Universit´e Pierre & Marie Curie Master de math´ematiques 1
Ann´ee 2011-2012 Module MM020
Th´ eorie des Nombres - TD3 Loi de r´ eciprocit´ e quadratique
Exercice 1 : Pour quels nombres premiers pla classe de l’entier 7 modulop est-elle un carr´e ? Solution de l’exercice 1. Tout d’abord, il est clair que 7 est un carr´e modulo 2 et modulo 7.
Soit maintenant un nombre premier impairp6= 7. On ´ecrit la loi de r´eciprocit´e quadratique : p
7
7 p
= (−1)p−12 . On en d´eduit donc que
7 p
= 1 si et seulement si ( p7
= 1 etp≡1 [4]) ou ( p7
=−1 et p≡3 [4]).
Ecrivons la liste des carr´´ es non nuls modulo 7 : 1,2,4 mod 7 sont les carr´es non nuls modulo 7.
Alors la condition pr´ec´edente s’´ecrit ainsi : 7
p
= 1 si et seulement si (p≡1,2,4 [7] et p ≡1 [4]) ou (p≡3,5,6 [7] etp≡3 [4]).
Or le lemme chinois assure que l’on a un isomorphisme d’anneauxφ:Z/7Z×Z/4Z
∼=
−→Z/28Z, d´efini parφ(amod 7, b mod 4) := 8a−7b mod 28 (puisqu’une relation de Bezout s’´ecrit 4.2 + 7.(−1) = 1).
Donc les conditions pr´ec´edentes se traduisent ainsi :
7 p
= 1 si et seulement si p ≡ 1,9,25 [28] ou p≡3,19,27 [28].
Finalement, on a montr´e que pour tout nombre premierp, 7 est un carr´e modulop si et seulement si p≡1,2,3,7,9,19,25,27 [28],
si et seulement si
p= 2 ou p= 7 oup≡1,3,9,19,25,27 [28].
Exercice 2 : Expliciter la fonctionp7→
3 p
.
En d´eduire que la condition “3 est un carr´e modulo p” ne d´epend que de la classe de p modulo 12.
Solution de l’exercice 2. Notons pour simplifier f(p) :=
3 p
. D’abord, il est clair que f(3) = 1 et f(2) = 1.
Soit maintenant un nombre premierp≥5.
La loi de r´eciprocit´e quadratique assure que f(p) = p3
(−1)p−12 . Or les carr´es modulo 3 sont exacte- ment les classes de 0 et de 1. Par cons´equent, on a f(p) = 1 si et seulement si (p≡1 [3] et p≡1 [4]) ou (p≡2 [3] etp≡3 [4]).
Le lemme chinois assure qu’il y a un isomorphismeϕ:Z/3Z×Z/4Z
∼=
−→Z/12Zdonn´e parϕ(amod 3, bmod 4) = 4a−3bmod 12. Donc les conditions pr´ec´edentes sont ´equivalentes aux conditions suivantes :f(p) = 1
si et seulement sip≡1 [12] oup≡11 [12].
Finalement, on a montr´e que : 3
p
= 1 si et seulement si p= 2,3 oup≡1,11 [12]
et
3 p
=−1 si et seulement si p≡5,7 [12].
Exercice 3 : Soit n∈Z. Montrer que l’entiern2+n+ 1 n’admet aucun diviseur de la forme 6k−1, aveck∈Z\ {0}.
[Indication : on pourra montrer que sidest un diviseur de n2+n+ 1, alors−3 est un carr´e mod. d.]
Solution de l’exercice 3. Soit d un diviseur positif de n2 +n+ 1. Alors d est impair et d divise 4(n2 +n+ 1). Or 4(n2 +n+ 1) = (2n+ 1)2+ 3, donc (2n+ 1)2 ≡ −3 [d], donc −3 est un carr´e modulod. Supposons maintenant qued=p est un diviseur premier de n2+n+ 1, avec p 6= 3. Alors −3
p
= 1, i.e.
−1 p
3 p
= 1. Donc
3 p
= (−1)p−12 . Or la loi de r´eciprocit´e quadratique assure que 3
p
= (−1)p−12 p3
. Donc on obtient p3
= 1, ce qui ´equivaut `a p ≡ 1 [3]. Finalement, les facteurs premiers de n2+n+ 1 sont soit 3, soit congrus `a 1 modulo 3. Donc tout diviseur de n2+n+ 1 est congru `a 1 ou 3 modulo 6. Donc il n’existe aucun diviseur de la forme 6k−1.
