Mini-projet d’analyse num´erique du cours MAP 431 Un probl` eme inverse de la g´ eom´ etrie spectrale
sujet propos´e par Igor FAVORSKIY igor.favorskiy@polytechnique.edu
1 Introduction
Dans son article [1] le math´ematicien polonais Mark Kac a pos´e une question devenue classique : ”Peut-on entendre la forme d’un tambour ?”. Pour r´epondre `a cette question, nous allons r´esoudre l’´equation des ondes, ainsi que le probl`eme aux valeurs propres correspondant dans les dimensions 1 et 2.
Soit Ω ∈ RN un domaine r´egulier born´e, repr´esentant par exemple une corde vibrante dans le casN = 1, ou la membrane d’un tambour pourN = 2. Notonsu(x, t) le d´eplacement normal d’un ´el´ement qui se trouvait `a l’´equilibre `a la position x ∈ Ω. Dans le mod`ele des ondes planes non-dispersives, et dans l’hypoth`ese des d´eplacements infinit´esimaux
ku(x, t)k∞diam`etre(Ω) u(x, t) est d´ecrit par le syst`eme suivant :
∂2u(x, t)
∂t2 −c2∆u(x, t) = 0 dans Ω×]0, T[
u= 0 sur ∂Ω×]0, T[
u(x,0) = u0(x) dans Ω
∂u
∂t(x,0) = u1(x) dans Ω
(1a) (1b) (1c) (1d) avec u0 ∈H01(Ω), u1 ∈L2(Ω).
Par simplicit´e nous allons consid´erer la vitesse initiale u1(x) = 0, et la vitesse du son c= 1 dans tout ce qui suit.
Question 1. D´emontrer l’unicit´e des solutions du syst`eme (1) pour N = 1. Nous admet- tons le mˆeme r´esultat pour N = 2.
Question 2. Par la m´ethode de s´eparation des variables, u(x, t) =φ(x)ψ(t) montrer que le syst`eme (1) se transforme en un probl`eme aux valeurs propres de la forme
∆φ(x) =λφ(x) dans Ω
φ(x) = 0 sur ∂Ω
(2a) (2b) Expliciter la forme de ψ(t) dans le casu1(x) = 0.
P 1. Soit Λ = {λ tel que ∆φ(x) = λφ(x) dans Ω et φ(x) = 0 sur ∂Ω}. ´Etant donn´ee Λ, est-il possible de reconstituer Ω`a une isom´etrie pr`es ?
Question 3. Expliciter Λ pour N = 1. R´esoudre l’´equation obtenue pour λ > 0, λ = 0, λ < 0, pr´eciser les valeurs de λ compatibles avec les conditions aux limites, en d´eduire la r´eponse au (P 1).
Cependant, dans le cas N = 2 la r´eponse est plus d´elicate. En effet, il n’est pas possible de trouver une repr´esentation explicite de Λ pour tout Ω ∈ R2 et ainsi obtenir la mˆeme conclusion que dans (Q.3). Nous allons donc illustrer la situation en r´esolvant (1) et (2) num´eriquement pour quelques g´eom´etries concr`etes.
2 Equation des ondes ´
2.1 Diff´ erences finis 1D
Etudions le cas d’une membrane en forme de disque : Ω =´ B(0, R). Soit de plus u0(x) une fonction radiale, i.e. u0(x) =u0(r) = u0(|x|).
Question 4. Montrer que dans ce cas la solutionu(x, t) est ´egalement une fonction radiale.
Question 5. Effectuer un changement de variables dans (1) pour passer dans les coor- donn´ees polaires.
SoitJ, N >0 - entiers. D´efinissons un pas de temps ∆t= NT−1, un pas d’espace ∆r = J−1R , et les nœuds d’un maillage r´egulier
(rj, tn) = ((j−1)∆r,(n−1)∆t) pour j ∈ {1, .., J}, n∈ {1, .., N}.
Question 6. Discr´etiser l’´equation de (Q.5) `a l’aide du sch´ema explicite d’ordre 1 en temps et en espace.
Pour discr´etiser ∂2u(r,t)∂t2 , il faut initialiser la valeur de u(r, t) sur les deux premi`eres it´erations, ce qui peut ˆetre fait en utilisant deux fois les valeurs de u0(r). Nous pouvons interpr´eter cet ´etape comme la discr´etisation de la condition initiale (1d).
Pour compl´eter le probl`eme, nous allons imposer la condition aux limites
∂u
∂r(r= 0, t) = 0 sur ]0, T[
Il faut discr´etiser cette condition, ainsi que la condition `a r = 0 (1b), et l’imposer `a chaque pas de temps, c’est-`a-dire de mettre les bonnes valeurs de un1 (correspond `a r = 0) et de unJ (correspond `ar =R).
Question 7. A l’aide du d´eveloppement de Taylor, calculer l’erreur de troncature du sch´ema propos´e. ´Etudier son domaine de stabilit´e. Existe-t-il une condition de type CFL sur
C = c∆t
∆r ?
Pour les tests num´eriques nous allons prendre le temps final T = 5, le rayon de la membraneR = 1, la position initiale u0(r) = cosπr2 .
Question 8. Programmer le sch´ema du (Q.6) en Scilab ou Matlab. Tracer la solution obtenue, qu’on notera unj(J, N), pour t ∈ {0,15T, ..; T}. Il est int´eressant de prendre une valeur de C `a l’int´erieur et `a l’ext´erieur du domaine de convergence.
