G ERGONNE
Optique. Recherches d’analise sur les caustiques planes
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 15 (1824-1825), p. 345-358
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345
OPTIQUE.
Recherches d’analise
surles caustiques planes ;
Par M. G E R G O N N E.
CAUTIQUES PLANES.
LES
travaux desBernouilli ,
de la Hire et del’Hopital
sur lescaustiques
semblaient en avoirépuisé
lathéorie,
et ellesétaient,
en
effet ,
tombées dans une sorted’oubli, depuis près
d’unsiècle,
lorsque
les belles recherches d.e Malusramenèrent ,
àl’euvi ,
l’at-tention des
géomètres
vers ces courbesqui jouent
un rôle si im-portant
dans lesphénomènes
de lavision,
dont lagénération
estsi facile à
concevoir,
etqui pourtant
se montrentquelquefois
siréfractaires à l’action du calcul.
Déjà
Petit avaitdonné,
dans le II.e volume de laCorrespon-
dance sur
l’école polytechnique (
pag.354 ) ,
une méthode très-élégante
pour construire parpoints
laçaustique,
soit par réflexion soit parréfraction ,
relative aucercle,
et parsuite
à lasphère lorsque,
dans le V.e volume duprésent
recueil(
pag.283 ) , je m’occupai
de ramener à la théorie descaustiques
dephénomène
des
Images multiples , auquel
donne naissance uneglace
étamée ounon
étamée , à
facesparallèles.
J’insinuai dès lors(
pag.289 ) , qu’il
sepourrait bien
que lescaustiques,
d’unefigure
sicompli- quée
pourl’ordinaire ,
ne fussent que lesdéveloppées
d’autres cour-bes
beaucoup plus simples,
Dans le XI.e volume(
pag.229 ) , le
déterminai la nature de la
caustique
formée par les rayons éma-,nés
de l’un despoints
d’un milieuhomogène, après
avoirpéné-
Tom. XV ,
n.°XI ,
I.er maiI825. 47
346
tré dans un autre milieu
homogène , séparé
de celui-là par unplan,
et
je prouv ai
que cettecaustique était ,
dans tous les cas , la dé-veloppée
d’une sectionconique.
Revenantensuite
de nouveau, dansle XIV.e
volume (
pag. i),
sur les lentillesplanes ,
à faces pa-rallèles, je prouvai,
contrel’opinion
commune , ettoujours
par laconsidération
descaustiques
que ces sortes de lentillespartagent
avec les lentilles convexes la faculté
amplificative.
Dans le même
temps
M.Dupin
venait de faireparaître
sesAp- plications
degéométrie ,
danslesquelles
il donnait une extensionimportante
à la théorie dont Mains avaitposé
lespremières bases ; je prouvai ,
à cesujet,
dans le mêmevolume ( pag. I29 ), que
la
recherche
de lacaustique produite
par un nombrequelconque
de réflexions et de
réfractions ,
à la rencontre de surfacesquel-
conques ,
pouvait toujours
être réduite à celle de lacaustique
pro- duie soit par la réflexion soit par laréfraction ,
a la rencontred’une
surfaceunique
ou encore à la recherche de ladéveloppée
d’une surface déterminée.
J’étais , depuis quelque temps ,
enpossession
del’équation
dela
caustique
par réflexion sur lecercle,
et par suite sur lasphère, qui
n’avait encore étédonnée
par personne ; maisje
l’avais ob-tenu par des calculs
trop prolixes
et sous une formetrop
peu élé-gante
pour songer à lapublier, lorsque j’appris,
par lesjournaux ,
que M. le
professeur Auguste
deLarive,
deGenève ,
venait depublier
un mémoire danslequel disait-on,
ils’occupait
de la re-cherche de cette même
caustique
, non seulement pour le cas de laréflexion
, mais pour le cas,incomparablement plus difficile ,
de la
réfraction lequel
renfermel’autre ,
comme casparticulier.
