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E. ANALYSE CRITIQUE DE LA REVUE DE LA LITTÉRATURE

2. Les rôles adoptés par les pères en salle d’accouchement

L’étude de Capogna, Camorcia & Stirparo (2006) met en lien les expériences des pères avec l’utilisation de l’APD : de manière générale, 97% des pères du groupe avec APD ont estimé que leur présence en salle de naissance correspondait à ce qu’ils avaient imaginé en prénatal alors que seulement 21,4% de ceux du groupe sans APD ont reporté cet avis (p<0.0001).

Dans la même étude, les pères du groupe sans APD, ont estimé que leur présence avait été superflue (p<0.0001), inutile (p=0.03), et moins utile (p<0.0001) que les pères du groupe avec APD. Cependant, lors du questionnaire prénatal, les deux groupes avaient jugé de manière équivalente l’importance de leur soutien et de leur présence auprès de leur partenaire (p<0.0001).

2.1 Le soutien des pères envers leur partenaire durant le travail et

l’accouchement

Selon l’étude qualitative de Kopff-Landas & al. (2008), 18 pères ont adopté un comportement apaisant envers leur partenaire, en particulier lors de la phase de travail. De plus, 22 pères (66%) rapportent avoir été un soutien pour leur partenaire lors du travail et de l’accouchement. Cependant, douze pères de ce groupe (54%) ont utilisé dans leurs réponses des mots évoquant de l’incertitude, par exemple, « […] il me semble oui » (p.1103). Le rôle de soutien est également rapporté par les pères dans l’étude qualitative de Premberg, Carlsson, Hellström, & Berg (2011), et les résultats précisent les différentes actions en lien avec ce soutien : masser, hydrater, donner des forces, rassurer, avoir un rôle de « supporter » lorsque cela est nécessaire, et même soutenir physiquement (notamment au moment l’expulsion).

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70 Le soutien physique lors de l’expulsion est également décrit par la moitié des pères comme faisant partie de leur rôle (Kopff-Landas & al., 2008).

Cependant, la plupart des études montrent que les pères ont des sentiments négatifs concernant le soutien qu’ils ont pu apporter. Dans l’étude quantitative de Johnson (2002a), 53,7% des pères pensent qu’ils n’ont pas été soutenants envers leur partenaire. L’autre article de Johnson (2002b) relève également cela pour la plupart des pères, alors que 70,7% avaient imaginé que leur rôle serait soutenant. Par ailleurs, cette même étude démontre que 12% des pères se sont sentis déroutés à cause de cela.

D’une manière générale, divers sentiments négatifs sont ressortis des études autant qualitatives que quantitatives : 30% des pères se sont sentis inutiles (Kopff-Landas & al., 2008). 18% se sont sentis impuissants. (Kopff-Landas & al., 2008). Enfin, 51% se sont décrits comme ayant été passifs (Johnson, 2002a).

L’étude qualitative de Bäckström & Hertfelt Wahn (2009) révèle quant à elle que certains pères se sont retrouvés dans une situation où ils ne savaient plus comment aider leur partenaire durant la phase du travail. Ils se sont sentis paniqués, inutiles et désinvestis, et ils déplorent n’avoir reçu aucun soutien de la part du personnel soignant. Cela a entravé leur confiance envers les soignants. En outre, la même étude démontre qu’il est parfois difficile pour les pères de savoir ce qu’ils peuvent faire pour aider leur partenaire. Dans le même ordre d’idées, on retrouve dans l’étude quantitative de Johnson (2002a) que 56% des pères ont eu le sentiment de ne pas avoir été à leur place.

Selon la même étude, le fait que les pères se sentent inutiles et ne comblent pas les attentes qu’ils avaient projetées en lien avec leur rôle en salle d’accouchement augmente leur stress (score IES plus élevé chez les pères qui pensent ne pas avoir été soutenant envers leur partenaire comparé aux hommes qui ont l’impression d’avoir réussi dans ce rôle (p<0.05)).