Exercice 4 : Soitp un nombre premier de Fermat, i.e. de la forme p= 22n+ 1, avec n∈N.
Montrer que la classe de 3 dansZ/pZengendre (Z/pZ)∗ d`es quep6= 3. Mˆeme question en rempla¸cant 3 par 5, puis par 7.
Solution de l’exercice 4. On suppose p 6= 3. Le groupe (Z/pZ)∗ est cyclique d’ordre 22n. Donc 3 engendre ce groupe si et seulement si 3 n’est pas un carr´e modulo p, si et seulement si
3 p
= −1 si et seulement si p3
=−1 si et seulement sip≡2 [3]. Or on a p= 22n+ 1 et 22n ≡(−1)2n ≡1 [3] car n≥1, doncp≡2 [3], donc 3 engendre (Z/pZ)∗.
On fait le mˆeme raisonnement en rempla¸cant 3 par un nombre premier impair q : supposons p 6=q.
Alorsqengendre (Z/pZ)∗ si et seulement siq n’est pas un carr´e modulop, si et seulement si
q p
=−1 si et seulement si
p q
= −1. Or pour q = 5, on trouve p5
=
42n−1+1 5
, et 42n−1 ≡ 1 [5] d`es que n≥2. Donc pour q= 5 etn≥2, on trouve que p5
= 25
=−1, donc 5 engendre (Z/pZ)∗. De mˆeme, pourq = 7 etn≥3, on trouve p7
= 37
ou 57
selon la parit´e den, donc p7
=−1, d’o`u le r´esultat.
Exercice 5 : Soitp un nombre premier impair.
a) Montrer que
X
x∈F∗p
x p
= 0.
b) Soit ζp ∈ C une racine primitive p-i`eme de l’unit´e. On pose s := P
x∈F∗p
x p
ζpx. Montrer que s2 =
−1 p
p.
[Indication : on pourra montrer que s2 =P
x,y∈F∗p
y p
ζpx(y+1)]
c) En d´eduire que toute extension quadratique deQest contenue dans une extension cyclotomique (i.e. de la forme Q(ζn), o`u ζn est une racine primitive n-i`eme de l’unit´e).
Solution de l’exercice 5.
a) On noteS :=P
x∈F∗p
x p
. Puisquep >2, il existey∈F∗p tel que
y p
=−1. Alors le morphisme x7→yx est une bijection deF∗p dans lui-mˆeme, donc
S = X
x∈F∗p
x p
= X
x∈F∗p
yx p
= X
x∈F∗p
y p
x p
=− X
x∈F∗p
x p
=−S . Donc 2S = 0, doncS = 0.
b) On a
s2= X
x∈F∗p
X
y∈F∗p
xy p
ζpx+y.
Or pour tout x ∈ F∗p, l’application y 7→ xy est une bijection de F∗p dans lui-mˆeme. Donc pour tout x∈F∗p, on a
X
y∈F∗p
xy p
ζpx+y = X
y0∈F∗p
x2y0 p
ζpx+xy0 = X
y0∈F∗p
y0 p
ζpx(1+y0).
Par cons´equent, on en d´eduit que s2 = X
x,y∈F∗p
y p
ζpx(1+y)= X
y∈F∗p
y p
X
x∈F∗p
ζp1+yx
= X
x∈F∗p
−1 p
+ X
y∈F∗p\{−1}
y p
X
x∈F∗p
ζp1+yx
,
o`u la derni`ere ´egalit´e est obtenue en isolant le terme correspondant `a y = −1. Or pour tout y 6=−1,ζp1+y est une racine primitive p-i`eme de l’unit´e, doncP
x∈F∗p
ζp1+yx
=−1, d’o`u s2 = (p−1)
−1 p
− X
y∈F∗p\{−1}
y p
=p −1
p
− X
y∈F∗p
y p
.
Par la question pr´ec´edente, la derni`ere somme est nulle, donc finalement s2 =
−1 p
p .
c) Cela se fait en plusieurs ´etapes. Remarquons d’abord que Q(√
2) ⊂ Q(ζ8) = Q(i,√
2) et que Q(√
−1) =Q(ζ4).
