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Décharges dans les gaz raréfiés et actions de surface

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HAL Id: jpa-00242362

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Submitted on 1 Jan 1909

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G. Reboul

To cite this version:

G. Reboul. Décharges dans les gaz raréfiés et actions de surface. Radium (Paris), 1909, 6 (7), pp.209-

215. �10.1051/radium:0190900607020901�. �jpa-00242362�

(2)

nous citerons celles qu’on obtient en chauffant un peu

un corps légèrement hamide; on peut ainsi obtenir

des centres diffûsant peu de lumière et animés de mouvements browniens très vifs; en les chargeant

par le radium et en mesurant leur mobilité on en dé-

duit, par la formule de Stokes, un rayon qui ne dé- passerait pas 3 à 5 03BC03BC.

La fumée de cigarette contient des centres positifs, négatifs et neutres dont les rayons peuvent aller de 50 à 300 tJ.1J. ; les fumées de papier salpêtré sont également chargées et souvent très fines et très homogènes ; il en

est de même des poussières dont se chargent les gaz

qui passent au voisinage d’une petite étincelle élec- trique.

Les fumées de chlorhydrate d’ammoniaque sont

neutres et relativement grosses ; les poussières qu’on

obtient en faisant decréfJîter des cristaux (sel marïn)

ou qui se trouvent en suspension dans les gaz ayant

barboté dans des solutions concentrées sont toutes

chargées et portent des cl2arges multiples qui peuvent aller jusqu’à 50 ou 50 fois e ; elles sont produites par des arrachements de surfaces.

Le nombre des centres présents dans les fumées peut être très considérable ; dans la fumée de tabac

moyennement épaisse on peut l’évaluer à plusieurs

dizaines de millions par centimètre cube, ce qui donne

une distance moyenne de l’ordre de 50 03BC.

Il y a une cause d’erreur à éviter dans le inanie- ment des fumées : il faut naturellement les faire pas-

ser de l’endroit où on les a produites dans la cuve on

les examinera ; quand les grains sont gros et qu’on

refoule trop vivement le gaz qui les contient à travers

un tube de verre ou de caoutchouc, ils peuvent se charger par frottement contre les parois, par le méca- nisme utilisé dans les figures de Lichtenberg; le

même inconvénient est moins à craindre avec les pous- sières fines, sans doute parce que les grains qui tou-

chent les parois ne s’en séparent plus et sortent de la

suspension; il sera toujours prudent de faire douce-

ment les transvasements; l’obtention de fumées com-

plètement neutres montre du reste qu’on arrive assez

facilement à éliminer l’effet du frottement.

Conclusions.

En résumé, les fumées qui peuvent se trouver en suspension dans un gaz et que la pesanteur n’entraîne

pas trop rapideiiient, se composent de grains vi-

sibles à l’ultramicroscope et dont le rayon va de

quelques 03BC03BC à quelques centaines de 03BC03BC; les parti-

cules sont animées de mouvements browniens qu’on peut enregistrer par la photographie ; l’amplitude de ces

mouvements est reliée à la grosseur des centres par

une relation que l’expérience montre être conforme à

la formule d’Einstein.

Sou; l’action d’un champ électrique, les particules

se montrent neutres ou chargées de chaque signe et

se comportent en tous points comme des ions de

faible mobilité. La charge, égale dans un grand

nombre de cas à la charge atomique, peut atteindre plusieurs fois cette valeur ; on peut alors la ramener

à l’unité en produisant de petits ions au sein du

gaz.

Les suspensions gazcuses se rapprochent des sus- pensions liquides en ce que, dans les deux cas, le mouvement brownien des granules suit la formule d’Einstein malgré 1a différence des chemins moyens

qui, petits devant la grosseur des particules dans le

cas des liquides, peuvent dépasser cette valeur pour les gaz; les deux principes sur lesquels repose l’éta- blissement de la formule d’Einstein paraissent du

reste valables dans les deux cas.

Mais, outre les différences que font naître la fai- blesse de la densité et de la viscosité des gaz, les

suspensions dans ces milieux se séparent des solu-

tions colloïdales par le fait qu’elles peuvent contenir ¡t la fois des charges positives, négatives et nulles.

[Reçu le 29 juin 1909.]

Décharges dans les gaz raréfiés et actions de surface

Par G, REBOUL

[Faculté des Sciences de Paris.

2014

Laboratoire de M. LIPPMANN].

