Université Bordeaux 1 Algèbre 4 – Licence 3
Mathématiques Année 2013-2014
Devoir Maison 2
Exercice 1 – [Critère d’irréductibilité de Cohn]
1)Soient n >2 un entier,M > 0un réel etP(X) =anXn+an−1Xn−1+· · ·+a0 un polynôme de Z[X] vérifiant an>1, an−1 >0 et|ai|6M pour 06i6n−2.
On se propose dans cette question d’établir que siαest une racine deP(X)alors
<(α)60 ou |α|< 1 +√
4M + 1
2 .
a) Prouver que si z ∈C vérifie |z|>1, alors 1
|z|2 + 1
|z|3 +· · ·+ 1
|z|n < 1
|z|2− |z|. b) Montrer que si z ∈C vérifie <(z)>0, alors
<
an+ an−1
z
>1.
c) En déduire que si z ∈C vérifie|z|>1et <(z)>0, alors
P(z) zn
> |z|2− |z| −M
|z|2− |z| .
d) Soit α∈C une racine de P(X). Montrer que si |α|>1 et <(α)>0, alors
|α|< 1 +√
4M + 1
2 .
e) En étudiant le cas |α|61 en déduire le résultat annoncé.
2) Soient b > 3 et n > 0 deux entiers naturels. On considère un polynôme P(X)∈Z[X] de degrén :P(X) =anXn+an−1Xn−1+· · ·+a0. On suppose que 06ai 6b−1 pour touti et que P(b) est un nombre premier. On se propose de démontrer que P(X)est irréductible dans Z[X], donc dans Q[X] sin >1.
a) Montrer que c’est bien le cas si n = 0 ou1.
b) On suppose dorénavant que n >2. Prouver qu’il n’existe pas d’entier k >2 tel que P(X) =kQ(X)avec Q(X)∈Z[X].
c) Supposons désormais qu’il existe Q(X), R(X) ∈ Z[X] de degrés > 1 tels que P(X) = Q(X)R(X). Démontrer, à l’aide du résultat de la question 1, que toute racine complexeα deP(X)vérifie|b−α|>1, et en observantQ(b)etR(b) montrer que ceci aboutit à une contradiction.
d) Conclure1.
1On peut démontrer que ce résultat est encore vrai pourb= 2.
3) Application immédiate. Soit p un nombre premier dont l’écriture en base 10 estanan−1. . . a0. Montrer queP(X) = anXn+an−1Xn−1+· · ·+a0 est irréductible dans Z[X] (résultat attribué à Arthur Cohn, un élève de Schur). Par exemple, comme 456727 est premier, le polynôme 4X5 + 5X4 + 6X3 + 7X2+ 2X+ 7 est irréductible dans Z[X].
Exercice 2– [Preuve “algébrique” du théorème de d’Alembert-Gauss] On admettra le résultat suivant qui sera prochainement vu en cours.
Théorème 1. Soit K un corps etP(X)∈K[X]de degré >1. Alors il existe un corps L vérifiant K ⊆L etP(X)est scindé dans L[X].
On se propose de démontrer le théorème de d’Alembert-Gauss.
Théorème 2. Soit P(X) ∈ C[X] de degré > 1. Alors P(X) admet une racine dans C.
Soit P(X) un tel polynôme.
1) Montrer que l’on peut supposer P(X) unitaire et P(X) ∈ R[X]. On pourra pour cela considérer le polynôme P(X)P(X) où les coefficients deP(X) sont les conjugués de ceux de P(X).
On suppose dorénavantP(X)∈R[X]unitaire. On noted= 2nq(n>0,qimpair) son degré) et on va raisonner par récurrence sur n. La propriété à l’ordre n est : tout polynôme unitaire deR[X]de degréd= 2nq avecq impair admet une racine dans C.
2) Prouver que la propriété est vraie à l’ordre n= 0.
3) Supposons n >1 et la propriété vraie à l’ordre n−1. Le théorème 1 indique qu’il existe un corps LvérifiantC⊆L et des élémentsx1, x2, . . . , xd ∈Ltels que P(X) =Qd
i=1(X−xi). Pour tout réelc, on pose pour i6j,yi,j(c) =xi+xj+cxixj. Soit Gc(X) = Q
i6j(X−yi,j(c)). Quel est le degré deGc(X)?
4) Montrer que les coefficients de Gc(X) sont des polynômes symétriques des xi et en déduire que Gc(X)∈R[X].
5) Établir à l’aide de l’hypothèse de récurrence qu’il existe des indices i(c), j(c) tels que yi(c),j(c) ∈C.
6) Prouver qu’il existe deux réels c, c0 distincts et des indices r 6 s tels que xr+xs+cxrxs etxr+xs+c0xrxs ∈C.
7) Montrer que xr, xs∈C. 8) Conclure.