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La place des pères en sallle de naissance : leurs attentes et leur vécu lors d'un accouchement par voie basse : quel accompagnement la sage-femme peut-elle leur apporter ? : travail de Bachelor

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)La place des pères en salle de naissance : leurs attentes et leur vécu lors d’un accouchement par voie basse. Quel accompagnement la sage-femme peut-elle leur apporter ?. Mémoire de Fin d’Études Travail de Bachelor. Morel Anouk N° matricule : 08323339. Zellweger Valentine N° matricule : 07301922. Directrice : Caroline Chautems – anthropologue de la naissance. Genève, septembre 2014.

(2) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. Déclaration sur l’honneur. Genève, le 31 juillet 2014,. « Les prises de position, la rédaction et les conclusions de ce travail n’engagent que la responsabilité de ses auteur-e-s et en aucun cas celle de la Haute école de santé Genève, du Jury ou du Directeur ou Directrice de Travail de Bachelor. Nous attestons avoir réalisé seul(e)s le présent travail, sans avoir utilisé d’autres sources que celles indiquées dans la liste des références bibliographiques ».. Morel Anouk Zellweger Valentine. 2.

(3) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. Remerciements À Caroline Chautems, notre directrice de mémoire, pour sa disponibilité et son aide régulière dans notre processus de recherche.. À Barbara Kaiser, pour son aide précieuse.. À Medja, notre expert de terrain, pour son regard et son apport professionnel.. À nos familles, pour leur investissement dans notre formation et dans ce travail. Un grand merci notamment à nos papas, pour les heures passées à lire et à relier notre travail.. À nos camarades de classe pour ces quatre années de formation : nous en retenons des moments uniques et beaucoup d'émotions. À tous les pères que nous avons rencontrés, pour nous avoir apporté de l’inspiration et un sujet qui nous tient à cœur.. À la bibliothécaire, Evelyne Schorer, pour sa gentillesse et sa patience après les heures de fermeture.. 3.

(4) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. Résumé Titre : La place des pères en salle de naissance : leurs attentes et leur vécu lors d’un accouchement par voie basse. Quel accompagnement la sage-femme peut-elle leur apporter ? Objectif : Évaluer les attentes, l’expérience et les besoins des pères lors d’un accouchement par voie basse et apporter des pistes de réflexion pour la pratique sage-femme. Contexte : En ce début de XXIème siècle, le thème des pères dans la société, et plus particulièrement dans la périnatalité, suscite une multitude d’interrogations. Les pères sont présents en salle d’accouchement depuis les années 1970 et leur intégration récente soulève certaines difficultés. Méthode : Recherche d’articles dans les bases de données en lien avec la problématique, à partir d’une méthode de recherche incluant des études qualitatives et quantitatives. Les critères d’exclusion sont une date de publication d’étude avant l’année 2000 et l’accouchement par césarienne. Résultats : Les pères ressentent des difficultés à trouver leur place, notamment vis-à-vis de la douleur de leur partenaire, et ils ne comblent pas les attentes qu’ils avaient projetées sur leur rôle en salle d’accouchement. Il en découle de hauts niveaux de stress. Les compétences sage-femme (présence, écoute, soutien, information) et l’analgésie péridurale ont une influence positive sur le vécu des pères. Conclusion : Les pères ont besoin d’être reconnus comme des acteurs à part entière dans la périnatalité et accompagnés par les professionnel-le-s de la santé.. Abstract Title : Fathers’ experiences and expectations about the birth of their child during vaginal delivery : how midwives can improve care and support for them ? Aim : To evaluate fathers’ expectations, experiences and needs during a normal delivery and bring relfexions about professional care to support them. Background : From the beginning of the XXIst century, fathers’ involvement in the society, and more particularly in the perinatal period, has been a topical subject of many interrogations. Fathers are present in the birth room since the 1970s, and their recent integration raises some dificulties. Methods : Research on several databases for the subject, with a pre-determined search method. Inclusion criteria were quantitative and qualitative studies. Exclusion criteria were studies published before 2000 and caesarean section. Findings : Fathers encounter some difficulties to find their place and to fulfill their expectations about the role they wish to provide for their partner during birth. Epidural analgesia and midwifery care such as presence, listening skills, support and information providing are important to improve a positive experience for fathers. Conclusions : Fathers need to be considered as actual partners in maternity care by health professionals.. 4.

(5) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. Glossaire Abréviation. Terme. AVB. Accouchement par Voie Basse. APD. Analgésie Péridurale. DPP. Dépression du Post-Partum. FSSF. Fédération Suisse des Sages-Femmes. HUG. Hôpitaux Universitaires de Genève. IES. Impact of Event Scale. OMS. Organisation Mondiale de la Santé. PANP. Préparation À la Naissance et à la Parentalité. P-P. Post-partum. RdL. Revue de la Littérature. 5.

(6) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. Table des matières A.. QUESTIONNEMENT PROFESSIONNEL ............................................................................................. 10 A.. INTRODUCTION ......................................................................................................................................... 10. B.. MOTIVATIONS PROFESSIONNELLES ........................................................................................................... 14. C.. QUESTIONNEMENT.................................................................................................................................... 15. B.. CADRE DE RÉFÉRENCE........................................................................................................................ 16 L’IDENTITÉ MASCULINE ............................................................................................................................ 16. A.. I. Définition par le sexe .......................................................................................................................... 16. II. Définition par le genre ........................................................................................................................ 17. III. Une masculinité, des masculinités ....................................................................................................... 18 ÉVOLUTION DE LA PATERNITÉ À TRAVERS L’HISTOIRE ............................................................................. 19. B.. I. Introduction ......................................................................................................................................... 19. II. La Rome antique (~IVe siècle) ............................................................................................................ 19. III. Le Moyen-Âge (VIe siècle au XVe siècle) ............................................................................................ 19. IV. Le courant de la Renaissance (XVIe siècle) ........................................................................................ 20. V. « L’âge d’or des pères » (XVIe siècle au XVIIIe siècle) ................................................................... 21. VI. La Révolution (1789) .......................................................................................................................... 21. VII. Le père bourgeois (XIXe siècle) ........................................................................................................ 22. VIII Le contexte historique de la paternité contemporaine (1945 -nos jours) ........................................... 23 1.. La modification du mariage, des types de famille et du droit de filiation......................................................... 24. 2.. L’autorité parentale conjointe, l’intérêt de l’enfant et la redistribution des rôles ............................................. 25. 3.. Les mouvements féministes ............................................................................................................................. 26. 4.. L’évolution des sciences biomédicales ............................................................................................................ 27. 5.. Le contrôle des naissances ............................................................................................................................... 27. L’évolution globale de la paternité .................................................................................................... 27. IX C.. LA PATERNITÉ .......................................................................................................................................... 30 I. Introduction ......................................................................................................................................... 30. II. Le père biologique ............................................................................................................................... 30. III. Le rôle du père dans le développement de l’enfant : approche psycho-développementale ................. 30 1.. Rôle des pères dans le développement de la petite enfance .............................................................................. 31. 2.. Rôle des pères dans l’éducation de l’enfant ..................................................................................................... 31. 3.. Rôle des pères dans l’autorité et le respect de la liberté auprès de l’enfant ...................................................... 31. 4.. Rôle des pères dans la sécurité émotionnelle de l’enfant ................................................................................. 32. 5.. Rôle des pères dans la construction de l’identité et la socialisation de l’enfant ............................................... 32. 6.. Rôle des pères dans la construction de l’identité sexuelle de l’enfant .............................................................. 32. IV. Le « primipère » et le « multipère » .................................................................................................... 33. V. Cadre juridique suisse autour de la paternité ...................................................................................... 34 1.. La notion de filiation ........................................................................................................................................ 34. 2.. La filiation paternelle ....................................................................................................................................... 34. 3.. La filiation maternelle ...................................................................................................................................... 35. 6.