Quelle
que fût monimpatience
de connaître le mémoire de M.de
Larive ,
il ne meparvint qu’assez
tard. Je me hâtai de le par-courir, j’y
rencontraibeaucoup
de choses fortintéressantes ;
maisje n’y
trouvaipoint l’équation
annoncée. Rebuté sans doute par la com-plication
descalculs , l’auteur
avaitpris
leparti
de recourir à desapproximations ,
ressource très-utile sans doute pour lesapplications
347
P L A N E S.
pratiques ,
mais dontl’emploi
laissait tout à fait entière laques-
tion
spéculative
quej’avais
en vue.C’est fort peu de temps
après
que m’estparvenu
le mémoirede M.
Sturm,
inséré dans leprésent
volume( pag. 205 ) ,
et danslequel
il démontre que lacaustique,
soit parréfraction
soit parréflexion ,
relative aucercle,
est constamment ladéveloppée
d’unecourbe telle que la somme ou la
différence
desproduits qu’on
ob-tient en
multipliant
les distances de sespoints
aupoint
rayon-nant et à son
conjugué ,
parrapport
aucercle, pris pour foyers ,
par des nombres constans, est
égale
à unelongueur
constante. On voit que M. Sturm est entré dans la bonnevoie,
dans celle quegavais indiquée
il y adéjà plusieurs années ,
etqui
consiste àchercher y
au lieu de lacaustique
la courbe dont elle est la dé-veloppée.
Je me
proposais
deprofiter
dupremier
moment de loisir queje
rencontrerais pour chercher de nouveau , à l’aide des résultats obtenus par M.Sturm ,
lacaustique
par réflexion relative au cer--cle , espérant
l’obtenir ainsi par un calculplus simple
et sous uneforme
plus concise , lorsque j’ai
reçu , avec une lettre de M.Que-
telet, professeur
d’astronomie et dephysique
au muséum deBruxelles ,
lescinq premières
feuillesimprimées
du III.e volume des Mémoires de l’académieroyale
des sciences de la mêmevoille ,
contenant le commencement d’un mémoire de ce
géomètre
sur unenouvelle manière
d’envisager
lagénération
descaustiques planes
soit par réflexion soit par réfraction. Par sa lettre
d’envoi ,
M.Quctelet
déclarequ’il
estdepuis
trois ans enpossession
des idéesqui
forment le fond de sonmémoire ;
il seplaît
à reconnaître que les conseils que M. Lacroix a bien voulu luidonner , il
3, adéjà plus
d’un an , n’ont pas peu contribué à en améliorer les dé-tails ;
ilajoute
enfin que ,frappé
des nombreuxpoints
de ressem-blance
qui
existent entre les résultats obtenus par M. Sturm etles
siens
, il ria pu , avant mêmel’impression terminée ,
résisterà
l’envie de m’adresser les
quarante premières
pages de sonmétnoire ,
348
afin de me mettre en situation de
juger
par moi-mêmede
cette ressemblance.M.
Quetelet
est parvenu eneffet,
pour lacaustique
relativeau
cercle,
à des conclusionspareilles
à celles de M.Sturm ;
maisce
qu’il
dit de cette courbe n’estqu’une application particulière
dedeux
principes tres-élégans
sur lescaustiques planes
engénéral ,
et
qu’il
énonce en ces termes :1. La
causique
parréflexion
pour une courbeplane quelcon-
que , et pour un
pcint rayonnant ,
situé d’une manièrequclcon-
que dans le
plan
de cettecourbe
est ladéveloppée
del’enveloppe
de tous les cercles
qui, ayant
leurs centres sur la courbereflé- chissante , passent
par lepoint rayonnant.
II. La
caustique
parréfraction ,
pour une courbeplane quelcon-
que, et pour un
point rayonnant
situé d’unemanière quelconque
dans le
plan
de cetiecourbe ,
est ladéveloppée
del’enveloppe
detous les cercles
qui
ont leurs centres sur lacourbe séparatrice
desdeux
milieux ,
et dont les rayons sont aux distances de ces mêmescentres au
point rayonnant
dans lerapport
constant dit sinus deréfraction
au sinus d’incidence.On doit relnarquer, au
surplus ,
que ces deuxprincipes
n’enfont
proprement qu’un seul,
attendu que lepremier
se déduit dusecond ,
ensupposante
danscelui-ci
, que lerapport
du sinus de réfraction au sinus d’Incidence estégal à
moins un. C’est ainsiqu’en
ont usé constamment M. de Larive et M.Sturm ,
et quej’en
ai usé moi-même dans le deuxième article du tom.
