MASTER Math´ematiques 2`eme ann´ee, 2010-2011, Marseille.
Sp´ecialit´e EDP et Calcul Scientifique.
Notes de cours autoris´ees - Dur´ee : 4h
A NALYSE N UM ERIQUE DES ´ EDP
Approximation num ´erique des ´el ´ements propres d’op ´erateurs elliptiques
Partie I- El´ements de base de la th´eorie spectrale des op´erateurs autoadjoints `a r´esolvante compacte : On se donne deux espaces de Hilbert V et H munis de leurs produits scalaires respectifs (·, ·) V et (·, ·) H . On suppose que V ⊂ H , que V est dense dans H et que l’injection canonique de V dans H est compacte (i.e. de toute suite born´ee dans V , on peut extraire une sous-suite convergente dans H ). Dans toute la suite, on notera C 1 > 0 la plus petite constante telle que
∀v ∈ V, kvk H ≤ C 1 kvk V .
Soit a : V × V 7→ R une forme bilin´eaire sym´etrique continue et α-coercive sur V . 1. Pour tout u ∈ V , on note Au ∈ V
0, la forme lin´eaire continue d´efinie par
hAu, vi V
0,V = a(u, v), ∀v ∈ V.
D´emontrer que l’application u ∈ V 7→ Au ∈ V
0est lin´eaire, continue et bijective et v´erifie αkuk V ≤ kAuk V
0≤ kakkuk V .
2. Pour tout w ∈ H , montrer que l’application v ∈ V 7→ (w, v) H est lin´eaire continue sur V . On la note Φ(w) de sorte qu’on a
∀v ∈ V, hΦ(w), vi V
0,V = (w, v) H .
Montrer que kΦ(w)k V
0≤ C 1 kwk H et que Φ : H 7→ V
0est une application injective.
3. On d´efinit maintenant l’application B : H 7→ V par B = A
−1Φ.
(a) Montrer que B est lin´eaire continue de H dans V . (b) Montrer que B est compacte de H dans H . (c) Montrer que
(Bu, v) H = a(A
−1Φ(u), A
−1Φ(v)) = (Bv, u) H , ∀u, v ∈ H, (Bu, u) H > 0, ∀u ∈ H, u 6= 0.
On admet que pour un tel op´erateur (auto-adjoint, d´efini positif et compact), il existe une suite (finie si dim H < +∞) d´ecroissante de nombres strictement positifs (µ k ) k≥1 et une suite (ψ k ) k≥1 d’´el´ements de H
tels que
Bψ k = µ k ψ k , ∀k ≥ 1,
si dim V = +∞ alors lim k→∞ µ k = 0, la famille (ψ k ) k est une base Hilbertienne de H . Tout ´el´ement u ∈ H s’´ecrit donc sous la forme
u = X
k≥1
(u, ψ k ) H ψ k , (1)
la s´erie ´etant convergente dans H et nous avons de plus kuk 2 H = X
k≥1
|(u, ψ k ) H | 2 .
Enfin, chaque valeur propre est de multiplicit´e finie (i.e. la suite (µ k ) k ne prend qu’un nombre fini de fois
chacune de ses valeurs).
4. D´emontrer que, pour l’op´erateur construit pr´ec´edemment on a la propri´et´e suppl´ementaire suivante
∀k ≥ 1, ψ k ∈ V, et que si on pose λ k = µ 1
k
, on a
Aψ k = λ k Φ(ψ k ), c’est-`a-dire, en d’autres termes,
a(ψ k , v) = λ k (ψ k , v) H , ∀v ∈ V.
En d´eduire que (ψ k / √
λ k ) k est une famille orthonormale dans ¡
V, a(·, ·) ¢ . 5. Montrer que Vect(ψ k , k = 1, . . .) est dense dans V et donc que (ψ k / √
λ k ) k est une base Hilbertienne de
¡ V, a(·, ·) ¢ .
6. En d´eduire qu’un ´el´ement u ∈ H ´ecrit sous la forme (1) est dans V si et seulement si on a X
k≥1
λ k (u, ψ k ) 2 H < +∞,
et que dans ce cas, la s´erie dans la formule (1) converge dans V . 7. En d´eduire que
∀u, v ∈ V, a(u, v) = X
k≥1
λ k (u, ψ k ) H (v, ψ k ) H .
8. Montrer que pour tout u ∈ H, on a
A
−1Φ(u) = X
k≥1
1
λ k (u, ψ k ) H ψ k , la s´erie ´etant convergente dans V .
Indication : On pourra appliquer a(·, ψ i ) aux deux membres de l’´egalit´e pour un i ≥ 1 quelconque.
9. Exemple : Montrer que le cadre g´en´eral ci-dessus s’applique dans le cas suivant
• Ω est un ouvert polygonal born´e et convexe de R d .
• V = H 0 1 (Ω), H = L 2 (Ω).
• Pour tous u, v ∈ V , a(u, v) = R
Ω ∇u∇v dx.
Quelle ´equation aux d´eriv´ees partielles est v´erifi´ee par ψ k ? Partie II- Quotient de Rayleigh. Th´eor`eme de Courant-Fisher : Dans toute la suite, pour tout ´el´ement u ∈ V non nul, on note
R(u) = a(u, u)
(u, u) H = a(u, u) kuk 2 H ,
et on rappelle que la suite des valeurs propres (λ k ) k obtenue dans la partie pr´ec´edente est croissante 0 < λ 1 ≤ λ 2 ≤ ... ≤ ...
et qu’elle tend vers l’infini si V est de dimension infinie.