J’ai essayé de montrer 1 que le passage de cliarbes électriques d’un gaz sur un métal produit une modi-

fication de la cohésion à la surface de séparation des

deux milieux, et qu’inversement une variation de la 1. G. REBOUL, Annales de Physique et de Chimie, 8me série,

i4 (1908) 435.

surface de l’électrode provoque l’apparition de charges électriques dans le gaz. Les expériences étaient f’aites

avec le mercure et rair à la pression ordinaire; il m’a paru intéressant de les répéter dans l’air raréfié, ce

qui permet d’augmenter l’intensité des charges mises

en jeu.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/radium:0190900607020901

(3)

J’exposerai d’abord les expériences montrant que le passage de charges du gaz sur le mercure produit une

variation de la constante capillaire, nous verrons en-

suite quelle est l’influence de la variation de la surface

sur la décharge dans le gaz, en dernier lieu ,j’essaierai

de montrer le rôle possible de la surface de l’électrode dans les décharges électriques des tubes à vide.

1

Influence de la décharge sur la constante capillaire.

L’expérience est, en principe, disposée de la façon

suicante : dans un récipient à vide est placé un tube

à extrémité effilée et contenant du mercure. Au moyen de petits accumulateurs on établit une diflé-

rence de potentiel entre le mercure de la pointe et

une électrode placée vis-à-vis. On provoque la con- ductibilité du gaz et l’on examine au microscope les déplacements du niveau du mercure dans la pointe capillaire. La pression dans les expéricnces qui suivent

était de l’ordre du millimètre de mercure.

Les résultats sont essentiellement différentes sui- vant l’intensité des charges mises en jeu, c’est-à-dire suivant que l’on a une décharge obscure, ou bien que la décharge affecte la forme lumineuse du Geissler,

soit enfin, quand, en augmentant l’intensité, l’on

arrive à la décharge réellement disruptive, qui accom-

pagne l’établissement de l’arc.

a) Décharge obscure. 2013Il est indispensable de

mettre le mercure de la pointe à l’abri des phénomè-

nes d’influence

F 1.

et la pointe elle-

même à l’abri de la pénétration de charges. Aussi l’expérience était-

elle disposée

comme l’indique langue.

L’extrém ité

capillaire est pla-

cée à l’intérieur d’un écran élec-

trostatique, for-

mé par un cylin-

dre en toile mé-

tallique relié au

sol d’une façon permanente. Un

entonnoir à robi- net en relation par un tube de caoutchouc avec le tube de la pointe permet d’amener

le niveau dans le champ du microscope. On provoque

la conductibilité du gaz en produisant entre l’électrode

supérieure et l’écran les décharges d’une bobine d’in- duction : des charges positives et négatives pénètrent

dans l’écran soit sous forme de particules cathodiques quand l’électrode supérieure est négative, soit sous

forme de rayons canaux quand elle est positive. Il y a donc des charges des deux signes dans le voisinage de

la pointe, qui reste cependant à l’abri des phénomènes

d’influence. Une batterie de petits accumulateurs per-

met d’établir une différence de potentiel entre le mer-

cure de la pointe et l’écran : suivant le sens de cette

différence de potentiel ce sont. les charges positii es ou négatives du gaz qui viennent sur le mercure et y pro- duisent les variations de cohésion que l’on suit au

microscope.

Si le mercure est au sol, quand on excite la bobine,

l’on ne constate aucun déplaeement du niveau : il n’y

a donc ni phénomène d’influence ni pénétration de charges.

Si l’on charge le mercure positivement et si le champ est suffisamment intense (C00 ou 500 volts)

pour amener la majeure partie des charges sur le mer-

cure de la pointe, dès qu’on excite la bobine on voit le niveau s’élever rapidement vers l’extrémité capil- laire, puis se fixer. Quand le mercure est positif’ la

constante capillaire diminue.

Si l’on charge le mercure négativement, dès qu’on

excite la bobine, on voit le niveau s’abaisser, s’éloi- gner de l’extrémité, passer par un minimum, puis

s’élever vers l’extrémité et se fixer : par conséquent,

dans ce cas, la constante capillaire augmente, passe par un maximum et diminue.

Les résultats sont qualitativement les mêmes que

ceux qui se produiraient avec un électromètre capil- laire, si les charges mises en jeu étaient excessivement faibles ou si l’on remplaçait l’eau acidulée par un

liquide très médiocrement conducteur.

b) Décharge lumineuse.

-

Il est absolument

impossible de se mettre à l’abri des phénomènes d’in-

iluence et des pénétrations de charges, l’écran électro- statique devient inutile.