XIV , rappelé
au commencement de celui-ci.
M. Sarrus se trouvait momentanément à
Montpellier , lorsque je
reçus la lettre et le commencement du mémoire de M.
Quetelet.
Il m’observa que les deux
principes
de cegéomètre pouvaient
êtredéduit ,
àpriori ,
de la théorie des ondnlations.Ayant
fait remar-quer
ensuite à M. Sarrus que malheureusement ces deuxprincipes
se trouvaient
illusoires ,
dans le cas des rayons incidensparallè-
les ; après
un moment deréflexion ,
et en s’aidanttoujours
de la349
P L A N E S.
théorie des
ondulations
et de celles des courbesparalléles ,
don-nées par M.
Crelle,
aucommencement
du XII.e volume duprésent recueil ,
M. Sarrus me ditqu’alors
sans doute cesprincipes
de-vaient être
reulplacés
par les deuxsuivans ;
cequ’une
analise ri- goureuse acomplètement justifié.
1. La
caustique
parréflexion ,
pour une courbeplane quelcon-
que , et pour des rayons incidens
parallèles
entre euxdirigés
d’une
maoièrequelconque ,
dans leplan
de cettecourbe ,
est ladéveloppée
del’envcloppe
de tous les cerclesqui
ont leurs centressur la courbe
réfléchissante
etqui
sonttangens
à uneperpendi-
culaire menée arbitrairement à la direction commune des rayons
incidens.
II. La
caustique
parréfraction ,
pour une courbeplane quelcon-
que et pour des rayons incidens
parallèles
entre eux,dirigés
d’unemanière
quelconque
dans leplan
de cettecourbe, est la dévelop-
pée
del’enveloppe
de tous les cerclesqui
ont leurs centres sur lacourbe
séparatrice
des deuxmilieux , et
dont les rayons sont auxdistances de ces mêmes centres à
une perpendiculaire
menée arbi-trairement à la direction commune des rayons
incidens,
dans lerapport
constant du sinus deréfraction
au sinus d’incidence.Depuis
ledépart
de M.Sarrus , j’ai pensé qu’il
seraitplus
sim-ple
etplus élégant
den’avoir,
s’il étaitpossible, qu’un principe unique qui pût
seplier
indistinctement au cas où les rayons in-cidens partent
d’unpoint
voisin et à celui où ces rayons sont pa-rallèles;
et ,après quelques recherches , je
suis parvenu auxdeux
principes
que voici.1. La
caustique
parréflexion ,
pour une courbeplane quelcon-
que , et pour un
point rayonnant
situé d’une manièrequelconque
dans le
plan
de cettecourbe,
est ladéveloppée
del’enveloppe
detous les cercles
qui , ayant
leurs centres sur la courberéfléchis-
sante, sont
tangens
à un mêmecercle,
décrit dupoint rayonnant
comme centre, avec un rayon
quelconque.
