A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
J EAN -G UY D UBOIS
J EAN -P AUL D UFOUR O LEG S TANEK
La théorie des catastrophes. III. Caustiques de l’optique géométrique
Annales de l’I. H. P., section A, tome 24, n
o3 (1976), p. 243-260
<http://www.numdam.org/item?id=AIHPA_1976__24_3_243_0>
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243
La théorie des catastrophes.
III. Caustiques de l’optique géométrique (1)
Jean-Guy DUBOIS, Jean-Paul DUFOUR (*) et Oleg STANEK Département des Sciences Pures,
Université du Québec, Rimouski, P. Québec, Canada (*) Institut de Mathématiques, Université des Sciences
et Techniques du Languedoc, Montpellier, France
Ann. Inst. Henri Poincaré, Vol. XXIV, n° 3, 1976,
Section A":
Physique théorique.
RÉSUMÉ. - Des
propriétés
des milieuxoptiques isotropes plans,
utilisant la théorie des
catastrophes
de R.Thom,
nous classifions lesmorphologies
locales stables descaustiques
del’optique géométrique
bidimensionnelle. Nous caractérisons ces
morphologies
par une notion de courbureoptique
locale d’un front d’onde initial donné et nous les relions auxsingularités
stables des fronts d’onde en évolution.SUMMARY. - From
properties
ofplane isotropic optical media, using
R. Thom’s
catastrophe theory,
weclassify
the stable localmorphologies
of caustics of bidimensional
geometrical optics.
We characterize thesemorphologies by
a notion of localoptical
curvature of agiven
initial wavefront,
and we establish the relations between thesemorphologies
and thestable
singularities
ofpropagating
wave fronts.1. INTRODUCTION
En
optique géométrique,
rayons et fronts d’onde sont des êtres deraison,
tandis que lescaustiques
sont des réalitésphysiques
directement obser- vables. Elles deviennent visibles en envoyant un nuage de fumée dans larégion
dufoyer
d’une lentille ou d’un miroir concave parexemple.
(1) Travail partiellement subventionné par le Conseil National de Recherches du Canada.
R.
Thom,
dans son livre sur la Stabilité structurelle etmorphogénèse [1], reproduit
diversesphotographies
decaustiques prises
en laboratoire.Justement,
dans ce livre(p. 62),
Thomsuggère l’étude,
à l’aide d’unprincipe variationnel,
dessingularités
structurellement stables des fronts d’onde.A ces
singularités
stables des fronts d’ondecorrespondent
nécessairement diversescaustiques
stables dont lesmorphologies
locales ne sont autresque celles des ensembles
catastrophes
de bifurcation de la classification de Thom.Nous
plaçant
dans un contextevariationnel, nous spécialisons
notreétude aux milieux
optiques isotropes plans.
La définition d’une fonction distanceoptique
nous permet d’établir diversespropriétés
de ces milieuxoptiques.
L’ensemblecatastrophe
de cette fonction coïncide localementavec la
caustique
relative à un front d’onde initial donné. Nous classifionsainsi,
pour les situationsgénériques,
lesmorphologies
locales stables descaustiques.
Comme l’ensemblecatastrophe
de la fonction distanceoptique
coïncide aussi avec l’ensemble des centres de « courbure
optique »
du frontd’onde
initial,
cesmorphologies
locales sont caractérisables par la courbureoptique
locale de ce front d’onde.Finalement,
nous relions cesmorpho- logies
de lacaustique
auxsingularités
stables du front d’onde en évolution dans le milieuoptique.
Rappelons
le modèle variationnel parlequel
peut être fondéel’optique géométrique [2].
Un milieuoptique isotrope plan est
défini à l’aide d’une fonction différentiablen(t, x)
de 1R2 dans dite indice deréfraction
dumilieu. Nous supposons que les fonctions définies dans ce travail sont suffi-
samment différentiables pour que les calculs effectués aient un sens. Ses valeurs en
chaque point
du milieu sontinversement proportionnelles
àcelles de la vitesse d’un
photon
en cespoints,
le facteur deproportionnalité
étant la vitesse c de la lumière dans le vide. Le temps de parcours d’un
photon (virtuel)
lelong
d’une courbe différentiabley(t)
=(t,
dansce
milieu,
dupoint y(t 1)
aupoint y(t2),
est doncdonné,
au facteur1/c près,
par -
L’équation d’Euler-Lagrange
associée à cetteintégrale
variationnelle s’écrit selonn(t,
~(t)) ~
1 + 1~2 étant lelagrangien
duproblème.
