à une liaison intérieure des électrons dans l’atome, ontrouverait encore 50 pour 100,
d’après
31. Wood, comme fraction de polarisation. Lesrésultats numériques obtenus restent donc encore inexpliqués, mais M. Wood admet que l’élévation de la
température, abstraction faite de l’augmentation de la
densité de la vapeur, est la seule cause
dépolarisante.
Il est n remarquer qu’avec la valeur relativement forte de la
polarisation,
trouvée par M. Wood, on nes’explique
pas comment G. C. Schmidt n’a trouvéaucune trace de
polarisation.
Ilemployait,
il estvrai, un
polariscope
beaucoup moins sensible que lepolariscope
de Savart, c’est-à-dlr,3 unsimple
ircol àtravers lequel il regardait la lluorcscence. Mais, étant donné le chifFre de 50 pour 100 trouvé par M. Wood pour la polarisation partielle (et la valeur encore plus
forte que j’ai obtenue moi-même, avec de la vapeur
plus pure), ce moyen aurait dû suffire pour recon- naître la polarisation de la fluorescence. En appelant
r le rapport de la plus faible à la plus forte dei irlten-
sités des composantes rectangulaires moyennes, on a,
en posant _
Le rapport des deux intensités lumineuses maxima
et minima, observables en faisant tourner le nicol,
est donc comme 1 a 2, c’est-à-dire que la variation d’intensité aurait dû être facilement discernable.
II. Nouvelles recherches.
4. Dispositif expérimental. - La figure 1 montrc
la disposition des appareils dont je me suis servi. Le tube A, contenant la vapeur fluorescente, était pré- paré et
rempli
de la vapeur à étudier, en employant lesFig. 1.
précautions que j’ai déjà indiquées en détail (loc. cit., p. 182). Il était
placé
à l’intérieur d’un four F formé d’un tube de laiton à parois épaisses (5 mm environ).Sur ce tube avaient été brasés latéralement un tube court E de 10 mm de diamètre, et nn autre D, fermé
à son extrémité, un peu
plus long
et un peuplus
large. La lnmière excitatrice venait de l’arc au char- bon S, traversait la lentille L, le gros nicol N (lon-gueur de la petite
diagonale
d’une face le1-niinale, 4 à5 cm) et traversait le tube E, puis la boule soufflée à l’extrémité du tube de verre contenant la vapeur.
Après avoir traversé cette boule, elle tombait dans le tube fermé D dont le rôle était de diminucr, dans de larges proportions, la quantité de lumière réfléchie ou diffusée par les
parois
du four. Ces parois étaient, de plus, recouvertes intérieurement d’un vernis noir mat.L’une des extrémités du four était fermée par une
plaque de laiton épaisse, rivée et percée d’une fenêtre C,
à travers laquelle on observait la fluorescence. Il était
généralement utile, pour éviter les condensations mé-
talliques sur la paroi du tube de verre située en face de
la fenêtre, de fermer celle-ci avec une Ïlace épaisse, par- dessus
laquelle
était encore fixée une épaisse couchede carton d’amiante, percé d’un diaphragme central.
L’autre eltrémité du four était généralement fermée
par une rondelle de carton d’amiante noircie; il était
211
parfois nécessaire, pour éviter les condensations gê-
nantes sur le bout du tube, de laisser cette rondelle
plus ou moins inclinée dans le tube, de manière à
assurer une obturation plus ou moins parfaite, et à empêcher que la boule dans laquelle on observait la
fluorescence ne fùt la plus froide. Bref, on s’arran- geait, par ce moyen simple, de manière à réaliser
une température aussi uniforme que possible dans
toute la masse de vapeur, tout en se garantissant
contre une condensation empêchant d’observer la fluorescence.
