G ERGONNE
Optique. Démonstration purement géométrique du principe fondamental de la théorie des caustiques
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 16 (1825-1826), p. 307-314
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THEORIE DES CAUSTIQUES.
307On pourra faire usage de cette
expression,
aussi bienque
de laprécédente ,
pour résoudrel’équation proposée (*).
OPTIQUE.
Démonstration purement géométrique du principe fondamental de la théorie des caustiques;
Par M. GERGONNE.
A la
page14
duprésent volume ,
nousexprimions
le v0153u depouvoir
offrir à nos lecteurs une démonstration duprincipe
fon-damental de la théorie des surfaces
caustiques
par réfractionaussi
simple
que cellequi
a été donnée par M.Dupin,
pour les sur- facescaustiques
par réflexion. Un article de M.Timmermans ,
pro- fesseur deMathématiques
aucollège royal
deGand ,
inséré dairs. la
Correspondance mmathématique et physique
dut royaume desPays- Bas ( tom. 1
,n.° 6 ,
pag.336 ) ,
recueil encoretrop
peu ré-pandu
enFrance,
nous met en situation deremplir
ce v0153u au-delà de nos
espérances.
L’auteur tourne un peucourt , il
estvrai ,
(*) Ces formules , étendues à un nombre
quelconque d’équations
du pre-mier
degré,
entre ungrand
nombre d’inconnues,compléteraient
la théo-rie
exposée
à la pageI47
da III.e volume duprésent
reaueil.J. D. G.
308 T H E O R I E
et sa démonstration n’est relative
qu
ux courbesplanes ;
mais il ya
très-peu
à faire pour l’étendre aux surfacescourbes,
et pour lui donner en mêmetemps
tous lesdéveloppements qui
semblentlui manquer encore ; et tel est le but que nous nous
proposons
ici Soientdeux
surfaces courbesquelconques
situées comme on vou-dra,
l’une parrapport
àl’autre,
mais absolument fixes d-ans l’es- pace. Concevons deuxsphères concentriques ,
mobiles et variablesde rayon , mais de manière
pourtant
que leurs rayons conserventtoujours
entre eux unrapport
constant; et supposons que cessphè-
res se meuvent et varient de
grandeur
dansl’espace ,
de manière à être constamment etrespectivement tangentes
aux deux surfaces dont ils’agit;
leur centre communengendrera
une troisième sur-face,
dont ils’agit d’assigner
les relations avec les deux autres.Supposons ,
enpremier lieu , que
les deux surfaces données soient des surfacesplanes ,
que nousreprésenterons respectivernent
par pet
p’ ;
il est aisé de voirqu’alors
la troisième P sera aussi unesurface
plane , passant
par l’intersection des deuxpremières. Soient,
en
effet,
pour une situation et unegrandeur quelconque
des deuxsphères,
M leur centre commun , m et m’ leurspoints
de con-tact
respectifs
avec les deuxplans
pet pl;
de telle sorte que Mmet Mm’ soient des rayons de ces deux
sphères ;
rayons dont le rap-port
estsupposé
constant. Par ce centre M et par la commune sec-tion des deux
plans
p etp’ ,
soit conduit un troisièmeplan P ,
surlequel
soitpris
arbitrairement unpoint MI.
De cepoint
soientabaissées des
perpendiculaires MImI
etMIm’I
sur lesplans p
etp/ ;
cesperpendiculaires
serontrespectivement parallèles
à Mm etMm’. En
désignant
donc par 1 lepoint
ou ladroite MMI
rencon-tre la commune section des trois
plans
p,pl ) P,
on auraet, par
suite ,
DES
CAUSTIQUES. 309
donc,
si dupoint MI, pris
pour centre commun, et avec lesrayons MImI
etMIm’I ,
ondécrit
deuxsphères concentriques;
cessphè-
res seront
respectivement tangentes
aux deuxplans p
etp’ ,
etauront leurs rayons dans le
rapport
constant donné : elles serontdonc une des situations de nos deux
sph,ères variables de
situa- tion et degrandeur
dansl’espace ; d’où
l’on voit que tous lespoints
MI
duplan
P seront des centres de telssystèmes
desphères:
etil est de
plus
aisé de voirqu’ils
le seront exclusivement à tousles autres
points
del’espace.
Supposons présentement
queles
deuxsurfaces
fixesdonnées
soientquelconques ; désignons-les
par set s’ ;
et soit S lasurface
in-connue lieu des centres des
systèmes
desphères.
SoitM,
surcette surface
S ,
une des situatious du centre commun ;soient,
pour cette
situation ,
m etm’ , respectivement ,
lespoints
decontact de ces deux
sphères
avec les surfaces s et s’. Pour unchangement
infinimentpetit
dans lasituation
de ce centre com-mun , et par suite dans la
grandeur
dessphères,
on pourra subs- tituer aux deux surfaces s et s’ leursplans tangens
p etpl
en met
m’ ;
etalors,
par cequi
a étéprouvé ci-dessus,
le centre com-mun M pourra être
réputé
se mouvoir sur unplan
Ppassant
par l’intersection desdeux
autres. Ceplan
P estdonc
leplan tangent
en M à la surface S décrite pas ce centre commun.