Selon leprincipe
de Fermat, les rayons
(définis
par lestrajectoires
desphotons
dans lemilieu
optique)
satisfont nécessairement à cetteéquation.
Nous supposerons que le
problème
deCauchy
associé à( 1.1 ),
i. e. celuiqui
consiste à en trouver une solution~(f)
satisfaisant aux conditionsa =
(t 1, ~(t 1 ))
et b =(t 2’ ~2))’
esttoujours
résolu. Par contre, on neAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
245
LA THÉORIE DES CATASTROPHES. III
supposera pas l’unicité des solutions.
Puisque l’équation ( 1.1 )
est uneéquation
différentielle du deuxième ordrequi
peut être réduite à unsystème
du
premier ordre,
on peut introduire deshypothèses
locales. Pour (t, J1.,y)
E1R3,
on peut affirmerqu’il
existe localement une solution uni- que dusystème
dupremier
ordre telle que /~ = y.2. DISTANCE
OPTIQUE
Soit À un front d’onde initial du milieu
optique
donné par une sous- variété différentiable de 1R2 de dimension 1 (une courbelisse,
i.’ e. une courbedifféomorphe
à un intervalleouvert)
et définieimplicitement
partelle
que ~~ ~
0 pour tout (t,x)
du domaine de définitionde ~ ;
c’est direque la sous-variété est en aucun de ses
points parallèle
à l’axe t. Considé-rons maintenant la surface
de 1R3 obtenue par une translation de À dans la direction z. D’autre part
considérons,
pour unpoint
Cr,p)
du milieuoptique,
la surfacede [R3 où ï, ~u,
y)
est une solution del’équation d’Euler-Lagrange ( 1. 1 )
satisfaisant à r,~c, y) _ ~
et~r(z,
r, J1.,y)
= y. L’intersection de cettesurface avec la surface
(2 .1 )
vérifieRemarquons
que lapossibilité
de résoudre leproblème
deCauchy
entraîneque cette intersection est non vide.
Vol.
Si l’on suppose que le rayon
(t, ~(f,
fO’Yo))
n’est pas tangent au frontd’onde À,
cequi
revient à dire que pour un certain(to,
to,Yo) correspondant
aupoint
d’intersectionon pourra résoudre
l’équation (2.3)
par rapport à t pour unvoisinage
de Po,
Yo) :
._ ..avec to =
Yo).
On obtient ainsi une fonctionimplicite j
différen-tiable dont les dérivées vérifient pour 7 = ï, ~ y.
La courbe de 1R3 fournie par l’intersection
(2.3)
peut donc être locale- mentparamétrée
parEn
projetant
cette courbe dans leplan (t, x),
on obtient uneparamétrisa-
tion locale du front d’onde À de la forme
et dont le vecteur tangent vérifie
En
fait, (2.5)
détermine une famille différentiabledépendant
de(r, ~)
deparamétrisations
locales de À.Chaque
rayon(t,
r, ~c,y))
relie laposition (i, /1)
de l’observateur aupoint y)
de À telqu’illustré
à lafigure
2.Une telle construction tient compte de la non unicité des solutions du
problème
deCauchy :
il peut arriver que pourplus
d’un y il y ait un rayonFIG. 2. - Parcours du rayon (t, r, ~u, y)).
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
247
LA THÉORIE DES CATASTROPHES. III
qui
relie laposition
de l’observateur au mêmepoint
du front d’onde À.Ainsi en
général
laparamétrisation (2.5)
n’est pasinjective.
C’est ce quenous
suggérons
par l’intersectiony) particulière
tracée sur lasurface de la
figure
1. Cetteprécaution
est essentielle pour assurer la différentiabilité dusystème (~(r,
~y), ~(~(i, ~, y),
r, J1,y))
par rapportà y.
Définissons maintenant la fonction
et posons
Cette fonction J sera
appelée fonction
distanceoptique (à À).
LEMME 2.1. - Soient
~1(u)
et~2(u)
deux fonctions différentiables à valeurs dans R et(t, ~(t, u))
une famille différentiable à unparamètre
derayons. La fonction
est différentiable et
Utilisant
l’équation d’Euler-Lagrange,
la démonstration de ce lemmeest immédiate.