(7) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. D.. LE PROCESSUS DE PATERNITÉ ................................................................................................................... 35 I. Introduction ......................................................................................................................................... 35. II. La grossesse......................................................................................................................................... 36 1.. La confirmation de la grossesse ....................................................................................................................... 36. 2.. La dimension imaginaire de la grossesse ......................................................................................................... 36. 3.. La dimension psychique de la grossesse .......................................................................................................... 37 3.1. Le syndrome de « couvade » .................................................................................................................. 38. 3.2. La « transparence psychique »................................................................................................................ 38. 4.. La relation émotionnelle des futurs pères avec leur fœtus ................................................................................ 39. 5.. Les préoccupations des futurs pères ................................................................................................................. 39. III. La naissance ........................................................................................................................................ 40. IV. L’attachement et la relation des pères avec leur nouveau-né ............................................................. 41. V. L’instinct paternel existe-t-il ?............................................................................................................. 42. E.. CONTEXTE ACTUEL DES PÈRES EN PÉRINATALITÉ ..................................................................................... 43 I. Le père dans la grossesse .................................................................................................................... 44. II. Le père à l’accouchement .................................................................................................................... 44. III. Le père dans le post-partum ................................................................................................................ 45. F.. CONCLUSION ............................................................................................................................................ 45 L’ACCOMPAGNEMENT DES PÈRES PAR LES SAGES-FEMMES : UN QUESTIONNEMENT. C.. ÉTHIQUE ................................................................................................................................................... 47 D.. MÉTHODOLOGIE ................................................................................................................................... 49 A.. DÉFINITIONS UTILES À LA COMPRÉHENSION ............................................................................................. 49 I. L’accouchement normal ...................................................................................................................... 49. II. L’accouchement instrumenté ............................................................................................................... 49. III. L’accouchement par voie basse ........................................................................................................... 49. IV. Analgésie péridurale : ......................................................................................................................... 49. B.. MOTS-CLÉS EN LIEN AVEC NOTRE QUESTION DE RECHERCHE ................................................................... 49. C.. RECHERCHE DES ARTICLES ....................................................................................................................... 50 I. Bases de données ................................................................................................................................. 50. II. Screening des bibliographies............................................................................................................... 52. D.. CRITÈRES DE SÉLECTION DES ARTICLES .................................................................................................... 52. E.. DIMENSION ÉTHIQUE DE NOTRE DÉMARCHE DE RECHERCHE..................................................................... 55. F.. ARTICLES CHOISIS POUR LA REVUE DE LA LITTÉRATURE .......................................................................... 56. G.. LIMITES DE NOTRE RECHERCHE ................................................................................................................ 56. H.. MISE À JOUR DE NOTRE REVUE DE LA LITTÉRATURE ................................................................................. 57. E.. ANALYSE CRITIQUE DE LA REVUE DE LA LITTÉRATURE ....................................................... 58 A.. TABLEAUX DESCRIPTIFS DES ÉTUDES SÉLECTIONNÉES.............................................................................. 58. B.. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS................................................................................................................ 67 I. La présence des pères en salle d’accouchement.................................................................................. 67. 7.

(8) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. 1.. Le sens qu’ils accordent à leur présence .......................................................................................................... 67. 2.. La pression sociale perçue par les pères pour assister à la naissance ............................................................... 67. 3.. L’impact de la présence des pères sur l’expérience des mères ......................................................................... 68. La perception des pères de leur rôle en salle d’accouchement : attentes et réalités ........................... 68. II 1.. Les représentations du futur rôle des pères en salle d’accouchement ............................................................... 68. 2.. Les rôles adoptés par les pères en salle d’accouchement ................................................................................. 69 2.1. Le soutien des pères envers leur partenaire durant le travail et l’accouchement ..................................... 69. 2.2. Le rôle « protecteur » des pères envers leur partenaire ........................................................................... 71. 2.3. Les ressources pouvant aider les pères à définir leur rôle pendant l’accouchement ............................... 71. i. La communication avec la partenaire ..................................................................................................... 71. ii. Prendre modèle sur les sages-femmes .................................................................................................... 71. iii. La préparation à la naissance .................................................................................................................. 71. iv. Les gestes symboliques : couper le cordon ............................................................................................. 72. Le vécu du travail et de l’expulsion ..................................................................................................... 72. III 1.. Le vécu émotionnel des pères .......................................................................................................................... 72 1.1. Le stress des pères autour de l’accouchement et ses facteurs associés ................................................... 73. i. Le stress autour de la naissance .............................................................................................................. 73. ii. La présence des pères au moment de la naissance : un facteur causal .................................................... 74. iii. La satisfaction de l’expérience globale : un facteur causal ..................................................................... 75. iv. L’analgésie péridurale : un facteur causal .............................................................................................. 75. v. Le caractère inconnu de la naissance : un facteur causal ........................................................................ 75. vi. L’âge, le statut marital, le nombre d’enfant et le fait d’avoir été présent à une naissance auparavant : des facteurs non significatifs ......................................................................................................................... 75. 2.. La douleur ........................................................................................................................................................ 75. 3.. L’analgésie péridurale ...................................................................................................................................... 76. IV. Représentations des pères vis-à-vis des sages-femmes ........................................................................ 77 1.. Introduction ...................................................................................................................................................... 77. 2.. Soutien des sages-femmes ................................................................................................................................ 77. 3.. Présence des sages-femmes .............................................................................................................................. 78. 4.. Informations dispensées aux pères ................................................................................................................... 78. 5.. Intégration des pères par les sages-femmes ...................................................................................................... 79. 6.. Gestion de la situation par les sages-femmes ................................................................................................... 79. V C.. Synthèse des résultats en fonction de la satisfaction des pères ........................................................... 80 BIAIS ET LIMITES DE LA REVUE DE LA LITTÉRATURE ................................................................................. 80 Biais et limites relatifs à l’échantillon ................................................................................................. 80. I 1.. Région .............................................................................................................................................................. 81. 2.. Population ........................................................................................................................................................ 82. II. Biais et limites relatifs à la méthode.................................................................................................... 82. III. Biais et limites relatifs à la date de publication ................................................................................. 83. IV. Biais et limites relatifs aux résultats .................................................................................................... 83. V. Biais et limites relatifs à nos critères d’inclusion et d’exclusion......................................................... 85 1.. Mode d’accouchement par voie basse .............................................................................................................. 85. 2.. Attentes ............................................................................................................................................................ 86. 3.. Vécu ................................................................................................................................................................. 86. 8.