Ainsi ,
danstoutes les situations
du
centre commun desdeux sphères ,
lesplans
tangens P, p, pl
aux surfacesS , s , s’ ,
auxpoints M ,
m,m’ ,
se
coupent
suivant une mêmedroite , variable
desituation
commele point
M.Concevons ,
par lepoint M ,
unplan II, perpendiculaire
à cette3I0 THEORIE
droite ,
cette droite lui seraréciproquement perpendiculaire ;
lesplans P
p ,p’ ,
où elle se trouveégalement
contenue , seront donc aussiperpendiculaires
auplan II ;
d’où il résulte que les rayons Mm etMm’ , perpendiculaires respectivement
auxplans
pet p’ ,
etconséquemment
normaux aux surfaces s etsl ,
seront dansce
plan,
etqu’il
en sera de même de laperpendiculaire
Mn me-née,
par lepoint M ,
auplan P,
normale à la surface S en cepoint.
Soit 1 le
point
où l’intersection des troisplans P,
p,p’
estcoup.ée
par leplan II,
etconsidérons
cequi
se passe dans ceder- nier plan.
On adonc
DES C A U S T I Q U E S. 3II
puis donc que
lesecond
membre de cettedernière équation
estsuppesé
constant, pour toutes lesgrandeurs
et situations du sys- tème v deuxsphères ,
lepremier
doit 1 treégalement.
La pro-priété caractéristique
de lasurface,
lieu des centres dusystème
desdeux
sphères, peut
donc être énoncée comme il suitSi deux sphères
concentriques ,
mobiles dansl’espace ,
derayon variable ,
mais done les rayons sont d’ailleurs dans unrapport
constant , se meuvent de manière à être
respectivement
et constam- menttangentes
à deuxsurfaces fixes
donnéesquelconques ;
le lieude leur centre commun sera une troisième
surface
telle quesi
de l’un
quelconque
de sespoints ,
on mène des normales aux deux autressurfaces ,
ces normales serontdans
un mêmeplan
avec lanormale menée par le même
point
à lasurjace
lieu des centresen outre, les sinus des
angles formés
par les deuxpremières
nor-males avec
celle-là,
serontrespectivement
dans lerapport
constantdes rayons des deux
sphères (*).
Si donc on suppose que la surface S soit la surface
sépara-
trice de deux
milieux ,
pourlesquels
les sinus d’incidence et de réfraction soient dans lerapport
constant des rayons des deuxsphè-
res, et que les rayons incidens soient tous normaux à la surface s, les rayons réfractés seront tous normaux à la surface s’. On a
donc ce théorème :
Deux milieux
homogènes,
d’unpouvoir rdfringent inégal ,
étantséparés
l’un de l’autre par unesurface
de naturequelconque ,
etdes
rayons
de lumièrepénétrant
de l’un de ces miliceux dans l’au-(*) MM. les Rédacteurs de la
Correspondance
avertissent dans une note , que M. Timmermans était enpossession
de ce théorème , avant d’avoir euconnaissance de l’article de la page 345 de notre XV.e volume.
3I2
THEORIE
ire ; si les
rayons
incidens sontdirigés
dansl’espace
de manièreà
pouvoir
être traversésorthogonalement
par une mêmesurface,
les rayons
réfractés
seront aussidirigés
dansl’espace
de manièreJI
pouvoir
étre traversésorthogonalement
par une mêmesurface,
et
réciproquement :
enoutre, à chaque surface trajectoire orthogo-
nale des rayons
incidens ,
ilrépond toujours
unesurface trajec-
toire
orthogonale
des rayonsréfractés
telle que , dequelque point
. de la
surface séparatrice
des deux milieux que l’on mène des nor-males à ces deux autres
surfaces ,
leslongueurs
de ces normalesseront
respectivement
entre elles dans lerapport
constant du sinu-fd’incidence au sinus de
réfraction.
Il a
déjà
été observéplusieurs fois,
et notamment à la page14-
duprésent volume,
que la réflexion n’étaitqu’un
casparticulier
dela
réfraction ,
savoir : celui où les sinus d’incidence et de réfraction ne difîerentque
par lesigne; donc,
cequi précède
renfermeimpli-
citement toute la théorie des surfaces
caustiques
par réflexion.Il a aussi été
observé ,
page15 ,
que la théorie descaustiques planes ,
soit par réfraction soit parréflexion ,
n’étaitqu’un
cas par- ticulier de cellesdes
surfacescaustiques :
donc le peuqu’on
vientde lire renferme
implicitement
toute la théorie descaustiques pla-
nes et surfaces
caustiques ,
soit par réfraction soit parréflexion,
Jetonsprésentement
unregard
enarrière; reportons -nous
par lapensée
aupoint
dedépart
desgéomètres,
dans la théoriequi
nous occupe ; et mesurons
rapidement l’espace qu’ils
ont parcouru.Tschirnausen, remarque le
premier , en I682 ,
lacaustique plane
formée
par des rayonsparallèles
réfléchis dans lecercle ,
et se pro-pose
d’en rechercherl’équation.