II. La
caustique
parréfraction ,
pour une courbeplane quel-
conque , el pour un
point rayonnant
situé d’une manièrequelcon-
que dans le
plan
de cettecourbe ,
est ladéveloppée
del’enveloppe de
tous les cerclesqui
ont leurs centres sur la courbeséparatrice
des deux
milieux ,
et dont les rayons sont aux distances de cesmêmes centres à une
circonference
décrite dupoint rayonnant
comme centre , avec un rayon
quelconque ,
dans lerapport
constantdu sinus de
réfraction
au sinus d’incidence.On voit que,
si ,
dans ces deuxthéorèmes ,
on suppose le rayon arbitrairenul,
on retombe sur ceux de M.Quetelet,
etque , si ,
au
contraire ,
ensupposant
lepoint rayonnant infiniment éloginé ,
on suppose ce rayon
infini ,
on obtient ceux de M. Sarrus. On doit remarquer aussi que,dans l’application
dupremier
de ces deuxprincipes
, les cercles dont on cherchel’enveloppe peuvent
indis- tinctement toucher extérieurement le cercle arbitrairequi
a son cen-tre au
point rayonnant ,
ou bienl’envelopper
ou encore en être eux-mêmesenveloppés ,
si la courbe réfléchissante coupe ce dernier cercle.Pareillement,
dansl’application
de l’autreprincipe ,
onpeut
prendre
pour distance des centres des cercles dout on cherchel’enveloppe
au cercle arbitraire
qui
a son centre aupoint rayonnant ,
leurplus
courte ou leur
plus longue
distance à ce cercle. L’essentiel est seu-lement que les cercles dont on cherche
l’enveloppe
se trouventtous dans les mêmes circonstances par
rapport
à celui-là.Ces deux
principes
sontégalement précieux
sous lepoint
de vueanalitique
et sous lepoint
de vuegraphique.
Sous lepremier
deces deux
points
de vue , eneffet ,
ils semblent offrir leprocédé
leplus simple
et leplus
naturelqu’on puisse employer
pour parve- nir àl’équation
de lacaustique.
Sous lesecond,
ILprésente
tou-tes les facilités
qu’on peut
désirer pour en tracer le cours. Eu tra-çant, en
effet ,
un assezgrand
nombre de cercles dont on cher- chel’enveloppe ,
pour que ces cercles se trouvent fortrapprochés
les uns des autres
l’enveloppe
s’offrira pour ainsi dire d’elle-même dans leurs intersections consécutives. En outre , à raison de l’Inde- termination du ray on du cerclequi
a son centre aupoint
rayon-35I
PLANES.nant, on pourra se procurer
plusieurs enveloppes ;
etdes lors il
deviendra facile de leur mener à vue des normales communes , dont les intersections consécutives dessineront la
caustique cherchée.
J’allais livrer tout ceci à
l’impression , lorsque j’ai
réfléchique ,
-si cesprincipes
suffisaient pour des rayonsqui
subissent uneré-
flexion on une réfraction
unique,
il n’en étaitplus
ainsi pour ceuxqui
subissentplasieurs
réûexions ou réfractionsconsécutives ,
ouqui
subissent alternativement des réflexions et desréfractions ,
dansun ordre
quelconque ;
attendu que , -dès la seconde réflexion ouréfraction ,
les rayons incidens cessent departir
d’un mêmepoint
ou d’être
parallèles ,
mais sontsimplement tangens
à une mêmecaustique
ou normaux à une mêmeenveloppe.
J’ai doncpensé
que , pour ne
plus
rien laisser à dire sur cesujet,
il fallait éta- blir desprincipes
relatifs à lacaustique qui
doitrépondre à
desrayons incidens normaux à une même courbe
plane ,
réfléchis onréfractés à leur rencontre avec une autre courbe
plane,
située dansun
même plan
aveccelle-là ;
et , aupoint
oùj’en
étais parvenu , il ne m’a pas étédifficile ,
avant même toutedémonstration ,
dedeviner les deux théorèmes suivant
qui
, pourparler
lelangage
des
adeptes
de laphilosophie
deKonigsberg ,
sont àl’égard
descaustiques planes ,
d’unegénéralité
absolue.THÉORÈME
I. Lacacaustique
parréflexion