Ce lemme entraîne la différentiabilité des fonctions
(2.7)
et(2.8)
et permet de calculer facilement leurs dérivées :où
Vol. XXIV, n° 3 - 1976.
3.
GÉOMÉTRIE
DES MILIEUXOPTIQUES
DÉFINITION 3.1. - L’ensemble des
points
dont la distanceoptique
à unpoint
c d’un milieuoptique
estégale
à p seraappelé
cercleoptique
de centre cet de rayon p.
Le cercle
optique
de rayon p n’est autre que le front d’ondeengendré
par une source lumineuse
ponctuelle après
un temps de parcours corres-pondant
à p.LEMME 3.1. - Les cercles
optiques
sont des courbes différentiables.Démonstration. En
effet,
le cercleoptique
de centre(t, p)
et de rayon p est l’ensemble despoints
de [R2 tels quePuisque d’après (2.7)
l’équation (3.1)
peut être localement résolue par rapport à u de telle sorte que uo = Yo,Po)
et, pour unvoisinage
de(ïo. Po),
que La fonctionimplicite
différentiable cv ainsi définie fournit uneparamétri-
sation locale par y du cercle donnée par
d’où le
lemme,
,La
paramétrisation (3.3)
sera diteparamétrisation canonique
du cercleoptique.
Le vecteur tangent au cercleoptique
est, dans cetteparamétrisa-
tion. de la forme
DÉFINITION 3.2. - Soient À un front d’onde initial et p un
point
de À.(a)
Tout cercleoptique
passant par p dont les vecteurs tangent et bitan- gent en p coïncident avec ceux de À dans laparamétrisation canonique
sera dit cercle osculateur
optique
de À en p.(b)
Le rayon p du cercle osculateuroptique
aupoint
p seraappelé
lerayon de courbure
optique
de À en p.(c)
Le centre c du cercle osculateuroptique
aupoint
p seraappelé
lecentre de courbure
optique
de À en p.Indiquons
que le cercle osculateuroptique
n’est pas nécessairementunique.
LEMME 3 . 2. - Une condition suffisante pour que l’ensemble des centres de courbure de À forment au
voisinage
dupoint
c,correspondant
auAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
249
LA THÉORIE DES CATASTROPHES. III
point V(r,
J.l,y) de À,
une courbe différentiable est que l’une des conditionssoit vérifiée au
point (T,
p,y).
Démonstration. Par la définition 3.2 a, il existe une fonction différen- tiable
j’ :
U cIR3
x R -R3
définie auvoisinage
U dupoint (r,
p, y,p),
p le rayon de courbure
optique
de ~, enV(r,
p,y),
partelle que
j°(s,
Jl, y,p)
= 0. Par le théorème de la fonctionimplicite,
pour que l’ensemble des centres de courburecorrespondant
auxpoints
de Àau
voisinage
dupoint y)
soit différentiable il fautqu’au point (ï,
~, Y,p)
ou
, __ __ __. __. __. 1
Utilisant les relations
(2 . 8), (3 . 1 )
avec u = , y,p)
et 03C9y =03B6y,
ledéterminant
(3.5)
est donné parqui
est immédiatement réduit àComme on obtient un résultat similaire pour la condition
(3.6),
il fautque
(Jry, J~y) ~
0. Defaçon analogue,
le déterminant(3.7)
est donné parVol. XXIV, n° 3 - 1976.
où a
et {3
sont des fonctions de(t, p), qui
est immédiatement réduit àd’où le résultat.
DÉFINITION 3. 3. - Le
f ront
d’onde À sera ditrégulier
relativement àun
point (ï,
~y)
si~y(~(z, ~C, y),
ï, p,j~) ~
0.En ne considérant que les
points réguliers
du frontd’onde À,
on élimineles
points
de ~, pourlesquels y)
est soit un «point
de retour » soitun «
point
d’arrêt » par rapport à y. On le voit du fait que, pour unsystème
de coordonnées tel
0,
= 0 entraîne que~y
= 0(cf. l’équa-
tion
(2.4)),
etqu’alors Vy = 0 (cf. l’expression (2.6)),
et du fait que= = 0 entraîne
que y
=~yy
= 0 etqu’alors Vy
=Vyy
= 0. Lesrelations
définissent les
points (r, ,u~
de 1R2 où il y a bifurcation des solutions deInéquation d’Euler-Lagrange.