A part l’écran que l’on enlève, l’expérience est dis- posée comme précédemment. L’on provoque la conduc- tibilité du gaz au moyen d’un anneau entourant le tube et si;’ge d’un champ oscillant. On crée, au moyen de petits accumulateurs, une différence de potentiel

entre le mercure de la pointe et l’électrode supérieure.

Tant que l’intensité est relativement faible (résis-

stance liquide intercalée sur le circuit des accumula-

teurs), quel que soit le sens du champ, et même quand

le champ est supprimé, dès qu’on produit la conduc-

tibilité du gaz, le niveau s’élève vers l’extrémité de la

pointe. La constante capillaire diminue.

Ces résultats sont dus à la pénétration des charges

sur le verre de la pointe : on sait que l’effet d’un

(4)

étranglement dans un tube à vide est d’augmenter le champ en ce point, par conséquent d*exagérer les

effets cl’influence sur le mercure qui est attiré vers

l’extrémité de la pointe.

c) Décharge en arc.

-

On remplace dans l’expé-

rience précédente le tube de verre par un tube de quartz. On enlève la résistance liquide du circuit des accumulateurs, et on élève progressivement la ditl’é-

rence de potentiel, tout en provoquant comme pré-

cédemnient la conductibilité du gaz de manière indé-

pendante ; il arrive un moment une décharge très

brillante s’établit entre le mercure de la pointe (elle

ne tarde d’ailleurs pas à fondre) et l’électrode supé-

rieure.

Quel que soit le sens du champ, que le mercure soit positif ou négatif, dès que l’arc s’établit le niveau baisse brusquement dans la pointe : l’établissement de l’arc est toujours accompagné d’une subite aug- mentation de la constante capillaire.

Ces résultats sont d’accord avec ceux obtenus par Stark 1 dans l’étude d’arcs électriques à électrodes liquides. Ils sembleraient indiquer qu’au moment

l’arc s’établit, il y a une brusque diminution de la couche double à la surface de séparation des deux

milieux, l’on sait qu’une diminution de la couche double doit être accompagnée d’une augmentation de

la constante capillaire.

Je rappelle qu’alors que dans la décharge de Geissler la chute de potentiel à la cathode est de plusieurs

centaines de volts; lorsque l’arc est établi, les chutes

de potentiel, tant à l’anode qu’à la cathode, sont de quelques volts seulement, comme le montrent les expériences de Cooper Hewitt sur l’arc au mercure.

Nous verrons plus loin la relation qui peut exister

entre ces chutes de potentiel aux électrodes et la couche double à la surface de séparation du métal et

du gaz.

Il

Influence de la variation de surface

sur la décharge.

Dans l’hypothèse d’un équilibre électrique à la sur-

face de séparation d’un métal et du gaz environnant,

toute modification de la surface du métal doit provo- quer l’apparition de charges dans le milieu environ- nant. En particulier, chaque fois qu’une goutte de

mercure se forme, l’air qui l’entoure doit contenir des charges des deux signes : l’on peut facilement,

coinme je l’ai fait antérieurement, déceler ces charges

dans l’air à la pression ordinaire; aux basses pres- sions, on peut les mettre en évidence d’une façon plus brillante en se plaçant dans des conditions telles que leur production affecte la décharge sous forme

lumineuse.

1. STARK. Phys. Zeilschr., 4 (1905) 322.,

L’électrode inférieure d’un tube a vide est formée d’une calotte en nickel légèrement sphérique et percée

en son sommet d’un trou très petit. Cette électrode est

fixée à un tube de verre muni d’un robinet. Quand le

Fig. 2.

vide est fait daus l’appareil, la pression atmosphé- rique fait monter dans le tube le mercure d’un réci- pient ; en agissant sur le robinet, on provoque, à la surface de l’électrode, la formation de gouttes de

mercure. Une batterie de petits accumulateurs permet d’établir une différence de potentiel entre les deux

électrodes. L’air de l’appareil était desséché par de la potasse calcinée et le tube vertical rempli progressive-

ment de mercure en le chautfant point par point,

comme l’on ferait pour un tube de baromètre.

cc) Lorsqu’on établit entre les deux électrodes

une différence de potentiel légèrement supérieure au potentiel disruptif, la décharge se produit avec des

retards qui atteignent plusieurs minutes. L’on sait comment la théorie actuelle de la décharge disruptive explique ces retards et que l’apparition entre les deux

électrodes de charges électriques doit les supprimer.