Soit maintenant un nombre premier impair p. La question b) assure que
−1 p
p est un carr´e dans le corps Q(ζp) (c’est le carr´e de s∈ Q(ζp)). Par cons´equent, p est un carr´e dans le corps Q(i, ζp) =Q(ζ2p). Donc finalement, pour toutppremier impair, Q(√
p)⊂Q(ζ2p).
Soit maintenant une extension quadratique quelconque K/Q. On sait qu’il existe un entier sans facteur carr´ed∈Ztel queK=Q(√
d). On d´ecomposeden facteurs premiers : il existe∈ {±1}, s∈ {0,1}etp1, . . . , pr des nombres premiers impairs distincts, tels qued=2sp1. . . pr. Grˆace `a l’´etude pr´ec´edente, on a les inclusions suivantes :
Q(√
d)⊂Q(√ ,√
2,√
p1, . . . ,√
pr)⊂Q(ζ8, ζ2p1, . . . , ζ2pr).
Finalement, on remarque queQ(ζ8, ζ2p1, . . . , ζ2pr) =Q(ζn), o`un= 8p1. . . pr, et on a bien montr´e que
K =Q(√
d)⊂Q(ζn). Exercice 6 : Soitp un nombre premier impair.
a) Soitn∈Npremier `ap. Montrer qu’il existex, y∈Zpremiers entre eux tels quep|x2+ny2 si et seulement si
−n p
= 1.
b) V´erifier la formule suivante pour toutw, x, y, z, n∈Z:
(x2+ny2)(z2+nw2) = (xz±nyw)2+n(xw∓yz)2.
c) En d´eduire que si un entier N s’´ecrit N = x2 +ny2, et si un nombre premier q|N s’´ecrit q =z2+nw2 (w, x, y, z∈Z), alors l’entier Nq s’´ecrit aussi Nq =a2+nb2 (a, b∈Z).
d) On suppose que n= 1,2,3 et qu’il existe a, b∈Zpremiers entre eux tels quep|a2+nb2. i) Montrer que l’on peut supposer que |a|,|b|< p2 eta2+nb2< p2.
ii) En d´eduire qu’il existe x, y∈Z tels quep=x2+ny2. e) En d´eduire les ´enonc´es suivants :
i) un nombre premier impairpest somme de deux carr´es d’entiers si et seulement sip≡1 [4].
ii) un nombre premier impair p s’´ecrit sous la forme x2 + 2y2 (x, y ∈ Z) si et seulement si p≡1,3 [8].
iii) un nombre premier p s’´ecrit sous la forme x2 + 3y2 (x, y∈ Z) si et seulement si p = 3 ou p≡1 [3].
Solution de l’exercice 6.
a) Il existe x, y ∈ Z premiers entre eux tels que p|x2 +ny2 si et seulement si il existe x, y ∈ Z premiers entre eux tels que x2 ≡ −ny2 [p] si et seulement si il existex, y∈Zpremiers entre eux tels que
x y
2
≡ −n[p] (car p ne divise pas y : dans le cas contraire, p divise aussi x, ce qui contredit le fait que x ety sont premiers entre eux). Cela ´equivaut `a dire que −n est un carr´e modulo p, i.e. `a
−n p
= 1.
b) Il suffit de d´evelopper.
c) Par la question pr´ec´edente, on remarque qu’il suffit de trouvera, b∈Z tels que
x=za±nwb , y=∓wa+zb . (1)
En r´esolvant ce syst`eme, on voit qu’il suffit de montrer que quitte `a changer les signes dex, y, z, w, q divisexz−nyw etxw+yz.
Or, on calcule
(xw+yz)(xw−yz) =x2w2−y2z2= (N−ny2)w2−y2(q−nw2) =N w2−qy2, donc q divisexw+yz ou xw−yz.
Quitte `a changer le signe de w, on peut supposer que q divisexw−yz. Il existe donc b∈Ztel que yz−xw=bq. Montrons qu’alorszdivisex+nbw. Puisque z etwsont premiers entre eux, il suffit de montrer que z divise (x+nbw)w = yz−bq+nbw2 = yz−bz2, ce qui est clair. Il existe donc a∈Z tel quex+nbw=az.