Ces dispositions avaient été prises en vue d’éviter
une critique que l’on peut faire au mode
expéri-
mental
adopté
par :M. Wood,indépendamment
de la question de pureté de la vapeur. En chauffant la vapeur seulement dans la partie centrale du tube,et même, seulement par en dessous, on ne peut éviter que la lumière incidente d’une part, la lumière
fluorescente d’autre part, ne traversent des régions où
la vapeur est en train de se condenser, probablement
en gouttelettes excessivement fines. Or un tel brouil- lard peut, dans la région traversée par la lumière
incidente, envoyer latéralement par diffraction de la lumière polarisée, soit que la lumière diffractée pro- vienne de la lumière même de l’arc, soit
qu’elle
pro- vienne de la lumière émise par fluorescence.Sur les
parois
du four était enroulé un fil de nickel isolé à l’amiante par-dessus lequel étaient enrouléesplusieurs
couches de toile d’amiante.Il est utile de pouvoir régler convenablement la
position du tube de verre, il l’intérieur du four, de
manière à éviter aussi complètement que possible les
réflexions parasites et la lumière diffuse. A cet effet, le tube était attaché par deux fils de cuivre à une
languette de carton d’amiante, B, sortant du four et permettant, pendant que le four était en chauffe, de
placer le tube de verre le plus convenablement. (En réalité, cette languette est niarquée, sur la figures, à
90° de sa position réelle, l’ensemble du montage étant
vu en plan.) Cette position optima est telle que la lumière incidente frappe le renflement un peu en avant du diamètre maximum, car la lumière réflé- chie par la première paroi de verre est renvoyée vers
le diaphragme formant le tube. L’autre rentlc- ment, A, augmente, comrne je rai déjà fait remar-
quer, l’obscurité du fond sur lequel s’observe la fluorescence.
Cette forme de tube, essayée après beaucoup d’autres, est celle qui rn’a donné de beaucoup les
meilleurs résultats, au point de vue de l’élimination de la lumière parasite. Pour faire mimw, dans des
récipients en verre, il faudrait augmenter beaucoup
leur volume, de manière à éloigner les parois réflé-
chissantes. Mais d’autre; difficultés se présentent alors,
à cause des dimensions à donner au four. J’espère
arriver à une élinjination plus
complète
de toutelumière parasite, dans des expériences ultérieures.
Une lentille L’ formait l’image du faisceau fluo- rescent sur la double lame Q d’un polariscope de
Savart ; de cette manière la surface totale de la len-
tille, qui avait 7 à 8 cm de diamètre paraissait uni-
formément éclairée, en lumière non polarisée, ou
uniformément sillonnée de franges en lumière pola-
risée. Pour éviter la diminution de lumière due à la coloration de la tourmaline, qui est généralement
employée
dans le polariscope de Savart, cette lame ’de tourmaline était remplacée par un petit nicol n.
On observe à travers un 0153illeton o.
L’ensemble de la lanterne et du four est séparé de
la lentille et du
polariscope
par un grand écran noir F à travers lequel est percé un troujuste
nécessairepour l’observation de la fluorescence.
3. Mode d’observation. 2013 On opère, naturelle-
ment, en chambre noire. Outre l’écran dont on vient de parler, l’oeil est protégé contre les
petites
quantitésde lumière diffusée â partir de l’ouverture F par
un disque de métal noirci G dans lequel est monté
le
polariscope.
Le
polariscope
est réglé de manière que, recevant de la lumièrepolarisée (partiellement
ou non) dansun plan horizontal ou dans un
plan
vertical, les franges apparaissent, avec leur maximum de netteté,horizontales ou verticales. (La frange centrale est noire
pour une des positions et blanche pour l’autre.)
Les figures 2, 5, 4
reproduisent
une partie du champ de vision, la fluorescence examinée étant celle du rubidium. Ce sont des photographies obtenues,sur plaque Wratten sensible an rougc, en nlcttant
l’appareil
photographique àquelque
distance enarrière du polariscope et en mettant au point sur la
double lame de quartz. La figure 2 se rapporte au cas
où la lumière excitatrice vibre verticalement (c’est-
à-dire perpendiculairement à la direction d’observa-
tion) ; la figure 5 au cas où la lumière incidente vibre horizontalement et la figure 4 au cas oii la lumière
incidente n’est pas polarisée. Dans le premier et le
troisième cas, les franges sont nettement visibles, plus intenses évidemment dans le premier cas. Dans
le second cas, il n’y a pas trace de polarisation. Le
résultat obtenu par M. Wood est donc qualitative-
ment confirmé. Les vapeurs de sodium et de potas- sium fournissent des résultats analogues.