L’expérience montre que, dans des conditions telles que le retard peut atteindre à l’obscurité un quart d’heure et même davantage, il suffit de la formation de quelques gouttes pour établir instantanément la

décharge. Le phénomène se produit quel que soit le

sens du champ, un peu plus facilement cependant quand le mercure est négatif : il faut donc en conclure

que la formation des gouttes provoque autour du

point elle se produit l’apparition des charges à la

fois positives et négatives.

Les retards étant supprimés il est très facile d’ob-

tenir le potentiel disruptif minimum et ses variations

avec la pression.

b) Il y a dans les expériences précédentes une dis- symétrie très nette, et l’allure du phénomène n’est pas la même suivant que le mercure est positif ou négatif.

Quand le mercure est positif, la formation de

(5)

gouttes sur l’électrode inférieure supprime le retard,

mais elle n’affecte pas sensiblement la différence de

potentiel explosive minima. Quand le mercure est négatif au contraire, l’on peut produire des décharges

lumineuses pour des potentiels inférieurs aux poten- tiels minima.

Par exemple, dans la série d’expériences suivantes

l’on a obtenu :

Les résultats de la deuxième colonne ont été obte-

nus en supprimant simplement le retard à la décharge

par la formation de quelques gouttes. Ceux de la troi-

sième colonne ont été obtenus en laissant l’écoulement

-se produire constamment et en cherchant la différence de potentiel minima pour qu’il y ait dans le gaz dé-

charge lumineuse, même intermittente, Il y a sur ces derniers résultats une incertitude assez grande, car

à mesure que l’on diminue la différence de potentiel,

la luminosité s’estompe de plus en plus et il arrive un momcnt où l’observation est gênée par la lumines-

cence particulière qui se produit chaque fois qu’une goutte de mercure vient s’écraser à la partie inférieure

du récipient : mais pour une différence d’une ving-

taine de volts la décharge est très nette, quoique inter-

mittente.

On peut expliquer assez facilement cette dissymé- trie ; l’on sait que, par suite de la différence de mobi- lité des ions positifs et négatifs, ces derniers peuvent par collisions produire d’autres ions pour des diffé-

rences de potentiel telles que les premiers ne le peu- vent pas. Il se peut aussi que la décharge soit facili-

tée par ce qui se passe à la surface même de la

goutte : si l’on admet qu’il y a à cette surface une

couche double électrique, positive du côté du métal, négative du côté du gaz, quand le métal sera cathode

cette couche double, par suite méme de son sens, sera le principal obstacle au passage du courant. Une

brusque variation de surface produira une diminution

de la différence de potentiel de la couche double, par conséquent un abaissement de l’obstacle; cet effet ne peut se manifester que si le mercure est négatif.

c) Cette action particulière de lasurface semble sur- tout s’exagérer aux basses pressions. Prenons, par

exemple, le cas où la pression est 0,05 mm. ; pour

une différence de potentiel d’environ 500 volts aux

électrodes la décharge s’établit, l’espace obscur d’Hit-

torf s’étendant à 1 ou 2 centimètres de la cathode,

les parois étant fluorescentes. Si le mercure est anode

lorsqu’on prodait l’écoulement, la décharge n’est pas

affectée, mais si le mercure est cathode, chaque fois qu’une goutte se forme, on voit partir de la goutte

un cône d’ombre affaiblissant très nettement la lumière

sur son trajet et se déplaçant quand la goutte roule

sur la calotte ; en même temps la fluorescence des

parois est effacée aux points qu’atteint le cône d’ombre.

On peut se demander si cet affaiblissement de la lumière ne serait pas dù à la projection des ions né- gatifs que produit la goutte en se formant, projection

donc l’effet serait de prolonger l’espace obscur suivant

son trajet ; dans ce cas, le prolongement de l’espace

obscur, au lieu d’atténuer la fluorescence des parties

de la paroi qu’il atteint, devrait au contraire l’accen-

tuer.

Pendant sa formation la goutte ne semble pas par-

ticiper à la production des rayons cathodiques; l’expli-

cation pourrait être la suivante : la formation de la goutte produit une diminution de la différence de

potentiel de la couche double à la surface et, par suite,

comme nous verrons plus loin, une diminution de la chute cathodique dans le voisinage immédiat de la goutte; cette diminution provoquerait la disparition

des rayons cathodiques. L’effet serait en somme

l’inverse de celui découvert par Gehrcke et Reichen- heim ; ces physiciens ont montré que la création à l’anode d’une chute de potentiel produit, dans cer-

taines conditions, l’apparition de rayons anodiques, ayant certaines similitudes avec les rayons catho-

diques ; inversement, la destruction à la cathode de la chute de potentiel serait accompagnée de la disparition

des rayons cathodiques.