(9) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. 4.. VI F.. Pratique sage-femme ........................................................................................................................................ 86. Validation éthique ............................................................................................................................... 86. DISCUSSION ............................................................................................................................................. 88 A.. QUELLES SONT LES ATTENTES ET REPRÉSENTATIONS DES PÈRES À PROPOS DE L’ACCOUCHEMENT ? ........ 88. B.. QUEL EST LE VÉCU DES PÈRES EN SALLE D’ACCOUCHEMENT ? ................................................................. 88 I. Rôles adoptés ....................................................................................................................................... 88. II. Les pères sont-ils satisfaits de leur expérience par rapport à leurs attentes ? .................................... 90. III. La pression sociale d’assister à l’accouchement................................................................................. 91. IV. L’expérience émotionnelle des pères ................................................................................................... 92 QUELLES PEUVENT ÊTRE LES CONSÉQUENCES DE L’EXPÉRIENCE DE LA NAISSANCE POUR LES PÈRES DANS. C.. LE POST-PARTUM D.. ?.................................................................................................................................... 93. COMMENT LES SAGES-FEMMES PEUVENT-ELLES APPORTER UN ACCOMPAGNEMENT ADAPTÉ AUX PÈRES EN SALLE D’ACCOUCHEMENT ? ....................................................................................................................... 94. QUEL EST L’IMPACT DE L’ANALGÉSIE PÉRIDURALE SUR LE VÉCU DES PÈRES EN SALLE D’ACCOUCHEMENT ?. E.. ................................................................................................................................................................. 97 Y A-T-IL UNE DIFFÉRENCE DANS LE VÉCU DE L’ACCOUCHEMENT ENTRE LES PRIMIPÈRES ET LES. F.. MULTIPÈRES. ? ......................................................................................................................................... 100. QUELLE EST L’INFLUENCE DES COURS DE PRÉPARATION À LA NAISSANCE ET À LA PARENTALITÉ SUR. G.. L’EXPÉRIENCE DES PÈRES. G.. ? ..................................................................................................................... 101. PERSPECTIVES PROFESSIONNELLES............................................................................................ 104 A.. INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 104. B.. EN PRÉNATAL ......................................................................................................................................... 104 I. Concepts de Préparation à la Naissance et à la Parentalité pour les futurs pères ........................... 106. C.. EN SALLE D’ACCOUCHEMENT ................................................................................................................. 108. D.. EN POST-PARTUM ................................................................................................................................... 110. E.. CONCLUSION : ENJEUX POUR LA PROFESSION SAGE-FEMME .................................................................... 112. H.. FORCES ET FAIBLESSES DU TRAVAIL .......................................................................................... 113. I.. CONCLUSION GÉNÉRALE ................................................................................................................. 114. J.. BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................... 117. K.. ANNEXES................................................................................................................................................. 126 A.. ANNEXE 1 ............................................................................................................................................... 126. B.. ANNEXE 2 ............................................................................................................................................... 127. 9.

(10) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. A. Questionnement professionnel a. Introduction Poser la question du père aujourd’hui, c’est prendre conscience que son rôle est encore très flou dans les esprits même si, sur bien des plans, en ce début du XXI siècle, il est clair que les pères construisent leur place au jour le jour, auprès de leur compagne et de leur enfant. (Garau, 2005, p.119). Le rôle des pères dans la société actuelle est en constante évolution, et il semblerait en effet qu’ils soient de plus en plus présents auprès de leur(s) enfant(s) et de leur partenaire dans le contexte de la périnatalité et de la parentalité1. Ils sont néanmoins encore peu reconnus dans leur rôle paternel par leur entourage, leurs employeurs/ses et même par les professionnel-le-s de la santé (Casse & Polomeno, 2010). Selon l’Organisation Mondiale de la Santé [OMS] (2007), le réseau de soins en périnatalité serait encore trop centré sur les mères et leur(s) enfant(s). Ces pères semblent pourtant avoir besoin d’une attention particulière de la part du personnel soignant et de leur entourage. L’une des raisons de ce besoin provient du fait que la transition à la paternité est une étape de crise identitaire et implique de profonds changements dans la vie d’un homme : « Une paternité, qu’elle soit première ou multiple, exige une capacité d’adaptation importante » (Ebtinger, 1978, cité par Nanzer, 2009, p.103). Ce processus de transition à la paternité créerait une grande vulnérabilité émotionnelle chez les pères, allant parfois jusqu’à des troubles psychologiques (Nanzer, 2009). En effet, la dépression du post-partum [DPP] est la complication la plus fréquente en postnatal (Lombardo, 2013), et 10% des pères en souffriraient. Il s’agit là d’une part non négligeable des pères et il se pourrait que ce trouble ait des répercussions sur la vie de couple, sur la santé de l’enfant et sur l’attachement père-enfant (Nanzer, 2009). Il semble alors qu’il soit important d’accentuer les mesures sanitaires et sociales afin d’entourer et de soutenir les pères dans leur processus de transition à la paternité.. Deux exemples de mesures sociales suisses viennent illustrer cette divergence entre les attentes normatives de la société quant à la paternité actuelle et la reconnaissance sociale des pères : le congé paternité et la révision de la loi sur l’autorité parentale.. 1. En abordant le père dans la société actuelle, nous avons conscience de l’aspect normatif et hétérocentrique que cela peut représenter et nous ne perdons pas de vue d’autres compositions familiales (couples homoparentaux, recompositions familiales, mères célibataires, adoptions, etc.).. 10.