Pour mesurer la fraction de polarisation, on intro-
duit entre la lentille L’ et le
polariscope
une pile deglaces
dépolarisantes
P. Ces glaces, fénéralement aunombre de trois, sont fixées verticalement au centre d’un plateau gradué sur
lequel
on peut les fairetourner au moyen d’un bras 1 man0153uvré à la main :
ce bras porte
également
un index qui sedéplace
devant la graduation. Des feuilles de carton noir Il évitent
qu’il
y ait des traces de lumière réfléchie pro-venant des parois de la pièce sur la pile de glaces.
On réalise les conditions de précision les meilleures
en opérant de la manière suivante. La pile de glaces
est d’abord normale à la direction moyenne du fais-
ceau. Les franges sont alors visibles. On augmente
graduellement
l’inclinaison de lapile
de glaces ; lavisibilité des franges diminue; elles disparaissent
ensuite, puis
reparaissent
complémentaires des pre- mièresquand
l’inclinaison de la pile de glaces devieut trop forte. L’intervalle des positions de lapile
deglaces
entre lesquelles les franges sont invisibles estd’une dizaine de degrés. Mais on réduit beaucoup cet
intervalle grâce à un
petit
artifice. Lepolariscope
estmonté dans un tube qui peut tourner autour de son
axe,
perpendiculaire
auplan
G, grâce à une tige quien est solidaire. En faisant balancer cette tige à la
main de part et d’autre de la position pour laquelle
les
franges
doivent avoir leur maximum de netteté,on
juge
de laprésence
ou de l’absence de ces franges,avec une
beaucoup plus grande
sîircté clue si le pola-riscope
était immobile.En définitive, les manipulations relatives à une me-
sure consistent à donner, avec une main, une incli- naison
progressivement
croissante à lapile
de glaces,tandis qu’avec l’autre main on fait balancer le pola- riscope de part et d’autre de la position pour laquelle
les franges ont le maximum de netteté (position
indépendante,
naturellement, de la fraction depola-
risation). Quand les franges semblent avoir disparu,on fait une première lecture de la
position
de l’indexde la
pile
deglaces.
On continue à augmenter cette inclinaison,jusqu’à
ce que les franges commencent àréapparaitre. On lit la nouvelle position de l’index I, puis on
dépasse
franchement cette position et onrevient en sens inverse. On adopte comrne position
vraie de
dépolarisation
celle quicorrespond
à lamoyenne des deux lectures, dont l’écart dépasse rare-
ment 4 à 5°. D’autre part, on alterne ces mesures avec des mesures analogues effectuées pour la posi-
tion
symétrique
de la pile de glaces. L’angle d’inci-dence ?
est égal à la moitié de la différence des lec- tures correspondant aux deux positions symétriqucs.6. Mise en oeuvre des données expérimentales.
2013 Voici un exemple d’une série de mesures sur la fluorescence de la vapeur de rubidium. La première
colonne comprend les valeurs de l’angle du vecteur électrique excitateur avec le plan vertical ; la deuxième la température,; la troisième les deux positions svmé-
Tableau I.
Fluorescence de la vapeur de rubidium.
213
triques de la pile de glaces, la quatrième les valeurs de l’angle de dépolarisation t.
