C. L AMBERT
Optique. Recherches sur les caustiques planes
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 20 (1829-1830), p. 97-108
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97
OPTIQUE.
Recherches
surles caustiques planes ;
Par M. C. LAMBERT , aspirant ingénieur des mines, ancien
élève de l’école polytechnique.
CAUSTIQUES PLANES.
L’ENVELOPPE
commune de toutes les normales à une courbeplane
est ce
qu’on appelle
ladéveloppée
de cettecourbe ;
lepoint
de con-tact de cette
enveloppe
avecchaque
normale est dit le centre decourbure du
point correspondant
de la courbeproposée ;
et la droitequi joint
ces deuxpoints
est nommée le rayon de courbure de lacoùrbe,
en ce mêmepoint.
Mais
si ,
par les différenspoints
d’une courbeproposée ,
on mènedes droites faisant avec ses
normales y
en ces mêmespoints,
des an-gles
constans ou variables suivant une loimathématique
donnéequel-
conque, ces droites auront
aussi ,
comme lesnormales,
une enve-loppe
commune que , paranalogie,
on pourraappeler
une déve-loppée oblique
de la courbeproposée ;
lepoint
de contact de cettenouvelle
enveloppe,
avec chacune des droitesqui
auront concouruà sa
détermination,
pourra être dit le centre de courbureoblique
du
point correspondant
de la courbeprimitive ;
et enfin la droitequi joindra
ces deuxpoints
pourra être nommée le rayon de cour- bureoblique
de cettecourbe ,
en ce mêmepoint.
Si,
parexemple,
la courbeproposée
est uncercle ,
et que l’an-gle
des rayons de courbureobliques
avec les rayons de courbureorthogonaux
soit constant, ladéveloppée oblique
sera évidemment unautre cercle
concentrique
avec lepremier. Si ,
dans le même cas d’unTom,
XX.I4
98 CAUSTIQUES
angle
constante on veut que ladéveloppée oblique
seréduise
à unpoint,
il faudra que la courbeproposée
soit unespirale lega-tithmi-
que. Si cette courbe
proposée
se réduit à unedroite
et que lesangles
croissent comme les distances des normales à unpoint
fixede cette
droite ,
ladéveloppée oblique
sera ladéveloppée orthogo-
nale d’une
cycloïde,
etconséquemment
une autrecycloïde,
et ainsidu reste.
La
théorie générale
desdéveloppées obliques, qui paraît
n’avoirpas encore fixé l’attention des
géomètres ,
et surlaquelle
nous pour-rons revenir dans une autre
occasion , conduit,
avec unemerveil-
leuse
simplicité, à
unemultitude
de résultats curieuxqu’on
ne dé-duirait souvent que d’une manière
très-pénible
desprocédés
ordi-naires
d’investigation.
Nous nousbornerons ,
pour leprésent
établir les
principales
formulesqui
lient lesdéveloppées obliques
aux
développées orthogonales
et à en faire uneapplication spéciale
à
l’optique.
Soient M et M’
(fig. 2)
deux despoints
d’un arc de courbedonné ,
C et C’ les deuxpoints correspondans
de sadéveloppée orthogonale,
centres de courburerespectifs
de la courbe en M etM’,
m et m’ les centres de courburecorrespandans
de l’une de sesdéveloppées obliques,
et 0 l’intersection de C’M’ et de mM. Dupoint
m’ comme centre, et avec sa distance au
point
M pour rayon, soit décrit un arc decercle ,
se terminanten A,
sur la direction de m’M’.Désignons par S
l’are de la courbeMM’, compté
de M versM’,
par s 1 arc de la courbe
mm’, compté
de m versm’, par R
lerayon de courbure
orthogonal CM,
par r le rayon de courbureoblique mM,
par 03B8l’angle
CMm queforment
entre eux ces deux rayons,par S
lequadrilatère mixtiligne MCC’M’,
et par 03C3 lequa-
drilatèremixtiligne
Mmm’M’.Si nous supposons le
point
M’ infinimentvoisin
dupoint M, les points
CI et ml seront aussi infiniment voisinsdes points
C et m ,les arcs CC’ et mm’
pourront
être considérés comme. lesprolonge-
PLANES. 99
mens
rectilignes respectifs
de MC etMm;
les espaces MCC’M’et
Mmm’M’
pourront
aussi être considérés comme desimples
secteurs ,ou encore comme des
triangles ;
et MA comme unesimple perpen-
diculaire ,
soità
mM soit à m’M’.Dans la même
hypothèse
on auraOn aura ensuite
mais on a
il
viendra donc,
ensubstituant ,
Ou en
réduisant
On a aussi
mais,
à cause queles triangles MOC’
et M’Om’ ont unangle égal
en
0 ,
on doit avoirc’est-à-dire,
ensubstituant,
ou , en
réduisant,
100
CAUSTIQUES
ou bien encore
ou , en
développant, supprimant
les termes deplus d’une dimen-
sionen différentielles
et divisant par dS iOn a
enfirl
c’est-à-dire,
ou, en
supprimant
les termes de deux dimensions endifférentielles,
Ces
quatre formules, qu’il
serait assez difficile d’obtenir par lesprocédés
ordinaires de lagéométrie analytique, répondent
à la fi-gure telle
que
nous, l’avonssupposé construite ;
mais il seraaisé,
dans tous les cas ,
d’y
faire leschangemens
designes qu’exigeront
les circonstances
particulières
danslesquelles
on pourra se trouver.Pour deux
développées obliques
d’une mêmecourbe donnée,
onobtiendrait évidemment deux
systèmes
depareilles équations ;
desorte
qu’en
affectant d’un accent lessymboles relatifs
à la secondedéveloppée oblique,
nous aurons,entr’autres formuled,
lesqua-
tre
équations
PLANES.