Ceproblème, qui
n’estplus
au-jourd’hui qu’un jeu ,
était alors fortdifficile ;
il en donne unesolution
reconnue fausse parCassini, Mariotte
et de laHire ,
com-missaires de l’Académie
royale
des sciences de Paris. Cet essai in-fructueux
éveille l’attention desgéomètres
sur ces sortes de cour-bes,
que l’onaperçoit bientôt devoir
donnerla
véritable clef deDES
CAUSTIQUES.
3I3tons les
mystères
del’optique.
LesBernouilli , l’Hôpital , Carré et quelques
autres en font tour-à-tourl’objet spécial
de leurs recher-ehes ,
et donnent des méthodesgénérales
pour obtenirl’équation
d’une
caustique plane quelconque,
soit par réflexion soit par ré- fractionMalus,
enI8I0 , s’occupe
lepremier
de la théoriegénérale
dessurfaces
caustiques ,
et trouvequelques
beauxthéorèmes ;
mais deserreurs de
calcul,
résultat presque inévitable d’une analysetrop
com--
pliquée ,
l’entraînent à dénier à ces théorèmes lagénéralité qu’ils comportaient
réellement. M.Dupin,
enI822 , reprend
la théoriede
Malus ,
pour lui donner lecomplément qui
luimanquait,
eten
1823,
d’uneanalise , également
fortcompliquée , ( Annales ,
tom.
XIV ,
pag.I29 ),
nous déduisonsla possibilité de remplacer ,
pour des rayons
originairement
normaux à une mêmesurface quel-
conque,
l’effet
d’un nombrequelconque
deréfractions
et de ré-flexions,
soit par uneréfraction
soit par uneréflexion unique.
Des recherches relatives à
quelques
casspéciaux
de réflexion etde réfraction
( Annales, tom. V ,
pag.283 ,
tom.XI ,
pag. 229 ,et tom.
XIV ,
pag. i),
nous avaientconduits ,
dèsI8I5,
à soup- çonner que, leplus
souvent , descaustiques fort compliquées
pour- raient très-bien n’étre que lesdéveloppées
d’autres courbes beau- coupplus simples :
enI825 ,
M.Sturm ,
en caractérisant la courbe dont lacaustique
relative au cercle est ladéveloppée ( Annales ,
tom.
XV ,
pag.205 ),
donne un nouveaupoids
à cetteconjec-
ture.
Presque
en mêmetemps,
M.Quetelet publie ,
sur les caus-tiques planes,
engénéral (
Mémoires de l’Acaddmicroyale
desSciences
deBruxelles,
tom.III, pag. 89 d’élégans théorèmes,
dont ceux de M. Sturm ne deviennent
plus
dès lors que des casparticuliers. Après
avoir démontré ces théorèmes par l’analise(
tom.XV,
pag.) ,
nous lesétendons,
et M.Sarrus,
presque enmême
temps
que nous 3 aux surfacescaustiques,
à la page i.redu
présent volume ;
ouplutôt ,
nous donnons un théorème siln-ple
etgénéral qui
renferme à lui seul toute la théoriedes
caus-Tom.
XVI. 4I
3I4 THEORIE DES CAUSTIQUES.
tiques
et surfacescaustiques ,
tant par réfraction que par réflexion.Il restait seulement à désirer une démonstration
simple
de cethéo-
rème ,
et voilà que M. Timmermans enproduit
unequi
l’est àtel
point qu’elle peut
être introduite dansl’enseignement
même leplus élémentaire ,
etqu’on
a seulement lieu d’êtresurpris
que, dans l’intervalle deprès
d’un siècle etdemi ,
tant degéomètres
aientréuni tant d’efforts et fait tant de
dépense
decalcul,
pour par- venir finalement à unrésultat qu’ils avaient,
pour ainsidire,
sousla main. Sauf les
applications , qui
offrironttoujours
des difficul- téspratiques ,
cette théoriepeut
êtreprésentement regardée
commetout-à-fait
close ;
mais il fallait passer par ces divers détours pour l’amener à cepoint ;
car, en touteschoses,
cequ’il
y a deplus général
et deplus simple ,
à lafois,
est d’ordinaire cequi
se
présente
en dernier lieu à lapensée.
Bien d’autres théories en.core attendent un semblable
perfectionnement
des efforts réunis desgéomètres ;
et ils ne sauraient servirplus
utilement la sciencequ’en dirigeant
leurs méditations vers unobjet
aussiimportant. Au point
où nous sommes parvenus
aujourd’hui ,
nous avons, eneffet , beaucoup
moins besoin de créer de nouvelles théories que de ré- duire à leurs moindres termes , s’il estpermis
des’exprimer ainsi,
les