Des séries de mesures analogues ont été effectuées pour différenties valeurs de l’angle du vecteur élec- trique excitateur (ou de la vibration lumineuse
excitatrice) et du plan vertical. Il n’est pas utile de les reproduire, le tableau précédent étant suffisant pour montrer quel a été l’ordre de précision atteint
dans la mesure de
1"angle y
et l’ordre des variations detempérature correspondant à une même série de dé-
terminations de l’angle p. Comme je l’ai déjà fait
remarquer, d’ailleurs, la température à 1 endroit
même ou se produit la fluorescence n’est qu’impar-
faitement connue, à cause de l’action calorifique du
faisceau excitateur, action qui s’exerce au sein d’un
gaz raréfié.
Il importe de noter que les résultats portés dans le
tableau
précédent,
ainsi que ceux au moyen desquelsont été construites les courbes dont il va être question ci-après, ont été obtenus, soit avec un même tube
chauffé à plusieurs jours d’intervalle, les températures
inscrites dans le tableau étant tantôt ascendantes, t;antôt descendantes, soit avec des tubes diflérents. En outre, on ne s’est pas astreint à maintenir dans des
positions invariables la lentille L’, la pile de glaces
dépolarisante
et lepolariscope; au
contraire ces appa- reils ont étéplusieurs
foisdéplacés
et réglés à nou-veau. La difficulté très grande d’assurer à chaque
détermination isolée une précision suffisante rendait
particulièrement
indispensables
cesopérations
decontrôle.
En fait, on voit par les figures 5, 6, 7, qui repré-
sentent la variation de l’angle de
dépolarisation
o avecFig. 5.
la température, que les points
correspondant
auxdivcrses mesures se distribuent assez convenablement étant la difficulté des mesures, sur les courbes
Fig. 6.
moyennes. L’angle V est celui du vecteur électrique
excitateur avec le plan vertical. La courbe notée V ~ est celle qui correspond au cas où la lumière exui-
tatrice n’est pas polarisée. Les séries de mesures cor-
respondant aux diuerentes valeurs de
l’angle V
s’appuient les unes les autres, comme on peut s’enFig.7.
rendre compte dans le cas du rubidium (lig. J), qui a été le
plus
étudié : il est évident que la posi-tion de chacune des courbes correspondant à une
valeur déterminée de l’angle Y est mieux déterminée, grâce à la présence des courbes voisines, que si l’ou
ne possédait pour fixer chaque courbe que la série des points qui lui correspondent. Autrement dit le
faisceau des courbes est mieux déterminé que cha-
cune d’elles prise isolément. Dans le cas du rubidium,
cette remarque a son importance comme on le verra plus loin.
Une fois que l’on a tracé les courbes qui représen-
tent la variation de ~ avec la température, on en dé-
duit sans peine les courbes de polarisation. Si l’on appelle hip la valeur moyenne de la composante hori-
zontale du champ électrique dans le faisceau de lu- mière fluorescence avant la pile de glaces et hw celle
de la composante perpendiculaire, on a, pour les composantes analogues, après une réfraction :
Après les six réfractions qui se produisent sur les
trois glaces, on a :
et, puisque la lumière qui sort de la pile de glaces
u’est pas polarisée, on a :
La fraction de polarisation 1) est d’ailleurs définie pal’ le rapport de la ditlérence des intensités (!lzn)2, à leur somme; on a donc dans le cas de trois
glaces :
L’angle ~ étant drdmt des courbes reproduites
aux fi gurcs 3, 6, 7, on calcule l’angle ~ par la for- mule 1. L’indicé de réfraction du verre formant les
glaces dépolarisantes a été déterminé par la mesure,
au microscope, du
rapprochement
del’image ;
on atrouvé 1,53. Une valeur
plus précise,
relative à lacouleur de la fluorescence étudiée, n’est pas utile, parce que les variations de n avec la couleur n’en- traînent sur 03C8 que des variations
insignifiantes
de-vant celles que
l’expérience
donne pour 9.III. - Résultats.
7. Les résultats du calcul de la formule (9)
sont traduits par les courbes de la figure 8, dans
laquelle
les abscisses sont les températures au-dessusde 200° et les ordonnées sont les valeurs de p.
