MPSI B 29 juin 2019
Énoncé
On considère l'application f de C ∗ dans C dénie par f(z) = z + 1 z . 1. a. Montrer que f est surjective.
b. Soit Γ l'ensemble des nombres complexes de module 1. Déterminer l'image F de Γ par f .
Montrer que l'image réciproque de F par f est Γ .
c. Soit D = {z ∈ C tq 0 < |z| < 1} , montrer que l'application g qui coïncide avec f mais dénie dans D et à valeurs dans C − F est une bijection.
2. a. Montrer que, pour tout entier n positif ou nul, il existe un unique polynôme P n tel que :
∀z ∈ C ∗ , f (z n ) = ˜ P n (f (z)) et que
∀n ≥ 1, P n+1 = XP n − P n−1 b. Expliciter P 0 , P 1 , P 2 , P 3 .
c. Déterminer le degré de P n et étudier la parité de P n .
3. Soit n et k deux entiers naturels ; calculer la dérivée de la fonction qui à x ∈ ]−2, +2[
associe 2 cos(n arccos x 2 ) .
Préciser la valeur de cette dérivée en 2 cos (2k+1)π 2n pour k ∈ {0, . . . , n − 1} .
4. Pour tout entier n supérieur ou égal à 1, on considère l'équation polynomiale dans C :
P ˜ n (x) = 0 (1)
a. Résoudre l'équation (1). Vérier qu'elle admet n solutions distinctes. Classées par ordre décroissant, elles seront notées x n,k ; k variant de 0 à n − 1 :
x n,0 ≥ x n,1 ≥ · · · ≥ x n,k ≥ · · · ≥ x n,n−1
b. On suppose n ≥ 2 , montrer que
∀k ∈ {0, . . . , n − 2} , x n,k > x n−1,k > x n,k+1
Etant donné un nombre complexe b , on considère, pour tout entier n ≥ 2 , l'équation polynomiale dans C
P ˜ n (x) = b (2)
5. On suppose que b n'appartient pas à l'intervalle réel [−2, +2] . Montrer que (2) admet n racines distinctes.
6. On suppose que b ∈ [−2, +2] et on pose θ = arccos b 2 . a. Exprimer les solutions de (2) en fonction de θ .
b. Pour quelles valeurs de b l'équation (2) admet-elle des racines doubles ?
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Rémy Nicolai ArecipolMPSI B 29 juin 2019
Corrigé
1. a. Pour tout complexe w , l'équation z + 1 z = w d'inconnue z 6= 0 est équivalente à z 2 − zw + 1 = 0 qui, comme toute équation polynomiale complexe admet des solutions. Le calcul explicite des solutions est inutile ici. La fonction f est surjective.
b. Soit z = e iθ ∈ Γ , alors f (z) = 2 cos θ ∈ [−2, +2] donc F ⊂ [−2, +2] . Réciproque- ment, si y ∈ [−2, +2] , il existe θ tel que y = 2 cos θ donc y = f (e iθ ) . On a donc F = [−2, +2] .
Si w = 2 cos θ, l'équation polynômiale considérée au a. devient (z − e iθ )(z − e −iθ ) = 0
Les deux antécédents de w sont donc e iθ et e −iθ de module 1 ce qui montre f −1 ([−2, +2]) = Γ .
c. Il s'agit de montrer que, pour chaque w ∈ C − [−2, +2] , il existe un unique z ∈ D tel que z 2 − zw + 1 = 0 .
Soit z 1 , z 2 tels que z 2 −zw+1 = (z−z 1 )(z−z 2 ) et que |z 1 | ≤ |z 2 | . Comme z 1 z 2 = 1 ,
|z 1 | 6= |z 2 | sinon les deux modules seraient égaux à 1 et w appartiendrait à F.
On a donc |z 1 | < 1 < |z 2 | ce qui montre que w admet un seul antécédent z 1 dans D .
2. a. On raisonne par récurrence, l'existence et l'unicité de P 0 et P 1 sont évidentes avec P 0 = 2 , P 1 = X . Supposons l'existence, l'unicité et la formule vériée jusqu'à un ordre n alors :
f (z n+1 ) = (z + 1
z )(z n + 1
z n ) − (z n−1 + 1 z n−1 )
= (z + 1
z ) ˜ P n (z + 1
z ) − P ˜ n−1 (z + 1 z )
avec P n+1 = XP n − P n−1 . L'unicité du polynôme P n+1 est assurée par le fait que z + z 1 prend une innité de valeurs quand z décrit C ∗ .
b. La formule précédente conduit à P 2 = X 2 − 2 , P 3 = X 3 − 3X c. Il est clair par récurrence que P n est de degré n et que
P ˜ n (−X ) = (−1) n P n
Le polynôme P n est donc pair lorsque n est pair, impair lorsque n est impair.