On d´eduit alors des calculs pr´ec´edents queazw=yz−bz2, doncy=aw+bz. Finalement, on a construita, b∈Ztels quex=za−nwb ety=wa+zb, ce qui est bien la formule souhait´ee (1).
Remarquons au passage que si x, ysont premiers entre eux, alorsaetbsont premiers entre eux.
d) i) Posonsa0:=a+rpetb0 :=b+sp, avecr, s∈Z. On constate que l’on a toujoursp|a02+nb02. Par cons´equent, on peut supposer que|a|,|b|< p2, maisaetbpeuvent alors avoir un facteur commun. Quitte `a diviser alorsaetbpar PGCD(a, b) (ce PGCD n’est pas divisible parp), on obtient que p|a2+nb2,|a|,|b|< p2 et PGCD(a, b) = 1.
Enfin, on a a2+nb2< p22
+ 3 p22
≤p2, ce qui conclut cette question.
ii) On raisonne par l’absurde : supposons la propri´et´e fausse en g´en´eral. Il existe alors un nombre premier pminimal tel quepdivise un entierN qui s’´ecrita2+nb2, maisplui-mˆeme ne s’´ecrit pas sous la formex2+ny2. Grˆace `a la question pr´ec´edente, on peut supposer que a2+nb2 =N, avec N =pk,k∈N,|a|,|b|< p2 etN < p2. Soit l6=pun facteur premier de N. N´ecessairement,l < p, etl|a2+nb2, donc par minimalit´e dep, il existez, w ∈Zpremiers entre eux tels quel=z2+nw2. Grˆace `a la question c), il existe c, d∈Zpremiers entre eux tels que Nl =c2+nd2. On recommence ainsi pour tous les facteurs premiers deN distincts de p, et on obtient finalement que le quotient de N par Np est de la forme souhait´ee. Par cons´equent, la question c) assure queps’´ecrit sous la formex2+ny2, avecx, y∈Zpremiers entre eux, ce qui est contradictoire.
D’o`u la conclusion.
e) i) Les questions a) et d) assurent que p est une somme de deux carr´es si et seulement si −1
p
= 1 si et seulement si p≡1 [4].
ii) Les questions a) et d) assurent que p est de cette forme si et seulement si
−2 p
= 1 si et seulement si
2 p
= −1
p
si et seulement si (loi de r´eciprocit´e quadratique) (−1)p−12 = (−1)p
2−1
8 si et seulement sip≡1 [8] oup≡3 [8]. Finalement,ps’´ecrit sous la formex2+2y2 si et seulement sip≡1,3 [8].
iii) Les questions a) et d) assurent quepest de cette forme si et seulement sip= 3 ou −3
p
= 1 si et seulement si p = 3 ou
3 p
= −1
p
si et seulement si (en utilisant l’exercice 2) p = 3 ou p ≡1 [12] oup ≡7 [12]. Finalement, p s’´ecrit sous la forme x2+ 3y2 si et seulement si p= 3 ou p≡1,7 [12] si et seulement si p= 3 oup≡1 [3].
Exercice 7 : Une autre preuve de la loi de r´eciprocit´e quadratique.
Soient p, q deux nombres premiers impairs distincts. On d´efinit le groupe G par G := (Z/pZ)∗ × (Z/qZ)∗. On noteU le sous-groupe deG form´e des deux ´el´ements (1,1) et (−1,−1). Enfin, on d´efinit H comme le quotientH :=G/U. On pose alorsπ:=Q
x∈Hx∈H.
a) Montrer qu’un syst`eme de repr´esentants deH dansGest donn´e par les ´el´ements (i, j)∈G, avec i= 1,2, . . . , p−1 et j= 1,2, . . . ,q−12 .
b) En d´eduire que
π =
(p−1)!q−12 ,(q−1)!p−12 (−1)p−12 q−12
mod U .
c) Montrer qu’un syst`eme de repr´esentants de H dansGest donn´e par les ´el´ements (k, k)∈G, o`u k d´ecrit les entiers entre 1 et pq−12 premiers `a pq.
d) En d´eduire que
π=
(p−1)!q−12 q
p
,(q−1)!p−12 p
q
mod U . e) En d´eduire la loi de r´eciprocit´e quadratique :
p q
q p
= (−1)p−12 q−12 .