(11) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. Alors que la majorité des pays européens ont commencé à introduire le congé paternité depuis les années 90 (Bauer & Penet, 2005, voir infra Annexe 1), en Suisse, le congé paternité ne fait toujours pas partie de la loi fédérale. En effet, la majorité du temps, les pères bénéficient d’un ou de deux jours de congé spécial1. Certaines entreprises n’octroient cependant pas ces congés spéciaux et les pères doivent alors prendre un ou plusieurs jours de congés usuels sur le temps de vacances (code des obligations art. 329, al.3). Il existe tout de même en Suisse quelques entreprises et institutions publiques qui offrent un congé paternité plus long (Commission fédérale de coordination pour les questions familiales, 2010). Pourtant, selon Månsdotter, Lindholm & Winkvist (2007), le congé paternité réduirait les risques de mortalité de 16% chez les hommes. De plus, les hommes prenant un congé paternité de deux semaines et plus s’occuperaient davantage de leur enfant à neuf mois post-partum [P-P] (Nepomnyaschy & Waldfogel, 2007). Des bénéfices certains semblent alors découler d’un congé postnatal chez les hommes. Avec la révision de la loi sur l’autorité parentale, la Suisse apporte des éléments en faveur de l’implication des pères dans la vie familiale : mise en vigueur le 1er juillet 2014, cette révision permet de faire de l’autorité parentale conjointe la règle, indépendamment de l’état civil des parents. Brièvement, cela signifie que les parents doivent assumer ensemble la responsabilité de leur(s) enfant(s) – avec tous les droits et les devoirs que cela implique – et cette loi s’applique maintenant également aux couples divorcés et aux couples non mariés. Selon l’Office fédéral de la justice, cette loi est tout d’abord un bénéfice pour les enfants, qui nécessitent des liens étroits avec leurs deux parents afin de favoriser un développement harmonieux. (Département fédéral de justice et police, 2014 ; Office fédéral de la justice, 2014). Mais cette révision est aussi l’occasion de favoriser l’implication des pères auprès de leur(s) enfant(s) (notamment pour les couples non mariés) et de les protéger dans leur relation avec leur(s) enfant(s) en cas de divorce (Humanrights, 2014). Il semble en tout les cas que l’intérêt porté à la paternité, au rôle des pères et à leur place en périnatalité soit croissant dans notre société. A Genève, ce sujet a éveillé l’attention des Hôpitaux Universitaires de Genève [HUG], qui ont organisé une « Journée de périnatalité » en novembre 2013 sur « L’homme en périnatalité : quel accompagnement par les professionnels ? ». Les questions qui ont été débattues lors de cette conférence illustrent bien la problématique actuelle de la paternité : « Actuellement, la présence de l’homme est. 1. Congé spécial : possibilité existant pour les salariés qui doivent régler des affaires personnelles pendant leur temps de travail (visites chez le médecin, décès d’un proche, mariage, déménagement et naissance d’un enfant) (Commission fédérale de coordination pour les questions familiales, 2010).. 11.

(12) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. attendue dans toute la période périnatale mais quel est réellement son rôle ? Qu’en est-il des bouleversements dans le devenir du père ? Du lien à l’enfant ? Comment pour les professionnels, au-delà de leurs représentations, accompagner et permettre à l’homme d’éprouver la place qu’il souhaite prendre aux différentes étapes de cette transformation complexe ? » (HUG, 2013). Cela nous amène au cœur de notre problématique ; comment permettre aux hommes de trouver une place et un/des rôle(s) qui leur conviennent lors de l’étape importante qu’est la naissance de leur(s) enfant(s) ? Nous verrons tout au long de ce travail que de nombreux/ses auteur-e-s se sont penchés sur cette question. Pourtant, l’intérêt pour ce sujet est relativement récent, étant donné que « pendant des siècles l’accouchement a été une affaire de femmes entre elles, comme s’il existait une résistance ou un interdit masculin de voir le sexe féminin qui accouche. » (Bydlowski, 2010, p.112). Selon Jacques (2007), les pères ont été amenés à accompagner leur partenaire dans la salle d’accouchement dès les années 70 et cette présence masculine est rapidement devenue une norme, voire une injonction. Aujourd’hui, 70 à 80% des pères sont auprès de leur partenaire le jour de l’accouchement (Richard-Guerroudj, 2006).. Il semble que cet apport soit très positif, autant pour les femmes, qui en seraient très satisfaites (Casse & Polomeno, 2010), que pour la santé des pères, de leur(s) enfant(s) et de leur partenaire (OMS, 2007). McClanahen (1999) indique que les pères seraient également très réceptifs à créer un lien d’attachement avec leur enfant au moment de la naissance (cité par Kaplan, 2004).. Cependant, les pères ne seraient pas toujours satisfaits de cette expérience : ils auraient de la peine à trouver leur rôle, se sentiraient impuissants et souhaiteraient être plus actifs en salle d’accouchement (Casse & Polomeno, 2010). Chapman (1992) a montré que les pères pourraient se sentir forcés d’adopter certains rôles en salle d’accouchement dans lesquels ils ne se sentent pas à l’aise (cité par Longworth & Kingdon, 2010). De plus, ils se sentiraient inutiles, anxieux et auraient besoin de plus de soutien de la part des soignants (Genesoni & Tallandini, 2009 cité par Johansson, Ruberston, Radestad & Hildingsson, 2011). Enfin, beaucoup de pères se sentiraient non désirés et pas à leur place en salle d’accouchement (OMSm, 2008).. Certain-e-s auteur-e-s avancent même des avis plus tranchés sur la présence des pères en salle d’accouchement : Marinopoulos (2008), psychologue et psychanalyste, pense que certains pères devraient être protégés de la réalité de l'accouchement alors que d’autres. 12.