Enfin, pour tout sous-espace E de H, on note E
⊥l’orthogonal de E dans H d´efini par E
⊥= ©
u ∈ H, tel que (u, v) H = 0, ∀v ∈ E ª . 1. Calculer R(ψ k ) pour tout k ≥ 1.
2. Exprimer R(u) pour tout u ∈ V , u 6= 0 en fonction des coordonn´ees (u, ψ k ) H de u dans la base (ψ k ) k . 3. Montrer que pour tout u ∈ V , u 6= 0, on a
λ 1 ≤ R(u), En d´eduire que
λ 1 = inf
v∈V v6=0
R(v). (2)
4. On suppose que dim H < +∞ (on a alors n´ecessairement V = H par densit´e), on note N = dim H . Montrer que λ N ≥ R(u) pour tout u ∈ V , u 6= 0 puis en d´eduire que
λ N = sup
v∈V v6=0
R(v).
5. On revient au cas o`u la dimension de H est quelconque. Pour tout k ≥ 2, on note E k = Vect(ψ 1 , . . . , ψ k ),
et
F k = Vect(ψ k , ψ k+1 , . . .).
En utilisant la question pr´ec´edente, montrer que λ k = sup
v∈E
kv6=0
R(v).
6. Soit W k un sous-espace quelconque de V de dimension ´egale `a k.
(a) Montrer que
F k
⊥= E k−1 .
Justifier que l’on peut d´efinir un op´erateur lin´eaire de projection orthogonale (dans H) sur E k−1 , qu’on note Π E
k−1.
(b) Montrer que
W k ∩ F k = {0} ⇐⇒ Π E
k−1est injectif sur W k . En d´eduire que W k ∩ F k 6= {0}.
(c) Soit donc u ∈ W k ∩ F k , u 6= 0. Montrer que u ∈ V et qu’on a λ k ≤ R(u), en d´eduire que
λ k ≤ sup
v∈W
kv6=0
R(v).
7. Montrer finalement la premi`ere formule de Courant-Fischer
∀k ≥ 1, λ k = inf
W
k⊂Vdim W
k=k
sup
v∈W
kv6=0
R(v)
. (3)
On remarquera que l’inf et le sup sont en r´ealit´e des minimum et maximum atteints respectivement pour W k = E k et v = ψ k .
Partie III- Approximation par la m´ethode de Galerkin - convergence des valeurs propres :
On se donne une famille V h de sous-espaces de V de dimension finie not´ee N h . On suppose que l’on a la propri´et´e d’approximation suivante
∀u ∈ V, d V (u, V h ) −−−→
h→0 0, o`u on a d´efini la distance de u `a V h dans V par
d V (u, V h ) = inf
v
h∈Vhku − v h k V .
On peut appliquer toute l’analyse des deux premi`eres parties avec le couple d’espaces (V h , (·, ·) V ) et (V h , (·, ·) H ) (alg´ebriquement identiques mais avec des structures hilbertiennes diff´erentes). Les diff´erentes hypoth`eses que nous avons faites sont automatiquement v´erifi´ees dans ce nouveau contexte et on peut donc en d´eduire l’existence, pour tout h > 0, de valeurs propres not´ees
0 < λ 1,h ≤ . . . ≤ λ N
h,h ,
et d’une base hilbertienne de (V h , (·, ·) H ) (mˆeme euclidienne car on est en dimension finie) form´ee de vecteurs propres associ´es not´ees ψ k,h ∈ V h .
On a donc les propri´et´es suivantes
∀h > 0, ∀k, l ∈ {1, . . . , N h }, (ψ k,h , ψ l,h ) H = δ kl ,
∀h > 0, ∀k ∈ {1, . . . , N h }, a(ψ k,h , v h ) = λ k,h (ψ k,h , v h ) H , ∀v h ∈ V h .
L’objectif de la suite du probl`eme est l’´etude de la convergence quand h tend vers 0 des λ k,h et ψ k,h vers λ k et ψ k
respectivement.
1. Montrer, en utilisant (3), que
∀h > 0, ∀k ∈ {1, . . . , N h }, λ k ≤ λ k,h .
2. Le projecteur elliptique sur V h :
(a) Montrer que pour tout u ∈ V , il existe un unique P h u ∈ V h v´erifiant a(P h u, v h ) = a(u, v h ), ∀v h ∈ V h . (b) D´emontrer que l’on a
ku − P h uk V ≤ kak
α d V (u, V h ).
(c) Si E est un sous-espace de V , on d´efinit
ε h (E) = sup
kvk
v∈E
H=1
d V (v, V h ).
Montrer que si dim E < +∞, alors ε h (E) −−−→
h→0 0.
3. On fixe dans toute la suite un entier k ≥ 1 et on ne consid`ere que des valeurs de h > 0 telles que N h ≥ k (ce qui est possible car on a clairement N h → ∞).
Montrer que pour tout u ∈ E k , on a
ku − P h uk V ≤ kak
α ε h (E k )kuk H . 4. Montrer que pour tout u ∈ V et tout i ≥ 1, on a
(ψ i , u − P h u) H = 1
λ i a(ψ i − P h ψ i , u − P h u), puis en d´eduire que si u ∈ E k , on a
(u, u − P h u) H = X k
i=1
(u, ψ i ) H
λ i
a(ψ i − P h ψ i , u − P h u) = a ¡
( Id − P h )A
−1Φ(u), ( Id − P h )u ¢ .
5. Etablir que pour tout u ∈ E k , on a
|(u, u − P h u) H | ≤ kak 3
α 2 λ 1 (ε h (E k )) 2 kuk 2 H . 6. Pour tout h > 0, on note
σ h,k = sup
u∈E
kkukH