, pour une courbeplane réfléchissante quelconque ,
et pour des rayons incidens normaux àune autre courbe
plane
aussiquelconque ,
située dans un mêmeplan
avescele-là ,
est ladéveloppée
del’enveloppe
de tous les cer-cles qui, ayant
leurs centres sur la courberéfléchissante ,
sont tan-gens à la courbe à
laquelle
tous les rayons incdens sont normaux.THÉORÈME
II. Lacaustique
parréfraction ,
pour une courbeplane quelconque , séparatrice
de deuxmilieux ,
et pour des rayons incideus normaux à une autre courbe aussiquelconque ,
située dansuiz même
plan
aveccelle-là ,
est ladéveloppée
del’enveloppe
de tousles cercles
qui
ont leurs centres sur la courbeséparatrice ,
et dontles rayons sont aux distances de ces mêmes centres à la courbe d
laquelle
tous les rayons incidens sont normaux , dans le rap-port
constant du sinus deréfraction
au sinus dincidence.Les deux
précédens principes , que j’ai
montrérenfermer ,
commecas
particulier ,
ceux de M.Quetelet
et ceux de M.Sturm
nesont eux-mêmes que des cas
particuliers
de ces deuxthéorèmes ;
onles en
déduit,
eneffet ,
ensupposant simplement
que la courbe àlaquelle
tous les rayons incidens sont normaux est la circonférence d’un cercle ou uneligne droite , qui
n’est elle-mêmequ’un
cercledont le rayon est infini. Et comme , d’un autre
côté ,
le Théorè-me II renferme
implicitement
le ThéorèmeI,
de la même ma-nière que le deuxième
principe
de M.Quetelet
ou celui de M. Sar-rus renferme
implicitement
lepremier ,
il s’ensuit que ce Thdéorème II est à lui seull’expression générale
de toute la théorie descaustiques planes.
On voit que des rayons
lumineux,
émanés d’unpoint, après
avoirsubi une
première
réflexion ou unepremière réfraction ,
devien-dront normaux à une
première enveloppe ; qu’après
avoir été denouveau réfléchis ou
réfractés ,
ils deviendront normaux à une se-conde
enveloppe ,
et ainsi du reste ; et ladéveloppée
de la der-nière
enveloppe
sera lacaustique
àlaquelle
ces rayons , succes- sivement réfléchis ouréfractés,
donneront naissance.Ainsi se trouve
pleinement confirmée ,
pour lescaustiques pla-
nes, la
conjecture
quej’avais hasardée,
il y adéjà
dix ans ; onvoit
eneffet ,
que, dequelque
manière que ces courbes soientengendrées ,
elles sonttoujours
desdéveloppées d’enveloppes
d’unesuite de
cercles, c’est-à-dire,
desdéveloppées
de courbesqui
sontd’ordinaire d’une nature assez
simple.
M.
Quett
a déduit la démonstration de ses deuxprincipes,
par la
géométrie descriptive,
de la considération des surfaces de révolution. Faute desfigures , qui
ne me sontpoint
encore parve- nues,je
n’ai pu suivrequ’assez imparfaitement
les raisonnemens dePLANES.
353l’auteur ; mais
il meparaît qu’il
serait assez facile de lesrempla-
cer par des considérations
puisées
dans lagéométrie plane
laplus
élémentaire. Peut-être même ne serait-il pas
impossible
de rame-ner à cette même
géométrie
!a démonstration de deuxthéorèmes, beaucoup plus généraux,
parlesquels je
viens de lesremplacer. _ Cependant,
pour la satisfaction de ceux d’entre les lecteursqui
commemoi
peuvent éprouver quelque gêne
à promener alternativement leursregards
d’un texte sur unefigure
et d’unefigure
sur un texte,j’ai pensé qu’il
valait mieux recourir àl’usage
ducalcul ;
d’autantque, comme on le verra tout à
l’heure ,
il n’est pas nécessaire ici d’en faire unetrès-grande dépense.
Le calcul
peut,
en cette rencontre , êtreemployé
de deux ma-nières différentes. On
peut
supposer le théorème connu , et em-ployer
le calcul à en démontrer l’exactitude : c’est la marche syn-thétique
que l’onpersiste
encoreaujourd’hui
à suivre dans les traités degéométrie élémentaire.