Ilt

Rôle possible de la surface des électrodes dans les décharges des tubes à vide.

L’électricité semble avoir de très grandes difficultés à passer d’un métal à un gaz raréfié, il parait aussi

très difficile de concilier la bonne conductibilité des tubes à gaz raréfiés dépourvus d’électrodes et la très mauvaise conductibilité apparente des tubes de Geissler ordinaires : la présence des électrodes a donc

une inflnence essentielle. Il est assez facile d’expli-

quer cette influence dans la théorie électronique des

métaux et l’hypothèse qu’elle entraine d’une couche double électrique à la surface de séparation d’un

métal et du gaz environnant.

Le sens du champ de la couche double, positif du

côté du métal, négatif du côté du gaz, doit introduire

une dissymétrie dans le passage de charges électriques

du gaz au métal ou du métal au gaz, puisque ce champ est un obstacle quand le métal est cathode et

non pas quand il est anode. L’on conçoit que cette

dissymétrie dans l’effet des couches de passage amène

(6)

une dissymétrie dans l’aspect de la décharge au voisi-

nage des deux électrodes ; nous allons l’examiner

rapidement dans les drivers cas de la décharge.

L’on sait que les caractères de la décharge 1 dépendent surtout de l’intensité du courant; on peut distinguer trois phases : avec une intensité très faible

(agent ionisant auxiliaire) la décharge est obscure,

l’intensité augmentant la décharge affecte la forme

bien connue que présentent les tubes de Geissler,

enfin l’exagération de l’intensité amène la décharge

réellement disruptive en forme d’arc.

a) Décharge obscure.

-

C’est le cas d’une

ionisation ordinaire, sous l’influence du champ les charges s’orientent. Supposons qu’à la surface des

électrodes il y ait une couche double due à un équi-

libre entre des centres positifs, négatifs et neutres’.

Les ions négatif du gaz viennent vers r anode, modi-

fient légèrement l’équilibre en augmentant le nombre

des centres neutres et abandonnent leur charge au

métal puisque ricn ne les empêche de venir en con-

tact avec lui. Les ions positifs du gaz viennent vers la

cathode, modifient l’équilibre électrique, diminuent

le nombre des centres neutres et abandonnent leur

charge au métal ; mais si r afflux des centres positifs

est suffisant, la modification de l’écluilibre ne faisant

intervenir dans un temps donné qu’une partie des

centres qui arrivent, les centres inactifs, arrêtés par le champ de la couche double, se concentrent dans le

voisinage de la cathode. Tout se passe en somme

comme si les centres du gaz chargeaient du côté de la

cathode un condensateur dont le diélectrique n’isole-

rait pas parfaitement.

Il y a du côté de la cathode une concenfration d’ions positifs qui y produit une chute de potentiel et

déforme le champ a, ce que l’on peut d’ailleurs expli-

quer par la différence de mobilité des ions positifs et négatifs.

L’apport de centres négatifs à l’anode, l’augmenta-

tion des centres neutres de la couche doivent provo- quer une diminution de la constante capillaire : nous

avons vu que, lorsque le mercure est positif, le niveau

s’élève vers le sommet de la pointe.

La concentration de centres positifs à la cathode doit avoir d’abord pour effet de diminuer l’action de la couche double sur la cohésion à la surface, la

constante capillaire doit augmenter; la concentration devenant plus grande, l’action de ces centres deviendra

prédominante et la constante capillaire se mettra à

diminuer : ce sont bien les résultats de l’expérience.

b) Décharge de Geissler.

-

La conductibilité du gaz est produite par les collisions sur les molt- 1. P. ’VII,L.4RD. Journal de Physique. 4e série, 7 (1908), 526.

?. G. REBOUL, Le Radium, 5 (IB08) 129-136.