Parexemple, lorsque
cet ensemble est unecourbe,
en le traversant, il y achangement
de lamultiplicité
de ces solu-tions.
Remarquons qu’aux points irréguliers
de À peutcorrespondre
diverspoints
de rebroussement du cercle osculateuroptique
en cespoints puisque,
par la définition 3 . 2 a, W
= 03B6, 03C9y = 03B6y
et 03C9yy= çyy
en unpoint
de À et quepar
conséquent
si = 0,Wy
= 0(cf. l’expression (3.4)),
et si = 0,Wy
=Wyy
= 0. C’est ce que nous illustrons par lesfigures
3 et 4.Dans le cas des
points réguliers,
~,y)
= 0 si et seulement si unrayon
orthogonal
au front d’onde A. passe par lepoint (i, ~)
en direction( 1, y),
tel
qu’on
le voit del’expression (2.9 c)
deJy qui
contient le facteurAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
251
LA THÉORIE DES CATASTROPHES. III
(1,
+ où(1, 4>,)
définit le vecteur tangent au rayon et(~
+ le vecteurVy
tangent à À.. ’DÉFINITION 3.4. - On
appellera surface critique
de J l’ensemble des (ï, J1,y)
E 1R3 tels queJy(!,
J1,y)
= 0.LEMME 3.3. - Aux
points
de la surfacecritique
de J pourlesquels
lefront d’onde /). est
régulier,
le vecteur est non nul et colinéaire à(1, y).
La démonstration est immédiate par les
expressions
deJf, J~, Jy
et~y.
DÉFINITION 3.5. - On
appellera
ensemblecatastrophe (de bifurcation)
de J l’ensemble des (T,
~u)
E 1R2 tels queJy(r,
~u,y)
=Jyy(!, ~u, y)
= 0 pourun y E R.
LEMME 3.4. - L’ensemble
catastrophe
de la fonction distanceoptique
Jcoïncide avec l’ensemble des centres de courbure
optique
du front d’onde À.Démonstration. - En effet par
(2.8),
,y)
= p,y)
= 0 pour un y si et seulement si aupoint (T,
,u,y)
et
qu’alors
par(3.2)
LEMME 3.5. - Si le front d’onde À est
régulier
relativement auxpoints (T,
,u,y)
tels que(T, ju)
soit unpoint catastrophe
de J pour y, alorsJ ~)’ #
0 et(JTy’ J~)
estorthogonal
à(1, y).
Vol. XXIV, n° 3-1976.
Démonstration. Il
s’agit
de dériver les identitésobtenues des
expressions (2.9)
et derelativement
à y
pour avoirDÉFINITION 3.6. - Un
système orthotomique
de rayons est unsystème
différentiable à un
paramètre (t, ~(f, u))
de rayons tel que pour tout u l’onpuisse
trouver une courbe lissey(v)
définie dans unvoisinage
de u dont levecteur tangent soit non nul et
orthogonal
à chacun des rayons corres-pondant
auvoisinage.
Dans
1R2, tout système
de rayons admettant uneparamétrisation
diffé-rentiable
(t, ~(f, u))
est unsystème orthotomique.
On le voit en considé-rant les courbes
intégrales
duchamp
de vecteurs( - ~t~", ~2
+1)
dontles
images
parl’application (t, u)
-(t, u))
sont les fronts d’onde associésau
système.
Naturellement lapropriété
fondamentale de ces derniers est que leurs vecteurs tangents sontorthogonaux
aux vecteurs(1, 4>,)
tangentsaux rayons.
Remarquons
que, par le théorème d’existence et d’unicité pour leséquations
différentielles dupremier ordre,
toute courbe lisse de 1R2 peutjouer
le rôle de front d’onde associé à unsystème orthotomique
de rayons.
LEMME 3.6.
- Supposons
que le front d’onde À soitrégulier
relativementau
point (ïo. Yo)
tel que(ïo,
soit unpoint catastrophe
de J pour yo et soit =(~,1(u), À2(u))
uneparamétrisation
de À auvoisinage
de1To, Yo), Yo),
LO’Yo)) = À(uo)
avec~,’(uo) ~
0. Il existealors un
système orthotomique
de rayons associé à À auvoisinage
dequi
peut être localementparamétré
par une fonctionM)=(r, u))
avec
À; (u)
+~r(~ 1 (u), u)~.2(u)
=0,
oùÀ’(u)
~ 0.Démonstration. On choisit un
système
d’axes tel que po,Yo) ~ ~
et soit
À(u)
=(~,1(u), À2(u))
uneparamétrisation
locale de À telle que= po,
Yo), ~(~(~0. Yo),
To,Yo)),
avec~,’(uo) ~
0. Utilisantle théorème de la fonction
implicite,
on peut alors résoudre par rapport à y tel que yo =uo)
etsur un
voisinage
de po,uo).