Solution de l’exercice 7.
a) Il est clair que deux ´el´ements distincts du sous-ensembleE1:={(i, j)∈G:i= 1, . . . , p−1 etj = 1, . . . ,q−12 } de G ont une image distincte dans H : il ne peuvent ˆetre oppos´es l’un de l’autre dansG(regarder la seconde composante). Par cons´equent, le morphisme quotientG→H induit une injection E1 → H. Or E1 et H sont deux ensembles finis de mˆeme cardinal (p−1)(q−1)2 , donc le morphisme quotient induit une bijection E1
∼=
−→ H. Donc E1 est bien un ensemble de repr´esentants de H dansG.
b) On d´eduit de la question pr´ec´edente que
π= Y
(i,j)∈E1
(i, j) mod U . Par cons´equent, un calcul simple assure que
π =
(p−1)!q−12 ,
q−1 2
Y
j=1
j
p−1
mod U .
Or la seconde composante de ce couple s’identifie `a
q−1 2
Y
j=1
j
p−1
=
q−1 2
Y
j=1
j2
p−1 2
=
(−1)q−12
q−1 2
Y
j=1
j(−j)
p−1 2
≡(−1)p−12 q−12
q−1
Y
j=1
j
p−1 2
[q], et donc on obtient bien
π =
(p−1)!q−12 ,(−1)p−12 q−12 (q−1)!p−12
mod U .
c) Montrons d’abord que le morphisme quotientG→Hrestreint `a l’ensembleE2(le sous-ensemble deGd´efini dans cette question) est injectif : si deux ´el´ements distincts (k, k),(l, l)∈E2s’envoient sur la mˆeme image dans H, alors (k, k) = (−l,−l) dans G. Donc on en d´eduit que pq divise k+l. Or 0 < k +l < pq, donc ceci n’est pas possible. Par cons´equent, E2 s’injecte dans H via le morphisme quotient. En outre, le cardinal de E2 est ´egal `a pq−12 − q−12 − p−12 puisqu’il y a exactement q−12 multiples de p entre 1 et pq−12 (de mˆeme pour les multiples de q). Donc
#E2 = (p−1)(q−1)2 = #H, d’o`u le r´esultat.
d) On d´eduit de la question pr´ec´edente que
π= Y
1≤k≤pq−12 ,(k,pq)=1
(k, k) mod U .
Or on a Y
1≤k≤pq−12 ,(k,pq)=1
k= 1.2. . .(p−1)(p+ 1). . .(2p−1)(2p+ 1). . .(q−12 p−1)(q−12 p+ 1). . .pq−12
q(2q). . .p−12 q ,
donc
Y
1≤k≤pq−12 ,(k,pq)=1
k≡ (p−1)!q−12 .p−12 ! qp−12 .p−12 !
≡(p−1)!q−12 q
p
[p]. Par sym´etrie, en ´echangeant les rˆoles de p etq, on obtient
Y
1≤k≤pq−1
2 ,(k,pq)=1
k≡(q−1)!p−12 p
q
[q].
Donc finalement, on a montr´e que π=
(p−1)!q−12 q
p
,(q−1)!p−12 p
q
mod U . e) En comparant les r´esultats obtenus dans les questions b) et d), on obtient que
(p−1)!q−12 ,(−1)p−12 q−12 (q−1)!p−12
=
(p−1)!q−12 q
p
,(q−1)!p−12 p
q
modU , ce qui implique que
q p
= p
q
(−1)p−12 q−12 , d’o`u le r´esultat.
Exercice 8 : Encore une autre preuve de la loi de r´eciprocit´e quadratique.
a) Soitp un nombre premier impair,a∈Ztel quep ne divise pas a. Notonsr1, . . . , rp−1
2
les restes des divisions euclidiennes dea,2a, . . . ,p−12 aparp. Montrer que
a p
= (−1)t, o`utest le nombre de ri strictement sup´erieurs `a p−12 .
b) Soitq premier impair distinct dep. Avec les notations de la question pr´ec´edente pour a=q, on note u la somme desri ≤ p−12 etv la somme desri > p−12 .
i) Montrer queu+ (pt−v) = p28−1. ii) En d´eduire que t≡ p28−1 +P
p−1 2
j=1rj [2].
iii) Montrer quet≡P
p−1 2
j=1 E(jqp) [2] (o`uE(.) d´esigne la partie enti`ere).
iv) En d´eduire la formule p
q q p
= (−1)P
p−1 2
j=1 E(jqp)+P
q−1 2 k=1 E(kpq )
.
v) En d´eduire la loi de r´eciprocit´e quadratique.