(13) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. pourraient bien le vivre. En effet, pour elle, le passage à la paternité et la naissance de leur(s) enfant(s) sont des instants délicats que certains pères ne pourraient pas assumer ; cela aurait notamment des conséquences sur les relations parents-enfants. Il y a également la notion que certains pères n’auraient pas l’envie d’être présents mais se plieraient à une certaine norme sociale (Richard-Guerroudj, 2006). Bernard Fonty (2009) soulève lui aussi cette contrainte et cette pression sociale à assister à l’accouchement, et c’est cela qui pourrait amener, selon lui, à un mauvais vécu de l’accouchement. (apparaît dans Scènes de ménage, 2009). Michel Odent (2004), quant à lui, avance une série d’arguments allant à l’encontre de la présence des pères en salle d’accouchement : celle-ci gênerait l’avancée du travail et rendrait l’accouchement plus difficile pour les mères. De plus, il relève que la vision de l’accouchement de leur partenaire laisserait des séquelles irréversibles au niveau de la sexualité du couple et engendrerait davantage de divorce. Enfin, les pères seraient plus à risque de développer une DPP (Odent, 2008).. Nous constatons donc que les avis diffèrent en ce qui concerne la présence des pères en salle d’accouchement, pourtant déjà bien ancrée dans les mœurs. Doit-on alors suivre l’avis de Odent et Fonty – retourner à l’époque où les pères n’étaient pas admis en salle d’accouchement ? Ou y a-t-il des moyens de les aider à trouver une place qui leur convienne et à en retirer une meilleure expérience ? Est-ce que le fait de se préparer à cet événement peut-il être une solution ? En effet, les pères sont actuellement les bienvenus aux cours de préparation à la naissance et à la parentalité [PANP]. Mais là aussi, il semble que les pères n’en soient pas toujours satisfaits : selon Frédéric Ragot (2006), les pères souhaiteraient assister à davantage de séances de PANP, mais ont des difficultés à s’y rendre à cause de leurs horaires de travail (cité dans Richard-Guerroudj, p.38). De plus, le contenu des cours de PANP ne serait pas toujours adapté à leurs besoins (Casse & Polomeno, 2010). En réponse à cela, d’autres types de PANP pensés spécifiquement pour les futurs pères voient le jour, notamment des conférences, des ateliers et des groupes pour les pères (Moreillon, Berthoud, Strouk, Arcade sages-femmes, Benoît, Kaplan). Certains couples se tournent également vers la préparation par l’haptonomie1 pour permettre aux pères de s’investir davantage dans la grossesse de leur partenaire (Richard-Guerroudj, 2006).. Au vu de ces multiples opinions et questionnements sur la place des pères en salle d’accouchement, il semble qu’il soit important de prendre en compte l’expérience et l’avis. 1. L’haptonomie est une « science des interactions et des relations affectives humaines » créée par Frans Veldman (cité par Garau, 2005, p.60). Elle est utilisée en obstétrique pour se préparer à la naissance (voir infra e. p.43).. 13.

(14) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. des pères à ce sujet afin de cerner les enjeux que représente la naissance pour leur paternité et de réaliser comment les sages-femmes peuvent leur venir en aide.. b. Motivations professionnelles L’intérêt d’étudier le sujet des pères en salle d’accouchement est apparu tôt dans notre formation de sage-femme. Lors des périodes de formation pratique, nous nous sommes rendu compte que l’intégration des pères dans le processus de la naissance était l’une des facettes du métier de sage-femme qui nous touchait particulièrement, et ce sentiment s’est développé à travers différentes expériences marquantes tout au long de ces quatre années de formation. Tout d’abord, nous avons été impressionnées par les personnalités et la nature si différentes des pères rencontrés en salle d’accouchement. Cela a participé à l’émergence de l’une de nos premières interrogations ; comment pouvait-on offrir un accompagnement personnalisé à chacun de ces pères alors qu’ils n’avaient manifestement pas tous les mêmes besoins face à la situation ? Nos interrogations se sont également axées sur le fait que les pères, tout comme les mères, portaient tous une histoire et un parcours de vie bien différents, qui contenaient de multiples facteurs pouvant influencer leur expérience et leur comportement en salle de naissance (désir de grossesse, relation de couple, enfance personnelle, suivi de cours de PANP, vécu des naissances précédentes, désir de s’intégrer dans la périnatalité, etc.). Nous avons par ailleurs été confrontées à des situations où les pères manifestaient un certain malaise en lien avec la situation dans laquelle ils se trouvaient. La plupart semblaient éprouver des difficultés particulières à trouver leur rôle et leur place dans l’expérience du travail et de la naissance.. Nous avons souhaité cibler notre problématique sur le champ professionnel de la salle d’accouchement, car ces rencontres autour de la naissance nous ont offert des moments de partage et d’interaction avec les pères que nous n’arrivions pas à créer lors des consultations prénatales ou dans le suivi en P-P. Nous avons ainsi été sensibilisées à l’accompagnement des pères en salle d’accouchement dans le but d’offrir une prise en charge holistique1 de la triade mère/père/nouveau-né. Par exemple, nous avons réalisé que certaines actions que nous entreprenions envers les pères 1. « Le terme holistique s'applique à toute démarche globalisante ou syncrétique où divers éléments, habituellement isolés, sont regroupés et coordonnés pour l'obtention plus efficace d'un résultat visé. » (communication personnelle, [polycopié], Gendre, 2013).. 14.

(15) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. semblaient favoriser leur intégration et leur adaptation à la situation ; il pouvait s’agir de simples gestes, montrant que l’on se préoccupait de leurs besoins (proposer à boire, de s’asseoir, d’aller faire une sieste, etc.) ou d’actions permettant de créer une relation d’aide et de confiance, ainsi qu’un climat de sécurité émotionnelle (donner des informations et la possibilité de faire des choix éclairés, écouter les besoins, apporter de la bienveillance, du non-jugement et du respect, etc.).. Malgré cette prise de conscience et des efforts développés pour intégrer davantage les pères, un malaise restait parfois palpable dans certaines situations (par exemple, des pères posant beaucoup de questions et semblant perdre le contrôle de la situation). Les enjeux de cette problématique se sont alors développés dans nos esprits, et ont participé au développement et à l’appropriation de notre future identité de sage-femme.. c. Questionnement Les deux points principaux qui ont découlé de ces premières interrogations et que nous avons choisis de développer dans ce mémoire sont les attentes (ou les projections sur la naissance) et le vécu (ou l’expérience réelle) des pères en salle d’accouchement, car il nous semblait important d’apporter une prise en charge adaptée à leurs besoins. Ce mémoire vise donc dans un premier temps à comprendre quelles sont les attentes et les représentations des pères à propos de l’accouchement, leur vécu en salle de naissance, l’impact de l’analgésie péridurale [APD] sur ce vécu et s’il existe une différence de vécu entre les primipères1 et les multipères2. Dans un deuxième temps, il serait intéressant de se rendre compte. des. éléments. de. la. pratique. sage-femme. qui. pourraient. apporter. un. accompagnement adapté aux pères et dans quelle mesure les cours de PANP ont un impact sur leur vécu. Enfin, ce travail tente d’élargir la problématique de départ en s’intéressant aux conséquences psychiques qui peuvent se développer chez les pères dans le P-P. Ce mémoire débute par un cadre de référence afin d’apporter certaines notions théoriques en lien avec la paternité. Ensuite, la méthodologie de cette revue de la littérature [RdL] est expliquée, suivie d’une description et d’une analyse critique des études sélectionnées. Ce travail se termine enfin par une discussion ainsi qu’un chapitre comprenant des perspectives nouvelles pour la pratique professionnelle.. 1. Le terme « primipère » est un néologisme qui se réfère aux pères attendant leur premier enfant. Le terme « multipère » fait référence aux pères attendant leur deuxième enfant, ou plus. Ces deux termes sont expliqués plus en détail dans le cadre de référence (voir infra IV p.33). 2. 15.