I0IPrésentement nous pouvons supposer que les rayons de cour- bure de l’une des deux séries sont des rayons
incidens
, tous tan-gens à une des
développées obliques ;
que la courbeproposée
estune courbe réfléchissante ou
séparatrice
de deux miiieuxhomogènes
de densité
différente,
etqu’enfin
les rayons de courbureobliques
del’autre série sont les rayons réfléchis ou réfractés à la rencontre de
cette
courbe,
toustangens
à l’autredéveloppée oblique qui
seraainsi la
caustique
par réflexion ou parréfraction ,
formée par ces mê-mes rayons. Pour
cela,
il nousfaudra,
suivant les lois del’opti-
que,
joindre
auxquatre équations ci-dessus, l’équation
À et 03BB’ étant deux nombres constans
qui,
dans le casparticulier
de la
réflexion,
ne différeront Fun de l’autre que par lesigne.
En différentiant
l’équation (5),
il vientou bien
mettant dans cette dernière
équation pour -
et d03B8 dS leurs valeursdonnées
par leséquations (2)
et(2’),
elle deviendraI02
CAUSTIQUES
Au moyen de cette dernière
formule,
on construirafacilement
parpoints
làcaustique
parréfraction qui répondra à’
une courbedonnée, séparatrice
dedeux milieux,
pourlaquelle
on saura cons-truire le rayon de courbure en tous ses
points,
et pour des rayons incidens toustangens
à une même courbe donnée.Menant,
en ef-fet, à
cettedernière-
courbe unetangente prolongée jusqu’à
sonpoint
de rencontre avec la courbeséparatrice ,
àlaquelle
on me-nera une normale par ce
point ;
on connaîtraainsi ,
à lafois ,
lalongueur
r du rayon incident etl’angle
d’incidence03B8, duquel
onconclura
03B8’,
au moyen del’équation (5) ;
on pourra donc tracer la direction du rayonréfracté; l’équation (6)
en fera ensuite fa- cilement connaître lalongueur rf 1
etdéterminera ainsi
un despoints
de la
caustique
cherchée.Si ,
au lieu de donnerla courbe
quetouchent tous
les rayonsincidens ,
on donnait une courbe àlaquelle
ils fussent tous normaux, ils seraient par là même toustangens
à ladéveloppée orthogonale
de cette
courbe,
cequi
ramènerait laquestion
au casprécédent,
Dans
le
casparticulier
où ils devraient être tous normaux à unmême
cercle,
ils devraient tous émaner de son centre , de sorteque
lapremière développée oblique
se réduirait aupoint
rayon-nant et que r serait
simplement le symbole général
des distances de cepoint
aux diverspoints
de la courbeséparatrice.
L’équation (6)
étant mise sous cette formeen y menant pour Sin.03B8’ sa valeur tirée de
l’équation (5),
elledeviendra divisible
parSin.03B8
et se réduira àsi nous
supposons présentement
quel’angle d’incidence
estnul,
I03
. PLANES.
l’équation (5)
prouve quel’angle
deréfraction
le seraaussi ;
onaura
doncCos.03B8=Cos.03B8’=
I; cequi
réduiral’équation (7) à
Ainsi 1 lorsque
les rayons incidens seront tous émanés d’un mêmepoint,
cetteéquation
donnera fortsimplement
lepoint
de la caus-tique
parréfraction , qui
est situé sur le rayonnormal ,
c’est "cepoint qu’on appelle
lefoyer, lorsque
la courbeséparatrice
est uncercle.