Solution de l’exercice 8.
a) On d´efinit une partition de l’ensemble {1, . . . ,p−12 } en deux sous-ensembles S et T d´efinis par S := {i : ri ≤ p−12 } et T := {i : ri > p−12 }. Par d´efinition, t = #T. Consid´erons le produit Π :=Q
p−1 2
i=1 ia∈Z. Il est clair que
Π =ap−12
p−1 2
!. (2)
Or par d´efinition des ri, on a Π ≡ Q
p−1 2
i=1 ri [p]. Pour tout i ∈ T, on pose si := p−ri; alors 1 ≤ si ≤ p−12 . Par cons´equent, on dispose de p−12 entiers dans l’ensemble {1, . . . ,p−12 }, donn´es par lesripouri∈S et lessj pourj ∈T. Montrons que ces nombres sont deux -`a-deux distincts : si i, j ∈ S, on ari =rj si et seulement si ia ≡ja [p] si et seulement sip divise i−j (car p ne divise pas a) si et seulement si i=j. De mˆeme, sii, j∈T, on asi =sj si et seulement si i=j.
Enfin, si i∈S etj∈T, on a ri =sj si et seulement siri =p−rj, ce qui implique que p|i+j, ce qui n’est pas possible car 2≤i+j≤p−1.
Finalement, {1, . . . ,p−12 }est la r´eunion (disjointe) de {ri:i∈S} et de {sj :j∈T}. Or on a
p−1 2
Y
i=1
ri ≡Y
i∈S
riY
j∈T
(p−sj)≡Y
i∈S
riY
j∈T
(−sj)≡(−1)tY
i∈S
riY
j∈T
sj [p]. Or par la remarque pr´ec´edente, Q
i∈SriQ
j∈Tsj =p−1
2
!, donc on obtient Π≡(−1)t
p−1 2
! [p]. (3)
En combinant (2) et (3), on obtient ap−12 ≡ (−1)t [p]. Or on sait que a
p
≡ ap−12 [p], donc a
p
≡(−1)t [p], d’o`u
a p
= (−1)t.
b) i) On a vu que{1, . . . ,p−12 } est la r´eunion disjointe de {ri :i∈S} et de{sj :j∈T} (et les ri, comme lessj, sont deux-`a-deux distincts). Donc
p−1 2
X
k=1
k=X
i∈S
ri+X
j∈T
sj =X
i∈S
ri+X
j∈T
(p−rj) =X
i∈S
ri+pt−X
j∈T
rj =u+ (pt−v), or la somme de gauche vaut (p−1)(p+1)8 = p28−1, d’o`u le r´esultat.
ii) On regarde l’´egalit´e de la question b) i) modulo 2. On obtient u+pt−v ≡ p28−1 [2], or p est impair, donc cette ´egalit´e devientu+v+t≡ p28−1 [2], d’o`u le r´esultat.
iii) Par d´efinition, on a pour tout 1 ≤j ≤ p−12 , jq =pE(jqp) +rj, donc en sommant sur tous les j, on obtient
q
p−1 2
X
j=1
j=p
p−1 2
X
j=1
E jq
p
+
p−1 2
X
j=1
rj.
Or le terme de gauche vautqp28−1, donc modulo 2 cette ´egalit´e devient
qp2−1 8 ≡p
p−1 2
X
j=1
E jq
p
+
p−1 2
X
j=1
rj [2].
Or p etq sont impairs, donc on peut r´e´ecrire cette congruence sous la forme p2−1
8 ≡
p−1 2
X
j=1
E jq
p
+
p−1 2
X
j=1
rj [2].