(16) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. B. Cadre de référence a. L’identité masculine Ce chapitre a pour but de développer une définition de l’identité masculine à travers les notions de sexe et de genre. Cela sera important pour la suite de ce travail afin de comprendre les enjeux sous-jacents de la paternité.. I. Définition par le sexe. « L’humanité fait partie des espèces à reproduction sexuée, elle a donc deux "sexes" anatomo-physiologiques qui ont pour seule fonction sa perpétuation physique : la production de nouveaux individus. » (Mathieu in Hirata, Laborie, Le Doaré & Senotier, 2000, p.205). Il semble alors que l’espèce humaine contienne deux sexes biologiques : le sexe féminin et le sexe masculin.. Compelli & Fellous (2005) définissent le sexe biologique selon trois classes : . Le sexe génétique est défini par la présence d’un chromosome X et d’un chromosome Y dans le caryotype génétique de l’homme et de deux chromosomes X dans celui de la femme.. . Le sexe gonadique est défini par la présence des gonades (testicules chez l’homme et ovaires chez la femme), l’organe produisant les gamètes, c'est-à-dire, les cellules capables de reproduction sexuelle.. . Le sexe phénotypique correspond à l’aspect des organes génitaux externes (in Héritier, pp.92-93).. A la puberté, le sexe phénotypique est complété par l’apparition des caractères sexuels secondaires (pilosité, glandes mammaires, masse musculaire, taille, etc.), qui découlent de la sécrétion des hormones féminines et masculines (testostérone, œstrogène et progestérone) produites par les gonades. Selon cette définition en trois niveaux, on comprend donc qu’il peut être difficile de « classifier » certains individus naissant avec une ambiguïté sexuelle ; en effet, il peut exister des cas d’hermaphrodisme complexe avec, par exemple, un caryotype XY, la présence de testicules non descendues et des organes génitaux externes de type féminin.. 16.

(17) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. En dehors des cas d’ambiguïté sexuelle, on peut constater que d’un point de vue biologique, il est aisé de définir ce qu’est un homme ; en revanche, on verra qu’il est déjà plus difficile de le définir de manière comportementale, sociologique ou culturelle, sans risquer de tomber dans des généralités ou des clichés.. II. Définition par le genre. Selon Catherine Vidal (2005), neurobiologiste, si le sexe biologique avait un rôle majeur à jouer dans le comportement d’un individu, on devrait s’attendre à des comportements masculins et féminins bien distincts l’un de l’autre et similaires dans toutes les cultures. Or, l’auteure constate une grande diversité culturelle et pense alors que ce ne serait peut-être pas le sexe biologique qui guide ces conduites comportementales (in Héritier, p.76). Mathieu (2000) amène une autre notion à ce sujet : « On oppose généralement le sexe comme ce qui relève du biologique et le genre (gender en anglais) comme ce qui relève du social. » (in Hirata, Laborie, Le Doaré & Senotier, p.205). Il semblerait que ce concept de « genre » soit repris par beaucoup d’auteur-e-s et amène une distinction claire par rapport à la notion du « sexe biologique » (Boyancé, 2013 ; Clair, 2012 ; Welzer-Lang, 2004 ; Parini, 2006). Ce concept se serait progressivement institutionnalisé au cours des quinze dernières années, notamment dans les domaines de la sociologie (Clair, 2012, pp.10-12 et p.95). En voici la définition que nous propose l’Association des Femmes Africaines pour la Recherche et le Développement (AFARD, 2003) :. Le genre en tant que concept fait référence aux rôles et responsabilités des femmes et des hommes tels qu’ils sont déterminés par la société. Il est lié à la façon dont nous sommes perçus et censés penser et agir en tant qu’hommes et femmes en fonction de l’organisation de la société et non du fait de nos différences biologiques. […] Ces rôles et responsabilités sont déterminés d’un point de vue social et culturel et peuvent différer d’une communauté à une autre, d’un pays à un autre. (cité par d’Almeida, 2007). Le genre représenterait donc entre autres les rôles masculins et féminins attendus par la société. Pascale Molinier et Daniel Welzer-Lang (2000) précisent ce qu’est le masculin et le féminin :. En sociologie et anthropologie des sexes, masculinité et féminité désignent les caractéristiques et les qualités attribuées socialement et culturellement aux hommes et aux femmes. Masculinité et féminité existent et se définissent dans et par leur relation. Ce sont les rapports sociaux de sexe, marqués par la domination masculine,. 17.