Enfin, quelques résultats portent sur la différence de perception entre les pères et les mères : l’étude qualitative de Kopff-Landas & al. (2008) montre que « cinq femmes ont estimé le soutien du conjoint supérieurement à l’évaluation de celui-ci. » (p.1103). Le même résultat apparaît dans l’étude quantitative de Moreau, Kopff-Landas, Séjourné & Chabrol (2008) où les mères évaluent la participation et le soutien des pères de manière significativement plus élevée que les pères eux-mêmes (p<0.001).

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2.2 Le rôle « protecteur » des pères envers leur partenaire

L’étude qualitative de Premberg & al. (2011) montre que les pères pensent qu’ils ont un rôle de médiateur entre l’équipe médicale et leur partenaire dans le but de les protéger des stimuli négatifs (en filtrant et en cachant les informations dispensées par les professionnel-le-s). Dans la même étude, les pères ont ressenti le besoin de réprimer leurs sentiments de frustration, d’irritation et d’anxiété pour ne pas inquiéter leur partenaire durant le travail.

Une autre étude qualitative relève que les pères se sont parfois volontairement mis de côté pour que la sage-femme puisse se concentrer sur la prise en soin de la partenaire et de l’enfant (Bäckstrom & Hertfelt Wahn, 2009).

2.3 Les ressources pouvant aider les pères à définir leur rôle pendant

l’accouchement

i La communication avec la partenaire

L’étude de Bäckström & Hertfelt Wahn (2009) souligne le besoin des pères d’être aiguillés dans leur rôle, autant par leur partenaire que par la sage-femme (voir infra 4. p.78). En effet, ils se sont sentis encouragés et guidés lorsque leur partenaire leur disait quoi faire et comment être plus actifs, plus soutenants auprès d’elle. De plus, les pères ont relevé que la communication avec leur partenaire durant le travail était aidante.

ii Prendre modèle sur les sages-femmes

Dans la même étude, les pères se sont sentis davantage impliqués dans le processus de la naissance lorsqu’ils pouvaient imiter la manière dont la sage-femme accompagnait la femme.

iii La préparation à la naissance

Trois études s’intéressent notamment aux cours de PANP et évaluent si ceux-ci ont pu être une aide pour les pères présents à l’accouchement. Kopff-Landas & al. (2008, étude qualitative) nous rapportent que 54% des pères ont assisté à des cours de PANP. Sur cet échantillon, 72% ont trouvé que cela leur avait été utile pendant le travail et l’accouchement, notamment pour mieux appréhender les événements et l’accompagnement de leur partenaire.

Selon Bäckström & Hertfelt Wahn (2009, étude qualitative), Les pères se sont sentis rassurés et moins stressés lorsqu’ils se sont remémoré certaines informations reçues durant

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72 la grossesse (lecture diverses, discussion avec des amis, discussions avec une sage-femme, discussion avec leur partenaire, cours de PANP) et cela a influencé leur implication auprès de leur partenaire.

Enfin, Johnson (2002b, étude qualitative et quantitative) révèle que certains hommes ne se sont pas sentis assez préparés pour l’expérience du travail et de l’accouchement, et ce sentiment a été retrouvé tant chez les primipères que chez les multipères. Ils ont notamment été pris au dépourvu face à la douleur de leur partenaire.

iv Les gestes symboliques : couper le cordon

Cinq hommes ont spontanément parlé du moment où ils ont coupé le cordon ombilical dans l’entretien de l’étude Kopff-Landas & al. (2008). Par ailleurs, l’étude qualitative et quantitative de Johnson (2002b) stipule que l’acte de couper le cordon ombilical est important pour les pères. En effet, la majorité des pères qui ont coupé le cordon ombilical se sont sentis impliqués dans la naissance de leur enfant de manière significative, et pour certains, c’est le seul moment de l’accouchement où ils se sont sentis utiles.

Cependant, les pères ont éprouvé des émotions négatives lorsqu’ils se sont sentis contraints de couper le cordon ombilical (Premberg & al., 2011, étude qualitative).

III Le vécu du travail et de l’expulsion

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