On conclut alors en combinant cette congruence avec celle de la question b) ii), pour trouver
t≡
p−1 2
X
j=1
E jq
p
[2].
iv) Les questions a) et b) iii) assurent que
q p
= (−1)
P
p−1 2 j=1 E
“jq p
”
. En ´echangeant les rˆoles de p etq, on obtient de mˆeme que
p q
= (−1)
P
q−1 2 j=1 E“
jp q
”
. Finalement, en faisant le produit de ces deux ´egalit´es, il reste :
p q
q p
= (−1)
P
p−1 2 j=1 E
“jq p
” +P
q−1 2 j=1 E
“jp q
”
.
v) Pour obtenir la loi de r´eciprocit´e quadratique, il suffit de montrer que P
p−1 2
j=1E
jq p
+ P
q−1 2
j=1E jp
q
= (p−1)(q−1)4 . Pour cela, on remarque que la premi`ere somme est ´egale `a la somme P
p−1 2
j=1
P
jq p
k=11. Or cette derni`ere somme est le cardinal de l’ensemble E1 form´e des points deZ2∩[1,p−12 ]×[1,q−12 ] situ´es sous la droite d’´equationy= pqx. Symm´etriquement, la seconde somme est ´egale au cardinal de l’ensembleE2 form´e des points deZ2∩[1,p−12 ]× [1,q−12 ] situ´es au-dessus de la droite d’´equation y= qpx.
Or la droite y = qpx ne contient aucun point `a coordonn´ees enti`eres dans le rectangle [1,p−12 ]×[1,q−12 ], donc E1 et E2 r´ealisent une partition de Z2 ∩[1,p−12 ]×[1,q−12 ]. Donc
#E1+ #E2 = p−12 q−12 , d’o`u le r´esultat.
Exercice 9 : L’objectif est de montrer le r´esultat suivant. Soitpun nombre premier tel quep≡1 [4].
Alors 2 est une puissance quatri`eme modulo psi et seulement sips’´ecrit sous la forme p=A2+ 64B2 (A, B∈Z).
a) Si m ∈ Z, n ∈ N sont des entiers premiers entre eux avec n impair, et si n =pa11. . . parr est la d´ecomposition denen facteurs premiers, on d´efinit mn
:=
m p1
α1
. . .
m pr
αr
.
i) En utilisant la loi de r´eciprocit´e quadratique usuelle, montrer que −1n
= (−1)n−12 et
2 n
= (−1)n
2−1
8 , et d´emontrer la formule mn n
m
= (−1)m−12 n−12 simetnsont impairs et premiers entre eux.
ii) Montrer que si m est un carr´e modulo n, alors mn
= 1. Montrer que la r´eciproque est fausse.
b) On fixep≡1 [4]. On sait que p=a2+b2, avec a, b∈Z,aimpair. Montrer que i)
a p
= 1.
ii) a+b
p
= (−1)(a+b)2−18 .
[Indication : on pourra calculer (a+b)2+ (a−b)2.]
iii) (a+b)p−12 ≡(2ab)p−14 [p].
c) Avec les notations de la question b), soit f ∈Ztel que b≡af [p]. Montrer quef2 ≡ −1 [p] et que 2p−14 ≡fab2 [p].
d) Conclure.
Solution de l’exercice 9.
a) i) Puisque pour tout m, n ∈ Z impairs, on a mn−1
= −1m −1
n
, il suffit de montrer que la fonctionf(n) := (−1)n−12 est multiplicative, i.e. quef(mn) =f(m)f(n). Pour cela, il suffit de montrer que pour tout m, n∈Zimpairs, m−12 +n−12 ≡ mn−12 [2]. Cela revient `a montrer que l’entier mn−(m+n) + 1 = (m−1)(n−1) est divisible par 4, ce qui est clair puisque m etn sont impairs. D’o`u le premier point, `a savoir −1n
= (−1)n−12 .
De mˆeme, pour d´eduire le deuxi`eme point de la loi de r´eciprocit´e quadratique, il suffit de montrer que la fonction g(n) := (−1)n
2−1
8 est multiplicative sur les entiers n impairs. Cela revient `a montrer que pour toutm, n impairs, l’entier (mn)2−1−(m2−1)−(n2−1) est divisible par 16. Or cet entier est ´egal `a (m2−1)(n2−1) = (m−1)(m+ 1)(n−1)(n+ 1), qui est bien multiple de 16 comme produit de quatre entiers pairs. D’o`u le deuxi`eme point :
2 n
= (−1)n
2−1 8 .