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
253
LA THÉORIE DES CATASTROPHES. III
D’autre part,
puisque
le rayon considéré aboutitorthogonalement à À,
la fonctions’annule en
(to, uo).
Enappliquant
le théorème de la fonctionimpli- cite,
on peutexprimer localement
en fonction de(t, u),
et ainsi obtenir la conclusion du lemme. Il suffitqu’en uo)
puisque ~2(~0) ~ 0 ;
ou defaçon équivalente, puisque
deon obtient que
Montrons
qu’une
condition suffisante pour que(3.12)
soit vérifié est queYo) ~
0. Ils’agit
de montrer que si(3.12)
n’est passatisfait,
Yo)
= 0. Pourcela,
notons d’abord que(3.10)
entraîne que d’oùde (3.11)
Utilisant
l’expression (2 . 9 c)
deJy,
deshypothèses
et et des identités = et
(3.13),
le résultat estimmédiat.
4. CLASSIFICATION DES
CAUSTIQUES
DÉFINITION 4 . 1 . - Soit r une
famille différentiable
de courbes y de1R2 paramétrée
localement paru) = (t, ~(~ u)).
Onappellera graphe de
la
famille
r dans R3 l’ensembleoù
I
i x12
est le domaine de définition de C.. DÉFINITION 4.2. - L’ensemble ar =
C(A(y)),
oùsera
appelé enveloppe géométrique
de r.Pour nos
fins, qui
sont de définir unecaustique
commel’enveloppe
d’un
système orthotomique
de rayons, la notionclassique d’enveloppe
neconvient pas. Cette
notion, qui
demande que les vecteurs tangents auxVol. XXIV, n° 3-1976.
courbes de la famille et à
l’enveloppe
auxpoints
de contactcorrespondant
soient
respectivement égaux,
n’est pastoujours
satisfaite pour une caus-tique.
C’est le cas pour unecaustique ponctuelle
ou lepoint cuspide
d’unecaustique cuspidée (point
de rebroussement depremière espace)
pourlesquels
on ne peut définir de vecteurs tangents. Nous utiliseronsplutôt
la notion
d’enveloppe géométrique
illustrée à lafigure
5.FIG. 5. - Enveloppe géométrique.
La condition 0 de la définition évite
qu’une
courbe de la famille soit uneenveloppe.
Nous introduisons cette conditionpuisqu’un
rayon, par le théorème d’unicité des solutions dessystèmes
différentiels dupremier ordre,
ne peut pas êtrel’enveloppe
d’une famille de rayons.Toutefois,
pour l’étude de certaines situationssingulières, qui
ne seront pas considéréesici,
il convient de ne pas tenir compte de cette condition(cf.
Thom[3]).
Dans la situation de la
figure
5 a, cette condition esttoujours
satisfaitepuisque
la crête deGr~ (r)
n’est pasparallèle
à l’axe des t. Deplus,
cettecondition nous assure que les
points critiques
de pr 1 :déterminés par
~~,
= 0 sontindépendants
de laparamétrisation
~. Finale-ment, nous affaiblissons la définition
d’enveloppe
en prenant l’adhérence de~(0(y)),
afin de ne pas éliminer certaines situationssignificatives
pour notre étude pourlesquelles
= 0. Nous illustrons un résultatpossible
d’une telle situation à la
figure
5 c(point p).
LEMME 4.1.