Si,
dans le cas ducercle,
on suppose lepoint rayonnant
inû- nimentéloigné, l’équation (8)
se réduira àet fera
conséquemment connaître
laposition du foyer
desrayons
parallèles,
ou de cequ’on appelle
lefoyer principal.
Si,
dans cette mêmeéquation (8) ,
onsuppose
que laligue
sé-paratrice
se réduit à unedroite ou que R
estinfini,
elle de-viendra simplement
ainsi,
dans ce cas, les distances dupoint rayonnant
et dufoyer
à la droite
séparatrice
sont dans unrapport
inverse de celuidu
sinus d’incidence au sinus de réfraction. C’est aussi ce
qu’on
a vu( Annales,
tom.XI,
pag. 229).
Si ,
dans le casgénéral,
les rayons,après
unepremière
réfrac-tion,
devaient se réfracter de nouveau , une ouplusieurs fois, à
la rencontre d’une ou de
plùsieurs
autres courbesséparatrices ;
comme, avant
chaque
réfractionnouvelle,
onconnaîtrait ,
par cequi
a été ditci-dessus,
lacaustique
àlaquelle
les rayons inci-I04 CAUSTIQUES
d,ens seraient
tangens,
onparviendrait ,
deproche
enproche,
par les moyens que nous avonsindiqués,
à construire parpoints
la der-nière
caustique ;
de sortequ’on peut regarder
leséquations (5)
et(6)
commepropres à
faire connaître parpoints
lacaustique
résul-tant de tant de réfractions successives
qu’on
voudra.Pour nous borner à un cas des
plus simples,
etqui
offre pour-tant d’utiles
applications,
supposons deux surfacesséparatrices
seu-lement,
endésignant
par r" la distance du nouveaupoint
d’inci-dence au
point
où le second rayon incident touche la seconde dé-veloppée oblique,
par RI le rayon de courbure de la nouvelle courbeséparatrice
aupoint d’incidence,
par r"’ lalongueur
du rayon dou- blementréfracté , comptée
dupoint
de seconde incidencejusqu’à
son
point
de contact avec la troisièmedéveloppée oblique,
et en-fin par 03B8" et 03B8"’ les
angles
de seconde incidence et de seconde ré-fraction ,
dont nous supposerons les sinusproportionnels
à 03BB’ et03BB",
nous aurons
(5)
et(7)
lesquatre équations
on
tirera
desdeux dernières
I05 P LA NE S.
mais ici r’ et r" ont une même
direction qui
contient les deuxpoints d’incidence ;
de sorte que la distance entre ces deux dernierspoints
devra êtreégale
à leur somme ou à leurdifférence;
en dé-signant
donc par e cettedistance,
on auraformule
qui ,
en y considérant r’" commeinconnue ,
servira à trou-ver
immédiatement
parpoints
lacaustique
résultant de deux réfrac- tionsconsécutives ,
sansqu’on
soitobligé
de tracer lacaustique
in-termédiaire.
Si,
enparticulier,
les deux surfacesséparatrices
sont deux facesd’un même corps
transparent
il faudrajoindre
àl’équation (n)
ladouble équation
on
peut
doncconsidérer
lesystème
de ces deuxéquations
commerenfermant toute la théorie des lentilles de toute nature dont on
pourra ainsi déterminer les
foyers
sansnégliger
leurépaisseur,
comme on le fait communément.
Des
équations (I)
et(I’)
ontire,
entransposant
etdivisant,
d’où
ce
qui donne,
enIntégrant,
Tom. XX I5
I06
CAUSTIQUES
C étant la constante arbitraire. Si l’on fait commencer ensemble les
arcs s et s’ et
qu’on désigne
par ro etr’o
lesrayons iucidens
et réfractésqui répondent
à leurorigine,
on aurad’où,
en retranchant ettransposant,
Si l’on demande
qnelle
doit être la courbeséparatrice
pour queles rayons émanés d’un certain
point
concourent,après
leur réfrac-tion, en
un autrepoint,
il faudra poser s=o ets’=o,
au moyen dequoi l’équation (I3)
deviendraTelle est donc la relation entre les distances r et r’ des différens
points
de la courbe demandée aux deuxpoints
fixesdonnés ;
d’oùil est aisé de conclure que
l’équation
de cettecourbe,
en coordon-nées
rectangulaires
s’éleverait auquatrième degré.