Onpeut ,
aucontraire ,
supposer le théorème tout à faitinconnu,
et montrer comment le calcul au-rait pu y conduire
depuis long-temps,
si nous étionsplus
adroitsà le
manier ;
c’est la marcheanalitique ,
bienpréférable
à!’autre ,
et
qu’il
convient d’autant mieuxd’adopter
iciqu’elle
pourra don-ner
d’utiles
directions dans les recherchesqui
restent encore àfaire,
relativement aux
caustiques
que forment les rayons réfléchis ou ré-fractés,
à la rencontre d’unesurface
courbequelconque.
Soit donc une courbe
plane queIconque , séparatrice
dedeux
milieux
homogènes,
de densitédifférente ;
et soit une autre courbeplane
aussiquelconque ,
située dans le mêmeplan
avec la pre-mière ,
et de tous lespoints
delaquelle jaillissent,
dans des - di-rections normales ,
des rayons lumineuxqui
se réfractent à la rentcontre de l’autre courbe.
Soit
lerapport
constant du sinusd’incidence
au sinus deréfraction.
Soient
rapportées
lesdeux courbes
àdeux
axesrectangulaires
tom. XV. 48
354
quelconques ,
soit(t’u’)
unpoint
de la secondecourbe , duquel jaillit
un rayonincident ;
soit(t,u)
lepoint
d’incidence sur la pre- mièrecourbe ;
soit(x,y)
unquelconque
despoints
de la direc-tion
du
rayonréfracté ;
et prenons enfinX,
Y poursymbole
descoordonnées
courantes.Les
coordonnées
t et udevront
être liées par une relation con-nue ; et il en sera de même de t’ et ur.
Représentons
ces deuxrelations
parDe ces deux relations on
déduira ,
en tet u , t’
etu’ ,
les valeurs dedu dt
et du’ dt’ ; valeurs que , pourabréger ,
nousrepré-
senterons
respectivement
par p etp’.
Les
équations
du rayonincident,
du rayon réfracté et de la nor-male au
point
d’incidence serontrespectivement
On
aura , euconséquence ,
par les formules connuesen
divisant
ces deuxformules
l’une parl’autre,
on devra doncavoir
PLANES. 355
de
plus ,
les coordonnées t etu , t’
et u’ -se trouveront liéespar
la conditionc’est-à-dire ,
au
moyen
delaquelle l’équation (I) deviendra
Cela
posé,
si l’onprend
unquelconque
dessystèmes
de valeursde t’ et ul donnés par
l’équation V’=0 ,
ainsi que la valeur cor-respondante
depl ,
pour les substituer dansl’équation (2) , l’équa-
tion résultante en t et 11, combinée avec
V=0 ,
donnera les va- leurscorrespondantes de t , u
et p ; et , en substituant ces valeurs dans(3) , l’équation qu’on
eiiobtiendra ,
en x et y, sera indis- tinctement satisfaite par tous lespoints
de ladirection du
rayon réfracté.Puis donc que cette
équation
laisse x et yindéterminés ,
et n’é-tablit entre elles
qu’une simple relation ,
il doit nous êtrepermis
de la
décomposer
arbitrairement en deux autres ,qui
alors donne-ront, pour x
et y ,
les coordonnées d’unpoint
déterminé de la direction du rayon réfractéqui répond
aupoint
dedépart (x, y)
du rayon incident.
Or
on satisfait à cetteéquation ,
enposant à
lafois
car , en divisant la racine
quarrée
de lapremière
par laseconde 3
on retombe sur la
proposée ;
donc leséquations (4)
et(5) ,
pourchaque point
dedépart (tl, ùl)
d’un rayonincident,
feront con-naître un des
points
de la direction du rayon réfracté. Examinonsquel
est cepoint.