- Supposons
queGr~ (r) = { (t,
x,u)
E1R3 ; Fu(t,
x,u)
=0 },
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
255 LA THÉORIE DES CATASTROPHES. Ill
que pour tout
(t, (~(f. u), u)
EGr~ (r)
le vecteur(Ft(t,
x,u), Fx(t,
x,u))
estnon nul et colinéaire à
(1, 4Jt(t, u))
et que x,u) #
0 siAlors l’ensemble
catastrophe
de F coïncide avec ôr.Démonstration. De la relation
Fu(t,
x,u)
=0,
on ad’où l’on tire que
F~
= = 0 si et seulement si = 0. Comme onsuppose que le vecteur
(Fr, Fx)
est non nul et colinéaire à(1,
on a que Pour montrer la conditionu) #
0 de la définition4.2,
dérivons cetteéquation
relativement à u :Dans ces
conditions,
on obtient donc que = 0 si et seulement siOr en dérivant relativement à t la relation
Fit,
x,u)
=0,
on a Cequi
montre que #0,
car autrementF xu
= 0.DÉFINITION 4.3. - On
appellera caustique l’enveloppe géométrique
d’un
système orthotomique
de rayons.THÉORÈME 4 .1. - Dans les conditions du lemme
3.6,
l’ensemble catas-trophe
de la fonctionJ(r,
p,y)
coïncide auvoisinage
de(so, po)
avec lacaustique
relative au front d’onde ~.Démonstration. - Définissons localement la fonction
Les ensembles
catastrophes
de F et J coïncidentpuisque
et que, de
et
Vol. XXIV, n° 3 - 1976.
De
plus,
en vertu du lemme3.6,
la surfacecritique
de F définie par peut êtreparamétrée
par la fonctiondont
l’image
est legraphe
dusystème orthotomique
de rayons passant auvoisinage
dupoint À(uo)
de À. D’autre part,d’après
le lemme3.3,
le vec-teur
u), u), F~(i, u), u))
est non nul et colinéaire au vecteur(1, ~t(z, u)). Finalement, F~" ~
0 si et seulement siJ~y 5~
0. Le lemme 4 . 1établit alors le résultat.
DÉFINITION 4.4. - La fonction distance
optique J(r,
p,y)
est une bonnefonction
si elle vérifie enchaque point
de son domaine de définition l’une des conditions suivantes :L’ensemble des bonnes fonctions J forme un ouvert dense
(la propriété
d’être une bonne fonction est
générique)
dansl’espace
desapplications
différentiables de [R2 x R dans R. On peut fournir des modèles
canoniques
locaux des bonnes fonctions J dont les ensembles
catastrophes
sont, à undifféomorphisme près, respectivement
les ensemblescatastrophes
locauxdes bonnes fonctions du type i
correspondant
à chacune des conditions c. i,i =
1, ..., 4.
Mentionnons finalement que les bonnes fonctions sontlocalement
stables,
d’où la stabilité desmorphologies
des ensemblescatastrophes qu’elles présentent.
Pourplus
dedétails,
nous renvoyons le lecteur à[4].
THÉORÈME 4.2. -
Supposons
que la fonction distanceoptique
J estune bonne fonction et que le front d’onde A est
régulier
relativement à(i,
~.,y).
Alors aupoint (r, ~c)
l’un des cas suivants seprésente
defaçon
stable selon que J satisfait
respectivement
en(r,
~c,y)
les conditions c. i :(c.l)
Aucun rayon dusystème orthotomique
défini auvoisinage
dupoint correspondant
de ~, ne passe par(r,
(c . 2)
Il y a au moins un rayonqui
passe par(i,
mais iln’y
a pas decaustique qui
passe par(r, ~u).
’
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
257
LA THÉORIE DES CATASTROPHES. iII
(c . 3)
Unecaustique
de typepli
passe par(r, ~).
(c . 4)
Unecaustique
de typecuspide
se situe aupoint (r, ~).
La démonstration est une
conséquence immédiate
du théorème 4.1 1et de la classification des ensembles
catastrophes
des bonnes fonctions(cf.
la référence[4] ).
Remarque.
- Il peut seprésenter
localement dans leplan (t, x)
uneautre
morphologie
stable de lacaustique :
l’intersection transversale de deuxlignes
depli.
Une telle situation se déduit d’une étudeglobale
dusystème orthotomique.
LEMME 4.2. - Si le front d’onde À est
régulier
relativement aupoint (t,
~y)
tel que(t, /1)
est unpoint catastrophe
de J pour y etJyyy(t,
~u,y) = 0,
alors
en ce
point.
Démonstration. - Utilisant les
expressions (3.9)
et celles obtenuespour
Jtyy
et de(3.8),
on a qued’ou le lemme.
D’après
les lemmes3 . 2,
3.5 et4 . 2,
un front d’onde Àrégulier
relative-ment à un
point (r,
p,y) admet, lorsque défini,
un rayon de courbureopti-
que différentiable au
voisinage
dupoint (~(r,
p,y),
p,y),
r, ~y)).