5. J. J. THOMSON, PlâLo.f5ophical Magazine, 5e série, 4’i (1899

255.

cules des ions présents dans la masse gazeuse. Si le nombre d’ions transportés est suffisant, une partie

des ions positifs sert à modifier l’équilibre de la

couche double à la cathode et passe sur le métal,

l’autre s’accumule dans le voisinage de 1 électrode créant la chute cathodique : le champ électrique cesse

d’être uniforme et se trouve resserré du côté de la ca-

thode, dont le voisinage devient un champ d’ionisa-

tion très actif. Le courant dans le tube se diviserait donc en deux parties, l’une passant d’une manière

continue dans le tube, l’autre chargeant une capacité

dans le voisinage de la cathode. Il arrive un moment où la charge de cette capacité est suffisante pour que la différence de potentiel qui en résulte neutralise le

champ de la couche douhle; à ce moment rien ne s’op-

pose à la sortie des électrons du métal et un flux d’é- lectrons s’échappe dans le gaz, venant neutraliser les

charges positives ; il se constitue une décharge, en général discontinue, dont l’aspect dépendra essentiel-

lement du libre parcours des centres chargés, c’est-à-

dire de la pression, et dont on peut expliquer les ap- parences par l’incompatibilité de la lumière positive et

des particules cathodiques’.

L’on sait que, lorsque dans un tube de Geissler la différence de potentiel aux électrodes est voisine du

potentiel explosif, la décharge est intermittente. Nous

avons dit que lorsque le mercure est négatif, dans les ex- périences vues plus haut, pour une différence de poten-

tiel inférieure au potentiel disruptif l’on a une décharge

discontinue dès qu’on produit l’écoulement : les

charges fournies au gaz par la formation des

gouttes se multiplient par collisions, les charges posi-

tives, en se concentrant autour de la cathode, y pro- duisent cette espèce de polarisation qui, suffisamment avancée, provoque la décharge; cette concentration demandant un certain temps, la décharge est intermit-

tente et à intervalles réguliers.

En somme, un tube à gaz raréfié peut être consi- déré comme formé d’une capacité et d’une résistance

en dérivation : le courant du circuit est la somme de deux courants, l’un continu, l’autre discontinu dû à la charge et à la décharge d’une capacité, la décharge cathodique étant essentiellement discontinue. L’on con-

çoit que, si le flux d’électrons qui s’échappe du métal

à chaque décharge de la capacité provoque un change-

ment dans la résistance du tube, la solllme des deux

courants, c’est-à-dire le courant du circuit puisse être

constant, les variations du courant discontinu étant

en quelque sorte équilibrées par celles du courant continu. Si rrquilibre précédent ne subsiste plus, le

courant dans le circuit sera variable : un tèléphone placé dans ce circuit accusera un son, dont la fré- quence sera le nombre de décharges par seconde de la

capacité à la cathode ; à mesure que l’on augmente la

différence de potentiel aux électrodes, l’intensité des

1. P. VILLARD. Journal de Physique. 4e série, 7 (1908), 325).

(7)

charges mises en jeu augmente également, la capa- cité à la cathode se charge plus vite, l’intermittence devient plus courte et la hauteur du son monte de

plus en plus 1.

On comprend que des traces d’impuretés dont

l’influence sur la chute cathodique est considérable 2

puisse faciliter la rupture de cet équilibre : avec un mélange de gaz le courant dans le circuit est presque invariablemeat intermittent3.

La chute cathodique serait donc, en somme, provo-

quée par la différence de potentiel de la couche double,

et son rôle serait de la neutraliser. On conçoit que dans ces conditions, la chute de potentiel cathodique

niinima puisse être la même que la différence de po- tentiel disruptive minima4. Cette chute minima ne

doit pas dépendre de la distance des électrodes, de

leurs diaiensions, de l’intensité du courant, ni du volume ou de la forme du tube, mais seulement des matières qui interviennent à la surface de séparation

des deux iiiilieux, c’est-à-dire du métal des élec- trodes et du gaz environnant 5. Toute altération de la surface des électrodes la fera varier : ainsi, des élec- trodes de zinc, cuivre, fer présentent, quand elles

sont neuves, des chutes cathodiques très faibles, et

ne donnent la valeur normale qu’après avoir déjà été employées plusieurs fois 6. Toute modification de la distribution des électrons du métal doit se répercuter

sur la chute cathodique ; cette dernière diminue quand

l’électrode est portée au rouge7, cette diminution

devient beaucoup plus faible quand l’électrode est

chauffée depuis longtemps8. Dans les effets précé- dents, il se manifeste une fatigue, qui est à rappro- cher de celle qui se présente dans l’érnission de

charges par les métaux chauffés, qui parait, elle aussi, liée à l’existence de cette couche double9.

Dans l’hypothèse précédente, la chute cathodique

doit être constante et minima tant que la gaine catho- dique n’entoure pas la cathode, c’est-à-dire tant que la surface entière de l’électrode ne participe pas à la

décharge, mais ensuite elle doit augmenter avec l’in- tensilé du courant. C’est ce que donne l’expérience 10.