Ces sortes decourbes ont été
appelées lignes aplanètiques
par M.Quetelet qui
en a fait le
sujet
de diverses recherches fortcurieuses,
soit dans saCorrespondance,
soit dans des mémoiresspéciaux.
Tout ce
qui
vient d’être dits’applique
immédiatement à la ré-flexion,
ensupposant simplement 03B8’=-03B8,
d’oùSin.03B8’=-Sin.03B8,
Cos 03B8’ = Cos.03B8 et
; ainsi, d’abord ,
si des rayons incidens sonttous
tangens
à une mêmecourbe ,
enreprésentant
par r la lon- gueur du rayonincident, comptes depuis
cette courbejusqu’au point d’incidence , par r’
lalongueur
du rayonréfléchi, comptée depuis
lepoint
d’incidencejusqu’à
lacaustique,
et enfinpar R
le rayon de courbure de la courbe
réfléchissante,
aupoint d’inci-
dence
, on aura(6)
PLANES.
I07formée commode pour tracer par
points
lacaustique
par réflexionlorsqu’on
donne la courbe réfléchissante et celle àlaquelle
les rayons incidens sonttangens.
On ramenerait ausurplus à
ceproblème
ce-lui où t’on donnerait une courbe à
laquelle
les rayons incidens se- raient normaux.Si l’on considère
uniquement
le rayon incident normal à la courberéfléchissante,
on aura(8)
.ce
qui détermine
lefoyer
dans les miroirs circulaires. S’ils’agit du.
foyer principal
on dafoyer
des rayonsparallèles,
on aura(9)
Le
point rayonnant
étantquelconque,
si laligne
réfléchissanteest
droite,
on auraenfin on
parviendrait,
au moyende l’équation (I5),
à construire directement lacaustique qui
naîtrait d’un nombrequelconque
deréflexions consécutives,
sans êtreobligé
de construire lescaustiques
intermédiaires.
Quant a
laligne aplanétique
parréflexion
elle seradonnée
(I4)
parl’équation
c’est-à-dire que cette
ligne
sera uneellipse
ou unehyperbole
sui-vant que r et rj serom de mêmes
signes
oude signes contraires
,I08
CAUSTIQUES PLANES.
et
conséquemment
uneparabole lorsqu’un
des deuxpoints fixes
sera infiniment distant.
Les formules
(6)
et(15) ,
en ysupposant
R constant, et en ad- mettant que s=o, rentrent exactement dans cellesqui
ont été don-nées par
Petit,
dans laCorrespondance
de M.Hachette ( tom. II,
pag.
353 ),
pour le cas d’un cercle réfléchissant ouséparateur,
et derayons incidens tous émanés d’un même
point ;
mais on voit enmême temps
qu’ici
ces formules ont un sensbeaucoup plus
étendu.Il est
surprenant ,
ausurplus,
que Petit n’ait passonge à
leur don-ner une extension aussi
facile;
il aurait puconsidérer,
eneffet,
que,
quand
des rayonsincidens, tangens
à une courbequelcon-
que, se réfléchissent ou se
réfractent,
à la rencontre d’une autrecourbe
également quelconque,
l’un d’euxpeut
êtreenvisagé
commeémané de son
point
de contact avec lapremière
de ces deux cour-bes,
et sonpoint
d’incidence comme un despoints
du cercle os-culateur de la seconde
courbe ;
de sorte que les formules construi-tes pour le cercle et pour dès rayons émanés d’un même
point
doivent
subsister
encore, enremplaçant
le rayon du cercle par le rayon decourbure ,
aupoint d’incidence,
de la courbe dont ilest le cercle
oscutateur,
en enremplaçant
la distance dupoint
d’in-cidence au
point rayonnant
par la distance de cepoint
d’incidenceau
point
de contact du rayonqui
yparvient
avec la courbe en-veloppe
de tous les rayons incidens. C’est exactement de la même manièrequ’en mécanique
de la théorie du mouvement dans lec,er- cle ,
on passe à la théorie du mouvement lelong
d’une courbequel-
conque
(*).
(*) Les
géomètres qui,
lespremiers,
se sont occupés de la théorie des caus-tiques,
avaient cru faussementpouvoir
substituer à la courbe réfléchissanteou
séparatrice
sa tangente aupoint
d’incidence ; l’identité des formules de M. Lambert avec celles de Petit prouve que, du moins, il estpermis
de subs-tituer à. cette courbe son cercle osculateur au
point
d’incidence.J. D G.