On
désignera
parp(u)
ce rayon de courbureoptique,
leparamètre
u étantchoisi relativement à une
paramétrisation
locale de À.THÉORÈME 4 . 3. 2014 Si ~ est un front d’onde
régulier
relativement à(T,
p,y),
les cas suivants se
présentent
localement :(a) Lorsque
p n’est pasdéfini,
defaçon
stable iln’y
a pas decaustique.
(b) Lorsque p’(u) # 0,
lamorphologie
de lacaustique
est celle d’uneligne
depli
stable.(c) Lorsque p’(u)
=0, p"(M) 5~ 0,
lamorphologie
de lacaustique
estcelle d’une
cuspide
stable.(d ) Lorsque p’(u)
=p"(u)
=0,
lamorphologie
de lacaustique
estinstable.
Remarque.
La notion de stabilité est celle utilisée relativement à la fonction distanceoptique.
Elleimplique
la stabilité de lamorphologie
locale de la
caustique
sous la «perturbation » correspondante
du frontd’onde.
Démonstration du théorème 4.3. - Le théorème découle directement
Vol. XXIV, n° 3-1976.
des lemmes 3.2 à 3. 5 et
4.2,
du théorème 4.2 et desexpressions
suivantesen
(t,
p,y) :
siy) # 0,
Nous donnons une illustration du cas
(c)
de cethéorème,
pour les milieuxhomogènes,
par lafigure
6ci-après.
Nous relions les
singularités
des fronts d’onde en évolution auxmorpho- logies
locales descaustiques
stables par le théorème suivant.THÉORÈME 4.4. - Si A est un front d’onde initial
régulier
relativement à(ïo. Yo),
les situationsgénériques
suivantes seprésentent
auvoisinage
de
(ïo, po) :
(a) Lorsque (ïo, n’appartient
pas à unecaustique,
lesmorphologies
des fronts d’onde sont celles d’une
ligne
depli
stable.(b) Lorsque
par(to,
passe unecaustique
stable de typepli,
lesmorpho- logies
des fronts d’onde sont celles d’unecuspide
stable.(c) Lorsqu’en (ïo, po)
se situe unecaustique
stable de typecuspide,
lesmorphologies
des fronts d’onde sont celles des sections de la queue d’aronde.Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
259
LA THÉORIE DES CATASTROPHES. III
Démonstration. Il
s’agit
de considérer la fonction différentiableLes sections par rapport à a de son ensemble
catastrophe
dansl’espace
des
(r,
~a)
définissent les fronts d’onde en évolution auvoisinage
de(so, po), puisque (r,
p,a)
est unpoint catastrophe
de J s’il existe un y telque . , Í . _....
Si
(ïo, J.lo) n’appartient
pas à unecaustique,
et
où ao =
J(ïo. Yo) :
on a donc le résultat(a).
Si part
(ïo,
passe unecaustique
de typepli,
et en /10’ ao,
Yo) le
déterminantd’où le résultat
(b).
Si en(so, po)
se situe unecaustique
de typecuspide,
et en /10’ ao,
yo) le
déterminantd’où le résultat
(c) (cf.
la référence[4] ).
Pour une illustration du cas
(c)
de cethéorème,
dans les milieux homo-gènes,
nous référons à lafigure
7ci-après.
Il est à remarquer que pour le cas d’une
caustique
de typecuspide,
l’ensemble
catastrophe
de conflit de ~y)
auvoisinage
dupoint cuspide
détermine l’ensemble des
points
de self-intersection des fronts d’onde enévolution.
FiG. 7. - Singularité queue d’aronde des fronts d’onde.
[1] R. THOM, Stabilité structurelle et morphogénèse. W. A. Benjamin, Reading, Mass.,
1972.
[2] O. N. STAVROUDIS, The Optics of Rays, Wavefronts, and Caustics. Academic Press, New York, 1972.
[3] R. THOM, Sur la structure des enveloppes. Journ. de Math., t. XLI, fasc. 2, 1962, p. 177.
[4] J.-G. DUBOIS, J.-P. DUFOUR, La théorie des catastrophes. II. Dynamiques gradientes
à une variable d’état. Ann. Inst. Henri Poincaré, Section A, vol. XX, n° 2, 1974,
p. 135.
(Manuscrit reçu le 18 décembre 1974)
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A