(18) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. qui déterminent ce qui est considéré comme "normal"- et souvent interprété comme "naturel" - pour les femmes et les hommes. » (in Hirata, Laborie, Le Doaré & Senotier, p.77). Il en résulterait alors que ce sont les interactions sociales entre hommes et femmes qui construisent les identités féminines et masculines ainsi que leurs rôles sociaux attendus.. III Une masculinité, des masculinités Selon Michel Boyancé (2013), il n’y a pas de définition qui nous dise ce qu’est l’homme ou ce qu’est la femme en tant que tels (p.82). Il y aurait plutôt une multitude de masculinités à travers les cultures et les périodes historiques. Il en existerait même plusieurs formes coexistant au sein d’une même culture et au sein des relations sociales que les individus entretiennent entre eux. Par exemple, une forme hégémonique de masculinité est représentée comme la plus souhaitable dans la culture occidentale, mais ne serait pas nécessairement la plus commune (Connell in Welzer-Lang, 2000). Pour Connell et Messerschmidt (2005) « la masculinité hégémonique […] est sans aucun doute normative. Elle incarne la forme la plus vénérée de ce que doit être un homme, elle impose à tous les autres hommes de se positionner par rapport à elle et elle légitime idéologiquement la subordination totale des femmes aux hommes. » (in Prieur & Dupont, 2012, p.14). Il y aurait alors des attentes normatives par rapport à ce que doit être un homme et une notion de dominance de la masculinité sur la féminité.. Selon Planned Parenthood (2014), toute culture attribue certains stéréotypes aux comportements que devraient adopter les individus en fonction de leur genre. Ces attentes normatives de la société peuvent, par exemple, porter sur les traits de la personnalité, la répartition des rôles dans les tâches domestiques, les activités professionnelles ou encore sur l’apparence physique. Les auteur-e-s de Planned Parenthood illustrent ces attentes normatives par certains adjectifs représentatifs des caractéristiques fréquemment associés au genre masculin : indépendant, impassible, agressif, compétitif, maladroit, expérimenté, fort, actif, confiant, dur, rebelle, etc. Bien que ces représentations soient des généralités, elles peuvent montrer qu’une certaine pression incombe aux hommes de notre société. Pour la suite de ce travail, on peut donc retenir plusieurs points concernant l’identité masculine : de prime abord, les hommes se différencient des femmes par leur sexe génétique, gonadique et phénotypique. Ensuite, on comprend qu’il n’existe pas qu’une masculinité mais une multitude de masculinités rencontrées à travers le temps et les sociétés. Celles-ci se construisent à travers les interactions sociales et en fonction des. 18.

(19) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. attentes de la société, se rapportant alors à la notion de genre. Par ailleurs, s’il existe une multitude de masculinités, alors il existe certainement aussi une multitude de manière d’être père. Une question se dessine alors en lien avec le sujet de ce travail : dans quelle mesure est-ce que ces modèles masculins peuvent-ils influencer le comportement des futurs pères et influer sur leur envie de s’impliquer dans la grossesse, l’accouchement et la parentalité ?. b. Évolution de la paternité à travers l’histoire I. Introduction. Dans la littérature, on peut se rendre compte que la paternité a évolué de manière conséquente depuis la Rome antique ; elle a été marquée par différentes époques et événements marquants (notamment le Moyen-âge, la Renaissance, la Révolution et l’Industrialisation). Il est donc intéressant dans un premier temps d’identifier quels ont été les principaux facteurs de changement de la paternité à travers ces différentes périodes de l’histoire, afin de comprendre les mécanismes liés aux représentations de la paternité d’une manière générale. Dans un second temps, l’objectif de ce chapitre est de survoler les enjeux autour de la paternité dans un contexte contemporain. Bien que ce chapitre relève les principales données de l’histoire de la paternité, il ne représente pas un recueil exhaustif.. II. La Rome antique (~IVe siècle). Selon l’historien André Rauch (2007), le père au temps de l’Empire romain incarne une figure de pouvoir appelée le pater familias : le père de famille (p.13). La filiation paternelle dépend de la volonté du père à reconnaître son enfant, sans forcément qu’intervienne la notion de lien biologique avec celui-ci (p.14). En termes de devoirs, le père doit nourrir et éduquer son enfant. Cependant, le père détient plus de droits que de devoirs ; bien que les écrits ne soient pas avérés, il est mentionné dans la littérature que le père possède le plein pouvoir sur son enfant, notamment celui de mort et d’abandon : « Le pater, maître de la vie de son fils, peut l’exposer – c’est à dire le déposer sur un dépotoir public où il périt si aucun passant, messager de la faveur divine, ne vient le recueillir. » (Rauch, 2007, p.16).. III Le Moyen-Âge (VIe siècle au XVe siècle) Plusieurs éléments déterminants du Moyen-âge s’inscrivent dans un processus de changement dans la paternité. Rauch (2007) expose que le droit canonique (la loi ecclésiastique) s’introduit au Moyen-Âge, et cela représente le principal changement par rapport à la Rome Antique (p.21). Cette loi impose donc le mariage comme institution primordiale. Ainsi, la paternité d’un homme n’est reconnue qu’à travers le mariage, et non. 19.

(20) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. plus par choix, comme le mentionne la sociologue Christine Castelain-Meunier (1997) : « Le mariage lui permet d’inscrire sa lignée dans une autre lignée (celle de l’épouse) et de s’inscrire dans une communauté. Le père est défini par la place que lui confère l’institution du mariage. » (p.11). On peut constater que Dieu est perçu comme le père créateur, et l’Église Chrétienne comme une forme de paternité : « Incontestablement, la paternité obéit au Moyen-Âge à d’autres critères que dans le droit romain. Cela tient à l’hégémonie de la religion chrétienne, qui fait de Dieu le créateur, le principe et le modèle de toute paternité. » (Rauch, 2007, p.21).. Par conséquent, cela crée un changement majeur dans les droits juridiques du père envers son enfant, notamment celui de droit de vie et de mort sur celui-ci : Dès la fin de l’empire romain (milieu du Ve siècle après Jésus-Christ), la puissance paternelle, telle que nous l’avons décrite au chapitre précédent, décline juridiquement. En voici une illustration : si le droit de vie et de mort échappe au père de famille, ce n’est pas simplement la conséquence du déclin de la civilisation romaine, mais c’est parce que, du point de vue de l’Église, le droit sur la vie n’appartient qu’à Dieu le père. (Rauch, 2007, p.21) Les différents points cités plus haut témoignent d’un réel changement dans la paternité en termes de filiation par rapport à celle en vigueur à l’époque romaine.. IV Le courant de la Renaissance (XVIe siècle) La paternité est influencée par de nouveaux enjeux dès la période de la Renaissance. On observe tout d’abord un développement de nouveaux courants de pensée. Plusieurs écrivains traitent du thème de la paternité dans leurs ouvrages, comme par exemple, Rabelais (Pantagruel) et Montaigne (Les Essais), qui témoignent d’un certain remaniement philosophique de la fonction paternelle comparée à ce qu’elle était au Moyen-Âge : Si l’on retrouve les caractéristiques du Moyen Age dans l’exercice de la paternité chez Rabelais, pourtant les connotations sont plus sensibles et plus culturelles, moins obscurantistes et moins mystérieuses. Le père est toujours à distance physique de la naissance, toutefois il n’est pas dépourvu de tendresse et d’affection tout en gardant des croyances religieuses sur l’origine de la vie et de la mort. (Castelain-Meunier, 1997, p.20). 20.