D´efinissons la norme d’une fonction discr`ete fjn comme
kfjnkL2 = v u u t
1 N
N
X
n=1
1 J
J
X
j=1
|fjn|2
Pour confirmer num´eriquement le r´esultat de la (Q.7), nous allons effectuer un test de convergence. Nous fixons la valeur
C = c∆t
∆r = 1 2
et discr´etisons le domaine [0, R]×[0, T] de plus en plus finement, par exemple en prenant Ji = 10 2i+ 1 aveci∈ {0,1, ..6} etNi = JCi.
L’erreur est donn´ee par la diff´erence entre unj(Ji, Ni) et unj(Ji−1, Ni−1). Notons que la taille de deuxi`eme matrice est deux fois plus petite en chaque dimension. Pour calculer la diff´erence, il est commode d’extraire une sous-matrice de un(i)j(i)(Ji, Ni) avec
j(i) ={1,1 + 2i,1 + 2∗2i, ..,1 +
Ji−1 2i
2i}
n(i) ={1,1 + 2i,1 + 2∗2i, ..,1 +
Ni−1 2i
2i} L’erreur est donc donn´ee par
en(i)j(i)(Ji, Ni) = un(i)j(i)(Ji, Ni)−un(i)j(i)(Ji−1, Ni−1)
Pour le faire num´eriquement, il suffit d’utiliser l’indexation du typeu(1:2^i:$, 1:2^i:$) en Scilab, ouu(1:2^i:end, 1:2^i:end) en Matlab.
Question 9. Tracer la quantit´eken(i)j(i)(Ji, Ni)kL2 en fonction de Ji en ´echelle log-log. Quel ordre de convergence obtient-on (c’est-`a-dire, quelle est la pente de la courbe obtenue) ? Observe-t-on le comportement asymptotique pr´evu par la th´eorie, i.e.
n(i)
Question 10. Discr´etiser l’´equation par un sch´ema implicite en temps. Pour caract´eriser ce nouveau sch´ema, il convient de r´epondre aux mˆemes questions (Q.6) - (Q.9).
Cette fois-ci, pour prendre en compte les conditions aux limites, il faut choisir les bonnes valeurs des coefficients (1,1) et (J, J) de la matrice d’it´eration. Contrairement au sch´ema explicite, un1 correspondra `a la position ∆r etunJ `a la position R−∆r.
2.2 El´ ´ ements finis 2D
Nous allons commencer par le calcul de la section pr´ec´edente `a l’aide de Freefem.
Question 11. En multipliant (1a) par une fonction test eu(x) ∈ H01(Ω), obtenir une for- mulation variationnelle du syst`eme (1). D´etailler les espaces fonctionnels utilis´es. A l’aide d’un th´eor`eme du cours que l’on pr´ecisera, d´emontrer l’unicit´e de solution de la formulation variationnelle.
Question 12. (bonus) En supposant que la solution
u(r, t)∈C([0, T];H01(Ω)∩H2(Ω))∩C2([0, T];L2(Ω)) et la position initiale
u0(r)∈H01(Ω)∩H2(Ω)
montrer que la solution de la formulation variationnelle est une solution faible du probl`eme initial.
Pour justifier correctement ce passage, il faut consid´erer la formulation variationnelle pr´ec´edente au sens des distributions, en prenant une fonction test φ(t)∈CC∞(]0, T[) (voir la remarque 8.2.6 et le cours MAT 431 pour plus de pr´ecisions).
Question 13. Discr´etiser la d´eriv´ee en temps par le sch´ema explicite. En tra¸cant les valeurs de u(r, t) pour r ∈ [0, R], s’assurer que le comportement est identique `a celui du mod`ele radial.
Pour d´efinir une maillage de disque sous Freefem, on pourra utiliser la param´etrisation de type
border Disque(t = 0, 2*pi) {
x=cos(t);
y=sin(t);
}
mesh Th = buildmesh(Disque(50));
Pour tracer les valeurs de la fonction u sur une ligne, il faut d’abord pr´eparer les valeurs
`
a tracer :
int i, N = 10;
real[int] xx(N), yy(N);
for(i = 0; i<N; i++) {
xx[i] = i/real(N); // convert N to real in order to avoid integer division yy[i] = u(0, xx[i]); // value of u at point (0, i/real(N))
}
plot([xx,yy], wait = 1, cmm = "t = " + t);
3 Probl` eme aux valeurs propres
Question 14. Donner la formulation variationnelle de l’´equation (2).
Question 15. Calculer quelques valeurs et modes propres pour un disque en Freefem `a l’aide de la fonction EigenValue.
Figure 1 – Quelques domaines isospectraux
Question 16. Calculer des valeurs et modes propres pour une paire de domaines (au choix) sur Fig. 1.
Les lignes en gras, mˆeme leur partie se trouvant `a l’int´erieur des domaines, correspondent aux fronti`eres des r´egions. Sur ces courbes, la condition de Dirichlet de typeon(dOmega, u=0) est `a imposer dans la forme bilin´eaire.
Comparer les valeurs propres des deux domaines, donner la r´eponse au (P 1) en dimension N = 2.
Pour aller plus loin : quelques autres formes poss´edant les mˆemes propri´et´es sont donn´ees dans [2].
R´ ef´ erences
[1] M. KacCan one hear the shape of a drum ?Am. Math. Month., vol. 73, pp. 1-23 (1966).
[2] P. Buser et al. Some planar isospectral domains, In. Math. Res. Notices, pp. 391-400 (1994).
http://math.dartmouth.edu/~doyle/docs/drum/drum.ps