L’équation (4)
est celle d’un cerclequi
a son centre(t , u)
sur la courbeséparatrice
des deuxmilieux
etdont
lerayon n , (t-t’)2+(u-u’)2
est à la distance
(t-t’)2+(u-u’)2
de ce centre à la courbe despoints
delaquelle
émanent les rayons incidens dans lerapport
constant du
sinus
de réfraction au sinusd’incidence ;
ainsi lepoint
de la direction du rayon réfracté donné par les deux
équations (4)
et(5)
doit être un despoints
de la circonférence d’un tel cercle.Si l’on
prend
la dérivée del’équation (4)
parrapport
à t, u ,t’ , u’ ,
considérés commequatre paramètres variables ,
liésentre
eux par les deux
équations V=0 ,
V’=0 et parl’équation (2) ;
ou , cequi
revient aitmême,
si on la différentie par rap-port à t’ , en
y considérant t, uu’ ,
comme des fonctions decette variable
indépendante ,
et xet y
comme constans , en ob-servant que
du dt’ = du dt dt dt’=p dt dt’ ,
il viendraou
simplement,
en vertude l’équation (2) ,
et en divisant pardt dt’
357
PLANES.
c’est-à-dire , l’équation (5) elle-même ; donc,
suivant la théorie desenveloppes ,
les valeurs de xet y
données par leséquations (4)
et
(5)
sont les coordonnées dupoint
ou le cercle donné par l’é-quation (4)
est touché parl’enveloppe
de tous les cercles décritssous les mêmes
conditions ;
donc le rayonréfracté , qui part
ditcentre de ce
cercle,
est normal àl’enveloppe
en cepoint ;
doncles rayons réfractés ne sont autre chose que les normales aux dif- férens
points
del’enveloppe ;
donc lacaustique
formée par les in-tersections consécutives de ces rayons 3
c’est-à-dire,
la courbe à la-quelle
ils sonttangens,
n’est autre que ladéveloppée
de cetteenveloppe :
or c’estprécisément
encela que
consiste le ThéorèmeII ;
ce théorème est donccomplètement démontré ;
le Théorème Il’est donc
également , puisqu’il
n’estqu’un
casparticulier
de celiri-là.Si,
au lieu de donner la surfaceséparatrice
.ondonnait
l’enve-loppe, c’est-à-dire ,
latrajectoire orthogonale
de tous les rayonsréfractés ,
en éliminant x et y entrel’équation
de cettetrajectoire
et les
équations (4)
et(5) , puis
tl et u’ entrel’équation
résul-tante,
l’équation
V’=0 etl’équation (2) ; l’équation qu’on
obtien-drait,
en t, u, p seraitl’équation différentielle
de la courbe sé-paratrice
inconnue.Si ,
la courbeséparatrice
et latrajectoire orthogonale
des rayons réfractés étantdonnées,
on demandait latrajectoire orthogonale
dés rayons
incidehs ,
entrel’équation
de lapremière trajectoire
etles
équations (4)
et(5),
on éliminerait d’abord x et y ; on élimi- nerait ensuite t et u entrel’équation résultante, l’équation
V=0et
l’équation (2) ;
etl’équation
ent’ , u’ , pl
àlaquelle
on par- viendrait ainsi serait celle de latrajectoire orthogonale
des rayons incidens.-.
Ainsi,
de cestrois courbes ,
latrajectoire orthogonale
des rayonsincidens ,
la courbeséparatrice
des milieux et latrajectoire
ortho-gonale
des rayonsréfractés ,
deuxquelconques
étant connus, onpeut toujours
déterminer la troisième. On voit même que chacun d(5 troisproblèmes compris
sous cet énoncegénéral
estsuscepti-
ble d’une infinité de solutions.
Dans un
prochain article ,
nous feronsl’application
de la théo- riequi
vient d’êtredéveloppée
àquelques exemples particuliers, qui
montreront combien elle facilite les calculs.
GÉOMÉTRIE.
Réclamation relative à l’article de la page 257 du présent volume ;
Par l’AUTEUR de l’article de la page 132 , du
tomeXIII.e
A Monsieur le Rédacteur des Annales ;
MONSIEUR ,
AI lu ,
dans le numérodes
Annales de févrierI825 ,
les ré-flexions d’un anonyme sur la
propriété
de minimum dontjouit
lasurface de la
sphère,
entre celles de tous les corps de même vo- lume.L’auteur
(
pag.260 ) s’exprime
ainsi : « or, enappliquant
lit-» téralement le raisonnement que Fauteur de la démonstration dont
» il