(21) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. Par ailleurs, les hommes de la Renaissance s’inscrivent dans un processus de questionnement métaphysique sur l’existence, ce qui entraîne les gens à se rapprocher, comme le mentionne Castelain-Meunier (1997) : « Ces préoccupations fondamentales amènent à resserrer les liens. » (p.24). Enfin, on observe pendant cette période un changement des mœurs dans la vie de couple, notamment une répartition des responsabilités et un rapprochement des partenaires : « Les liens à l’intérieur du couple acquièrent une dimension affective. Le père doit avoir toute confiance pour l’éducation et la conduite des enfants par la mère. » (Castelain-Meunier, 2007, p.25).. V. « L’âge d’or des pères » (XVIe siècle au XVIIIe siècle). « L’âge d’or des pères »1 est une période marquante dans l’évolution de la paternité. Castelain-Meunier (1997) tend d’ailleurs à démontrer que c’est lors de cette période que l’autorité paternelle est à son apogée. En effet, le père a le droit de correction sur son enfant (il a le droit de le punir), ainsi que le droit sur le mariage (il prend la décision concernant le mariage de son fils/sa fille). La sociologue fait par ailleurs le lien entre autorité et pouvoir, en affirmant que les deux sont intimement liés. En effet, le père possède une autorité puissante envers son enfant et cela provoque une certaine méfiance : « Avec de tels pouvoirs, on conçoit que le père ait été redouté. » (ibid., 1997, p.33). Lors de cette période, le père possède une puissance telle, qu’il est hautement respecté dans sa fonction ; il a de hautes responsabilités, et plusieurs devoirs lui incombent : « Le père a pour mission d’assurer sa descendance, mais aussi par ses conseils et son exemple, de montrer quelle est la meilleure voie pour parvenir à la prospérité familiale et patrimoniale. » (Molinier, 1973, pp.446-473, cité par ibid., 1997, p.29).. VI La Révolution (1789) La Révolution marque un réel changement dans la puissance et l’autorité que le père détient, car la population rejette catégoriquement toute forme de pouvoir, comme illustré dans cette citation : Désireux de s’affranchir des prérogatives du « roi-père », les révolutionnaires, qui veulent lui arracher leur liberté, s’acharnent à proclamer les valeurs de la fraternité. Une fois que l’égalité fraternelle des citoyens unira le corps social, ce ne sera plus le « roi-père » qui fondera l’ordre de la nation. (Rauch, 2007, p.40) 1. Castelain-Meunier (1997) fait référence à la période entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle comme étant « communément appelée "l’âge d’or" des pères. » (p.29).. 21.

(22) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. Rauch (2007) affirme que « La souveraineté du roi sur son peuple, [...] s’inspirait de l’autorité du peuple sur sa famille [...] » (p.39), et c’est en ce sens que le lien semble se créer entre l’autorité du roi et de celle du père. En outre, l’historien affirme que la fuite et l’arrestation de Louis XVI provoque un bouleversement de l’image du père : il est perçu alors comme un père indigne dans l’idéologie générale et il s’en suit un affranchissement de l’image du « roi-père », tant dans l’idéologie de la population que dans les journaux (apparition d’images caricaturales et grotesques) (ibid., 2007, p.42). Cette période-là remet également en question le devoir d’éducation du père. En effet, l’organisation de l’éducation est entièrement revue et n’est plus dispensée par le père, mais par le Comité d’Instruction Publique. Par ailleurs, d’autres éléments viennent ébranler l’autorité paternelle au sein de la société, comme la création d’une identité juridique pour les femmes, ainsi que la transformation de l’institution du mariage sous forme de contrat civil.. Voici quelques événements importants qui ont influé sur la paternité au cours de la Révolution, selon Rauch (2007) : . 1790 : Le père ne peut pas faire enfermer ses enfants et n’a plus d’autorité absolue : le père doit se remettre à un juge pour « corriger » son enfant.. . 1791 : Le mariage n’est plus qu’un contrat civil.. . 1792 : La puissance paternelle n’agit plus sur les enfants majeurs.. . 1793 : Une Convention est établie interdisant au père de déshériter ses enfants (pp. 46-47).. Les différentes dates citées ci-dessus soulèvent l’idée que la paternité prend un nouveau tournant à la Révolution.. VII Le père bourgeois (XIXe siècle) Une nouvelle forme de paternité est décrite dans la littérature au sein de la bourgeoisie, une classe sociale qui émerge au XIXe siècle. En effet, l’homme tient alors le statut de père de famille honnête et responsable, qui développe une bonne relation avec ses enfants, et qui soutient les intérêts de son patrimoine. Le père est un individu respecté dans la société et. 22.

(23) Bachelor thesis Sage-femme – HEDS Genève. par ses enfants : « En toute logique, les fils doivent à leur père de l’honorer par leur réussite dans la société. » (Rauch, 2007, p.52). Par ailleurs, on note l’apparition de la préoccupation des pères à transmettre leur réussite à leurs enfants, dans l’idée de pérenniser la prospérité de génération en génération. On remarque alors que cette nouvelle forme de paternité s’inscrit dans une démarche tournée vers le futur :. En un mot, un bon père de famille se glorifie moins de la noblesse de ses ancêtres qu’il ne s’honore des succès de sa progéniture. Au souci d’honorer le lignage dont il est issu, il a substitué la préoccupation de promouvoir les enfants qui sont nés de lui. Les premiers contemplaient leur passé, pour lui tout se joue dans l’avenir. (Rauch, 2007, p.55) On peut se rendre compte que cette forme de paternité s’apparente à la conception de la paternité contemporaine et des représentations des pères dans la société actuelle.. VIII Le contexte historique de la paternité contemporaine (1945 nos jours) Le contexte de la paternité contemporaine relève de nombreux événements déterminants amenant la fonction paternelle à se remanier de manière significative, comme l’affirme Rauch (2007) : « La définition classique de la paternité, telle que nous l’avons connue dans notre histoire, est rendue caduque par le progrès de la biologie de la reproduction et par les modifications du droit de la filiation. » (p.93). Delumeau & Roche (2000) ajoutent que trois faits marquants sont à l’origine de la nouvelle identité des pères dès 1970 : . Le changement des formes de mariage et des types de famille.. . Les modifications des lois et de la filiation.. . L’évolution de la biomédecine (p.394).. Ces trois points semblent évoquer que la paternité contemporaine repose sur plusieurs facteurs concomitants qui ne concernent pas uniquement la loi juridique en vigueur.. Ce sous-chapitre a pour objectif de contextualiser la paternité contemporaine, et non de définir les rôles et la place des pères dans notre société actuelle.. 23.

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