Le mécanisme précédent expliquerait en partie la grande capacité d’un tube à vide, et pourquoi un

condensateur chargé et relié aux électrodes d’un tube à gaz raré6é ne peut se décharger complètement et

n’utilise pour la décharge que des différences de po- tentiel supérieures à certaines limites

1. Il. A. PERKINS, C. R., lIai ’190g.

2. ’YARnURG, JFied. Ann., 40 (1890), 1.

5. CAPPSTIC, Proc. Roy. Soc., 63 (1898), 356.

4. J. J. THoàisoN, Coitditetioit of electr°icily through gazes, p. 557.

5. WARBURG, Wied. Ann., 3i li887), 545, Loc. cil.

6. llw, Verhand. Deutsch. Ph ysikal. Gesellsch. (1903) 72.

7. HITTORF, Jried. Ann.. 2i (1884), 135.

8. GOLDSTEV, Jried. Ann,, 24 (1885), 91.

9. G. HEBOUL. Ann. de Pltys. et de Chi1n.. aoùt 190R.

10. Il. Les J’ayons cathodiques (coll. Scienta), p. 27.

11. P. WILLARD. Journal de Physique, 4e séi-ie, 7 (1908), 330

On reconnaît dans cet afflux des centres positifs qui viennent se concentrer dans le voisinage de la

cathode l’afflux cathodique de àl. Yillard, et l’on peut interpréter de même les expériences sur les effets de cet afflux’.

La surface de la cathode doit s’échauffer, puisque

les charges qui passent du gaz au métal ou inverse-

ment trouvent en ce point-là la presque totalité de la résistance du tube.

Le bombardement, par des centres positifs, de la

surface de la cathode, doit provoquer l’émission par la cathode de particu les négatives 2.

En résumé, la chute cathodique paraît liée à la

surface de séparation des deux milieux; on peut expliquer en partie son existence par la différence de mobilité des ions positifs et négatifs, mais cet effet, qui intervient certainement, ne peut expliquer com- plètement les phénomènes : la chute cathodique de-

vrait dépendre surtout de la masse du gaz et peu de la nature du gaz ou des électrodes. D’ailleurs, si seule la mobilité intervenait, on devrait avoir le même

aspect dans les tubes avec ou sans électrodes : on

sait que, dans ce dernier cas, la décharge se réduit uniquement à la colonne positive.

Le phénomène est tout ditïérent à r anode: les char-

ges passent sans aucune difficulté du gaz au métal,

la colonne positive est un conducteur continuation naturelle de l’électrode, il n’y a entre ce conducteur

et 1 anode qu’une différence de potentiel relativement faible, due à la différence de concentration des électrons dans les deux milieux. Ce conducteur, qui forme la

colonne positive, est parfaitement distinct du milieu gazeux environnant et en sera séparé par une couche double analogue à celle qui, à la surface d’un métal, s’oppose à la sortie des électrons, d’où la cohésion de cette colonne positive5.

Comme conséquence de la répercussion sur le pas- sage de la décharge de la couche double à la cathode,

toute cause qui aura pour en’et de détruire ou de diminuer cette couche double aura pour effet de dirui-

nuer la chute cathodique et de vaincre la répugnance à

la cathode. Nous avons vu comment dans les expé-

riences des gouttes cette diminution se traduit par la

suppression des rayons cathodiques. On sait com-

ment, dans les expérienees de Cooper Hewitt, la désa- grégation de la surface de la cathode, par l’écliautle-

ment dû au courant qui passe, supprime la répugnance

à la cathode et facilite l’établissement du troisième

régime de décharge, c’est-à-dire de l’arc.

c) Décharge en arc.

-

Si l’intensilé du courant devient suffisante, il arrive un moment où l’arc s’éta-

blit, l’obstacle que présenlait la couche double à la

1. P. les rayons cathodiques, p. 8î.

2. J. J. Tiiomsori, I oc. cit., p. 485.

5. P. VILLARD, Journal 4e Physique. Loc. cil., p. 552.

(8)

cathode Il’existe plus : par suite de l’effet Edison les électrons s’échappenl abondamment du mélal. L’obstacle

au passage des charges ayant disparu, il n’y aura plus

accumulation de centres positifs du coté de la cathode,

la chute cathodique disparaitra et la décharge dans le

tuhe se réduira à la colonne positive, les chutes de potentiel aux deux électrodes étant du même ordre:

la décharge constituera dans ce cas un véritable court- circuit. En diminuant l’intensité par l’interposition

d’une résistance, l’on reviendra au régime de Geiss-

ler’.