Un
premier
résultat est que les courbesqui
lientla
polarisation
à la température ont la même allure,Fig. 8.
pour un métal donné, quel que soit l’anble du vec-
teur électrique excitateur et du plan vertical. Une conséquence de ce fait, bien vérifiée par
l’expérience,
est que la courbe de polarisation relative au cas où
la lumière excitatrice n’est pas polarisée du tout doit
aussi avoir la même allure que les autres, autrement dit faire partie du même faisceau. C’est ce que l’on constate, aussi bien sur la figure 5 que sur la figure 8,
dans le cas du rubidium, pour la fluorescence duquel
on a
multiplié
les déterminations, en faisant varierl’angle
V. Nous reviendrons tout à l’heure sur la ma-nière dont les courbes
dépendent
del’angle
V. Lerubidium, dont la fluorescence n’avait pas encore été étudiée à ce point de vue, présente en effets l’avan- tage de permettre des mesures de la polarisation
dans un intervalle de températures plus étendu que
les autres métaux alcalins. La fluorescence commence
â apparaître vers 180°, et, dès 240° et même 230°,
elle est suffisamment intense pour permettre des me-
sures de
polarisation.
D’autre part, le rubidium cst,avec le potassium, celui des métaux alcalins qui attaque le moins le verre, entre 500 et 4000; on peut donc utiliser le même tube
pendant plus longtemps.
C’est le sodium qui paraît attaquer le verre le plus vite; l’action du césium est intermédiaire.
L’allure de la courbe de
polarisation
étant la mêmequelle
que soit la position du vecteur électrique inci- dent, au sens qui a été précisé pour lesexpériences
sur le rubidium, on s’est contenté, de déterminer -pour le potassium (lig. 6) les courbes
correspondant
àV = 0 et au cas où la lumière incidente n’est pas
polarisée;
pour le sodium (fig. 7) on a déterminéseulement la courbe relative à ce dernier cas.
8. In fluence de la température. - Le rôle de la température
parait
pluscomplexe
que les premiersessais de M. Wood ne
l’indiquaient.
Dans 1 ensemble,et pour les trois métaux, la
polarisation
décroît bienlorsque
la température s’élève. Maiscependant,
dansle cas du rubidium, elle sernble passer par un mini-
mum aux environs de 370°. Au contraire, pour le
potassium
et sodium, elle passe par un maximum à basse température, vers 9-80"-5001 pour lepotassium,
5501 pour le sodium. Ces minima et maxima sont
sans doute peu accusés, et ils le sont encore bien
moins sur les courbes qui représentent les variations de
l’angle ~ d’après
les données directement fournies parl’expérience.
L’examen attentif de la manière dont se distribuent lespoints
expérimentaux sur les figures 5, 6 et 7 montrecependant
qu’il estimpos-
sible que ces maxima et minima proviennent d’er-
reurs de graphique, exagérées par l’élévation de
cos
(p
-If)
à lapuissance
douzième. S’ils ne sont pas dans la nature des choses, c’est-â-dire si, en réalité, lapolarisation
varie constamment dans le même sensquand
la température s’élève, ils provien-nent donc nécessairement d’erreurs
systématiques
dans les expériences, et non d’un défaut de
précision
des mesures isolées joint à une
interpolation
troparbitraire. Or on comprendrait mal comment malgré
des erreurs systématiques, on aurait, avec des tubes
différentes et pour la même vapeur, des résultats con-
cordants, caractérisés par l’existence d’un minimum dans le cas du rubidium et d’un maximum dans le
cas du potassium et du sodium.
Les données sont encore trop peu nombreuses pour
qu’il soit
possible
de dïs-cuter utilement la forme deces courbes. Les premiers résultats de M. Wood indi-
quaient qualitativement que la polarisation diminuait quand la température s’élève. D’autre part, il consta-
tait qu’avec la vapeur de sodium elle n’était pas mo-
difiée par l’addition de 12 mm d’azote. M. Wood en concluait que le seul facteur de dépolarisation était la