Pour le troisi`eme point, puisque pour tout (p, q, r, s) impairs deux-`a-deux premiers entre eux, on a pqr
r pq
=
p r
r p
q r
r q
et rsp
rs p
=
p r
r p
p s
s p
, il suffit de montrer que la fonction h(m, n) := (−1)m−12 n−12 v´erifie la mˆeme propri´et´e de multiplicativit´e, `a savoir h(pq, r) = h(p, r)h(q, r) et h(p, rs) = h(p, r)h(p, s). Cela re- vient `a montrer que pour p, q, r, s impairs et deux-`a-deux premiers entre eux, les entiers (pq−1)(r−1)−(p−1)(r−1)−(q−1)(r−1) et (p−1)(rs−1)−(p−1)(r−1)−(p−1)(s−1) sont divisibles par 8. Or ces entiers sont exactement (p−1)(q−1)(r−1) et (p−1)(r−1)(s−1), donc ils sont divisibles par 8 comme produit de trois entiers pairs. D’o`u le troisi`eme point :
m n
n
m
= (−1)m−12 n−12 .
ii) Sim est un carr´e modulon, alorsm est un carr´e moduloppour tout ppremier divisantn, donc
m p
= 1 pour tout facteur premier den, donc mn
= 1.
La r´eciproque est fausse : par exemple, −121
= −13 −1
7
= (−1)(−1) = 1, mais −1 n’est pas un carr´e modulo 21 car ce n’est pas un carr´e modulo 3.
b) i) Modulo a, on a p ≡ b2 [a], donc pa
= 1 par a) ii). Par a) i), on a
a p
= ap
puisque p≡1 [4]. Donc finalement,
a p
= 1.
ii) Comme indiqu´e, on calcule (a+b)2+(a−b)2= 2(a2+b2) = 2p. Donc 2p≡(a−b)2 [a+b], donc par a) ii), on a
2p a+b
= 1. Or par a) i), on a
2p a+b
=
2 a+b
p a+b
, et
p a+b
=
a+b p
(il est clair que p ne divise pas a+b). Donc on a a+b
p
= 2
a+b
. Or par a) i), on a 2
a+b
= (−1)(a+b)2−18 , d’o`u finalement a+b
p
= (−1)(a+b)2−18 .
iii) Puisque (a+b)2 =a2+b2+ 2ab=p+ 2ab, on a (a+b)2≡2ab[p]. On ´el`eve `a la puissance
p−1
4 , et on trouve bien (a+b)p−12 ≡(2ab)p−14 [p].
c) Puisquep=a2+b2, on ab2 ≡ −a2 [p]. Or b2 ≡f2a2 [p], etp ne divise pasa, doncf2 ≡ −1 [p].
On remarque d’abord que
(ab)p−14 ≡(a2f)p−14 ≡ap−12 fp−14 ≡ a
p
fp−14 ≡fp−14 , o`u la derni`ere ´egalit´e utilise la question b) i).
Donc on a
2p−14 fp−14 ≡(2ab)p−14 ≡(a+b)p−12 ≡
a+b p
[p]
o`u la deuxi`eme congruence utilise la question b) iii). Donc 2p−14 fp−14 ≡(−1)(a+b)2−18 [p]
par la question b) ii). Or f2≡ −1 [p], donc (−1)(a+b)2−18 ≡f(a+b)2−14 [p]. Or (a+b)42−1 = p−14 +ab2, donc f(a+b)2−14 ≡fp−14 fab2 [p]. Finalement, on a donc
2p−14 fp−14 ≡fp−14 fab2 [p], donc en simplifiant,
2p−14 ≡fab2 [p].
d) On sait qu’un entierx∈Z premier `ap est une puissance quatri`eme modulopsi et seulement si xp−14 ≡1 [p] (puisque le morphisme de groupes F∗p → F∗p d´efini part 7→ t4 a un noyau d’ordre 4 form´e des racines 4-i`emes de l’unit´e). Donc 2 est une puissance quatri`eme modulo p si et seulement si 2p−14 ≡ 1 [p]. Par la question c), ceci ´equivaut `a fab2 ≡ 1 [p]. Or f est d’ordre 4 dans F∗p, donc fab2 ≡1 [p] si et seulement si 4 divise ab2 si et seulement si 8 divise ab. Or aest impair, donc cette derni`ere condition ´equivaut `a 8 divise b. Finalement, on a bien l’´equivalence souhait´ee, en prenant A=aet b= 8B.