On comprend que, l’établissernent de l’arc pro- voquant une diminution de la diflérence de potentiel

de la couche double, tant à l’anode qu’a la cathode, l’on

ait, quand il s’établit, une brusque augmentation de

la constante capillaire.

Ce rapide exposé montre que cette notion si simple

de couche électrique douhte pourrait peut être expli-

quer les apparences principales de la décharge dans

un tube à vide et la dissymétrie caractéristique des

deux électrodes. La décharge dans les tubes à vide

comprendrait donc deux phases : vaincre la cohésion

diélectrique du gaz pour le rendre conducteur, faire

passer les charges du gaz au métal des électrodes pour fermer le circuit. La cohésion diélectrique une fois vaincue, grâce au potentiel disruptif, pour entretenir le courant il suffit d’une différence de potentiel assez grande pour produire cette espèce de polarisation à la

cathode dont nous avons parlé : on sait que le potentiel, disruptif, qui amorce la décharge, est essentiellement différent du potentiel nécessaire pour la maintenir, et que ce dernier se rapproche du potentiel disruptif

minimum et de la chute cathodique normale’.

[Reçu le 25 juin 1909.]

Spectres d’absorption des dissolutions du néodyme

Par Boris STAHL

[Faculté des Sciences de Paris.

-

Laboratoire de Chimie analytique].

Comme il reste encore des incertitudes sur la nature élémentaire du néodyme et dn praséodyme, il n’est

pas dépourvu d’intérêt de poursuivre l’étude de leurs propriétés atomiques, et j’ai repris celle de leurs spectres d’absorption.

Je dois à l’obligeance de M. Urbain les ternies suc-

cessifs d’un fractionnement compris entre le praséo- dyme et le néodyme.

Ce fractionnement a été fait par le procédé de M. H.

Lacombe, qui consiste à soumettre les nitrates du type

2 (NO3)3Di, 3 (NO3)2Mn, 24 H2O à une série de cristal- lisations méthodiques dans l’acide nitrique. Outre les

terres rares et le manganèse, ces produits contenaient du magnésium et du bismuth.

Pour séparer les terres rares des substances qui les accompagnent, j’ai procédé de la façon suivante : le bismuth a été éliminé en diluant les dissolutions avec

beaucoup d’eau, puis en filtrant le précipité de nitrate basique de bismuth. Les liqueurs étaient traitées en-

suite par l’hydrogène sulfnré. Les dissolutions débar- rassées du bismuth ont été additionnées d’ammo-

niaque et d’eau oxygénée. Les hydroxydes de néodyme

et de praséodyme se précipitent alors, ainsi que la to- talité du manganèse, à l’état d’hydroxyde brun, et une partie de la magnésie. Si l’on traite ce précipité par l’acide azotique étendu, la majeure partie du nlanga-

nèse reste non dissoute, tandis que les autres élé- ments se dissolvent intégralement.

1. P. VILLARD, Joul’1lal de Pltys., Loc. cit., p. 530.

La dissolution est de nouveau traitée par de l’arn-

moniaque, mais alors en présence d’un excès de sels ammoniacaux pour éliminer le reste de la magnésie.

Le précipité de néodn me et de praséodyme n’entraîne, dans ces conditions, que des traces de magnésie qui

sont complètement éliminées par des lavages avec de

l’eau ammoniacal.

L’élimination des dernières traces de manganèse est

très pénible. Parmi les méthodes qui suivent, aucune

n’a donné de résultats absolument satisfaisants : 1. Les dissolutions ont été précipitées par l’acide

oxalique. Les précipités d’oxalates ont été filtrés, séchés et calcinés. Les oxydes obtenus ainsi ont été

ensuite projetés dans une dissolution nitrique concen-

trée de chlorate de potassium. Le praséodyme et le néodyme sont ainsi transformés en nitrates, tandis que le manganèse donne un précipité de bioxyde qui est

filtré sur de l’amiante et lavé avec de l’acide azotique

concentré et chaud. La liqueur retient le plus sou-

vent de très petites quantités de manganèse.

2. Les dissolutions des nitrates sont évaporées au

bain-marie.On les chauffe ensuite pendant 2 heures à

une température de 260°-280°. Le nitrate de manga- nèse, n’étant pas stable à cette température, se trans-

forme en peroxyde, tandis quc les nitrates de néodyme

et de praséodyme sont a peine altérés.

Le précipité de peroxyde de manganèse présente

1. TOWNSEND. Ions. Électrons. Corpuscules H. Abraham et

Langevin). 1909.

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