3. Si φ(x) = 2 cos(n arccos x 2 ) , φ 0 (x) = √ 2n
4−x
2sin(n arccos x 2 ) .
Si x = 2 cos (2k+1)π 2n , comme (2k+1)π 2n ∈ ]0, π[ lorsque k est dans {0, . . . , n − 1} , on a
arccos x
2 = (2k + 1)π 2n sin(n arccos x
2 ) = sin (2k + 1)π
2 = sin( π
2 + kπ) = (−1) k p 4 − x 2 =
r
4 sin 2 (2k + 1)π
2n = 2 sin (2k + 1)π 2n On en déduit nalement
φ 0 (2 cos (2k + 1)π
2n ) = (−1) k n sin (2k+1)π 2n 4. a. Soit x ∈ C , il existe z ∈ C ∗ tel que x = f (z) . Alors
P ˜ n (x) = ˜ P n (f (z)) = f (z n )
donc P ˜ n (x) = 0 si et seulement si z n + z 1
n= − c'est à dire z 2n = −1 . Les solutions de cette dernière équation sont les 2n nombres complexes w k = e iθ
kavec k ∈ {0, . . . , 2n − 1} et
θ k = π 2n + k π
n = (2k + 1)π 2n
Remarquons que si k 0 = 2n−1−k , k 0 ∈ {0, . . . , 2n − 1} lorsque k ∈ {0, . . . , 2n − 1}
avec θ k
0= 2π−θ k . Les 2n nombres complexes w k sont donc deux à deux conjugués, comme f (w k ) = f (w k ) = 2 cos θ k , on obtient ainsi n solutions
2 cos θ 0 > 2 cos θ 1 > · · · > 2 cos θ n−1
de l'équation (1). Ce sont les seules à cause du degré. On posera donc
x n,k = 2 cos (2k + 1)π 2n
Pour comparer les x n,k , il sut de comparer les θ k car tout se passe dans [0, π]
où cos est décroissante. Il sut donc de montrer que 2k + 1
n < 2k + 1
n − 1 < 2(k + 1) + 1 n
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Rémy Nicolai ArecipolMPSI B 29 juin 2019
La première inégalité est évidente, la seconde résulte de : 2k + 3
n − 2k + 1
n − 1 = 2n − 2k − 3
n(n − 1) > 2n − 2(n − 2) − 3
n(n − 1) = 1
n(n − 1) lorsque k ∈ {0, . . . , n − 2} .
5. Si b / ∈ [−2, +2] , il existe un unique w dans D tel que b = f (w) . Cherchons des solutions x de (2) sous la forme x = f (z) .
Un tel x est solution si et seulement si f (z n ) = f (w) . Les n racines n ièmes {z 0 , z 1 , · · · , z n−1 } de w sont dans D sur lequel f est injective . On en déduit que f(z 0 ), f (z 1 ), · · · , f (z n−1 ) sont n solutions distinctes de (2) dans C − [−2, +2] . Comme P n − b est un polynôme de degré n , ce sont les seules.
6. a. Soit x une solution de (2), il existe z 1 et z 2 tels que x = f (z 1 ) = f (z 2 ) . Ils vérient f (z 1 n ) = f (z n 2 ) = b ∈ [−2, +2] donc, d'après 1., z 1 et z 2 sont conjuguées et de module 1 .
Posons z 1 = e iφ , z 2 = e −iφ . On en déduit que P n (x) = b si et seulement si x = 2 cos φ avec cos nφ = cos θ . L'ensemble des racines de (2) dans ce cas est donc
2 cos
θ + 2kπ n
, k ∈ {0, . . . , n − 1}
b. L'équation admet des racines multiples lorsque cet ensemble contient stricte- ment moins de n éléments ; c'est à dire lorsque e iθ admet deux racines n ièmes conjuguées . Leurs puissances seraient alors également conjuguées, e iθ serait réel.
Ce cas se produit seulement si b = 2 ou b = −2 .
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